Chapitre 2 : Le mal d’amour d’une fille est une calamité pour laquelle même un Archidémon ferait de l’hyperventilation
Partie 9
« À son retour, elle m’a également demandé où en était ma romance avec Mlle Gremory. J’ai fini par lui raconter la même histoire qu’à vous, » ajouta Kimaris en guise de confirmation.
« Mon cas s’est produit juste avant midi. Je ne savais pas comment répondre et j’ai fini par arriver en retard à mon poste en cuisine, » expliqua Orias.
La vie amoureuse d’Orias aurait-elle été principalement composée des histoires avec le père de Néphy ? Zagan se sentait lui-même un peu intéressé par cette question, mais il réalisa que ce n’était ni le moment ni l’endroit pour être indiscret.
Et finalement, Alshiera laissa échapper un soupir et dit. « En d’autres termes, elle est allée interroger toutes les personnes de son entourage qui semblaient être tombées amoureuses à un moment donné. »
« L’amour ? Toi ? »
L’idée même avait choqué Zagan au plus haut point. Et naturellement, sa réaction avait mis en colère Alshiera.
« J’ai été humaine une fois, vous savez ? J’ai au moins eu une expérience amoureuse. »
« Je ne peux pas l’imaginer… »
« Je vous ferais savoir que c’était extrêmement passionné, » répondit la vampire avec un ricanement suspicieux.
Zagan la regarda d’un air dubitatif et lui demanda. « Alors, tu en as parlé à Foll ? »
« Hein!? Non, c’est un peu… » Alshiera murmura en rougissant et en s’éloignant du sujet. Quel genre d’amour avait-elle pu éprouver pour qu’elle soit réduite à un état aussi pathétique après avoir été interrogée à ce sujet ?
En mettant ça de côté, Zagan s’était couvert le visage avec ses deux mains et avait parlé, disant. « Impossible… Est-ce que ça veut dire que Foll est déjà tombée amoureuse de quelqu’un ? »
Quel ravageur s’était-il attaché à sa fille ? Les seuls qui auraient pu lui parler étaient ses subordonnés… ou peut-être un citoyen de Kianoides. Si c’était quelqu’un comme les trois idiots, les tuer ne serait pas suffisant.
En tout cas, il ressentait le besoin de localiser cet homme et de le tuer. Non, ce n’était même pas la peine de chercher. Il devait simplement effacer tous les parasites qui avaient montré des traces de vouloir s’approcher de Foll, les supprimer entièrement de la surface du monde. Peu importe qu’ils soient sorciers ou non. Ceux qui s’étaient mêlés à elle n’avaient qu’à accepter leur sort et abandonner. Cela semblait être un travail simple, pour autant que Zagan y mette toutes ses forces, ce qui était précisément le problème.
Je ne pardonnerai jamais à un débauché qui s’approche de ma fille, mais je ne peux pas supporter l’idée qu’elle me déteste pour les avoir tués !
Hélas, même s’il était enragé, il était capable de comprendre calmement le résultat probable d’une mesure aussi radicale. Que devait-il faire ? Pourquoi devait-il goûter à une telle angoisse ? Il se lamentait sur son grand malheur du plus profond de son cœur.
Alshiera refusa d’en rester là et de continuer à regarder, alors elle dit. « Hum, mon Roi aux yeux d’argent ? Ce n’est probablement pas si grave, juste pour que vous le sachiez. »
« Comment exactement n’est-ce pas un problème sérieux!? J’ai l’impression que je viens d’apprendre que la fin du monde aura lieu même si je tue Shere Khan ! »
« N’avez-vous pas Lady Néphy ? »
« Ma fiancée et ma fille sont différentes ! »
Partager une vie heureuse avec Néphy était la priorité numéro un de Zagan, alors que les questions concernant sa fille ne pouvaient être expliquées par la logique. Zagan libéra son mana avec agitation, comme s’il voulait faire tomber le château, tandis que Raphaël, Orias et Alshiera hochaient toute la tête comme s’il avait raison.
« Monsieur Zagan ! S’il vous plaît, calmez-vous ! Elle veut dire que la petite dame n’a pas forcément un partenaire particulier en tête ! »
« … V-Vraiment ? Je ne serai pas content si tu essaies simplement de me réconforter. »
« C’est la première fois que je vous vois si agité… »
Zagan réalisa que Kimaris avait raison. C’était la première fois qu’il rencontrait un problème auquel il ne pouvait absolument rien faire, ce qui le frustrait au plus haut point.
« Hah, c’est une façon de faire une crise pour quelque chose de stupide, » dit Barbatos avec un grognement.
« … Tu débiteras la même chose dans les dix prochaines années. »
« H-Huuuh!? Je n’ai même pas encore essayé d’avoir des enfants ! »
Zagan voulait demander avec qui exactement il avait imaginé avoir des enfants, mais il n’avait pas le sang-froid nécessaire pour le faire. Il réalisa qu’un étrange sifflement s’était échappé de sa bouche. Il faisait de l’hyperventilation. Zagan avait alors dû utiliser la sorcellerie pour calmer son pouls. Et après avoir finalement calmé son esprit en faisant cela, il leva la tête.
« Alors, que voulez-vous dire quand vous dites que Foll n’a pas encore trouvé de partenaire ? »
« Essentiellement, elle n’est pas tombée amoureuse, mais elle s’est plutôt intéressée à la façon dont vous êtes amoureux, » répondit Alshiera.
« Qu’est-ce que tu… ? »
« Foll a été témoin de la façon dont vous et Dame Néphy vous réjouissez des choses les plus triviales plus que quiconque. Je pense qu’elle souhaite probablement savoir si d’autres amoureux sont comme ça, et pourquoi ils ont de tels sentiments, » Alshiera s’était arrêtée là et elle avait pincé ses sourcils en se rappelant quelque chose. « J’ai eu l’impression qu’elle m’observait plutôt que de prendre en compte ce que j’avais à dire… »
« … Oh, mmm… C’est, eh bien, désolé. »
Elle avait probablement vécu quelque chose de plutôt embarrassant. Foll avait certainement vu Zagan asseoir Néphy sur ses genoux et lui frotter les joues plus de vingt fois. Il aurait été étonnant qu’elle ne montre aucun intérêt après tout cela.
« Maintenant que vous le dites…, » Raphaël parla en hochant la tête. « Elle a réagi de manière assez incompréhensible à mon histoire. Honnêtement, je n’étais pas sûr qu’elle y trouvait un quelconque intérêt. »
« … Oh ? Qu’est-ce que tu lui as dit ? »
« Une vieille histoire d’il y a une vingtaine d’années. Nos circonstances différaient et nous étions assez éloignés en âge. Il n’en est rien sorti d’intéressant, mais j’ai gardé des sentiments que l’on pourrait plus ou moins appeler ça de l’amour. »
Hein ? Sérieusement ? J’ai envie d’en entendre plus… Ces mots étaient montés jusqu’à sa gorge, mais Zagan avait réussi à les ravaler. Poser des questions à ce sujet ne l’aurait pas rendu différent de Gremory. Cela l’aurait rendu encore plus mauvais qu’il ne l’était déjà en tant qu’humain.
Une fois qu’il s’était calmé, cependant, sa curiosité avait été piquée. Ainsi, Zagan avait feint de garder son calme et avait décidé de demander quand même.
« Umm, ça te dérange si je demande qui c’était ? »
Après une courte pause, Raphaël avait répondu sèchement. « Une femme nommée Himika. »
Zagan s’était rendu compte de quelque chose en entendant ce nom, qui provenait clairement de Liucaon.
Hein ? Attends, quand il l’appelle sa fille, est-ce qu’il le pense vraiment littéralement… ? Zagan secoua la tête pour chasser ces pensées et se calmer.
« Alors, permettez-moi de confirmer une fois de plus. Foll voulait simplement entendre des histoires d’amour. Elle n’a pas encore trouvé de partenaire, n’est-ce pas ? »
Certains étaient sûrs d’eux et d’autres n’étaient qu’à moitié convaincus, mais tous acquiesçaient. Zagan se sentit soulagé du fond du cœur en voyant cela, alors il sourit.
« Je suis content de ne pas avoir à tuer tous mes subordonnés et les gens de la ville. »
Il avait presque atteint un point de non-retour où il n’avait pas d’autre choix que de le faire, même s’il savait qu’il le regretterait plus tard.
« … C’est une bonne chose que nous ayons réussi à vous arrêter, Sire Zagan. »
Kimaris avait l’air plutôt exaspéré, mais Zagan n’avait pas le loisir de s’y intéresser.
« Mais dans ce cas, pourquoi a-t-elle demandé à la pleurnicharde ? » demanda Barbatos avec un grognement peu convaincu. « Ça ne colle pas. »
N’est-ce pas parce que vous êtes les plus amusants de la bande ? Zagan n’était pas le seul à avoir une telle pensée. En fait, toutes les personnes présentes avaient pointé des regards amers sur Barbatos, mais il ne semblait pas s’en rendre compte.
« Pourquoi penses-tu que Foll a demandé conseil à Chastille ? » demanda Zagan, juste pour être sûr.
« Hein ? Euh, je suppose que c’est parce que c’est difficile de demander à une bande de sorciers, non ? » répondit-il comme si c’était parfaitement évident.
Tout le monde avait regardé Barbatos d’un air dubitatif. En tout cas, à part lui, tous s’étaient rassemblés par souci pour Foll, ce qui était une bonne chose.
Zagan s’adossa à son siège. Le trône était en train de s’effondrer, mais il ne s’en souciait pas vraiment pour l’instant.
« Je suppose que le seul choix, pour l’instant, est de prier pour qu’il n’y ait rien de plus… »
« Le fait qu’elle ne trouve jamais personne ne serait-il pas une source d’inquiétude ? » fit remarquer Alshiera sans ménagement.
« … »
Zagan se recroquevilla une fois de plus et porta ses mains à sa tête.
Si le monde est rempli d’imbéciles incapables de comprendre le charme de ma mignonne fille, alors il n’a aucune raison d’exister… Non ! Mais…
ainsi, Zagan avait commencé à envisager sérieusement de détruire le monde.
« Ah oui, » Barbatos les interrompit soudainement, « Pourquoi cette gamine ne commence-t-elle à s’intéresser à cette merde que maintenant ? Ne devrait-elle pas être déjà habituée à Zagan et à cette elfe ? »
« Maintenant que tu le dis… »
C’était un détail étonnamment perspicace venant de Barbatos. Quelque chose avait-il provoqué ce changement ?
Kimaris grimaça alors qu’une idée désagréable lui vient à l’esprit. Une seconde plus tard, il répondit. « … Maintenant que j’y pense, Mlle Gremory n’est pas là aujourd’hui, n’est-ce pas ? »
« Oui. Je l’ai envoyée chez Kuroka et Shax après le petit-déjeuner. »
« … Ce qui veut dire que Foll est venue à moi juste après, » dit Orias, sans vraiment vouloir l’admettre.
L’air de la salle du trône était devenu lourd.
« … »
Encore cette fichue mamie !
Les plans de Zagan et Néphy pour flirter pendant l’absence de Gremory avaient été complètement déjoués et elle avait fait agir Foll d’une manière inutile pour les embêter.
Orias avait gravement incliné la tête.
« Je dois vraiment m’excuser pour ma stupide disciple… »
« Non, c’est la personnalité de Mlle Gremory depuis que je la connais. Je ne crois pas que ce soit votre faute, Mlle Oria, » s’était excusé Kimaris.
« Oui, j’aurais aussi dû moi-même lui donner un avertissement. Désolé, » ajouta Zagan.
Il semblerait que toutes les personnes impliquées avec Gremory se sentent un peu responsables. Ils avaient maintenant tous baissé la tête l’un vers l’autre.
« Je suis vraiment désolée pour tous les soucis que je vous ai causés, » dit Orias à Kimaris.
« J’ai l’habitude maintenant, alors ne soyez pas…, » la voix fatiguée de Kimaris laissait entrevoir son infinie tristesse.
Et c’est ainsi que le rideau était tombé sur la première assemblée de la famille Zagan. C’était tous les sujets de la journée. Tout le monde retourna à ses occupations, le laissant seul dans sa salle du trône. Il répara son trône brisé, puis poussa un nouveau soupir.
Je suis fatigué. Juste… fatigué.
Combien de fois s’était-il énervé en si peu de temps ? Il s’était réveillé plutôt heureux, mais des événements sans rapport avec son entraînement l’avaient étrangement fatigué.
Je veux un autre oreiller de genoux de Néphy, comme cette fois-là… Et alors que de telles illusions lui venaient à l’esprit, Zagan céda à la somnolence.
Détruire le monde pour protéger la vertu de sa fille. Légèrement exagéré 😈