Le Dilemme d’un Archidémon – Tome 13 – Chapitre 4 – Partie 1

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Chapitre 4 : Surmonter tous les obstacles, c’est ce que fait un héros

Partie 1

« Il y a quelque chose qui cloche. Aucun sorcier ou chevalier angélique n’a pu faire ça. »

L’adorable visage de Dantalian se tordit de consternation tandis qu’elle se rongeait l’ongle du pouce. La fin était soudainement arrivée. En un seul mois, plusieurs Archidémons avaient été tués. Lorsque le monde était en paix, ceux qui souhaitaient se rebeller contre l’ordre établi apparaissaient toujours. Et il y avait, bien sûr, des sorciers parmi ces méchants. C’est pourquoi les Chevaliers Angéliques étaient là pour maintenir la paix.

Cependant, les Archidémons étaient une tout autre affaire. Même s’ils n’étaient pas comparables à Dantalian, tous les autres Archidémons possédaient suffisamment de pouvoir pour écraser les lois du monde lui-même. Les tuer l’un après l’autre aussi facilement était impensable.

De plus, il avait été dit que le maître en sorcellerie de Dantalian, Marchosias, était le prochain sur la liste des tueurs. Ainsi, Dantalian était, bien sûr, parti pour résoudre l’incident et sauver son maître.

« Tu m’entends, Shere Khan ? Sauve tous les sorciers survivants, même si ce n’est qu’un seul. »

Je le savais déjà, donc je n’avais pas besoin qu’elle me donne ces ordres. Néanmoins, j’étais heureux de participer à une mission aussi dangereuse. Si nous pouvions trouver ne serait-ce qu’un seul survivant, il nous serait possible de rassembler des indices sur cet incident. Nous nous étions dirigés vers le château de Marchosias avec de telles intentions à l’esprit, mais il était déjà en ruine lorsque nous étions arrivés. Il y avait une montagne de sorciers, et pas un seul ne respirait encore.

« Mais où est Marchosias… ? » marmonna Dantalian, incapable de trouver son cadavre parmi eux. « Oh, c’est vrai. Il ne se laisserait pas battre si facilement. Il est manifestement encore en vie quelque part par ici. »

Alors que j’acquiesçais à son idée d’aller le chercher, un groupe de chevaliers angéliques nous avait soudainement entourés. Son habituel sourire innocent disparut alors qu’elle s’adressa à eux avec force.

« Je ne sais pas ce que vous prévoyez, mais pourriez-vous vous écarter ? Je doute que vous ayez oublié qui je suis. »

Malgré son apparence enfantine, elle était l’Archidémon en chef. Même s’ils la défiaient avec douze épées sacrées, ils ne feraient pas le poids face à elle. Il n’y avait qu’une centaine de chevaliers présents, donc Dantalian n’avait vraiment pas besoin de faire quoi que ce soit. Même moi, j’aurais pu facilement gérer un tel nombre.

Ou du moins, ça aurait dû être le cas. L’instant d’après, elle était vaincue. Celui qui l’avait combattue était l’homme qui dirigeait ces chevaliers. Je ne l’avais pas reconnu, mais Dantalian était remarquablement secoué.

« Pourquoi vous restez là… ? Pourquoi, Marchosias !? »

S’il y avait quelqu’un que Dantalian ne pouvait pas vaincre, c’était son maître, celui qui lui avait enseigné la sorcellerie, Marchosias. Et ce même homme dirigeait les Chevaliers Angéliques.

« C’est ta faute si on en est arrivé là. Tu as rendu ce monde trop paisible. »

Elle croyait plus que tout autre en un monde où personne n’aurait à souffrir. Elle désirait la paix plus que tout autre. Et pourtant, c’était ce que son maître lui disait.

« Pourquoi… !? N’est-ce pas toi qui m’as dit de sauver le monde !? Que les sorciers pouvaient guérir le monde !? » avait-elle hurlé de chagrin.

« Je l’ai fait, » répondit Marchosias avec un soupir. « Mais qui t’a dit de créer un monde si peu sérieux et si léthargique ? »

Le mot « mal » avait été créé pour des hommes comme lui.

« C’était une erreur de te laisser faire, » dit-il. « Chevaliers angéliques et sorciers doivent se haïr et s’entretuer. Et pourtant, tu as cherché l’harmonie. Tu l’as même actualisée. C’est ton péché. »

Je ne m’étais jamais vraiment souvenu de ce qui s’est passé après ça. Avant que je ne m’en rende compte, les Chevaliers Angéliques avaient disparu… et Dantalian et moi étions au bord de la mort. Je savais que si je respirais encore, c’était parce qu’elle m’avait protégé.

« Désolé… Shere Khan… Peut-être que… que j’ai eu tort… »

Il n’y avait aucune chance qu’elle soit ainsi en tort. En sauvant quelqu’un, et en faisant en sorte que cette personne en sauve une autre, le monde continuerait à tourner. Je croyais aussi en cet idéal. Il n’y avait aucune chance qu’il soit faux. J’avais saisi la main qu’elle m’avait tendue et j’avais pu sentir le pouls s’en échapper. Sa vie s’éteignait. Mais malgré cela, Dantalian avait parlé avec sérieux.

« Shere Khan… mange… moi… »

Même en pleurant, elle s’était forcée à sourire.

« C’est fini… pour moi… Mais tu peux encore… Si tu ingères… mon mana… tu peux… survivre… »

En tant que tigryn, Shere Khan pouvait absorber le mana de quiconque était mangé par lui. S’il mangeait Dantalian maintenant, il survivrait sans aucun doute.

« S’il te plaît… arrête Marchosias… Je ne veux pas… d’un monde… où tout le monde… s’entretue… »

Finalement, Shere Khan avait été incapable de refuser la dernière volonté de sa bien-aimée.

 

Au troisième jour de la bataille, Shere Khan se balançait dans son fauteuil roulant en regardant quatre boules de cristal. La première montrait les Nephilims qui s’étaient mis en route pour Kianoides, avançant sans crainte en essayant de briser l’encerclement des Chevaliers Angéliques. Cette partie se passait bien.

La seconde montrait Orias perdant contre Azazel dans une ville déserte, et la fille d’Orias acculée dans un coin. Azazel y avait une position un peu trop dominante, mais ce n’était pas un problème. Le réceptacle était déjà en train de s’effondrer. Il est clair qu’elle ne tiendrait pas plus que ce soir. Azazel disparaîtrait si on le laissait tranquille.

Le troisième montrait Kimaris… et celui-ci était un peu inattendu. Le scénario de Shere Khan n’avait pas prévu qu’il entre en contact avec ça. Mais cela avait en fait évité à Shere Khan de s’embêter. C’était une nécessité pour lui, après tout.

Enfin, la quatrième montrait le combat de Zagan contre les treize Archidémons qui se déroulaient directement au-dessus de sa tête.

« Comment… se sent-on ? De voir… ce que vous vouliez… protéger… souffrir… de vos propres mains… Ou peut-être… ne ressentez-vous… rien ? »

Si c’était vrai, Dantalian n’aurait jamais connu cette fin douloureuse. C’est lui qui l’avait trahie et qui avait ruiné ce monde. Le fait que Zagan s’oppose à lui était, en un sens, un maigre acte de vengeance. Shere Khan s’adossa à son fauteuil roulant en se remémorant ce jour fatidique.

J’étais bien trop faible dans tous les domaines imaginables.

Shere Khan avait mangé Dantalian. Cependant, le temps qu’il traîne son corps blessé jusqu’à la ville, tout était déjà terminé. Avec le meurtre de l’Archidémon en chef Dantalian, les Archidémons restants avaient pris des mesures contre les Chevaliers angéliques à grande échelle. Ils avaient déclenché la colère des Archidémons. Leur vengeance était indescriptible.

À l’inverse, cela donnait aux Chevaliers angéliques une raison de qualifier tous les sorciers de maléfiques. Les masses avaient alors placé leur confiance dans les chevaliers angéliques purs et soignés plutôt que dans les sorciers terrifiants, ce qui a conduit à l’aliénation des sorciers. Shere Khan avait beau crier, personne ne l’écoutait.

Tout ce qui lui restait était le sceau de l’Archidémon de la main droite de Dantalian. Il ressentait un vide immense. Rien ne l’attendait après avoir tué sa bien-aimée et l’avoir mangée juste pour survivre. Depuis ce jour fatidique, il avait envisagé à plusieurs reprises de détruire le monde. Cependant, Dantalian avait voulu sauver le monde. Et parmi tout ce désespoir, Shere Khan avait réussi à trouver un moyen de la ramener, ainsi qu’un moyen de créer un monde pacifique où personne ne se battrait… et où personne ne s’entretuerait. Il avait trouvé le moyen de remettre à leur place tous les rouages qui n’étaient plus à leur place.

Et donc, il l’avait créée — une copie de cette fille des jours d’antan. Cependant, il l’avait perdue une fois de plus. Il ne s’était jamais soucié de sa propre vie, mais dans la bataille contre Marchosias, il n’avait pas su la protéger.

Mais le réceptacle que j’ai perdu a survécu ces cinq dernières années.

Le réceptacle ne possédait pas les souvenirs de Dantalian, mais elle avait toujours le même corps et le même nom qu’elle. Ainsi, Shere Khan n’avait aucune idée de ce qu’il fallait faire avec la fille.

 

« Hé. Hé toi. Et si tu te réveillais maintenant ? »

Il pouvait entendre la voix de quelqu’un. Il ne la reconnaissait pas. Est-ce qu’on lui parlait ? Son corps était lourd et ses pensées étaient lentes. Il avait essayé d’ouvrir les yeux, mais ne pouvait rien voir. Il faisait nuit noire. Et dans cette obscurité, une silhouette blanche était soudainement apparue et avait regardé son visage.

« Enfin. Tu t’es réveillé. Peux-tu me comprendre ? »

« Euh, oui… »

Elle parlait comme une adulte, mais ressemblait à une petite fille. Elle ne devait pas avoir plus de quatorze ou quinze ans.

Une elfe… ?

Ses oreilles se terminaient en pointe. Ses longs cheveux blancs étaient duveteux comme de la barbe à papa, tandis que ses yeux étaient bleus comme un lac clair. Elle portait une robe simple, à l’ancienne, décorée d’ornements dignes, et avait des traits similaires à ceux de la fille dont l’Archidémon Zagan était profondément amoureux. Cependant, la première personne qui vint à l’esprit de cet homme était quelqu’un d’entièrement différent.

« Lady Nephteros ! »

« Hyah ! »

Il se releva avec tant de vigueur que la jeune fille tomba à la renverse. Sans même avoir le sang-froid d’essayer de l’aider, Richard se souvint de ce qui lui était arrivé. Après avoir appris le peu de temps qu’il restait à Nephteros dans le monde, alors qu’il l’avait dans ses bras, quelque chose avait soudainement transpercé sa poitrine. La dernière chose dont il se souvenait était Nephteros hurlant de désespoir.

« Je dois partir — ! »

« Hé, arrête-toi là, » dit la fille, en le coupant. « Est-ce que tu sais au moins où c’est ? »

« Hein… ? »

Richard avait repris ses esprits quand la fille avait soudainement tiré sur sa manche. Tout était noir à perte de vue. La sensation à ses pieds était nébuleuse. On pouvait se demander s’il y avait même un sol solide sous lui.

« Où sommes-nous… ? » demanda Richard.

« Bonne question. Pour le dire franchement… je suppose que tu appellerais ça l’enfer ? »

Richard n’avait pas pu réfuter cette affirmation.

« Alors je suis mort… ? » avait-il demandé.

« Non. Il semblerait que cela ne soit pas le cas. Tu es apparemment plutôt populaire. Ceux qui t’entourent ont fait beaucoup d’efforts pour te sauver et ont réussi à te garder en vie. Félicitations. »

« Oh… Merci… »

Cette fille parlait en rond et restait vague, le déstabilisant un peu. Elle n’avait cependant pas l’air d’essayer de le taquiner. À ce moment-là, Richard s’était finalement rendu compte que la fille était toujours assise sur le sol.

« Oh, pardonnez-moi. Êtes-vous blessé ? » avait-il demandé en tendant la main.

La jeune fille le dévisagea un instant comme si elle le critiquait, puis lui prit la main et répondit : « Non. Vous êtes aussi gentleman que vous en avez l’air. C’est un soulagement. »

Richard s’était senti honteux. Même en considérant le sentiment d’urgence qui l’animait, il avait renversé une fille sans même lui tendre la main. Alors qu’elle se relevait, Richard avait réalisé qu’elle était plus petite qu’il ne l’avait pensé. En fait, elle n’arrivait pas plus haut que son ventre. Elle était peut-être plus grande qu’Alshiera, mais à peine. Il n’était pas sûr de savoir comment elle avait interprété son regard inquisiteur, mais la fille avait éclaté de rire.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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