Le Dilemme d’un Archidémon – Tome 13 – Chapitre 2 – Partie 6

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Chapitre 2 : Le coup d’envoi d’une bataille doit être éclatant

Partie 6

« Néphy et Dame Orias sont-elles parties la sauver ? » demanda-t-elle au bout d’un moment, d’une voix glaciale.

« Elles sont parties à sa recherche. »

Le silence s’était installé dans la pièce. Tout le monde, à part les deux filles, avait dégluti.

C’est bien la chef de la Faction d’Unification, elle n’accepte pas toute l’histoire.

Kuroka s’était rappelé que Shax lui avait dit de ne pas trop en faire. Il s’était probablement passé quelque chose lors de sa rencontre avec Zagan. Quoi qu’il en soit, peut-être que ces mots étaient également destinés à cette rencontre avec Chastille.

Chastille savait que Nephteros était en danger. Elle savait aussi que Néphy et Orias étaient parties pour la sauver. Il y avait un air d’hostilité intense dans les yeux de Chastille, sachant que Kuroka cachait la vérité sur la situation difficile de son amie. Si Kuroka relâchait un tant soit peu sa concentration, des sueurs froides couleraient sûrement sur son visage. Mais si elle laissait voir la moindre goutte de sueur, Chastille la presserait de répondre à tous les détails. Leur lutte acharnée de regard se poursuivit pendant quelques secondes. Puis, Chastille poussa un petit soupir.

« Bien. Je vais mettre ma foi en tes mots, Kuroka. »

« Merci beaucoup. »

Kuroka s’était inclinée gracieusement avant de laisser échapper un soupir secret de son côté.

C’était effrayant…

Chastille était souvent qualifiée de pleurnicharde et d’idiote au cœur tendre, mais en ce moment, Kuroka voyait en elle un sang-froid qui lui rappelait Zagan. Les choses ne s’étaient jamais détériorées à ce point à cause de son caractère. Une fois que cette fille avait décidé de faire quelque chose, elle se résolvait toujours à le faire par tous les moyens nécessaire.

Kuroka pouvait comprendre pourquoi, juste un peu.

Quelqu’un qui est gentil avec tout le monde ne les aime pas tous, après tout.

Cette fille pensait plus à son amie qu’à n’importe qui d’autre. C’est pourquoi un certain doute était venu à l’esprit de Kuroka.

Elle devrait être nécessaire pour sauver Lady Nephteros. Alors pourquoi… ?

Nephteros était désespérée après avoir vu le cœur de Richard se faire arracher sous ses yeux. Maintenant qu’un monstre avait usurpé son corps, Chastille n’était-elle pas la seule à pouvoir la ramener et lui redonner un peu d’espoir de vivre ? Et pourtant, Zagan avait décidé de ne pas l’impliquer. Il avait apparemment sa propre idée en tête, afin d’être sûr de sauver Nephteros. Kuroka croyait en lui, mais trouvait tout de même la situation extrêmement confuse.

« Ainsi se termine mon rapport, » dit Kuroka.

« Compris. Je suis désolée de ne pas t’avoir laissé le temps de te reposer. Prépare-toi à partir. »

« Oui, madame. »

À ce moment-là, des pas pressés s’étaient approchés de la porte.

« Lady Chastille. »

Un des chevaliers angéliques qui était allé voir Ginias et Stella était entré dans le bureau.

« Torres, comment vont-ils ? » lui demanda Chastille.

« Lord Galahad a repris connaissance et se prépare au combat. Les blessures de Lady Diekmeyer ne sont pas mortelles, mais elle ne s’est pas encore réveillée. »

Stella avait pris un coup de « Nephteros » de plein fouet. Grâce à cela, Kuroka et tous les autres avaient été sauvés, mais Stella avait subi des dommages bien plus importants que ceux que même Ginias avait eus en échange. Elle avait perdu une quantité importante de sang. On pouvait se demander si elle se réveillerait avant la fin de la bataille. Chastille se renfrogna devant la perte de la plus forte combattante des Chevaliers Angéliques.

« De plus, Lord Galahad a mentionné quelque chose d’un peu particulier…, » continua le lancier.

« De quoi ? »

Le lancier hésita un instant, puis dit timidement : « Selon lui, l’épée sacrée du seigneur Valjakka est introuvable. »

Les yeux de Chastille et de Kuroka s’étaient agrandis en entendant la nouvelle.

« Qu’est-ce que tu veux dire ? » demanda Kuroka.

« Exactement ce que j’ai dit, » répondit le lancier. « Elle n’était apparemment plus là quand il s’est réveillé. Ryan est resté derrière pour jeter un coup d’œil, mais il est difficile de rater une épée sacrée. »

« Ce n’est pas possible…, » Kuroka déclara, en secouant la tête. « Quand nous les avons amenés ici, c’était bien aux côtés du Seigneur Ginias. Monsieur Shax aurait dû être avec lui. A-t-il vu quelque chose ? »

« Le guérisseur ? Non, il n’a pas non plus l’air de savoir. »

Il était impossible qu’un homme ayant les capacités de Shax ne remarque pas que quelqu’un volait quelque chose juste devant lui. Bien sûr, il n’avait aucun moyen d’arrêter un sorcier comme Barbatos, mais il aurait certainement remarqué l’acte lui-même.

« Alors l’épée sacrée est partie toute seule… ? » murmura Chastille, baissant son regard sur l’épée à sa taille, déconcertée.

« Que veux-tu dire… ? » demanda Kuroka.

Elle avait entendu parler d’épées sacrées dotées d’une sorte de volonté propre — probablement par le séraphin qui les habite — mais elle n’avait jamais entendu parler d’une épée se déplaçant toute seule.

« Oh, c’est vrai, » dit Kuroka, qui avait soudainement une idée géniale. « Ne pouvons-nous pas simplement demander à la personne à tes pieds ce qu’il en est ? »

On ne savait pas s’il écoutait, mais l’ombre de Barbatos était ouverte. Si Chastille demandait, il répondrait probablement. Enfin, c’est ce que pensait Kuroka, mais…

« Mes pieds… ? U-Uhhh, h-h-h-h-il est, um, je veux dire… en ce moment… c’est un peu… »

« Hm… ? S’est-il passé quelque chose ? Si tu le souhaites, je peux lui couper la tête entre deux travaux. »

Maintenant que j’y pense, j’ai l’impression qu’elle a évité de parler de lui tout ce temps.

La haine de Kuroka pour les sorciers s’était considérablement atténuée, mais Barbatos était toujours le pire des sorciers. Elle l’achèverait volontiers chaque fois que Chastille le souhaiterait.

« Ce n’est pas ce que je veux dire ! C’est bon. C’est bon, alors ne…, » dit Chastille. Pourtant, elle n’avait pas l’air d’aller bien du tout. « Bon, oublions l’épée sacrée pour l’instant. Considérons la défense de la ville comme notre priorité numéro un. »

Du point de vue de l’Église, c’était la deuxième épée sacrée qui avait disparu. La première avait été le Metatron de Raphaël. C’était une affaire sérieuse qui avait ébranlé l’Église jusqu’au plus profond d’elle-même, mais la décision de Chastille était toujours correcte. Et alors que tout le monde s’apprêtait à regagner son poste, un nouveau pas précipité s’approcha de la porte.

« C’est sérieux, Lady Chastille ! »

Le porteur de bouclier des trois chevaliers avait fait irruption dans la pièce. Il était censé être à la recherche de l’épée sacrée manquante, mais ne semblait pas du tout le faire.

« Qu’est-ce qu’il y a encore ? » demanda Chastille.

« L’Archidémon ! »

À quel Archidémon faisait-il référence ? L’homme avait calmé sa respiration, puis leur avait transmis l’incroyable.

« L’Archidémon Zagan est parti défier directement l’armée ennemie ! »

« Quoi ? »

Un Archidémon pouvait massacrer une armée de dix mille hommes. Cependant, c’était seulement en utilisant pleinement la sorcellerie et la ruse. Il n’y avait aucune chance que son mana tienne le coup en les combattant de front.

« Non, attendez… Zagan pourrait bien être capable de les frapper tous les dix mille…, » murmura Chastille avec une expression sérieuse sur le visage.

Cet Archidémon était tout simplement si puissant qu’elle le croyait possible. Kuroka s’était alors rappelé qu’elle avait oublié de mentionner quelque chose.

« Oh, excuse-moi, j’ai oublié de te transmettre un message de Zagan, » dit-elle.

« Quel message ? » demanda Chastille. Elle n’arrivait plus à décortiquer toutes ces informations, aussi ses yeux tournaient-ils dans tous les sens.

« Il t’a dit : “Je te fais gagner un jour. Prends ton temps et prépare-toi”. »

En jetant un coup d’œil par la fenêtre, ils avaient remarqué que l’aube s’était levée avant même que l’on s’en rende compte. La sinistre attaque contre l’armée ennemie avait progressé tranquillement pendant la nuit. Cependant, tout cela s’était passé en coulisses. La bataille n’avait pas encore commencé. Ce n’est que lorsqu’un Archidémon passait à l’action que les choses se mettaient en place.

Ainsi, le coup d’envoi de la bataille avait été un raid féroce de l’Archidémon Zagan lui-même.

 

« Ne le laissez pas aller plus loin ! »

« Est-il vraiment humain ? »

« Merde ! Que font les supérieurs ? Pourquoi ne reçoit-on pas d’ordres !? »

« Uoooh ! Protéger ou — aaaaaargh ! »

Zagan lança légèrement son poing et fit voler l’un des soldats qui l’avaient bravement chargé. Il s’agissait plus d’une légère poussée sur le côté que d’un coup de poing, mais l’armure du soldat s’était quand même brisée en morceaux et les autres soldats qu’il avait percutés avaient chuté au sol de façon spectaculaire.

Des cris de confusion remplissent l’air.

On dirait que l’équipe de Barbatos a fait son travail correctement.

Il y avait, bien sûr, ceux qui utilisaient leur propre jugement pour défier Zagan maintenant qu’il était sur le terrain, mais l’armée dans son ensemble était si dispersée qu’on pouvait difficilement appeler cela une réponse appropriée à son raid. Ce n’était pas les mouvements d’une armée. C’était simplement un essaim de guerriers talentueux. Ainsi, tout ce que Zagan avait à faire était de les frapper un par un.

« Comparé à affronter ces fichus séraphins, c’est… »

Une épée virevoltait dans l’air en direction de Zagan. Il l’écarta avec son bras, brisant la lame comme du verre et pliant le bras de son manieur comme un morceau de fil.

« Gaaaaaah ! »

Laissant le soldat se tordre sur le sol, Zagan continua sa marche en avant.

« Espèce de salaud ! Alors que dis-tu de ça !? »

Voyant que les épées étaient inutiles, l’un des soldats avait eu recours aux arts martiaux et avait déclenché un coup de pied. Même s’il s’agissait d’une technique datant d’il y a mille ans, elle avait été utilisée pour combattre des séraphins, des dieux ou autres. Zagan attrapa tranquillement le pied de l’homme avec sa paume, mais l’onde de choc de l’impact creusa de profondes fissures dans la terre.

« Grr. Même ça, ce n’est pas assez !? »

« Hmm. Je ne voulais pas te sous-estimer, mais c’était un coup bien plus puissant que ce que j’avais imaginé. Cela fait un moment que ma main n’a pas été engourdie. »

Zagan avait honnêtement félicité l’homme, puis avait écrasé le pied dans sa main comme pour lui rendre la pareille.

« Aaaaaargh ! »

Cette technique avait été terrifiante, mais la tête d’un Archidémon n’était pas si facile à prendre qu’un art sans sorcellerie derrière lui suffirait à le blesser. Zagan continua à marcher, laissant derrière lui une traînée de soldats aux armes, bras et jambes brisées. Pourtant, pas un seul soldat n’était mort. De plus, Zagan n’avait pas la moindre égratignure sur lui, et ses vêtements n’étaient pas du tout ébouriffés.

Cet acte n’était possible que lorsque l’écart de force était similaire à celui d’un adulte par rapport à un bébé. Et ces soldats expérimentés étaient certainement conscients de ce fait. La peur et le désespoir s’accrochaient à leurs expressions. Mais ils étaient tous des héros et avaient l’habitude d’affronter des ennemis bien plus puissants qu’eux.

Au moment où ils avaient décidé qu’aucun individu n’avait une chance de gagner, leurs mouvements avaient changé. Cinq ou six d’entre eux entourèrent rapidement Zagan et commencèrent à l’encercler lentement. Leurs mouvements bizarres laissaient des images rémanentes, même pour les yeux d’un Archidémon. Il n’avait aucune idée de qui étaient les vraies personnes, ni même du nombre de personnes qui l’entouraient.

C’était un art similaire à la Nuit Brumeuse de Kuroka. Il y avait une différence de compétence, mais ils n’étaient pas si loin derrière elle. Le fait qu’ils soient si nombreux à l’utiliser en même temps rendait impossible la perception améliorée d’un sorcier pour y voir clair.

Les soldats avaient fini par se précipiter avec leurs épées. Ce qui est terrifiant, c’est qu’ils ne l’avaient pas fait tout en même temps. Ils l’attaquaient l’un après l’autre. Une fois que l’un d’entre eux agissait, le suivant arrivait une demi-seconde plus tard. Au moment où cinq coups s’enchaînaient ainsi, le premier attaquant pouvait faire un nouveau coup. C’était vraiment comme une pluie battante. Même un Archidémon n’avait aucun espoir d’esquiver, de se défendre ou de contre-attaquer face à un tel enchaînement de coups.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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