Le Dilemme d’un Archidémon – Tome 14 – Chapitre 3 – Partie 10

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Chapitre III : La raison pour laquelle j’ai adopté un chat noir

Partie 10

« Cette fille masquée… est venue à mon secours. Sire Raphaël, s’il vous plaît, sauvez-la. »

Après avoir donné l’ohagi à la fille de l’église, Raphaël était revenu pour trouver le Chevalier Angélique blessé, Ino Valjakka, réveillé. Ino avait poursuivi un sorcier dans le cadre d’une toute autre mission et s’était retrouvé au milieu d’une enquête pour aider à former une escouade d’assujettissement. Sa cible l’avait remarqué, puis l’avait terrassé. Cela s’était passé il y a trois jours — lors du dernier incident du chasseur d’épées.

Raphaël avait été surpris par les paroles d’Ino.

Le Chasseur d’épées combattait quelqu’un d’autre quand je suis tombé sur elle.

Le soir où Raphaël l’avait rencontrée, le Chasseur d’épées était déjà au combat. Il avait fait irruption, incapable de laisser passer une telle agressivité en tant que chevalier angélique, et avait fini par croiser le fer avec elle. En conséquence, son adversaire initial s’était échappé et le sixième meurtre du Chasseur d’épées avait été évité. Quant au nom du sorcier qu’Ino poursuivait…

« Andras, le Ressentiment — le premier sorcier à être tué par le Chasseur d’Épées, » Raphaël avait prononcé le nom à haute voix alors qu’il se tenait devant le cimetière. Il savait que la fille à côté de lui déglutissait derrière son masque.

Alors c’est vraiment vrai…

« Le sorcier qui a attaqué notre caravane…, » commença-t-elle, comme si elle se rappelait un cauchemar. « Non… celui qui a volé le Ciel sans Lune a donné ce nom. »

C’est pourquoi le Chasseur d’Épées s’en était pris directement au Ressentiment. Lorsqu’il l’avait attaqué pour la première fois, elle avait eu trop peur pour bouger, alors lors de leur prochaine rencontre, elle devait faire quelque chose. C’est sûrement ce qui lui avait traversé l’esprit.

« Mais les incidents n’ont pas cessé après la mort du Ressentiment, » dit Raphaël.

Le chasseur d’épées hocha silencieusement la tête. Raphaël défit sa ceinture d’épée et retira partiellement sa lame. Il la remit ensuite vigoureusement en place. Un bruit sec retentit dans l’air, puis un film de lumière pâle se répandit sur le sombre cimetière.

« Qu’est-ce que c’est que ça… ? » marmonna le Chasseur d’épées avec perplexité.

« Nos épées sont dotées de la bénédiction des esprits. Elles contrecarrent apparemment les pouvoirs maudits de ces sorciers. Lorsqu’elles s’affrontent, il y a toujours une réaction visible. »

On disait qu’une véritable épée sacrée pouvait pulvériser la barrière d’un sorcier. Malheureusement, il fallait tout ce qu’un Chevalier Angélique moyen avait pour obtenir une réaction, et celle-ci était si faible qu’elle était invisible le jour.

« Hmm… Là-bas. »

La lumière se répandait à partir d’un point fixe… et en son centre se trouvait un cercle magique juste assez grand pour qu’une personne puisse s’y tenir.

« Est-ce une sorte de sorcellerie… ? » demanda le Chasseur d’épées. Les gens de Liucaon étaient plus éloignés de la sorcellerie que la moyenne des citoyens du continent.

« Les restes d’une… sorte de porte, je suppose. »

Raphaël avait sorti son épée et l’avait plantée au centre du cercle. L’air s’était fissuré, puis une vieille porte en bois avait pris forme sous lui. On aurait dit qu’elle menait sous terre.

« C’est vraiment une porte…, » marmonna le Chasseur d’épées, incrédule. « Mais comment avez-vous trouvé ça ? L’Église ne devrait pas être capable de trouver quelque chose qu’un sorcier cache. »

« Le Ressentiment était peut-être le chef de cette ville, mais ce n’était pas un homme très populaire. »

Il était apparemment maître d’une sorcellerie sans valeur qui transformait le ressentiment de ceux qu’il enlevait et torturait en mana. Être marqué par lui signifiait être torturé à mort, et il ne considérait personne comme son allié. Il avait simplement assez de pouvoir pour régner sur la région, donc personne ne l’avait défié.

« Si quelqu’un se met à chercher des informations sur lui, alors tous les sorciers ici vont fuir ce qu’ils savent. »

« Mais les sorciers ne détestent-ils pas les chevaliers angéliques ? »

« L’ennemi d’un ennemi est un ami, comme on dit. »

Il avait obtenu toutes les informations qu’il pouvait de l’église lors de sa visite. S’il voulait obtenir autre chose sans aucun soutien, il n’avait pas d’autre choix que de se servir des querelles internes entre sorciers. Il y avait des moments où l’Église et les sorciers se servaient l’un de l’autre à cause de leur hostilité ouverte, après tout.

Heureusement, il avait son apparence naturelle pour lui. Et donc, après avoir fait le tour des sorciers, les citoyens de la ville avaient encore plus peur de lui que d’habitude. C’était plutôt malheureux, mais c’était un prix simple à payer pour résoudre cet incident.

Raphaël avait ouvert la porte, révélant un escalier menant au sous-sol. Il était plutôt vieux. Les marches en pierre étaient couvertes de mousse et il semblait qu’il devait faire attention à ne pas trébucher. Il y avait de petites fissures partout où de mauvaises herbes poussaient du sol.

« Maintenant, que vas-tu faire ? » demanda Raphaël en se tournant enfin vers le visage du chasseur d’épées.

« … Je vais vous accompagner. »

Tous deux descendirent prudemment l’escalier sinistre. Mais ils n’étaient pas allés très loin. Après dix marches, ils s’étaient retrouvés dans un espace dégagé où ils ne pouvaient voir que jusqu’à leurs pieds avec la faible lumière de la lune qui se déversait derrière eux. L’air humide était chargé d’une odeur de pourriture. Raphaël grimaça en brandissant une lanterne pour éclairer la pièce.

« Est-ce que c’est… une crypte ? » murmura le Chasseur d’épées.

« On dirait bien. »

Des cubes remplis d’ossements blancs bordaient les murs. À en juger par le nombre de crânes, plus d’une centaine de corps reposaient ici. Pas un seul os n’était non plus intact. Les dégâts avaient pu se produire naturellement, mais selon toute vraisemblance, ces marques avaient été gravées alors que les victimes étaient encore en vie.

« Il semble que ce soit le bon endroit. »

Raphaël tenait sa lanterne en avant, révélant un autre passage plus loin à l’intérieur. Il jeta un coup d’œil au Chasseur d’épées, qui lui fit un bref signe de tête à son tour. Raphaël avança alors prudemment. Il y avait aussi des os endommagés partout sur le sol, et même s’il essayait de ne pas faire de bruit, les os craquaient sous sa marche. Il y avait aussi des scies rouillées, des clous et d’autres outils indignes d’une crypte éparpillés un peu partout.

Après avoir avancé dans la salle, ils étaient tombés sur un espace encore plus grand.

« Tch… » Raphaël fit claquer sa langue et leva la main, signalant au chasseur d’épées d’arrêter.

« … J’ai déjà vu. »

Il y avait des lignes et des lignes de tubes de verre, chacun plus grand que Raphaël et rempli de ce qu’il supposait être un élixir. De grandes ombres flottaient paresseusement dans le liquide pâle. Raphaël étira ses yeux… et put constater qu’il s’agissait de personnes. La majorité était des humains ordinaires, mais il y en avait un avec des cornes tordues qui semblait être une succube, un lézard avec des écailles dures, et même un avec de longues oreilles qui était très probablement un elfe. Tous avaient des expressions figées et agonisantes. Ils étaient tous morts.

« Les gens de la caravane ! » cria le chasseur d’épées.

« Les connais-tu ? » demanda Raphaël, en gardant un œil attentif sur son environnement.

« Pas tous, » répondit-elle en donnant l’impression qu’elle allait vomir à tout moment. « Mais ceux-là sont les gens de la caravane qui m’ont permis de monter avec eux jusqu’à cette ville. »

« Je vois… »

Aucun cadavre n’avait été trouvé sur le site de l’attaque. Cela avait maintenant un sens, puisqu’ils avaient apparemment été amenés ici. Raphaël avait tranquillement fait un signe de croix devant sa poitrine. C’était une simple prière pour souhaiter aux morts d’être heureux dans l’autre monde. Puis il dégaina doucement son épée. Des tuyaux épais reliaient tous les tubes de verre. Il ne savait pas si toute cette installation était destinée à préserver les cadavres ou à une sorte de sorcellerie, mais couper les tuyaux mettrait sûrement fin à tout. Et juste au moment où il leva son épée au-dessus de sa tête…

« Whoa là, je préfère que vous ne les cassiez pas. »

Raphaël se retourna pour faire face à la source de la voix derrière lui, où une silhouette ombrageuse se tenait au centre de la crypte. La porte menant à l’extérieur s’était fermée d’elle-même. Raphaël s’était rapidement placé devant le chasseur d’épées et il avait tendu sa lanterne, révélant un jeune homme d’apparence inoffensive. Il était vêtu d’une chemise et d’un pantalon de chanvre — une tenue très courante en ville. Il ne portait aucun talisman ou autre ornement typique d’un sorcier. En fait, rien ne se distinguait chez lui, il aurait été difficile de l’identifier au milieu de la ville. Il était l’image même de la médiocrité. C’est précisément cette médiocrité qui avait convaincu Raphaël qu’il s’agissait de celui que Chasseur d’épées avait attaqué l’autre nuit.

« Vous êtes… celui qui m’a aidée à m’échapper de la caravane ? »

D’après sa réaction, Raphaël savait maintenant qu’elle ne l’avait pas attaqué parce qu’elle avait vu son visage. Elle l’avait traqué par d’autres moyens connus d’elle seule.

« C’est vrai, ma petite dame. Tu m’as bien parlé de tes amies d’enfance de ta ville natale, après tout. Heh heh heh, c’est moi qui t’ai dit de t’enfuir, mais je ne pensais pas vraiment que tu le ferais. J’aurais dû te capturer à l’époque. »

Il n’y avait pas une once de malice derrière son doux sourire, mais ses yeux étaient si sombres qu’ils donnaient des frissons à Raphaël.

« Alors tu es celui qu’on nomme le Ressentiment ? » demanda Raphaël.

« Ce n’est pas possible ! » hurla Chasseur d’épées en se retournant, incrédule. « J’ai tué le Ressentiment ! J’ai vérifié qu’il était bien mort et tout ! »

« Quelle petite femme pénible ! », dit l’homme en haussant les épaules. « J’ai mis tant d’efforts dans ce corps artificiel, mais tu l’as détruit. À cause de toi, je suis obligé d’utiliser ce corps encore expérimental à la place. »

Le Ressentiment qu’elle avait tué n’était pas le vrai. Peut-être que tous ceux que Chasseur d’épées avait tués étaient aussi en fait des marionnettes manipulées par lui. Les véritables identités de ces marionnettes étaient les corps dans les tubes de verre derrière Raphaël. Le jeune homme — le Ressentiment — avait sorti un kodachi de son dos.

« C’est… Le ciel sans lune ! » s’exclama le Chasseur d’épées.

« La vraie chose ? » demanda Raphaël à voix basse.

Elle hocha la tête. En d’autres termes, c’était probablement aussi le vrai Ressentiment.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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