Chapitre 6 : Dracula contre la Sorcière
Partie 3
« Êtes-vous la sorcière... ? Alors, comment Hisui peut-il être guéri ? » demanda Mei.
« Pensez-vous vraiment que je vais vous le dire ? Vampire et vos semblables, fichez le camp de cette école. Et vous aussi, » répliqua Kirika.
« Je comprends maintenant... Alors je ne me retiendrai pas, » déclara Rushella.
L’affrontement entre les deux était imminent.
Kirika était vêtue de la robe rouge qu’elle avait déjà portée avant.
Ayant réalisé qu’elle était suivie, elle avait déjà fait des préparatifs.
Plutôt que d’être réfugié dans un coin sans aucun endroit où fuir, elle s’était placé son terrain de chasse pour pouvoir tuer des vampires.
« Quoi ? Cette odeur est..., » Mei avait remarqué le parfum vénéneux qui remplissait la salle de classe.
L’odeur qui avait immobilisé Rushella la dernière fois était libérée des bougies parfumées brûlantes dans les quatre coins de la pièce.
« C’est bien ça... C’est une odeur que les vampires craignent. Qu’allez-vous faire ? » demanda Kirika en souriant sans peur.
Mais Rushella avait commencé à bouger tout en étant complètement imperturbable face à cette odeur.
Voyant que sa mobilité n’était pas affectée, Kirika réalisa alors ce qui se passait.
La jeune femme... retenait simplement sa respiration.
Avec une frappe éclair de l’épée courte, la lame était venue trancher l’avant du corps de la sorcière. Instantanément, une longue incision avait été faite sur la robe.
Le corps ainsi exposé de Kirika était vêtu d’une tenue noire.
Cette couleur était représentative du mal des sorcières. Toutes les parties vitales de son corps étaient enveloppées de cuir noir qui ressemblait à des bandages couverts d’incantations magiques. Le reste de sa peau était de couleur normale et exposée à la vue de tous.
Sur sa peau se trouvait un éclat huileux brillant et glissant.
Quelque chose était étalé sur elle.
Complètement indifférente à tout ça, Rushella chargea à nouveau Kirika sans lui laisser le moindre répit. Comme si elle jouait avec elle, Kirika courait librement et sans encombre dans la salle de classe.
Ce genre de vitesse était si rapide... que même Mei ne pouvait pas la rattraper.
« Connaissez-vous l’onguent de la sorcière ? » demanda Kirika. « Une décoction secrète appliquée sur le corps dans le but de voler. Mais en réalité, elle ne produit pas un tel effet miraculeux. Mais c’est plus que suffisant pour rester loin de vous... »
Kirika n’en croyait pas ses yeux.
Rushella se rapprochait d’elle jusqu’à arriver devant elle très facilement. Ces yeux flamboyaient d’une lumière cramoisie. Les Yeux Mystiques.
Bien que les lentilles de contact de Kirika aient bloqué les effets des Yeux Mystiques...
Apparemment, en raison de la puissance excessive des yeux, les lentilles avaient commencé à se fissurer, ce qui avait amené Kirika à trouver son champ de vision fragmenté et brisé.
Comme il n’y avait pas de place pour les négociations et que les Yeux Mystiques ne fonctionnaient pas... Rushella décida de recourir à la succion du sang.
« Vous ne pouvez pas ! » cria Mei.
Les mots d’avertissement de Mei avaient été ignorés par Rushella. Rushella était comme un cheval déchaîné.
« Non..., » la peur s’était répandue sur le visage de Kirika.
Il n’émanait plus d’elle la présence d’une sorcière, elle était maintenant simplement une fille ordinaire.
Malgré les larmes qui montaient dans les yeux de Kirika, Rushella dévoila sans pitié ses crocs et les tendit vers le cou de Kirika.
« ... !! » Un visiteur inattendu avait fait irruption à travers le seuil de la porte.
Rushella ferma par réflexe les yeux et relâcha Kirika.
Une croix.
Quelqu’un avait lancé une croix massive. Et cela avait permis à sa proie si cruciale de s’échapper.
Rushella sentit le contact de Kirika disparaître de ses griffes.
« Ne vous interposez pas ! Si nous ne nous dépêchons pas, Hisui... ! » cria Rushella.
Pour éliminer l’ennemi, Rushella avait frappé avec son épée afin de poignarder l’intrus.
Vint ensuite la sensation de la lame entrant dans la chair et un léger gémissement.
« Idiote~ »
Même après avoir entendu cette voix, Rushella était restée dans un état de désorientation et n’était pas revenue à elle.
Son esprit était totalement submergé par Hisui.
Ces pensées et sentiments combinés avec ses instincts de vampire, la transformant en une bête sauvage qui ne savait qu’anéantir les ennemis se tenant devant elle.
Dans l’instant suivantes, ses lèvres furent scellées.
Dès que Rushella réalisa que ses lèvres étaient pressées contre les lèvres d’un autre, elle sentit un goût familier se répandre dans sa bouche.
Le goût du sang.
C’était le goût de sang auquel elle s’était habituée, le premier sang qu’elle avait goûté après s’être réveillée dans les temps modernes.
La sensation du sang riche et épais avait permis à Rushella de retrouver sa santé mentale.
« Ah...! » ayant secrètement peur à l’intérieur d’elle, Rushella ouvrit les yeux.
Les lèvres qui verrouillaient les siennes étaient celles de Hisui.
Celui qui se tenait devant Kirika afin de la protéger n’était nul autre que lui. Quant à l’épée courte de Rushella, elle avait été poignardée dans la poitrine d’Hisui.
« Vous... Pourquoi ? » demanda Rushella.
Hisui n’avait pas répondu, ou plutôt, il ne pouvait pas répondre, car il s’était effondré sur place.
« Pourquoi ? » redemanda Rushella.
En larmes, Rushella enlaça la tête de Hisui, caressant légèrement sa tête.
« C’est... cela a fonctionné comme je le pensais. Un pack de transfusion sanguine fabriqué à partir de mon propre sang... Kariya l’a apporté ici pour moi, c’était vraiment une bonne décision, » murmura-t-il.
« ... !? »
« Elle a dit que parce que mon groupe sanguin est si rare, je devrais en stocker en cas de besoin si par exemple j’avais des blessures inattendues. Oh eh bien... Je suppose que cela fonctionne aussi comme stockage de nourriture pour toi, » déclara Hisui.
« Toi... ! » Le visage de Rushella était couvert de larmes.
Hisui avait ressorti avec soins ses mots. « C’est bon... Parce que comme tu peux le voir, j’avais ceci dans ma poche de poitrine. »
Hisui avait tenu le petit pot contenant les cendres des restes de Miraluka. L’épée courte de Rushella avait percé le pot, provoquant la dispersion des cendres dans l’air.
« C’est ta précieuse..., » murmura Rushella.
« C’est bon. Je prévoyais à l’origine de l’utiliser comme un porte-bonheur... Mais dans ce cas, j’ai déjà ça, » répondit Hisui.
Hisui avait sorti une pièce d’or.
Un souvenir ayant une signification extraordinaire.
C’était la pièce d’or qu’il avait reçue de Rushella le premier jour où elle avait emménagé chez lui.
« Comment cela peut-il arriver, ce genre de chose... ! » s’exclama Rushella.
« ... Au fait, il y a quelque chose d’important à ne pas oublier... Pourquoi allais-tu sucer le sang de quelqu’un en dehors de moi... ? » demanda Hisui. « Je te détesterais si tu fais ça. »
« Mais, mais, tu étais déjà... ! » répondit Rushella.
« Eh bien, je suis à peine vivant. Tu devrais avoir quelque chose à dire, n’est-ce pas ? » Hisui regarda directement Rushella. Utilisant ses dernières braises de vie, il lui demanda ça.
Rushella hocha la tête à plusieurs reprises alors que des larmes coulaient de ses yeux.
« ... solé, » dit-elle.
« Je ne peux... pas t’entendre..., » répondit Hisui.
« Désolée..., » déclara Rushella.
Les larmes avaient jailli comme s’il s’agissait de la rupture d’un barrage. Alors que Rushella répétait ce mot, elle enfouit son visage contre la poitrine de Hisui.
Hisui avait forcé sa gorge à faire sortir une phrase fragmentée alors qu’il parlait à Kirika qui regardait fixement les deux autres. « Donc c’est ça... Eh bien, vous pouvez lui pardonner... N’est-ce pas... Elle s’est excusée... à présent... »
« Vous... Qu’est-ce que vous êtes... ? » répliqua Kirika.
« Je suis juste un humain et non pas un vampire, d’accord ? Vous étiez celle qui a fait une erreur. Eh bien... Être vu avec une vampire qui me mordait le cou... Un malentendu est tout simplement normal. Je suppose que pour un producteur de pommade de sorcière comme vous... Mon manque de peur pour le soleil n’allait pas vous convaincre de mon innocence. »
Effectivement.
Tout était un malentendu.
Toute personne suffisamment attentive réalisera naturellement l’identité de Rushella.
Il va sans dire qu’étant donné la relation inséparable entre Hisui et Rushella, combiné avec le fait qu’elle avait sucé son sang devant Kirika, il était naturel pour elle de conclure que Hisui était un monstre baptisé par le sang maudit.
« Basé sur la personnalité de Senpai, si vous aviez découvert qu’il y avait des vampires à l’école... Vous prendriez sûrement des mesures pour les exterminer, » continua Hisui. « Surtout que vous êtes une sorcière possédant ce pouvoir. Mais quand même, c’était assez étrange. Pourquoi avez-vous tué des chats ? Pourquoi avez-vous incinéré le condensé ? Et la mandragore... Pourquoi le planter dans le parterre de fleurs ? »
« C’est..., » commença-t-elle.
« Sans rapport... avec Rushella, » continua Hisui. « Je suppose que c’était un avertissement pour certains utilisateurs amateurs de magie noire. Senpai, vous avez consacré votre cœur et votre âme à l’école depuis longtemps. Je n’avais jamais réalisé la vérité pendant tout ce temps sans jamais penser que Senpai serait une sorcière maléfique. C’est pourquoi c’est seulement maintenant que j’ai décidé... »
Hisui avait compris.
Basé sur la manière de penser de Kirika, ainsi que sur les différents fragments de preuves, il savait qu’elle n’était pas une chasseuse de vampires, mais une autre sorte d’existence.
« La cause de l’incident... est probablement le document du Club de Recherche Occulte, » continua-t-il. « Bien que cela ne compte pas comme un grimoire, il y avait quelques sortilèges inscrits dessus. Ce livre a fini par être lu par quelqu’un et le fou a essayé d’appliquer les connaissances écrites dans le livre. Cela a abouti au début au corps des deux premiers chats. Les chats morts ont été trouvés non seulement par Kariya, mais aussi par vous, Senpai. Vous vouliez arrêter cette personne. Vous vouliez donner un avertissement. C’est pourquoi vous avez jeté cette magie pour que les autres en soient témoins. Puisque vous êtes une sorcière authentique, naturellement le sort a réussi. Ensuite, vous vous attendiez à ce que la personne ait peur après avoir approché le chat et qu’il décide de ne plus toucher à la magie. Eh bien ! Il s’est avéré que c’était moi qui suis entré dans votre piège. »
« ... C’est vrai. Voyant quelqu’un faire quelque chose de si terrible, je ne pouvais pas me tenir à l’écart sans rien faire... ! c’est pourquoi..., » répliqua Kirika.
« ... Par coïncidence, vous avez trouvé un chat qui avait été écrasé par un véhicule en mouvement, alors vous avez jeté de la magie dessus, » déclara Hisui. « Quand j’ai entendu l’histoire de Rushella, je l’avais trouvé assez étrange. Quelqu’un qui a fait quelque chose de si cruel n’aurait pas le cœur d’offrir des fleurs. En fait, c’était vous, Senpai, qui aviez offert des fleurs aux chatons, n’est-ce pas... ? »
« ... »
« Vous avez aussi fait quelque chose pour que la personne la voie. Pour qu’ainsi, la prochaine fois elle soit effrayée... Un peu de magie jetée dessus. Mais désolé, je suis devenu l’heureux gagnant cette fois si aussi, » continua Hisui.
« Vous... ! » s’exclama Kirika.
« Comme pour la mandragore... C’était probablement un accident. Horie-sensei a dit quelque chose comme... Un spécimen avait disparu. Était-ce la... mandragore ? » demanda Hisui. « L’héritage d’une sorcière, probablement laissé par ces gens du Club de Recherche Occulte. Senpai, vous devez l’avoir volée et détruite afin qu’il ne soit pas vu par les autres, non ? »
« ... C’est vrai. Mais j’ai simplement jeté la “fleur”. Comme je suis négligente..., » répondit Kirika.
« ... Puis un imbécile l’a ramassé et l’a planté dans le parterre de fleurs en tant qu’expérience, » expliqua Hisui. « En fin de compte, j’étais celui qui l’a sorti de là. Ce genre de truc enfantin n’aurait pas pu être fait par une vraie sorcière. Après cela, la représentante de classe l’a vu par hasard et pour une raison inconnue, elle a placé des feuilles dans la cuisine en tant qu’herbes. »
La voix de Hisui devint de plus en plus faible.
Il était vraiment à ses limites. La lueur de la bougie de la vie scintillait et était sur le point de s’éteindre.
« Vous... Qui êtes-vous vraiment... ? De toute évidence, vous êtes juste un humain ordinaire, mais pourquoi... !? » demanda Kirika.
« Qui sait ? Je comprends que vous voulez protéger l’école contre les vampires... Mais ce n’est pas nécessaire de le faire avec Rushella. Et aussi... Pouvez-vous nous permettre d’utiliser cette pièce ? Je mets ma vie en jeu ici en échange, » demanda Hisui.
Tout le monde restait silencieux.
Et les signes de vie disparaissaient rapidement du visage de Hisui.
« Bien que je veuille pouvoir exprimer mes griefs envers vous... Mais maintenant... Je n’en ai plus la force... Je ne peux vraiment pas continuer... Et si je dis quelque chose de haineux avant de mourir... Ce serait un peu... Donc, s’il vous plaît... Ne faites... pas attention à moi, » en finissant de dire cela, Hisui s’était effondré.
Laissant ses derniers mots insignifiants, ses dernières pensées étaient toujours prévenantes envers les autres.
L’esprit de Rushella était totalement vide alors qu’elle regardait fixement son serviteur.
D’autre part, Mei était entrée en action. « Dépêchez-vous... Dépêchez-vous et donnez-nous l’antidote ! Vous devez l’avoir avec vous, n’est-ce pas !? »
Elle s’était précipitée vers Kirika qui avait finalement été ramenée à ses sens de son état de stupeur.
« Dépêchez-vous et donnez-le-nous... Rapidement ! » Eruru pressa le canon de son arme contre la tempe de Kirika et cela même si elle savait que cette arme n’était pas autorisée à tirer sur des humains. Mais pour Hisui, c’était la seule chose qu’elle pouvait faire.
« Ah, oui. J-Je l’ai ! » Kirika avait finalement retrouvé son sang-froid et leur avait donné un petit pot contenant un liquide transparent.
Rushella l’avait instantanément arraché des mains, avait ouvert le couvercle et avait versé le liquide dans sa propre bouche sans hésitation. Puis elle l’avait transmis à Hisui au travers de sa bouche.
Dépêche-toi et réveille-toi !!
Pendant ce long baiser, elle avait prié du plus profond de son âme.