Chapitre 2 : Le pouvoir de l’amour, c’est le plaisir de découvrir la beauté et de l’admirer
Table des matières
- Chapitre 2 : Le pouvoir de l’amour, c’est le plaisir de découvrir la beauté et de l’admirer – Partie 1
- Chapitre 2 : Le pouvoir de l’amour, c’est le plaisir de découvrir la beauté et de l’admirer – Partie 2
- Chapitre 2 : Le pouvoir de l’amour, c’est le plaisir de découvrir la beauté et de l’admirer – Partie 3
- Chapitre 2 : Le pouvoir de l’amour, c’est le plaisir de découvrir la beauté et de l’admirer – Partie 4
- Chapitre 2 : Le pouvoir de l’amour, c’est le plaisir de découvrir la beauté et de l’admirer – Partie 5
- Chapitre 2 : Le pouvoir de l’amour, c’est le plaisir de découvrir la beauté et de l’admirer – Partie 6
- Chapitre 2 : Le pouvoir de l’amour, c’est le plaisir de découvrir la beauté et de l’admirer – Partie 7
- Chapitre 2 : Le pouvoir de l’amour, c’est le plaisir de découvrir la beauté et de l’admirer – Partie 8
- Chapitre 2 : Le pouvoir de l’amour, c’est le plaisir de découvrir la beauté et de l’admirer – Partie 9
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Chapitre 2 : Le pouvoir de l’amour, c’est le plaisir de découvrir la beauté et de l’admirer
Partie 1
« Haaah, je veux juste mourir… »
Celui qui gémissait d’une voix androgyne et infiniment léthargique n’était autre que l’Archidémon Bifrons. Il était assis sur un trône semblable à celui du château de Zagan… mais il avait les pieds sur le dos du siège. Même si le sorcier aimait jouer les excentriques, cette vue était tout à fait indigne d’un Archidémon.
Et en parlant d’inconvenance, sa chemise, sa robe et son manteau n’avaient pas été nettoyés et étaient tous froissés. Ses cheveux étaient également ébouriffés. L’ancienne subordonnée de l’Archidémon, Nephteros, se serait sûrement évanouie si elle l’avait vu maintenant. Quant à savoir pourquoi l’Archidémon qui avait réussi à tourmenter Zagan était réduit à un tel état…
« Bifrons… Ce n’est… pas… Le bâton d’Azazel. »
C’est ce qu’avait déclaré l’allié juré de Bifrons, Shere Khan, après qu’ils se soient donné la peine de pénétrer dans la salle du trésor des Chevaliers angéliques, qu’ils aient déjoué douze Archanges et trois Archidémons, qu’ils se soient splendidement emparés du bâton de Mithril et qu’ils se soient échappés sains et saufs.
Zagan avait l’air sidéré par cette vue, Orias restait choquée, et Andrealphus ne pouvait rien faire malgré le fait qu’il ait été remarqué, car il devait rester neutre. Bifrons croyait avoir surpassé tous ces Archidémons, alors qu’en fait, ils étaient les plus grands imbéciles de tous.
« AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! »
L’Archidémon s’était ébouriffé les cheveux et il les avait empirés. Le plus douloureux dans toute cette situation est le fait que l’affreux roi-tigre avait détourné maladroitement son regard et avait essayé de réconforter Bifrons en disant quelque chose comme. « Je suis aussi en faute pour ne pas avoir bien compris à quoi cela ressemblait. »
Arrête ça ! Ne me regarde pas comme si j’étais un pauvre idiot !
La sympathie avait parfois causé du tort aux autres. Et Bifrons aimait généralement cette facette disgracieuse de l’humanité, mais c’était vraiment douloureux quand c’était lui qui était mis dans cette position… En fait, c’était totalement différent de la disgrâce et de la misère que Bifrons aimait tant regarder.
Lorsque l’Archidémon n’avait pas réussi à récupérer Nephteros et que Zagan y ait gravé une promesse, il avait ressenti une amertume inesthétique. Cependant, Bifrons s’était bien amusé, puisque c’était la première fois qu’il en faisait l’expérience. Et le goût sucré l’avait enivré précisément parce que c’était le genre de disgrâce que Bifrons aimait.
Le simple fait de se souvenir de ce temps lui donnait envie de voir Zagan désespéré lors de leur prochaine rencontre, mais d’un autre côté, il espérait aussi voir s’il serait celui qui goûterait à nouveau à la défaite. Les seuls qui pouvaient négocier à la même table que l’Archidémon Bifrons étaient les autres Archidémons, et Zagan était particulièrement arrogant et impitoyable, ce qui le rendait encore plus merveilleux.
La poursuite de la sorcellerie était généralement reléguée aux grands esprits, mais les sorciers étaient toujours des êtres ordinaires dans l’âme. Profiter de la vie leur donnait un sens. Et la façon dont les gens se tortillaient lorsqu’on les mettait à genoux était extrêmement sale, mais aussi extrêmement belle. Bifrons aimait voir des gens comme ça, et il n’était pas contre le fait d’être lui-même contraint à un tel état. Les gens qui se battaient dans l’angoisse n’avaient pas de prix, et le moment où ces gens dépassaient les attentes de Bifrons était à ses yeux la chose la plus émouvante au monde.
Cependant, être réconforté par pitié était tout à fait différent. Bifrons ne souhaitait pas une telle humiliation ou gentillesse. Un Archidémon était censé être bien plus cruel. Shere Khan aurait dû le traiter d’incompétent ou de décevants et le regarder avec mépris tout en libérant des injures. Lorsque Bifrons s’était embrouillé pour la première fois avec Zagan, il lui avait fait sauter la tête. Alors, pourquoi un Archidémon lui avait-il gentiment dit. « Ne désespère pas, personne ne penserait que c’est un balai » ?
Bifrons était si mauvais pour gérer la gentillesse régulière que cela lui donnait même de l’urticaire. Il avait une personnalité et un penchant particulièrement tordu pour les sorciers, sans parler des Archidémons, si bien que toute cette situation l’avait irrité. Il avait cependant eu recours à la sorcellerie pour supprimer ces émotions. En tout cas, le cœur de Bifrons était en fait déchiré en lambeaux, mais c’était complètement différent de ce qu’il voulait.
« … Haaah, je veux vraiment mourir. »
Ainsi, l’Archidémon fut rendu totalement léthargique. Si Nephteros était là avec lui, elle aurait sûrement ignoré ses plaintes oiseuses et l’aurait grondée, mais cette petite poupée avait été volée par Zagan.
Ce satané Zagan. A-t-il prévu cela quand il a récupéré Nephteros vivante ?
Si c’est le cas, c’était un comploteur terrifiant. Et le fait de penser à la façon dont ce terrifiant Archidémon et Azazel étaient en train d’essayer de le déjouer l’un et l’autre avait donné des frissons de peur à Bifrons. Cela lui avait fait souhaiter que ce sentiment dure pour toujours.
« Haaah... Mais je suppose que c’est vraiment douloureux, alors ça ne va pas le faire. »
Bifrons ne serait plus capable de conserver son corps sous forme humaine si son état mental s’éternisait. L’affaire impliquant le bâton d’Azazel était essentiellement une affaire d’autodestruction de Bifrons, mais cela avait conduit Zagan à le tourmenter indirectement. C’était vraiment un homme détestable. Mais c’est ce qui le rendait si amusant, et c’était le fait le plus frustrant de tous.
Ainsi, après avoir passé un mois entier dans un état aussi pitoyable…
« Bi … frons… »
Une voix l’appelait, et elle était accompagnée du grincement d’un fauteuil roulant. Ce fauteuil roulant était capable de se déplacer tout seul en utilisant le mana. C’était un outil magique sur lequel était gravé le blason d’un Archidémon. Un tigryn à la fourrure blanche et au corps flétri s’y asseyait. Il était autrefois l’Archidémon le plus puissant, annoncé comme le puissant Roi Tigre. Mais il n’était plus que l’ombre de lui-même. Bifrons afficha l’image même d’un sourire pur à l’Archidémon sifflant alors qu’il était, bien sûr, toujours à l’envers sur le trône.
« Salut, mon cher ami juré, Shere Khan. Désolé pour mon apparence, » déclara Bifrons.
« Oh, mmm… Est-ce que tu… vas bien ? » demanda Shere Khan.
Le regard attentionné de Shere Khan avait blessé le cœur encore plus souffrant de Bifrons. Cependant, celui qui se trouvait au sommet de tous les sorciers, un Archidémon, s’agitait comme un enfant gâté aux vêtements ébouriffés, si bien que ses paroles étaient assez compréhensibles.
Cela dit, Bifrons savait que rien d’amusant n’arriverait s’il se vautrait constamment dans ses échecs. Il s’était donc redressé et il avait décidé cette fois-ci de s’asseoir sur le haut du dos du trône… Peut-être avait-il une étrange maladie qui l’empêchait de s’asseoir normalement sur une chaise.
« Alors, le fait que tu viens me voir doit signifier que tu as imaginé un nouveau plan, n’est-ce pas ? » demanda Bifrons.
Ils avaient échoué dans la capture d’Alshiera, de Kuroka et du bâton d’Azazel. Avec une telle série d’échecs, même le Roi Tigre s’était retrouvé dans une impasse. Shere Khan n’avait montré aucun signe d’activité pendant tout le mois que Bifrons avait passé à se rouler par terre.
« J’ai fini… de réparer… mes subordonnées…, » déclara Shere Khan.
« Oh, ça, » déclara Bifrons.
Comme les apparences le laissaient entendre, Shere Khan était incapable de se tenir debout tout seul. Il avait deux subordonnés pour l’aider, mais ils avaient été très endommagés pendant l’affaire dans la trésorerie. Il semblerait que Shere Khan avait travaillé à leurs réparations pendant le mois où Bifrons ne l’avait pas vu.
« J’aurais au moins pu réparer tes proches si tu m’avais demandé de l’aide… Non, je suppose qu’il est préférable de dire que je t’aurais au moins écouté, même si je ne sais pas quoi faire, » dit Bifrons en haussant les épaules.
« … Elles sont… spéciales… »
« Heeheehee, est-ce bien ça ? On dirait que tu les as faits de façon assez particulière, » déclara Bifrons.
C’était Bifrons qui avait fait sortir Dexia et Aristella de la trésorerie. Et, bien sûr, il avait extrait autant d’informations que possible des jumelles sans leur consentement. Les filles n’avaient elles-mêmes rien dit, mais leurs expressions et leurs corps contenaient des informations.
Eh bien, c’était le prix à payer pour demander mon aide, donc il ne peut pas vraiment se plaindre…
Shere Khan n’avait pas encore dissipé la sorcellerie jetée sur Bifrons. Et c’était tout à fait logique, puisqu’il ne savait pas si Bifrons le trahirait sur le champ en la faisant enlever. Il ne pouvait pas être insouciant, mais Bifrons avait besoin de garanties pour maintenir l’alliance entre eux. Ainsi, Bifrons avait réussi à acquérir quelque chose qui allait bien au-delà de ce qu’il avait prévu.
Je pourrai peut-être m’en servir pour atteindre mon objectif… C’est pourquoi le petit Archidémon avait maintenu sa relation amicale avec Shere Khan et avait été contraint de continuer à agir. À cause de tout cela, il n’était pas exactement clair qui tenait les rênes de leur alliance. Mais Bifrons savait que ce n’était probablement pas lui. Et en tant qu’Archidémon, il méprisait vraiment le sentiment d’être contrôlés. En fait, il ressentait même le sentiment de peur longtemps oublié à cause de cela, ce qui lui donnait envie d’usurper le contrôle.
C’est tellement amusant !
Contrairement à Zagan, Bifrons avait apprécié le fait de négocier avec Shere Khan, bien que ce ne soit peut-être qu’en raison de leur âge avancé. Cela dit, il était également vrai qu’il en savait probablement trop.
Shere Khan avait simplement regardé en silence.
« Il n’est pas nécessaire d’être aussi prudent. Je ne suis pas si effronté que je mettrais la main sur les affaires de mon allié. Hahahaha ! » déclara Bifrons.
« … »
Le Roi Tigre se tut comme s’il cherchait les véritables intentions de Bifrons, mais il avait fini par abandonner.
« Il serait… difficile de… cibler Alshiera… ou les espèces rares…, » déclara Shere Khan.
« J’en suis sûr. Zagan est en fait assez astucieux. Et il semble que la vieille Orias soit avec lui en ce moment. Cela va sûrement mal se terminer pour nous si nous faisons ne serait-ce qu’un faux pas, » déclara Bifrons.
Il y avait aussi Valefor, que Bifrons avait évalué comme étant comparable à un Archidémon. Les subordonnés de Zagan, Gremory et Kimaris ne pouvaient pas non plus être sous-estimés. Et les deux manieurs d’épée sacrée de Raphaël et d’Azazel. On peut dire que Zagan avait les forces les plus puissantes parmi tous les Archidémons.
Si Bifrons faisait un mouvement maintenant, cela révélerait leur cachette, et il y avait une limite au nombre d’endroits où il pouvait se replier. Il fallait également faire un effort considérable pour s’échapper avec un Shere Khan infirme à transporter.
***
Partie 2
« Le faux… Le bâton d’Azazel… est fait… de Mithril… »
« Hmm ? »
Le Mithril était comme une cristallisation du mana avec une haute pureté. Il était généralement utilisé comme équipement ou arme pour amplifier le mana, mais il était aussi parfois fondu dans des noyaux pour les homunculus et les golems.
Mais c’est beaucoup trop cher, alors je suis probablement le seul sorcier qui le ferait… Bifrons avait ri comme si on leur donnait un tout nouveau jouet.
« N’est-ce pas intéressant ? Et alors ? Le fait que tu me dises cela maintenant signifie que tu n’en as pas encore assez, n’est-ce pas ? » demanda Bifrons.
Les deux sorciers actuels étaient des individus extrêmement intelligents qui avaient gagné un siège d’Archidémon. Une fois leurs préparatifs terminés, la simple phrase « Faites-le ! » suffisait pour qu’ils sachent quoi faire ensuite. Le fait que Shere Khan s’est donné la peine de mentionner le Mithril signifiait exactement cela.
Bifrons n’étant actuellement pas en mesure de décliner les exigences de Shere Khan, il se demanda à quel point son allié sera déraisonnable. C’était une situation difficile qui aurait fait que n’importe quel sorcier normal aurait choisi sans hésitation le suicide, mais le cœur de Bifrons dansait avec joie comme s’il attendait d’ouvrir un cadeau de son meilleur ami.
Avant de continuer, Shere Khan avait stabilisé sa respiration. Et l’exigence du Roi Tigre qui lui demandait de se calmer était…
« Je veux… un de plus… un Emblème… d’Archidémon… »
Bifrons était resté là, complètement confus pendant plusieurs instants.
« Veux-tu peut-être dire… un autre Emblème que le nôtre ? » demanda Bifrons,
« C’est… vrai. »
Shere Khan avait hoché la tête comme s’il avait dit la chose la plus évidente au monde, laissant Bifrons complètement sans voix. Il n’y avait pas d’Archidémon qui prêterait volontiers l’usage de leur Emblème d’Archidémon, ce qui signifie qu’il n’y avait pas d’autre choix que d’en voler un. En bref, le Roi Tigre disait à Bifrons de tuer arbitrairement un autre Archidémon.
La réaction de Bifrons à une demande aussi cauchemardesque avait été…
« Pffft ! Hahahahahahahahahahaha ! »
… le rire. Il avait éclaté de rire si fort qu’il en avait même eu les larmes aux yeux.
« Hahahahaaa… Tu en veux encore un ? Est-ce vraiment quelque chose que tu devrais demander comme un jouet ? Hahahahaha — aïe ! »
Bifrons était tombé du trône à cause d’un rire trop fort.
« Heh, heh, haaah... C’était une bonne blague. Maintenant, c’est bien approprié pour le Roi Tigre. Ton humour est à un tout autre niveau, » déclara Bifrons.
« Je suis… sérieux… »
Bifrons écouta cela, puis il prit place sur l’accoudoir du trône. « Oh oui, il y a un Archidémon dont nous n’avons pas besoin, hein ? »
Ce n’était pas comme si tous les Archidémons étaient aussi ambitieux et actifs que Zagan. Certains s’isolaient dans leurs châteaux et refusaient de s’impliquer dans le monde.
Comme la vieille dame Orias, par exemple… Eh bien, ceux qui s’isolaient comme elle avaient aussi tendance à cacher un pouvoir ridicule, alors les pousser à l’insouciance était une tâche insensée. Mais cela, en soi, c’était une splendide forme d’amusement pour Bifrons.
Les treize Archidémons étaient comme des diablotins imprévisibles. C’était des créatures que Bifrons, tordu comme il l’était, vénérait sans relâche. Cependant, n’y avait-il pas un seul Archidémon parmi eux qui était infiniment ennuyeux ?
« Très bien, mon cher ami. Voyant qu’il ne s’agit là que d’une demande personnelle, je vais t’obtenir un sceau, » proclama Bifrons en hochant la tête de satisfaction.
« Tu dis cela… si simplement… »
Quand il avait entendu cela, Bifrons avait souri comme un enfant espérant un joli autocollant de son professeur.
« Ce n’est pas vraiment mon style, mais je vais le faire pour toi. Mais en échange, peux-tu peut-être me prêter tes proches ? » demanda Bifrons.
Dexia et Aristella étaient les familiers de Shere Khan. Elles l’ignoraient toutes les deux, mais Bifrons considérait les jumelles comme une sorte de boîte à bijoux.
Mais elles sont complètement inutiles comme elles le sont en ce moment… Pourtant, quelque chose d’intéressant était sûr de se produire si on ajoutait juste un peu de piment au mélange. Ou peut-être qu’elles deviendraient un puissant poison qui ruinerait Bifrons, Shere Khan, et même Zagan. Quoi qu’il en soit, Bifrons pensait qu’elles seraient des jouets appropriés. Un ou deux Archidémons n’étaient rien tant qu’il avait ces deux filles à ses côtés.
« Très… bien… » Shere Khan avait consenti sans montrer aucun signe mettant en doute les motivations de Bifrons.
« D’accord, c’est un marché, » dit le petit Archidémon en souriant comme un enfant innocent qui venait de recevoir un magnifique cadeau.
◇◇◇
« Très bien ! Tout le monde est là ! »
Huit personnes étaient réunies dans la salle du trône de Zagan : Zagan, Néphy, Foll, la nouvelle venue, Alshiera, Lilith, Selphy, Kuroka et Shax.
Shax et Kuroka avaient encore l’air un peu gênés l’un par rapport à l’autre, mais cela n’avait rien à voir avec les besoins actuels de Zagan. C’est ainsi qu’il se tint devant son trône et s’adressa aux autres avec la majesté d’un Archidémon.
« Si je vous ai tous réunis ici aujourd’hui, c’est parce que j’ai besoin que vous fassiez quelque chose. »
Il s’était arrêté là, avait jeté un coup d’œil dans la pièce et avait vu Shax lever la main avec hésitation.
« Hé, patron, puis-je d’abord vous poser une question ? » demanda Shax.
« Je l’autorise. Parle, » déclara Zagan.
« Pourquoi avez-vous mis en place une barrière aussi solide ici ? » demanda Shax.
La salle du trône était protégée par la même barrière que celle qui avait été présente lors de la conversation de Zagan avec Orias. Elle empêchait toute personne d’entrer dans la salle, mais elle garantissait également que personne à l’intérieur ne puisse en sortir sans la permission de l’Archidémon. C’était à la fois une forteresse imprenable qui tenait à distance tout envahisseur et une prison de classe Archidémon. Le fait que Shax l’ait remarqué était une preuve de son talent de sorcier.
« Quoi? Ne peux-tu pas le dire ? Tu as l’esprit vif, mais tu es vraiment mauvais pour lire l’humeur…, » déclara Zagan.
« Il est comme ça, monsieur, » avait ajouté Kuroka en soupirant.
« Si tu le dis…, » déclara Zagan.
Il semblait que le mécontentement de Kuroka à l’égard de Shax s’était accumulé, alors Zagan avait simplement hoché la tête pour la réconforter. Elle semblait le critiquer, mais elle ne se serait pas donné tant de mal si c’était tout ce qu’il fallait pour que Shax réalise ce qui se passait.
« Désolé, je ne comprends vraiment pas, » déclara Shax en haussant les épaules et en devenant pâle. Puis, il avait continué en disant. « Eh bien, je suppose que nous ne sommes pas ici pour être exécutés, du moins, vu qui sont les autres que vous avez convoqués… »
« Dans ton cas, tu devrais envisager la possibilité d’être pendu, » répliqua Zagan.
« Ai-je fait quelque chose de mal ? » demanda Shax.
La réponse de Shax avait fait que toutes les filles, y compris Néphy, lui avaient jeté des regards glacés.
C’est exactement ce dont je parle… Zagan ne pouvait pas critiquer les autres pour leur manque de bon sens, mais il avait honnêtement le sentiment que Shax était dans une catégorie à part. Il s’était tout de même dit que harceler cet homme ne les mènerait nulle part, alors il avait poussé un doux soupir et avait décidé de poursuivre son discours.
« Je vais commencer par répondre à cette question. Je ne veux pas que les gens de l’extérieur, en particulier Orias et Raphaël, entendent parler de tout cela, » expliqua Zagan.
« Tu souhaites le cacher à ma mère ? » demanda Néphy en penchant la tête sur le côté avec une expression vide sur le visage.
« C’est exact, » répondit Zagan.
« Donc, la raison pour laquelle vous m’avez appelé ici est que cela est lié au Seigneur Raphaël ? » demanda Kuroka. Ses oreilles triangulaires avaient tremblé et se tortillaient en réfléchissant à sa déclaration.
« Hmm. C’est bien que tu sois rapide à comprendre, contrairement à Shax, » répliqua Zagan.
« Haha… » Kuroka avait ri, puis elle avait souri amèrement. Zagan avait espéré améliorer son humeur, mais il semblerait que c’était un cas assez grave, alors cela avait échoué.
Après un moment de silence, Alshiera avait timidement levé la main. « Puis-je également poser une question ? »
« Oui, vas-y. Ta coopération est indispensable cette fois-ci, » répondit Zagan.
Zagan était franchement assez réticent à se fier à cette vampire, mais elle était une nécessité. Aussi, tant qu’il se reposait sur elle, il la récompensait de manière appropriée et lui témoignait son respect. Il lui fallait naturellement expliquer en détail tout ce qu’elle voulait savoir. Un roi qui ne pouvait pas faire cela était pire qu’un bandit.
« Je ne vous ai pas mal entendu quand vous avez dit qu’il s’agissait de faire un bain, n’est-ce pas ? » demanda Alshiera, incapable de cacher sa perplexité.
Il semble que les rumeurs se soient déjà répandues, puisque Néphy, Kuroka et Shax n’avaient pas eu l’air le moins du monde surpris.
Ce n’est pas un problème tant que l’on ne sait pas qu’il s’agit de montrer du respect à nos parents… Zagan n’avait pas de problème avec les rumeurs mineures, alors il avait hoché la tête en bombant fièrement sa poitrine.
« Tu as bien entendu. J’ai déclaré que nous ferions un grand bain ici, dans mon château, » déclara Zagan.
Alshiera avait mis sa main sur sa tête comme pour supprimer un mal de tête. Mais c’était plutôt une douleur fantôme, puisque les morts-vivants n’avaient pas de pouls pour en déclencher un.
« S’emparer du bâton d’Azazel a été un véritable exploit, alors, pourquoi maintenant ? » demanda-t-elle.
« Parce que c’est devenu une nécessité, » répondit Zagan sans la moindre hésitation.
« N’y a-t-il pas d’autres choses, plus importantes, à portée de main ? » demanda Alshiera sur un ton interrogateur.
« Je ne sais pas contre quoi tu te bats, mais mes ennemis sont Shere Khan et Bifrons, » répondit Zagan.
« Eh bien, nos objectifs s’alignent sur ce point, » répondit la vampire.
Ils étaient enfin sur la même longueur d’onde.
« Alors, que ferais-tu après les avoir tués ? » demanda Zagan.
« Hein ? » déclara Alshiera, complètement abasourdie. On aurait presque dit qu’elle n’y avait pas pensé.
« Permets-moi de te dire que je n’ai pas l’intention de sacrifier un seul de mes subordonnés. Je ne les laisserai pas mourir dans un combat contre ces maudits Archidémon. Et même après avoir tué Shere Khan et Bifrons, je continuerai à m’occuper d’eux, car ils contribueront à ma cause. »
Cela s’appliquait évidemment aussi à Néphy, Foll et Raphaël, qui étaient sa famille. C’était peut-être juste le raisonnement d’un enfant qui refusait de sacrifier des alliés pour tuer ses ennemis, mais Zagan était un Archidémon. Il était un roi. Indépendamment de ce que les autres pensaient, il accomplissait avec arrogance l’impossible. Il avait juré de les protéger sans même le savoir.
« Mon conflit avec Shere Khan commence à s’éterniser, ce qui signifie que je dois leur montrer ma gratitude. N’est-ce pas, Lilith ? » demanda Zagan.
« Eep !? U-Umm, oui. Je… je pense…, » répondit Lilith.
Tout cela avait commencé grâce au désir de Zagan. Il avait simplement voulu que Néphy et Orias passent du temps ensemble en tant que mère et fille. Mais il voulait aussi montrer à ses subordonnés un peu de gratitude, et il avait donc décidé de faire d’une pierre deux coups.
Je ne sais pas si les sorciers seront satisfaits d’un bain, mais c’est bien tant que c’est quelque chose qui suscite la joie.
***
Partie 3
Il avait aussi supposé que Néphy pouvait lui appliquer une sorte d’effet de restauration du mana. Et si ça ne marchait pas, c’était bien si ça finissait par être quelque chose dont Néphy, Lilith et les autres filles pouvaient profiter. Après tout, les filles aimaient apparemment les bains. Cela dit, il ne pouvait pas faire travailler tous ses subordonnés pour une raison aussi personnelle, il n’avait donc réuni que ceux qui étaient liés à l’affaire ou qui avaient une raison de l’aider.
Alshiera était restée là sans rien dire pendant un moment, puis avait ri comme si elle avait trouvé la situation plutôt comique.
« Teehee, comme toujours, vos paroles dépassent mes attentes, mon Roi aux yeux d’argent. J’avais pensé que vous vouliez soudainement faire un voyage aux sources chaudes avec Lady Néphy, » déclara Alshiera.
« N-Ne sois pas si effrontée ! On ne peut pas y aller ensemble ! » déclara Zagan.
« Hein !? Un bain… ensemble ? » s’exclama Néphy.
Néphy avait soudainement bondi de joie.
Néphy est-elle également intéressée ? Mais… Zagan savait qu’ils étaient en couple, mais cela semblait encore un peu extrême. Il essayait vraiment de tuer rapidement Shere Khan pour pouvoir essayer toutes sortes de choses avec Néphy, mais il n’avait jamais rêvé d’une chose pareille… Quoi qu’il en soit, c’était quelque chose qu’il attendait avec impatience.
Zagan et Néphy étaient tous deux dans l’agonie, incapables de parler de leurs véritables désirs, laissant Alshiera complètement exaspérée.
« Vous deux… Les sources d’eau chaude sont séparées par sexe. »
Zagan avait inconsciemment pensé à entrer avec Néphy et se tordait maintenant d’agonie et se couvrait le visage de gêne. Néphy se couvrit également le visage alors qu’elle s’accroupissait.
« Hein ? Je ne sens pas Gremory, » avait curieusement commenté Foll.
« Mais franchement, même Gremory ne peut rien faire contre cette barrière, n’est-ce pas ? » répondit Shax.
Foll avait eu l’air vraiment surprise en tournant ses yeux ambrés vers Zagan.
« Zagan, ta barrière est incroyable, » déclara Foll.
« Personnellement, je pense que Gremory est plus étonnante, puisqu’on ne peut pas l’empêcher de sortir sans une barrière de cette envergure…, » ajouta Shax, apathique.
« Suppppperrrr ! » s’exclamait Selphy en levant ses deux bras en l’air. Puis, elle avait crié. « Le bain va devenir encore plus grand ! N’est-ce pas génial, Lilith ? »
« H-Hmph ! Je respecterai la décision de Sa Majesté, » répondit Lilith.
Lilith avait agi comme si la discussion l’avait troublée, mais ses joues étaient teintées d’un rouge de bonheur. À côté d’elle, Néphy s’était finalement ressaisie et avait poussé un soupir.
« Un bain… ? »
« Cela t’intéresse-t-il aussi, Néphy ? » demande Kuroka.
« Eh bien… oui. Le bain, ça fait du bien, » répondit Néphy en hochant timidement la tête, les oreilles frémissant un peu. Elle avait vraiment l’air heureuse.
Hmm… Néphy semble heureuse, donc c’était clairement le bon choix… pensait Zagan. Il savait qu’il pouvait inventer une excuse si quelqu’un se plaignait, de sorte que le développement lui plaisait… Cependant, alors que Zagan acquiesçait de la tête, Shax baissa les épaules de désespoir.
« Je pensais que vous étiez du genre plus sérieux, patron, » déclara Shax.
« Qu’est-ce que tu veux dire par là ? C’est surtout de ta faute si je suis coincé à faire un bain en ce moment. Sois content que je ne réduise pas ton salaire, » répliqua Zagan.
« En quoi est-ce ma faute… ? Oh, vous voulez parler à cause des dégâts de cet après-midi ? Mais c’était hors de mon contrôle, et c’est Raphaël qui l’a vraiment détruit, » répliqua Shax.
« Arrête de pleurnicher. Je te dis que nous faisons cela pour mettre Raphaël de bonne humeur, car on en arrive au point où je ne me soucierai plus de savoir s’il te tuera tôt ou tard, » répliqua Zagan.
Shax était sur le point de mourir il y a quelques heures à peine. Il était devenu pâle à cette pensée, mais il avait immédiatement compris le sens des mots de Zagan et avait été ému aux larmes.
« Désolé, patron. Je pensais sincèrement que vous m’aviez déjà abandonné…, » se lamenta Shax.
Zagan avait voulu l’abandonner, mais il avait vite compris qu’il serait dans une masse de problèmes si Shax mourait.
Après cela, les oreilles de Kuroka s’étaient mises à vibrer lorsqu’elle avait trouvé une certaine compréhension.
« Oh, je comprends. C’est pour ça que vous faites un bain, » déclara Kuroka.
« Comment ça, Kuroka ? » demanda Néphy.
« À Liucaon, les sources d’eau chaude sont une destination de choix pour les vacances en famille. Elles sont utilisées pour rendre hommage à vos parents, je suis donc sûre que le Seigneur Raphaël et Lady Orias seront ravis, » expliqua Kuroka.
Raphaël et Kuroka étaient également père et fille. Et donc, si Shax contribuait à une telle démonstration de respect, l’attitude de Raphaël s’adoucirait sûrement. C’était la raison pour laquelle ils s’étaient réunis.
« Vraiment ? Cela me rend… un peu heureuse, » dit Néphy, déconcertée, les oreilles pointues frémissant. Il semblerait qu’elle ait aussi cherché une occasion d’avoir une conversation ouverte avec Orias, alors elle avait eu l’air soulagée.
Foll s’excita alors qu’elle serra le poing et laissa échapper un grand souffle par le nez.
« Respecter les parents… ! Je vais aussi faire de mon mieux ! » déclara Foll.
« Bien, faisons beaucoup d’efforts, Foll, » déclara Kuroka en prenant la main de Foll. Puis, Néphy avait saisi l’autre main de Foll, et toutes les trois avaient levé les bras.
Ce genre de scène est assez réconfortant… Zagan n’avait en général que Néphy et Foll en tête, mais voir Kuroka à côté d’elles lui avait donné le sentiment que sa famille s’agrandissait.
« Dans ce cas, j’aimerais également inviter Nephteros. Cela te conviendrait-il, Maître Zagan ? » demanda Néphy.
« Mhm. Tu as raison. On peut juste dire à Orias que c’est pour l’entraînement d’aujourd’hui… de toute façon, nous devrons aller en ville pour récupérer ce qui nous manque, alors nous pouvons la faire venir avec nous pendant que nous y sommes. »
« Bien ! » déclara Néphy.
Ils avaient appris leur mission, alors tous leurs regards s’étaient tournés d’un coup vers Zagan.
« Alors, que devons-nous faire ? » demanda Néphy.
« Hmm, voyons voir… » Zagan acquiesça profondément et se perdit dans ses pensées. Au bout d’un moment, il se tourna vers Alshiera et lui demanda. « Par quoi devrions-nous commencer, Alshiera ? »
« Me déléguez-vous entièrement cette tâche ? » demanda-t-elle en ouvrant grand ses yeux dorés, incrédules.
« Pourquoi es-tu si choquée ? N’ai-je pas dit que j’avais besoin de tes conseils parce que je ne connais rien aux bains ? » demanda Zagan.
Zagan soupira, se demandant comment elle avait pu ne pas comprendre tout cela. Alshiera, à son tour, s’était effondrée dans le silence en se demandant si elle n’avait pas manqué quelque chose d’évident au cours de ses 1000 ans de vie.
« Quoi qu’il en soit, n’y pense pas trop. Dis-nous simplement ce que tu aimerais utiliser. Nous ferons le travail proprement dit, » déclara Zagan.
« Haaah... Est-ce que je vais aussi utiliser ce bain ? » demanda Alshiera.
« Hein… ? Bien sûr que si. Ou quoi, tu vas me dire que ceux du Clan de la Nuit ne prennent pas de bains ? » demanda Zagan.
Zagan n’était pas si méchant qu’il dirait à la personne à qui il demandait conseil qu’elle ne pouvait pas l’utiliser. Et pourtant, Alshiera s’était raidie comme si elle venait d’entendre quelque chose d’inattendu.
« Quelque chose ne va pas… ? Écoute, je ne te forcerai pas à l’utiliser si tu ne le veux pas, » déclara Zagan.
« Non, ce n’est pas…, » Alshiera s’éloigna et secoua la tête comme pour dissiper sa confusion. Mais finalement, elle avait repris son expression habituelle et avait dit. « Bref, un grand bain, n’est-ce pas ? Personnellement, j’aimerais que l’on construise une source d’eau chaude, mais avons-nous même de la place pour en construire une ? »
« Hmm… Il n’y a rien derrière le château, donc cela devrait pouvoir se faire, » répondit Zagan.
« Ensuite, il faut d’abord commencer par une étude géologique. Il faut aussi faire quelque chose pour le paysage. Un bain en plein air n’a aucun sens si vous ne pouvez pas profiter de la vue, » expliqua Alshiera.
« Oh ! Nephteros et moi devrions pouvoir faire quelque chose pour la végétation ! » s’exclama Néphy.
« Je peux aussi m’occuper d’un simple élagage. J’ai aidé dans mon ancienne maison, » ajouta Kuroka.
Zagan avait fait un signe de tête aux deux filles fiables et avait ouvert son manteau.
« Commençons donc par enquêter sur les terres que nous prévoyons d’utiliser. Tout le monde, assurez-vous de ne pas en parler aux autres, » ordonna Zagan.
Peu de temps après, tout le monde avait suivi Zagan en petits groupes hors de la salle du trône. Et alors qu’ils sortaient ensemble, Foll avait tourné son visage et avait rapproché sa bouche de l’oreille d’Alshiera.
« C’est bien pour toi, Alshiera, » murmura Foll.
« Ce n’est pas vraiment… Mais, oui… Je suppose que c’est une occasion joyeuse, » répondit Alshiera.
La vampire semblait anxieuse, et pourtant, également heureuse.
◇◇◇
« Je pense que nous devons commencer par faire quelque chose pour l’apparence. »
C’est la première chose qu’Alshiera avait dite en sortant à l’arrière du château. Une forêt dense s’étendait devant eux, et voyant qu’il n’y avait pas de chemin vers la route principale par là, on pouvait comprendre que Néphy et les autres habitants du château ne s’étaient jamais occupés de cette zone. Ils avaient au moins enlevé les feuilles mortes, le paysage n’était donc ni beau ni laid.
« Qu’est-ce qui ne va pas ? » demanda Zagan d’un signe de tête.
« Ce n’est rien d’autre qu’une forêt. Il y a beaucoup de grands arbres, donc nous ne pouvons pas profiter des feuilles d’automne, et la lumière ne passe pas à travers eux. Une fois la nuit venue, il n’y aura rien d’autre à faire que de profiter de l’atmosphère effrayante, » répondit la vampire.
« La peur est-elle un avantage ? Vous, les membres du clan de la Nuit, avez certainement un goût étrange, » déclara Zagan.
« Pourriez-vous au moins le remarquer quand je suis sarcastique ? » demanda la vampire.
« Ne t’en fais pas. J’étais aussi sarcastique, » répliqua Zagan.
Il était de bon ton de rendre le sarcasme par le sarcasme. C’était l’intention de Zagan, mais Alshiera avait mis sa main sur sa tête, épuisée. L’incapacité de Shax à lire l’humeur pendant tout son séjour au château avait pu la stresser.
Cette vampire était au moins une invitée ici, donc il y avait peut-être un sens à faire faire le bain pour aussi aider à soulager son stress. C’est du moins ce que croyait généreusement cet Archidémon magnanime, qui ne pensait pas un seul instant qu’il était manipulé.
« Bref, la vue ? Je n’y ai jamais pensé. Une telle chose est-elle nécessaire pour mener une vie normale ? Il faut le savoir, Néphy, » déclara Zagan.
« Oui, Maître Zagan, » répliqua l’elfe.
Alshiera avait hésité à se laisser aller à de tels espoirs venant de Zagan et Néphy.
« Mais je ne pense pas que ce soit si grandiose que ça… »
Et peut-être ne pouvaient-elles pas laisser faire, car Lilith et Selphy s’étaient avancées.
« C’est un château, donc le paysage devrait être magnifique. Mais ce que je veux dire, c’est que c’est probablement assez joli vu d’en haut, mais la vue d’en bas n’est pas comme ça, » déclara Lilith.
« C’est vrai, la vue depuis la terrasse est assez belle, » déclara Zagan.
La chambre de Néphy était située dans la partie la plus élevée du château, dans le clocher auquel on ne pouvait accéder que par la salle du trône. La lune que Zagan avait vue à l’époque — bien que la pièce elle-même fût dans un état terrible après avoir été soufflée par la sorcellerie — était très belle. Il était vrai que lorsqu’il regardait le ciel maintenant, les grands arbres s’étendaient au-dessus de lui comme un toit, ce qui bloquait le beau ciel nocturne.
***
Partie 4
« Je suppose que nous pouvons commencer par abattre les arbres dans la région. Nous pouvons utiliser le bois comme matériau de construction, et tout ce qui est impropre à cela, nous pouvons l’éliminer par sorcellerie, » proposa Zagan.
« Et aussi, avoir une figure de proue de lion d’où l’eau sort de sa gueule est tout à fait normal ! » déclara Lilith.
« De sa gueule… ? Est-ce que cela le rend meilleur ? » demanda Zagan.
Zagan avait fait la grimace avec une expression de doute à l’idée que Kimaris soit encore plus empli d’anxiété à cause de ça. Les inquiétudes du lion ne s’étaient accumulées que récemment parce que Gremory s’était enfermée dans le palais de l’Archidémon.
« Il n’est pas nécessaire que ce soit spécifiquement une tête de lion, » répondit Lilith. « Regarder l’eau s’écouler est quelque peu relaxant. Il est préférable d’avoir quelque chose comme ça à regarder, comme une magnifique sculpture. »
« Hmm, vraiment ? Je vais trouver quelque chose, » déclara Zagan.
Il ne savait pas exactement ce qui le détendait, mais il avait quand même hoché la tête avec sérieux.
« Une statue et l’eau courante sont un bon début, mais le fait d’avoir quelques pierres naturelles autour ajoutera aussi à l’élégance, » ajouta Kuroka.
« Des pierres ? Cela a-t-il un sens ? » demanda Zagan.
« Umm, cela ne veut rien dire, mais la nature dépasse parfois le pouvoir de l’humanité, n’est-ce pas ? Il y a une élégance discrète à vivre de telles choses. C’est pourquoi je pense que ce serait bien d’en avoir, » répondit Kuroka.
Zagan ne pouvait pas dire si c’était une connaissance commune ou une particularité des sens esthétiques de Liucaon, mais c’était apparemment ainsi que l’élégance fonctionnait.
« J’ai l’impression de comprendre. » Foll semblait être d’accord avec Kuroka. « Je trouve des endroits comme la grotte du Palais de l’Archidémon très relaxant. Mais un tunnel creusé avec de la sorcellerie est un peu incertain. »
« Est-il donc important d’avoir des décorations faites naturellement ? » demanda Zagan.
Dans ce cas, le simple fait d’essayer de tout résoudre par la sorcellerie ne les mènerait nulle part. Y avait-il un endroit dans les environs qui vendait de telles choses ? Il ne semblait pas qu’ils étaient disponibles à Kianoides. Néphy avait également déplacé son regard au sol de manière troublée.
« Je peux faire en sorte que la végétation s’adapte dans une certaine mesure, mais je me demande si les pierres me répondront…, » déclara Néphy.
« Est-ce difficile à faire, même avec le mysticisme ? » demanda Zagan.
« Plus que difficile, c’est plutôt que les esprits de la terre et des pierres sont pour la plupart lunatiques. Je ne suis pas sûre de pouvoir les convaincre…, » répondit Néphy.
On disait que les elfes étaient eux-mêmes une sorte d’esprit, mais converser avec les esprits n’était vraiment que le domaine des hauts elfes. Zagan n’avait même jamais considéré que les esprits avaient des personnalités différentes.
« Lunatique… ? » demanda-t-il avec un regard surpris. « Les esprits de la végétation sont-ils différents ? »
« Oui. Les esprits de la végétation, de l’eau et du vent ont tendance à être sociables et joviaux. Ils feront presque tout ce que je leur demande par curiosité malicieuse. »
Tout le monde avait été complètement déconcerté par cette déclaration.
Curiosité malicieuse ? Est-ce vraiment bien… ? L’un des chevaliers angéliques qui avaient autrefois attaqué ce château avait failli être tué en créant de la colère chez Néphy. Il avait subi une attaque féroce, comme si la forêt elle-même avait une volonté, mais apparemment, du point de vue des esprits, c’était plutôt du genre. « On avait juste envie de le faire, teehee. »
« Oh, » s’exclama Néphy en tapant dans ses mains. « Mais Nephteros semble se spécialiser sur ce front. Après tout, elle est aimée des esprits lunatiques. »
« Aah, je parie que c’est quelque chose comme s’ils ne pouvaient pas supporter de continuer à regarder quelqu’un d’aussi diligent et maladroit et qu’ils devaient faire quelque chose pour elle. »
« Oui. C’est exactement cela, » répondit Néphy.
Néphy applaudit à nouveau, ses oreilles frémissent de joie. Il semble même qu’elle ait pensé à sa petite sœur de cette façon. En fait, Nephteros préférait l’utilisation du mysticisme céleste qui formait des cristaux à partir du sol. Cela avait probablement un rapport avec la compatibilité dont Néphy parlait. En tout cas, le pouvoir de Nephteros était désormais une nécessité.
Néphy s’était alors accroupie et avait touché le sol.
« Mais je pense que je devrais être capable de faire quelque chose pour une source d’eau, » déclara Néphy.
« Vraiment ? » demanda Zagan.
« Oui. Si je peux trouver un accord avec les esprits du feu, je devrais pouvoir faire ce truc de “source chaude”, » répondit Nephy.
« Voilà quelque chose bien approprié venant de toi, Néphy. Puis-je donc te confier cette tâche ? » demanda Zagan.
« Je t’en prie, laisse-moi faire, » répondit Néphy.
Néphy avait élégamment saisi l’ourlet de sa robe et avait fait la révérence alors que ses oreilles pointues tremblaient fièrement.
« Est-ce que tout cela concerne le paysage ? » demanda Zagan en continuant à ruminer.
« Il n’y aura pas de fin à cela si nous continuons à évoquer les choses, donc c’est probablement suffisant pour l’instant. Je pense que nous pouvons simplement rassembler ce qui nous vient à l’esprit l’un après l’autre, » répondit la vampire.
La vampire était à la hauteur de la nomination de Lilith en tant que conseiller pour le grand bain. Mais après que Zagan lui ait fait un signe de tête, Alshiera lui avait fait un signe de tête avec curiosité.
« En tout cas, vous semblez terriblement ouvert aux opinions des autres, mon Roi aux yeux d’argent, » déclara Alshiera.
« Hmph. Tout cela est un territoire inconnu pour moi. Je n’aurais jamais rassemblé quelqu’un si j’avais ignoré ses conseils. D’ailleurs, ce n’est pas si mal d’apprendre des choses dont on ne sait rien, n’est-ce pas Néphy ? » demanda Zagan.
« Oui. » Néphy hocha humblement la tête, alors qu’elle rougissait avec timidité. « Les surprises sont agréables, mais penser à des choses et les essayer avec toi comme ça, c’est… amusant, Maître Zagan. »
« Hm-Hm ! Exactement ! Ensemble ! »
Zagan avait fait de son mieux pour feindre le calme et il avait hoché la tête. Ils s’entendaient déjà assez bien pour partir en (fausse) lune de miel. Il n’hésiterait pas à se laisser aller.
« Oh allez, Monsieur Zagan. Ne sommes-nous pas ici avec vous cette fois-ci aussi ? » demanda Selphy.
« Chut, lis l’humeur, Selphy. »
« C’est bien d’être dans une relation où on se comprend… Haah, » ria Selphy.
« Ça va, Kuroka ? Dois-je demander à Shax de s’excuser ? » demanda Lilith.
« Attendez, pourquoi me regardez-vous comme ça aussi, petite dame ? » demanda Shax.
« Eh bien, je suppose que vous vous amusez…, » répliqua Lilith.
« Aaaugh… »
Zagan et Néphy s’étaient couvert le visage et s’étaient écroulés sur le sol en réalisant que tout le monde était concentré sur eux. Mais il est vrai qu’ils s’amusaient en planifiant tout cela. C’est un peu grâce à Shere Khan qui n’avait montré aucun signe d’activité au cours du mois dernier, mais Zagan avait souhaité que ces journées puissent durer éternellement.
Je suppose que Shere Khan et Bifrons ne peuvent pas mourir de faim dans un endroit hors de vue, n’est-ce pas ? Le monde deviendrait sûrement pacifique s’ils le faisaient. Et après que Zagan se soit sincèrement incliné, Shax s’était gratté l’arrière de la tête et avait sorti de nulle part un grand morceau de papier.
« Euh, puis-je vous demander quelque chose, patron ? » demanda Shax.
« Vas-y, » déclara Zagan.
« En gros, j’ai essayé de tout noter. Nous pouvons nous occuper des vestiaires en utilisant les arbres que nous avons coupés, tandis que les pierres et autres choses peuvent être gérées par Nephteros. Qu’est-ce qu’on va faire pour une sculpture décorative ? Je pense qu’on peut réduire les coûts si on apporte quelque chose du Palais Archidémon, » proposa Shax.
Zagan pensait que Shax avait été plutôt silencieux, mais il semblait qu’il avait pris le rôle de secrétaire et avait écrit tout ce qui était discuté. Zagan avait l’impression d’être confronté à une grande déception.
« Tu es si talentueux, alors pourquoi es-tu si mauvais pour lire l’humeur… ? » demanda Zagan.
« Hein ? Vous me complimentez ou me réprimandez ? » demanda Shax.
« … Eh bien, quand le bain sera terminé, je ferai savoir que tu as contribué, » répondit Zagan.
« Le Palais de l’Archidémon…, » murmura Alshiera.
« Qu’est-ce qui ne va pas ? » demanda Zagan.
« Pas grand-chose. Maintenant que j’y pense, en vérité, le Palais de l’Archidémon en avait un aussi. Un grand bain » déclara Alshiera.
« Vraiment ? » demanda Zagan.
« Je ne sais pas s’il existe toujours, mais il y en avait un il y a mille ans. Je me souviens que c’était assez extravagant à l’époque, » raconta Alshiera.
« Hmm. Alors, cela ira plus vite. Tous ceux qui ne connaissent pas la vraie chose peuvent aller y jeter un coup d’œil et l’inspecter, » déclara Zagan.
« Je pense que cela ne vaut que pour vous et pour Lady Néphy, mon Roi aux yeux d’argent, » déclara Alshiera.
Tout le monde avait acquiescé face à la déclaration d’Alshiera, laissant Zagan complètement choqué. Et après avoir claqué sa langue d’irritation, un doute soudain lui était venu à l’esprit.
« Attends. Pourquoi diable en sais-tu autant sur le Palais de l’Archidémon? » demanda Zagan.
Il pouvait comprendre que les chasseurs de séraphins y soient entreposés en raison de sa vieille amitié avec Marchosias. Mais le fait de pouvoir utiliser les bains signifiait qu’ils n’étaient pas de simples connaissances. Alshiera détourna son regard comme si elle avait fait un lapsus, mais finit par céder.
« J’ai vécu au Palais de l’Archidémon… pendant un court moment, » répondit Alshiera.
« C’est-à-dire que tu as servi sous Marchosias ? » demanda Zagan.
« C’était le seigneur avant lui. Mais Marchosias était là aussi, » déclara Alshiera.
Qui était exactement cette vampire ? Zagan la dévisageait, mais son profil lui indiquait clairement qu’elle ne dirait rien.
« Tch. Peu importe. Retour à la sculpture. Nos sens de l’esthétique vont finir par en faire un bain de sorcier. Je te confie cette partie, Lilith, » déclara Zagan.
« Oh mon Dieu. Vous allez faire confiance à mes sens de l’esthétique ? » demanda Lilith.
« Bien sûr. Tu es la première roturière parmi mes subordonnés. J’attends beaucoup de toi, » déclara Zagan.
« Hmhmm, laisse-moi faire… Hm ? Euh ? Une roturière ? »
Lilith avait gonflé sa maigre poitrine avec fierté, mais elle avait ensuite eu des doutes sur la raison pour laquelle elle était classée comme roturière. Shax avait lui aussi un regard interrogateur, mais il avait une fois de plus baissé son regard sur ses notes.
« Pour ce qui est de la source d’eau, je pense qu’il serait préférable que Gremory y jette un coup d’œil, » déclara Shax.
« Le mysticisme de Néphy est-il insuffisant ? » demanda Zagan.
« Pas cela. Une fois que nous l’aurons fait jaillir, il y a une question de qualité de l’eau, n’est-ce pas ? La grande dame est plus spécialiste que moi en la matière, donc il serait plus efficace qu’elle le fasse, » déclara Shax.
***
Partie 5
Zagan avait fait un signe de tête en réponse à son opinion tout à fait raisonnable.
« Je vois. Alors, Néphy et moi, on va aller en ville. Les seuls capables de capturer Gremory sont moi-même et Kimaris. Nous devons aussi aller chercher Nephteros, » déclara Zagan.
Ce n’est pas comme s’il voulait juste aller en ville seul avec Néphy. Bien sûr, il avait de telles arrière-pensées, mais ce n’était qu’environ 70 % de ses intentions. Ce chiffre montrait vraiment la retenue de Zagan.
« Oh. » Néphy avait soudain haussé la voix en se souvenant de quelque chose.
« Qu’est-ce qui ne va pas ? » demanda Zagan.
« Ummm, en fait…, » balbutia Néphy.
Il semblait difficile pour elle de le dire. Néphy rapprocha son visage de l’oreille de Zagan et lui chuchota. « Kuroka est à la recherche d’un travail qu’elle peut faire. Cette femme ne serait-elle pas difficile à faire renoncer ? »
C’était vraiment approprié venant de Kuroka de faire une telle demande. Zagan pouvait comprendre son incapacité à se calmer si elle ne faisait rien.
« J’ai compris. Kuroka, tu viens avec nous, » déclara Zagan.
Il voulait être seul avec Néphy, mais comme il allait de toute façon chercher Gremory, de toute façon, il ne pouvait pas s’attendre à profiter de son temps seul avec elle.
« Ummm, est-ce que je peux vraiment venir ? » demanda Kuroka.
« Oui. Quoi qu’il en soit, il y a quelque chose à propos de quoi je veux te consulter, » déclara Zagan.
« Me consulter ? » demanda Kuroka.
Les oreilles triangulaires de Kuroka s’agitèrent avec curiosité, et Zagan acquiesça de la tête.
Je me demande si elle va continuer à se consacrer au combat à partir de maintenant. Il y avait eu des occasions où Raphaël avait espéré qu’elle rangerait ses épées, maintenant qu’elle pouvait voir à nouveau. Zagan partageait les mêmes sentiments, mais Kuroka choisirait sûrement de se battre. C’était parce que Shax était infiniment maladroit et qu’il choisirait de rester sur le champ de bataille. Zagan n’avait qu’une seule réponse pour des gens comme ça. Il ne savait pas ce que Kuroka comprenait, mais elle lui avait fait un signe de tête alors même qu’elle affichait une expression neutre.
« Si c’est le cas, alors je viendrai, » déclara Kuroka.
Zagan s’était alors tourné vers Lilith. « Lilith, tu restes ici. Continue avec le plan du bain. »
« P-Plan ? Je ne sais pas comment faire un plan, » répondit Lilith.
« Ne t’inquiète pas. Je te laisse Shax. Dessiner un plan et tracer un cercle magique n’est pas si différent, » répondit Zagan.
Le visage de Shax s’était plissé à l’idée qu’on lui déléguait entièrement cette tâche.
« Hé patron, vous ne pouvez pas vraiment dire quelque chose d’aussi déraisonnable ? » demanda Shax.
« Quoi ? Ne peux-tu pas le faire ? » demanda Zagan.
« Je veux dire, je peux…, » répondit Shax,
« C’est pourquoi je te le laisse. Je compte sur toi, » déclara Zagan.
« Je ne peux pas refuser quand vous le dites comme ça… » Shax grogna de mécontentement, mais il cessa de se plaindre.
« Selphy, Alshiera, vous deux aussi, vous aidez. Vous en savez plus que moi sur les bains, n’est-ce pas ? » déclara Zagan.
Et juste à ce moment-là, un certain doute avait traversé l’esprit d’Alshiera.
« Cela ne me dérange pas, mais prévoyez-vous de faire plusieurs bains ? » demanda Alshiera.
« Plusieurs… ? Un bain pour hommes et un bain pour femmes ne suffisent-ils pas ? » demanda Zagan.
« C’est suffisant, mais il existe différents types de bains, non ? Si vous voulez faire une source d’eau chaude, ne devriez-vous pas en essayer plusieurs ? » demanda Alshiera.
Il ne savait pas s’ils étaient appropriés pour un grand bain, mais juste après sa discussion avec Lilith dans l’après-midi, il avait découvert les bains de lait, les saunas, les bains à bulles et les bains avec des bulles qui jaillissaient du bas.
« Hmm… » Zagan avait fait un signe de tête. « Tu marques un point. Mais combien peut-on en faire ? Il n’y a rien derrière le château, mais ça prendra beaucoup de place si on en fait deux de chaque côté. »
Lilith avait alors levé la main comme si elle avait soudainement eu une grande idée.
« Dans ce cas, pourquoi ne pas répartir l’utilisation des autres bains entre les hommes et les femmes en fonction des jours ? De cette façon, nous serons bien en faisant un de chaque, » proposa Lilith.
« Je vois, c’est une bonne idée. Allons-y pour ça. Donc, ça ne me dérange pas si tu en prépares un certain nombre, Alshiera, » déclara Zagan.
« Heehee, tant que cela vous plaira, mon Roi aux yeux d’argent, » déclara Alshiera.
Foll, l’autre personne qui n’avait pas encore reçu d’instructions, avait alors regardé Zagan avec curiosité.
« Zagan, et moi ? » demanda Foll.
« Oh, je te laisse le rôle le plus important, Foll, » répondit Zagan.
« Le plus important…, » répéta Foll.
Les yeux de Foll brillaient face à ces mots.
« J’ai besoin que tu pièges Raphaël et Orias pour qu’ils ne sachent pas ce qui se passe ici. Et aussi, traite avec Raphaël pour que Shax ne soit pas tué, » demanda Zagan.
« J’ai compris, » répondit Foll avec joie.
« Je suis entre vos mains, ma petite dame, » déclara Shax avec un sourire amer. « Ce ne sera vraiment pas drôle si je meurs de ça. »
Shax parlait comme si le lieu où il allait mourir était déjà déterminé, et l’expression de Kuroka s’était assombrie.
J’aimerais que ces deux-là se réconcilient maintenant… Il ne pouvait pas simplement dire à Kuroka de céder puisque tout était de la faute de Shax, mais il ne pensait pas que leur dispute durerait plus d’un mois. Il semblerait que les deux individus cherchaient une occasion de tenir une véritable conversation et ne pouvaient pas trouver cette occasion.
« Et alors ? » Kuroka secoua la tête comme pour rejeter de telles pensées, puis regarda Zagan dans les yeux. « Pourquoi vouliez-vous me consulter, Monsieur ? »
« Oh, c’est vrai. Kuroka, tu es essentiellement une chevalière angélique, n’est-ce pas ? » demanda Zagan.
Les cait siths possédaient une énorme quantité de mana et étaient une espèce rare capable de provoquer des miracles comme le mysticisme, aussi instable soit-il, mais Kuroka n’étudiait pas la sorcellerie. Ses compétences en matière d’épée étaient classées comme celles d’un chevalier angélique.
« Umm, je ne suis pas sûre que vous puissiez appeler les membres d’Azazel que…, » déclara Kuroka.
« Hm, c’est pourquoi je pensais t’accorder un pouvoir digne d’un chevalier angélique, » déclara Zagan.
« Le pouvoir d’un chevalier angélique ? » répéta Kuroka.
Le ciel sans lune de Kuroka était un trésor sacré de Liucaon qui rivalisait avec les épées sacrées, mais les épées sacrées n’étaient pas ce dont les chevaliers angéliques étaient principalement armés.
« Veux-tu dire… ? » Néphy semblait comprendre où il voulait en venir.
Zagan n’avait pas répondu et lui avait simplement souri en réponse. Le symbole du pouvoir de l’Église était les épées sacrées. Cependant, il y avait des centaines, voire des milliers de Chevalier Angélique. Ce n’était pas les épées sacrées qui avaient comblé le fossé entre les sorciers et ceux qui les combattaient. Et Kuroka ne possédait même pas cet équipement commun, mais elle pouvait combattre un Archange sur un pied d’égalité. Alors, que se passerait-il si on lui accordait un tel pouvoir après qu’elle ait recouvré la vue ? Même en tant qu’Archidémon, cette question avait piqué la curiosité de Zagan.
◇◇◇
« Vous autres, qu’est-ce qui ne va pas ? Ne pouvez-vous même pas toucher une seule fois un homme blessé !? »
Cela se déroulait au siège de l’Église dans la ville sainte de Raziel. Un jeune chevalier angélique avec un bandage enroulé autour d’un de ses bras avait rugi sur les jeunes hommes qui se trouvaient devant lui sur le terrain d’entraînement. Ils étaient trois à lui faire face, et chacun était armé d’une grande épée en bois. La plus grande force dans l’Église était les Archanges, et même s’ils étaient en plein entraînement, ils étaient tous revêtus de leur Armure Sacrée pour s’entraîner au combat réel.
Stella avait regardé cela de loin avec un regard empli d’ennui. Elle avait les cheveux cramoisis et un œil gauche cramoisi pour correspondre. Son autre œil était argenté et artificiel, mais sa longue frange le recouvrait. Elle était plutôt grande pour une femme, mais encore plus petite que les autres chevaliers.
Stella ne portait pas l’Armure Sacrée. Elle portait au contraire la tenue de cérémonie standard d’un membre de l’Église, bien que son col soit défait. Elle se reconnaissait comme une sorcière, mais son professeur Andrealphus l’avait amenée à l’Église pour une raison inconnue, en tant que la prochaine héritère de son épée sacrée. Pour cette raison, elle devait porter des vêtements aussi étouffants tout en regardant cet entraînement ennuyeux tous les jours. Elle avait choisi de ne pas porter l’Armure Sacrée simplement parce qu’elle était étouffante.
Après avoir simplement laissé échapper un énorme bâillement, la petite fille assise à côté d’elle la regarda avec anxiété. C’était la petite sœur qu’elle avait récupérée dans son ancien repaire de Kianoides, Lisette.
« Ne devrais-tu pas entraîner ? » demanda Lisette.
« Tu es une fille si sérieuse et si bonne, Lisette. Je suis un peu mauvaise avec une épée, mais quand même, les gars ici ne sont pas bons comme partenaire d’entraînement, » répondit Stella.
Elle avait envoyé tout le monde à l’hôpital dès son premier jour d’exercice, ce qui lui avait valu une bonne réprimande de la part d’Andrealphus pour ne pas s’être retenu. Elle s’était donc abstenue d’y participer depuis lors. Même les jeunes chevaliers angéliques étaient devenus complètement terrifiés par elle et refusaient même de la regarder dans les yeux.
Le type qui s’occupe un peu de leur entraîneur pourrait cependant faire mieux. Il s’appelait Arvo Juutilainen ou quelque chose comme ça. Il s’agissait de la moitié de l’équipe qui avait fait en sorte que Zagan utilise même l’écaille du ciel oriental. Son frère avait déjà guéri et était retourné sur le terrain, il n’était donc pas présent aujourd’hui.
Il avait assez de potentiel pour devenir un jour aussi fort que Chastille ou Kuroka, mais il avait malheureusement été blessé. Non seulement cela, mais son bras dominant était aussi celui qui était enveloppé de bandages, de sorte qu’il ne pouvait vraiment pas lui servir de partenaire d’entraînement. Elle s’était dit que ce ne serait pas terrible de jouer avec lui un peu après sa guérison.
En tout cas, son professeur lui avait ordonné de s’engager à suivre une formation de candidate pour être l’un des prochains Archanges, mais elle n’avait rien d’autre à faire que de s’entraîner aux frappes, si bien qu’elle s’ennuyait à l’infini. De plus, celui qui l’avait forcée à venir ici avait des affaires à régler et il avait quitté la ville. C’était tout simplement intolérable.
C’est bien plus amusant de faire des recherches sur la sorcellerie au château… Cependant, on lui avait dit de ne pas agir d’une manière qui l’exposerait en tant que sorcière, de sorte qu’elle ne pouvait même pas lire un grimoire. Elle pensait sincèrement que c’était une perte de temps totale.
« De toute façon, nous n’avons rien à faire, alors pourquoi ne pas sortir et aller chercher des bonbons ? » demanda-t-elle.
« Hm ! »
Et juste au moment où elles s’étaient levées…
« Hé, c’est Ginias. »
« Bon sang, Junior... Ses blessures vont-elles vraiment bien maintenant ? »
Les jeunes chevaliers angéliques s’étaient mis à murmurer entre eux. En regardant l’agitation, Stella aperçut un chevalier angélique assez jeune pour être appelé un gamin à l’entrée du terrain d’entraînement. Il s’agissait de Ginias Galahad II. C’était l’Archange qui était à la tête des douze Archanges. Il avait une épée sacrée à la hanche et portait son armure sacrée. Il n’avait pas l’air du tout prêt à se remettre sur pied, comme si on lui avait simplement dit de venir et de se montrer.
***
Partie 6
Oh, c’est le gamin que Zagan a intimidé… C’était un peu inévitable vu leurs positions, mais ce garçon avait été à la fois trahi par quelqu’un en qui il croyait et complètement et totalement écrasé. En effet, c’était une situation difficile pour un garçon de treize ans. Arvo avait également arrêté son entraînement et avait regardé Ginias avec un regard inquiet.
« Seigneur Galahad. Êtes-vous également ici pour participer à une formation ? »
« … Formation ? » Ginias répondit d’un ton étourdi comme s’il ne savait même pas que c’était le terrain d’entraînement. C’était comme s’il était là en corps, mais pas en esprit, comme s’il était encore au plus profond du désespoir. Un mois s’était écoulé depuis l’incident dans la salle aux trésors, mais il semblait qu’il était dans cet état depuis lors. Arvo n’avait aucun moyen de le réconforter dans un tel état.
« Hmm… » Stella se retourna et ramassa une des épées en bois qui gisaient sur le sol.
Je suppose que c’est à la grande sœur de nettoyer le désordre laissé par son petit frère. Elle s’était alors soudainement dirigée vers le garçon désemparé.
« Lady Diekmeyer… ? »
Pour l’instant, Stella était traitée comme Andrealphus… enfin, l’enfant illégitime de Michael Diekmeyer. Honnêtement, elle était extrêmement réticente à l’idée de l’appeler son père, mais c’était plus pratique de cette façon, alors elle avait dû le supporter. De toute façon, Stella n’avait jamais eu de nom de famille, donc elle s’en fichait.
Après s’être approchée de Ginias, elle s’était penchée pour correspondre à sa taille et elle avait souri.
« Hein… ? » Ginias la regarda d’un air perplexe, montrant qu’il était bien conscient.
« Salut. Tu te souviens de moi ? On ne s’est rencontrés qu’une fois, alors peut-être pas, » déclara Stella.
« … Je m’en souviens. Vous êtes la fille du Seigneur Diekmeyer, n’est-ce pas ? J’ai entendu dire que vous alliez être le prochain Archange, » répondit-il.
« C’est à peu près l’essentiel. »
Stella n’était pas habituée à de telles formalités, laissant un sentiment de démangeaison ramper dans son dos.
« Quoi qu’il en soit, c’est comme ça, » déclara Stella.
Et une fois les présentations terminées, Stella avait montré l’épée en bois dans sa main droite.
« Hein… ? »
Elle avait visé son visage abasourdi et avait impitoyablement fait tomber son épée. Un bruit sourd retentit dans la zone.
« … Qu’est-ce que vous faites ? » s’écria Ginias.
Ginias avait à peine bloqué la frappe avec la poignée de son épée.
« Hein ? » répondit Stella avec un regard vide. « Tu as regardé vers le sol, alors j’ai pensé te donner une excuse pour aller te reposer. »
Le garçon avait interprété cela comme un affront contre lui et avait serré ses molaires.
« Je… je suis… Je ne suis pas si faible ! » s’écria-t-il.
Il avait alors repoussé son épée en bois et avait utilisé l’élan pour dégainer sa lame. Ce n’était pas une épée en bois, mais l’épée sacrée qu’il avait à la taille.
« Qu’est-ce que vous croyez faire ? Arrêtez ça, Junior ! »
« Ahahah, c’est bon. Ne t’inquiète pas. »
Arvo avait essayé d’arrêter Ginias, mais Stella avait levé la main pour l’arrêter et avait donné un coup de pied impitoyable au jeune garçon.
« Les garçons ne peuvent pas faire une tête comme ça tout le temps, d’accord ? » continua Stella.
Sa tête n’était pas protégée par l’Armure Sacrée, et Stella lui avait donné un coup de pied juste là sans se retenir. Ginias s’était fait renvoyer en arrière et avait tournoyé sur le sol comme un ballon. Ce spectacle avait complètement choqué les jeunes hommes qui étaient en plein entraînement.
« Vous plaisantez… Elle a foncé plus vite que Ginias alors qu’elle n’était pas armée… et qu’elle n’était pas renforcée ? »
Les Chevaliers angéliques ne pouvaient rivaliser avec les sorciers en termes de capacités physiques qu’une fois qu’ils avaient revêtu leur Armure Sacrée. Ils avaient apparemment qualifié de non amélioré le fait de ne pas en porter une, mais Ginias portait bien sûr son Armure Sacrée. Le choc des autres chevaliers angéliques était parfaitement compréhensible.
Zagan et cette fille Kuroka seraient au moins capables de faire cela… Elle ne s’était jamais vraiment battue contre Kuroka… ou plus précisément, ses souvenirs de cette époque étaient flous. À l’époque, Kuroka ne portait rien de plus qu’un maillot de bain, et pourtant elle avait été capable de couper le bras de Decarabia. Même Chastille, qui combattait dans les mêmes conditions n’était capable que d’infliger des blessures superficielles. Si cette fille-chatte devait porter une Armure Sacrée, elle serait sûrement encore plus forte. Stella l’avait évaluée comme surpassant même Michael en matière d’habileté à l’épée.
« Que savez-vous de moi ? » Ginias avait rugi en se remettant debout.
« Pour le dire franchement, rien ? Tu n’arriveras à rien en te forçant à être tout à fait déraisonnable quand tu es en bas comme ça, d’accord ? Arrête de te forcer et va dormir. »
« Je ne me force pas ! » cria Ginias.
Elle semblait avoir touché un point sensible. Ginias avait jeté son épée sacrée et était arrivé en chargeant avec ses poings. Stella lui rendit son sourire et dévia son coup de poing d’un mouvement léger.
« Hwah !? »
Sa posture s’était brisée et son poing avait continué à s’enfoncer dans le sol. Un bruit sourd résonna dans la zone alors que le pavé de pierre se brisait.
Sa forme a encore un long chemin à parcourir, mais c’est un joli coup de poing. Même avec un entraînement, le coup de poing d’un garçon de treize ans n’aurait pas dû avoir d’effet sur le sol. Même sans son épée sacrée, il possédait assez de force destructrice derrière son coup de poing pour battre à mort le sorcier ou le monstre moyen. C’était la force accordée à un chevalier angélique par leur Armure Sacrée. C’est ce qui leur permettait de se battre à armes égales avec les sorciers. Le fossé entre les humains ordinaires et les sorciers était tout aussi grand.
Le coup de poing de Ginias ne reposait pas non plus entièrement sur son Armure Sacrée. Avec un bon entraînement, il pouvait devenir assez puissant même s’il n’était pas amélioré. Stella l’apprécia en tant que telle et déclencha un rire.
« Non, ce n’est pas bon. Tu ne peux même pas me frôler avec ce genre de coup de poing, et encore moins Zagan, » déclara Stella.
Il avait du talent, mais il était encore comme du minerai brut. Une pierre aussi peu polie ne valait pas grand-chose.
Mais… Je suppose que j’ai aussi besoin de formation… À l’époque, Stella était censée être la plus forte dans un combat. Mais avec cinq ans de souvenirs perdus et la distinction entre les sexes qui créaient un fossé à l’âge adulte, elle sentait qu’elle aurait beaucoup de mal à gagner un combat contre Zagan. Il n’y avait pas de plaisir dans un combat où la victoire était impossible, même s’il ne s’agissait que de bagarres entre frères et sœurs.
Cependant, cela ne s’appliquait que si son adversaire avait une compétence équivalente à celle de Zagan ou de Marc. Il n’y avait personne ici qui pouvait surpasser Stella en termes d’arts martiaux. Cela dit, son poing se briserait si elle frappait l’Armure Sacrée sans recourir à la sorcellerie.
Ginias avait encore une fois frappé avec ses poings, mais cette fois-ci, Stella avait doucement saisi sa main et l’avait tordue comme une poignée de porte. Le garçon avait tourné en l’air avec un regard sur son visage comme s’il n’avait aucune idée de ce qui se passait.
« Urgh ! »
Son dos s’était écrasé sur le sol, mais il avait immédiatement sauté sur ses pieds.
« Oh ! Continue comme ça ! Continue comme ça ! » On aurait dit qu’elle se moquait de lui, mais c’était la façon dont Stella essayait de lui remonter le moral.
Je peux comprendre pourquoi Zagan a fait attention à lui… Il était maladroit et direct, tout le contraire de Stella et Zagan, qui étaient tordus à la base depuis leur enfance. Peut-être que pur était le terme correct pour le décrire. Si elle avait rencontré ce garçon quand elle avait eu son âge, elle aurait sûrement ressenti de la répulsion, ou complètement oublié son existence. Mais à vingt ans, elle avait ressenti de l’admiration pour lui. Bref, elle ne pouvait pas vraiment le négliger et voulait d’une manière ou d’une autre s’occuper de lui.
Après l’avoir frappé et jeté encore plusieurs fois, lui couvrant le visage de sang et de saleté, Ginias était arrivé en effectuant une charge à toute allure.
« Wôw ? »
« Sœur ! »
Stella n’avait pas pu se dégager et était tombée par terre, la tête en bas.
Oh. N’est-ce pas un peu mauvais de monter ici ? Elle ne pourrait pas continuer à esquiver les coups de poing éternellement dans cette position. Elle mourrait sûrement si elle prenait un coup de poing sans utiliser la sorcellerie pour se protéger. Elle s’était mise en garde, mais Ginias était resté là à s’accrocher à elle et n’avait pas donné de coups de poing.
« Je ne suis pas… Je ne me force pas, » balbutia Ginias.
Il semblait être à bout de forces après avoir été battu comme un chiffon. Des larmes coulaient de ses yeux alors qu’il se répétait sans cesse. Stella était restée par terre et elle lui avait brossé doucement la tête.
« Te sens-tu un peu mieux maintenant ? » demanda Stella.
« Hein… ? » Ginias la regarda avec étonnement.
« Il n’est pas nécessaire d’être si bien élevé juste parce que tu es un enfant, » déclara Stella.
Les enfants ne tarderaient pas à piquer des colères et à trouver irrationnellement des défauts à tout ce qui les entourait. Ils étaient capables de se maintenir dans une certaine santé mentale en le faisant. Le fait de s’agiter et de crier sur les angoisses et l’amertume qui était assez lourde pour l’écraser leur avaient sûrement servi de bonne diversion. Ce serait un problème pour un homme adulte de le faire, mais Ginias était encore un enfant. C’était bien pour lui de tout laisser sortir comme ça.
Et alors qu’elle lui souriait, Ginias avait commencé à rougir pour une raison quelconque.
« Uhhh, um, bien… »
Après cela, ayant jugé que les combats étaient terminés, Lisette était venue en courant et avait arraché Ginias par le col de toutes ses forces.
« Hein… ? »
« N’intimidez pas ma grande sœur ! » cria Lisette.
Lisette étendit les bras et se plaça devant Ginias. Et pour une raison quelconque, Ginias s’était complètement figé en voyant son visage.
« Quoi !? Tu… Tu es…, » balbutia Ginias.
« Hein ? N’est-ce pas Junior qui a été brutalisé ? »
« Il s’est totalement fait tabasser… »
« Je suis un peu jaloux… »
« Hein ? »
La perplexité de Ginias avait été noyée par trois autres voix confuses. Stella sentit que quelque chose d’étrange se mêlait à ce murmure, mais décida de l’ignorer et se remit debout.
« Je ne suis pas intimidée, d’accord ? C’était, euhh… de l’entraînement ? » dit-elle en posant sa main sur la tête de Lisette. Mais sans aucun moyen de la convaincre, Lisette continua à dévisager Ginias, même si c’était un malentendu. Il avait fini par reprendre ses esprits et il s’était mis à réfléchir.
« Non, vous êtes quelqu’un d’autre… Désolé. Ce n’est pas une façon de traiter une dame. J’ai même dégainé mon épée sacrée…, » balbutia Ginias.
« Ahaha, c’est bon, c’est bon. C’est moi qui ai commencé. Allez, peux-tu te lever ? » demanda Stella.
Stella tendit la main, et Ginias la saisit timidement tout en détournant son regard. Après s’être enfin remis sur pied, il avait l’air beaucoup plus vivant qu’avant. Stella était juste curieuse, mais il semblerait que ses efforts se soient avérés utiles.
Ginias ramassa son épée sacrée, puis il baissa la tête.
***
Partie 7
« Je dois vous remercier une fois de plus. J’ai l’impression de m’être réveillé, » déclara Ginias.
« C’est bien, alors. Bon, on y va, Lisette, » déclara Stella.
Elle avait promis d’aller chercher des bonbons. Et alors qu’elle allait prendre congé, Ginias l’appela une fois de plus.
« A-Attendez ! Comment êtes-vous devenue si forte malgré le fait que vous soyez une femme ? Vous ne portez même pas l’Armure Sacrée… Alors comment ? » demanda Ginias.
Stella et Lisette avaient regardé l’autre.
« Même si tu me le demandes… J’ai été sans-abri pendant longtemps, donc je suppose que c’est juste une sorte de sens normal de l’autodéfense ? En fait, il y a beaucoup de jeunes de là-bas qui étaient relativement bons à ça, y compris Zagan, » déclara Stella.
« Je ne peux pas faire ce genre de choses, sœurette. Mais j’ai un peu appris de l’Archidémon, » déclara Lisette.
« Et alors ? Et si je t’apprenais plus tard ? » demanda Stella.
« Hm ! »
Les deux filles s’étaient souri, laissant Ginias sous le choc.
« Attendez un instant ! Venez-vous de dire Zagan ? Êtes-vous lié à cet homme maléfique ? » demanda Ginias.
« Maléfique ? Ce n’est pas un saint ou quoi que ce soit du genre, mais nous étions tous les deux juste des enfants abandonnés dans la ville, tu sais ? Il est un peu comme mon petit frère, » répondit Stella.
« E-Enfants abandonnés… ? Cet homme… ? Et vous aussi !? » demanda Ginias.
Ginias avait été laissé avec la bouche grande ouverte.
« Nous n’étions que des mômes qui volaient du pain et se faisaient battre tout le temps, » expliqua Stella.
C’était vraiment une bande de tapageurs. Les adultes qui les entouraient les battaient, mais comme ce n’étaient que des enfants, personne n’était allé jusqu’à leur enlever la vie. C’est peut-être pour cette raison que Zagan et Stella étaient tous deux tendres avec les enfants. Stella avait éclaté de rire, et Ginias s’était soudain précipité vers elle.
« Je vous en prie. Apprenez-moi à me battre. Je veux… Je veux devenir fort, » supplia Ginias.
« OK, » répondit Stella avec joie.
« S’il vous plaît, d’une manière ou d’une autre… hein ? » Ginias était une fois de plus complètement stupéfait.
« Tu veux t’entraîner, non ? Ça ne me dérange pas. Mais je ne suis pas vraiment douée avec les épées, alors je ne suis pas sûre que ça te fasse du bien, » déclara Stella.
En tout cas, Stella n’avait personne avec qui se battre, elle avait donc une tonne de temps libres. Ce garçon était capable d’utiliser la Confession tout comme Andrealphus, donc c’était probablement bien pour Stella de le combattre sérieusement.
« Je vous suis redevable ! » déclara Ginias.
« Oh, mais avant cela. » Stella avait forcé un sourire comme si elle en avait assez de tout ça. « On peut le faire plus tard ? On va aller chercher des bonbons. »
« … J’aimerais venir avec vous ! » déclara Ginias.
Lisette avait l’air malheureuse, mais Ginias avait suivi humblement pour une raison quelconque.
« Ah… Finissons notre formation ici pour aujourd’hui, » et ainsi, la voix épuisée d’Arvo résonna inutilement derrière eux.
◇◇◇
« Hein !? Je viens de sentir l’éclosion d’un tout nouveau pouvoir de l’amour ! »
Au loin, à Kianoides. Gremory, vêtue d’une robe à froufrou et pelucheuse avec un ruban de dentelle autour du cou, sous la forme d’une jeune fille, s’était soudain mise à crier avec une expression inhabituellement grave. Elle avait un panier rempli de plats de cuisine à son coude.
« Argh. J’ai même senti deux explosions du pouvoir de l’amoureux au château tout à l’heure. Quel échec de les avoir manqués ! » s’exclama Gremory.
« Miss Gremory, nous avons un client avec un enfant ! S’il vous plaît, donnez-leur un cookie ! »
« Bienvenue dans le magasin de vêtements Prycula ! Prenez un cookie ! »
Kuu avait fait le tour du magasin en appelant Gremory, qui avait sorti un biscuit de son panier avec un sourire amical. La vendeuse aviaire, Manuela, regardait ça avec un air étonné, son coude appuyé contre le comptoir.
« Camarade. Si tu es si affamée de pouvoir de l’amour, ne devrais-tu pas déjà retourner au château ? » demanda Manuela.
« Keeheehee. Je ne peux pas y retourner tant que mon professeur est là, n’est-ce pas ? Je vais certainement me faire tuer cette fois, » répondit Gremory.
Gremory s’était effondrée, les larmes aux yeux. Ce jour-là, il y a un mois, Gremory avait fait pleinement usage de son pouvoir omniscient pour sentir la visiter d’Orias et pouvoir s’enfuir. Elle s’était si bien enfuie que même deux Archidémons ne pouvaient pas la percevoir.
C’était bien de s’être échappée proprement et tout, mais elle n’avait jamais pensé qu’Orias resterait dans le château après. À cause de cela, Gremory était coincée à passer ses nuits enfermées à l’intérieur du palais de l’Archidémon tout en tremblant de peur, et elle passait ses journées à traîner dans cette boutique dans l’espoir de satisfaire sa soif de pouvoir de l’amour, même si ce n’est qu’un peu.
« Sois maudite, sois maudite, sois maudite… Je ne pensais pas que tu resterais un mois entier. Je suppose que c’est vraiment inondé par le pouvoir de l’amour, donc je comprends l’envie de rester, mais ne détestes-tu pas être entouré de gens !? Retourne maintenant dans la forêt ! » déclara Gremory.
« Le château de Zagan se trouve également dans une forêt, » répliqua Manuela.
« Alors, le seul choix est de mourir ! Keeheehee ! » s’écria Gremory.
« Je m’en fiche, puisque je dois t’habiller et tout ça, » déclara Manuela.
« Pourriez-vous déjà vous remettre au travail ? » Le cri désespéré de Kuu avait résonné dans toute la boutique, mais cela n’avait pas atteint les deux adultes désespérés.
Manuela était dans le commerce. En échange de l’hébergement de Gremory pendant la journée, elle la faisait servir ses clients en portant les vêtements de son choix comme une poupée habillée. Manuela était probablement la seule capable de réduire l’enchanteresse Gremory, que l’on pourrait même appeler le bras droit de Zagan, à un tel état.
Après que Gremory ait fini de décharger son ressentiment envers son professeur, Manuela avait tourné vers elle un sourire radieux.
« Hmhmm. Camarade. Ensuite, essaie de porter ça ! C’est un nouveau produit pour le printemps. Oh, s’il te plaît, passe à une vingtaine d’années, » demanda Manuela.
Manuela avait sorti un justaucorps serré qui était exposé à partir des épaules, des bas et d’un bandeau avec des oreilles de lapin.
« Hmm ? Cette tenue semble certainement posséder un pouvoir de l’amour, » déclara Gremory.
« Je savais que tu comprendrais. Il nous a été commandé à l’origine pour servir d’uniforme pour un casino à Raziel, mais je pensais qu’il se vendrait certainement, alors j’en ai fait faire pour ici aussi ! » expliqua Manuela.
« C’est merveilleux ! Je dois immédiatement voir les jeunes filles porter cela ! »
… Jamais.
Kuu avait immédiatement effacé sa présence et s’était assimilée au décor de la boutique. Son invisibilité était à un niveau tel que Kimaris serait surpris de pouvoir la trouver. Il se pouvait qu’un tout autre talent que celui de la sorcellerie ait germé en elle après avoir travaillé si longtemps dans cette boutique.
En tout cas, après avoir passé un mois ici, Gremory était déjà habituée aux exigences de Manuela. La capacité de la vendeuse à changer les vêtements de quelqu’un d’autre faisait même honte aux sorciers. Gremory avait pris la forme d’une belle femme et était déjà dans ses nouveaux vêtements.
« Keehee, je suis sûre qu’un fort pouvoir d’amour se dégagerait si Lady Néphy les portait devant mon suzerain. Je ne peux pas m’empêcher de baver rien qu’en y pensant ! » déclara Gremory.
« Heehee, voilà bien la camarade Gremory ! Tu les portes magnifiquement ! Mais s’il te plaît, fais une expression un peu plus appropriée pour une jeune fille. Je suis sûre que Kimaris te fera beaucoup d’éloges aujourd’hui ! » déclara Manuela.
« Keeheehwah !? Où est-il ? » demanda Gremory.
« C’est ça ! C’est l’expression ! » s’exclama Manuela.
Gremory se couvrit la poitrine par réflexe, et c’était maintenant Manuela qui fut extrêmement stimulée.
Quelle femme terrifiante ! Mais c’est ce qui fait d’elle ma camarade ! Gremory avait fini par devenir son jouet tout d’un coup, mais la compréhension du pouvoir de l’amour de Manuela avait probablement même dépassé celle de Zagan. Gremory la considérait même comme une amie éternelle. En tout cas, son sens du style était exceptionnel.
« Camarade Manuela. J’aimerais en commander quelques-uns pour mon usage personnel, » déclara Gremory.
« Bien sûr, camarade Gremory. Tu en veux une de la taille de Néphy et une de celle de Kuroka, n’est-ce pas ? » demanda Manuela.
« Oui, et une pour Lady Lilith. D’après mes sens, cette fille aurait honte de porter ce genre de vêtements malgré le fait qu’elle s’habille tout le temps comme une prostituée. J’ai l’impression que Lady Nephteros me montrerait aussi une bonne réaction dans ce sens, » déclara Gremory.
« Après tout, la honte est le summum du pouvoir de l’amour ! » déclara Manuela.
« Oui ! Le pouvoir de l’amour ! » déclara Gremory.
« C’est un non évident. Mais qu’est-ce que vous faites ? »
Après avoir donné un high five à Manuela, l’arrière de la tête de Gremory avait été soudainement saisi et elle avait été soulevée en l’air.
« Oh, mon Dieu, ça fait longtemps que je n’ai pas vu Zagan, » déclara Manuela.
Gremory ne pouvait pas regarder derrière elle, la tête écrasée et figée, souriant avec une sueur froide qui coulait sur son front.
« Hmm ? Vous avez donc amené Néphy et Kuroka aujourd’hui ! » dit Manuela avec un sourire éclatant.
« Oui. Merci de t’occuper de Miss Gremory, » déclara Néphy.
« … Hum, veuillez annuler la commande de ces vêtements, » déclara Kuroka.
Néphy semblait déjà parfaitement habituée à cela, tandis que Kuroka se cachait derrière elle en tremblant. À sa demande, Manuela ne pouvait que hocher la tête avec une expression douce.
« Je vois. La volonté de la personne en question est importante, hein ? » déclara Manuela.
« Je suis heureuse que vous soyez —, » commença Kuroka.
« Vous avez déjà des oreilles et une queue de chat, alors nous devrions en faire le meilleur usage et opter plutôt pour une fille chatte ! » déclara Manuela.
Kuroka pâlit et se cacha complètement derrière Néphy.
« Sauve-moi, Néphy, » supplia Kuroka.
« Bon sang, Manuela. Arrête de la taquiner, s’il te plaît, » déclara Néphy.
« Hahahaha. Désolée, c’est de ma faute. Zagan m’a laissé jouer avec elle autant que je le voulais la dernière fois, » répondit Manuela. Puis, elle avait regardé de plus près le visage de Kuroka et avait ajouté. « Hmmm, donc vous pouvez vraiment voir maintenant. C’est bien pour vous, Kuroka. »
« Oh, umm… Oui. Merci…, » déclara Kuroka.
Kuroka savait que ses mots venaient du cœur, alors elle avait timidement fait un signe de tête en réponse. Gremory voulait applaudir un moment aussi touchant, mais elle s’était plutôt adressée à celui qui se trouvait derrière elle avec un sourire étriqué.
***
Partie 8
« Umm, mon seigneur. Comment avez-vous su que j’étais ici ? » demanda Gremory.
« J’ai demandé à Kimaris et il m’a dit que tu serais là pendant la journée, » répondit Zagan.
« Sois maudit, Kimaris… Espèce de traître ! »
Gremory commença à s’agiter violemment tandis que Zagan transmettait ses ordres sans cœur.
« Plus importants encore, tes pouvoirs sont nécessaires. Reviens maintenant, » ordonna Zagan.
« Keehee, c’est impossible tant que mon professeur est — ai ! »
Zagan avait soudainement laissé tomber Gremory et elle était tombée sur son derrière. Elle était sur le point de prétendre qu’il y avait des demandes auxquelles elle ne pouvait pas répondre même si cela venait de son roi, mais avant qu’elle ne le puisse, Zagan l’avait libérée pour une raison quelconque. En le regardant, il haussait malheureusement les épaules.
« Je vois. Eh bien. Je vais essayer quelqu’un d’autre, » déclara Zagan.
« Hein… ? Vraiment ? » demanda Gremory.
« Ce n’est pas un travail que l’on impose à mes subordonnés. Cela ne sert à rien de te dire de faire quelque chose que tu refuses de faire, » déclara Zagan.
Sa déclaration totalement inattendue l’avait abasourdie, mais malgré cela, Gremory était ravie d’être libérée.
« Keehee, ça, c’est mon suzerain. Je vous remercie de votre générosité, » déclara Gremory.
« Mais… est-ce que cela te convient vraiment ? » demanda Zagan.
Le corps de Gremory avait été secoué par les paroles suggestives de Zagan.
« Que voulez-vous dire… ? » demanda Gremory.
« Non, oublie ça. Ce n’est pas mon hobby de forcer un subordonné réticent, » déclara Zagan.
Elle pouvait sentir un léger soupçon de pouvoir de l’amour dans chaque mot qu’il prononçait. Gremory pouvait le dire. Ce roi était sur le point de déclencher quelque chose qui ferait jaillir le pouvoir de l’amour à l’infini, comme elle le souhaitait. Cependant, elle savait que si elle cédait ici, elle devrait faire face à son professeur, qu’elle le veuille ou non. Son roi était un véritable Archidémon. Et ne pouvant plus résister aux doux murmures du diable, Gremory cria.
« Arrêtez ça ! Dites-moi juste ce que vous comptez commencer ! »
Zagan la regarda avec une expression de compassion comme s’il avait pensé qu’elle resterait simplement silencieuse.
« Ce n’est rien de majeur, » dit-il en soupirant. « J’ai juste pensé que je pourrais faire un grand bain que tous mes subordonnés pourraient utiliser en même temps. »
Gremory doutait de ses oreilles.
« Hein ? Un bain ? » demanda Gremory.
« Hm. Après tout, Lilith a récemment demandé un bain que tout le monde pourrait utiliser ensemble, » expliqua Zagan.
Un tel plan, avec un tel timing. Gremory avait immédiatement su qu’il s’agissait de rendre hommage à Orias tout en offrant un moyen de réconciliation entre Shax et Raphaël.
Un grand bain… que tout le monde peut utiliser ensemble… ? Des jeunes filles qui gloussent et bavardent en se lavant le corps, en prenant un bain et en rougissant d’histoires d’amour, en les surprenant par inadvertance en train de se changer… C’était un creuset du pouvoir de l’amour qui naissait de leur absence de défense. C’était un grand bain.
Soyez maudit ! Soyez maudit ! Soyez maudit ! Soyez maudit ! Gremory cria doucement de désespoir, puis posa ses mains sur le sol d’une manière complètement crescendo.
« S’il vous plaît… permettez-moi… de travailler au château…, » supplia Gremory.
Son esprit avait été écrasé en quelques secondes seulement. Laisser passer un événement qui lui était pratiquement destiné revenait à choisir la mort. Même si Zagan devait réaliser ce plan sans l’inviter, elle mourrait de choc ou se révolterait contre lui.
Zagan n’avait dès le début pas eu d’autre choix que de l’inviter, et elle n’avait eu d’autre choix que d’accepter. En d’autres termes, Gremory avait perdu face au destin. C’était parce qu’elle n’avait pas pu trahir le pouvoir de l’amour.
◇◇◇
« Bon, mettons Gremory de côté. Manuela, je veux que tu choisisses de nouveaux vêtements pour Kuroka, » ordonna Zagan.
Zagan avait complètement négligé Gremory, qui était accroupie sur le sol en marmonnant et s’était tournée vers Manuela. Par ailleurs, Kimaris protégeait le palais de l’Archidémon. Même si Shere Khan n’avait pas bougé depuis un mois, ils ne pouvaient pas desserrer leurs défenses autour du Palais de l’Archidémon alors qu’ils étaient en hostilité ouverte avec lui.
« Hnnngh ! » Manuela avait gémi alors que ses ailes vertes battaient. « Alors je peux jouer avec Kuroka autant que je veux encore !? Avec plaisir ! »
« Mince, Kuroka a vraiment peur, alors s’il te plaît, arrête ça, » insista Néphy.
Il y a quelques mois à peine, Kuroka était devenue un jouet ici lorsque Zagan avait acheté ses vêtements. Elle avait même les larmes aux yeux en s’accrochant au dos de Néphy. Zagan avait vraiment envie de la protéger quand elle agissait comme ça.
« Kuroka ! Fuis ! »
Juste à ce moment, une fille vulpine avait surgi.
Hein ? D’où vient-elle ? Je ne l’ai pas du tout sentie. L’invisibilité de Kuu en essayant d’échapper à Manuela avait même dépassé la perception d’un Archidémon. On avait l’impression que cette vendeuse élevait des espions ou quelque chose comme ça entre Gremory et Kuu. Si Kuroka était ajoutée au mélange, il était probable qu’ils seraient capables de voler des informations, même dans les châteaux des Archidémons, non pas que Zagan ait eu l’intention de faire faire une telle chose à des civils.
« Kuu ? Pourquoi… ? » demanda Kuroka.
« Kuu y est habitué. Alors c’est bon… ! » déclara Kuu.
La jeune fille tremblait alors qu’elle essayait courageusement de protéger Kuroka, et Zagan lui avait posé la main sur l’épaule avec un regard qui semblait la comprendre parfaitement.
« Désolé, mais j’ai encore des affaires à régler après cela. Laisse-le pour plus tard, » déclara Zagan.
« Zagan, espèce de diable ! » Manuela protesta. Avec Néphy, Kuu et même Zagan qui la bloquaient, elle ne pouvait pas traiter Kuroka comme un jouet. Elle avait l’air insatisfaite, mais elle avait quand même récupéré quelques vêtements en un instant.
« Kuroka est la fille de Sire Raphael, n’est-ce pas ? Alors, que dites-vous de ça ! C’est un uniforme militaire de style majordome de Liucaon, » proposa Manuela.
Manuela avait des vêtements noirs dans ses mains. Ils ressemblaient un peu aux uniformes de l’Église, mais à en juger par le pantalon qui différait de celui que Chastille portait avec son uniforme, il était clair qu’il était destiné aux hommes. Les manches et les poignets étaient également froufroutés et longs, donnant un aperçu des motifs caractéristiques de Liucaon. Lorsqu’il était associé à une épée, il ressemblait vraiment à un uniforme militaire. Manuela avait vraiment bon goût.
« Hm. » Zagan avait fait un signe de tête. « Je vois. Donc ça correspond aux vêtements de Raphaël. Pas mal. »
« N’est-ce pas ? »
« Objection ! »
Au moment où Zagan s’apprêtait à demander l’avis de Kuroka, Gremory s’était sortie de son état de cadavre et s’était relevée.
« Lady Kuroka devrait porter de jolis vêtements qui donnent envie de lui donner des bonbons et de la caresser ! Je vous propose ces vêtements de bonne de style yukata de Liucaon ! » proposa Gremory.
Gremory avait sorti un kimono avec un motif calme associé à un tablier à froufrous. Il semblait être une variation du yukata que le groupe portait sur l’île inhabitée près de Liucaon. Il n’avait pas l’éclat de l’uniforme militaire, mais il donnerait vraiment envie de vouloir protéger encore plus Kuroka si elle devait le porter.
Manuela et Gremory s’étaient regardées et elles avaient commencé à crier.
« Tu me déçois, camarade Gremory. La seule scène qui me vient à l’esprit avec ces vêtements est celle de Kuroka et Shax qui se rencontrent, mais qui sont trop nerveux pour dire quoi que ce soit et qui se disputent. Une fois qu’ils se séparent, il dira “hey, c’est mignon” et Kuroka rougira et s’agitera et oh mon Dieu, c’est le meilleur ! »
« Quelle bêtise, camarade Manuela ! Ces vêtements que tu as choisis ne feront que conduire à un scénario où Raphaël agira en étant heureux tout en faisant son travail, mais dira qu’il souhaite qu’elle porte quelque chose de plus féminin, et en réponse, elle lui dira qu’elle veut porter la même tenue que son père et alors ils finiront par revenir ici ensemble et tu es un putain de génie ! »
Ces deux individus n’avaient pas fait preuve de retenue et avaient échangé une poignée de main ferme pour réaffirmer leur amitié. Et alors même que Zagan restait sans voix, il se tourna vers Kuroka, dont l’âme semblait avoir quitté son corps.
« Je ne te dis pas de suivre leur exemple, mais je pense que cela te ferait du bien d’être un peu plus honnête avec tes désirs, » déclara Zagan.
« … C’est vrai. J’ai beaucoup appris de tout ça, » déclara Kuroka.
Manuela et Gremory s’étaient alors tournées vers elle en même temps, ce qui l’avait fait bondir sur place.
« Kuroka ! Qu’est-ce qui est le mieux, selon vous ? » cria Manuela.
« Eek... Hum, j’aimerais. Euh…, » balbutia Kuroka.
« D’accord ! Faisons en sorte qu’elle essaie les deux ! » cria Gremory.
« Meoooooooooooooooow ! »
Kuroka avait été pitoyablement traînée plus loin dans le magasin.
« Je me demande si Kuroka va s’en sortir ? » demanda Néphy avec un regard troublé.
« Eh bien, je suppose que oui ? Ces deux-là font leur travail correctement… à la fin, » déclara Zagan.
Néanmoins, le sentiment d’anxiété était proche de celui qu’il ressentait lorsqu’il avait amené Foll ici pour la première fois pour acheter des vêtements. Kuu se tenait derrière le couple inquiétant et elle marmonnait avec une expression.
« Je pense que les vêtements choisis par Miss Gremory sont vraiment plus mignons, mais Kuroka choisira probablement les vêtements du chef… » Cette fille semblait avoir été corrompue par les deux fans de l’amour avant que quiconque ne s’en rende compte.
Zagan s’était alors rendu compte que l’expression de Néphy était un peu sombre.
« Qu’est-ce qui ne va pas, Néphy ? Quelque chose t’inquiète ? » demanda Zagan.
« Hwah ? Hmm… Oui…, » répondit Néphy.
Ils étaient assez proches maintenant pour qu’elle ne perde pas la tête à force de voir ses pensées si facilement lues. Le bout des oreilles de Néphy avait rougi lorsqu’elle s’était éclairci la gorge en toussant.
« Pourquoi peux-tu le dire si facilement ? Mon Dieu… Umm, Kuroka peut enfin voir à nouveau, n’est-ce pas ? » déclara Néphy.
« Oui. Tu as réussi à le faire, Néphy, » répondit Zagan.
« Hauu… »
Même le visage de Néphy était devenu rouge lorsqu’elle avait été honnêtement félicitée.
« Maître Zagan, tu comptes également accorder le pouvoir à Kuroka, n’est-ce pas ? » demanda Néphy.
« Exact, » répondit Zagan.
Cela dit, c’était Néphy qui allait lui faire son Armure Sacrée.
« Je crois que Kuroka a également le choix de vivre comme une femme normale et de jeter son épée. » Néphy n’avait pas hésité à s’exprimer à ce sujet.
« Tu as raison. J’y ai aussi réfléchi, » répondit Zagan.
Il était un peu inquiet que Shax soit la personne avec elle, mais son existence était ce qui avait donné un sens à la vie de Kuroka au-delà du combat. Cependant, Zagan secoua la tête.
« Mais Kuroka choisira sûrement de se battre. C’est pourquoi je lui accorderai le pouvoir, » déclara Zagan.
« C’est… vrai… »
Zagan était capable de deux choses : assurer la protection de ses subordonnés et leur donner du pouvoir. Si Kuroka décidait de ne pas vivre sous son patronage, alors il lui accorderait le pouvoir. Mais en voyant Néphy baisser les épaules, Zagan avait repensé sa position à ce sujet.
« Mais tu as peut-être raison, Néphy, » déclara Zagan.
« Que veux-tu dire par là ? » demanda Néphy.
« J’ai l’impression qu’elle ne sait même pas qu’un tel choix existe pour elle. La laisser passer sans savoir qu’elle a le choix est différent de choisir elle-même. Même si le résultat est le même, il vaut peut-être mieux que quelqu’un lui en parle, » déclara Zagan.
Néphy avait alors souri comme une fleur en pleine fleuraison.
« Oui ! J’en parlerai avec elle plus tard ! » déclara Néphy.
Après cela, Kuroka était revenue, épuisée. Comme l’avait prédit Kuu, elle portait l’uniforme militaire que Manuela avait choisi.
« Qu’en pensez-vous ? J’ai l’impression que c’est le summum de l’accoutrement si je peux moi-même l’exprimer ! » s’exclama Manuela.
« Elle reviendra bientôt dans ce magasin, de toute façon, et tu pourras aussi voir la tenue de servante Liucaon. C’est deux pour le prix d’un ! » ajouta Gremory.
« Aah, mm. Ça va, Kuroka ? » demanda Zagan.
Zagan avait vaguement écarté les deux femmes très stimulées et avait jeté son regard sur Kuroka. Sa conscience semblait encore un peu floue, mais elle n’avait pas l’air totalement insatisfaite.
« Alors je suppose que c’est bon. Ensuite, il y a les vêtements qui conviennent à Né —, » déclara Zagan.
« Maître Zagan ! Le mien peut attendre un jour de plus ! » s’écria Néphy.
Ils n’avaient pas pu aller acheter de vêtements pendant leur (fausse) lune de miel. Zagan avait essayé de suivre le mouvement et de lui choisir de nouveaux vêtements, mais elle l’avait arrêté à peu près comme il s’y attendait.
« Oh, tu marques un point. Alors, laissons cela pour la prochaine fois, » déclara Zagan.
« … Choisissez bien cette fois. » Kuu marmonnait d’étonnement, mais Zagan ne lui faisait pas attention.
« J’attendrai avec de jolis vêtements ! Oh, s’il vous plaît, amenez Nephthéros avec vous la prochaine fois ! » demanda Manuela.
Le groupe de Zagan avait donc quitté le magasin en soupirant sur l’employée qui lui demandait d’autres jouets.
« Quoi ? Maintenant que j’y pense, c’est peut-être la dernière fois que je peux jouer ! Lady Kuroka ! Je suis peut-être aux portes de la mort ! Alors s’il vous plaît, portez aussi les vêtements de bonne ! » supplia Gremory.
« C’est bon, allons-y, » déclara Zagan.
Et traînant sa bruyante assistante, Zagan se dirigea vers l’Église.
***
Partie 9
Dans un bureau de l’église de Kianoides.
« De toute façon, pleurnicharde, ça ne va-t-il pas être mauvais à ce rythme ? »
Barbatos s’était soudain mis à parler sans qu’on le lui demande. Comme toujours, il avait un visage malsain et un nombre incalculable d’amulettes suspendues à son cou. Il portait sa robe et son manteau comme n’importe quel autre sorcier. Sa tenue n’était pas vraiment adaptée pour flâner dans l’Église, mais dernièrement, il avait passé pas mal de temps en dehors de l’ombre.
« Qu’entends-tu par “mauvais” ? » demanda Chastille.
Chastille avait plissé ses sourcils. Ses cheveux écarlates étaient attachés sur le côté et décorés d’un ornement en forme de papillon. Elle portait l’uniforme d’un évêque, ce qui lui donnait une apparence digne qui contrastait avec son comportement habituel de pleurnicheuse. Son Armure Sacrée décorait son bureau, mais c’était encore la vaillante Chastille en « mode travail ».
Barbatos s’est déjà occupé de la question du traître, il ne devrait donc pas y avoir d’autres problèmes…
Elle n’avait donc pas pu lui faire dire qui c’était, mais depuis lors, elle n’avait plus eu aucune information dans l’Église qui lui ait été cachée ou qui lui ait donné l’impression d’être isolée. Au contraire, depuis l’incident de la Trésorerie, elle avait eu l’impression qu’il y avait d’autres Archanges qui avaient une attitude positive à son égard.
Alors, y avait-il un autre problème majeur que même le mode de travail Chastille avait négligé ? Elle en était complètement perplexe alors que Barbatos marmonnait d’un ton agaçant, ses pieds toujours en l’air sur le canapé.
« Être le plus jeune à devenir un archange est ton argument de vente, n’est-ce pas ? » demanda Barbatos.
« Je ne dirais pas que c’est un argument de vente, mais c’est vrai, » répondit Chastille.
« C’est vrai, alors est-ce la même chose pour ce morveux de l’autre jour ? » demanda Barbatos.
« Hm. Moi-même et le Seigneur Galahad avons été nommés Archanges à l’âge de treize ans. Nous sommes tous les deux les plus jeunes à avoir eu cet honneur, » répondit Chastille.
« Et cette connasse de Decarabia va aussi devenir un Archange, hein ? » demanda Barbatos.
« Appelle-la Lady Stella. Mais oui, c’est exact, » répondit Chastille.
Pour être tout à fait honnête, Chastille était perplexe. Stella était une sorcière et, dans un sens, elle était la disciple personnelle de l’Archange et de l’Archidémon le plus fort, Michael.
Chastille appartenait à la faction d’unification, mais l’unification n’avait pas de sens si sa faction ne pouvait pas servir de véritable moyen de dissuasion aux sorciers. Néanmoins, elle se demandait s’il était acceptable qu’une personne capable d’influencer la volonté de l’Église soit un sorcier.
Ce n’est pas comme si elle doutait de Stella. Elle ne voyait tout simplement pas encore la réponse à la question de la ségrégation entre l’Église et les sorciers. Cependant, il ne semblait pas que c’était là où Barbatos voulait en venir. Elle n’avait aucune idée du problème qu’il avait à l’esprit.
Et sans même un soupçon de timidité…
« Si tu perds ce seul argument de vente, ne perdras-tu pas ta raison d’être ? » demanda Barbatos.
« Hwuh ? » Même en mode travail, Chastille n’avait pas pu retenir son choc. « Ce n’est pas comme si j’étais un chevalier angélique juste pour pouvoir me vanter de ça ! »
« C’est ce que tu dis, mais le monde est fait de réputation, n’est-ce pas ? Même ce connard de Raphaël t’a laissé la faction d’unification à cause de ta réputation. N’est-ce pas grave si les autres commencent à se superposer à ce qui te distingue ? » demanda Barbatos.
Il est vrai, en effet, que Chastille et Stella avaient toutes deux les cheveux et les yeux écarlates, et partageaient peut-être la même ethnie. Elles avaient toutes deux l’air assez différentes, mais il suffisait de les mettre l’une à côté de l’autre pour au moins provoquer une certaine confusion.
« Le Seigneur Raphaël ne m’a pas choisie à cause de ma réputation, » répondit Chastille avec une volonté inébranlable. « Je crois qu’il m’a confié la faction d’unification parce qu’il croyait en mes idéaux. »
« Euh, tu parles d’un gars qui a tué 499 personnes par inadvertance, tu sais ? Je ne pense pas qu’il y ait beaucoup réfléchi, » répondit Barbatos.
« U-Ugh… » Chastille avait gémi, incapable de réfuter cela. « Qu’est-ce qu’il y a de si drôle à se moquer de moi ? »
« Hein ? Je ne me moque pas de toi ou quoi que ce soit. Je suis juste… je veux dire, je pense juste à l’avenir, » déclara Barbatos.
« À propos de l’avenir… ? Euh, quel avenir ? » demanda Chastille.
Chastille avait essayé d’imaginer son avenir et avait été un peu secouée à l’idée de ne pas être là elle-même.
« Je te dis que ce n’est pas ce que je veux dire, bon sang ! » déclara Barbatos.
« Hein ? Je veux dire, hein… ? Je suis dans le faux ? » demanda Chastille.
Elle ne pouvait pas cacher sa perplexité face au fait que Barbatos s’était mis à crier avec un visage rouge. L’homme en question savait sûrement qu’il était déraisonnable. Et alors qu’il se grattait la tête de frustration, il avait commencé à se reformuler.
« Aah, en bref… Tu ne devrais pas te cacher ici tout le temps. Ne devrais-tu pas sortir et faire autre chose ? » demanda Barbatos.
Chastille n’avait aucune idée de la façon dont il s’était retrouvé sur ce sujet lors de la conversation précédente, mais parler par des voies détournées était tout à fait normal pour cet homme.
« Qu’est-ce qu’il y a ? » Chastille répondit avec un sourire. « Tu étais prévenant ? Désolé, Barbatos. »
« Je te dis que ce n’est pas…, » balbutia Barbatos.
Kuroka, qui avait aidé Chastille dans son travail de bureau pendant tout ce temps, était actuellement hospitalisée. Le travail de bureau de Chastille avait donc pris du retard. Nephteros l’aidait, mais elle était également absente la moitié du temps pour parfaire sa formation en mystique céleste.
Ainsi, les deux étant absentes en même temps, Chastille était restée pratiquement enfermée dans son bureau pendant le mois dernier.
« Je te suis reconnaissante pour ta considération, » déclara Chastille en s’excusant. « Mais nous sommes à court de personnel en ce moment. Je pense que j’aurai un peu plus de place pour les loisirs quand Kuroka sera de retour. »
« Les affaires internes de l’Église ne semblent-elles pas un peu grossières, étant donné qu’elles existent depuis un millier d’années ? » demanda Barbatos.
Il était vraiment perspicace à un point douloureux.
« Notre chaîne de commandement peut en effet être assez désorganisée, » répond-elle en gémissant. « Apparemment, le siège du pape est vacant depuis quelques années. »
« Hein ? Le pape ? C’est la plus grosse pointure de l’Église, hein ? Alors, le siège du haut est vide ? » demanda Barbatos.
« Oui. Cela n’a pas été annoncé publiquement, mais il semble qu’il soit mort. Mais il était encore en vie lorsque j’ai été nommée Archange, » répondit Chastille.
Selon les informations qu’elle avait reçues de ses camarades de la faction d’unification, ce fait était peu connu, même parmi les Archanges.
« Est-ce vraiment bien de me dire tout cela ? » demanda Barbatos.
Même Chastille avait été étonnée par sa question.
« Je ne te cacherai rien. De toute façon, tu le découvrirais immédiatement. Il est plus rapide de te le dire, » déclara Chastille.
« Hrgh !? Bien, je suppose que tu as raison…, » déclara Barbatos.
« Huh... ? »
Pour une raison quelconque, Barbatos s’était accroupi avec sa main qui pressait la zone de son cœur. Il ne semblait pas du tout perturbé par la mort du pape, alors de quoi s’agissait-il ? Il s’était ensuite relevé en feignant le calme.
« Alors, pourquoi est-ce un secret ? Les masses vont le découvrir tôt ou tard, n’est-ce pas ? » demanda Barbatos.
« Sa Sainteté le Pape est le symbole de l’Église. L’annonce de sa mort provoquerait de grands troubles. Il est probable qu’ils gardent le silence à ce sujet jusqu’à ce qu’un successeur ait été décidé, » répondit Chastille.
« N’est-ce pas un peu louche ? » demanda Barbatos, pensif, en posant la main sur son menton.
« Vraiment ? » demanda Chastille.
« Si c’est vrai, cela ne signifie-t-il pas que les chefs des Archidémons et de l’Église sont morts ces dernières années ? » demanda Barbatos.
« … »
Ce n’est pas tout. L’archange en chef Ginias Galahad avait également perdu la vie l’année dernière. Cela signifiait que tous les dirigeants de chaque organisation avaient dû changer. Chastille avait également trouvé cela suspect et avait fait un signe de tête.
« Je vais essayer d’approfondir la question, » déclara Chastille.
« C’est probablement une bonne idée… A-Attends ! Ce n’est pas là où je veux en venir ! » Barbatos s’était remis à crier pour une raison inconnue. « Je te dis que tu es trop enfermée dans cette pièce ! »
« C’est parce que nous sommes à court de main d’œuvre…, » répliqua Chastille.
Chastille plissa ses sourcils, et Barbatos s’était soudain giflé lui-même.
« Tu l’as déjà dit, mais heureusement pour toi, tu m’as ici, » répondit Barbatos.
« Huh... ? Eh bien ! Je suis reconnaissante que tu me protèges toujours, » répondit Chastille.
« Aaaaah ! Merde ! Tu ne comprends vraiment rien ! » s’écria Barbatos.
« Pourquoi es-tu en colère ? » demanda Chastille.
Elle était maintenant complètement perdue. Barbatos se mit debout, à bout de patience, et plaça un doigt vers elle.
« Avec moi ici, tu peux aller n’importe où —, » commença Barbatos.
« — Chastille, j’ai une lettre pour toi, » déclara une voix féminine.
« Lis cette putain d’ambiance ! » s’écria Barbatos.
« … Quoi? » demanda Nephteros, qui venait de parler.
Nephteros s’était fait crier dessus dès qu’elle avait ouvert la porte. C’était une elfe noire à la peau bronzée, aux cheveux argentés et aux yeux dorés. Ses oreilles et son visage étaient identiques à ceux de Néphy, de sorte que les deux elfes étaient comme des sœurs jumelles. Elle avait une sacoche remplie de grimoires qui pendaient à sa taille, montrant qu’elle était sur le point de sortir.
« Sire Barbatos, vous ne devriez pas parler de cette façon à une dame, » déclara Richard.
Richard était venu avec Nephteros. Bien qu’étant sous la protection d’un Archidémon et d’un archange, Nephteros était toujours l’un des trois seuls survivants connus des hauts elfes. Elle était rare parmi les espèces rares. Les gens qui la prenaient pour cible comprenaient une douzaine de personnes. Richard avait donc fini par lui servir de garde pour assurer un minimum de sécurité.
« N’est-il pas plus étrange de chercher la courtoisie d’un foutu sorcier ? » répondit Barbatos en soufflant sur le côté de manière contrariée.
« … Sire Barbatos. »
« Laisse-le. Il est inutile de s’offenser avec lui. » Nephteros fixa Barbatos, mais il était vrai qu’elle gâchait l’ambiance. « Tu es libre de séduire Chastille autant que tu veux, mais c’est le travail. Laisse ça pour plus tard. »
« Je-je-je-je-je-je-je ne la séduis pas du tout ! » s’écria Barbatos.
Richard avait applaudi avec admiration en voyant Barbatos si déstabilisé. Dans le même temps, Chastille avait enfin eu un aperçu du sujet de leur conversation précédente.
Ooh, je suppose qu’il me disait qu’il m’emmènerait quelque part pour changer de rythme. Il avait vraiment laissé sortir des mots difficiles à comprendre.
« … Chastille, tu vas bien ? Tu es rouge vive, » déclara Nephteros.
« Ce n’est rien. Ne t’inquiète pas pour ça, » répondit Chastille.
Son côté rationnel avait essayé de rester calme, mais son côté émotionnel n’avait pas réussi à cacher son malaise. Après s’être calmée d’une manière ou d’une autre, Chastille se tourna à nouveau vers Nephteros.
« Désolée de t’avoir fait venir ici alors que tu étais sur le point de partir. S’est-il passé quelque chose ? » demanda Chastille.
Le fait qu’elle soit rentrée après s’être préparée à partir avait montré clairement qu’un problème était apparu. Sinon, elle aurait pu le laisser à Richard. Et sinon, vu qu’il était son gardien, les Trois Chevaliers du ciel d’azur ou autres auraient pu le gérer.
Nephteros fronça les sourcils et les plissa.
« Ce n’est pas si grave, mais une lettre importante est arrivée pour toi. Tiens. Michael dit que ça vient de ce type, non ? » demanda Nephteros.
« Oui. C’est une lettre du Seigneur Diekmeyer, » confirma Richard.
« Du Seigneur Michael ? » demanda Chastille.
Ce nom avait mis Chastille sur ses gardes. Michael Diekmeyer avait affirmé qu’il était neutre, donc il n’était pas vraiment son allié. Dans un sens, elle avait moins de prise sur ce qui lui traversait l’esprit que sur des Archidémons comme Bifrons ou Shere Khan. Et en la voyant se raidir, Nephteros avait essayé de la réconforter.
« Eh bien, vu que c’est une lettre officielle, je ne pense pas que ce soit bizarre, » déclara Nephteros.
« Ce serait bien…, » répondit Chastille.
« Au moins, il n’y a pas de sorcellerie ou de malédiction jetée sur lui. J’ai fini de les vérifier, » déclara Nephteros.
« Je suis sûre que tu as raison, » déclara Chastille.
Nephteros possédait non seulement le pouvoir d’une haute elfe, mais aussi un rare talent pour la sorcellerie. C’était tout à fait naturel compte tenu de son ancienne position de disciple personnelle de Bifrons.
« C’est, eh bien… Ce serait gênant si tu mourais, » répondit Nephteros en rougissant.
En tout cas, elle avait apporté cette lettre parce qu’il serait préférable pour Chastille d’aller voir par elle-même si cette lettre était écrite par lui en tant qu’Archidémon. Chastille avait ouvert la lettre, puis avait hoché la tête après avoir confirmé son contenu.
« Il y est indiqué qu’il passera bientôt, » déclara Chastille.
« Hein ? Est-ce tout ? » demanda Nephteros.
« Hm. Je ne pense pas que ce soit pour quelque chose d’insignifiant, vu qu’il s’est donné beaucoup de mal pour envoyer cette notification… Pour l’instant, je vais annuler toutes mes autres tâches le jour où il prévoit de se rendre ici, » déclara Chastille.
« C’est vrai, il s’agira probablement de quelque chose de confidentiel, » déclara Nephteros.
« Je m’occuperai de vos tâches. Dois-je envoyer une réponse au Seigneur Diekmeyer pour que vous le rencontriez ? » demanda Richard.
« Ce sera génial. Je compte sur toi, Richard. Tu as aussi mes remerciements, Nephteros, » déclara Chastille.
« Je suis juste passée pendant que je partais. Je n’ai pas vraiment fait quoi que ce soit, » répondit Nephteros.
Nephteros brossa timidement ses cheveux argentés, ce qui détendit l’expression de Chastille. Elle se souvint alors soudain de quelque chose.
« Maintenant que j’y pense, Nephteros. Tes rêves se sont-ils bien passé ces derniers temps ? » demanda Chastille.
« Mes rêves… ? » demanda Nephteros.
C’était ce qui s’était passé lorsque Nephteros avait fui Bifrons et qu’elle était venue à Kianoides. Elle gémissait dans son sommeil et faisait des cauchemars pratiquement tous les soirs, tandis que Chastille restait tranquillement à ses côtés et lui tenait la main. Ces derniers temps, il n’y avait eu aucun signe de gémissement de Nephteros dans son sommeil, et son teint s’était amélioré. Elle y réfléchit curieusement pendant un moment, puis se souvient soudain de ce à quoi Chastille faisait référence.
« Oh, ces rêves ? Oui. Je ne les ai pas vus dernièrement, » déclara Nephteros.
« Dieu merci. C’est un soulagement, » déclara Chastille.
Le fait qu’elle n’ait pas pu se souvenir immédiatement d’eux signifiait probablement que tout allait bien.
« De quoi s’agit-il ? » demanda Barbatos avec un air suspect.
« Cela n’a rien à voir avec toi, » répondit Nephteros en soufflant sur le côté.
« Haah... Tu comprends au moins la position dans laquelle tu es ? Juste pour que tu saches, Bifrons n’est pas mort, et nous n’avons aucune garantie que Shere Khan ne te prenne pas pour cible en tant qu’espèce rare, » déclara Barbatos.
« … »
Ce n’est pas qu’elle n’en ait pas pris conscience. C’était plutôt qu’elle ne voulait pas y penser. En la voyant se raidir, Richard s’était mis à parler.
« Dois-je partir ? »
« … C’est bien. Ce n’est rien qui doit être gardé secret, » déclara Nephteros.
Richard avait lentement fermé la porte, et après l’avoir confirmé, Nephteros était allée droit au but avec un regard amer.
« Quand j’ai fini par venir ici, j’étais assez souvent tourmentée par des cauchemars… C’était probablement les rêves du Seigneur-Démon, » expliqua Nephteros.
« … Hé. As-tu signalé ça à Zagan, hein ? » demanda Barbatos.
« Je ne l’ai pas fait. Je veux dire, ce ne sont que des rêves. Je ne sais pas non plus s’ils sont réellement liés au Seigneur-Démon, » déclara Nephteros.
« Oh, voyons…, » déclara Barbatos.
« D’ailleurs, j’ai cessé de les voir peu après… Je crois que c’était à peu près à l’époque où nous étions sur cette île inhabitée ? » déclara Nephteros.
Chastille et Barbatos s’étaient tous deux couvert le visage à la mention de cette île. Lorsqu’ils avaient visité la ville sous-marine d’Atlastia, ils s’étaient tous rendus sur une île inhabitée pour faire une pause et s’amuser à la suite de l’invitation de Zagan. Chastille et Barbatos s’étaient disputés, puis s’étaient réconciliés et ainsi de suite, et beaucoup de choses s’étaient passées. Et alors que Chastille se remettait de ses souvenirs embarrassants de l’époque, Nephteros poursuivait son histoire.
« Cela dit, nous étions tout le temps au fond de l’océan. Honnêtement, je n’ai pas vraiment beaucoup dormi. Donc, je ne sais pas exactement quand j’ai cessé de les voir, » déclara Nephteros.
La ville sous-marine était vraiment un endroit magnifique. Mais être au fond de l’océan était inconfortable pour les gens ordinaires. Les subordonnés de Chastille se plaignaient souvent de maux de tête, et elle ne dormait pas non plus beaucoup.
« Shere Khan ne s’était pas encore impliqué à l’époque, et Bifrons n’aurait rien du pouvoir te faire après avoir été battus par Zagan, » nota Chastille.
« Eh bien… C’est vrai…, » déclara Nephteros.
Même maintenant, elle avait des sentiments mitigés en entendant le nom de Bifrons. Nephteros avait l’air plutôt sombre.
« Donc, ça n’a probablement rien à voir avec eux, mais va le dire à Zagan. C’est la chose raisonnable à faire, » déclara Barbatos en repliant ses bras en pensée. Chastille et Nephteros échangèrent des regards, trouvant cela plutôt inattendu de sa part. « Hm ? Quoi ? »
« Vous êtes vraiment détendue, hein ? » répondit Nephteros.
« Hah ? Qu’est-ce que ça veut dire ? » demanda Barbatos.
Nephteros haussa simplement les épaules, puis fixa Barbatos du regard.
« On dirait que ce type veut déjà que je parte, alors je vais y aller maintenant, » déclara Nephteros.
« Pars maintenant, » répliqua Barbatos.
« Arrête ça, Barbatos, » déclara Chastille.
Après le départ de Nephteros, le bruit de pas paniqués s’était fait entendre à l’approche du bureau de Chastille.
« Lady Chastille ! Ce voyou de Zagan est encore passé ! Devons-nous le repousser ? » un grand chevalier angélique avait rapporté ce fait d’une voix grave. C’était l’un des trois Chevaliers du ciel d’azur, Ryan.
« Non, laisse-le passer. De toute façon, il y a le problème de cette lettre…, » déclara Chastille.
Avec cela, Barbatos avait baissé sa tête dans le coin en accord.
Ummm, est-ce que c’est moi qui devrais lui demander de m’emmener faire une pause ?
Cependant, Chastille n’était pas de celles qui étaient capables de le dire elle-même et elle était angoissée par cela à sa manière.