Le Dilemme d’un Archidémon – Tome 14 – Chapitre 3 – Partie 8

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Chapitre III : La raison pour laquelle j’ai adopté un chat noir

Partie 8

Le soir venu à l’auberge, la fille tabaxi avait vraiment fait des ohagi pour Raphaël. En regardant les autres tables, il n’avait vu personne d’autre avec le même dessert, il pouvait donc dire qu’elle avait fait un effort pour en faire juste pour lui.

« Gardez le secret pour les autres, d’accord ? » murmura-t-elle en jetant un regard aux clients qui s’enfournaient des substances inexplicables dans la bouche avec des yeux morts.

Raphaël avait dû manger la même chose qu’eux, mais le fait d’avoir quelque chose de sucré à la fin de son repas avait fait toute la différence. L’ohagi était si doux. Après avoir pris une bouchée, une substance pâteuse à la texture mystérieuse s’était écoulée, le déconcertant. Il avait fait un effort pour la séparer, et une riche saveur s’était répandue sur sa langue en conséquence. Après avoir finalement réussi à la couper complètement, la pâte déchirée s’était déchaînée dans sa bouche comme pour prendre le pas sur tous les autres goûts, et avant qu’il ne s’en rende compte, une agréable douceur l’avait envahi. La texture mystérieuse et le déferlement de saveurs lui donnèrent un sentiment d’exaltation comparable à celui de se tenir sur le champ de bataille.

L’aubergiste avait offert à Raphaël une autre tasse de café. C’était en fait juste le bon stimulus après l’ohagi. Grâce à cela, il n’avait besoin que de deux morceaux de sucre.

« Je suis contente que ça vous ait plu », dit la jeune fille avec un sourire charmant en se dirigeant vers lui pour débarrasser sa table.

Peut-être s’était-elle simplement habituée à lui au cours de la journée. Quoi qu’il en soit, son courage était digne d’éloges.

Peut-être que je vais pouvoir lui poser mes questions maintenant ?

L’histoire disait qu’elle avait été attaquée par quelqu’un il y a un mois et qu’elle s’était ensuite réfugiée dans cette auberge. Vu le timing, il y avait de fortes chances que les attaques du Chasseur d’épées soient liées. Cela dit, ces attaques n’étaient pas les seules choses qui se passaient en ville. Il y avait des vols et des bagarres presque tous les jours, il était donc plus probable qu’elle n’ait aucun lien. Néanmoins, elle aurait pu avoir une sorte d’indice qui pourrait l’aider.

« Ma fille, j’ai quelque chose à te demander, » dit Raphaël.

La jeune fille avait commencé à trembler, puis elle avait demandé : « Qu’est-ce que c’est ? »

« Tu as été attaquée par quelqu’un avant de venir dans cette ville, n’est-ce pas ? J’aimerais connaître les détails. »

« Oh, ça ? Ne me faites pas peur, » répondit-elle avec un soupir de soulagement.

« Que veux-tu dire par “ça” ? »

« O-Oh ! Um ! N-Nonnn ! Uhhh…, » dit-elle, puis elle secoua la tête en signe de panique et elle baissa la voix comme si elle se méfiait de ce qui l’entoure avant de poursuivre, « Euh, nous ne devrions pas vraiment parler ici… Puis-je passer dans votre chambre plus tard ? »

« Très bien. »

Raphaël avait quelques endroits qu’il voulait vérifier pendant la nuit, mais il lui fit quand même un signe de tête. Elle avait sûrement son propre travail à faire à l’auberge en ce moment, comme le nettoyage. De plus, il voulait du temps pour régler les choses à propos de cet incident, il était donc reconnaissant qu’elle soit prête à prendre du temps pour lui.

Après tout, j’ai déjà obtenu beaucoup d’informations aujourd’hui.

Il n’en était encore qu’au stade de la conjecture, mais il ne semblerait pas qu’il soit difficile de résoudre cette affaire. Tout ce qu’il restait à faire était de rassembler les éléments de manière logique.

☆☆☆

Une fois qu’il fut retourné dans sa chambre et qu’il attendit une ou deux heures, la fille passa finalement.

« Je suis désolée de vous avoir fait attendre. »

Elle se tenait là, les lèvres serrées. Son expression était celle d’un pécheur acculé prêt à se confesser. Raphaël voulait commencer à l’interroger, mais il semblait préférable d’attendre qu’elle se calme. Il y avait deux petites chaises dans la pièce. Il lui avait indiqué l’une d’elles. Elle s’était assise, avait pris une profonde inspiration, puis elle avait finalement commencé à parler.

« Hum, il y a en fait quelque chose que je veux vous montrer. »

Raphaël avait dégluti lorsqu’elle lui avait tendu l’objet en question. Il n’aurait pas pu le confondre avec autre chose. C’était la lame utilisée par le chasseur d’épées.

« Il s’appelle le Ciel sans Lune. C’est un kodachi transmis dans ma ville natale… Cependant, à l’origine, il faisait partie d’une paire de lames. »

Elle n’avait cependant qu’une seule épée avec elle.

En d’autres termes, le coupable possède l’autre ?

D’après ce qu’il avait entendu au cours de la journée, il n’y avait aucun point commun entre les victimes, à l’exception du fait qu’elles étaient armées d’épées. Aucun n’était un sorcier réputé comme le Ressentiment. La majorité était des voyageurs qui n’étaient même pas des locaux.

« Un certain sorcier a volé l’autre. Je devais le récupérer par tous les moyens, alors je suis partie à la recherche du voleur. »

À en juger par son expression amère, ça devait être quelque chose comme un souvenir désagréable dans son esprit.

« Malheureusement, le voleur a remarqué que je faisais un geste », poursuit la jeune fille en baissant la tête. « À l’époque, j’avais été transporté par la calèche d’une certaine caravane. C’était presque comme une diligence… et tout le monde était si gentil avec moi. Mais… »

Elle avait fait une pause, se mordant la lèvre.

« Je n’en ai peut-être pas l’air, mais on m’a appris à utiliser une épée. J’ai même pensé que c’était une bonne occasion d’attraper le coupable. Et pourtant, quand il a attaqué, je n’ai rien pu faire. »

C’était compréhensible. Il n’était pas étrange, même pour des Chevaliers Angéliques qui avaient eu des notes parfaites pendant leur formation, non seulement de ne rien réussir en combat réel contre des sorciers, mais de mourir dès leur première bataille. Raphaël ne savait pas combien de temps cette fille s’était entraînée, mais si elle était capable de vaincre un sorcier lors de son premier vrai combat, alors les Chevaliers Angéliques n’étaient pas nécessaires. Honnêtement, elle avait de la chance d’avoir survécu à cette rencontre.

« Un sorcier nous a attaqués et a tué tout le monde. Le coupable avait l’autre moitié du Ciel sans Lune. Je devais me battre, mais j’avais tellement peur… Je ne pouvais plus bouger… J’ai réussi à m’échapper indemne, car les autres m’ont aidée, mais je suis la seule à avoir survécu. »

Les choses se mettent enfin en place.

Raphaël avait hoché la tête pour lui-même. Après son passage à l’église plus tôt dans la journée, il avait mené une enquête approfondie sur cette affaire, ainsi que sur l’attaque du carrosse de cette fille il y a un mois. L’incident lui-même était réel. Il y avait des témoignages d’une voiture ravagée, toute sa cargaison volée ou détruite, et de nombreuses taches de sang. Cependant, aucun corps n’avait été découvert, donc il n’était pas compté parmi les attaques du Chasseur d’épées.

Vu le timing, les choses s’alignent.

La jeune fille serra fortement son tablier, puis leva la tête comme pour se résoudre au pire. Au même moment, Raphaël sortit un certain objet de sa poche.

« C’est pour ça que je… »

« Alors qu’en est-il de — ? »

Avec un mauvais timing, les deux avaient parlé en même temps.

« Hm ? Désolé, c’était quoi ça ? » demanda Raphaël.

« Oh, non, euh, s’il vous plaît, allez-y en premier… »

L’atmosphère était un peu gênante maintenant, alors avec le vent dans les voiles, la jeune fille ne pouvait pas se résoudre à admettre toute la vérité.

« Très bien, alors. Qu’en est-il de ceci ? » Raphaël répéta. « Est-ce que tu le reconnaissais ? »

Il avait tendu le masque du chasseur d’épées.

« Oh ! C’est mon… euh… »

Elle s’était rapidement couverte la bouche dans un mouvement de panique, mais il était déjà trop tard.

« Je vois…, » Raphaël soupira doucement.

La fille était clairement perturbée… et de la sueur coulait sur son front.

« Hum, vous avez tout faux. J’allais vous le dire moi-même. C’est juste que…, » elle avait commencé à marmonner de façon inintelligible, mais Raphaël lui avait simplement jeté le masque.

« Un bandit appelé le Chasseur d’Épées l’avait. Il a probablement été volé dans le chariot où vous avez voyagé. S’il vous est si cher, alors assurez-vous de le conserver pour qu’il ne soit pas volé à nouveau. »

« Huh ? Ummm… quoi ? »

La jeune fille était complètement désemparée, incapable de comprendre ce qui se passait.

« Ce masque et ce kodachi… Tu es de Liucaon, n’est-ce pas ? »

« Hein ? Oh, oui. »

« Alors, permets-moi de te demander une chose. »

Le ton de Raphaël était tout à fait sérieux, alors la jeune fille avait redressé sa posture et avait hoché la tête. Mais elle n’avait pas réussi à faire disparaître la confusion de son expression.

Il la regarda droit dans les yeux, puis lui demanda : « Que signifie la phrase “La lune est belle, n’est-ce pas ?” ? »

« Hwuh ! ? » La jeune fille s’était mise à hurler, les joues visiblement rouges. « N-Non ! Euh… à propos de ça… ! »

À en juger par sa réaction, elle savait exactement ce que cela signifiait. Eh bien, c’était logique, puisqu’elle était de Liucaon.

« Euh… eh bien, je sais ce que ça veut dire, je suppose, mais… » Elle avait réussi à s’en sortir.

« Hmm… Est-ce le genre de phrase grossière que tu hésiterais à décrire à haute voix ? »

S’il s’agissait d’une forme d’argot grossier, il était cruel de forcer une jeune fille à lui en expliquer le sens. C’est suffisant pour Raphaël, mais la jeune fille secoua la tête en signe d’agitation.

« N-Non ! Vous avez tout faux ! Ce n’est pas une insulte ou quoi que ce soit ! »

« Alors qu’est-ce que ça veut dire ? »

« Argh… Hum, c’est… »

Elle était devenue encore plus rouge. Raphaël avait croisé les bras. Il ne savait toujours pas ce que cela signifiait, mais il pouvait au moins dire que ce n’était pas un message passé avec malice ou comme une sorte d’avertissement.

Eh bien, je suppose que je ne peux que prier pour que le prêtre trouve la solution.

Il était quelque peu étrange de forcer un vieil homme à la vue faible à lire, mais Raphaël décida qu’il rendrait une autre visite à l’homme dans la matinée. Bien que, il semblait que cet incident serait résolu bien avant cela.

« Je t’ai gardée assez longtemps », dit Raphaël en se levant. « Je te remercie pour les informations. J’ai rassemblé beaucoup de choses maintenant. »

« Huh ? Oh… Je… Vraiment ? »

Elle le dévisagea comme s’il avait tout compris, mais Raphaël ne remarqua pas son expression. Alors qu’il était sur le point de quitter la pièce, elle haussa la voix en signe de confusion et demanda : « Euh, où allez-vous ? »

« Je suis un chevalier angélique. Il est de mon devoir de subjuguer les sorciers maléfiques. »

Cela dit, les sorciers n’étaient pas faits pour être combattus en un contre un.

Quoi qu’il en soit, je ne peux pas me permettre de laisser traîner ça…

S’il laissait le chasseur d’épées en liberté, il y aurait d’autres victimes. Raphaël enroula sa ceinture d’épée autour de son dos, puis quitta la pièce alors que la jeune fille s’effondrait à genoux.

« Qu’est-ce que je fais… ? Je ne lui ai pas dit… »

Finalement, sa voix désemparée n’avait pas atteint les oreilles de qui que ce soit.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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