Chapitre 3 : C’est terrifiant quand un enfant normalement silencieux se met en colère
Table des matières
- Chapitre 3 : C’est terrifiant quand un enfant normalement silencieux se met en colère – Partie 1
- Chapitre 3 : C’est terrifiant quand un enfant normalement silencieux se met en colère – Partie 2
- Chapitre 3 : C’est terrifiant quand un enfant normalement silencieux se met en colère – Partie 3
- Chapitre 3 : C’est terrifiant quand un enfant normalement silencieux se met en colère – Partie 4
- Chapitre 3 : C’est terrifiant quand un enfant normalement silencieux se met en colère – Partie 5
- Chapitre 3 : C’est terrifiant quand un enfant normalement silencieux se met en colère – Partie 6
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Chapitre 3 : C’est terrifiant quand un enfant normalement silencieux se met en colère
Partie 1
C’était arrivé il y a une semaine — le matin du jour où Zagan et Néphy s’étaient rencontrés.
Dernièrement, il y avait eu des enlèvements en série de jeunes femmes dans la ville commerçante de Kianoides. Les criminels n’étaient qu’une poignée de sorciers, et il semblait que les filles étaient utilisées comme sacrifices pour une sorcellerie particulièrement répugnante.
Le groupe de Chastille était l’escouade assignée pour l’asservissement de ces criminels. Après avoir vaincu les grands sorciers impliqués dans le crime, ils avaient sauvé les filles capturées. Il s’agissait vraiment du retour triomphal des héros — et quelque chose d’étrange s’était produit immédiatement après ça.
Les filles sauvées avaient été laissées aux renforts venant de l’église. Au petit matin, alors que l’escouade de subjugation revenait à Kianoides avant eux, Chastille s’était retrouvée dans une situation problématique alors qu’elle ne portait pas son équipement, car elle venait de finir de se baigner.
À ce moment-là, l’un des hommes qui l’avaient souvent protégé jusque là avait soudainement dégainé son épée et il avait attaqué ses alliés. Grâce à l’aide de ses autres camarades, elle avait réussi à s’enfuir de cet endroit, mais elle ne possédait pas d’armes décentes et s’était immédiatement retrouvée acculée.
Cependant, il s’était avéré que cet homme était quelqu’un d’autre, un sorcier qui avait pris la propre peau de l’ancien soldat pour se faire passer par lui. Un jour plus tard, l’enveloppe sans peau de cet homme serait découverte alors qu’elle avait été emportée sur le rivage par la rivière proche du lieu de l’incident.
Et en ce moment, Chastille était sur le point d’éprouver la même douleur... Non, elle savait qu’elle subirait un sort pire que lui, étant donné qu’elle était une femme, mais à ce moment-là, « quelqu’un » avait fini par la sauver.
Ça ne pouvait pas être... un simple rêve, pensa-t-elle.
Il s’agissait d’un homme aux yeux beaucoup plus cruels que celui qui l’avait attaquée. En vérité, il avait tué un adversaire qui mendiait pour sa vie sans aucune hésitation, comme si pour lui, il n’était rien, une nuisance, ou un déchet.
Mais malgré ça, elle pensait à quelque chose d’étrange quand elle se remémorait de son sauveur. D’une façon ou d’une autre, il avait l’air d’être accablé par une profonde solitude.
Après une petite enquête, elle avait très rapidement découvert que son sauveur était un sorcier bien connu dans les environs nommé Zagan. Et depuis, pour quelques raisons inconnues, Chastille ne pensait qu’à lui.
Oui, ce matin-là, quand elle avait été attaquée dans la Forêt des Perdus, Zagan avait sauvé Chastille.
Tout en rabattant ses cheveux roux, elle s’était écrasé face contre son bureau.
« Haaaa..., » et après ça, elle avait poussé un profond soupir.
« Vous inquiétez-vous à propos de quelque chose, Archange Chastille ? » En entendant une voix l’appeler depuis derrière elle, cela avait fait sursauter Chastille.
« M-Mes excuses, Votre Éminence Clavwell ! » Un vieil homme vêtu de la tenue de cérémonie d’un prêtre de haut rang se tenait là. Un Cardinal — en fait, une personne parmi les plus hauts dignitaires de l’Église, et le supérieur direct de Chastille.
Le vieil homme avait alors fait un léger sourire et secoua la tête.
« S’il vous plaît, ne soyez pas si formelle. Si l’héroïne qui a subjugué les criminels derrière l’enlèvement en série devait s’humilier ainsi, alors j’aurais l’hostilité de la population dirigée vers moi. Sans parler du fait que vous êtes aussi la Vierge de l’Épée Sacrée, n’est-ce pas ? » Vierge de l’Épée Sacrée — c’était le titre conféré à Chastille.
Pouvant couper à travers les cercles magiques des sorciers, annulant les effets de la sorcellerie, il était dit que si les douze Épées Sacrées étaient réunies, ils étaient même capables d’affronter un Archidémon avec une chance de victoire. Les Épées Sacrées étaient les armes ultimes de l’Église.
Contrairement à l’époque où elle avait été sauvée par Zagan, Chastille portait son Armure Sacrée, et à côté d’elle se tenait une grande épée dont la longueur couvrait à peu près sa propre taille. Ils étaient tous deux de l’équipement anti-sorcière et servaient aussi de tenue vestimentaire formelle pour des lieux nécessitant un certain respect de l’étiquette.
Chastille secoua la tête sur les côtés.
« ... J’ai même perdu quatre des Chevaliers Angéliques qui m’ont été confiés par Votre Éminence. C’est un échec dû à mon inexpérience. Pourquoi serais-je récompensé pour cela ? » Meyers, Emilio, Jamilio, et Doran étaient tous des Chevaliers Angéliques fiers et vaillants.
Ce matin-là, s’il n’y avait pas eu l’attaque-surprise, ils auraient probablement facilement remporté la victoire même contre ce sorcier.
Leur mort était un événement tragique causé par l’insouciance de Chastille.
Le vieux Cardinal secoua alors la tête d’une manière affectueuse.
« Ce n’est pas de votre faute. Ceux qui devraient être abhorrés sont ces sorciers damnés qui manipulent une telle sorcellerie répugnante. Vous avez splendidement vengé vos camarades tombés au champ d’honneur et vous êtes revenue. C’est une bonne chose que vous soyez fière de cela, » déclara le Cardinal.
« ... Compris. » Avec une expression compliquée sur son visage, Chastille lui fit un signe de tête.
Ce n’est pas elle qui avait vengé ses camarades tombés au champ d’honneur. C’était un sorcier de passage. Sans lui, même Chastille n’aurait pas été présente.
Et pourtant, c’était Chastille qui avait été reconnue ici comme étant celle ayant réalisé ce haut fait.
Chastille était une fervente croyante dans l’Église, mais elle comprenait aussi que l’Église n’était pas aussi saine et sacrée qu’ils le prétendaient. Elle avait des responsabilités en tant qu’Archange, un titre qu’elle avait gagné en raison de son talent avec une Épée Sacrée, mais elle n’avait pas l’intention de rejeter sa propre volonté.
Elle savait au moins faire la différence entre les mots qu’elle devrait dire et ceux qu’elle ne devrait pas dire.
Le Cardinal fixa alors Chastille d’un regard fixe.
« Chastille, il semble que vous enquêtiez sur le sorcier Zagan, n’est-ce pas ? » lui demanda le Cardinal.
« Tout à fait, » Chastille lui répondit clairement avec un signe de tête l’accompagnant.
« Le sorcier qui nous a attaqués se nomme Zagan, » déclara-t-elle. C’était d’ailleurs le nom qu’il leur avait donné. Mais Zagan est en vérité le nom du sorcier qui m’a sauvée.
En d’autres termes, il prenait ce nom et commettait des crimes.
L’une des raisons pour lesquelles Chastille enquêtait sur Zagan était qu’elle voulait prouver son innocence. Et face au Cardinal, elle avait étalé les documents sur lesquels elle enquêtait.
« Cependant, d’après ce que j’ai compris, le sorcier connu sous le nom de Zagan semble être une personne complètement différente, » Le Cardinal acquiesça alors comme s’il le savait déjà.
« Il est probable que c’était le sorcier connu sous le nom de “Peleur de Visage”. Comme son nom l’indique, il épluche la peau fraîche des gens et l’utilise pour alimenter sa sorcellerie répugnante. Un ordre avait été envoyé pour l’assujettir. Il semble qu’il soutenait aussi les enlèvements en série, » en raison de ces mots, Chastille avait compris que le Cardinal avait aussi enquêté sur l’affaire.
« Écoutez-moi Chastille. Cette affaire... n’a pas été classée. Il semble qu’à part les sorciers que nous avons amenés à la lumière, il y a toujours le véritable coupable derrière tout cela, » déclara le Cardinal.
« ... Pff, est-ce que d’autres victimes sont apparues ? » Le Cardinal secoua alors négativement la tête comme pour la réconforter.
« Ne soyez pas téméraire, Chastille. Grâce aux efforts de votre escouade, les plans de ces maudits sorciers ont certainement été entravés... Cependant, d’après notre enquête sur leur cachette, nous en sommes arrivés à la conclusion qu’il y a toujours un véritable coupable qui a été négligé. » Il y avait encore des survivants autres que le « Peleur de Visage » qui avait attaqué Chastille.
Ai-je encore la chance de venger mes camarades ? Après avoir avalé sa salive en raison de la tension, le Cardinal prononça son nom d’une voix solennelle.
« Le sorcier Zagan — un sorcier qui a construit le pouvoir à un rythme effrayant ces dernières années, » déclara-t-il.
« Quoi —, » sans le vouloir, Chastille avait haussé sa voix.
« Cet homme ne devrait pas être lié au coupable, » déclara-t-elle.
« Le nom d’un sorcier sans lien de parenté est apparu deux fois au cours des mêmes incidents. Il ne peut s’agir d’une simple coïncidence, » et par cette déclaration, le Cardinal avait transmis ce qui suivait sur un ton lourd.
« Les sorciers sont mauvais. Ils doivent être détruits. Même s’il n’est pas lié à l’incident, rien ne change le fait qu’il est un homme maléfique qui doit être traduit en justice. Ainsi, notre branche Kianoides réalisera la subjugation du sorcier Zagan, » déclara-t-il.
« Tch..., » c’était un précepte de conformité absolue vanté par l’église.
En vérité, il aurait même pu être approprié d’appeler cela une malédiction.
Jusqu’à ce que les sorciers soient annihilés, l’église continuera à les chasser, pensa-t-elle.
Même si Zagan avait été faussement accusé d’un crime, une fois que l’église avait décidé de le chasser, il n’y avait pas de révocation de cette décision. Même si un manieur d’une Épée Sacrée comme Chastille était vaincu, même si des milliers et des dizaines de milliers de cadavres étaient empilés, l’Église ne s’arrêterait pas jusqu’à ce que le sorcier soit tué.
Compte tenu de ce fait, il n’y avait aucun sens pour Chastille à revendiquer son innocence.
Au contraire, il était tout à fait possible qu’elle soit considérée comme une traîtresse et jugée comme hérétique.
Je n’ai pas l’intention de tenir ma propre vie trop chèrement, mais rien ne changera si j’agis sans prudence, pensa-t-elle.
Si elle voulait rendre la faveur à celui qui lui avait sauvé la vie, elle ne pouvait pas simplement râler ou protester ici et se faire mal voir.
Elle avait dû prendre des mesures pour le protéger et le laisser s’échapper.
Après avoir fermé les yeux pendant une courte période, Chastille avait ouvert la bouche.
« Alors, Votre Éminence, par tous les moyens, veuillez accorder à l’Archange Chastille le devoir de soumettre ce Zagan. S’il vous plaît, donnez-moi l’occasion d’effacer la disgrâce de mon échec antérieur. » En réponse à ces paroles, le Cardinal avait fait entendre une voix d’admiration avec un « Oooh... ».
« Bien parlé. Comme on peut s’y attendre de notre Archange, la Vierge de l’Épée Sacrée, » déclara le Cardinal.
Chastille savait que sa décision pouvait ruiner sa vie. Mais même ainsi, elle avait ses propres convictions.
Même si elle allait à l’encontre de l’église, elle avait des choses sur quoi elle ne céderait jamais.
Même si personne ne la remerciait pas, même si les gens du monde lui crachaient dessus, si elle devait jeter ses convictions juste pour protéger sa propre vie, alors elle aurait préféré choisir la mort.
C’est précisément parce qu’elle était ce genre de femme qu’on lui avait accordé une Épée Sacrée à l’âge mûr de dix-sept ans. Et en plus...
Cet homme... avait des yeux emplis de solitudes, pensa-t-elle.
C’était comme si, même si au fond de son cœur, il cherchait la chaleur, il ne pouvait pas l’accepter et repoussait tout. C’étaient les yeux d’un chien errant.
À cette époque, celui qui avait vraiment besoin d’être sauvé n’était pas Chastille, mais cet homme. C’était au point où elle pensait de telles choses...
C’est pourquoi Chastille avait fait de cette mission sa propre quête.
***
Partie 2
« Maître, peut-être, êtes-vous réveillé ? » Zagan était celui qui dormait plus ou moins alors qu’il était assis là.
Le trône du château était au centre de la barrière, donc c’était également le point où toutes ses fonctionnalités étaient concentrées. S’il était assis là, peu importe l’attaque qu’il recevrait, il ne perdrait pas la vie en une seule frappe. Et surtout, si une présence suspecte s’approchait de lui, il pourrait immédiatement la sentir.
En d’autres termes, sous la protection solide de son château se trouvait un espace encore plus vraiment sécurisé au sommet du trône.
Ainsi, plutôt que de dormir dans une autre pièce, ou même juste à côté du trône, il pourrait mieux réagir s’il était assis normalement dessus. C’est pourquoi, avant même qu’il ne s’en rende compte, c’était devenu une habitude d’y dormir ainsi.
Et c’était maintenant le matin.
« Bonjour, Maître ! » Néphy, vêtue de sa tenue de servante, l’avait saluée ainsi.
Ce n’est pas comme si elle l’avait réveillé.
« O-Oui, » quand Zagan lui avait répondu, Néphy avait fait un geste de la tête puis elle avait incliné son corps.
« Les préparatifs pour le petit-déjeuner sont terminés. Venez-vous manger ? » lui demanda-t-elle.
« Hein, petit-déjeuner ? L’as-tu préparée, Néphy ? » lui demanda Zagan.
« Tout à fait, » certes, hier matin, elle avait dit qu’elle ferait les repas, mais il n’aurait pas pensé qu’elle serait prête à le faire immédiatement dès le lendemain...
Et là, une question lui était venue à l’esprit.
« Se pourrait-il que tu attendes que je me réveille depuis tout ce temps ? » lui demanda Zagan.
« Oui, » répondit Néphy.
« ... Tu peux me réveiller dans des moments comme ceux-là, » déclara Zagan.
« Mais vous aviez l’air endormi..., » après lui avoir dit cela, Zagan avait ressenti quelque chose d’étrange.
Maintenant que j’y pense, le fait d’avoir quelqu’un devant moi sans que cela me réveille... c’est plutôt étrange, n’est-ce pas ? se demanda-t-il.
Il savait que le simple fait de négliger le sommeil pendant une journée ne suffisait pas à le faire tomber dans un sommeil aussi profond.
Tout en baissant la tête dans l’étonnement, il s’était souvenu que Néphy était encore debout là où elle se tenait tout le temps.
« Si tu es restée là, ne te sens-tu pas fatiguée ? » lui demanda-t-il.
« Je vais très bien. Je crois que c’est grâce au mana dans mes bottes, » maintenant qu’il s’en remémorait, la vendeuse du magasin de vêtements avait dit qu’elles avaient le pouvoir de réduire la fatigue. Cela avait certainement eu cet effet.
« Pendant que tu attendais mon réveil, étais-tu immobile pendant tout ce temps ? » lui demanda-t-il.
« Non, je regardais votre visage, Maître, » déclara Néphy.
« Je vois..., » alors qu’elle lui avait dit ça, Zagan s’était couvert le visage.
Cependant, puisqu’elle avait fait des pieds et des mains pour préparer un repas, il ne pouvait pas la faire attendre indéfiniment.
« Le petit-déjeuner, c’est ça ? » demanda-t-il.
« Oui, » tandis que Zagan se levait, Néphy s’avançait sur le côté et s’inclinait.
Elle avait déjà les manières d’une femme de chambre professionnelle.
Alors qu’il se dirigeait vers la salle à manger du château, Zagan lâcha un léger « Ah ! »
« Euh... ? Il y a un problème ? » lui demanda Néphy.
« Ah, euh, Néphy, » balbutia Zagan.
« Oui, » en réponse à la fille qui inclinait la tête sur le côté tout en le regardant fixement, Zagan se gratta la nuque et l’appela d’une voix agitée.
« ... Bonjour, Néphy, » il s’agissait des mots qu’il ne pouvait pas lui dire la veille.
Néphy cligna deux fois des yeux comme si c’était inattendu, puis elle parla d’une voix enchanteresse.
« Oui. Bonjour, Maître. » D’une manière ou d’une autre, l’intérieur de la poitrine de Zagan était chaud et il se sentait étrangement bien.
◇◇◇
La porte du côté droit du hall d’entrée donnait accès à une salle à manger.
La salle spacieuse de l’autre côté possédait une unique longue table qui pouvait accueillir une vingtaine de personnes, et un lustre extravagant était suspendu au-dessus.
Cet endroit aurait aussi dû être un cimetière rempli de squelettes et de toiles d’araignée, mais à l’heure actuelle, c’était incroyablement propre. Même la nappe n’avait pas un seul pli, comme si elle était toute neuve.
Il semblait que Néphy était le genre de fille qui, lorsqu’on lui donnait un travail, se déplaçait et l’exécutait méticuleusement.
Sur la table maintenant immaculée, il y avait une salade saupoudrée d’huile et du pain moelleux. Juste au moment où Zagan pensait que l’un des bols était vide, Néphy y avait versé de la soupe réchauffée. Elle semblait tenir compte du fait que Zagan pourrait ne pas se réveiller tout de suite.
Il s’agissait d’une quantité modérée de nourriture, mais même Zagan avait compris que c’était un menu avec un bon équilibre nutritionnel.
Et puis, il avait incliné la tête sur le côté.
« Hm ? Hier, est-ce qu’on a acheté quelque chose comme du pain ? » lui demanda Zagan.
« Non. Je l’ai fait cuire il y a un instant, » répondit Néphy.
« Peux-tu même faire du pain ? Toute seule ? » Zagan avait fait une tête comme s’il n’arrivait pas à le croire, et Néphy avait incliné sa tête sur le côté comme un petit oiseau.
« Est-ce que c’est étrange ? » lui demanda Néphy.
« Je n’en sais rien. C’est la première fois que je rencontre quelqu’un qui sait si bien cuisiner. Du moins, il n’y avait personne autour de moi qui pouvais faire un aussi beau repas, » répondit-il.
« Est-ce que c’est le cas ? » Bien qu’elle murmurait cela d’une voix monotone, Zagan ne négligeait pas le fait que ses longues oreilles tremblaient.
Est-ce que c’est peut-être un signe... qu’elle est ravie ? Il était certain que lorsqu’elle était gênée, le bout de ses oreilles devenait rouge.
On disait que les yeux en disaient beaucoup plus sur une personne que sa bouche, mais dans le cas de Néphy, il aurait été plus facile d’observer ses oreilles.
Tout en trouvant une telle découverte agréable, Zagan remarqua que Néphy était toujours debout.
Sur la table, seule la portion de nourriture de Zagan avait été préparée.
« Néphy, as-tu déjà mangé ? » lui demanda Zagan.
« Non, » répondit-elle.
« Alors, maintenant, mange avec moi, » au contraire, Zagan se sentait mal à l’aise s’il mangeait tout seul.
Néphy avait légèrement remué sur elle-même comme si elle était troublée.
« Qu’est-ce qui ne va pas ? » lui demanda-t-il.
« C’est... j’ai seulement fait assez... pour la part du Maître, » répondit Néphy.
« N’avais-tu pas l’intention de manger ? » lui demanda Zagan.
« Eh bien, j’ai tout simplement oublié de faire ma propre portion. » Ça ressemblait vraiment à quelque chose que cette fille ferait.
Et laisser une fille digne d’éloges sans rien et manger tout seul n’était pas quelque chose que Zagan pouvait supporter.
« Alors, c’est correct de le partager en deux, n’est-ce pas ? » Zagan avait séparé le pain en deux.
Le pain fraîchement cuit était encore un peu chaud, et il s’était facilement séparé alors qu’il s’étirait un peu. Tandis que l’arôme parfumé frottait vers le nez de Zagan, il poussait un soupir avec un « Hooo ».
Cependant, Néphy n’avait toujours pas pris place.
« Et si tu t’asseyais ? » lui demanda Zagan.
« ... La seule chaise que j’ai réussi à préparer... est celle que vous utilisez, Maître. » Au début, cette pièce était tellement sale qu’elle ne pouvait pas être considérée comme un bon environnement pour un repas. Si Néphy avait nettoyé le dessus pour la nourriture, alors elle n’avait pas encore eu le temps de préparer toutes les chaises, surtout qu’elle n’avait pas prévu cette situation.
Zagan aurait pris un autre siège sans se soucier de se salir, mais toutes les autres chaises avaient déjà été rangées ailleurs.
Si je lui cède la seule chaise à table... Non, Néphy ne s’assiérait jamais à la table qu’elle a faite juste pour moi, hein ? pensa-t-il.
Cependant, il ne pouvait rien voir qui ressemblait à un siège dans la zone. Et donc, pour l’instant, il avait pensé que c’était bien de partager la chaise. Cependant, la chaise n’avait pas semblé être faite de façon assez large. Si les deux s’asseyaient dessus, il était clair qu’elle basculerait.
Non, il devrait être possible de le garder stable, n’est-ce pas ? pensa-t-il.
Même s’il était inutile d’essayer de s’asseoir sur la moitié de la chaise, cela fonctionnerait peut-être si elle s’asseyait sur ses genoux. Vu le poids de Néphy, cela ne l’aurait pas dérangé du tout si elle s’était assise sur lui pendant qu’ils mangeaient, et puisqu’ils seraient tous les deux face à la nourriture, c’était une bonne idée. Pour le dire franchement, Zagan venait de se réveiller et il était peut-être encore à moitié endormi.
C’est pourquoi il n’avait pas douté une seule seconde que c’était la meilleure solution.
Après s’en être assuré, Zagan hocha la tête.
« Alors tu peux t’asseoir ici, » déclara-t-il.
« P-Par ici, vous voulez dire... ? » Néphy avait tressailli.
En entendant la voix perplexe de Néphy s’échapper, Zagan indiqua irrémédiablement ses propres genoux.
Il était évident de constater que les yeux azur de Néphy tremblaient en raison du malaise ressenti lorsqu’on lui avait dit de s’asseoir sur ses genoux. On aurait même dit que les pointes de ses cheveux blancs comme neige étaient en train de pousser.
Mais en raison de la réaction de cette fille, Zagan s’était finalement rendu compte qu’il disait quelque chose d’étrange.
Hm ? Non, attends ! Assise sur mes genoux... N’est-ce pas pratiquement la même chose que de s’enlacer tous les deux ? Revenant à la raison, il s’était quand même rendu compte que c’était une idée terrible, ce qui lui avait donné envie de se mettre en boule et de mourir.
Cependant, Néphy avait alors ouvert la bouche avec résolution pour parler.
« Je ne peux pas commettre un acte aussi grossier. » C’était tout simplement raisonnable. C’était aussi la meilleure réponse possible à donner dans une telle situation. Si Zagan avait simplement hoché la tête, tout aurait été réglé.
Cependant, le tact et l’efficacité de la réponse de Néphy avaient perturbé Zagan, de sorte qu’il avait fini par être complètement obstiné face à elle.
« Ne t’inquiète pas de ça. Je te dis que c’est très bien ainsi, » déclara-t-il
Qu’est-ce que je dis !? C’était peut-être simplement qu’il ne voulait pas admettre sa propre erreur. Franchement, si c’était quelque chose qu’il pourrait s’arracher, il était sûr qu’il se serait arraché la bouche après avoir dit cela.
« M-Mais..., » les bouts d’oreilles de Néphy étaient teints en rouge. Et tandis qu’il regardait son visage dont les yeux semblaient former de petites larmes...
Qu’est-ce que c’est ? J’ai l’impression que je vais la pousser dans un coin un peu trop cette fois-ci, pensa-t-il.
Même s’il savait que c’était impoli de sa part, après l’avoir vue si secouée, il avait envie d’en voir plus.
S’éclaircissant la gorge en toussant, Zagan avait encore une fois giflé le haut de ses jambes.
« Dépêche-toi de venir. Les aliments deviendront froids si tu prends trop de temps, » déclara-t-il.
« Euh..., » avec un soupir long et délicat, les oreilles pointues de Néphy s’affaissèrent.
Il semblait qu’elle avait abandonné.
« Maître, tout est... comme vous le demandez..., » Néphy s’était assise avec timidité sur les genoux de Zagan.
Elle l’a vraiment fait ! La douceur de ses fesses se transmettait à travers sa jupe. Il voulait l’étreindre par-derrière et doucement la caresser.
Sans le vouloir, les bruits de Zagan déglutissant avaient retenti.
Mais même ainsi, puisque c’était son ordre, Zagan avait fait semblant d’être calme et avait pris un morceau de pain.
« Tiens, tu peux le manger, » déclara-t-il.
« ... Maître, c’est... assez embarrassant, » les oreilles de Néphy étaient d’un rouge vif jusqu’aux racines.
« En effet. Je peux le dire en te regardant, » répondit-il.
« ... Maître, c’est méchant, » Néphy avait rapproché son visage de la paume de Zagan. Et puis, elle avait pris le morceau de pain avec ses lèvres roses et l’avait mangé.
« Je peux manger le reste tout seul, donc..., » commença-t-elle.
« D-D’accord, » il voulait regarder Néphy être timide un peu plus longtemps, mais il était arrivé au moment où le cœur de Zagan atteignait ses limites à cause des sentiments de culpabilité et de honte.
Et puis, il avait remarqué que les oreilles pointues de Néphy tremblaient.
C’était en effet embarrassant, mais il semblait qu’elle ne le détestait pas tant que ça.
Se sentant en quelque sorte soulagé de constater cela, Zagan avait ensuite pris la parole.
« La prochaine fois, assure-toi de préparer ta propre portion de nourriture, » déclara-t-il.
« ... D’accord, » répondit-elle.
« Ça ne me dérange pas non plus de refaire ça la prochaine fois, » continua-t-il.
« Je vais faire les préparatifs nécessaires pour la prochaine fois, » il s’agissait d’une réponse résolue.
Zagan avait ensuite tendu la main pour prendre de la soupe avant qu’elle ne soit froide, mais Néphy avait poussé la cuillère de côté avant qu’il ne puisse le faire.
« Néphy ? » Tandis que Zagan plissait ses sourcils, la fille habillée en servante avait ramassé de la soupe dans sa propre cuillère.
Après avoir doucement soufflé dessus pour la refroidir, elle l’avait tenue devant Zagan.
« Je vous en prie, profitez-en, Maître, » son expression était aussi inorganique que d’habitude, mais on aurait dit qu’elle était en colère.
Ainsi, il s’agit de sa vengeance pour ce que je lui ai fait ? se demanda-t-il.
Quoi qu’il en soit, la personne qui l’avait fait était également embarrassée. Les bouts de ses oreilles étaient teints en rouge comme s’ils brûlaient, et sa main, qui tenait la cuillère, tremblait légèrement. En pensant à la façon dont elle avait soufflé affectueusement sur la soupe pour la refroidir, plutôt que de se venger, cela ressemblait plus à une récompense.
J’ai le sentiment de vouloir qu’elle le fasse à chaque fois, pensa-t-il.
C’est pourquoi Zagan avait ouvert sa bouche et l’avait laissée faire ce qu’elle voulait.
Avec des mouvements un peu maladroits, Néphy avait porté la cuillère sur ses lèvres.
Il semblait être un mélange de viande d’agneau et de légumes racines qui avaient été bouillis dans du lait, mais après l’avoir placé dans sa gorge, Zagan pouvait sentir une sensation de chaleur s’étendre jusqu’à son estomac.
« Est-ce chaud, hein ? » lui demanda-t-il.
« Oui ? » lui demanda-t-elle en retour.
« Ah ! Non, je parle de la soupe ! » Bien sûr, il y avait également la chaleur de Néphy assise sur ses genoux, mais Zagan l’avait nié avec une grande agitation.
Néphy le fixait d’un air vide, mais après un petit moment, elle hocha lentement la tête.
« ... Oui. C’est... assez chaud, » comme si elle mordait dans quelque chose, Néphy l’avait dit à haute voix.
Ce serait bien... si ce genre de choses pouvait continuer pour toujours, pensa-t-il.
Et dans son cœur, elle s’était également dit ça à elle-même.
***
Partie 3
Ce jour-là, la chambre de Néphy était enfin impeccable.
Elle avait insisté pour faire toute seule le nettoyage, mais il lui était difficile de transporter avec ses bras minces des objets lourds comme les meubles. C’est pourquoi Zagan avait lui-même transporté des choses comme le lit et les commodes.
Cela étant dit, même aujourd’hui, les seuls vêtements qu’elle possédait étaient la robe qu’elle portait à l’origine, les vêtements de bonne et une poignée de sous-vêtements. Zagan voulait lui offrir un peu plus de variété par rapport à ce qu’elle avait là.
Je pense que je devrais réfléchir à la façon de gagner de l’argent, pensa-t-il.
Vendre ses connaissances en sorcellerie était la méthode la plus rentable pour gagner de l’argent, mais elle avait le défaut qu’il était facile de remonter jusqu’à lui. Bien que cela avait été possible quand il était seul, si l’Église intervenait maintenant et qu’il arrivait quelque chose à Néphy, cela ne pourrait pas être défait même s’il massacrait tous ses ennemis.
Dans ce cas, tout comme faire office de garde contre les bandits de l’autre jour, il serait rapide et facile de se faire embaucher par quelqu’un, mais il y avait aussi de longues heures de trajet, et il y avait des jours où il ne pourrait pas retourner au château.
Les gens disaient toujours qu’il y avait des choses qu’on ne pouvait pas acheter avec de l’or, mais c’était une réalité qu’il ne reste plus d’argent pour vivre correctement.
Il lui restait encore un peu d’argent de la récompense qu’il avait reçue pour avoir sauvé le chariot, de sorte qu’il n’aurait plus de problèmes de nourriture pour tout de suite, mais il lui fallait quand même penser rapidement à une contre-mesure.
Et puis, tout en continuant à nettoyer le château avec Néphy, quelques jours s’étaient écoulés.
Tandis que Zagan était dans les archives du château, parcourant des textes sur la sorcellerie qui s’étalaient devant lui, Néphy lui posa une question.
« Maître, que recherchez-vous depuis tout ce temps ? » Même s’il était absorbé dans sa vie heureuse avec Néphy, Zagan n’oubliait pas de se consacrer à l’étude de la sorcellerie.
Néphy s’occupait sans relâche de choses comme la cuisine et le nettoyage, donc même s’il l’aidait un peu, c’était rendu au point où il avait pu faire encore plus de progrès dans ses recherches.
En réponse, Zagan avait incliné la tête sur le côté. « Même si tu demandes quoi, est-ce que ça ressemble à autre chose que de la sorcellerie ? »
« Je crois... que c’est le cas, mais je ne vois pas la raison de dessiner de tels cercles..., » en entendant cela, Zagan avait été assailli par un certain émerveillement.
« La sorcellerie elfique est-elle différente ? » lui demanda-t-il.
Néphy secoua la tête, et ses cheveux blancs comme neige se balançaient dans l’air. « C’est parce que... Je ne peux pas utiliser la sorcellerie. » Il s’agissait d’une réponse inattendue.
Même si elle est censée posséder un mana de bien meilleure qualité que la plupart des autres..., pensa-t-il.
Il pensait que c’était vraiment dommage. Cependant, même si cela ne pourrait pas lui servir, Zagan indiqua le cercle magique qu’il était en train de dessiner.
« C’est ce qu’on appelle un cercle magique. C’est le “schéma” utilisé par les sorciers pour provoquer des phénomènes de la manière dont ils voudraient qu’ils arrivent, » déclara-t-il.
« Sch... éma? » Il semblait que c’était du vocabulaire qu’elle n’avait jamais entendu auparavant. Et ainsi, Zagan avait commencé à expliquer dès le début.
« Voyons voir. Par exemple, il y a des dispositifs en ville comme des roues à eau et des chariots, n’est-ce pas ? Ces choses sont différentes des simples outils tranchants et marteaux dans la mesure où ils sont composés de nombreux composants. Si ces composants ne sont pas tous assemblés correctement, l’objet ne fonctionnera pas. Le document qui indique toutes les mesures et autres pour consolider ces composants s’appelle un schéma, » expliqua-t-il avec douceur.
Une carriole possédait des mesures comme la taille des roues et de la boîte et elle comprenait des composants tels que la porte, les sièges faits de nombreux morceaux de bois assemblés avec des clous et des morceaux métalliques. Une roue à eau était encore plus complexe, et la taille et le nombre d’engrenages devaient être correctement réunis pour la créer. Ce n’était pas quelque chose que l’on pouvait faire avec juste de la pratique. Non, il fallait avoir un dessin que tout le monde peut comprendre d’un seul coup d’œil.
Néphy acquiesça d’un signe de tête lorsqu’elle parvint à le comprendre.
« La sorcellerie n’est pas si différente. Tout commence par le dessin du plan — dans notre cas, un cercle magique, » tout en parlant, Zagan avait dessiné un symbole sur le sol poussiéreux.
« Il y a une notion que de tels symboles possèdent du pouvoir. Le symbole de croix qui est vanté par l’Église est à peu près dans le même cas. On dit qu’il s’agit de lettres laissées par les dieux, ou de preuves de contrat avec le diable, mais je ne sais même pas ce qu’ils sont réellement. » Ou peut-être, la simple croyance qu’il y avait du pouvoir ou du divin en eux avait donné naissance au véritable pouvoir.
Après avoir touché à la sorcellerie, les lois du monde étaient devenues ambiguës, et il était devenu clair qu’il avait une structure insondable présente en toile de fond.
Après ça, Zagan avait entouré le symbole qu’il avait dessiné avec un cercle.
« Ceci... est le cercle magique avec la forme la plus simple. Celui-ci provoque un éclair de foudre, et après avoir versé du mana dedans, cela se produira, » déclara-t-il.
« Euh, quoi..., » elle ne pensait probablement pas qu’il l’activerait dans cet endroit, alors une voix paniquée s’était échappée de Néphy.
Mais même ainsi, alors que Zagan touchait le cercle magique, une petite étincelle crépitante se répandit.
Après s’être mise sur la défensive, Néphy avait cligné des yeux comme s’il s’agissait de quelque chose de totalement inattendu.
« Est-ce... un éclair ? » lui demanda-t-elle.
« Oui. Cela dit, il se disperse tout de suite dans l’air, de sorte qu’il n’a pas l’air d’être un éclair, » répondit-il.
« Haaaa..., » en voyant Néphy faire une réponse insatisfaite, un sourire semblait se glisser sur le visage de Zagan.
« Tout cela n’est pas si différent des feuilles qui flottent à la surface de l’eau. Tu ne peux pas donner naissance au feu juste en frappant le silex ensemble, n’est-ce pas ? C’est pourquoi nous ajoutons des symboles pour amplifier l’effet. Il y a des symboles pour déterminer la direction de la puissance, des symboles pour définir la portée et des symboles qui définissent le moment de l’activation, » tout comme lorsqu’il avait dessiné le symbole pour la foudre, Zagan avait continué à dessiner plusieurs symboles alignés ensemble, puis avait tracé un cercle autour du tout.
« Maintenant, avec ces symboles en plus, nous pouvons enfin créer un phénomène digne de ce nom, » alors qu’il déversait du mana, des traînées d’éclairs descendirent en provenance du plafond.
« Hya, » en entendant Néphy laisser sortir un petit gémissement, Zagan avait légèrement ri.
« Désolé, désolé. Cependant, grâce à ce cercle, n’importe qui peut utiliser la sorcellerie en versant la bonne quantité de mana. C’est pourquoi, même si tu traces un cercle magique, cela n’a pas de sens si ton ennemi le vole avant que tu ne puisses l’utiliser. C’est aussi pourquoi l’étape suivante est d’ajouter des contraintes pour que toi seul puisses l’utiliser, » d’une certaine manière, il s’agissait de la sorcellerie qui protégeait de la sorcellerie.
L’autre jour, lorsque Barbatos s’était introduit dans la barrière et que Zagan avait annulé l’effet de la sorcellerie de son ennemi, cela avait été fait en écrasant cette partie du cercle magique et en la volant.
« Cette chose doit être compliquée, sinon elle sera tout de suite saisie par un autre sorcier. À partir de là, c’est directement lié aux compétences de l’individu. Ainsi, un cercle magique avec ce genre de composition s’appelle un “circuit”, comprends-tu ça ? » La véritable force d’un sorcier était basée sur l’efficacité des circuits de haut niveau, ainsi que sur la capacité à protéger les symboles de son noyau.
On pouvait aussi dire que l’altération d’un cercle magique afin de remplacer le sort inscrit était une autre démonstration de force.
Après avoir entendu tout cela, Néphy semblait fixer le cercle magique avec un profond intérêt.
« Quelque chose ne va pas ? » lui demanda Zagan.
« Eh bien, Maître, vous avez ajouté le “circuit” à l’extérieur. Est-il possible de l’ajouter à l’intérieur ? » Avec un « Hooo », Zagan avait poussé un soupir d’admiration.
« C’est un bon point sur lequel se concentrer. La réponse est que c’est impossible, mais c’est également possible, » répondit-il.
« ... Quoi ? » Néphy avait incliné la tête sur le côté comme s’il disait n’importe quoi.
Mais Zagan avait continué sur un ton quelque peu étrange.
« Pour l’instant, ce serait comme prendre un cercle magique complété et créer un autre cercle magique en son sein. Mais en faisant cela, le flux de mana deviendra chaotique et ni l’un ni l’autre ne s’activera, ni ne se libérera spontanément. Cependant, comme la sorcellerie elle-même est basée sur le flux du pouvoir contenu dans le mana, cela devrait en théorie être possible, » Néphy ruminait un peu là dessus.
Après cela, elle avait ouvert la bouche comme si elle n’était pas entièrement convaincue.
« Est-ce que cela aide à mieux contrôler la sorcellerie activée ? » Cette fois, c’était Zagan qui avait ouvert en grand ses yeux.
« Correct. Et si cela pouvait être fait, cela signifierait qu’aucune sorcellerie ne pourrait être volée. » Toutes les attaques nées de la sorcellerie seraient une simple source d’énergie pour celui qui était attaqué. C’était à un autre niveau que de détourner un cercle magique. C’était comme si vous pouviez jouer au jeu de pierre-papier-ciseaux après que votre adversaire ait choisi.
Non seulement cela, mais la sorcellerie pourrait être activée sans échec possible et il n’y aurait aucun moyen de l’empêcher.
« En d’autres termes — en théorie, ce serait la forme ultime de la sorcellerie, » après avoir dit ça, Zagan haussa les épaules.
« Mais ce n’est qu’une théorie. S’il était si facile à mettre en pratique, personne ne connaîtrait de difficultés, » continua Zagan.
« Oh... ? On dit que les sorciers vivent longtemps et qu’ils consacrent tout à la recherche de la sorcellerie. Mais même ainsi, cela ne peut pas être fait ? » lui demanda Néphy.
« Hmm, eh bien, je dirais que c’est plus parce que personne ne fait de recherches sérieuses sur cette théorie, » Néphy avait incliné la tête sur le côté comme si ce qu’il disait avait encore moins de sens que ses déclarations précédentes.
« Les sorciers ne sont pas des chiens de guerre comme les soldats ou les Chevaliers Angéliques. Ils font des expériences par désir pour des choses comme l’immortalité, ou pour savoir jusqu’à quel point ils peuvent aller avec un miracle qu’ils peuvent créer avec la sorcellerie, ou pour savoir s’il est possible de ressusciter les morts. » En d’autres termes, les sorciers ne pensaient qu’à eux-mêmes. C’était une race égoïste.
Les gens qui ne reconnaissaient rien en dehors de leur propre monde ne ressentaient même pas la signification de la compétition avec les autres.
« Naturellement, il y a ceux comme le sorcier d’hier qui sont engagés par d’autres ou qui coopèrent dans les guerres. Mais ce n’est que le moyen, pas la fin en soi. Ils ne font cela que parce qu’une bonne recherche coûte de l’argent. Le seul but dans leur esprit est de savoir comment en faire plus pour qu’ils puissent financer leurs recherches, » déclara Zagan.
Néphy avait ouvert la bouche comme si elle avait du mal à traduire ses pensées en mots.
« ... J’ai déjà entendu dire que les sorciers torturent les autres, » déclara Néphy.
« Ouais. Il y a probablement des idiots qui font ça pour se distraire ou pour tuer le temps. Cependant, il n’y a aucun d’eux qui étudient la sorcellerie pour uniquement pouvoir faire ça. Après tout, il y a une montagne d’outils plus efficaces quand il s’agit de torture. » L’histoire des appareils de torture était longue. Se procurer des secrets en faisant ouvrir la bouche des autres était une tradition de longue date.
Ils avaient été en grande partie nettoyés, mais même ce château était rempli d’une montagne d’appareils de torture.
Il existait une sorcellerie qui utilisait l’angoisse et la haine des gens comme catalyseur.
« Pour en revenir au sujet original, la sorcellerie ultime que j’ai mentionnée tout à l’heure est quelque chose qui vous aiderait à lutter contre d’autres sorciers. Il peut être utile pour voler les recherches d’autres sorciers, mais il n’a pas d’autre utilité. C’est pourquoi personne ne se donne la peine de faire des recherches, » déclara Zagan.
Eh bien, ce n’est pas comme s’il n’y avait pas d’idiots qui font des recherches sérieuses..., pensa-t-il.
Zagan avait décidé qu’il n’y avait pas de sens à en parler et donc, il l’avait mis de côté.
Après lui avoir expliqué cela, Néphy lui avait fait un signe de tête convaincu.
Cependant, elle marmonnait encore quelque chose, comme si elle n’était pas entièrement satisfaite. « J’ai l’impression de comprendre la théorie derrière la sorcellerie, mais... »
« Quoi ? Je t’écoute, » lui demanda Zagan.
D’un ton quelque peu empli de curiosité, Néphy avait dit ce qui suit. « Mais, tant que l’on connaît la structure, une personne ne peut-elle pas l’utiliser ? »
Néphy semble avoir un vrai talent pour la sorcellerie, hein ? pensa-t-il.
Sûrement que si elle n’avait pas ce collier, elle aurait l’étoffe d’une sorcière exceptionnelle. Et c’était peut-être même au-delà de Zagan.
Après cela, Zagan hocha la tête comme s’il faisait l’éloge d’un étudiant qui s’était bien débrouillé.
« Oui, très bien. Lorsque nous, sorciers, nous acquérons des connaissances, il y a un lien direct avec le pouvoir que nous acquérons. Le degré d’efficacité et de rendement de l’utilisation de ces ressources dépend toutefois des compétences individuelles. » Ce n’était pas comme si Zagan était un sorcier dès sa naissance.
S’il était devenu un sorcier renommé à l’âge de dix-huit ans, c’était parce qu’il avait volé le savoir d’un certain sorcier.
Ça fait déjà... dix ans depuis... hein... ? pensa-t-il.
C’était quelque chose qui s’était produit quand Zagan avait huit ans.
Mais même ainsi, cela n’avait rien à voir avec le sujet à l’étude. Et après avoir secoué la tête, il avait continué à parler.
« C’est pourquoi nous avons mis en place une montagne de pièges et d’astuces pour qu’elle ne puisse pas être volée... Néphy, fais attention quand tu touches à quelque chose dans cette pièce, d’accord ? » déclara-t-il.
« ... Hein. » Néphy avait réagi avec surprise en entendant ça.
« Je plaisante, je plaisante. C’est réglé pour que les pièges ne s’activent pas même si tu les touches, » déclara Zagan.
« ... Maître. C’est méchant, » il s’agissait d’un ton délicat, comme si c’était un reproche et un soulagement en même temps.
Ensuite, l’extrémité des oreilles pointues de Néphy avait frémi comme si elle était heureuse.
« Oh... ? Tu as l’air heureuse. S’est-il passé quelque chose de bien ? » lui demanda Zagan.
« Hyuuuuu ? » Tandis que Zagan inclinait la tête sur le côté, Néphy sursauta et perdit sa présence d’esprit. Elle avait ensuite touché son propre visage comme si elle trouvait cela étrange.
« Comment le savez-vous ? » lui demanda Néphy.
« C’est que je peux le dire juste en te regardant. » Cette fois, l’extrémité des oreilles pointues de Néphy s’était affaissée avec découragement, puis s’était tortillée et avait été se replacer comme s’il s’agissait d’un cycle. Elle semblait à la fois bouleversée et heureuse.
Tout en couvrant son visage, Néphy regarda timidement Zagan à travers l’espace entre ses doigts.
Franchement, il admirait le fait que son expression de base n’avait pas changé du tout au cours de tout ce processus.
Après s’être un peu arrêtée, elle s’était mise à parler. « Maître, c’est parce que c’est la première fois... que vous m’avez tellement parlé... » Zagan savait que son propre visage était devenu rouge. Et, en même temps, il était tourmenté par un fort sentiment de regret.
C’est vrai, n’est-ce pas !? Je ne parle qu’en termes détournés, pas vrais ? Tout comme Zagan était troublé de pouvoir lire l’expression de Néphy, elle aussi était probablement troublée par le fait qu’elle ne pouvait jamais comprendre ce qu’il essayait de dire.
Après s’être éclairci la gorge avec une toux, Zagan avait retrouvé son sang-froid.
« Après tout, je n’ai rien d’autre que la sorcellerie. Comme c’est mon domaine d’expertise, mes lèvres vont se relâcher un peu plus, » déclara Zagan.
« D’accord. » Il ne savait pas exactement de quoi elle était convaincue, mais Néphy hocha la tête et il pouvait savoir qu’elle était heureuse sans même regarder ses oreilles.
Après cela, tout en montrant de légers signes d’hésitation, Néphy avait ouvert la bouche avant de lui parler.
« Maître, me permettez-vous de poser une question ? » Quand elle agissait d’une manière si cérémoniale, cela signifiait qu’elle avait pris la résolution de demander quelque chose à sa façon.
Et ainsi, Zagan corrigea sa posture en hochant la tête.
« Qu’est-ce que c’est ? Écoutons ce que tu as à me dire, » déclara-t-il.
« Maître, il me semble que vous possédez déjà un grand pouvoir. Et pourtant, en ce moment même, vous faites des recherches pour devenir encore plus fort. » S’arrêtant brièvement, après avoir dégluti, la jeune fille avait dit ce qui avait suivi. « Maître, que désirez-vous ? Qu’espérez-vous gagner en devenant plus fort ? »
Zagan n’avait pas été en mesure de répondre immédiatement à cette question. Qu’est-ce qu’il désire... ? Pourquoi exercerait-il ce pouvoir ?
L’expression de Néphy s’était assombrie en attendant qu’il réponde.
« Mes excuses. Ce n’est pas quelque chose que j’aurais dû demander, » déclara Néphy.
« Non, c’est très bien, vraiment. » Alors qu’il se grattait la nuque, Zagan avait ouvert la bouche comme s’il avait du mal à exprimer ses pensées.
« Franchement, je n’y ai jamais vraiment pensé, » déclara Zagan.
« Jamais... pensé à ça ? » Quand elle l’avait dit comme ça, cela semblait vraiment stupide.
Tandis que son regard dérivait dans les airs, Zagan hocha la tête.
« Si je devais dire quelque chose, alors... peut-être... pour vivre ? » déclara Zagan.
Néphy avait avalé ses paroles.
« Pour... vivre ? » lui demanda-t-elle.
« Tout à fait. Quand j’étais gosse, je n’avais pas d’argent ou d’endroit où vivre, alors j’ai survécu en volant des choses. À l’époque, eh bien, je ne pouvais pas défier les adultes ou les gens avec un vrai pouvoir, mais je me sentais quand même assez chanceux. Ce que j’entends par là, c’était qu’au moins, j’étais en vie. » Maintenant qu’il y avait repensé, il pensait qu’elles étaient toutes de bonnes personnes.
Il y avait eu des moments où il avait été jeté en prison, mais même à ce moment-là, il avait reçu au moins de la nourriture et n’avait jamais été menacé de mort.
« Et puis un jour, j’ai été capturé par un sorcier. Même si je ne suis pas une elfe comme toi, les enfants font toujours de bons sacrifices, » déclara Zagan.
« Ah ! » Après avoir dit cela, il avait réfléchi sur le caractère irréfléchi de ses paroles.
Il y a quelque temps, Néphy avait été capturée pour le même usage.
Quoi qu’il en soit, il serait contre nature d’arrêter de parler ici. Et ainsi, Zagan avait continué à parler à un rythme légèrement plus rapide.
« Eh bien, alors que j’étais sur le point d’être tué, j’ai trouvé une ouverture et j’ai retourné la situation, » continua-t-il. « Et puis j’ai réalisé que pour survivre, le seul choix qui s’offrait à moi était d’acquérir du pouvoir. C’est pourquoi je voulais devenir fort. Si nous parlons de désirs, alors cela serait limité à ça. Cela peut sembler cliché, mais c’est cette petite chose qu’on appelle l’immortalité. »
Avait-elle été déçue ? Néphy s’était tenu la poitrine et avait baissé sa tête.
« ... J’ai été... incapable... de devenir... si forte que ça. » Certes, les circonstances de Zagan et de Néphy étaient peut-être assez similaires.
Et parce qu’elle n’avait jamais réussi à acquérir toute seule le pouvoir, même maintenant Néphy se regardait avec dédain
Zagan avait ensuite essayé de briser la glace avec audace. « Hé, Néphy. »
« Oui, Maître, » répondit-elle.
« Si la sorcellerie t’intéresse, alors — Hm ? » Quand il avait commencé à dire ça, l’expression de Zagan était devenue sinistre.
« Y a-t-il un problème ? » demanda Néphy.
« ... On dirait qu’on a des invités non désirés. Néphy, je vais aller les saluer, alors je te laisse t’occuper du dîner, » déclara Zagan.
« Comme vous le souhaitez. Combien de portions dois-je préparer ? » lui demanda-t-elle.
« Juste assez pour nous deux, c’est parfait. Quoi qu’il en soit, ce lot devrait partir immédiatement. » En laissant Néphy alors qu’elle inclinait la tête sur le côté, Zagan était sorti des archives.
Sans pouvoir, je ne peux pas survivre, pensa-t-il.
Il avait serré ses dents comme s’il détestait ce fait lorsque l’idée lui avait traversé l’esprit.
***
Partie 4
« Il y a une demeure de sorcier dans un tel endroit..., » un homme avait haussé la voix en raison de sa perplexité.
Il y avait quatre personnes qui pénétraient dans la forêt qui s’étendait autour du château de Zagan. Trois hommes et une femme. Les hommes étaient dans la vingtaine ou la trentaine et Zagan pouvait dire que chacun d’entre eux était un Chevalier Angélique compétent. Il était probable que les trois hommes escortaient la femme.
Cependant, ce qui était gênant, c’était la femme qu’ils protégeaient.
Bien qu’elle avait l’air assez jeune, elle portait une grande épée sur son dos. Il était évident que ses bras minces ne contenaient pas la force nécessaire pour la déplacer, mais la jeune fille portait l’équipement de l’église appelé « Armure Sacrée ». Quiconque revêtait une telle armure gagnait des capacités physiques rivalisant avec celles d’un sorcier.
L’Armure Sacrée était certainement gênante, mais le plus gros problème était cette grande épée sur son dos.
Les Chevaliers Angéliques de l’Église utilisaient des épées qui possédaient une grande résistance à la sorcellerie, et elles avaient même la capacité de franchir les défenses d’un sorcier. Cependant, ce qu’elle présentait, c’était une aura de force qui s’échappait d’elle et qui se situait clairement à un tout autre niveau.
Est-ce l’une de ces Épées Sacrées... ? se demanda-t-il.
Il avait l’impression d’avoir déjà vu le visage de la jeune fille, mais avec son attention attirée par l’Épée Sacrée, il n’a pas réussi à se souvenir de qui il s’agissait.
L’un des chevaliers avait alors grogné. « Le vrai coupable derrière les enlèvements en série, hein ? Dire qu’il rôdait dans ce genre d’endroit. »
« ... Cela n’est pas encore clair. Nous sommes venus ici pour vérifier ce fait. » En entendant la conversation des Chevaliers Angéliques, Zagan était parvenu à une compréhension.
Maintenant que j’y pense, Barbatos a dit que j’étais l’un des suspects, n’est-ce pas ? Et il semblerait qu’ils se rendaient dans son domaine pour atteindre la gloire de subjuguer le coupable.
Il semblait qu’il avait raison, et même si tout était faux, l’Église n’était pas du genre à reculer.
Ils avaient déclaré l’existence même des sorciers maléfiques. Même s’il prouvait son innocence, le résultat ne changerait pas. Zagan était un sorcier. C’est pourquoi il était un ennemi qu’ils devaient abattre.
En réponse à la jeune fille, qui haussa la voix pour leur faire des reproches, un autre des Chevaliers Angéliques éclata de rire.
« Comme on peut s’y attendre de notre Vierge à l’Épée Sacrée, Lady Chastille. Vous faites preuve d’une telle compassion, même pour un sorcier, » déclara l’homme.
« Nous sommes fiers d’avoir eu l’honneur de nous battre à vos côtés, Lady Chastille. » Alors que les chevaliers la louaient d’une manière extravagante, la jeune fille avait fait une expression compliquée. Et finalement, ils avaient arrêté de marcher et s’étaient figés.
« C’est encore ce buisson. On ne peut pas continuer comme ça. » Il semblerait qu’ils avaient des difficultés avec l’une des barrières mises en place pour éviter les intrus. Alors qu’ils perdaient leur sens de l’orientation, ils tournaient en rond depuis un moment.
Zagan regardait cette scène de l’intérieur de la forêt, très amusé.
Le chemin qui menait au château s’étendait devant Zagan. L’autre jour, il avait sauvé une fille attaquée par un sorcier dans la même zone. Et les chevaliers se déplaçaient en pleine confusion sur le sentier de bifurcation se trouvant à cet endroit.
En regardant ces chevaliers, un doute lui était soudain venu à l’esprit.
Comment le sorcier de l’époque... a-t-il franchi ma barrière ? C’était une barrière qui pouvait même gêner les Chevaliers Angéliques. Il était impossible d’arriver dans une telle profondeur par chance ou par pur hasard.
De plus, il n’avait pas l’air d’un sorcier qui possédait assez de pouvoir pour franchir la barrière de Zagan. Après tout, il était le type d’homme qui avait commencé à mendier pour sa vie juste parce que Zagan s’était confronté à lui.
Quoi qu’il en soit, le vrai problème de Zagan était les Chevaliers Angéliques.
Ce serait bien qu’ils abandonnent et partent d’ici..., cependant, même si c’était évident, ils n’étaient pas des adversaires aussi capricieux.
« S’il vous plaît, écartez-vous. Il s’agit probablement d’une barrière faite par la sorcellerie. Je vais..., » la jeune fille s’avança, dégainant la grande épée à son dos.
Il y avait des symboles gravés le long de la surface de l’épée. C’était très différent de ceux utilisés en sorcellerie, mais la théorie était probablement la même. Si les symboles de la sorcellerie étaient semblables à des lettres, alors celle de son épée venait d’un alphabet différent. Et ces symboles présentaient un éclat pâle.
« J’y vais ! » L’épée de la fille s’était déplacée dans les airs.
Peu de temps après son attaque, Zagan pouvait dire que la barrière qui recouvrait le château s’était effondrée. La moitié... a été détruite, hein ?
Plusieurs des éléments qui fortifiaient sa puissance subsistaient encore, mais tous ceux destinés à chasser les intrus avaient été détruits avec cette seule frappe.
Comme la barrière qui trompait les yeux des chevaliers avait été détruite, Zagan n’avait pas d’autre choix que de les rencontrer.
« ... Mon Dieu. Les gens de l’Église ne connaissent-ils pas les bonnes manières ? Vous venez chez moi, et c’est ce que vous choisissez de faire ? » Il semblait que cette phrase les avait finalement alertés de la présence de Zagan, de sorte que les chevaliers avaient fait entendre leur voix en étant agités.
Les hommes s’étaient mis en travers de son chemin comme une tentative de protéger la fille, mais elle les avait simplement tenus en arrière avec sa main.
Après avoir regardé Zagan droit dans les yeux, elle murmura d’une voix amère. « Comme je le pensais... c’est vous. »
« Pardon, s’est-on déjà rencontrés ? » Il avait l’impression de l’avoir déjà vue, mais...
Après avoir regardé son visage un peu plus longtemps, il s’était finalement souvenu.
Je vois... C’est la fille qui allait être tuée l’autre jour, hein ? pensa-t-il.
Elle était d’une beauté considérable, mais à cette époque, elle ne portait pas d’Épée Sacrée et ne portait certainement pas d’Armure Sacrée. Actuellement, elle avait aussi les cheveux attachés, donc sa coiffure était très différente.
Mais même ainsi, s’il se souvenait bien, elle possédait un pendentif avec le symbole de l’église.
Si j’avais su qu’elle était un Chevalier Angélique, je ne l’aurais pas renvoyée comme ça..., il s’était rendu compte qu’il avait commis une grave erreur. Cependant, il serait inesthétique de s’arrêter là-dessus après si longtemps. Zagan avait donc décidé de faire comme s’il ne la connaissait pas.
« Je ne sais pas qui vous êtes ni d’où vous venez, mais disparaissez de là. Je suis occupé en ce moment, » Zagan avait levé rapidement son doigt, comme s’ils étaient simplement irritants, puis l’avaient ramené directement vers le bas sans un seul avertissement.
« Quoi ? » Immédiatement après cela, la foudre s’était abattue sur le groupe. Il s’agissait de la même sorcellerie qui avait réduit en cendres le dernier sorcier qu’il avait combattu.
S’ils portent une Armure Sacrée, ils ne mourront probablement pas, pensa-t-il.
L’armure qu’ils portaient avait des capacités défensives extrêmement élevées. S’il s’agissait d’une sorcellerie mineure, il était même capable de la refléter. Même s’il semblait plutôt brutal, Zagan essayait de se retenir à sa façon. Cependant — .
« Je vois, lancer d’une attaque-surprise. Comme je le pensais, les sorciers ne sont que des lâches dans l’âme. » Un Chevalier Angélique brandissant un grand bouclier avait protégé la fille. La fille qu’il couvrait était une chose, mais cela n’avait pratiquement eu aucun effet même sur les autres chevaliers.
Eh bien, c’est tout simplement évident, en fin de compte, il s’agissait toujours d’un groupe qui avait franchi la barrière de Zagan. S’ils n’étaient pas capables de supporter une telle attaque, ils n’auraient jamais pénétré aussi profondément dans son domaine.
« ... Quelle bande d’idiots ! Ce serait bien si vous arrêtiez simplement avec des bluffs aussi ennuyeux et rentriez chez vous, » Zagan avait soudain plissé les yeux et avait dit tout cela d’une manière si autoritaire que c’était pratiquement une attaque.
Si je n’en finis pas rapidement, je ne reviendrai pas à temps pour le dîner que Néphy me prépare ! S’il ne pouvait pas le manger alors qu’il était encore chaud, ce ne serait pas une bonne chose pour Zagan et Néphy.
« Argh..., » sentant cette vigueur anormale, la fille avait pris du recul.
Comme s’il remplissait cet espace, le Chevalier Angélique avec le grand bouclier s’avança. Puis, les deux autres l’avaient rejoint.
« Lady Chastille, reculez. Nous, les Chevaliers du Ciel d’Azur, sommes plus que suffisants pour lui, » se nommant d’un surnom exagéré, les chevaliers avaient fait face à Zagan.
Maintenant qu’ils en avaient parlé, Zagan avait remarqué qu’ils portaient tous les trois une armure bleue.
L’homme qui haussait la voix était un homme considérablement grand, et il tenait une hache dans sa main droite. Derrière lui se trouvait un grand et mince guerrier portant une lance. Cependant, plus loin derrière eux se trouvait quelqu’un avec une épée longue dégainée.
Il semble que leur tactique était d’utiliser le bouclier pour fatiguer leur adversaire, arrêter leurs mouvements à l’aide de la lance, puis d’utiliser l’épée longue pour porter le coup de grâce.
C’était une stratégie assez conventionnelle, tout bien considéré, et elle avait été largement utilisée en raison de son efficacité. On pourrait même dire que c’était la formation parfaite pour affronter un adversaire seul.
Cependant, Zagan s’était gratté la tête comme si c’était tout simplement ennuyeux.
« Allez-vous rentrer chez vous si je vous tabassais un peu ? » En entendant ce bref commentaire, qui pourrait être pris pour une provocation, les visages des Chevaliers Angéliques étaient teints de colère.
« Espèce de petit impudent ! » Celui avec le grand bouclier avait chargé en disant ça.
Le bouclier et l’armure pesaient probablement plus de cent kilos, mais il fonçait quant même à la vitesse d’un cheval rapide.
Ce n’était en aucun cas possible pour un humain ordinaire. Non, l’exploit n’avait été possible que grâce à la puissance de l’Armure Sacrée, que tous les Chevaliers Angéliques portaient.
L’armure et l’écu avaient été baptisés par l’Église et des symboles y étaient inscrits. La sorcellerie de bas étage serait incapable de percer leurs défenses, et ce n’était pas non plus une situation où il avait le temps d’invoquer quoi que ce soit de puissant.
« Fuhahahaaaaa ! Je t’écraserai avant même que tu ne puisses utiliser la sorcellerie. » Le grand bouclier de l’homme avait été mis en avant alors qu’il chargeait. C’était comme affronter un boulet de canon. Même s’il était un sorcier, Zagan savait qu’il serait transformé en viande hachée lors d’un coup direct. De plus, même s’il avait encaissé le bouclier, la longue lance derrière lui était à l’affût. Et puis, s’il avait miraculeusement survécu à l’attaque de la lance, l’épée longue à la toute fin serait inévitable.
Une victoire certaine était à leur portée grâce à cette méthode, mais Zagan ne montrait aucun signe de panique. À la place, il avait juste serré sa main droite.
Il avait brandi cette main vers le haut comme s’il s’apprêtait à lancer une pierre, puis il s’élança vers le bouclier.
Le poing et le grand bouclier étaient entrés en collision.
Arborant un sourire victorieux, le chevalier avait crié.
« Imbécile, tu mourras ic..., », mais, au moment même, le grand bouclier s’était brisé comme du verre.
***
Partie 5
Le poing de Zagan continua et pulvérisa même l’Armure Sacrée en s’enfonçant dans l’estomac du Chevalier Angélique.
« Qu’est-ce que... ? » Alors qu’il faisait une tête comme s’il n’avait aucune idée de ce qui s’était passé, le Chevalier Angélique qui portait le grand bouclier avait été renvoyé vers l’arrière à une vitesse supérieure à sa charge initiale.
Et pile derrière lui se trouvait l’homme à la lance, qui n’avait aucune chance d’éviter d’être frappé par le corps de l’homme portant une armure de 200 kilos.
« Mer —, » sans même pouvoir crier, le deuxième chevalier avait aussi été écrasé au sol.
Le troisième homme, qui portait une épée longue, avait réussi de peu à ne pas subir le même sort, mais son visage s’était raidi comme s’il n’arrivait pas à y croire.
« R-Ridicule, il s’agit de la formation ultime des Chevaliers du Ciel d’Azur..., » déclara-t-il.
« ... N’auriez-vous pas dû au moins regarder qui était la personne vivante dans le château quand vous envahissez un tel lieu ? Si vous aviez enquêté sur le genre de sorcellerie que j’utilise, vous n’auriez pas choisi une stratégie aussi stupide, » déclara Zagan.
Le poing de Zagan était entouré d’un cercle magique très complexe. Il avait condensé toute la puissance du cercle magique se trouvant autour de son château en un seul endroit.
Le mana avait une grande puissance quand il s’agissait de déplacer des choses. Et il pouvait atteindre un point où il avait assez de force pour briser l’Armure Sacrée de l’Église.
De plus, Zagan excellait dans la sorcellerie qui l’aidait à se défendre. Même une blessure mortelle serait immédiatement régénérée, et s’il n’avait aucune chance de victoire, il pourrait s’enfuir à une vitesse dépassant la compréhension humaine. Il avait concentré ses recherches sur le renforcement de ses capacités physiques. Et ainsi, pousser sur lui un bouclier, qui n’était rien de plus qu’une feuille de papier, était vraiment un acte empli de stupidité.
Zagan avait alors agité la main comme s’il chassait un insecte.
« Avez-vous bien vu là ? Si vous comprenez la situation, alors allez-vous-en. Ou alors, avez-vous l’intention de faire en sorte que cette femme mince trimballe trois morceaux de poids mort ? » Le visage du dernier Chevalier Angélique s’était tordu de colère au point qu’il avait eu l’impression de pouvoir tuer avec son regard.
« Pas encore ! Tant que je serai debout, la victoire sera à nous ! » cria le dernier chevalier.
« Hé, arrêtez ! Écartez-vous ! »
« Je ne m’écarterai pas, Lady Chastille. UOOOOOOOOOOOOOOH ! » Tenant son épée longue en l’air de ses deux mains, le chevalier était arrivé devant le sorcier en frappant directement de front avec un coup dirigé vers la tête.
Zagan le regarda de ses yeux froids et fit pivoter sa main gauche vers l’épée.
Sa main, enveloppée par la lumière d’un cercle magique, avait pris la forme d’une lame en prolongement de ses deux doigts tendus.
L’épée longue et les doigts de Zagan étaient entrés en collision. Et, en libérant un son d’un bruit aigu, l’épée longue s’était brisée au milieu.
Après cela, l’homme avait écarquillé les yeux au point qu’il avait l’impression que ses yeux allaient tomber.
« Impossible... Arg. » Et alors, Zagan avait tendu son bras.
« Qu-Qu’est-ce que tu es..., » Zagan avait donné un petit coup avec l’un de ses doigts sur le front déconcerté du Chevalier Angélique. Il s’agissait d’une farce qu’il faisait souvent quand il était enfant.
« Arggg ! » Cependant, à partir de cette seule frappe, l’arrière de la tête de l’homme était rentré en collision avec le sol.
Zagan avait alors impitoyablement marché sur le nez de l’homme qui se tortillait sur le sol.
« Hiigigigigigigi... »
« Comprends-tu maintenant ? Si j’applique simplement un peu plus de pression, ta tête sera écrasée comme une tomate. Le son des os dans ta tête grinçant... est quelque chose que tu n’oublieras jamais. Même maintenant, je ne peux pas dire que cela ait quitté mon esprit, » déclara Zagan.
C’était arrivé quand il avait été capturé par un certain sorcier. Alors qu’il était tombé dans le désespoir parce qu’il avait été offert en sacrifice, Zagan avait été horriblement torturé.
C’est pourquoi il savait à quel point ce son était terrorisant. Et pendant qu’il parlait, il tournait son attention vers la fille.
« Ne fais rien d’inutile. Avant même que tu puisses dégainer ton épée, le cerveau de ce type sera éclaboussé sur le sol. Je suis sûr que tu ne serais pas capable de laisser ça arriver quand tu as une chance de le sauver, n’est-ce pas ? » lui demanda Zagan.
« S-Sauvezzzzz... moiiii... AAAH ! » Alors que le Chevalier Angélique poussait un cri inesthétique, la jeune fille avait retiré sa main de la grande épée placée sur son dos.
Quelle fille sensée ! pensa-t-il.
En vérité, si la jeune fille l’avait agressé à ce moment-là, cela aurait été un problème pour Zagan.
Les trois Chevaliers Angéliques étaient peut-être des adversaires sans valeur, mais une Épée Sacrée était une tout autre affaire. Le poing de Zagan aurait probablement été impitoyablement coupé, avec tout le mana présent à l’intérieur. Il n’était pas sûr de pouvoir gagner, même dans son propre domaine.
Après avoir réfléchi un instant, la jeune fille l’avait regardé fixement.
« Tch... Pourquoi vous comportez-vous comme si c’était un jeu ? Avez-vous l’intention de ridiculiser les vaincus ? » Les yeux de la jeune fille qui avait dit cela étaient pour une raison inconnue colorés avec plus de déception que de colère.
Zagan avait alors fait une tête exaspérée comme si elle aurait dû connaître la réponse. « Savez-vous comment utiliser au mieux la peur ? »
« Quoi... ? » Le visage de Chastille devint de plus en plus sur ses gardes.
Zagan avait besoin de leur faire ressentir de la peur. Il devait leur faire comprendre que cela ne valait pas la peine de le défier et que ceux qui ne s’impliquaient pas seraient en sécurité. Il devait forer cette peur dans la tête non seulement d’eux, mais aussi aux gens au-dessus d’eux.
C’est pour cela qu’il s’efforçait de les tourmenter.
Zagan piétinait impitoyablement le Chevalier Angélique, et semait en lui les graines de la peur.
« Les gens ont peur de l’inconnu. Cependant, ce qui répand cette peur, c’est la bouche d’une personne. Même si je vous massacre tous ici, les gens qui vous ont envoyés ne verraient cela que comme un problème de nombres. Pour répandre la peur, vous avez besoin de survivre et de leur faire part de vos expériences. Des expériences comme celle-ci. » Alors qu’il mettait plus de force dans son pied, le Chevalier Angélique sous lui avait poussé un cri.
Il était probablement quelqu’un d’un statut social considérable, mais avec de la boue, des larmes, de la bave et du mucus mouillant tout son visage, il ne pouvait être décrit qu’avec un seul mot. C’était le mot pitoyable.
Cependant, la jeune fille avait dit ce qui avait suivi. « C’est un mensonge. »
« Oh... ? » Zagan avait ouvert ses yeux comme s’il trouvait ce qu’elle disait amusant.
« Il est vrai que l’instinct de conservation est probablement l’une des raisons pour lesquelles vous faites cela. Et en parlant de l’Église, ils réessaieraient probablement, avec un plus grand nombre, si vous nous tuez tous. Cependant, ce n’est pas votre véritable motif. » Le corps de Zagan s’était complètement raidi.
Si un cadavre était trouvé sur le terrain, alors Néphy aurait peur..., il s’agissait de la raison derrière le fait qu’il voulait les repousser sans les tuer.
Soudain, la jeune fille qui semblait avoir vu à travers Zagan avait vraiment souri.
« ... Comme je le pensais, » déclara-t-elle en plaçant sa main sur la grande épée à son dos.
« Attteendez... je n’ai pas envie de mourir..., » Le Chevalier Angélique sous le pied de Zagan suppliait pour sa vie, mais la fille n’enleva pas sa main de cette épée.
C’est mauvais. Elle a vu que je ne souhaite pas les tuer, pensa-t-il.
Un otage n’avait de sens que si l’on pouvait utiliser sa vie comme bouclier. S’il n’avait aucun intérêt à tuer l’otage, ils étaient inutiles.
Finalement, la jeune fille avait dégainé l’Épée Sacrée de son dos.
« Chastille Lillqvist. Par ordre de mon Seigneur, je subjuguerai le sorcier Zagan ! » déclara-t-elle.
Zagan savait qu’il ne pouvait pas se retenir contre un adversaire avec une Épée Sacrée. Mais même ainsi, il était réticent à tuer une jeune fille du même âge que Néphy. Non seulement cela, il savait que tuer quelqu’un qu’il avait sauvé une fois lui laisserait un mauvais goût dans la bouche.
En tout cas, bien qu’elle soit un adversaire difficile à combattre pour lui, la fille — Chastille ne le laisserait pas s’enfuir.
« Tch —, » Zagan avait donné un coup de pied à l’homme à ses pieds, qui était tombé sur le sol et avait heurté les deux autres personnes effondrées.
Pendant qu’il faisait cela, Chastille se précipita sur Zagan avec son Épée Sacrée à la main.
« HAAA ! » Elle avait déplacé l’Épée Sacrée directement sur lui.
Zagan l’avait repoussé en frappant son poing contre le plat de la lame, mais — .
« ... Merde, » en faisant simplement cela, une fissure était apparue sur le cercle magique protégeant le poing de Zagan.
Même s’il évitait le tranchant de la lame, le simple fait de la toucher l’avait réduit à cet état. Rien que de penser à ce qui se passerait s’il était coupé par elle lui donnait des frissons dans la colonne vertébrale.
Chastille s’était alors baissée sur elle même et elle avait frappé avec son épée vers le haut. Il s’agissait de frappes consécutives comme un ruisseau qui coulait, et tout ce que Zagan pouvait faire, c’était de battre en retraite.
Mais il ne semble pas avoir beaucoup de force derrière ça..., pensa-t-il.
Le tranchant dans les frappes était considérable, mais le coup lui-même était sans beaucoup de force. Cela signifiait probablement que même si elle avait la protection divine de l’Armure Sacrée, il y avait une limite.
Alors qu’elle balançait son épée, Chastille lui criait dessus.
« Pourquoi !? Pourquoi ne pas contre-attaquer ? Essayez-vous de dire que je ne suis pas suffisante en tant qu’adversaire ? » Zagan n’avait fait qu’esquiver et il n’avait effectué aucune attaque contre elle.
Et tout en esquivant une frappe qui arrivait horizontalement en s’allongeant face contre terre, Zagan avait répondu.
« Ne soyez pas déraisonnable. Frapper les femmes n’est pas vraiment ma spécialité. » Ou plutôt, il s’y opposait de plus en plus.
Frapper une fille du même âge que Néphy, c’est un peu..., pensa-t-il.
Ce n’était pas qu’il s’inquiétait de savoir si Néphy finirait par le haïr. Non, chaque fois qu’il serrait le poing, le visage de cette charmante fille flottait sur sa tête. Il n’y avait aucune chance qu’il puisse calmement frapper une fille semblable juste parce qu’elle n’était pas Néphy.
C’est pourquoi il cherchait une autre méthode pour s’en sortir sans la frapper.
Avant de s’écrier, Chastille avait serré ses dents. « Pourquoi quelqu’un comme vous s’est taché les mains avec la sorcellerie ? » Plutôt que de la colère, on aurait dit qu’elle se lamentait sur son sort dans la vie.
Zagan avait incliné la tête sur le côté.
« Je ne sais pas ce que tu dis, mais est-ce si mal d’utiliser la sorcellerie ? » Il savait que les autres pensaient qu’il était un méchant, mais l’idée que la sorcellerie était à blâmer lui paraissait étrange.
Chastille avait alors crié avec fureur. « C’est le mal ! Parce que ce pouvoir existe, le peuple est opprimé et souffre. »
« Alors qu’en est-il exactement du pouvoir que vous utilisez dans l’Église ? Y a-t-il une différence ? N’est-ce pas le pouvoir de tuer unilatéralement un sorcier plus faible que vous ? » lui répliqua-t-il.
« Arg..., » même le visage de Chastille montrait des signes d’agitation, et l’Épée Sacrée qu’elle balançait avait raté sa cible et elle s’était enfoncé dans le sol.
Puis, sans perdre de temps, Zagan avait marché dessus.
***
Partie 6
S’il pouvait bloquer l’épée, même quelqu’un avec une Armure Sacrée aurait des problèmes pour la retirer.
« Argh..., » tandis que la jeune fille gémissait, Zagan la regardait avec indifférence.
« Je n’ai pas l’intention de me justifier, mais il y a une montagne de personnes qui ne seraient pas vivantes si la sorcellerie n’existait pas. Quiconque piétine ces personnes et les traite comme des proies... ne défend aucune sorte de justice, » déclara Zagan.
« Ah..., » même cette fille semblait se forcer à le calomnier, alors elle avait probablement compris ses véritables intentions.
Alors qu’elle était devenue pâle, elle ne pouvait rien dire en réponse.
Oh, voyons. Ne réagis pas comme ça. Ça rendra encore plus difficile le fait de te frapper... Bon sang..., pensa-t-il.
Si elle avait crié d’une manière disgracieuse que ce qu’elle faisait était juste, alors Zagan aurait pu la frapper sans s’inquiéter.
Malgré cela, Chastille avait mordu ses lèvres et avait mis toute sa force dans la main en saisissant son épée.
« Toutefois... Non ! Précisément parce que c’est vrai, je ne peux pas me permettre de perdre ! » déclara la fille.
« Argh, wôw. » La fille avait sorti l’Épée Sacrée en utilisant la force. Et comme Zagan marchait dessus, il avait perdu l’équilibre.
« Voilà ! » Chastille déchaîna une frappe de toutes ses forces.
Malheureusement, ta technique est beaucoup trop grossière, pensa-t-il.
Sans s’écarter du chemin, Zagan avait réuni ses mains. Et alors qu’il l’avait fait, il avait magnifiquement attrapé le bout de la lame.
La protection offerte par son cercle magique avait craqué. Les paumes de sa main étaient chaudes, comme si elles étaient brûlées. Malgré cela, Zagan lui avait répliqué avec un sourire féroce.
« Es-tu bonne dans un concours de force ? » lui demanda-t-il.
« J’accepte votre défi ! » Loin de s’écarter de ça, Chastille avait mis tout son poids en poussant l’arme vers l’avant.
Le symbole gravé sur l’Épée Sacrée brillait à tel point que c’était aveuglant, et comme s’il était en accord avec cela, son Armure Sacrée était également enveloppée de lumière.
« Quoi ? » c’était un peu incroyable, mais la fille avait soulevé son Épée Sacrée avec le corps de Zagan.
Cette fille... cachait un tel atout depuis le début ? Juste au moment où Zagan attendait pour voir son attitude, Chastille semblait cacher sa vraie force.
Et puis, elle avait fait descendre son Épée Sacrée sans autre précaution.
« Ce foutu — Arg ? » Une fille si délicate avait réussi à déplacer un morceau d’acier avec un humain qui y était attaché. C’était un peu difficile de le croire.
Choisissant de ne pas encaisser ça, Zagan avait lâché prise. Cela l’avait envoyé s’écraser sur un arbre derrière lui, où il s’était étouffé après que son souffle soit sorti d’un coup de sa poitrine.
Elle a plus de puissance que moi... à l’intérieur de ma propre barrière ? Il était vrai qu’une barrière n’avait pas beaucoup de sens contre un Chevalier Angélique, mais ce n’était pas comme si Zagan lui-même avait perdu son pouvoir renforcé.
Même si c’était dû à la puissance d’une Épée Sacrée et de son Armure Sacrée, la force physique pure de Chastille avait submergé Zagan.
Zagan avait inspecté ses mains, qui venaient de toucher l’épée, alors qu’il se levait.
Sa peau avait été abîmée et présentait des brûlures. Même s’il avait commencé à les guérir par la sorcellerie, la régénération avait été lente. C’était probablement aussi le pouvoir d’une Épée Sacrée.
À l’époque... J’aurais vraiment dû la tuer, hein ? pensa-t-il.
Comme on pouvait s’y attendre, il se sentait mal à l’aise de tuer une femme sans défense, mais il savait qu’il aurait dû être plus prudent avant d’avoir un contact avec quelqu’un de l’Église.
Pendant qu’il gémissait, Chastille se précipita une fois de plus sur lui.
Zagan avait réussi à immobiliser l’épée, qui descendait d’en haut, mais le grand arbre à son dos s’était brisé en morceaux en produisant un important bruit.
Si ce n’était pas Zagan, ou peut-être s’il n’était pas dans sa propre barrière, il aurait été fracassé comme cet arbre.
Un soupir s’était échappé de ses lèvres. S’il en était arrivé là, il n’y avait pas d’autre option.
Je n’ai pas d’autre choix maintenant... Dois-je la tuer ? pensa-t-il.
Il avait la possibilité de s’enfuir. Cependant, Néphy était dans le château. Si Zagan s’enfuyait, alors Néphy serait tuée. Après tout, l’Église exécutait tous ceux qui s’étaient alliés aux sorciers, sans aucun remords.
Il semblait qu’il était impossible de briser une Épée Sacrée, même avec le pouvoir de Zagan. Cependant, ce n’était pas comme s’il n’y avait rien d’autre qu’il ne pouvait faire pour lui faire face.
Et puis, juste au moment où il avait rassemblé le pouvoir entre ses deux mains pour déclencher une destruction totale...
« Restez comme ça et écoutez-moi. Pouvez-vous faire semblant de mourir de ma main ? » Zagan avait involontairement ouvert les yeux en état de choc lorsqu’il avait entendu cela.
Déplaçant son regard vers l’arrière de la jeune fille, Zagan remarqua que les trois Chevaliers Angéliques qu’il avait battus avaient commencé à se lever. Est-ce qu’elle essaie de parler en s’assurant qu’ils ne l’entendent pas ?
« Qu’est-ce que tu prépares ? » chuchota-t-il.
« L’Église n’abandonnera pas l’idée de vous tuer. Si je perds ici, quelqu’un de plus fort que moi sera ensuite envoyé. Faites en sorte que vous mouriez ici. Et puis jetez cette maudite sorcellerie et vivez comme une personne ordinaire, » répondit la jeune femme en un murmure.
Zagan doutait de ses oreilles.
« Je ne m’attendais pas à entendre de tels mots de la bouche d’un Chevalier Angélique, » répliqua Zagan.
« ... Vous n’avez pas tué mes subordonnés. Et même si vous dites que vous essayez de leur inculquer la peur, vos yeux sont colorés avec quelque chose comme de l’affection, » répondit-elle.
Ses paroles étaient difficiles à accepter pour Zagan.
Je ressemble à ça ? Zagan ne savait pas que ses sentiments pour Néphy se manifestaient de cette manière.
Naturellement, il ne le dirigeait pas vers ses adversaires, mais Chastille avait vu le fait qu’il y avait quelqu’un que Zagan voulait protéger.
Et puis, Chastille avait dit ce qui avait suivi. « Par-dessus tout, je n’ai pas oublié... que vous êtes mon sauveur. » En disant cela, Chastille avait vraiment l’air de vouloir s’excuser.
« ... Désolée. C’est... à peu près tout ce que je peux faire, » déclara-t-elle.
Il semblerait que cette fille n’a pas oublié le fait que Zagan l’avait sauvée.
Ce n’était pas la première fois que Zagan affrontait des Chevaliers Angéliques. Cependant, c’était la première fois qu’il rencontrait quelqu’un qui pleurerait la mort d’un sorcier.
Cette fille... doit avoir la vie dure, hein... ? pensa-t-il.
Si un Chevalier Angélique protégeait un sorcier, cela ne se terminerait pas seulement par la perte de leur statut.
Ils seraient déclarés traîtres, se verraient privés de tous les droits de l’homme et finiraient par être torturés et exécutés d’une manière telle qu’on hésiterait à essayer de la décrire. Pour une fille aussi belle que Chastille, le viol était aussi inévitable.
Elle n’avait pas l’air assez stupide pour ne pas le savoir. Et donc, ces mots n’avaient probablement pas été prononcés avec une faible résolution.
Il était devenu encore plus difficile de l’attaquer en raison de cela.
Mais... Je ne peux pas vraiment faire ça, hein ? pensa-t-il.
Si Zagan faisait comme Chastille l’avait dit, il pourrait s’enfuir en toute sécurité. C’était aussi une chose logique, car il n’y avait plus de biens dignes d’intérêt dans le château.
Cependant, il savait qu’il serait impossible de sauver Néphy s’il s’engageait dans cette voie.
S’ils fouillaient le château, ils la trouveraient. Et Néphy ne s’enfuirait certainement pas. Après tout, cette fille n’avait pas vraiment envie de vivre.
Juste au moment où il s’inquiétait de ce qu’il fallait faire...
« Maître ! » Néphy, qui aurait dû rester au château, l’avait appelé.
Tandis que Zagan se retournait, une fille habillée comme une servante couraient vers lui.
Peut-être parce que Zagan avait été en retard, ou peut-être parce qu’elle avait senti des problèmes, elle était venue auprès de lui.
« Ne t’approche pas, Néphy ! » cria Zagan.
« Eh, une fille... ? » Chastille parlait d’un ton ahurissant.
C’était aussi le moment où les deux individus avaient présenté en même temps une ouverture.
« Tu te fouuuus de notre gueule !! » Parmi les trois Chevaliers Angéliques vaincus avant, l’homme à la lance s’était levé. Contrairement aux deux autres, il n’avait subi que des blessures mineures.
Après avoir regardé autour de lui, ses yeux s’étaient arrêtés sur Néphy, qui courait vers eux.
« Le compagnon du sorcier, hein ? » À quoi pensait-il exactement ? Il avait brandi sa lance sur Néphy, qui se précipitait vers Zagan.
« Arrête, Torres ! » Chastille avait fait entendre sa voix pour le retenir, mais le Chevalier Angélique avait projeté sa lance.
« Bouge-toi de là ! » Zagan avait repoussé Chastille, puis s’était précipité devant Néphy.
Cependant, Zagan savait que Néphy ne s’en tirerait pas à la légère s’il la poussait sur le côté avec la puissance qu’il avait actuellement en lui. Il avait essayé de l’envelopper doucement dans ses bras, mais il avait fini par prendre la lance à sa place.
« Tch —, » Zagan avait placé sa main gauche pour l’utiliser comme bouclier.
La pointe de la lance avait percé à travers sa paume, accompagné par le bruit de chair et d’os écrasés.
« Maître ! » Néphy avait poussé un cri de douleur.
Pourtant, Zagan avait réussi à arrêter la lance avec sa main.
« Ce n’est pas grave. Quelque chose comme ça... n’est qu’une égratignure. » Pendant que Zagan parlait, la sueur coulait légèrement sur son front.
Il avait été blessé dans un moment où ses capacités de guérison avaient été obstruées, de sorte que son bras gauche allait probablement être inutile pendant un certain temps.
En un goutte à goutte, le sang était lentement tombé au sol.
Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas vu son propre sang.
Ne t’emporte pas... putain de merde..., pensa-t-il.
Cependant, Zagan n’avait pas été en mesure de faire disparaître ce genre de vile pensée.
Dans ses bras, il pouvait sentir un important froid surgir.
« Avez-vous osé blesser... mon maître ? » Zagan n’avait pas tout de suite réalisé que c’était Néphy qui parlait.
C’était une voix froide qu’il n’aurait jamais cru pouvoir entendre venant de la bouche de cette fille douce et léthargique.
Et immédiatement après cela...
« Euh, qu’est-ce que c’est ? »
On disait souvent qu’une forêt était vivante. Cela s’était généralement produit lorsque toutes les choses vivantes de l’endroit bougeaient en même temps et que les arbres se balançaient sous l’effet d’un vent puissant.
Cependant, il n’y avait pas d’animaux qui couraient partout. Et il n’y avait pas non plus de vent.
Et pourtant, la forêt donnait quand même l’impression d’être vivante.
Les animaux se rassemblaient depuis les profondeurs de la forêt. Il y avait entre autres de petits écureuils, de féroces loups et des sangliers. Sans pousser un seul cri, ils fixaient tous les Chevaliers Angéliques.
Ce n’était pas non plus comme si les arbres se balançaient. À la place, les feuilles et les branches elles-mêmes avaient commencé à s’étirer, et les arbustes épineux s’étendaient vers eux à partir des fourrés.
La forêt était vivante, agissant comme si elle avait une volonté propre. Et quelque chose, peut-être la malice de la forêt, fixait les Chevaliers Angéliques.
Qu’est-ce que c’est exactement... ? Ce n’était pas de la sorcellerie. Après tout, Néphy avait un collier qui scellait la sorcellerie encore présente à son cou, donc elle ne pouvait pas en utiliser. Cela dit, il était clair que ce n’était pas non plus le pouvoir de l’Église.
Si l’on était obligé de l’expliquer...
Est-ce qu’elle... contrôle la forêt elle-même ? C’était complètement différent en termes d’échelle et de qualité par rapport à la sorcellerie de Zagan. Une sensation de froid avait parcouru le long de sa colonne vertébrale.
Cela devait probablement aussi être le cas pour les Chevaliers Angéliques.
Face à ce pouvoir mystérieux, celui qui avait projeté sur Néphy la lance avait commencé à trembler.
« Non... A-Arrêtez, AAAAAAAAAAAAAAAAAH ! » L’homme que Chastille avait appelé Torres s’était enfui.
« Je ne vous laisserai pas vous échapper, » Néphy étendit son bras alors qu’elle déclarait ça avec froideur.
Des lierres avaient rampé sous ses pieds, les attachant.
« Argh ! » Des racines dures avaient également rampé vers Torres après qu’il soit tombé. Ils avaient agi comme un unique être vivant, avalant le corps puis le maintenant dans le sol.
Le pouvoir était terrifiant, et en regardant de près, Zagan remarqua que des fissures se formaient sur l’Armure Sacrée de Torres.
Zagan était finalement revenu à la raison en entendant le bruit des os qui se brisaient.
« C’est assez ! C’est déjà bien assez... Alors, arrête ça, Néphy. » Néphy avait baissé sa main lorsqu’il l’avait prise dans ses bras. Elle avait été clairement surprise.
Heureusement, Torres semblait encore un peu respirer.
Est-ce que c’est... Le pouvoir de Néphy... ? Était-ce quelque chose de caractéristique aux elfes ? Ou bien pouvait-elle l’utiliser à cause de son existence unique, qui se manifestait à l’extérieur par ses cheveux blancs comme neige ?
Quoi qu’il en soit, ce pouvoir surpassait même la sorcellerie, et c’était quelque chose vis-à-vis de quoi Zagan n’avait absolument aucune connaissance.