Le Dilemme d’un Archidémon – Tome 13 – Chapitre 2 – Partie 4

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Chapitre 2 : Le coup d’envoi d’une bataille doit être éclatant

Partie 4

« Cet endroit s’est vidé plus vite que prévu… »

Pendant que le groupe de Barbatos ravageait l’armée de Shere Khan, Zagan contemplait son château. La retraite vers le Palais de l’Archidémon avait été achevée en une heure. Pour commencer, la sorcellerie de téléportation avait déjà été mise en place entre les deux endroits, et les subordonnés de Zagan étaient tous des sorciers qui gardaient tout ce qui était important dans leurs poches. Une retraite pouvait être effectuée simplement en faisant passer tout le monde par le cercle de téléportation.

Le château était autrefois un cimetière de cadavres et d’appareils de torture, mais après l’arrivée de Néphy, il était devenu un peu plus propre. Avec Foll, Raphaël, l’encombrante mamie Kimaris et ses quarante subordonnés qui y vivaient, on ne voyait plus rien de ce qu’il était auparavant. Zagan avait rapidement décidé de l’abandonner, mais il avait toujours un désir sentimental de le revoir une dernière fois.

Non. J’ai juste besoin de revenir ici rapidement. C’est tout… pensa Zagan en regardant vers l’avant et en entrant dans le cercle de téléportation. Une sensation de vertige semblable à celle de flotter dans les airs le prit, et le paysage changea pour devenir celui de la lugubre porte souterraine du Palais de l’Archidémon.

La lumière de sa sorcellerie illumina l’énorme grotte sous Kianoides, révélant le palais qui le surplombait. Trente de ses subordonnés — ceux qui n’étaient pas occupés à d’autres tâches — s’étaient alignés devant les portes pour l’accueillir. Raphaël se tenait à leur tête. Il avait quitté son uniforme de majordome pour revêtir l’armure de Valefor.

Les non-combattants comme Lilith et Furcas n’étaient pas parmi eux, bien sûr, mais ils écoutaient quand même à une courte distance. Dexia était avec ce groupe. Néphy, Orias et Foll n’étaient pas présentes. Elles étaient déjà parties pour remplir leurs fonctions respectives. Kuroka était membre de l’Église, elle était donc partie aider Chastille.

Il n’y avait pas de temps à perdre dans une telle situation d’urgence, mais ses subordonnés étaient sur le point de risquer leur vie, il avait donc le devoir, en tant que roi, de leur donner une explication adéquate. Zagan regarda chacun d’entre eux dans les yeux, puis leur fit un signe de tête.

« Le temps presse, alors je vais faire vite. Je suis sûr que vous avez tous entendu que Shere Khan a lâché une armée de dix mille personnes sur nous. Ils ont établi leur camp à quelques dizaines de kilomètres de Kianoides et marcheront sur la ville à l’aube. Nous devons les arrêter. »

Ses subordonnés s’étaient déjà endurcis. Pas un seul sourcil n’avait bougé face à cette situation désespérée.

« Avec du temps, nous pourrions limiter les pertes au strict minimum, mais nous n’avons pas ce luxe. Notre date limite est dans trois jours au coucher du soleil. Nous en finirons avec tout ça d’ici là. »

Kianoides était le domaine de Zagan. Une barrière protégeait la ville à tout moment. S’il le voulait, il pouvait la couper du monde extérieur et forcer un siège. S’ils faisaient cela et affaiblissaient les forces ennemies à l’extérieur, ils pourraient gagner en ne subissant aucune perte. Cependant, Néphy l’avait supplié d’en finir en trois jours. Ne pas répondre à ses attentes n’était pas différent d’une défaite. Ainsi, il sortirait lui-même.

« Je vais aller prendre la tête de Shere Khan. Tout sera réglé si je le tue, mais ce ne sera pas si facile. J’ai besoin de votre force, alors je vais vous mettre au travail. »

« Comme vous le voulez ! » avaient hurlé à l’unisson tous ses subordonnés prometteurs.

Tels étaient les fruits du leadership quotidien de Raphaël. C’était tout ce qu’il avait à dire, mais Zagan y réfléchit un peu, puis fit de nouveau face à ses subordonnés.

« De plus, c’est juste une question personnelle… En vérité, c’est bientôt l’anniversaire de Néphy. »

Tout le monde le regardait d’un air tiède, comme s’il se demandait si c’était pour cela qu’il était si pressé. Il avait envie de les gifler pour cela, mais il s’était retenu et s’était éclairci la gorge.

« Donc, hum… J’ai entendu parler d’une coutume impliquant une bague de mariage. Afin de lui en donner une en toute sérénité, je vais avoir besoin que des gens comme Shere Khan et Bifrons disparaissent. »

En d’autres termes, il voulait que tout soit réglé dans cette bataille. Cependant, ce n’était pas exactement ce que Zagan avait voulu faire passer.

« À ce moment-là, il est nécessaire que nous recevions les bénédictions des autres, du moins c’est ce qu’il semble. J’aimerais que vous le fassiez tous. Je ne pardonnerai à aucun d’entre vous de mourir. Vous m’entendez ? »

Tous ses subordonnés s’étaient tournés pour se regarder les uns les autres. Ils avaient tous le vague sourire ironique, mais doux, d’un tuteur veillant sur un enfant. Incapable de supporter l’atmosphère, Zagan leva son bras.

« Alors, allez-y ! Les récompenses seront abondantes ! Soyez à la hauteur de mes attentes ! »

« Okay ! »

Leur réponse enfantine contrastait complètement avec leur réponse fiable d’il y a quelques instants. Le groupe se dispersa pour s’occuper de ses propres tâches tandis que Raphaël s’approchait de Zagan.

« Monseigneur. »

« Pas un mot. »

Zagan pouvait le voir par lui-même. Son discours avait moins consisté à encourager ses subordonnés qu’à se vanter de sa vie amoureuse. Néanmoins, Raphaël haussa les épaules et secoua la tête.

« Finalement, tout s’est bien passé, » déclara le majordome. « Leur tension a disparu et ils vont pouvoir faire leur travail comme ils en ont l’habitude. Peut-être qu’ils se sont trop relâchés, mais c’est bien mieux que d’être poussés mentalement. »

« Eh bien, si tu le dis…, » dit Zagan en se couvrant le visage et en laissant échapper un soupir, puis il se ressaisit et secoua la tête. « Raphaël. Comme je l’ai dit, nous en finirons dans trois jours. C’est peut-être inutile, mais capture tous ceux qui se rendent. »

Selon le rapport de Kuroka, les sous-fifres de Shere Khan, les Nephilims, étaient incapables de défier ses ordres. Ils étaient forcés de se battre même s’ils ne le voulaient pas. C’était quelque peu triste, mais Zagan n’avait pas le loisir de prendre leurs sentiments en considération. Raphaël le comprit en hochant la tête vers Zagan d’un air compatissant.

« Comme tu le veux. »

Ensuite, Zagan s’était tenu devant les non-combattants et il avait trouvé un visage inattendu parmi eux.

Oh, je suppose qu’elle restait dans les parages de Stella… Et avec ça en tête, il avait commencé avec Lilith.

« Votre Altesse ? Que devons-nous faire ? » demanda-t-elle.

« Vous ferez la même chose que d’habitude. Allez à la cuisine. Les sorciers peuvent travailler une journée entière sans manger, mais le moral va baisser. De plus, les chevaliers angéliques ne peuvent pas se battre le ventre vide. Ce sera dur, puisque nous sommes à court de bras, mais votre rôle est important. Mettez-y du vôtre et compensez la quantité par la qualité. »

La bataille devait durer trois jours. Il fallait donc des provisions et des cuisiniers. D’une certaine manière, on pourrait dire qu’ils étaient plus importants que les armes et le personnel militaire. Lilith et Selphy étaient restées bouche bée devant cet ordre.

« Quoi, mécontente ? » leur avait-il demandé.

« Non, ce n’est pas ça…, » Lilith murmura. « Je n’avais même pas pensé à la nourriture, donc… »

« Tout le monde va avoir plus qu’assez de travail. C’est l’essentiel… Furcas, tu sais au moins éplucher les légumes, non ? Aide-les. »

« Ouais ! Laisse-moi faire, mon frère ! »

« Lilith, Selphy, je vais avoir besoin de vos forces pour autre chose que la cuisine. En bref — . »

Zagan avait continué à expliquer son plan, laissant Lilith raide. C’était logique. Dans un sens, ce travail était bien plus dangereux que ce que Kuroka et tous les autres en première ligne devaient faire. Lilith tremblait à cette idée, tandis que Selphy l’étreignait par-derrière.

« C’est bon, Lilith, » dit-elle. « Je suis avec toi. Je vais certainement te garder en sécurité. »

Ces mots avaient stoppé ses tremblements.

« H-Hmph ! Je n’ai pas peur ou quoi que ce soit ! J’étais juste un peu surprise ! »

« Heh heh. Tu es la meilleure quand tu es comme ça, Lilith. »

Selphy était allée jusqu’à frotter sa joue contre celle de Lilith, obligeant Furcas à se couvrir les yeux comme s’il ne devait pas regarder.

« Laissez-moi faire, Votre Altesse, » répondit finalement Lilith d’un air résolu. « Je vais vous montrer toute la force de la princesse des succubes Lilithiera. »

Satisfait de son attitude, Zagan tapota la tête de la fille fière.

« Oui. J’ai hâte d’y être. Furcas, c’est valable pour toi aussi. Protège-les. »

Si tu ne lui montres pas ton bon côté quand il le faut, Selphy va sérieusement te l’arracher…

Selphy avait apparemment fait une sorte de percée après avoir consulté Zagan l’autre jour. Elle était très proactive et en mouvement. À ce rythme, il faudrait moins d’un mois à Lilith pour capituler.

« Bien sûr ! » Furcas s’était écrié d’un signe de tête en bombant fièrement la poitrine. « Je veillerai à les protéger toutes les deux ! »

« Hmm ? » Selphy murmura d’un ton accablant.

Une perle de sueur froide coula sur la joue de Furcas. À ce moment-là, Zagan avait soudain remarqué quelque chose.

« Furcas, qu’est-ce que tu as dans la main ? » avait-il demandé.

« Hein ? Oh, ça ? Mlle Alshiera me l’a laissé l’autre soir, » répondit Furcas en tenant dans sa main le chasseur de séraphin blanc.

« Alshiera a fait… ? »

Zagan avait trouvé cela extrêmement suspect.

À quoi pense-t-elle, en laissant ça derrière elle à un tel moment ?

Même sans un tel pouvoir, Alshiera était la vampire ultime. Cependant, sa proie n’était autre qu’Azazel. Elle n’était pas censée avoir le loisir de partager le pouvoir qu’elle avait avec Furcas.

« G-Grand frère, je ne sais pas ce qu’elle a fait, » commença Furcas d’une voix tremblante, « Mais ne lui en veux pas trop. Je pense que, peut-être, elle veut encore t’aider… »

Zagan n’était pas le seul à le regarder avec des yeux écarquillés. Même Lilith et Selphy semblaient surprises.

Est-ce que quelque chose lui est venu à l’esprit même si ses souvenirs lui manquent ?

Les véritables intentions d’Alshiera n’étaient pas claires, mais elle avait agi d’une manière qui semblait hostile à tous ceux qui l’entouraient. Malgré cela, Furcas pouvait la comprendre.

« Alors, va lui dire de réviser ses talents d’actrice, » dit Zagan en détournant son regard comme s’il jouait au muet. « Suivre sa farce minable est une énorme douleur dans le cul. »

« O-Ouais ! Je vais lui dire pour toi ! »

Si Furcas était celui qui disait à Alshiera que son jeu était nul, cela lui porterait un léger coup. Satisfait d’avoir obtenu une vengeance inattendue contre la vampire, Zagan passa à la personne suivante dans la file.

« Lisette. Que vas-tu faire ? »

Cette fille avait le même visage que Dexia et était aussi la petite sœur des rues de Zagan. La grande sœur de Zagan, issue des rues, était censée la surveiller, mais Stella était gravement blessée et inconsciente. Shax l’avait amenée à l’Église avec Ginias, également blessé, et Zagan n’avait donc pas pu les voir en sortant d’ici.

Hein ? Maintenant que j’y pense, qu’en est-il de l’épée sacrée ?

L’Archange nommé Valjakka était mort, donc après avoir récupéré l’épée sacrée, Zagan l’avait laissé aux soins de Ginias, mais maintenant que le garçon était inconscient.

Nous ne l’avons pas laissé derrière nous dans la boutique de Manuela, n’est-ce pas ?

Même s’ils n’avaient pas vraiment eu le temps d’y penser à cause de l’incident avec Nephteros, cela aurait été bien trop négligent de leur part. Une épée sacrée sans propriétaire n’était pas mieux qu’un presse-papiers, mais si par hasard elle avait choisi quelqu’un, elle pouvait faire basculer le cours d’une bataille.

« Que dois-je faire… ? » demanda Lisette, en regardant Zagan sans pouvoir connaître le dilemme qui lui traversait l’esprit. « Je veux être aux côtés de Stella, mais… »

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