Le Dilemme d’un Archidémon – Tome 13 – Chapitre 3 – Partie 8

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Chapitre 3 : Certaines choses ne peuvent être évitées en prenant des airs

Partie 8

« Je ne me suis pas sentie offensée, » avait-elle dit en souriant. « Je ne l’ai pas mentionné hier soir, mais j’ai beaucoup d’histoires intéressantes sur mes voyages. Certaines d’entre elles devraient aussi plaire à Dame Nephteros. Une fois que tout sera terminé, nous ferons la fête tous ensemble, d’accord ? »

« Allons-y ! Pour cela, nous devons d’abord gagner ce combat. »

Kuroka était vraiment une fille fiable. Après s’être ressaisie, Chastille s’était adressée à ses forces.

« Je prends le centre. Kuroka sera sur la droite. Alfred et votre groupe, vous trois prendrez la gauche et soutiendrez l’autre groupe. »

L’aile droite étant très dispersée, les commandants devaient l’être aussi. De plus, Ginias faisait bonne figure bien qu’il ne soit pas au mieux de sa forme. Même sans tenir compte de ses blessures, il devait ressentir quelque chose de l’absence de Stella. Après tout, il était clair qu’il l’admirait et était amoureux d’elle. Ainsi, elle avait déterminé que les Trois Chevaliers du Ciel d’Azur étaient suffisamment capables de poursuivre le combat tout en le soutenant.

« Oui madame ! » les chevaliers angéliques avaient répondu de manière fiable et chacun s’était dispersé à son poste.

« Archers ! »

L’appel venait de la compagnie de Ginias. La formation ennemie lâchait des flèches avant que les armées n’entrent en collision. Il y avait quelques centaines de projectiles dans le ciel. Garder les forces en échec avec des flèches était apparemment une tactique standard dans les grandes batailles des temps anciens. Cependant, c’était avant le développement de la sorcellerie. Les centaines de flèches avaient soudainement perdu leur élan alors qu’elles étaient encore dans le ciel et avaient dégringolé au sol, lamentablement, sans atteindre leurs cibles.

Comme c’est rassurant d’avoir des sorciers comme alliés.

Les chevaliers angéliques n’utilisaient pas d’arcs, car ils étaient inutiles contre les sorciers. L’ennemi possédait probablement déjà ce niveau de connaissance, car il ne montrait aucun signe de fléchissement et continuait sa marche.

« Chargez ! » La voix de Ginias résonna dans l’air. Un instant plus tard, sa compagnie entra hardiment en collision avec l’armée ennemie. En tant que centre de la formation, Raphaël était là aussi, mais l’ennemi les surpassait encore en quantité et en qualité. Le moral était bon, mais ils étaient clairement repoussés. Et il y avait, bien sûr, des ennemis qui se précipitaient aussi du côté de Chastille.

« Dégagez le passage ! »

Un énorme homme en armure menait l’avant-garde ennemie. Il semblait encore plus grand que Raphaël. Chastille était comme un enfant devant lui, mais c’est lui qui s’était retrouvé à hurler à la suite de leur collision.

« Qu-Quoi ? »

L’homme énorme avait chargé avec un plaquage d’épaule. Les bras minces de Chastille n’auraient jamais dû être capables d’arrêter une telle attaque, mais l’homme avait complètement perdu et avait été projeté en arrière. Grâce aux bénédictions de l’Armure Sacrée et de son Épée Sacrée, Chastille possédait une force physique capable de rivaliser avec celle de Zagan. Le soldat ennemi étant maintenant couché à plat ventre comme une grenouille devant elle, Chastille le frappa au visage avec le plat de sa lame. Son casque se brisa en morceaux et il cessa complètement de bouger.

« Ne poussez pas trop loin ! Arrêtez d’abord l’avance de l’ennemi ! » cria-t-elle en faisant tournoyer son épée.

Le moral de l’ennemi était bas. Il suffisait à Chastille de pouvoir se battre dans son Armure Sacrée. Tant qu’ils n’allaient pas trop loin, elle pouvait garder les choses sur un pied d’égalité tout en protégeant ses subordonnés.

Malheureusement, l’avancement au centre avait affecté l’ensemble de la formation. L’aile gauche de la compagnie de Chastille, gérée par les Trois Chevaliers du Ciel d’Azur, avait été repoussée. En raison de cela, les forces de Chastille au centre de sa formation avaient également été forcées de reculer lentement.

Seule l’aile droite, menée par Kuroka, n’avait pas cédé d’un pouce et avait tenu bon. Si Chastille utilisait toute la puissance de son épée sacrée, il serait possible de se frayer un chemin, mais les chevaliers angéliques n’étaient pas aussi puissants que les sorciers. Cela l’épuiserait considérablement et il lui serait difficile de continuer à se battre. Ginias s’était abstenu d’utiliser sa Confession et avait reculé précisément parce qu’il le savait.

Nous ne pouvons pas tenir plus longtemps !

Les subordonnés de Chastille se battaient bien pour l’instant, mais ils avaient beaucoup moins d’expérience que leurs ennemis. Les armures sacrées et les sorciers médicaux aidaient à garder les pertes sous contrôle, mais ils ne pouvaient plus ignorer complètement les blessés. Alors qu’ils commençaient à perdre leur sang-froid, le bruit de chevaux au galop avait retenti sur le champ de bataille.

« Vous avez réussi ! » s’écria Chastille.

Ce n’était pas la cavalerie ennemie.

« Vous avez bien résisté ! Compagnie Juutilainen, ici pour vous aider ! »

C’était la compagnie d’Arvo, celle qui était censée se trouver de l’autre côté du champ de bataille, sur l’aile gauche. Les ailes gauche et droite s’étaient rencontrées dans une formation en échelon déployé, ce qui ne pouvait signifier qu’une chose.

« Hé, n’est-ce pas vraiment mauvais ? »

« Tch ! Quand diable !? »

« Qu’est-ce qui se passe… ? »

L’armée ennemie s’était arrêtée en réalisant la situation. Avant qu’ils ne s’en rendent compte, la force de moins de trois cents chevaliers angéliques avait complètement encerclé une partie des troupes de Shere Khan.

« Comme je m’y attendais de la part du Lord Raphaël, il commande splendidement, » dit Chastille en admiration.

La cavalerie ne se distinguait pas vraiment dans les batailles contre les sorciers, mais elle possédait une mobilité inégalée dans les batailles en terrain dégagé. Venue de loin, la compagnie entière de Juutilainen était inévitablement composée de cavaleries, et ils avaient utilisé cette mobilité pour encercler rapidement la formation ennemie.

Peu importe le nombre d’ennemis, seule la ligne de front peut combattre lorsqu’elle est encerclée. Ceux qui étaient au centre ne pouvaient pas aider si ceux qui étaient devant eux bloquaient le passage. Ils avaient après tout déjà prouvé que les armes à projectiles comme les arcs étaient complètement inutiles dans cette bataille.

Chaque héros était peut-être plus fort qu’un chevalier angélique, mais armé d’une armure sacré, les chevaliers n’étaient pas loin derrière. Leur équipement les mettait sur un pied d’égalité.

S’ils avaient eu de bons officiers parmi eux, ils auraient pu prévoir le mouvement de la cavalerie, mais…

Barbatos les avait assassinés jusqu’au dernier. Une armée sans structure de commandement n’était capable que de charger sans fin. C’est pourquoi ils avaient été encerclés si facilement.

« À toutes les forces ennemies, » cria Raphaël. « Je comprends que c’est une bataille à laquelle vous ne souhaitez pas participer. Rendez-vous. Je vous garantis à tous un traitement équitable en tant que prisonnier de guerre. »

Sa voix était probablement amplifiée par la sorcellerie. Elle atteignait tous les coins du champ de bataille avec facilité.

Alors, que vont-ils faire ?

Même s’ils étaient épuisés, une force de dix mille hommes était sommée de se rendre par pas plus de trois cents chevaliers. Normalement, cela aurait été risible, mais c’était possible maintenant qu’ils savaient qu’ils étaient en position d’infériorité.

Zagan était un roi sans cœur pour ses ennemis, mais il n’était pas un homme cruel. Raphaël avait choisi cette méthode pour faire le moins de victimes possible, ayant lu les intentions de son roi.

Le silence s’était abattu sur le champ de bataille. Même le bruit du vent pouvait être entendu clairement pendant un moment avant d’être brisé par des cris.

« Ne nous emmerdez pas ! Pour qui vous prenez-vous ? Comment osez-vous dire ça après avoir mené cette attaque nocturne !? »

C’était la rage née de la lutte contre le déraisonnable. Ces héros, qui avaient utilisé leur colère comme un moteur pour se battre, avaient déjà franchi le point de non-retour. L’armée encerclée avait repris courage et avait rassemblé ses forces.

« Hmph. Très bien. Vous ne me laissez pas le choix. »

Raphaël avait seulement proposé de négocier. Faire cela n’avait pas vraiment dérangé qui que ce soit. Il savait probablement que ça se passerait comme ça. Néanmoins, il avait au moins essayé de respecter le désir de son roi.

Désolée, Nephteros. On dirait que ça va prendre du temps.

Le combat ne faisait que commencer, et il était certain qu’il serait féroce. Alors même que la sécurité de son amie lui faisait mal au cœur, Chastille resserra à nouveau la prise sur son épée… quand soudain, quelque chose tomba du ciel. Cela avait atterri entre l’armée encerclée et les sept mille soldats restants dans leur camp. Il avait des écailles noires plus sombres que la nuit, des ailes géantes qui semblaient pouvoir couvrir le ciel, et une queue énorme qui s’étendait sur le sol avec la solennité d’un arbre millénaire.

« Le retour du Dragon Marbas… ! »

Il était plus petit que celui dont Chastille avait été témoin, mais le Dragon Noir était bien là, son corps énorme et Sa Majesté plus que suffisante pour faire trembler le champ de bataille tout entier.

« Graaargh — ! »

Sa voix était bien trop frêle pour être appelée un rugissement. C’était plutôt un cri de douleur qui faisait trembler le ciel. Tout en tenant fermement son épée sacrée, Chastille pouvait voir qu’il s’agissait du chant simultané de plusieurs sorts compliqués.

« Formation défensive ! » cria Chastille.

Immédiatement après, des lumières étaient tombées des cieux. Ces lumières étaient aussi fines que des fils. Cependant, tout ce qu’elles touchaient brûlait et s’évaporait en un instant. En levant les yeux, elle avait vu d’innombrables cercles magiques gigantesques déployés sur l’ensemble de la zone dégagée. Ils ne couvraient pas seulement la bataille, mais s’étendaient même sur le camp ennemi à l’arrière, où se trouvaient les sept mille soldats restants.

Chastille connaissait le nom de ce pouvoir destructeur. La sorcellerie d’annihilation à grande échelle, Nimbus — les lumières de destruction qui avaient anéanti des villes entières, qui s’étaient attiré les foudres de l’Archidémon Marchosias.

Ce qui était vraiment terrifiant, c’est que, malgré la pluie de lumière, pas une seule personne n’était touchée. Des trous de la taille d’un doigt étaient percés dans le sol à seulement dix centimètres à droite du pied de chacun avec une précision mortelle. Un potentiel destructeur rivalisant avec les châtiments divins, une précision inimaginable et le mana nécessaire pour viser plus de huit mille cibles. Y avait-il une seule âme ici qui n’était pas impressionnée par une telle puissance ?

Après avoir réfléchi pendant une seconde, Chastille avait finalement compris la situation.

Oh, elle a finalement atteint le royaume des Archidémons.

La petite fille qui chevauchait la tête du dragon noir parla d’une voix froide qui rappelait celle de son père et elle s’adressa à tout le monde sur le champ de bataille.

« Personne ne bouge. La prochaine fois… je vous frapperai directement. »

Une brève demande, mais toutes les personnes présentes avaient compris ce qu’elle voulait dire. Chaque vie sur le champ de bataille était entre ses petites mains. Les héros ne pouvaient même pas bouger. Même les Chevaliers Angéliques, qui étaient censés être ses alliés, restaient sur place.

Alors que tout le champ de bataille était figé par la tension et la peur, la petite dragonne laissa échapper un bâillement, puis se pelotonna sur la tête du Dragon Noir.

« Attends ! N’as-tu pas d’exigences ? » cria Chastille par inadvertance.

« Oh. Tu es là… Tête de poney, » répondit Foll avec un air endormi. Elle était censée être à des kilomètres, mais on aurait dit qu’elle était juste à côté de Chastille. C’était de la sorcellerie un peu différente de la télépathie.

« D’après toi, qui va protéger cette ville si je ne le fais pas !? »

Pour qui cette fille se prenait-elle ? Malgré la situation actuelle, Chastille avait dû tout faire pour retenir désespérément ses larmes. Mais Foll se contenta de lui jeter un regard froid avant de parler.

« Ce n’est pas ce que je veux dire. Est-ce ici que tu dois te battre ? » demanda-t-elle avec reproche.

« Qu’est-ce que tu… essaies de… ? »

« Nephteros est dans la ville déserte au sud d’ici. »

Les yeux de Chastille s’étaient ouverts en grand dès qu’elle avait entendu ces mots.

« Foll, est-ce que c’est — ? »

« Bon sang ! Espèce de petite morveuse stupide ! »

Barbatos était soudainement apparu au-dessus de la tête du Dragon Noir et avait attrapé Foll par le cou. Comme elle était beaucoup plus petite que lui, il la tenait complètement en l’air, mais elle ne montra aucun signe de panique et lui attrapa le bras.

« Tais-toi, Barbatos. C’est Chastille qui décide. »

« Gaaah ! » Barbatos hurla de douleur et tomba à genoux à cause de ses paroles chargées de mana. Les pieds de nouveau sur la tête du Dragon Noir, Foll secoua la main de Barbatos et tourna son regard vers Chastille.

« Il n’y a rien que tu puisses faire ici. Si tu veux toujours protéger la ville, alors reste, cela m’importe peu. Décide par toi-même. »

« Foll…, » marmonna Chastille avec un sourire troublé.

Elle ressemble de plus en plus à Zagan…

Elle était venue jusqu’ici pour laisser partir Chastille.

« Vas-y, Lady Chastille, » dit Kuroka, en courant vers le côté de Chastille. « Je vais m’occuper des choses ici. »

En voyant qu’elle s’était précipitée pour dire cela, Chastille avait su que Kuroka s’inquiétait de devoir se taire.

« Désolée, je vais devoir te laisser faire ici, » lui dit Chastille.

« Bien sûr. »

Elle se tourna alors vers le dragon noir et déclara : « Foll… et Barbatos, merci. »

« Tch… » Barbatos grommela avec résignation. « Tu ne vas certainement pas vivre longtemps. »

« Je pense que tu as raison, » acquiesça Chastille avec désinvolture.

« Pourquoi faut-il que tu sois si — !? »

« Mais ! » cria Chastille en le coupant sérieusement. « Mais… ce n’est pas comme si je voulais mourir. Il y a une montagne de choses que je dois faire. Alors… ça va aller. Je reviendrai vers toi. »

Le silence. Barbatos n’avait pas répondu. Au lieu de cela, les ombres à ses pieds avaient frétillé.

« Allez… Tu y vas, hein ? »

« Oui ! »

Chastille avait sauté dans l’ombre et s’était précipitée aux côtés de Nephteros.

« Nous devrions prétendre que nous n’avons rien entendu… n’est-ce pas ? »

Une étrange maladresse planait sur les chevaliers angéliques et les soldats ennemis, mais il vaut mieux réserver cette histoire pour une autre fois.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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