Kuma Kuma Kuma Bear – Tome 3 – Chapitre 53

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Chapitre 53 : Ensemble avec l’ours

« Êtes-vous celle qui nous a sauvés ? »

Une voix vint de derrière moi pendant que je tapotais la tête de Noa et Fina. Je m’étais retournée pour voir un homme plus âgé et une fille. La fille était peut-être un peu plus jeune que Fina et Noa. Ils étaient très bien habillés, comme Noa. Je suppose donc qu’ils sont des nobles, ou peut-être juste une famille riche. Ils avaient après tout des aventuriers comme gardiens.

« Si vous parlez des orcs, alors oui. »

« Je vois. Dans ce cas, permettez-moi de vous remercier. Je suis Gran Fahrengram. Merci d’avoir sauvé ma petite-fille et moi-même. »

L’homme plus âgé baissa la tête.

« Je suis Yuna, une aventurière. On passait par là, alors ne vous inquiétez pas. »

« Mais, quels vêtements étranges portez-vous ? », dit Gran en regardant ma tenue d’ours. Les autres aventuriers, qui se posaient des questions sur ma tenue jusqu’alors, avaient aussi hoché la tête.

« Ne vous inquiétez pas pour ça », lui avais-je répondu. Je ne savais toujours pas comment expliquer cette tenue.

« Je suis impressionné que vous ayez pu vaincre les orcs si facilement. Et puis, c’est la fille de Cliff là-bas ? »

Gran regarda Noa. On dirait qu’ils se connaissent déjà, m’étais-je dit.

« Seigneur Gran, c’est un tel plaisir de vous revoir. Je suis Noir », Noa l’avait salué comme une vraie aristocrate.

« Ah oui, Noir. Ça fait environ un an ? Comme tu as grandi. Est-ce que Cliff est ici ? »

Gran regarda autour d’elle.

« Mon père a du travail, alors il est resté en ville. Il m’a dit d’aller voir toute seule ma mère dans la capitale royale. »

« Alors tu as fait tout ce chemin toute seule ? »

« Oui, mais je vais bien, puisque j’ai mon escorte. »

Gran m’avait regardée.

« On dirait que ce Cliff t’a trouvé un très bon aventurier, bien qu’étrangement habillé. »

J’avais souhaité qu’il arrête de me traiter « d’étrange » encore et encore.

« Misa, contente de te revoir. »

Noa se dirigea vers la fille à côté de Gran, qui avait de longs et beaux cheveux argentés.

« C’est un plaisir de te revoir, ma très chère Noa. »

« Misa, vas-tu aussi à la capitale royale ? »

« Oui, ma mère et mon père m’ont précédée, alors je vais à la capitale avec mon grand-père. »

Ma très chère ? Ça sonne bien. J’avais essayé de m’imaginer que quelqu’un m’appelait « ma très chère Yuna », mais ça m’avait donné la chair de poule. Ouais. En plus, ça serait embarrassant.

« Désolée d’interrompre votre conversation, mais puis-je avoir un moment ? »

Marina arrivait, l’air plus propre maintenant qu’elle avait lavé le sang des orcs.

« Si on laisse les orcs tels qu’ils sont, ça pourrait attirer leurs compatriotes, ou d’autres monstres qui cherchent à manger les corps. J’aimerais les dépecer. »

« Vous voulez les dépecer ? »

« C’est vous qui les avez vaincus, mais vous l’avez fait en profitant du fait qu’ils étaient occupés par nous. C’est pourquoi nous aimerions aussi avoir une part. »

Ah, c’était donc ce qu’elle voulait dire. Je ne savais pas à quel point les matériaux orcs étaient précieux, mais il était naturel que ces autres aventuriers pensent à de telles choses.

« Je n’ai pas besoin d’aucune part. Vous pouvez en faire ce que vous voulez. »

« Vous êtes sérieuse ? Vous en avez abattu six. Itia a aussi vaincu les deux qu’elle gérait grâce à vous. »

« On en a éliminé deux par nous-mêmes, donc on n’a pas besoin de tout prendre. »

D’après le nombre de corps, il y avait eu une dizaine d’orcs.

« On va aller à la capitale royale, donc vous pouvez faire ce que vous voulez. »

J’étais allée vers Kumakyu et j’avais sauté sur son dos. J’avais des tonnes d’orcs dans mon entrepôt à ours et je n’avais pas vraiment besoin de plus.

« Noa, Fina, on y va. »

« S’il vous plaît, attendez une seconde », dit Gran.

« Si vous allez aussi à la capitale royale, pourquoi n’y va-t-on pas ensemble ? »

Voulait-il qu’on soit des compagnons de voyage ? Mais mes ours devaient ralentir pour que leur voiture puisse suivre. J’y avais réfléchi un moment, puis j’avais répondu : « Je n’y vois aucun avantage, alors, non merci. »

« Je vous paierai pour nous escorter. »

« Vous avez déjà ces femmes pour vous protéger, non ? D’ailleurs, n’est-ce pas une manière grossière d’agir envers elles ? »

J’avais parlé assez fortement pour que les aventuriers des environs puissent entendre. S’il m’engageait, cela signifiait qu’il n’avait pas beaucoup confiance en elles.

« Je ne doute pas des capacités de Marina et des autres. C’est juste que rencontrer un groupe d’orcs sur le chemin vers la capitale royale est normalement impossible. »

Était-ce vrai ? Je suppose que oui vu que nous n’avions pas vraiment rencontré de monstres jusque-là.

« J’aimerais que vous soyez là pour ma petite-fille. Nous avons été enfermés dans le chariot ces derniers jours, ce qui a été fastidieux. Avoir quelqu’un qu’elle connaît dans les parages comme Noir, cela pourrait rendre le voyage plus agréable. »

« Hmm. »

J’avais encore l’impression de me faire avoir ici. Je ne voulais pas parler de la maison ours sans leur faire confiance, donc si nous voyagions ensemble, je ne pourrais pas l’utiliser. Si nous ne pouvions pas utiliser la maison ours, cela voulait dire pas de lit et pas de bain. En outre, nous nous déplacerions plus lentement et couvririons beaucoup moins de terrain.

Alors qu’est-ce que j’allais faire ?

Cliff me payait, donc j’aurais cherché des instructions auprès de lui, mais il n’était pas là. J’avais décidé de demander l’avis de Noa, vu qu’elle était à la fois la personne que j’escortais et la fille de mon client.

« Noa, que veux-tu faire ? »

« Moi ? »

J’avais appelé Noa et je lui avais murmuré à l’oreille.

« Si nous voyageons avec eux, nous ne pourrons pas utiliser la maison ours. Donc nous ne pourrions pas non plus utiliser les lits ou la baignoire. »

Noa commença à chuchoter, bain, lit, bain, lit. On aurait dit qu’il y avait une bataille entre le lit et le bain et Misa dans la tête de Noa. Hmm, umm, elle murmura, et la bataille arriva finalement à son terme.

« Yuna, je suis inquiète pour Misa. Penses-tu que ce serait bien si nous y allions ensemble ? »

« Si c’est ce que tu veux, c’est bon. Mais j’ai quelques conditions. »

« Lesquelles ? »

« Naturellement, nous garderons la maison ours secrète. De plus, s’il y a des monstres que je ne pense pas pouvoir battre, nous allons courir tous les trois et laisser les autres derrière. Assure-toi d’être au moins préparé à cela. »

C’était la seule chose sur laquelle je ne changerais pas d’avis. Même moi, je n’étais pas invincible, et il devait y avoir des monstres — comme les dragons, par exemple — que je ne pouvais pas battre. Si nous rencontrions un tel ennemi, je ne serais peut-être pas capable de protéger d’autres personnes en plus de Noa et Fina.

« Je comprends », déclara Noa.

Je m’étais tournée vers Gran.

« Avez-vous pris une décision ? » avait-il demandé.

« Nous allons voyager avec vous. »

« Vous le ferez ? Ah, c’est merveilleux. »

Gran avait l’air ravi. Misa aussi, elle se précipita sur Noa.

« Alors, pourrais-tu aider les femmes pour le dépeçage, Fina ? J’aimerais partir le plus vite possible. »

« D’accord ! » Fina se précipita vers l’endroit où les aventuriers dépeçaient les orcs.

« Alors, ces ours sont à vous ? » demanda Gran, en regardant Kumayuru et Kumakyu.

« Ce sont mes invocations. Ils sont bien dressés, alors ne leur faites pas de mal. »

« Ils sont convoqués ? »

Gran continuait à regarder. Misa suivait, l’air étonné, tandis que Noa l’arrêtait pour l’emmener vers les ours.

« Le noir se nomme Kumayuru et le blanc Kumakyu. »

Misa s’était lentement rapprochée de Kumayuru.

« C’est bon, il n’y a pas de quoi avoir peur. »

Noa commença à caresser Kumayuru. Voyant cela, Misa la rejoignit et toucha Kumayuru.

« C’est doux. »

« N’est-ce pas ? Ils sont si gentils. Ils font un très bon endroit pour dormir. »

Noa donna à Kumayuru un énorme câlin, ce qui semblait arranger les choses pour les autres. Peu de temps après, Fina, Marina et les autres avaient fini de s’occuper des orcs et nous avaient rejoints.

« Cette gamine est douée pour le dépeçage. Elle nous a vraiment aidés. De plus, êtes-vous vraiment sûres de tout nous donner? »

« C’est bon. Il semblerait qu’on aille à la capitale ensemble, alors j’ai hâte de travailler avec vous. »

« Oui, de même. »

Avant de partir, Marina vérifia le chariot. Heureusement, il était en bon état, nous étions donc partis tout de suite. Une fois le contrôle terminé, Marina s’était assise sur le siège du conducteur et la sabreuse, Masrika, s’était assise à côté d’elle.

Il y avait de la place pour environ six personnes à l’intérieur du carrosse. Gran, Misa et Noa étaient montés les premiers, et Elle et Itia avaient pris les places restantes, en surveillant à travers les vitres latérales et arrière.

Les escortes ne sont-ils pas censées garder l’extérieur ? Mais ce n’était pas comme si elles pouvaient suivre un carrosse à pied pendant de longues heures, surtout chargées de leur équipement et de leurs armes. De plus, si des monstres attaquaient après avoir marché si longtemps, vous seriez trop épuisé pour vous défendre. Rien que d’y penser, j’avais ressenti une gratitude renouvelée pour ma convocation d’ours.

Au moment où elle était montée dans la voiture, Noa sortit son doigt et pointa Fina du doigt en déclarant : « Je te laisserai avoir les ours cette fois, mais cette place m’est réservée. »

Et bien, pensais-je, Kumayuru et Kumakyu sont tous les deux mes invocations.

Le carrosse s’était mis en mouvement. Nous l’avions suivi, avec Fina sur Kumayuru et moi sur Kumakyu.

Clip clop, clip clop.

Hmm, pensais-je. Nous allons assez lentement. Combien de temps faudra-t-il pour arriver à la capitale royale d’ici à cette allure ? Mais comme je ne pouvais rien y faire pour l’instant, j’avais décidé de laisser les ours faire le guet pendant que je faisais une sieste l’après-midi. Il faisait beau, et la chaleur de Kumakyu m’avait très vite assoupie.

Le carrosse roula sans incident jusqu’au coucher du soleil. Marina nous avait dit de nous arrêter et de nous ranger sur le côté de la route principale au milieu de nulle part. Son groupe y avait installé ses lits de camp et avait sorti les rations de voyage de ses sacs sans fond. Je voulais vraiment sortir ma maison d’ours, mais je m’étais retenue.

Comme il semblait que Misa allait manger avec son père et les autres aventuriers, j’avais appelé Noa et Fina pour qu’elles trouvent une solution pour le dîner. (Apparemment, Misa était aussi un surnom. Son nom complet était Misana.) Pour ce qui était de la préparation de la nourriture, tout ce que je faisais, c’était de sortir des repas simples de la réserve des ours. La différence entre le mien et celui de Marina était que mon pain était encore mou et chaud sorti du four. Je ne pouvais pas m’empêcher de ressentir un petit sentiment de supériorité pendant que nous mangions.

Bientôt, il était temps d’aller au lit. Nous allions partir à l’aube, ce qui me convenait parfaitement. Marina était venue juste au moment où j’allais me border.

« J’aimerais savoir dans quel ordre nous allons monter la garde. »

Ah, la garde de nuit : le grand ennemi du sommeil et le coût inévitable de la vie en plein air.

« En ce qui concerne la surveillance, nous avons ces gars, donc ça devrait aller. »

J’avais pointé du doigt Kumayuru et Kumakyu.

« Si des monstres ou des gens s’approchent de nous, ils nous le feront savoir. »

« Vraiment ? »

« On n’a pas besoin de guetteurs, mais si ça vous inquiète vraiment, votre groupe peut le faire. »

« Peut-on vraiment faire confiance à ces ours ? » dit Marina, en regardant mes compagnons à fourrure.

« C’est à vous de décider si vous leur faites confiance ou non. »

C’est tout ce que j’avais pu dire.

« Je comprends. Nous allons surveiller de notre côté. »

Marina se dirigea vers la voiture.

« Où vas-tu dormir ? », demandai-je à Noa, après avoir défendu mes huit heures de sommeil.

« Qu’est-ce que tu veux dire ? »

« Vas-tu dormir avec Misa ou avec les ours ? »

« Que veux-tu dire ? Tu vas dormir avec les ours ? » demanda-t-elle, la voix tremblante.

« Eh bien, la nuit est froide et dangereuse, non ? Venez ici, Kumayuru, Kumakyu. »

J’avais appelé les ours et je les avais fait s’asseoir. Ensuite, j’avais appelé Fina pour qu’elle fasse une démonstration et je l’avais emmitouflée dans une couverture. Une fois enveloppée, Fina s’était recroquevillée sur le ventre poilu de Kumakyu, qui était assis. Les pattes de l’ours l’encerclèrent, et voilà, l’œuvre d’art intitulée « Ensemble avec l’ours » était terminée.

« Qu’est-ce que c’est ? C’est une sublime façon de dormir ! »

« Tu vois, il ne fait pas froid comme ça. »

« Je vais dire à Misa que je dors avec toi ! Fina, assure-toi de garder une place pour moi ! »

Noa était partie en courant, puis était revenue rapidement… avec Misa à ses côtés.

« Yuna, Misa a dit qu’elle voulait aussi dormir avec les ours. »

« Je peux ? La très chère Noa m’a dit beaucoup de choses merveilleuses sur les ours aujourd’hui. J’aimerais y participer. S’il vous plaît ? »

Misa fixa ses grands yeux innocents sur moi. Je ne pouvais pas dire non. Elle était même plus jeune que Noa !

« Bien sûr. Vous pouvez coucher toutes les deux avec Kumayuru. Fina et moi, on va dormir avec Kumakyu. »

« Merci, Yuna ! »

« Merci beaucoup ! »

Noa et Misa m’avaient remercié, je les avais tout de suite emmitouflées dans une couverture et blotties contre l’estomac de Kumayuru.

« Kumayuru, ne les réveille pas toutes les deux, sauf si quelque chose de dangereux approche. Kumakyu, s’il te plaît, dis-moi si des monstres ou des gens s’approchent de nous », avais-je demandé. Je m’étais alors appuyée contre l’estomac de Kumakyu, en m’assurant de laisser la moitié à Fina. Il faisait chaud. J’avais mis ma main dans le bras de Kumakyu pour m’y tenir dans mon sommeil.

« Bonne nuit, Fina. »

« Bonne nuit. »

 

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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