Kuma Kuma Kuma Bear – Tome 4 – Chapitre 86

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Chapitre 86 : L’ours se rend à la guilde des aventuriers

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Chapitre 86 : L’ours se rend à la guilde des aventuriers

Partie 1

« Yuna, ma chère, voici l’auberge. »

C’était vraiment beaucoup plus grand que ce à quoi je m’attendais.

« Il y a habituellement des gens qui viennent d’autres ports maritimes pour acheter du poisson. Mais en ce moment, il y a… des chambres libres. »

Ils étaient entrés tous les deux, je les avais ensuite suivis.

« Deigha est là ? »

« Est-ce toi, Damon ? »

Un homme musclé bronzé était assis derrière le comptoir, l’air de rien. Nos regards s’étaient croisés.

« Des muscles ? »

J’avais laissé échapper un mot.

« Un Ours ? », avait-il lâché en retour.

Il avait des muscles plutôt ridicules. Comme une sorte de dieu de la mer, tout droit sorti des vagues.

« Damon, c’est qui la fille mignonne avec les habits d’ours ? », grogna-t-il.

« La fille qui nous a sauvé la vie. On a failli mourir dans la neige sur le chemin de Crimonia. »

« C’est un peu exagéré », avais-je dit.

« Et elle est en plus trop modeste. Nous nous sommes effondrés dans un blizzard, et elle nous a trouvés. Puis elle nous a protégés et nous a ramenés au port. »

« Cette petite fille ours a fait ça… »

« Elle veut rester à l’auberge. As-tu des chambres libres ? »

« Mm. Nous n’avons pratiquement que les aventuriers qui sont venus plus tôt. Des tonnes de chambres libres. »

« Tu pourrais donc la laisser rester ici ? »

« Oui, bien sûr. Je ne peux cependant pas servir de repas. Je parie que Damon te l’a déjà dit, mais nous manquons de nourriture dans ce port. Désolée d’être impoli, mais je n’ai pas les réserves nécessaires pour aller nourrir un étranger. »

Ehh. J’avais le pain que Morin m’avait fait et des tonnes d’autres choses, donc je n’avais pas de problèmes quand il s’agissait de nourriture.

« Cependant, si vous avez des ingrédients, je pourrais vous préparer quelque chose. », ajouta-t-il

Comme il l’avait proposé, j’avais décidé de le prendre au mot. Dommage que je ne puisse pas avoir de fruits de mer, par contre. J’avais sorti de la viande, des légumes, de la farine et d’autres choses de mon stock d’ours et je les avais placés devant l’homme musclé.

« Si vous pouvez faire quelque chose avec ça… », avais-je dit.

« Whoa, whoa, comment avez-vous fait pour avoir autant de nourriture sur vous !? »

J’avais haussé les épaules.

« Je ne sais pas combien de temps je vais rester, mais préparez quelque chose de savoureux, si vous le pouvez. Si vous avez besoin de plus d’ingrédients, dites-le-moi. »

« D’accord, j’ai compris. Je vais préparer quelque chose tout de suite. J’aimerais par contre pouvoir servir des fruits de mer. Je m’appelle Deigha. »

« Je m’appelle Yuna. »

« Enchanté de vous rencontrer, Mlle Ours. »

Pourquoi ne pouvait-il pas utiliser mon nom comme une personne normale ? Pourquoi personne ne pouvait-il le faire ?

Damon et Yuula étaient rentrés chez eux et j’avais eu mon repas préparé, qui était étonnamment délicieux. Ce type savait cuisiner. L’estomac plein, on m’avait montré ma chambre. Comme il y avait des tonnes de chambres libres, il m’avait laissé la plus grande chambre avec un plan de paiement différé. Il y avait même assez de place pour convoquer mes ours.

Je m’étais assise sur le lit et j’avais sorti mon téléphone ours. Fina devait s’inquiéter pour moi, alors je l’avais appelée.

« Yuna !? »

Après quelques sonneries d’ours, Fina décrocha.

« Fina, j’y suis. », avais-je dit avec ma meilleure voix d’agent secret

« Vraiment ? Merci mon Dieu. »

Je pouvais entendre à quel point elle était soulagée. Le fait de voir qu’elle s’inquiétait autant pour moi était touchant.

« Alors, l’océan est beau ? »

« Oui. Joli, grand, bleu. »

Même si je ne l’avais pas encore vu de près.

« C’est tellement beau. J’aimerais pouvoir le voir. »

« Si Tiermina est d’accord, voudras-tu venir avec moi un jour ? »

« Le penses-tu vraiment !? »

Eh bien, je ne pouvais pas vraiment l’amener avant que les bandits et le kraken soient partis, mais pourquoi pas ? En parlant de ça, je ne voulais pas inquiéter Fina, donc je ne lui avais pas parlé des bandits, du kraken, ou de la famine. Je lui avais juste dit que j’allais profiter des vibrations de l’océan pour un moment et que je pourrais mettre un peu de temps avant de revenir à Crimonia.

« Eh bien, si quelque chose arrive, n’hésite pas à appeler. »

Il était tard, donc je voulais que la conversation soit courte.

« Je n’hésiterai pas. Mais Yuna, s’il te plaît, ne fait rien d’imprudent non plus. »

Le lendemain matin, je m’étais réveillée avec deux énormes petits pains noirs et blancs posés sur mon lit. Je les avais inspectés de plus près et j’avais vu que Kumayuru et Kumakyu étaient recroquevillés et dormaient sur le lit sous forme de cubes. C’est vrai, je les avais convoqués par mesure de sécurité la nuit précédente. Il y avait une jeune fille de quinze ans qui dormait ici, après tout, alors j’avais besoin d’au moins un peu de sécurité.

Mes ours dormaient cependant si paisiblement. Ils allaient me réveiller si quelqu’un venait, non ? Quand je les avais caressés, ils m’avaient regardée, avaient poussé de petits bâillements et s’étaient immédiatement recroquevillés. J’avais rappelé mes petits gars, j’avais grimpé hors du lit et j’avais changé mes vêtements d’ours blanc pour mes vêtements d’ours noir. Puis je m’étais dirigée vers la salle à manger en bas.

« Vous êtes en avance. J’ai de la nourriture prête si vous en voulez. »

L’homme musclé Deigha m’avait servi le petit-déjeuner, qui était aussi délicieux qu’avant.

Parmi les employés de l’auberge, il y avait Deigha, sa femme et leurs enfants, qui tenaient plus de leur mère. Ils étaient tous plus âgés que moi, et le fils aidait à l’auberge tout en travaillant comme pêcheur. Et bien qu’ils avaient cuisiné à l’auberge avec le poisson que le fils avait attrapé, il était coincé à terre comme la plupart des pêcheurs et aidait donc à l’auberge elle-même.

Je pense que la sœur avait quelques années de plus que moi. Elle aidait à faire le ménage, la lessive, la cuisine, et tout ce dont sa mère avait besoin. J’avais été soulagée de constater qu’ils n’étaient pas musclés comme leur père. Ça aurait fait beaucoup trop de muscles pour un seul bâtiment.

« Quel goût ça a ? », grogna Deigha. Mais il grognait sur tout.

« Super ! »

« Eh bien, c’est bon à entendre. Et vous êtes sûre qu’on peut aussi avoir une part à manger ? »

« Vous me laissez une belle chambre. C’est le moins que je puisse faire. »

Selon Deigha, certains ménages étaient sur le point de manquer de nourriture. Bien qu’ils se soient répartis entre les personnes qu’ils connaissaient, même eux étaient presque à court.

« Au moins, la guilde commerciale distribue de la nourriture, non ? », avais-je ajouté.

« Hmph ! Ils font semblant, c’est sûr, mais en fait ils ne font que remplir les poches des riches. »

Comme l’avaient dit Yuula et Damon. Dans ce cas, je pense qu’il vaut mieux éviter de distribuer de la nourriture dans la guilde commerciale.

« Alors vous ne pouvez pas non plus obtenir de la nourriture ? »

Deigha secoua la tête.

« La guilde des aventuriers chasse des loups et d’autres animaux dans les bois pour en distribuer, mais ça ne va pas plus loin. »

« La guilde des aventuriers fait ça ? »

« Oui, ils aident aussi beaucoup de gens. »

Donc la guilde des commerçants était une corrompue, mais la guilde des aventuriers pouvait être décente. Intéressant.

Lorsque j’avais quitté l’auberge, je m’étais dirigée vers la guilde des aventuriers avec l’aide des indications de Deigha. Je l’avais trouvée tout de suite, elle était plus petite que celle de Crimonia. Je m’étais préparée à un autre combat avec des aventuriers tapageurs en entrant, mais…

« Il n’y a personne… dans le coin ? »

« Quelle impolitesse ! Je suis juste là, n’est-ce pas ? »

J’avais regardé dans la direction de cette voix pour trouver… une exhibitionniste. Elle portait une jupe courte, une chemise qui soulignait son abondant décolleté, et buvait même si c’était le matin.

« Très bien, gentille petite chose, que faites-vous dans une guilde d’aventuriers ? »

« C’est la guilde des aventuriers, non ? »

Je n’étais donc pas accidentellement entrée dans un magasin pour adultes.

« Ouais. Qu’est-ce qu’il y a ? »

« C’est quoi cette tenue ? »

« Comme c’est grossier. Ce sont mes vêtements. Ça rend les garçons sauvages », dit-elle en se penchant en avant pour mettre sa poitrine en valeur.

C’était une façon d’enfoncer le clou pour la fille aux ours et à la poitrine planche à laver. Je la rattraperai dans quelques années… pas vraies ?

« OK, mais il n’y a pas d’hommes ici ? Ou… quelqu’un ? », avais-je dit lentement.

« Bien sûr que non. Vous n’avez pas entendu ce qui se passe dans cette ville, mon ours ? »

« Kraken, bandits, famine… j’ai compris l’essentiel. Et quelques aventuriers de haut rang se sont enfuis avec certains habitants de la ville, il ne reste que les aventuriers de bas rang. »

Et personne d’autre.

« Vous avez à peu près tout compris, petite. Mais les aventuriers qui sont restés traînent à la guilde du commerce. »

« Vraiment ? Pourquoi la guilde du commerce ? »

« Ils sont de bas rang, mais ils peuvent encore chasser des monstres de moindre importance. La guilde du commerce les achète à un prix élevé, alors la plupart d’entre eux sont allés là-bas. »

Je vois. Donc ils gagnaient de l’argent en vendant à la guilde du commerce plutôt qu’ici. Les aventuriers préféraient les gros sous aux grosses pertes… mais je n’avais pas l’intention de le dire à voix haute.

« La guilde des aventuriers ne peut pas acheter des trucs plus chers ? »

« Hmph. J’ai déjà entendu ça. »

La femme me lança un regard noir. Je n’avais pas pu m’empêcher de sursauter, son regard était si acéré.

« Ha ha, je plaisante. Vous êtes une nerveuse. Qu’est-ce que vous venez faire ici, mon petit ourson ? »

« J’ai entendu dire que vous n’aviez pas assez de nourriture, alors je suis venue vous aider. Je suis une aventurière. »

« Vous ? Une aventurière ? Pfft. Heh. Ahahahaha ! Ça fait longtemps que je n’ai pas eu un bon fou rire, merci. Vous êtes censée être une aventurière, petite fille ourson ? Aha ha ha ! »

Elle n’arrêtait pas de rire aux éclats.

« Oui, je suis une aventurière. D’accord ? »

La femme sirota sa boisson et manqua de la renifler dans un nouveau gloussement.

« D-Désolée, désolée, je-pfffeeeahhahahahaha ! Je n’arrive vraiment pas à imaginer qu’une fille portant un costume d’ours aussi mignon soit une aventurière. Juste pour être sûr, voulez-vous bien me montrer votre carte de guilde ? »

« Et la vôtre ? »

« Oh, c’est vrai. Désolée. Je suis le maître de guilde de cette ville. Je m’appelle Atola. »

Je n’aurais jamais deviné. Je suppose qu’il n’y avait pas assez de talents dans le coin. J’avais donné ma carte de guilde à Atola.

« Il n’y a pas d’autres employés ici ? », avais-je demandé.

« Nan, on n’a pas le temps de tergiverser tant que la ville est dans cet état », avait-elle dit, et elle avait immédiatement pris une énorme gorgée d’alcool.

« Ouf. Pas de flânerie. Maintenant, ceux qui savent se battre sont dans la montagne pour ramasser de la nourriture et les plus forts négocient un envoi d’aventuriers. Tous les autres massacrent les monstres et les animaux ou distribuent la nourriture. »

***

Partie 2

Deigha avait dit quelque chose comme ça aussi, que la guilde des aventuriers distribuait la nourriture.

« Maintenant, je ne sais pas si vous avez remarqué à partir du “absolument tout autour de cet endroit”, mais nous avons une pénurie de nourriture en ce moment. Des problèmes de calamars géants et autres. Des tonnes de gens n’ont pas assez à manger. Je ne peux pas rester là et les laisser mourir de faim. Je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour eux. »

Huh. Je suppose que je n’aurais pas dû la juger sur son apparence, elle travaillait dur pour les habitants de sa ville.

Atola passa derrière le comptoir de la guilde et posa ma carte de guilde sur un panneau de cristal, qu’elle commença à actionner.

« Aventurière de rang D... Nom : Yuna », Atola avait lu à haute voix.

« C’est… »

Elle rétrécit ses yeux pendant qu’elle lisait à haute voix. J’aurais aimé pouvoir le voir aussi.

« Des monstres… des invocations… des tigres… des vipères noires… des bandits… le taux de réussite des quêtes… cent pour cent ? ».

Elle marmonnait d’une voix si basse que je pouvais à peine l’entendre. D’après les bribes que j’avais entendues, il semblerait qu’elle était en train de lire les monstres que j’avais tués. Atola avait fini de lire mes informations et… se figea.

« OK, la plaisanterie est terminée. C’est… »

Elle prit alors une grande inspiration.

« … C’est incroyable. Qui êtes-vous vraiment ? »

« Juste une aventurière. »

Que pouvais-je dire d’autre ?

« Veuillez m’excuser un instant, mais vous avez tué à vous seule une horde de gobelins et leur roi-gobelin. Vous avez tué des loups-tigres et une vipère noire. Vous avez terrassé des bandits, et il n’y a pas une seule marque noire sur votre dossier. Aucun échec. C’est incroyable. »

Mais c’était vrai.

« Et vous avez fait tout ça, chaque chose, toute seule ? Allez. »

Atola avait rétréci ses yeux en me regardant.

« Je ne le crois pas. »

Quoi, c’était le costume d’ours ?

« Tout cela est déjà trop, et en plus de ça… ça ? Vraiment ? »

« Qu’est-ce que vous voulez dire ? »

Il ne devrait n’y avoir aucun enregistrement au sujet des dix mille monstres que j’ai tués, non ? Sanya s’en était assurée.

« Il y a une note ici que seul un maître de guilde peut voir. »

Elle m’avait regardé à nouveau, comme si elle observait ma réaction.

« Petite, il y a le sceau du Royaume d’Elfanica là-dessus. »

« Le sceau d’Elfanica ? C’est censé être quoi ? »

C’était la première fois que j’en entends parler.

« Il est donné aux aventuriers et aux marchands qui ont la plus grande confiance du royaume. Il est conféré à ceux qui ont travaillé pour le bien du pays et qui réalisent de grandes choses. Vous ne faites pas semblant d’avoir de l’âge, hein ? Une sorte de maladie bizarre de vieillissement à rebours ? »

« Je suis une fille de 15 ans. »

Et une de celle qui n’avait aucune idée de ce truc estampillé sur ma carte de guilde. Ça devait être le roi qui l’avait fait. Il avait dû le faire pendant qu’il entrait le permis d’entrée dans ma carte de guilde. S’il devait faire ça, j’aurais aimé qu’ils me le fassent savoir.

« Qu’avez-vous fait au Royaume d’Elfanica ? »

« Juste, euh, j’ai aidé un peu quelqu’un. »

Je veux dire, je ne pouvais pas lui dire que j’avais tué une armée de monstres déterminés à détruire le royaume dans une quête de vengeance folle. Ça devait être l’histoire des dix mille monstres.

Atola plissa les yeux et me regarda d’un air dubitatif.

« Vous n’êtes pas impliquée avec la famille royale, hein ? »

« Non. Je suis juste une aventurière ordinaire. »

Comme si j’allais me balader en costume d’ours si j’étais de la famille royale. Mais cela soulevait une question : si je me rendais dans des guildes d’autres villes, cela provoquerait-il toujours une telle agitation ?

« Est-il possible d’effacer cette info ou quelque chose comme ça ? »

« Qu-Qu’est-ce que vous dites ? ! Vous parlez d’effacer le sceau du Royaume d’Elfanica. »

« Ouais, mais c’est vraiment gênant quand ça fait flipper les gens comme vous venez de le faire. »

« Écoutez. Les seuls qui peuvent voir le sceau sont les maîtres de guilde. Si vous utilisez votre carte normalement, personne ne le saura. Mais si vous avez des problèmes dans une guilde, vous pouvez la montrer au maître de guilde et vous serez probablement bien traitée. »

Je suppose que c’était comme les sceaux d’identification dans le Japon féodal. Mais quand même…

« Mais si le maître de guilde le diffuse ? »

« Il vaut mieux pas. Les sceaux destinés uniquement aux yeux du maître de guilde sont considérés comme top secret. Le divulguer à quiconque serait une véritable violation de la vie privée. »

Super. Mais Atola avait l’air d’une énorme poivrote, ce n’était donc pas super encourageant.

« Vous êtes habillée bizarrement, mais vous êtes puissante. Nous sommes honorés de vous accueillir dans notre guilde. », dit-elle.

Elle avait tendu la main, et je l’avais saisie avec ma main d’ours. Ce fut ainsi qu’elle s’était glissée dans son rôle de maître de la guilde.

« Passons aux choses sérieuses. Qu’est-ce qui vous amène à la guilde des aventuriers, Yuna ? Vous ne seriez pas ici pour vous occuper de notre problème de bandits, par hasard ? », dit-elle en croisant les mains.

« Je pourrais le faire aussi, si vous le souhaitez, mais je suis surtout venue offrir de la nourriture à tous ceux qui en ont besoin. On dirait que venir à la guilde des aventuriers serait une meilleure idée qu’aller à la guilde commerciale. »

« Sans blague. Je suis heureuse de l’entendre, Yuna. »

« Les loups feraient l’affaire ? »

« C’est bien de la viande, n’est-ce pas ? Bon sang, même un ou deux seraient utiles en ce moment. »

Oh, bien. J’avais cinq mille loups morts.

« Sei ! Tu es là, Sei ? »

Atola se tourna vers une pièce arrière et appela quelqu’un.

« De quoi as-tu besoin ? »

Un membre du personnel masculin apparu de l’arrière-salle.

« Sei, comment se portent nos réserves de nourriture ? »

« Pas particulièrement bien. Nous donnons la priorité à la distribution aux personnes âgées et aux enfants, mais nous n’en avons même pas assez pour eux. »

« Je vois. Cette fille va apparemment nous donner des loups, alors si tu peux t’en occuper… ? »

Ce membre du personnel masculin, Sei, me jeta un regard.

« Maître de la guilde, qui est cette adorable enfant ? »

« C’est Yuna, une aventurière. Elle est arrivée hier, dit-elle. »

« Une aventurière ? Je vois. Je suis Sei, un employé de la guilde des aventuriers. Enchanté de vous rencontrer. »

Il n’avait pas fait d’histoire sur mon apparence et m’avait juste salué poliment. Il n’avait même pas posé de question sur la tenue d’ours !

« C’est vrai que vous nous donnez des loups ? »

« Oui. J’ai d’autres trucs, mais surtout des loups. Je veux dire, beaucoup de loups. »

« Ce serait très utile. »

Il inclina alors la tête et me remercia.

« Cool. Euh. Et bien, j’ai environ mille cinq cent soixante-dix-huit (peut-être soixante-dix-neuf ?) loups morts pour vous tous, donc je vais probablement avoir besoin d’un endroit pour juste, comme. Les empiler, je suppose. Une zone… d’empilage… de loups. »

Ce n’était pas le vrai nombre, mais ça avait l’air suffisant pour couvrir les besoins de la ville. J’aurais cependant aimé avoir des légumes et du pain.

« Qu’est-ce que vous venez de dire ? »

Leurs mâchoires étaient sur le sol.

« Oh, je cherche une zone pour les loups morts. Pour tous les loups morts que j’ai. »

« Non, ce n’est pas ce que je voulais dire. Est-ce que vous venez de dire mille cinq cents !? »

Peut-être que ce n’était pas assez pour un port en manque de nourriture ?

« Je peux vous en donner 2 000, si vous voulez. »

« Ce n’est pas le… Vous avez beaucoup de loups. Où est-ce que vous les gardez ? »

« Écoutez, j’ai tué les loups et je les ai sur moi, d’accord ? J’ai un sac d’objets qui contient une tonne de trucs », avais-je répondu. Je ne mentais pas.

Atola hocha lentement la tête. « Votre sceau. Je crois que je comprends pourquoi vous l’avez. »

« Un sceau ? », répéta Sei.

« Ne t’inquiète pas pour ça, Sei. Yuna, si vous en avez vraiment autant, une centaine nous suffira. Nous ne pourrions pas en découper un millier même si vous nous les donniez. », dit Atola.

C’est logique. Je ne savais pas combien de personnel elle avait, mais dépecer une centaine de loups prendrait du temps. Mais bon, juste une centaine de loups ne m’aiderait pas à vider mon inventaire.

« Sei, s’il te plaît mène-la à l’entrepôt. Ensuite, demande à tous les employés de les dépecer et de les distribuer. »

« Oh, et les gars ? S’il vous plaît, ne dites à personne que je vous ai donné les loups. »

« Pourquoi ? »

« Je ne veux pas attirer l’attention. »

Atola et Sei avaient regardé ma tenue à nouveau. Je savais ce qu’ils voulaient vraiment dire. Mais il y avait une sacrée différence entre se faire remarquer pour mon physique et se faire remarquer parce que je venais de nourrir un village. Les gens pourraient finir par m’énerver parce qu’ils voulaient plus de nourriture. Je ne pouvais pas gérer ça.

« Entendu. Sei, garde ce secret s’il te plaît. »

« Compris. Mlle Yuna, par ici s’il vous plaît », répondit Sei, tout en me conduisant à l’entrepôt.

« C’est notre, ah, “zone des loups morts”, comme vous l’avez si bien dit. »

J’avais sorti les loups de l’entrepôt des ours et les avais empilés en un tas sur le sol de l’entrepôt.

« Merci beaucoup, vraiment. Cela va nous aider. »

C’était dommage que je ne puisse pas me débarrasser d’autant de loups que je l’espérais, mais Sei m’avait dit qu’ils me préviendraient s’ils avaient besoin de plus. Il semblerait que j’avais une autre chance de me débarrasser de mon stock.

Pour l’instant, je m’étais dirigée vers l’océan — enfin.

Je voulais dire, s’ils avaient eu un marché, j’aurais acheté des fruits de mer pratiquement à la première heure. Mais ça n’avait pas l’air d’être possible. Et si j’avais pêché sans demander, j’aurais eu des problèmes, hein ?

Quand j’avais commencé à marcher vers l’océan, j’avais vu Yuula devant moi.

« Hé, Yuula, où allez-vous ? »

« Vers vous, bien sûr. Ne vous ai-je pas promis hier ? Je suis ici pour vous faire visiter le port maritime. Mais quand je me suis rendue à l’auberge plus tôt dans la journée, j’ai entendu que vous étiez déjà parti. Je vous cherchais. »

« Désolé. Je suis allée à la guilde des aventuriers. »

Je n’avais pas oublié, j’étais juste tellement inquiète à propos du problème de nourriture du port maritime.

« Vous êtes libre maintenant ? Je peux vous faire visiter, si vous le souhaitez. »

« Ça me paraît bien », avais-je dit avec un sourire reconnaissant.

« Super ! Où voulez-vous aller, Yuna ? »

« Pour l’instant, je pensais me diriger vers l’océan. »

« Dans ce cas, je vais vous y conduire. Que voulez-vous faire après cela ? Y a-t-il un endroit où vous voulez aller ? Il faut l’admettre qu’il ne se passe pas grand-chose en ce moment. »

« S’il y a un endroit où l’on vend du poisson, j’aimerais y aller. »

Non pas que je m’attende à ce qu’il y en ait un en ce moment.

« La guilde commerciale gère les poissons, vous devrez donc probablement vous y rendre pour en acheter. Vous pourrez peut-être en acheter si vous payez, mais les prix sont ridicules. »

L’offre et la demande, je suppose. J’avais de l’argent, donc je pouvais en acheter, mais ça faisait désordre d’acheter les ressources alimentaires limitées du port maritime juste parce que j’avais une envie de poisson.

« Oh, et où est Damon ? »

« Il distribue la nourriture que vous nous avez donnée aux gens que nous connaissons. »

« Êtes-vous sûre de vouloir faire ça ? Il y en a assez ? »

« Ça ira. Nous échangeons notre nourriture limitée entre nous. »

« Si vous n’en avez pas assez, faites-le-moi savoir. Comme, euh, les loups par exemple. »

Après avoir marché un moment, la côte était apparue. La vaste étendue de l’océan s’était étalée devant nous. Un océan bleu et sans fin, un ciel blanc. La mer était si calme qu’il semblait ridicule de penser qu’un kraken pouvait s’y cacher. À gauche, j’avais vu une tonne de bateaux de pêche amarrés dans le port. Je parie qu’ils seraient en mer sans la menace du kraken.

« Ton bateau est là aussi ? », avais-je demandé.

« Oui, nous en avons un là-bas. Mais il n’est pas très utilisé ces jours-ci. »

« Où apparaît le kraken ? »

J’avais montré du doigt l’océan qui s’étendait devant mes yeux. Je n’arrivais pas à croire qu’un kraken existait dans un endroit aussi calme.

« Où il veut. Il attaque tous les bateaux qui s’éloignent trop. Comme certaines personnes qui pêchaient à proximité ont aussi été attaquées, nous savons qu’il n’a pas de terrain de chasse principal. Je l’ai déjà dit, il s’est même approché du port maritime. Il pourrait apparaître n’importe où. »

Pour l’instant, je n’avais aucun moyen de combattre un kraken. Je ne pouvais pas me battre au-dessus de l’océan. Je ne pouvais pas voler et je ne pouvais pas plonger dans l’eau. Le jeu avait un objet que vous pouviez utiliser pour respirer sous l’eau, et certains joueurs avaient une compétence de sirène pour ces choses. Mais je n’avais pas d’objet pour m’aider à respirer ou à nager sous l’eau. Je ne pouvais pas non plus voler, évidemment. Je ne pouvais pas du tout vaincre le kraken avec mes capacités actuelles.

Si on avait pu se battre au sol, j’aurais pu servir à toute la ville des calamars grillés. Mais ça ne servait à rien de se plaindre de ce que je n’avais pas. Même avec l’équipement d’ours, je ne pouvais pas me battre dans l’océan. Tout ce que je pouvais faire était d’espérer qu’un aventurier de haut rang ou les troupes fassent un geste.

Je regardais l’océan en marchant le long de la côte. Il y avait des petites choses autour de la plage, des palourdes peut-être ? Si j’avais eu du miso, j’aurais pu les servir avec de la soupe miso.

J’avais sorti l’argent pour le travail, je m’étais alors demandé si je pouvais faire venir un aventurier de haut rang pour tuer ce kraken. En marchant le long de la plage, je pouvais voir une falaise devant l’endroit où nous marchions.

« Yuna, les bandits apparaissent devant cette falaise », avait prévenu Yuula.

Si je marchais seule, je me demandais s’ils allaient m’attaquer ?

Yuula et moi avions fini par errer dans la ville jusqu’au coucher du soleil. Lorsque nous nous étions arrêtées à la guilde des aventuriers à mi-chemin, je les avais vus distribuer les loups et quelques autres aliments que je leur avais donnés.

***

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