Chapitre 86 : L’ours se rend à la guilde des aventuriers
Partie 1
« Yuna, ma chère, voici l’auberge. »
C’était vraiment beaucoup plus grand que ce à quoi je m’attendais.
« Il y a habituellement des gens qui viennent d’autres ports maritimes pour acheter du poisson. Mais en ce moment, il y a… des chambres libres. »
Ils étaient entrés tous les deux, je les avais ensuite suivis.
« Deigha est là ? »
« Est-ce toi, Damon ? »
Un homme musclé bronzé était assis derrière le comptoir, l’air de rien. Nos regards s’étaient croisés.
« Des muscles ? »
J’avais laissé échapper un mot.
« Un Ours ? », avait-il lâché en retour.
Il avait des muscles plutôt ridicules. Comme une sorte de dieu de la mer, tout droit sorti des vagues.
« Damon, c’est qui la fille mignonne avec les habits d’ours ? », grogna-t-il.
« La fille qui nous a sauvé la vie. On a failli mourir dans la neige sur le chemin de Crimonia. »
« C’est un peu exagéré », avais-je dit.
« Et elle est en plus trop modeste. Nous nous sommes effondrés dans un blizzard, et elle nous a trouvés. Puis elle nous a protégés et nous a ramenés au port. »
« Cette petite fille ours a fait ça… »
« Elle veut rester à l’auberge. As-tu des chambres libres ? »
« Mm. Nous n’avons pratiquement que les aventuriers qui sont venus plus tôt. Des tonnes de chambres libres. »
« Tu pourrais donc la laisser rester ici ? »
« Oui, bien sûr. Je ne peux cependant pas servir de repas. Je parie que Damon te l’a déjà dit, mais nous manquons de nourriture dans ce port. Désolée d’être impoli, mais je n’ai pas les réserves nécessaires pour aller nourrir un étranger. »
Ehh. J’avais le pain que Morin m’avait fait et des tonnes d’autres choses, donc je n’avais pas de problèmes quand il s’agissait de nourriture.
« Cependant, si vous avez des ingrédients, je pourrais vous préparer quelque chose. », ajouta-t-il
Comme il l’avait proposé, j’avais décidé de le prendre au mot. Dommage que je ne puisse pas avoir de fruits de mer, par contre. J’avais sorti de la viande, des légumes, de la farine et d’autres choses de mon stock d’ours et je les avais placés devant l’homme musclé.
« Si vous pouvez faire quelque chose avec ça… », avais-je dit.
« Whoa, whoa, comment avez-vous fait pour avoir autant de nourriture sur vous !? »
J’avais haussé les épaules.
« Je ne sais pas combien de temps je vais rester, mais préparez quelque chose de savoureux, si vous le pouvez. Si vous avez besoin de plus d’ingrédients, dites-le-moi. »
« D’accord, j’ai compris. Je vais préparer quelque chose tout de suite. J’aimerais par contre pouvoir servir des fruits de mer. Je m’appelle Deigha. »
« Je m’appelle Yuna. »
« Enchanté de vous rencontrer, Mlle Ours. »
Pourquoi ne pouvait-il pas utiliser mon nom comme une personne normale ? Pourquoi personne ne pouvait-il le faire ?
Damon et Yuula étaient rentrés chez eux et j’avais eu mon repas préparé, qui était étonnamment délicieux. Ce type savait cuisiner. L’estomac plein, on m’avait montré ma chambre. Comme il y avait des tonnes de chambres libres, il m’avait laissé la plus grande chambre avec un plan de paiement différé. Il y avait même assez de place pour convoquer mes ours.
Je m’étais assise sur le lit et j’avais sorti mon téléphone ours. Fina devait s’inquiéter pour moi, alors je l’avais appelée.
« Yuna !? »
Après quelques sonneries d’ours, Fina décrocha.
« Fina, j’y suis. », avais-je dit avec ma meilleure voix d’agent secret
« Vraiment ? Merci mon Dieu. »
Je pouvais entendre à quel point elle était soulagée. Le fait de voir qu’elle s’inquiétait autant pour moi était touchant.
« Alors, l’océan est beau ? »
« Oui. Joli, grand, bleu. »
Même si je ne l’avais pas encore vu de près.
« C’est tellement beau. J’aimerais pouvoir le voir. »
« Si Tiermina est d’accord, voudras-tu venir avec moi un jour ? »
« Le penses-tu vraiment !? »
Eh bien, je ne pouvais pas vraiment l’amener avant que les bandits et le kraken soient partis, mais pourquoi pas ? En parlant de ça, je ne voulais pas inquiéter Fina, donc je ne lui avais pas parlé des bandits, du kraken, ou de la famine. Je lui avais juste dit que j’allais profiter des vibrations de l’océan pour un moment et que je pourrais mettre un peu de temps avant de revenir à Crimonia.
« Eh bien, si quelque chose arrive, n’hésite pas à appeler. »
Il était tard, donc je voulais que la conversation soit courte.
« Je n’hésiterai pas. Mais Yuna, s’il te plaît, ne fait rien d’imprudent non plus. »
Le lendemain matin, je m’étais réveillée avec deux énormes petits pains noirs et blancs posés sur mon lit. Je les avais inspectés de plus près et j’avais vu que Kumayuru et Kumakyu étaient recroquevillés et dormaient sur le lit sous forme de cubes. C’est vrai, je les avais convoqués par mesure de sécurité la nuit précédente. Il y avait une jeune fille de quinze ans qui dormait ici, après tout, alors j’avais besoin d’au moins un peu de sécurité.
Mes ours dormaient cependant si paisiblement. Ils allaient me réveiller si quelqu’un venait, non ? Quand je les avais caressés, ils m’avaient regardée, avaient poussé de petits bâillements et s’étaient immédiatement recroquevillés. J’avais rappelé mes petits gars, j’avais grimpé hors du lit et j’avais changé mes vêtements d’ours blanc pour mes vêtements d’ours noir. Puis je m’étais dirigée vers la salle à manger en bas.
« Vous êtes en avance. J’ai de la nourriture prête si vous en voulez. »
L’homme musclé Deigha m’avait servi le petit-déjeuner, qui était aussi délicieux qu’avant.
Parmi les employés de l’auberge, il y avait Deigha, sa femme et leurs enfants, qui tenaient plus de leur mère. Ils étaient tous plus âgés que moi, et le fils aidait à l’auberge tout en travaillant comme pêcheur. Et bien qu’ils avaient cuisiné à l’auberge avec le poisson que le fils avait attrapé, il était coincé à terre comme la plupart des pêcheurs et aidait donc à l’auberge elle-même.
Je pense que la sœur avait quelques années de plus que moi. Elle aidait à faire le ménage, la lessive, la cuisine, et tout ce dont sa mère avait besoin. J’avais été soulagée de constater qu’ils n’étaient pas musclés comme leur père. Ça aurait fait beaucoup trop de muscles pour un seul bâtiment.
« Quel goût ça a ? », grogna Deigha. Mais il grognait sur tout.
« Super ! »
« Eh bien, c’est bon à entendre. Et vous êtes sûre qu’on peut aussi avoir une part à manger ? »
« Vous me laissez une belle chambre. C’est le moins que je puisse faire. »
Selon Deigha, certains ménages étaient sur le point de manquer de nourriture. Bien qu’ils se soient répartis entre les personnes qu’ils connaissaient, même eux étaient presque à court.
« Au moins, la guilde commerciale distribue de la nourriture, non ? », avais-je ajouté.
« Hmph ! Ils font semblant, c’est sûr, mais en fait ils ne font que remplir les poches des riches. »
Comme l’avaient dit Yuula et Damon. Dans ce cas, je pense qu’il vaut mieux éviter de distribuer de la nourriture dans la guilde commerciale.
« Alors vous ne pouvez pas non plus obtenir de la nourriture ? »
Deigha secoua la tête.
« La guilde des aventuriers chasse des loups et d’autres animaux dans les bois pour en distribuer, mais ça ne va pas plus loin. »
« La guilde des aventuriers fait ça ? »
« Oui, ils aident aussi beaucoup de gens. »
Donc la guilde des commerçants était une corrompue, mais la guilde des aventuriers pouvait être décente. Intéressant.
Lorsque j’avais quitté l’auberge, je m’étais dirigée vers la guilde des aventuriers avec l’aide des indications de Deigha. Je l’avais trouvée tout de suite, elle était plus petite que celle de Crimonia. Je m’étais préparée à un autre combat avec des aventuriers tapageurs en entrant, mais…
« Il n’y a personne… dans le coin ? »
« Quelle impolitesse ! Je suis juste là, n’est-ce pas ? »
J’avais regardé dans la direction de cette voix pour trouver… une exhibitionniste. Elle portait une jupe courte, une chemise qui soulignait son abondant décolleté, et buvait même si c’était le matin.
« Très bien, gentille petite chose, que faites-vous dans une guilde d’aventuriers ? »
« C’est la guilde des aventuriers, non ? »
Je n’étais donc pas accidentellement entrée dans un magasin pour adultes.
« Ouais. Qu’est-ce qu’il y a ? »
« C’est quoi cette tenue ? »
« Comme c’est grossier. Ce sont mes vêtements. Ça rend les garçons sauvages », dit-elle en se penchant en avant pour mettre sa poitrine en valeur.
C’était une façon d’enfoncer le clou pour la fille aux ours et à la poitrine planche à laver. Je la rattraperai dans quelques années… pas vraies ?
« OK, mais il n’y a pas d’hommes ici ? Ou… quelqu’un ? », avais-je dit lentement.
« Bien sûr que non. Vous n’avez pas entendu ce qui se passe dans cette ville, mon ours ? »
« Kraken, bandits, famine… j’ai compris l’essentiel. Et quelques aventuriers de haut rang se sont enfuis avec certains habitants de la ville, il ne reste que les aventuriers de bas rang. »
Et personne d’autre.
« Vous avez à peu près tout compris, petite. Mais les aventuriers qui sont restés traînent à la guilde du commerce. »
« Vraiment ? Pourquoi la guilde du commerce ? »
« Ils sont de bas rang, mais ils peuvent encore chasser des monstres de moindre importance. La guilde du commerce les achète à un prix élevé, alors la plupart d’entre eux sont allés là-bas. »
Je vois. Donc ils gagnaient de l’argent en vendant à la guilde du commerce plutôt qu’ici. Les aventuriers préféraient les gros sous aux grosses pertes… mais je n’avais pas l’intention de le dire à voix haute.
« La guilde des aventuriers ne peut pas acheter des trucs plus chers ? »
« Hmph. J’ai déjà entendu ça. »
La femme me lança un regard noir. Je n’avais pas pu m’empêcher de sursauter, son regard était si acéré.
« Ha ha, je plaisante. Vous êtes une nerveuse. Qu’est-ce que vous venez faire ici, mon petit ourson ? »
« J’ai entendu dire que vous n’aviez pas assez de nourriture, alors je suis venue vous aider. Je suis une aventurière. »
« Vous ? Une aventurière ? Pfft. Heh. Ahahahaha ! Ça fait longtemps que je n’ai pas eu un bon fou rire, merci. Vous êtes censée être une aventurière, petite fille ourson ? Aha ha ha ! »
Elle n’arrêtait pas de rire aux éclats.
« Oui, je suis une aventurière. D’accord ? »
La femme sirota sa boisson et manqua de la renifler dans un nouveau gloussement.
« D-Désolée, désolée, je-pfffeeeahhahahahaha ! Je n’arrive vraiment pas à imaginer qu’une fille portant un costume d’ours aussi mignon soit une aventurière. Juste pour être sûr, voulez-vous bien me montrer votre carte de guilde ? »
« Et la vôtre ? »
« Oh, c’est vrai. Désolée. Je suis le maître de guilde de cette ville. Je m’appelle Atola. »
Je n’aurais jamais deviné. Je suppose qu’il n’y avait pas assez de talents dans le coin. J’avais donné ma carte de guilde à Atola.
« Il n’y a pas d’autres employés ici ? », avais-je demandé.
« Nan, on n’a pas le temps de tergiverser tant que la ville est dans cet état », avait-elle dit, et elle avait immédiatement pris une énorme gorgée d’alcool.
« Ouf. Pas de flânerie. Maintenant, ceux qui savent se battre sont dans la montagne pour ramasser de la nourriture et les plus forts négocient un envoi d’aventuriers. Tous les autres massacrent les monstres et les animaux ou distribuent la nourriture. »
Merci pour le chapitre
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