Le Dilemme d’un Archidémon – Tome 12 – Chapitre 1 – Partie 3

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Chapitre 1 : L’anniversaire de ma fiancée est bien plus important que le sort du monde

Partie 3

Au même moment, Néphy rangeait la cuisine après le petit déjeuner. Ces derniers temps, les sorciers du château prenaient des repas plus réguliers, alors tout ranger prenait beaucoup de temps. Cela dit, tout le monde mangeait toujours absolument tout ce qu’il y avait dans son assiette, il n’y avait donc jamais besoin de s’occuper des restes.

Néphy avait attaché ses cheveux blancs en un chignon pour qu’ils ne gênent pas le nettoyage. C’était quelque chose que Lilith avait fait pour elle assez souvent ces derniers temps. Elle portait sa robe ultramarine habituelle, son tablier blanc et ses bottes bénies par la sorcellerie. Avec elle dans la cuisine, il y avait Raphaël, Foll, Lilith et Alshiera.

« Oh ? Où est Selphy ? » Néphy demanda à tout le monde en réalisant que quelqu’un manquait.

« Elle a dit qu’elle devait voir Zagan, » répondit Foll.

La petite fille avait des cheveux verts, de la couleur de l’herbe du printemps, à travers lesquels dépassaient deux cornes. Ses yeux ambrés avaient pour pupilles des fentes verticales. Pour être plus précis, c’était une jeune dragonne, pas une petite fille. Elle portait sa robe indigène préférée avec les manches retroussées et un tablier semblable à celui de Néphy pour laver la vaisselle. Elle était la précieuse fille de Néphy et Zagan.

Cette fille était en fait l’un des sorciers les plus talentueux du château, probablement du monde entier. Elle pouvait nettoyer toute la vaisselle en quelques secondes seulement si elle utilisait la sorcellerie, mais elle le faisait rarement. Des moments comme ceux-ci, où elle pouvait discuter et rire avec tout le monde, étaient précieux pour elle. C’est pourquoi Néphy nettoyait aussi comme tout le monde sans avoir recours à la sorcellerie.

« Comme c’est inhabituel, » dit Néphy en hochant la tête. « Je me demande… a-t-elle quelque chose à lui demander ? »

« Oui… c’est probablement le cas, » répondit Lilith docilement. « Il semble que quelque chose la préoccupe ces derniers temps. »

Elle avait des cornes tordues surgissant de ses cheveux écarlates, des ailes comme celles d’une chauve-souris sortant de son dos, et une queue longue et étroite. C’était une charmante succube aux yeux dorés semblables à la lune. Lilith était une personne normale, totalement incapable d’utiliser la sorcellerie, dans un château de sorciers, mais elle n’était pas non plus impuissante. Après l’incident de l’autre jour, on pouvait dire qu’elle était en un sens la personne qui devait être la plus protégée.

« Habituellement, elle vient me voir dès que quelque chose la dérange…, » murmura-t-elle, avec une expression sombre planant sur elle en raison de la position compliquée dans laquelle elle se trouvait maintenant.

Néphy lui retourna un sourire ambigu.

Donc même Selphy a des choses qui l’inquiètent…

Cette fille passait son temps dans le château d’un Archidémon avec un optimisme total, sans jamais montrer la moindre timidité. Néphy ne pouvait même pas l’imaginer s’inquiéter de quoi que ce soit. Pourtant, Selphy était en fait un génie dans un seul domaine. On dit que les gens normaux ne peuvent pas comprendre les préoccupations d’un génie. Les inquiétudes de Selphy auraient pu être incompréhensibles pour elle.

« Y a-t-il quelque chose qui inquiète vraiment les filles ? »

Néphy avait sagement senti qu’elle devait garder ses pensées pour elle, mais le majordome Raphaël avait impitoyablement dit ce qu’il pensait. Il était assez grand pour qu’elle doive lever les yeux vers lui. Malgré le fait qu’il approchait de la cinquantaine, sa colonne vertébrale était parfaitement droite. Son bras gauche blindé était artificiel, mais son bras droit non blindé était toujours aussi épais. Son langage bourru pouvait le rendre difficile à comprendre, mais il était en fait sans défaut lorsqu’il s’agissait de cuisiner et de nettoyer. Le vieux monsieur était un ancien Archange. Son épée sacrée était actuellement stockée dans son bras artificiel. Zagan faisait confiance à Kimaris et Gremory en tant que sorcier, mais il accordait une confiance inégalée à Raphaël, son bras droit.

Les yeux de Lilith s’étaient élargis de façon inattendue en entendant les mots du majordome.

« En fait, elle s’inquiète un peu, vous savez ? En général, c’est pour des choses relativement insignifiantes, mais… »

« Comme quoi ? » demande Raphaël.

« Argh…, » Lilith gémit en fronçant les sourcils. « Hum… Il y a ces insectes appelés fourmis, non ? Elles emportent parfois des petits morceaux de dessert, alors elle s’est demandé ce qu’elles en font, puisque ça ne peut certainement pas être réparti entre toutes… Et comment, si elle était une fourmi, elle quitterait la colonie si elle n’avait pas une portion à chaque fois... Et puis elle se demandait comment les fourmis qui partent vivent en dehors de la colonie… »

« Comme c’est… philosophique. »

C’est la réponse que Raphaël avait trouvée après avoir désespérément essayé de lire l’atmosphère, à sa manière.

Un silence avait suivi.

Tous les regards avaient alors naturellement convergé vers Alshiera, qui était restée étrangement silencieuse pendant tout ce temps. Ou peut-être que plutôt que de rester silencieuse, c’était plutôt comme si son esprit était complètement ailleurs. Le fait qu’elle ait quand même réussi à nettoyer la vaisselle correctement était plutôt impressionnant.

Alshiera avait les mêmes yeux dorés que Lilith, ainsi que des cheveux dorés attachés en deux nattes, dont Néphy savait qu’elles cachaient ses cornes cassées. Sa peau était pâle et deux crocs perçaient ses lèvres minces. Elle était la vampire le plus fort du monde. L’effrayante peluche qu’elle portait toujours précieusement sur sa poitrine était maintenant placée sur une chaise juste à côté d’elle.

« Qu’en penses-tu, Alshiera ? » demanda Foll.

« Hein ? Oh, je n’écoutais pas. De quoi parliez-vous ? »

Alshiera avait repris ses esprits et avait incliné la tête alors que tous les autres échangeaient des regards.

« Hum, nous parlions du fait que Selphy semble agir bizarrement, » dit Néphy. « Es-tu au courant de quelque chose ? »

« Eh bien… C’est après tout une jeune fille qui grandit. Non pas que je comprenne vraiment… »

« Alshiera, s’est-il passé quelque chose ? » demanda Foll, en regardant fixement la vampire pendant tout ce temps.

« Non, hum… J’étais juste perdue dans mes pensées. »

« Si ça n’a rien à voir avec Selphy, alors est-ce à propos de ce qui s’est passé ce matin ? »

Tous les habitants du château savaient que Zagan avait fait du grabuge aux premières heures du jour. Ça devait être assez important, vu qu’il avait percé la barrière autour de la salle du trône.

« Le Roi aux yeux d’argent est aussi un garçon en pleine croissance, » répondit Alshiera en détournant discrètement son regard.

« Que s’est-il passé ? Tu as écouté à travers la barrière, n’est-ce pas ? » demanda Foll, se rapprochant soudainement et faisant plier Alshiera en arrière.

« Pourrais-tu ne pas parler de moi comme si j’étais si irrespectueuse ? »

« Mais tu as écouté leur conversation. »

Alshiera n’avait pas répondu et avait gardé le silence. Apparemment, elle avait vraiment écouté aux portes.

Néphy croisa les bras et tomba dans une profonde réflexion.

J’hésite à fouiller dans ses secrets, mais ça semble impliquer Maître Zagan.

Chaque fois que cette fille se taisait ainsi, c’était en rapport avec son devoir — c’est-à-dire en rapport avec la grande existence qui menaçait le monde entier — et sinon, c’était en rapport avec Zagan. En repensant aux circonstances récentes, Néphy était arrivée à une certaine conclusion.

« Je crois que Maître Zagan parlait à ma mère à ce moment-là. »

« Quelque chose dont Zagan et Grand-mère parlaient en secret… Alors est-ce à propos de toi, Néphy ? » ajouta Foll.

« Peut-être, mais dans ce cas, Dame Alshiera ne réagirait pas de la sorte. »

« Pourriez-vous, les filles, arrêter de lire autant dans une seule expression… ? » se plaignit Alshiera. Néphy était maintenant certaine d’être sur la bonne voie.

« Néphy, penses-tu à quelque chose ? » demanda Foll en levant les yeux vers elle tout en lavant un plat.

« Voyons voir… La seule chose qui me vient à l’esprit est que cela fait presque un an que j’ai rencontré Maître Zagan. »

Personne n’avait négligé le fait qu’Alshiera avait de nouveau détourné son regard.

« On dirait que nous sommes proches du cœur du problème, » fit remarquer Néphy.

« Hm ? » murmura soudainement Lilith avec un regard curieux.

« Quelque chose ne va pas, Lilith ? »

« Je veux dire, cela fait environ un an que tu as rencontré Son Altesse, non ? »

« Oui. »

« Je me demandais juste quand était son anniversaire… »

Néphy avait clairement vu Alshiera tressaillir sur place en entendant cela.

« Je vois… »

L’elfe afficha un doux sourire, puis recula comme si elle glissait sur le sol et referma silencieusement la porte de la cuisine.

« Pourquoi fermes-tu la porte ? » demanda Alshiera.

Ce n’était pas comme si cela pouvait réellement empêcher Alshiera de partir. La vampire était sur le point de se transformer en une nuée de chauves-souris, mais Foll lui avait fermement agrippé les épaules et l’avait arrêtée. Enfin, Raphaël dégaina son épée sacrée comme s’il voulait soudainement la polir, puis la planta dans le sol. D’après ce que Néphy apprendra plus tard, il s’agissait apparemment d’une barrière anti-morts-vivants que seuls les Archanges pouvaient utiliser.

Néphy était prête à déchaîner le mysticisme céleste à tout moment. Même le vampire le plus fort du monde ne pourrait pas facilement briser ce siège. Avec la tension soudaine dans la pièce, la seule non-combattante, Lilith, laissa échapper un cri silencieux, mais ce n’était qu’une banalité.

« C’est magistral, Lilith, » dit Néphy en tapant dans ses mains et en hochant la tête. « Nous ne l’aurions pas remarqué de nous-mêmes. »

« Augh… Uhhh… Vous avez tort. Je-je ne voulais pas… »

Après avoir fait l’éloge de la succube, qui tremblait violemment et avait les yeux pleins de larmes, Néphy et toutes les autres personnes présentes dans la pièce avaient entouré Alshiera.

« Et maintenant, si nous parlions un peu ? » demanda-t-elle au vampire.

« Je me sens soudainement un peu effrayée par vous, mais… »

Il est étrange de parler du teint d’un vampire, mais c’était comme si Alshiera avait pâli en fixant un trou dans le sol. Si elle avait été capable de transpirer, elle aurait eu une sueur froide coulant sur son visage.

Néphy pensait qu’elle comprenait au moins la nature d’Alshiera après avoir passé autant de temps avec elle, même si ce n’était pas dans la même mesure que Zagan. Si elle ne voulait vraiment pas parler, ou si elle ne pouvait pas, elle n’aurait pas réagi comme ça. Après tout, elle aurait pu facilement s’échapper avant d’être encerclée. Dans ce cas, Alshiera voulait vraiment le dire à tout le monde ou croyait qu’elle devait le faire.

Cela signifie-t-il qu’il lui est simplement difficile de le dire elle-même, je me le demande ?

Eh bien, tant qu’elle avait l’intention d’en parler, cela signifiait qu’elle avait juste besoin d’une petite poussée dans le dos pour se lancer. Néphy joignit ses mains devant sa poitrine en signe de supplication, puis sourit en inclinant légèrement la tête.

« Permettez-moi d’aller droit au but. Connaissez-vous la date exacte de l’anniversaire de Maître Zagan ? »

C’était plus une poussée du haut d’une falaise qu’une petite poussée dans le dos. Les yeux lunaires d’Alshiera tournaient en rond dans un mouvement de panique, mais après un court moment, elle abandonna finalement.

« Je veux bien vous le dire… mais j’ai une condition. »

« Bien sûr. Qu’est-ce que c’est ? »

« Ne soyez pas indiscrète et n’essayez pas de deviner pourquoi je le sais. C’est ma condition. »

C’était apparemment la raison pour laquelle elle n’avait pas parlé immédiatement.

 

 

Cela ne me dérange pas vraiment, tant que cela ne devient pas un obstacle pour Maître Zagan… pensa Néphy, puis échangea un regard avec les autres. Raphaël et Foll avaient vu son regard et lui avaient retourné un signe de tête. Lilith… Eh bien, elle semblait s’être évanouie lors de cette situation imprévisible, il était donc inutile de lui poser la question.

Après avoir confirmé cela, Néphy avait fait un signe de tête à Alshiera et avait dit, « Très bien. Je vous promets que nous ne serons pas indiscrets et que nous n’y penserons même pas. »

« Merci… » Alshiera marmonna en reprenant calmement sa respiration — non pas qu’elle respire vraiment ou quoi que ce soit — puis dit : « Le Roi aux yeux d’argent est né le 9 de Thalassa. »

« Le 9 de Thalassa… ? » répéta Néphy.

Ce n’est pas ce mois-ci ? Quel jour sommes-nous déjà… ?

Les yeux de Néphy s’étaient ouverts en grand et elle avait pratiquement crié : « C’est dans une semaine ! »

Si Alshiera ne les avait pas informés, elle l’aurait complètement manqué. Néphy était tellement secouée par ce fait que des mauvaises herbes avaient commencé à pousser entre les fissures des carreaux de pierre à ses pieds.

« Néphy, calme-toi. Les mauvaises herbes poussent, » dit Foll.

L’ignorant complètement, Néphy s’approcha de Lilith à pas vertigineux et incertains, puis la saisit par les épaules.

« Argh ! Qu-Qu-Qu-Qu’est-ce que c’est !? »

« Lilith ! Dis-moi s’il te plaît ! Qu’est-ce que tu fais pour fêter un anniversaire !? »

« H-H-H-Hein !? »

Lilith était complètement perplexe, tandis qu’Alshiera restait à bercer sa tête.

« Tu ne sais pas non plus… ? » murmura-t-elle à Néphy.

« Oh, non, je ne sais pas. J’ai entendu parler de telles festivités dans le village, mais ces jours-là, je n’étais jamais autorisée à sortir de la cave… »

Évidemment, Néphy n’avait aucun moyen de savoir quand était son propre anniversaire.

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