Chapitre 100 : L’ours est inutile ? Partie 1
Kumayuru et Kumakyu me réveillèrent au matin. Je m’étais retrouvée à faire un câlin à Kumayuru. J’avais dû m’accrocher au grand garçon sans m’en rendre compte pendant que je dormais. Mais c’était vraiment un bon sommeil réparateur.
Pourtant, Kumakyu bouda un peu parce que j’avais à la place fait un câlin à Kumayuru. Cela ne semblait pas juste — je veux dire, je dormais à ce moment-là, je ne savais donc tout simplement pas ce que je faisais et je n’avais pas besoin de tout cela aujourd’hui. Mais encore une fois, Kumakyu avait l’air si misérable avec ses grands yeux mignons que j’avais promis que nous dormirions ensemble ce soir. Sur ce, je les avais renvoyés tous les deux pour le moment.
Cliff et Milaine prenaient déjà leur petit-déjeuner au moment où j’étais arrivée au réfectoire.
« Vous vous êtes levés tôt tous les deux. »
« Nous avons peu de temps, et beaucoup à faire. », dit Cliff.
« En fait, j’aurais aimé dormir un peu plus, mais je suis prête à sacrifier ce confort si…, » elle laissa échapper un petit bâillement, « … je dois absolument le faire. »
« Tu n’as pas bien dormi ? »
Hmm. Deigha n’avait pas besoin de savoir ça, il pourrait s’en vouloir.
« Mes pensées ne faisaient que bourdonner. J’ai à peine pu fermer l’œil. », dit Milaine.
« On dirait que vous avez du pain sur la planche tous les deux », dis-je.
Cliff jeta un regard à Milaine, puis me fixa.
« Yuna… »
« Oh, Yuna… »
Milaine s’était frotté les yeux.
« Et qui est donc responsable de toute cette situation selon vous ? », dit Cliff.
« Attendez, vous me blâmez pour tout ça ? »
Qu’est-ce qu’il y avait à me reprocher ? D’être trop forte pour être génial ?
« Je ne dirais pas que c’est votre faute, mais vous devriez réfléchir à ce que vous avez fait », dit Cliff délicatement.
Hmph. Je n’étais pas vraiment d’accord, mais je suppose que je pouvais voir où Cliff voulait en venir et il n’y avait pas de raison d’argumenter. Eh bien, peu importe. J’avais commandé un repas à Deigha, je m’étais assise sur une chaise et j’avais attendu.
« Cependant, si l’on considère cela bien, c’est un joli port de mer. J’ai fait une petite balade dans le coin avant le petit-déjeuner. »
« Hm. Il est difficile d’imaginer qu’il y avait des bandits et un kraken ici. »
Anz sortit avec mon petit-déjeuner, un ressort dans sa démarche et un sourire éclatant de type service à la clientèle sur son visage.
« Vous pouvez remercier Mlle Yuna pour cela. Elle a apporté la paix dans ce port maritime. »
Je m’étais déplacée sur ma chaise.
« C’est exagéré. »
« Oh ? Eh bien, Mlle Yuna, vous allez devoir vous disputer avec tout le monde dans le port. »
« Je suppose que Yuna est une sorte de héros par ici, hein ? », dit Cliff en rigolant.
Argh, vraiment ? Est-il trop tard pour se retirer de cette histoire de héros ?
+
Un peu après avoir terminé notre repas, Sei, de la guilde des aventuriers, était venu nous saluer.
« Bonjour à tous. Avez-vous passé une bonne nuit ? »
« Oui, c’était très bien », dit Milaine.
Elle avait fait semblant de somnoler pratiquement toute la matinée, mais elle s’était glissée si facilement dans le personnage du maître de guilde.
« J’en suis ravi. Si je peux me permettre, j’aimerais vous emmener à la guilde des aventuriers à cette heure. Cela vous conviendrait-il ? »
Comme le petit-déjeuner était terminé, ils n’avaient pas objecté à la proposition de Sei… ce qui signifiait que j’avais enfin un peu de temps pour moi pendant que ces deux-là étaient partis discuter. Comme il faisait beau, peut-être que j’irais à l’océan. Ou non, peut-être que je pourrais aller sur la place et voir s’ils vendaient quelque chose d’intéressant ? Ou non, peut-être que c’était le moment de prendre des nouvelles d’Atola et d’aller voir ma toute nouvelle parcelle de terrain pour la maison ours ?
Cliff avait remarqué que je ne me levais pas de mon siège.
« Yuna, qu’est-ce que vous faites ? Nous partons. »
« Nous comme dans vous ou nous comme dans nous ? »
« Je pense que vous connaissez la réponse, Yuna, » avait-il dit, l’air sidéré.
Était-ce si évident ? Comment les gens arrivaient-ils à comprendre ce genre de choses ?
« Vous allez parler de tout ça, d’une ville à l’autre, non ? »
« Oui, c’est ça. »
« Est-ce que je ressemble à ce genre d’individu pour ça ? »
La réponse était censée être non. Qu’est-ce que je pouvais ajouter au travail administratif de la ville ?
« Qu’est-ce que vous dites ? Vous allez superviser les pourparlers. Si vous n’êtes pas là, alors que ferons-nous ? »
Attendez, depuis quand je supervise quoi que ce soit ?
« Milaine ? »
Elle devait savoir que c’était une mauvaise idée, non ?
« Vous êtes la seule d’entre nous à connaître la situation du port maritime, nous avons besoin de vous. Je doute vraiment qu’ils mentiraient, mais nous avons besoin de votre expertise. »
« Quand il s’agit de négocier, il est facile de parler des bonnes choses, mais personne ne veut évoquer les dures vérités ou les problèmes inconfortables. Avec vous dans les parages, il sera plus difficile pour eux d’adopter cette stratégie. », dit Cliff.
Était-ce vraiment le cas ? Je ne voyais pas les gens d’ici comme étant du genre à faire ça. Mais Cliff et Milaine ne savaient pas comment se comportaient les habitants de la ville, je supposais donc que c’était assez logique pour eux.
J’avais donc accepté à contrecœur.
+
Lorsque nous étions arrivés à la guilde des aventuriers, les employés nous conduisirent dans la même salle que celle où j’avais rencontré les anciens il y a peu de temps. Atola et trois anciens étaient assis sur leurs chaises, avec un nouvel ajout. Quand j’avais sauvé Damon des montagnes, Damon avait présenté cet employé de la guilde du commerce comme étant l’un des meilleurs, il s’appelait Jeremo.
Atola nous demanda de nous asseoir. Nous avions ensuite commencé.
« Nous vous remercions chaleureusement d’être venus jusqu’à Mileela dans un délai aussi court. Je n’aurais pas pu imaginer que le seigneur de Crimonia lui-même viendrait ici de son propre chef. »
« Après tout, elle me l’a demandé », dit Cliff.
Je ne me souvenais pourtant pas lui avoir demandé une telle chose. Tout ce que j’avais fait, c’était lui donner la lettre et lui expliquer la situation. J’avais dit qu’il pouvait y aller s’il avait du temps libre, mais…
« De plus, il semble qu’elle ait fait quelque chose de déconseillé et qui manque totalement de bon sens. Il n’y avait donc aucune possibilité dans mon esprit que je puisse confier une affaire aussi délicate à l’un de mes subordonnés. », continua Cliff.
« Je suis d’accord avec Cliff. », acquiesça Milaine.
Quelle impolitesse ! Tout ce que j’avais fait, c’était de vaincre le kraken et construire un tunnel.
« Avant de commencer, commençons par les présentations. Je suis le maître de la guilde des aventuriers, Atola. En ce moment, je m’occupe des affaires concernant le port maritime. », dit Atola.
« Vous savez déjà qui je suis, mais je le refais pour des raisons de bienséance : je suis le seigneur féodal de la ville de Crimonia, Cliff Fochrosé. S’il vous plaît, ne vous embêtez pas avec d’autres formalités, j’ai pris l’habitude de ne pas me préoccuper de telles choses. »
À ce moment-là, il me jeta un regard. C’était très impoli, mon pote.
Milaine se leva : « Je suis Milaine, le maître de guilde de la guilde commerciale de Crimonia. Je m’excuse pour le scandale que la guilde commerciale du port maritime a causé. »
Les trois vieillards firent de même et se présentèrent. Puis, finalement…
« Je m’appelle Jeremo, je travaille pour la guilde du commerce, et… je n’ai aucune idée de la raison pour laquelle j’ai été appelé ici. »
« Tu es venu en tant que représentant de la guilde du commerce », dit l’un des vieux hommes.
« Moi ? Un représentant ? »
« C’est exact. À partir de maintenant, tu prendras tes ordres du maître de la guilde Milaine, de la guilde du commerce de Crimonia. »
« Pourquoi moi ? »
Un autre vieil homme prit la parole : « C’est vous qui donniez du poisson aux ménages en difficulté et qui le cachiez à vos supérieurs de la guilde du commerce, non ? »
« Vous le saviez ? »
« Pas mal de maisons sentaient le poisson grillé, et la plupart d’entre eux n’avaient pas les moyens de se permettre un tel luxe. »
« Mais ça ne veut pas dire que je l’ai fait. »
« Ne sous-estimez pas notre réseau d’information. »
« Donc vous… saviez ce que je faisais ? »
« Cela nous faisait mal de voir que la nourriture n’allait qu’aux riches. »
Un des meilleurs, comme Damon l’avait dit. Jeremo ne s’était pas contenté de se plaindre, il avait agi, même s’il l’avait gardé secret.
« Parce que les habitants de la ville ont une si haute opinion de vous, nous vous avons appelé ici pour représenter la guilde du commerce. »
« Oui. Si nous devons reconstruire la guilde du commerce, nous avons besoin de quelqu’un en qui nous pouvons avoir confiance. »
Jeremo accepta à contrecœur.
« Je pense que cela suffit pour les présentations personnelles. Nous n’avons pas beaucoup de temps, alors continuons la discussion. », dit finalement Cliff.
Attendez, qu’en était-il de mon introduction ? Étais-je la troisième roue du carrosse ? N’avaient-ils pas besoin de moi parce que j’étais juste la fille aux ours ?
Peut-être que je n’avais pas besoin d’une présentation puisque tout le monde savait qui j’étais, mais tout le monde dans la pièce en avait fait une. C’était presque comme si nous étions arrivés à la fin des auto-présentations de la classe et juste quand je pensais que c’était mon tour, quelqu’un avait dit : « Je suppose que tout le monde est passé. »
Tout le monde ? Et moi, alors ? Qu’en est-il de mes sentiments ?
« Selon la lettre, vous voulez rejoindre mon territoire ? », continua Cliff
« Oui. En échange, nous aimerions être sous votre protection. Nous aimerions avoir votre aide si quelque chose arrive à ce port maritime. »
« Comme le problème du kraken ? »
« Oui. »
« Je voudrais commencer par dire qu’un kraken n’est pas un monstre facile à vaincre. Cette fille-ours ici présente va à l’encontre de toute logique. »
Cliff m’avait alors pointée du doigt. Excusez-moi, personne ne lui avait appris que pointer du doigt était impoli ?
« Oui, nous comprenons cela. Nous ne pensons pas qu’il y en aura un autre. Mais supposons qu’un monstre similaire apparaisse ici et que les circonstances deviennent aussi terribles… dans ce cas, nous aimerions que vous promettiez de nous fournir de la nourriture entre autres. »
« De la nourriture, c’est ça ? Savez-vous quelle est la distance entre Crimonia et le port maritime ? », répéta Cliff.
« Eh bien, ah… »
Les personnes représentant Mileela s’étaient tues. Conscients de la distance ? C’était difficile de ne pas l’être. Transporter de la nourriture prendrait tellement de temps et de travail. Ils dépériront s’ils devaient traverser une montagne ou prendre le chemin le plus long.
« C’était une blague », dit Cliff tout en éclatant de rire.
Milaine s’était jointe à lui.
Atola, Jeremo, et les trois autres anciens étaient déconcertés par cela.
« Cliff ? »
Atola et les autres avaient l’air troublés, ils n’avaient vraiment aucune idée de la raison pour laquelle cet étrange seigneur perdait les pédales à la table des négociations.
« Nous avons un accord concernant l’approvisionnement en nourriture. Si le port maritime est confronté à une pénurie de nourriture, nous vous apporterons notre soutien. Cependant, si ma ville est confrontée à la même situation de pénurie alimentaire, je ne peux rien promettre. Cela vous convient-il ? », dit-il finalement.
« Oui, bien sûr. Notre port maritime ne connaîtrait une pénurie que si nous ne pouvions pas aller en mer. Je ne pense pas que nous aurions une pénurie au même moment que Crimonia. »
« D’accord. Disons-le clairement : si Crimonia a une pénurie de nourriture, vous nous apporterez votre soutien. »
Le soulagement inonda alors la pièce : « Oui. Mais comment transporter la nourriture ? »
Normalement, ce serait un problème, mais…
« Ce n’est pas un problème. Grâce à cette ourse juste là. »
Il me donna alors une petite tape sur la tête. Je pouvais pratiquement voir les points d’interrogation flottant au-dessus de la tête de tout le monde sauf nous trois.
« Cette ourse ici présente a construit un tunnel reliant Crimonia au port maritime. », dit Cliff
« Hey, vous ne pouvez pas simplement dire que… »
Mais quelqu’un d’autre commença à parler avant que je puisse terminer ma pensée.
« Un tunnel ? »
« Seigneur Cliff ? »
Atola et les autres semblaient avoir du mal à y croire. J’admets que cela faisait beaucoup à encaisser.
« Est-ce vrai, Yuna ? »
« Eh bien, plus ou moins », avais-je marmonné.
Je l’avais vraiment creusé pour amener Anz à Crimonia, et pour obtenir un canal d’approvisionnement pour mes fruits de mer.
« Oui, nous avons voyagé jusqu’ici via ce tunnel. », dit Cliff.
« Vous… ne plaisantez donc vraiment pas ? »
« Je suppose que ça ressemble vraiment à une blague, mais c’est la vérité. Avec un cheval rapide, on peut aller à Crimonia en un jour. Nous ne savons pas combien de temps cela prendrait en voiture, mais ça ne peut pas être beaucoup plus long. »
« Et vous n’avez plus besoin de vous soucier de la nourriture », ajouta Milaine.
« Nous allons répandre la rumeur que le tunnel a toujours été là, alors s’il vous plaît, gardez secret la vérité sur sa construction et sur l’implication de Yuna. », continua Cliff.
« Mais pourquoi ? »
« Supposons que quelqu’un apprenne que Yuna l’a fabriqué, d’autres personnes pourraient surgir en espérant qu’elle en fasse un pour eux aussi. Cela ferait beaucoup de bruit pour notre Yuna, vous ne trouvez pas ? Je suis sûr que vous ne voudriez pas que cela se produise. »
Après tout ce qui avait été dit et fait, Cliff s’était apparemment vraiment occupé de moi.
« Eh bien… », dit un vieil homme.
« Bien sûr », conclut Atola.
« Alors s’il vous plaît, gardez ça entre nous. »
« Compris. »
Et ce fut comme ça qu’Atola et les autres acceptèrent la proposition de Cliff.
Merci pour le chapitre
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