Kuma Kuma Kuma Bear – Tome 1 – Histoire bonus

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Histoire bonus : L’ours convoque des ours

Après avoir acheté un grimoire à la librairie, j’avais commencé à pratiquer la magie et à récupérer un max d’expérience des monstres locaux. Je m’adaptais lentement à la magie de ce monde, dont les principes fondamentaux étaient, heureusement, les mêmes que ceux de WFO.

Lorsque j’avais regardé mon écran d’état pendant une pause quelques jours plus tard, j’avais remarqué que j’avais acquis des compétences intéressantes.

L’invocation de l’ours… m’étais-je dit. Ça doit vouloir dire que je peux invoquer des ours, non ? Apparemment, je pourrais invoquer un ours depuis chaque gant d’ours.

J’avais décidé d’essayer. J’avais versé du mana dans mon gant d’ours noir et je m’étais imaginé que je pouvais invoquer un ours. Lorsque la bouche de la marionnette de l’ours noir s’était ouverte en grand, un objet rond noir et poilu avait jailli de sa bouche.

Est-ce que c’est censé être un ours ? m’étais-je dit.

L’objet rond avait bougé et avait tourné sa tête vers moi, j’avais réalisé que je regardais son derrière poilu. L’ours regarda autour de lui et se leva, il avait ensuite lentement marché vers moi. C’était un peu effrayant, j’avais fait un pas en arrière.

L’ours s’était approché. Alors que je reculais encore, l’ours avait émis un roucoulement triste. Je ne pouvais pas continuer à reculer maintenant qu’il avait fait un bruit comme ça, alors je l’avais laissé se rapprocher et se blottir contre moi. Sans surprise, il était chaud. L’ours semblait heureux quand je lui tapotais la tête. Sa fourrure était douce et pelucheuse contre ma peau.

« Est-ce que je t’ai invoqué ? »

En réponse, il roucoula de nouveau et s’était assis, le dos tourné vers moi.

« Veux-tu dire que tu veux que je te chevauche ? »

Il roucoula à nouveau. Je n’avais jamais monté à cheval, mais en pensant à mes projets d’avenir, je pourrais certainement utiliser un cheval pour les longs voyages. J’avais monté l’ours avec précaution, et il s’était relevé lentement, pour que je ne tombe pas.

« Euh, whooaaa. »

Je m’étais sentie basculer, mais je n’étais pas tombée. L’ours s’était retourné pour me regarder, mais il n’avait pas essayé de bouger.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? »

Au moment où je le demandais, j’avais réalisé ce qui se passait.

« Oh oui, tu ne sais pas où aller. Euh, tu peux juste marcher n’importe où pour le moment. »

L’ours roucoula tout en se mettant à marcher.

« Whoa. »

C’était bien mieux que ce que je pensais. Je ne glissais pas autant que je le craignais, c’était un peu comme si je montais sur un canapé de luxe.

« Pourrais-tu essayer de courir un peu ? »

L’ours s’était lancé dans un sprint si rapide que le paysage s’était précipité. Je n’avais pas perdu l’équilibre ni même eu l’impression de tomber, malgré la vitesse à laquelle nous allions. C’est peut-être la capacité de cette convocation ? avais-je pensé. Je m’étais balancée de gauche à droite pour la tester, mais même quand j’avais essayé de me lever, c’était comme si une sorte de force me retenait à l’ours. Je n’étais même pas tombée quand je m’étais détendue et couchée. Est-ce que cela signifiait que je pouvais dormir pendant que je voyageais ?

J’avais décidé d’essayer cela plus tard. Il me restait à vérifier la vitesse de pointe de l’ours.

« Essaie de courir plus vite. »

Quand je lui avais demandé de faire ça, l’ours avait pris de la vitesse. J’étais presque sûre qu’on allait plus vite qu’une moto. Nous avions heurté les contreforts d’une montagne et nous avions continué à grimper alors que le sol devenait très incliné. L’ours ne semblait même pas fatigué.

« Stop. »

Une fois que nous étions à mi-chemin du flanc de la montagne, j’avais tapoté la zone proche du cou de l’ours. L’ours avait progressivement ralenti jusqu’à s’arrêter. Je descendis afin de m’étirer. Je n’avais aucune idée de l’endroit où nous étions, mais au moment où j’avais essayé d’ouvrir ma carte pour vérifier, l’ours sauta soudainement sur le côté.

« Quoi !? »

Une flèche s’était enfoncée dans le sol à l’endroit même où l’ours se trouvait jusqu’à il y a un instant. J’avais suivi sa trajectoire et j’avais instantanément soulevé un mur de terre.

Est-ce qu’ils nous poursuivaient ? m’étais-je dit.

J’avais utilisé la magie de détection pour chercher leur emplacement. En suivant l’angle de la flèche, j’avais remarqué une cible complètement immobile. J’avais ouvert un petit trou dans le mur de terre pour me faire une confirmation visuelle, mais comme le sol était en pente et qu’il y avait des arbres autour, je ne pouvais pas voir qui avait tiré la flèche.

Il était à une centaine de mètres. Et il ne me visait pas directement, mais mon ours. J’avais regardé l’ours, puis mes vêtements, en me demandant si je ne ressemblais pas de loin à son petit.

« Vous m’entendez !? »

J’avais crié dans la direction d’où venait la flèche.

« Je suis une aventurière, et cet ours est à moi. Pourriez-vous s’il vous plaît ne pas nous tirer des flèches !? »

J’avais attendu une réponse. S’il ne répondait pas, mes seules options étaient de fuir ou de riposter.

« Êtes-vous vraiment une aventurière ? Est-ce que cet ours est vraiment inoffensif ? » me répondit-il.

« Il ne vous fera pas de mal tant que vous ne l’attaquerez pas. Si vous continuez votre attaque, alors je riposterai en réponse. », avais-je dit.

Il s’était tu pendant un court moment.

« Très bien. »

Un homme portant un arc et des flèches était sorti d’une brèche dans les arbres. Il était habillé comme un chasseur de jeu vidéo.

« Cet ours est-il vraiment à vous ? » demanda-t-il.

« Oui. »

Pour le lui prouver, je caressais l’ours.

« C’est la première fois que je vois un ours obéir à un humain comme ça. Désolé d’avoir tiré de nulle part. Ce gros ours m’a juste fait peur quand il est arrivé. »

« C’est bien, mais j’étais là aussi. Vous auriez dû savoir qu’il y avait quelque chose. »

« Désolé. Cette tenue vous faisait ressembler à un ourson de loin. D’où vient une fille comme vous ? N’allez-vous pas vivre dans les bois avec cet ours ? »

« Nous vivons dans une ville appelée Crimonia. »

« Crimonia ? C’est assez loin. Est-ce que cette tenue est populaire dans cette ville ? »

Je l’avais souhaité. Le seul endroit où ce look était à la mode, c’était au Japon.

« Alors pourquoi êtes-vous dans un endroit comme ça, mademoiselle ? C’est dangereux par ici. »

« J’étais juste en train de me promener avec mon ours. Est-ce vraiment si dangereux par ici ? »

« Vous vous promeniez ? En portant cette tenue bizarre ? »

Franchement, il aurait pu éviter de dire que c’était bizarre. Ce n’était pas comme si je portais le costume parce que j’en avais envie.

« Cet endroit n’est pas sûr. Il y a un esprit gardien. », dit-il.

« Un gardien de quoi maintenant ? »

« C’est un gigantesque sanglier. J’ai tiré sur votre ours parce que je pensais que c’était l’esprit au début. »

« Attendez, il est vraiment si gros ? »

Mon ours était assez gros. Si le sanglier était à peu près de la même taille…

« Oui, il est à peu près aussi gros que cet ours. Il mange toutes nos récoltes et attaque les gens qui s’égarent dans la forêt, donc si vous devez partir, vous feriez mieux de le faire vite. », dit-il.

« Compris. Je vais donc y aller. »

L’homme hésita alors que je remontais sur mon ours.

« En fait, avez-vous un moment ? », dit-il.

« Bien sûr. Qu’est-ce qu’il y a ? »

Il regarda le mur que j’avais fait et me demanda : « Pouvez-vous utiliser la magie ? »

« Oui. »

« Quelle est la force de ce mur ? »

« Il est assez fort pour protéger des attaques de gobelins et des orcs. »

« Les attaques des orcs !? J’ai quelque chose à vous demander, mademoiselle. Pourriez-vous faire des murs comme ça autour des champs du village ? Nous vous paierons ce que nous pourrons, bien que je craigne que ce ne soit pas beaucoup. Je sais que je vous demande quelque chose de déraisonnable, mais à ce rythme, l’esprit gardien va raser le village, maison après maison. Je vous en prie. »

L’homme baissa la tête en signe de supplication. Cela ressemblait à gros plan galère, mais revenir et trouver le village détruit me laisserait un goût amer dans la bouche. J’avais accepté, bien qu’à contrecœur.

« Je peux faire ça, mais je ne sais pas si ça résistera vraiment à l’esprit gardien. »

Je savais combien la charge d’un sanglier sauvage était dangereuse, même chez moi. Je ne pouvais pas imaginer à quel point un ours serait fort, mais je ne pouvais certainement pas garantir que mes murs l’empêcheraient d’entrer.

« Je comprends. Au fait, je m’appelle Brandaugh. J’habite dans le village près d’ici. »

« Je m’appelle Yuna. Je suis une aventurière. »

Après nous être présentés, nous nous étions dirigés vers le village, qui était apparemment dans la direction opposée à celle d’où je venais. J’étais montée sur l’ours tandis que Brandaugh nous guidait. Pendant le trajet, il m’avait dit qu’il me donnerait plusieurs rations journalières de légumes que le village avait cultivés en remerciement.

En continuant à descendre le chemin de montagne, le village était apparu à notre vue. Un homme à l’entrée du village pointa sa lance vers nous.

« B-Brandaugh, c’est quoi cette chose derrière toi !? », cria l’homme.

« C’est bon ! Baisse ton arme. Cette personne dans la tenue d’ours est Yuna, c’est une aventurière. L’ours est à elle, donc nous ne sommes pas en danger tant que nous ne lui faisons pas de mal. »

« En es-tu sûr ? » dit-il tout en jetant un regard douteux à l’ours.

« Je te promets qu’il ne nous attaquera pas. »

« D’accord, mais ce n’est pas à moi de décider. Je vais chercher le chef du village, alors attends ici », dit l’homme à Brandaugh. Celui-ci se mit à courir dans le village.

« Désolé pour tout ça. Tout le monde est en alerte à cause de l’esprit gardien. »

Je savais très bien que cela se passerait comme ça. Je portais une tenue étrange et j’avais chevauché ce que toute personne normale en ce monde considérerait comme un ours féroce.

Au bout d’un moment, l’homme était revenu, maintenant accompagné d’une personne plus âgée.

« Brandaugh, comprends-tu au moins la situation dans laquelle nous sommes ? »

« C’est parce que je comprends la situation que je l’ai amenée ici. »

« De quoi parles-tu ? »

« Cette jeune fille peut utiliser la magie de la terre. Je l’ai amenée ici pour qu’elle puisse faire des murs pour nous protéger contre l’esprit gardien. »

« Allez-vous élever des murs avec de la magie ? C’est vrai que ça pourrait nous aider, mais nous n’avons pas d’argent pour la rémunérer… »

« Certains légumes frais feront l’affaire », avais-je dit.

« Êtes-vous sûr que c’est tout ce que vous voulez ? »

« Oui, assurez-vous juste qu’ils soient savoureux. »

Les légumes étaient meilleurs quand ils étaient fraîchement cueillis. C’était une vérité universelle.

« Et est-ce votre ours ? »

« C’est le mien. »

J’avais serré l’ours autour de son cou pelucheux pour le prouver.

« Il n’attaque vraiment pas les gens ? »

« Tant qu’ils ne l’attaquent pas en premier. »

« Très bien. Bien, permettez-moi de vous souhaiter officiellement la bienvenue au village. Bogue, s’il te plaît, fais-la connaître à tous les habitants du village et insiste sur le fait qu’ils ne doivent pas provoquer l’ours. »

Le garde s’était enfui une seconde fois, et nous l’avions suivi. En entrant dans le village, il était devenu évident qu’ils étaient dans une situation difficile. Certaines maisons avaient de grands trous d’effondrement dans leurs murs, tandis que d’autres s’étaient entièrement effondrées.

« Voici l’œuvre de l’esprit gardien. Nous pouvons reconstruire les maisons, mais sans nos champs, nous allons manquer de nourriture et les villageois n’auront d’autre choix que de mourir de faim. »

Je commençais à me sentir coupable d’accepter des légumes de leur part. Vu l’état du village, il était clair que leurs produits étaient la chose la plus précieuse qu’ils avaient.

En ce qui concernait les défenses, tout ce qu’ils avaient, c’était une clôture en bois délabrée, rapiécée et renforcée par endroits. Je m’étais dit que c’était probablement les sections que l’esprit gardien avait brisées. J’avais fait marche arrière jusqu’à l’entrée du village et j’avais commencé à entourer le village de murs en terre, en utilisant la clôture existante comme fondation pour construire.

« Faites-moi savoir si vous avez aussi besoin d’autres sorties », avais-je dit à Brandaugh.

« Je le ferai. »

J’avais fait le tour du village sur mon ours, en élevant des murs de deux mètres de haut. C’était probablement un sacré spectacle pour eux, puisque de plus en plus de villageois se rassemblaient pendant que je travaillais. Ils m’acclamaient chaque fois que j’érigeais un nouveau pan de mur, et les enfants couraient après l’ours.

« La magie est vraiment incroyable », déclara Brandaugh.

« Il n’y a personne au village qui peut utiliser la magie ? »

« Nous oui, mais tout ce qu’on peut faire, c’est allumer de petits feux. Je n’ai jamais vu ou entendu parler de magie aussi impressionnante. Où en êtes-vous avec le mana ? S’il vous plaît, n’en faites pas trop. »

Il n’y connaissait manifestement pas grand-chose en magie, puisqu’il semblait vraiment s’inquiéter pour moi.

« Je vais bien. »

« C’est bien, mais faites-moi savoir si vous êtes fatiguée. »

Bien sûr, je n’étais pas du tout fatiguée au moment où j’avais fini de construire le mur. J’avais façonné plusieurs portails dans les endroits où Brandaugh me l’avait demandé.

« Que feras-tu si l’esprit gardien entre par ici ? »

« L’esprit vient des montagnes, il n’entrera donc pas de cette direction. Nous renforcerons encore les portes avec du bois plus tard, juste pour être sûrs. »

Nous étions allés voir le chef du village pour lui faire savoir que le mur était terminé. Il m’avait remerciée, disant qu’ils avaient peu à offrir en termes d’hospitalité, mais il avait insisté pour m’offrir un repas. Le soleil commençait à se coucher. Dans ce monde sans électricité, le travail s’arrêtait quand la lumière du jour disparaissait.

Ils m’avaient fait entrer dans la maison du chef du village et m’avaient fait asseoir à une table. Je me sentais un peu mal de faire attendre l’ours dehors, mais il allait difficilement passer par la porte. Une femme était sortie de la cuisine avec un plateau de nourriture chargé, et Brandaugh commença à s’étonner.

« Marie, que fais-tu ici ? »

« J’aide le chef. D’ailleurs, c’est toi qui as amené notre invitée ici ? Si je ne peux pas être une femme hospitalière, alors qui le sera ? », dit-elle.

« Mais qu’en est-il de ton ventre ? » s’inquiéta Brandaugh. Un regard sur son ventre de femme enceinte me dit pourquoi il était inquiet.

« Un peu d’exercice est bon pour moi. »

« Je suppose… mais n’en fais pas trop, s’il te plaît. »

Marie avait apporté du pain, de la soupe de légumes et de la salade. Le pain était délicieux, il devait être fraîchement cuit. La soupe était un peu fade, mais c’était tout de même un repas savoureux et satisfaisant.

« Mademoiselle, j’en ai déjà parlé avec Marie, mais voulez-vous rester chez moi ce soir ? Nous vous avons fait travailler si tard, et nous devons encore rassembler des légumes pour vous les donner, » dit Brandaugh.

Honnêtement, j’avais à peu près décidé à ce moment-là qu’il ne serait pas juste de prendre leurs produits alors qu’ils étaient déjà si peu nombreux. Rien ne m’empêchait de remonter sur mon ours et de rentrer directement à la maison, mais je pouvais voir le soleil se coucher dehors. Il ferait nuit dans l’heure qui suit.

Alors que je débattais de ce que je devais faire, une agitation éclata dehors.

« L’esprit gardien est ici ! », cria quelqu’un.

Tout le monde dans la maison du chef du village se leva de sa chaise.

« Marie, toi et le chef du village restez ici. Je vais y aller. », dit Brandaugh

Il saisit l’arc appuyé contre le mur et s’enfuit de la maison. J’avais couru après lui, en suivant le son des voix agitées, et mon ours suivi de près derrière moi. Quand j’étais arrivée à l’endroit où les villageois étaient rassemblés, un bruit affreux venait du mur.

BLAM !! BLAM !!

« Ces murs sont incroyables ! Ils tiennent le coup même quand l’esprit gardien tape dedans ! »

Les hommes qui avaient placé des échelles contre le mur pour regarder par-dessus étaient en train d’applaudir.

« Le village est sauvé ! »

« Merci, mademoiselle ! »

Les villageois rassemblés me firent part de leur gratitude, mais leurs paroles s’étaient transformées en cris quand ils avaient entendu les guetteurs sur les échelles dire : « L’esprit gardien est en mouvement. Mais c’est là que… »

Ils regardaient dans la direction de l’entrée.

« Rentrez chez vous ! »

« Merde, c’est rapide ! »

Les villageois avaient commencé à se disperser. Brandaugh courut à travers la foule vers l’entrée. J’avais poussé un soupir avant de le poursuivre, en souhaitant qu’il pense à son enfant à naître avant de plonger la tête la première dans le danger. Mais il n’y avait pas que Brandaugh qui se dirigeait vers l’entrée. En arrivant à la porte principale, nous avions été rejoints par plusieurs hommes armés.

« Nous savons d’où ça va venir ! Attaquez ensemble dès qu’il arrivera ! »

« Ouais ! »

L’esprit gardien se profilait à l’entrée. Comme l’avait dit Brandaugh, il était aussi massif que mon ours. Les archers tirèrent, mais la peau de la créature repoussa leurs flèches. Il gratta le sol et se mit à courir, les hommes armés de lances lui lancèrent des coups infructueux au passage.

L’esprit courait droit sur moi. Alors que je préparais un sort, mon ours bloqua sa charge.

« Ours ! »

Il frappa durement l’esprit gardien et le retint. L’esprit gardien se retrancha et essaya de repousser l’ours, mais l’ours rassembla ses forces et tint bon. Il ne laissa pas l’esprit gardien faire un seul pas en avant.

« Jette-le sur le côté ! »

L’ours rugit en réponse à mon ordre et s’avança. Les pattes avant de l’esprit gardien, qui se débattaient, se soulevèrent du sol et soudainement, avec un grand bruit sourd, il était étendu à plat. Au même moment, j’avais invoqué ma magie.

J’avais recueilli de l’eau dans mon gant d’ours noir droit. J’avais libéré le sort sur l’esprit gardien, en enveloppant sa tête. Ses luttes s’intensifièrent alors qu’il commençait à se noyer.

« Ours ! Ne le laisse pas s’échapper ! »

L’ours s’était raffermi et avait maintenu l’esprit gardien au sol. Il se débattait, essayant de s’échapper, mais il ne pouvait pas respirer, et l’ours utilisait tout son poids pour le coincer. L’esprit gardien perdit peu à peu sa force de lutte. Finalement, il s’était arrêté de bouger.

Un silence discret s’était installé dans le village.

« Merci, ours », avais-je dit.

L’ours roucoula doucement, puis s’éloigna de l’esprit gardien.

« Est-il mort ? », demanda quelqu’un d’une voix feutrée.

« Est-ce que c’est vraiment... »

Brandaugh avait pris une lance d’un des villageois et frappa l’esprit gardien. Il n’avait pas réagi.

« Il est mort. »

À ces mots, le village était rempli de joie.

« Merci, mademoiselle ! »

« Merci ! »

Les mots de gratitude pleuvaient sur moi.

« Êtes-vous vraiment sûre de cela ? »

J’avais décidé de donner le corps de l’esprit gardien au village.

« Cette chose a mangé votre nourriture et vous a causé tout ce chagrin, n’est-ce pas ? Vous pouvez le manger, le vendre ou en faire ce que vous en voulez. »

« Mais nous ne vous avons rien donné en retour. Vous avez construit ces murs pour nous, et vous avez même vaincu l’esprit gardien par vous-même. Comment pouvons-nous prendre le butin, sa dépouille après tout cela ? »

Les villageois hochèrent la tête aux paroles du chef du village.

« Vous avez des femmes enceintes ici. Elles ont besoin de bien manger pour rester en bonne santé, et d’après ce que je vois, aucune d’entre vous n’a fait ça, pas vraie ? »

Elles avaient toutes une allure un peu maigre.

« Je reviendrai un jour, vous pourrez alors me remercier. »

« Vous avez notre gratitude éternelle. »

Le chef du village baissa la tête en signe de remerciement.

J’avais fini par passer la nuit chez Brandaugh. Quand j’étais partie le lendemain matin, les villageois s’étaient tous rassemblés à la porte principale pour me dire au revoir. C’était vraiment gênant.

« Revenez quand vous le voulez. Vous serez toujours la bienvenue ici, mademoiselle. », dit le chef.

« Merci, mademoiselle. Dites-nous si vous avez besoin de quelque chose. Je n’oublierai jamais la dette que nous avons envers vous, » dit Marie.

« Merci, Yuna », dit Brandaugh.

« Marie, j’espère que le bébé sera en bonne santé », avais-je dit

« N’oubliez pas de venir le visiter ! »

J’avais sauté sur le dos de l’ours et j’étais partie pour Crimonia. J’étais vraiment heureuse qu’il soit si rapide. Cela rendait les voyages longue distance plus pratiques.

En fait, je n’ai essayé qu’un seul gant, pas vrai ? m’étais-je dite tout en lui tapotant le dos pendant que nous rentrions à la maison.

J’avais fait une pause une fois que j’avais passé la montagne près du village et j’avais recueilli du mana dans le gant blanc pour essayer de convoquer un autre ours. Une boule de poils blanche géante sauta du gant et atterrit sur le sol. Ok, m’étais-je dit, c’est donc un ours blanc.

Mais l’ours blanc avait le dos tourné vers moi et ne voulait pas bouger.

« Quelque chose ne va pas ? »

Je l’avais appelé, mais il n’avait pas réagi.

J’avais tourné autour de l’ours blanc. L’ours blanc émit un petit gémissement et tourna son visage vers le bas. Peut-être qu’il boude ? m’étais-je dit. Il faisait toute sorte de cercles boudeurs sur le sol. Aussi mignon que ce soit, je m’étais sentie mal. Il devait être bouleversé parce que j’avais invoqué l’ours noir, mais pas lui.

Mais c’était mignon.

« Désolée. Ce n’est pas comme si je ne voulais pas te convoquer. J’ai juste oublié… »

Au moment où j’avais dit : « J’ai juste oublié », l’ours blanc m’avait tourné le dos à nouveau.

« Eh bien, ce n’est pas comme si j’avais vraiment oublié… eh bien, écoutes, je suis seule ici. Il m’est tout simplement impossible de vous chevaucher tous les deux en même temps, alors pourquoi ne pas le faire à tour de rôle ? Me laisseras-tu me ramener chez moi ? »

J’avais tapoté son dos blanc poilu en lui demandant ça. Cette fois, l’ours releva ses oreilles et me regarda.

« Est-ce que ça irait ? »

L’ours blanc roucoula et se leva. Tout était pardonné, apparemment.

J’avais monté l’ours blanc et j’avais fait le reste du chemin jusqu’à Crimonia, profitant de ce temps pour trouver des noms pour mes nouveaux coureurs. Finalement, je les avais trouvés. J’avais nommé l’ours noir Kumayuru, et l’ours blanc Kumakyu.

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