Le Dilemme d’un Archidémon – Tome 11 – Prologue

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Prologue

« … pai… Sen… Allez, s’il te plaît, réveille-toi, Senpai ! »

« … Hein ? »

Zagan s’était soudainement réveillé en entendant une voix familière qui l’appelait par un nom peu familier. Une fille aux cheveux blancs se tenait devant lui. Elle avait des oreilles pointues et des yeux azur. Sa peau était si blanche que c’était comme si elle n’avait jamais été touchée par le soleil. Ses lèvres modestes étaient d’un rose pâle et ses cheveux étaient attachés par un ruban rouge vif. Ses mains délicates étaient jointes derrière elle et elle se penchait vers lui.

C’était bien la fille que Zagan connaissait, mais ses vêtements étaient complètement différents de ceux qu’elle portait habituellement. Elle n’avait pas son précieux collier autour de son cou fin. À la place, elle portait une veste et une cravate, qui ressemblaient beaucoup à des vêtements de noble. La veste était serrée, correspondant à la largeur de ses épaules, de sorte qu’elle ne donnait pas l’impression d’être un vêtement d’homme. Et une sorte d’insigne doré était brodé sur la poche de poitrine gauche de la veste.

Sa chemise d’un blanc immaculé combinée à ses cuisses, qui étaient exposées en raison de sa jupe courte, était éblouissante. Le choc qu’il avait reçu en les voyant était particulièrement redoutable, considérant que son uniforme habituel de femme de chambre était bien plus modeste.

Huh? Qu’est-ce qui se passe ? Elle est si mignonne. Attends, non, je veux dire, qu’est-ce qui se passe ?

Voir sa bien-aimée dans des vêtements inconnus était plutôt rafraîchissant. En plus, elle était si mignonne que ça faisait mal, mais il n’arrivait pas à suivre la situation. Et, alors qu’il était assis là, perplexe, la fille gonfla ses joues et le regarda fixement.

« Bon sang, c’est toi qui as dit que tu m’aiderais à étudier, alors pourquoi dors-tu ? »

« Étudier ? »

Un simple bureau se trouvait entre Zagan et la jeune fille. Un livre d’apparence fragile était ouvert sur le bureau, à côté d’un autre livre composé de pages blanches couvertes de lignes parallèles soigneusement tracées. Il y avait également une sorte de bâton en bois qui ressemblait à un stylo, ainsi qu’une pierre inexplicable à l’aspect mou.

Il semblait que la jeune fille était en train d’écrire des citations et des explications dans le livre blanc tout en lisant dans l’autre. Peut-être était-ce là l’étude dont elle avait parlé. Elle était actuellement debout, peut-être parce que Zagan s’était endormi.

Zagan jeta un coup d’œil autour de lui. Il n’y avait personne d’autre. La pièce avait l’air un peu vieillotte et était faite de bois. Des rangées de bureaux identiques, comme celui où il était assis, bordaient la pièce. Ils étaient tous alignés pour faire face à la même direction, mais sa chaise avait été tournée dans l’autre sens pour faire face à la fille en face de lui.

Après avoir confirmé tous les faits, Zagan réalisa qu’il portait également des vêtements peu familiers. Il ne portait pas de cravate, mais le design de sa veste et de son pantalon correspondait à celui de la fille. Ils donnaient une impression similaire aux vêtements de cérémonie de l’Église, ou même aux uniformes militaires que portaient les chevaliers. Dans tous les cas, ils semblaient être l’uniforme d’une sorte d’organisation. Zagan ne parvint pas à cacher sa perplexité face à la situation, mais il baissa tout de même la tête pour la dissimuler autant que possible.

« Euh, désolé. Est-ce que je me suis endormi ? »

« C’est vrai, Senpai. Tu as dit que tu allais m’aider dans mes études, alors je cherchais — je veux dire, j’espérais pouvoir compter sur toi… »

La fille affichait un air sombre et déprimé, ce qui avait fait paniquer Zagan.

« Tu as tout faux ! Je me réjouis aussi de chaque moment que je peux passer avec toi, Néphy… En fait, il est impensable que je ne traite pas mon temps avec toi comme un précieux trésor ! »

Zagan avait fini par se lever d’un bond et avait divagué, ce qui avait fait cligner les yeux de la jeune fille, étourdie. Elle s’était alors tenu la tête timidement et elle avait commencé à tripoter sa cravate.

« S-Senpai… C’est la première fois que tu me dis quelque chose comme ça… »

« Huh? Oh, hum, désolé… »

« Ne le sois pas ! »

Il avait senti qu’il ne pouvait pas supporter plus d’embarras et avait couvert son visage.

Première fois ? C’est bizarre. Si l’on met de côté notre première rencontre, je suis sûr que j’ai bien exprimé mes sentiments à Néphy ces derniers temps.

Mais alors même que ces pensées confuses traversaient son esprit, Zagan ramassa le stylo inconnu sur le bureau.

« De toute façon, nous devons étudier, non ? »

« O-Oui… » La jeune fille répondit par un hochement de tête avant de devenir rouge jusqu’au bout des oreilles et de le regarder d’une manière troublée. « Mais Senpai, c’est, hum, mon crayon… »

« Q-Q-Q-Q-Q-Quoi !? D-D-D-D-Désolé ! »

Il était entré dans un monde étrange. Un monde avec une fille adorable habillée de vêtements étranges. Et pourtant, sa cognition était incapable de les considérer comme étranges. Quoi qu’il en soit, les choses étaient tout de même complètement différentes de la normale, et il ne pouvait s’empêcher de se sentir déconcerté. Et, alors qu’il était assis là, hébété, une voix familière parvint aux oreilles de Zagan.

« … gan… Maître Zagan… »

 

◇◇◇

« Maître Zagan, le petit déjeuner a été préparé. »

« Gwah !? »

« Fueh !? »

Zagan se leva d’un bond en émettant un bruit étrange. Il vit une Néphy surprise, debout devant lui, les yeux ouverts comme des soucoupes. Elle portait sa tenue de soubrette habituelle et avait autour du cou un collier rustre orné d’un ruban. C’était la Néphy que Zagan connaissait. Il se sentit soudain soulagé, ce qui rendit Néphy plutôt curieuse.

« Quelque chose ne va pas, Maître Zagan ? »

« Non, j’ai juste fait un rêve étrange… »

C’était vraiment étrange.

« Un mauvais rêve ? » demanda Néphy d’un air inquiet.

« Hmm, non, je suppose qu’on peut dire que c’était un bon… ? »

Il s’agissait en fait d’un rêve bouleversant où il avait découvert une nouvelle forme de bonheur. Mais même s’il essayait de s’en souvenir, les détails lui échappaient comme de l’eau dans les mains.

« C’est quand même étrange, » dit Néphy avec un sourire réservé. « Il est rare que tu dormes aussi profondément comme ça. »

Son corps se sentait, en effet, un peu plus léger que d’habitude.

« Hm ? Maintenant que tu le dis, j’ai l’impression que la dernière fois que j’ai dormi assez profondément pour faire un rêve, c’était quand tu m’as permis d’utiliser tes genoux comme oreiller. »

« Hwah !? Hum… À l’époque… Je voulais te rendre la pareille d’une manière ou d’une autre… donc… »

« Oh oui, j’ai l’impression que je ne t’ai jamais vraiment remercié pour ça. Tes genoux m’ont vraiment bercé dans un profond sommeil. Tu as mes remerciements, Néphy, » dit Zagan en hochant profondément la tête, maintenant capable de comprendre que son offre était la meilleure récompense qu’il aurait pu demander. D’un autre côté, Néphy se couvrait le visage comme si elle ne pouvait plus écouter.

Mais en mettant tout ça de côté, quel genre de rêve était-ce exactement ?

C’était comme si… J’avais quelque chose d’important à faire… ?

Zagan croisa les bras et se creusa les méninges à ce sujet. Et pendant qu’il le faisait, Néphy avait finalement retrouvé son calme, avait baissé les mains de son visage et l’avait regardé d’un air perplexe.

Ah ! J’ai l’impression de me souvenir maintenant !

Zagan s’était raclé la gorge, puis il avait parlé d’une voix extrêmement sérieuse en disant. « Umm, écoute-moi, Néphy. »

« Oui, Maître Zagan ? »

« Tu es plus belle que jamais aujourd’hui. J’ai vraiment l’impression d’être retombé amoureux de toi. »

« Fueh !? »

Zagan avait essayé d’exprimer ses sentiments honnêtes en mots, ce qui avait conduit Néphy à se coucher sur le sol, en se couvrant le visage une fois de plus.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? »

« Qu’est-ce qui ne va pas… ? Hum, je suis heureuse que tu dises ça, mais mon cœur n’était pas prêt pour une telle attaque-surprise… » Néphy murmura ces mots si faiblement qu’on aurait dit que sa voix allait s’éteindre à tout moment. Elle jeta un coup d’œil à Zagan à travers l’espace entre ses doigts. Et réalisant que sa déclaration était, en fait, sortie de nulle part, Zagan commença à montrer des remords.

« Désolé, j’ai senti que je devais te dire mes sentiments honnêtes pour une raison quelconque. J’ai simplement exprimé la première chose qui m’est venue à l’esprit en te regardant… Hein ? Qu’est-ce qui ne va pas ? »

Tout le visage de Néphy, de son front jusqu’à la pointe de sa mâchoire, était devenu rouge vif. C’était comme si elle disait que ses compliments excessifs étaient une forme d’abus.

« Si c’est comme ça que ça va se passer, alors je peux aussi… Hein ? »

La fille que Zagan aimait se leva en résolution comme pour dire quelque chose… puis s’effondra alors que ses genoux faiblissaient. Néphy semblait en état de choc, puis se couvrit le visage une fois de plus avec angoisse. C’était comme si elle avait cru esquiver une attaque quelques instants auparavant, mais qu’elle avait été frappée d’un coup fatal. Les lèvres tremblantes qu’il voyait sous ses paumes avaient l’air terriblement relâchées, donc elle ne souffrait pas vraiment. Cependant, il semblait qu’elle avait perdu toute force dans ses jambes.

« Tu vas bien, Néphy ? »

« … Mes excuses. Il semble que je sois incapable de te regarder dans les yeux, Maître Zagan. »

La façon dont elle avait parlé d’une voix si calme alors qu’elle tremblait sur place avait fait naître en Zagan un extraordinaire désir de la protéger. Et sous l’impulsion du moment, il l’avait prise dans ses bras.

« Hawawawawa... M-Maître Zagan ? »

« Petit-déjeuner, c’est ça ? Ne te force pas. Je t’y emmène. »

Après y avoir réfléchi, Néphy avait fait de son mieux pour être proactive ces derniers temps. Il y avait la question des yeux de Kuroka, ses études en mystique céleste, et, bien sûr, sa relation avec Zagan.

Il était tellement inutile qu’il devait dépendre de Néphy quand il s’agissait de faire des choses que la plupart des amoureux faisaient. S’il ne pouvait pas la soutenir quand elle en avait besoin, quel genre d’Archidémon était-il ?

Néphy se résigna et s’appuya contre la poitrine de Zagan.

« Bon sang… Je ne suis pas de taille face à toi aujourd’hui, Maître Zagan. »

« Alors tu peux tout simplement compter sur moi. C’est ce que je désire vraiment, » avait-il répondu avec un sourire naturel.

Néphy l’avait regardé par les interstices de ses doigts et avait dit. « Alors, permets-moi une chose. »

« Oh ? Je t’écoute. »

Zagan hocha la tête avec le sourire d’un père affectueux prêt à tout accepter, mais son mince vernis de contenance fut brisé par un seul coup.

« Je t’aime tellement, Maître Zagan. »

« Hnnngh ! »

Un impact énorme traversa sa poitrine, faisant tomber Zagan à genoux… avec Néphy soigneusement tenue dans ses bras, bien sûr. C’était un matin comme les autres, vraiment…

« Argh ! Un tel pouvoir d’amour pur juste avant le petit déjeuner ! Merci pour le repas ! »

… Et l’ennuyeuse mamie qui convulsait de l’autre côté de la porte était aussi un spectacle tout à fait ordinaire.

Pourtant, cette situation marquait le début d’un incident assez important.

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2 commentaires :

  1. merci pour le chapitre

  2. amateur_d_aeroplanes

    Isekai inversé ?!?

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