La Croix d’Argent et Dracula – Tome 4 – Chapitre 3 – Partie 5

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Chapitre 3 : Le Doppelgänger

Partie 5

« Merde, j’ai oublié de faire les courses..., » déclara Hisui.

Ce soir-là, Hisui avait commencé à s’inquiéter en se tenant devant son frigo.

Bien qu’il ait déjà dîné avec Rushella, les ingrédients restants dans le réfrigérateur n’étaient pas suffisants pour préparer le déjeuner de demain.

Pour Hisui lui-même, manger à la cafétéria ou acheter au sandwich, c’était bien, mais récemment, pour le bien de Rushella, il avait préparé des boîtes à lunch pour eux deux.

« Les boissons seront aussi bientôt épuisées... J’ai besoin d’en acheter plus, » déclara Hisui.

« Oui, vas-y ! » s’exclama Rushella.

« Oui, j’ai l’intention d’y aller... Et toi, alors ? » demanda Hisui.

« Je suis très occupée ! » répondit Rushella.

Allongée sur le canapé du salon, Rushella regardait attentivement une émission de variétés.

Normalement, quand Hisui sortait, elle suivait toujours. Mais apparemment, cette fois-ci, elle accordait la priorité à son divertissement. En comparaison, la télévision devant elle était plus importante.

« ... C’est moins pénible pour moi, » murmura Hisui.

« Ah, je veux aussi aller à l’école tôt demain matin ! La représentante de classe est déjà d’accord ! On ne peut pas être paresseux avec l’entraînement de la course de relais ! » déclara Rushella.

« Oh... Bien sûr, c’est très bien. Alors, va te coucher tôt, d’accord ? Dors après la fin de l’émission, compris ? » demanda Hisui.

« Oui ! » répondit Rushella.

C’était une vampire qui allait dormir tôt et se levait tôt sans être une noctambule, une espèce en voie de disparition, mais c’était quelque chose qui était probablement plus sain.

Hisui s’était donc changé en jeans, avait mis une veste et avait quitté la maison.

Baigné dans l’air frais de l’automne, Hisui s’était dirigé vers un supermarché proche, ouvert 24 heures sur 24.

Ne voulant pas passer trop de temps à faire les courses, il était allé directement acheter les ingrédients dont il avait besoin pour le déjeuner de demain et avait pris quelques nécessités quotidiennes qui s’étaient épuisées à la maison.

Après avoir acheté ces choses et quitté le magasin, il avait rencontré quelqu’un d’inattendu.

« Hein, Kujou-kun ? » s’exclama une voix féminine.

« Oh c’est toi, représentante de classe..., » déclara Hisui.

Reina était en uniforme scolaire, debout devant les portes automatiques.

« Es-tu allée dans des cours d’une école préparatoire ? Il est déjà si tard, ça doit être dur, » déclara Hisui.

« N’est-ce pas pareil pour toi, Kujou-kun... ? Fais-tu des achats à cette heure-ci ? » demanda Reina.

« La princesse veut un déjeuner à emporter, donc ses souhaits royaux sont difficiles à contrarier, » répondit Hisui.

Hisui avait souri ironiquement. Tous les deux avaient naturellement marché côte à côte.

« Ah ~ ~ ~ Merci pour ce matin, d’avoir prit la peine de t’occuper de cette fille, » déclara Hisui.

« ... ? Oh, ne t’inquiète pas, ce n’était rien du tout, » répondit Reina.

« Elle n’est probablement pas habituée au travail d’équipe. Si seulement elle s’améliorait un peu, » déclara Hisui.

« ... Tout ira bien... probablement ? On dirait qu’elle s’habitue..., » répondit Reina.

« Avec un peu de chance. Oh représentante de classe, j’ai quelque chose à te demander, » déclara Hisui.

« Quoi ? » demanda Reina.

« Es-tu vraiment en accord... avec la course de relais ? » demanda Hisui.

Bien qu’Hisui ne soit pas sûr s’il devait mentionner le passé, il avait quand même demandé.

Il s’inquiétait peut-être trop.

Ou peut-être que Reina elle-même n’y voyait pas d’inconvénient.

Dans tous les cas, il avait quand même décidé de lui demander.

En raison de la lettre de menace du sosie et de l’incident de la tente, Hisui avait estimé les raisons liées avec cette affaire, et cela devait être quelque chose qu’elle ne pouvait faire disparaître du fond de son cœur.

« Pas de problème... C’est finalement déjà en train d’être fait. Et après tout, c’est juste un peu de pression, c’est tout, » répondit Reina.

« Un peu... ? » demanda Hisui.

Bien qu’il se sentait coupable, Hisui décida d’aller au fond des choses.

Ce mot avait fait éclater un soupçon de morosité sur le visage de Reina.

« Si tu n’es vraiment pas disposé... Rushella échangerait volontiers avec toi, tu sais ? » déclara Hisui.

« ... C’est très bien ainsi. Les réticences ne peuvent pas être considérées comme une excuse, » répondit Reina.

« ... »

« Au collège, j’ai participé... à une course de relais lors de la dernière épreuve d’athlétisme, comme dernière étape de la course. C’était ainsi parce que mon dossier au club était le meilleur avant ça... et on m’a assigné ce poste, » répondit Reina.

La tête inclinée, Reina raconta lentement son passé.

Hisui jouait silencieusement le rôle d’un auditeur loyal.

« Mais... J’ai fait une erreur en recevant le bâton, et je l’ai donc lâché. De plus, je suis même tombée... et j’ai fini bonne dernière, » répondit Reina.

« ... »

« La coéquipière avant moi n’arrêtait pas de se blâmer. Mais je savais clairement dans mon esprit que c’était ma faute. J’avais lâché le témoin, » continua Reina.

« Ce genre de problème n’est pas à mettre sur le compte d’un côté, n’est-ce pas ? Bien qu’en tant qu’amateur, je ne suis pas trop qualifié pour commenter, » déclara Hisui.

Alors qu’il savait que les paroles réconfortantes étaient futiles, Hisui ne pouvait pas se résoudre à ne rien faire.

Reina avait dû entendre ces mots des centaines de fois. Elle était parfaitement capable de se réconforter elle aussi.

« ... Peut-être. En fait, que ce soit la première ou la dernière place, ça ne me dérange pas vraiment... Après tout, mon amour pour l’athlétisme s’est terminé au collège. Mes parents l’ont exigé. Ils croient que les sports d’athlétisme ne peuvent pas durer toute une vie, alors pour entrer dans une bonne université, les trois années du lycée doivent être passées à étudier durement pour se préparer... Donc c’est bon. J’ai déjà jeté mon équipement de sport... C’est en vérité mieux, car je peux me concentrer sur mes études, » déclara Reina.

« ... Mais maintenant que tu es la dernière étape d’une course de relais, tu dois te tenir sur la piste une fois de plus, » répondit Hisui.

« Après tout, tout le monde doit participer... On n’y peut rien. Cette fois, je ne ferai pas d’erreur..., » déclara Reina.

La voix de Reina devenait de plus en plus faible, et finalement, on ne pouvait plus l’entendre.

Un traumatisme mental sur quelque chose de trivial dans le passé était devenu pour elle une série de lourds enchaînements de problèmes.

N’ayant jamais participé aux activités d’un club, Hisui ne pouvait probablement pas comprendre cette agonie, mais pour elle, il s’agissait d’une blessure inéluctable.

« Même au lycée, on ne peut pas s’enfouir complètement dans l’étude et ignorer tout le reste. Ah, mais tu travailles déjà très dur dans tes études, non ? Tu portes toujours ton uniforme si tard le soir. Es-tu allée réviser dans une école préparatoire ? Je pense qu’il y en a une nouvelle qui vient d’ouvrir dans le coin ? » demanda Hisui.

« Oui, c’est vrai..., » répondit Reina.

« Si tu restes debout trop tard, tu ne pourras pas te lever demain, tu sais ? L’entraînement pour le basket-ball du matin avec Rushella doit être difficile pour toi aussi. Seras-tu capable de te lever ? » demanda Hisui.

« Pas de problème. Je vais me coucher dès que je rentre à la maison, » répondit Reina.

« Vraiment ? » demanda Hisui.

Hisui s’était arrêté de marcher.

Sans s’en rendre compte, ils avaient atteint une ruelle déserte.

Il y avait très peu de personnes dans les rues. C’était tout à fait naturel, et ce n’était pas créé dans une intention consciente.

Mais la chance avait ainsi souri à Hisui.

Il ne voulait pas que quelqu’un entende la suite de la conversation.

« Alors... Qui diable es-tu vraiment ? » s’écria Hisui.

L’atmosphère changea rapidement.

Reina détourna le regard et fit quelques pas en arrière.

« De quoi parles-tu... ? Je suis..., » commença Reina.

« Tu es Sera Reina, la représentante de la classe. C’est vrai, parce que vous êtes tous les deux réels, la vraie personne. Cependant, même si la vraie représentante de classe va peut-être aller à l’école préparatoire aussi tard, malheureusement, il n’y a pas de telle école à proximité. Je l’ai inventé exprès. De plus, tu t’entraînes avec Rushella pour la course de relais. Les souvenirs ne sont donc pas partagés après avoir été divisés en deux. C’est trop facile à discerner, » déclara Hisui.

« Alors tu me soupçonnais déjà..., » déclara Reina.

Reina — son sosie — inclina la tête et sourit.

Le sourire sur ses lèvres lui donnait l’impression d’être une personne complètement différente de la normale.

La jeune fille s’était formée à partir du côté obscur du cœur de Reina, bien que son apparence soit identique, elle n’était pas exactement la même.

« Quand l’as-tu remarqué... ? » demanda Reina.

« Puisque je connais déjà l’existence d’un sosie, comment pourrais-je croire si facilement sans confirmer celle que je rencontre ? J’étais donc sceptique dès le début. Dès que je t’ai entendue parler de jeter ton équipement sportif, j’ai décidé de te tendre un piège. Pendant l’entraînement du matin, la représentante de la classe portait même des crampons. Ils n’auraient pas pu être achetés pour le simple plaisir d’un festival sportif, non ? » demanda Hisui.

« ... Je vois. Mais je disais aussi la vérité. L’autre moi a toujours été troublé par cette dernière course. Le fait d’abandonner l’athlétisme à cause des parents, et d’être poussés dans la position finale de la course..., tout cela est la vérité. Si tu rejettes tout ça, tu la rejettes aussi, tu sais ? » déclara Reina.

« Rejeter ? Je n’ai jamais rien dit de tel, » demanda Hisui avec perplexité.

Il n’avait jamais eu l’intention de traiter cette personne comme un ennemi.

Il ne pourrait jamais faire ça.

Après tout, c’était la représentante de classe qui prenait grand soin de Rushella.

« En fait, je ne m’inquiète pas trop de ton souhait de suspendre le festival sportif. Bien que je ne veuille pas en faire toute une histoire, je ne veux pas non plus que l’innocente représentante de classe prenne la responsabilité... Franchement, je ne suis pas intéressé par le festival sportif et je préfère ne pas m’occuper du relais. Si ça peut se terminer pacifiquement, je préférerais que le festival sportif soit annulé. Après tout, je n’ai pas non plus de parents qui viennent regarder, » répondit Hisui.

Pendant un instant, les yeux d’Hisui furent remplis de nostalgie.

En effet, dès le départ, il n’avait aucun intérêt à se montrer dans quelque chose comme un festival sportif. Cela ne servait à rien de faire ce genre d’effort. Après tout, personne ne venait le voir.

« ... »

« Si tu es vraiment le côté obscur de la représentante de classe, alors c’est très approprié, » déclara Hisui. « Si tu enlèves une couche de peau, tous les humains ne sont-ils pas pareils ? Cependant, ce serait beaucoup trop difficile de s’entendre les uns avec les autres. C’est pourquoi chacun porte une couche de conscience, de morale et de rationalité comme vêtement extérieur pour pouvoir se lier aux autres. En fait, ça doit être douloureux pour toi comme ça ? Alors, dépêche-toi de rentrer chez toi, pour ainsi revenir auprès du corps principal. Ainsi, vous pourrez toutes les deux discuter. »

« Ne parle pas comme si tu savais tout ! » s’exclama Reina.

« Je ne sais pas tout. C’est d’autant plus pour ça que tu devrais t’asseoir et parler. Après tout, vous êtes vous deux la même personne, non ? » demanda Hisui.

Hisui agissait toujours comme d’habitude.

Parce qu’il faisait face à Reina.

Face à cet être qui pourrait être considéré comme un monstre. Voyant son attitude, l’autre Reina ne pouvait s’empêcher de sourire avec ironie.

« Quelle personne intéressante tu es, » déclara Reina.

« Les autres disent ça de temps en temps, » déclara Hisui.

« Alors... C’est pour ça que tu as réussi à toutes les deux nous attirer, » déclara Reina.

« Hein ? » s’exclama Hisui.

« Je suis née non seulement à cause d’un traumatisme mental. C’est sûrement à cause de toi. Parce que tu es assis à côté de moi en classe, mais que tu es toujours aussi heureux avec Dracula-san. Parce que tu agis toujours bêtement, tu ne veux pas dévoiler ton cœur, tu fais toujours semblant de ne pas voir, » déclara Reina.

« ... »

Le temps qu’il le réalise, Reina était devant lui.

Le sosie qui avait exactement la même apparence qu’elle.

Non, elle était Reina et Reina était elle.

Ses lèvres se penchèrent de près.

Par réflexe, Hisui avait déplacé son visage.

D’un air triste, la jeune fille demanda. « Quel genre de personne est le vrai toi ? »

Une odeur âcre était alors entrée dans le nez d’Hisui.

Ce n’était qu’alors qu’Hisui avait remarqué que Reina tenait une petite bouteille dans sa main.

Le couvercle était déjà ouvert, et le gaz qui s’échappait envahissait son corps par les narines.

« Toi... ! » s’écria Hisui.

« La prochaine fois... J’aimerais voir le vrai toi, » déclara Reina.

Alors que sa conscience s’estompait, Hisui avait du mal à se tenir debout.

Hisui était alors tombé sur place et n’avait pu que regarder Reina partir.

Après s’être évanoui pendant un court moment, il s’était finalement levé et avait trébuché sur le chemin du retour.

Il y avait un sentiment étrange en lui.

C’était comme si un trou avait été ouvert dans sa poitrine.

Mais il ne pouvait pas le comprendre.

La brume blanche avait lentement pris une forme humanoïde, se tenant derrière lui. Hisui ne l’avait pas remarquée.

En marchant dans des directions opposées, les deux silhouettes s’étaient séparées. Après cela, le « lui » qui venait de naître était allé dieux sait où.

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