Le Dilemme d’un Archidémon – Tome 10 – Chapitre 3 – Partie 8

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Chapitre 3 : Le monde est apparemment paisible parce que les Archidémons et l’Église s’entendent trop bien

Partie 8

« Il semble que le groupe de Kuroka se soit bien débrouillé, » déclara Zagan.

« Tout à fait. »

Néphy et Zagan regardaient la scène d’en haut en étant sur un balai. Il avait remarqué la présence des subordonnées de Shere Khan dès leur entrée dans la ville. Il y avait de fortes chances que le groupe de Kuroka soit leur cible, il avait donc mis son rendez-vous en attente pour les observer, mais cela s’était avéré être une anxiété inutile.

En tout cas, je n’ai pas senti la présence de Bifrons. Contre toute attente, ce n’était pas un plan de Bifrons. Il était possible que Shere Khan complote quelque chose, mais ce serait une mauvaise idée. Même si ces jumelles gagnaient contre Kuroka, Gremory était toujours là, et Zagan observait d’en haut.

Elles manquaient cruellement de moyens pour échapper à Zagan et kidnapper Kuroka. Il était probable que la bataille qui venait d’avoir lieu n’avait été planifiée par personne et n’était qu’une simple coïncidence.

Quoi qu’il en soit, cette Kuroka est devenue beaucoup plus forte que prévu. Les subordonnés de Shere Khan n’étaient nullement faibles. Bien qu’elle les ait complètement écrasés, Zagan ne lui avait encore accordé aucun pouvoir. Il était tout à fait raisonnable que sa lame puisse atteindre un Archidémon si elle devenait encore plus forte.

Mais c’était un peu angoissant à regarder. Kuroka ne portait aucune sorte d’équipement de protection aujourd’hui. C’était peut-être une meilleure idée de lui faire porter la robe d’Alshiera, bien qu’elle soit un peu plus difficile à revêtir. Heureusement, elle s’en était sortie complètement indemne.

« Que faire de ces deux-là ? » demanda Néphy en regardant les jumelles s’enfuir.

« Laisse-les. Elles seront une bonne piste si elles retournent à Shere Khan, » répondit Zagan.

La fille en robe avait encaissé un coup de poing de Kuroka en plein dans le visage, il n’y avait donc probablement pas besoin de punition supplémentaire. Il semblerait également que son esprit ait été complètement écrasé.

« De plus…, » Zagan déclara cela en plissant des yeux. « Kuroka n’a pas semblé le remarquer, mais il se passe quelque chose d’horriblement suspect. »

« Que veux-tu dire par là ? » demanda Néphy.

Néphy était vraiment curieuse, et Zagan hésita sur la façon dont il pourrait répondre. Cependant, son principe était de ne pas avoir de secret pour Néphy. Il était inquiet, mais ne garda pas le silence.

« Te souviens-tu de cette sale petite morveuse que Stella a emmenée sur l’Alshiere Imera ? » demanda Zagan.

« Oui, Lisette, c’est ça ? » demanda Néphy.

Néphy acquiesça, et Zagan poursuit sur un ton sévère.

« Ces deux-là sont le portrait craché de Lisette, » répondit Zagan.

« Ah… ! » Néphy se retourna spontanément pour regarder Zagan.

Cela dit, Lisette était couverte de saleté et de crasse à Alshiere Imera. Elle avait aussi une odeur assez forte, il était donc assez raisonnable que Kuroka ne s’en soit pas rendu compte. Même Raphaël, qui avait passé peu de temps avec ces filles, ne s’en était pas non plus rendu compte. Mais même ainsi, en tant que rat des ruelles, il était impossible que Zagan se trompe.

« Maintenant que j’y pense, Lady Stella a dit qu’elle avait recueilli Lisette parce qu’elle était attaquée, » déclara Néphy.

« Je vois, il y a donc un lien, » déclara Zagan.

Ce qui signifiait que Shere Khan était à tous les coups impliqué.

La seule chose qui me vient immédiatement à l’esprit est que Lisette est également la subordonnée de Shere Khan… Cependant, elle était bien trop ignorante de la sorcellerie pour cela. De plus, le fait que ces jumelles aient le même visage qu’elle pesait sur son esprit. Elles étaient peut-être des homoncules comme Nephteros, mais les homoncules possédant un ego n’étaient pas facile à faire. De plus, Zagan pouvait dire si quelqu’un était un homoncule ou non en les « regardant ». Ce qui signifiait qu’il y avait autre chose en elles…

« Il semble nécessaire de mettre en garde Stella à ce sujet, » déclara Zagan.

Si les choses étaient exactement comme Michael l’avait dit, alors Stella était actuellement au siège de l’Église. Quel que soit le nombre de nouveaux arrivants inexpérimentés, ce n’était pas un endroit où même un Archidémon pouvait faire des bêtises. Il était probablement en sécurité là-bas pour le moment.

« En tout cas, ça me tape sur les nerfs, » marmonnait Zagan.

« Hm… ? Oh, tu veux dire… ? » Zagan était vague, mais Néphy avait compris ce qu’il voulait dire. « Lady Stella a rencontré Lisette au même endroit que toi… ? »

« Oui. C’est probablement la même ruelle. Lisette était après tout une des gamines à qui j’ai parlé à l’époque » déclara Zagan.

C’était à l’époque où Zagan recueillait des informations sur Marc et enseignait à ces enfants la simple autodéfense. Il aurait peut-être été préférable d’enquêter un peu plus sur la région. Beaucoup trop de réunions importantes s’y étaient déroulées. Il valait même la peine de se demander si l’endroit était maudit. Il n’était pas amusant pour Zagan de voir ses petits frères et sœurs de la rue être impliqués dans d’autres incidents étranges.

« Eh bien, Kuroka et Shax ont l’air d’aller bien, » déclara Zagan en laissant échapper un soupir de frustration. « Allons à l’église, Néphy. »

« Bien sûr, Maître Zagan. »

Leur rendez-vous étant passé, Néphy avait rapidement dirigé son balai vers l’église. Dès leur arrivée, on les avait tout de suite fait passer dans la salle d’attente. Comme toujours, les trois idiots regardaient Zagan avec insistance, mais ils s’y étaient déjà habitués. Ils avaient même apporté du thé et des friandises.

« Tout le monde est si gentil, » déclara Néphy.

« C’est parce que tu es là aujourd’hui, Néphy, » répliqua Zagan.

Zagan n’aurait pas reçu ce genre de traitement quand il était seul.

Chastille était arrivée peu de temps après.

« Il est rare que vous visitiez l’église en même temps, » déclara Chastille.

Maintenant qu’il y avait pensé, Zagan venait toujours seul à l’église quand il avait des affaires. Il ne venait pas non plus avec Néphy quand elle venait jouer avec son amie.

« Et si vous organisiez une cérémonie pendant votre séjour ? » demanda Chastille avec un charmant sourire.

« Une c-c-c-c-c-c-cérémonie !? »

« Hawawawawa, euh, c’est un peu tôt… pour nous… Je pense… »

Chastille regardait avec nostalgie l’Archidémon et sa femme qui devenaient immédiatement incohérents.

« C’est exactement ce qui fait de vous deux ce que vous êtes, hein ? » déclara Chastille.

Sa langue est-elle aussi acérée en mode travail ? Il ne pensait pas qu’elle aurait le courage de taquiner un Archidémon. Zagan avait supporté son embarras et s’était mis à s’en moquer.

« Hmph. Et c’est toi qui fais ce genre de blagues ? Tu n’as même pas pu avoir une vraie conversation pendant Alshiere Imera. »

« Fwuh !? C-C-C-C-Comment tu sais ça !? » s’écria Chastille.

« Comment ça ? C’est mon château ! » déclara Zagan.

« Gaaaah ! Je n’aurais pas dû aller au château d’un Archidémon ! » s’exclama Chastille.

Le masque de Chastille en mode travail avait été arraché en un instant et son moi pleurnichard avait été entièrement exposé.

« Calme-toi, Chastille. Tout le monde comprend. Maître Zagan, ne sois pas si méchant, s’il te plaît » déclara Néphy.

« Argh… » Les paroles de Néphy avaient mis Chastille à genoux.

Je sais que tu n’as aucune mauvaise intention, mais tu as vraiment porté le coup de grâce, Néphy… en tout cas, ils n’étaient pas venus à l’église pour s’en prendre à Chastille. C’est pourquoi Zagan s’était empressé de réveiller Chastille de son état brumeux, alors même qu’il la trouvait assez pitoyable.

« Chastille, il y a quelque chose sur lequel j’aimerais que tu enquêtes, » déclara Zagan.

« Quelque chose sur quoi enquêter… ? » demanda Chastille.

D’une manière ou d’une autre, elle avait réussi à relancer son mode de travail et s’était relevée. Il n’avait pas pu aller plus loin avec son moi pleurnichard, mais elle était vraiment douée pour faire son travail. Après avoir confirmé qu’elle avait retrouvé son calme, Zagan était entré dans les détails.

« Je crois que Clavwell était son nom ? Pendant combien de temps a-t-il été le chef de l’église ici ? » demanda Zagan.

Le précédent cardinal de cette église avait apparemment assassiné plusieurs Chevaliers angéliques dans le passé. Cette sombre histoire de l’église avait été révélée au grand jour lorsque Chastille avait été nommée chef locale. Tous ceux qui avaient mystérieusement disparu ou étaient morts de causes inconnues avaient également été rendus publics.

« Le cardinal Clavwell… ? » Chastille s’était pincé le front et avait fouillé ses souvenirs. « Je me le demande… Je vais devoir enquêter pour déterminer la période exacte, mais je suis presque sûre qu’il a servi pendant assez longtemps. Trois générations d’Archanges, dont moi-même, ont après tout servi sous ses ordres. »

« Trois générations… ? Ce qui signifie que c’était il y a plus de cinq ans. Y avait-il alors des personnes de cette église qui occupaient des postes importants et qui ont disparu, ou peut-être quelqu’un qui est venu dans cette église et qui a disparu ? » demanda Zagan.

Néphy avait sûrement compris où voulait en venir Zagan en déglutissant tranquillement.

« Maître Zagan, ne veux-tu pas vouloir dire… ? » demanda Néphy.

« C’est à peu près 50-50, » répondit Zagan.

Il y avait une limite au nombre de personnes qui pouvaient se tenir sur un pied d’égalité avec Marchosias et Michael dans cette ville, comme les hauts gradés de l’église — les archanges et les cardinaux — ou peut-être…

« Veux-tu dire que quelqu’un que tu connais est peut-être venu ici ? » demanda Chastille en plissant ses sourcils.

« C’est possible, » répondit Zagan.

« … J’ai compris. Veuillez tous les deux patienter un instant, » déclara Chastille.

Chastille avait quitté la salle d’attente et était revenue environ une demi-heure plus tard, portant un paquet de parchemins à l’aspect volumineux.

« Voici la liste des victimes et du personnel disparu au cours des cinq dernières années. La plupart d’entre eux sont des Chevaliers angéliques morts dans l’exercice de leurs fonctions, » déclara Chastille.

« Merci, » répondit Zagan.

« De plus, cela n’a peut-être aucun rapport puisque cela n’a rien à voir avec Kianoides en particulier…, » continua Chastille.

Chastille avait baissé la voix et avait jeté un regard attentif dans la pièce.

« Il y a une autre autorité dans l’église qui a connu une fin mystérieuse. Je l’ai moi-même découvert récemment… » murmura-t-elle.

« Une autorité dans l’église ? Qui ? » murmura Zagan en réponse.

Cela devait être quelque chose de très difficile à dire. L’expression de Chastille se raidit. Elle hocha alors la tête et chuchota aussi faiblement qu’elle le pouvait. « Sa Sainteté le Pape. J’ai essayé de me renseigner, mais je ne connais pas le moment exact où cela s’est produit. »

« Le pape ? » demanda Zagan.

« Chut, tu es trop bruyant, » s’écria Chastille.

Zagan reprit ses esprits et baissa à nouveau la voix. « Sérieusement ? »

« Ouais. Les archives de ses activités officielles se sont arrêtées il y a plusieurs années. La dernière que j’ai trouvée remonte à… cinq ans, » répondit Chastille.

Zagan avait été très secoué.

Impossible. Marc était-il… le Pape… ? Cependant, de nombreux points coïncidaient avec cela. Les plus remarquables étaient les noms du Chasseur de séraphins et d’Azazel. Si Alshiera disait la vérité, alors la moitié de la vie de Marc avait été consacrée à la lutte contre Azazel. Il était tout à fait raisonnable qu’il nomme le côté obscur de l’église Azazel.

Le Marc dont je me souviens aimait ce genre d’ironie. Il y avait aussi le nom de séraphin. Le mot lui-même avait des connotations angéliques. Il était anormal que ce terme n’existe pas au sein de l’église. Si l’église elle-même écrasait l’utilisation du terme, alors c’était tout à fait crédible.

Par-dessus tout, il était fort probable que Marc ait été l’une des trois personnes qui avaient créé les Chasseurs de séraphins aux côtés d’Alshiera. Alshiera était la garde, Marchosias était devenu un Archidémon, donc le dernier qui était allé dans l’église était un développement bien trop naturel.

Mais c’était encore difficile à accepter, alors Zagan avait essayé de pousser un peu plus loin.

« Chastille, as-tu déjà rencontré le Pape ? » demanda Zagan.

« Sa Sainteté… ? Hmm, à propos de ça… » Chastille avait l’air un peu troublée. « Je suis presque sûre de l’avoir rencontré, mais je ne me souviens pas vraiment. C’est peut-être juste mon imagination. »

Et c’était une preuve inébranlable. Zagan ne savait plus quoi dire.

Quelle idiotie... Cela faisait trois mois qu’Alshiera lui avait donné l’indice quant à la recherche de Marc. Et puis il y avait eu les incidents pendant la fête de l’église d’Alshiere Imera, ainsi que ce qui s’était passé dans la trésorerie de l’église de Raziel.

Cela avait fini par être plutôt trivial. Zagan se dirigeait tout droit vers Marc, mais n’avait tout simplement pas remarqué la réponse sous ses yeux. Pour commencer, il avait enquêté sur Marchosias et les épées sacrées, mais ne s’intéressait pas du tout à l’église ou à son chef. Il était tellement idiot qu’il ne pouvait que soupirer, et juste à ce moment-là…

« Tch. »

Zagan claqua brusquement la langue. Kianoides était son domaine. Il était évidemment protégé par d’innombrables barrières qu’il pouvait utiliser pour traquer les individus par mana, même si ce n’était pas dans la mesure où Barbatos le pouvait. Et le signal qu’il traçait avec sa barrière avait soudainement disparu.

« Qu’y a-t-il, Maître Zagan ? » demanda Néphy.

Néphy avait pu constater que ce n’était pas une affaire banale.

« Le signal que je recevais des deux subordonnées de Shere Khan a disparu, » répondit Zagan.

Au moins, elles ne se trouvaient plus dans la barrière de Kianoides.

« Alors… Je me demande, se sont-elles échappées de la ville… ? » demanda Néphy.

Elle avait demandé une vérification, mais il y avait un soupçon de douleur dans sa voix. Néphy connaissait sûrement la vérité.

« Il y en a peut-être une qui s’est échappée, » déclara Zagan en secouant la tête. « Mais l’autre n’a pas… Il semble que quelqu’un ait achevé l’une des jumelles. »

L’avenir fragile de ces filles pitoyables avait été cruellement interrompu.

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Un commentaire :

  1. amateur_d_aeroplanes

    Merci pour le chapitre. Un lapsus ici : Elles étaient peut-être des homoncules comme Nephteros, mais les homoncules possédant un ego n’étaient pas  » » »’face/facile » » » à faire. De plus, Zagan pouvait dire si quelqu’un était un homoncule ou non en les « regardant ». Ce qui signifiait qu’il y avait autre chose en elles…

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