La Croix d’Argent et Dracula – Tome 5 – Chapitre 3 – Partie 2

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Chapitre 3 : La Furie du Pourpre

Partie 2

« La caméra de sécurité est déjà éteinte. Déclenchez l’alarme s’il se passe quelque chose... Je suppose que vous n’avez pas besoin d’un peu plus d’agacement, n’est-ce pas ? » demanda Rangetsu.

« Vous êtes vraiment prévenante dans vos préparatifs. Vous savez que je n’ai rien à vous donner en échange, n’est-ce pas ? » demanda Eruru.

« Je ne m’attendais à rien du tout. En plus, c’est avec Kujou-kun que je voudrais avoir une dette envers moi et non pas avec vous, » répliqua Rangetsu.

Eruru se plissa le visage avec déplaisir.

Elle ne s’attendait pas à pouvoir cacher le but de sa visite. Après tout, Rangetsu avait hérité du sang des loups-garous, elle possédait un excellent odorat.

« Dans tous les cas, vous êtes là pour Kujou-kun, non ? Venir jusqu’ici pour interroger un vampire, c’est sûrement lié à cette enfant arrogante, non ? Quelle gentille personne vous êtes ! » déclara Rangetsu.

« ... Ce n’est qu’une partie du travail, » répondit Eruru.

Eruru s’inclina vers Rangetsu puis elle continua son chemin.

Les lourdes parois d’acier faites avec d’épaisses plaques de blindage se séparèrent à gauche et à droite, présentant le chemin vers la cellule sombre se trouvant devant ses yeux.

La partie la plus profonde du DPM servait de prison.

En tant qu’organisme d’enquête, le DPM disposait au départ d’installations pour détenir les suspects et n’avait pas besoin de créer un établissement spécialisé pour détenir ceux qui étaient déjà condamnés.

Toutefois, les cas relevant de la Section des Enquêtes Surnaturelles étaient des exceptions.

Très souvent, les suspects n’étaient même pas humains. Sans parler du fait de les condamner à la prison, il était impossible de les punir avec des lois ordinaires.

Ainsi, avant que les cas ne soient complètement résolus, les « personnes » qui n’avaient pas encore été traitées étaient enfermées dans cette prison à sécurité maximale au plus profond du DPM.

Mais une fois les affaires résolues, ces « personnes » qui n’étaient pas protégées par la loi en premier lieu pourraient très bien être éliminées à tout moment.

Leur vie et leur mort dépendaient du jugement général des supérieurs et les résultats définitifs n’étaient connus que d’une fraction de la Section des Enquêtes Surnaturelles. C’était top secret.

Même Eruru n’avait aucune idée du sort final de la majorité des monstres emprisonnés qui étaient impliqués dans des affaires.

Néanmoins, elle croyait avec certitude que le criminel qu’elle s’apprêtait à affronter serait maintenu en vie à long terme.

Bien qu’il y avait des preuves irréfutables de ses crimes et qu’il serait sans aucun doute passible de la peine de mort s’il était humain, il était après tout un spécimen précieux et il ne serait pas si facilement éliminé.

Normalement, Eruru aurait dû demander à ses supérieurs de l’exécuter rapidement, mais cette fois c’était différent.

Il y avait encore des choses à lui demander.

« Ça fait longtemps, Fergus, » déclara Eruru.

Le jeune homme s’appuyait d’une manière léthargique avec son dos contre le mur quand Eruru lui parla.

Elle n’eut pas de réponse.

Il n’avait peut-être même pas eu l’énergie pour répondre.

Il s’était battu contre Hisui et avait complètement perdu, se retrouvant avec de l’eau bénite qui avait fusionné avec son corps au niveau moléculaire.

En raison de son métabolisme, l’eau bénite serait finalement expulsée du corps, mais la puissance de ses propriétés sacrées, naturellement antagonistes envers son corps causait une douleur brûlante à chacune de ses cellules, le tourmentant encore à ce jour.

De plus, emprisonné ici pour subir de durs interrogatoires, ce fut sans aucun doute un enfer pour un vampire.

Après une série d’interrogatoires, il avait été ligoté à l’aide de chaînes en argent sur lesquelles étaient gravés des caractères, empêchant son corps de bouger librement.

Pendant qu’il s’appuyait contre le mur, des chaînes attachées au mur maintenaient ses poignets verrouillés, le retenant en ce moment par le pouvoir du sacré.

« J’ai quelque chose à vous demander. Pouvez-vous parler ? » Eruru parlait avec indifférence, sans aucune expression sur son visage.

Le jeune homme blond gardait toujours la tête baissée, ne bougeant pas.

Son corps pâle était très maigre, clairement mal nourri.

« Si les poches de sang de transfusion sont assez bonnes, je pourrais vous en préparer ? Ce serait un problème pour moi si votre cerveau ne pouvait pas un peu fonctionner, » déclara Eruru à contrecœur.

Utiliser le sang comme tentation était la méthode la plus taboue de son point de vue. Si Fergus avait mordu à l’hameçon, cela ne ferait que lui rappeler sa propre lignée maudite.

Mais en ce moment, chaque seconde comptait.

Elle devait à tout prix obtenir des informations de cet homme.

Fergus semblait réagir au mot « sang » et leva les yeux.

D’un visage pâle et beau à l’origine, illustrant le style vampire, il avait maintenant l’air d’avoir largement dépassé l’âge de vingt ans.

Les blessures subies dans la bataille contre Hisui, combinées à la dureté de la prison, avaient tourmenté son corps et son esprit. Le visage de Fergus avait été sculpté avec les rides appelées douleur, toutes couvertes de cicatrices.

« ... C’est toi. C’est toi. Maudit enfant tabou. Je ne m’attendais pas à tomber si bas au point d’être regardé de haut par un demi-frère comme toi…, » les paroles de Fergus étaient pleines d’autodérision.

En effet, d’un côté était la dhampire Eruru et de l’autre Fergus le Pur parmi les Purs, une lignée de vampires purs descendant d’un Véritable Ancien. Leur différence de statut était aussi disparate que le ciel et la terre.

Dans la société vampire, Eruru était au plus bas niveau tandis que Fergus serait un noble du plus haut rang.

Mais ces classes sociales idiotes n’avaient rien à voir avec Eruru.

Tout en dirigeant le canon sacré d’Argentum vers Fergus, Eruru ordonna froidement. « La différence d’emplacement entre nos têtes est équivalente à notre différence de position. Si vous ne voulez pas manger une balle, répondez à mes questions avec obéissance. »

« Peux-tu le faire... ? Après tout, je suis toujours en vie... Ça veut dire que j’ai toujours de la valeur en restant vivant. Si des ordres d’exécution étaient donnés, tu me transpercerais sûrement la tête d’une balle, sans hésiter du tout... Pas vrai ? » demanda Fergus.

Il parlait par fragments, mais il avait raison.

Eruru avait le pouvoir d’interroger, mais pas d’exécuter.

Néanmoins.

Eruru avait appuyé sur la détente.

Avec un bang, la balle avait été tirée soudainement du canon avec une bouffée de fumée, pénétrant le corps de Fergus.

« ... ! ! »

« Ça fait si mal que vous ne pouvez pas faire de bruit, n’est-ce pas ? Merveilleux, » déclara Eruru sans pitié, sans le moindre éclat de rire sur son visage.

Son regard glacial se concentrait sur la jambe droite de Fergus qui avait été percée par la balle.

« En effet, je ne peux pas vous détruire, mais je peux faire tout ce que je veux en dehors de ça. Chaque fois que vous m’énervez, j’appuierais sur la gâchette pour vous, qu’en dites-vous ? Dites-moi si vous avez soif, parce que je vous apporterai un verre d’eau bénite, » déclara Eruru.

Les mots et l’expression d’Eruru étaient totalement impitoyables.

Ce type était un vampire vicieux qui avait tué beaucoup d’humains sans pitié. Le laisser vivre serait un affront à la justice.

Les yeux d’Eruru scintillaient d’une flamme sévère de colère. Le visage convenable de Fergus était devenu grotesque à cause de la douleur.

« Ce gosse m’a fait comprendre que ce ne sont pas les vampires qui font vraiment peur, mais les humains... Toi aussi... comme on s’y attendait d’une personne dont l’héritage vient à moitié de l’homme... »

« Ma balle semble avoir amélioré la fluidité de votre discours. C’est maintenant à mon tour de poser les questions. Je ne tournerai pas autour du pot. Qui sont les Véritables Anciens ? D’où viennent-ils ? » Sans poser son arme, Eruru interrogea Fergus.

Cette question avait dû traverser l’esprit de tous ceux qui avaient déjà eu affaire à des vampires.

Actuellement, Eruru tente d’ouvrir la porte à ce grand mystère.

Elle avait continué :

« Je sais qu’il y avait douze Véritables Anciens, toutes des femmes. Elles ont chacune établi leur propre lignée en ayant des enfants ou en accueillant des serviteurs. Alors, qui étaient exactement ces Véritables Anciens ? Des monstres d’un autre monde ? Ou de l’espace ? Ou des gens qui ont subi une sorte de changement dramatique ? »

« Pourquoi... demander à ce sujet ? Es-tu curieuse de connaître tes propres racines... ? » demanda Fergus.

« C’est moi qui pose les questions, » déclara Eruru.

Eruru pressa le canon encore chaud contre le front de Fergus.

Brûlé, Fergus grimaça en raison de la douleur, mais Eruru n’y avait pas prêté attention.

« Répondez-moi... Même si les autres vampires ne le savent pas, un gars comme vous qui est le plus proche d’un Véritable Ancien pourrait peut-être savoir quelque chose ? N’avez-vous jamais entendu parler de la façon dont votre propre ancêtre, le Véritable Ancien, a établi sa famille puis comment elle a gouverné ? » demanda Eruru.

« ... La naissance des Véritables Anciens est un secret parmi les secrets de notre clan. De plus, elles n’ont jamais dit grand-chose sur elles-mêmes. Par conséquent, je sais très peu de choses. Ce que je sais ne vient que de fragments de la tradition orale, » répondit Fergus.

« Très bien. Dites-moi. Que sont exactement les Véritables Anciens ~ ? » demanda Eruru.

Entendant Eruru voulant poursuivre la question, Fergus rit impuissant et s’arrêta un moment avant de parler.

« Ces ancêtres étaient appelés “Ceux qui ont bu”, » répondit Fergus.

« “Ceux qui ont bu”... ? N’est-il pas évident que les vampires boivent ? Où est-ce parce qu’elles ont bu quelque chose qui n’était pas du sang ? Ou peut-être qu’elles ont bu une sorte de sang spécial ? » demanda Eruru.

« Le sang de Dieu. Ainsi va la rumeur, je ne sais pas si c’est vrai, » répondit Fergus.

« Les vampires adorent les dieux ? Des divinités d’où ? Comme les dieux anciens de l’antiquité ? » demanda Eruru.

Eruru ne pouvait s’empêcher de rire, mais Fergus restait sérieux.

Ses yeux cramoisis fixèrent en silence Eruru.

En voyant ses yeux, Eruru réalisa.

Ce qu’il voulait dire par le mot « Dieu ».

Il y avait d’innombrables divinités dans le monde entier, mais pour les vampires nés en Europe, il n’y avait qu’un seul Dieu qui représentait une menace réelle.

« Pas possible... Ils ont bu le sang de cette personne... Impossible !? » s’écria Eruru.

« Ainsi va l’histoire. Au dernier souper, il a considéré le pain comme son corps et le vin comme du sang à partager et à distribuer avec ses douze disciples. Mais les douze dames qui l’admiraient ne reçurent rien. Même à ses derniers instants, elles n’ont pas eu l’occasion de faire leurs adieux. Elles ne pouvaient donc chercher à satisfaire leurs désirs qu’à partir de son cadavre. En aspirant les gouttelettes de sang qui s’écoulaient, c’était la plus méprisable et la plus pitoyable première absorption de sang. Mais pour mon clan, c’était le “premier baiser” digne d’être commémoré, » déclara Fergus.

La main qui tenait la poignée de l’arme tremblait.

La vérité sur les Véritables Anciens, qu’aucun expert n’avait atteinte… elle n’aurait jamais pensé qu’elle l’entendrait dans le coin de ce genre de cellule de prison.

Et la vérité pesait lourdement sur elle.

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Un commentaire :

  1. Merci pour le chapitre !

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