Kimi to Boku no Saigo no Senjo – Tome 5 – Chapitre 1

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Chapitre 1 : L’échange de sorcières

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Chapitre 1 : L’échange de sorcières

Partie 1

L’État indépendant d’Alsamira.

Un immense désert s’étendant sur la partie orientale du plus grand continent du monde. Une station balnéaire de la taille d’un pays, enfermée dans un été sans fin. La température avoisinait toujours les 40 degrés, mais l’air était sec, et la lumière du soleil était agréable et plaisante.

Cette oasis urbaine avait été construite avec des piscines gigantesques, des spas et des hôtels de grande classe.

Dans l’un de ces hôtels, au dernier étage…

« Je le savais. Les journaux et les magazines à potins ont mis cette histoire en première page ces deux derniers jours. »

Jhin, le sniper aux cheveux argentés, avait jeté un journal sur la table.

 

« Une station balnéaire se transforme en pagaille du jour au lendemain

Tard dans la nuit, une forte explosion a retenti à la périphérie de la municipalité d’Alsamira, dans une zone d’exploitation de pétrole brut. »

 

Il baissa les yeux sur l’article.

« Ça a dû arriver au siège de l’Empire à l’heure qu’il est. Je suppose qu’ils l’auraient de toute façon découvert quand l’Objet a été détruit. Ils ne sont pas du genre à laisser passer des communications ratées sans poser de questions. »

« … Bon sang, » gémit Iska depuis le sol de la pièce.

Il s’était assis sur ses genoux pendant une heure pour se punir.

« Je suis vraiment désolé… »

« Ce n’est pas ta faute. L’ennemi t’a pris par surprise. Mais honnêtement, je ne pense pas que tu te sois comporté comme toi-même ces derniers temps. »

Jhin s’était installé sur le canapé. Il portait un débardeur qui laissait apparaître ses épaules, ce qui était inhabituel pour lui. Cependant, il ne pouvait rien porter avec des manches pour le moment, car son bras était enveloppé d’un bandage allant de l’épaule au coude.

Elle lui avait été infligée lors de leur récent combat contre le Seigneur Masqué.

Deux jours auparavant, il avait été blessé lors d’un combat inattendu contre le corps astral de la Souveraineté de Nebulis dans les faubourgs du pays.

« D’abord, tu as été enlevé dans une ville neutre et emmené à la Souveraineté. Cette fois, tu es impliqué avec le corps astral après avoir fait une promenade tout seul. »

« … J’ai honte. »

« Jhin, allez. Ne sois pas si méchant avec Iska, » ajouta Néné. « De plus, c’est la faute de la Souveraineté qui l’a attaqué en dehors d’un champ de bataille. »

Néné Alkastone avait le corps d’un mannequin et une tête recouverte de cheveux roux attachés en une queue de cheval. Elle était responsable de leurs communications en tant que mécanicienne de l’unité.

Elle tenait une trousse de premiers soins à côté de Jhin. « Il est temps de désinfecter ta blessure. C’est important. Nous devons aussi changer tes bandages. »

« Mais ça ne fait que sept heures. »

« Pas de “mais”. Que ferais-tu si ta blessure commençait à suppurer ? C’est sur ta main dominante, et tu es un sniper. Tu ne veux pas perdre la capacité d’utiliser ton bras droit, non ? »

« Bien. »

« C’est pourquoi nous devons le traiter. »

Jhin avait tendu son bras droit à contrecœur. Néné avait découpé les bandages et avait pulvérisé du désinfectant sur la plaie froncée.

« Juste quand je pensais que nous allions avoir une vraie pause après avoir littéralement échappé à la mort trois fois…, » dit Jhin en soupirant. « Il n’est pas étrange que l’ennemi nous surveille. Mais pourquoi la sorcière qu’Iska a aidé à sortir de prison serait-elle ici ? De tous les endroits ? J’ai l’impression que les chances sont d’une sur un million. »

« … Je n’en croyais pas mes yeux. »

Cela ne faisait que quatre jours qu’ils avaient quitté l’Empire et étaient entrés dans ce pays. Il ne s’attendait pas à ce que des retrouvailles l’attendent à son arrivée.

 

« Saint Disciple Iska, sais-tu qui je suis ? »

« Mon nom est Sisbell. Je suis honorée que tu te souviennes de moi. »

 

Des yeux de biche emplie de curiosité. Des cheveux brillants, blond fraise. Il y avait quelque chose dans son visage adorable qui rivalisait avec la grâce d’Alice.

La plus jeune princesse du Paradis des Sorcières. Sisbell.

Il s’est avéré que la sorcière qu’Iska avait sauvée de la prison impériale un an auparavant était une princesse.

Sa crête astrale était si faible, je n’y avais même pas pensé.

Je n’aurais jamais pensé qu’elle pouvait être de Sang Pur.

Les pouvoirs de la famille royale étaient connus pour être redoutables, alors si l’on se base sur les marques plutôt réduites de Sisbell, l’armée impériale ne devait pas se douter qu’elle avait capturé un membre de la royauté lorsqu’elle l’avait emprisonnée à l’époque. Pour la même raison, Iska avait également supposé qu’elle n’était qu’une simple sorcière.

« Comme je l’ai dit hier : c’était juste une coïncidence. Elle était surprise de nous voir, elle aussi. »

« Évidemment. Sinon, cela signifierait que nous sommes suivis par eux. Et je ne laisserai jamais cela se produire. Alors, que lui est-il arrivé ? »

« Je ne sais pas. On aurait dit qu’elle était leur cible. J’imagine qu’elle a quitté le pays cette nuit-là. Je pense que celui qui était après elle était celui que tu as combattu, Jhin. »

« … Ce Seigneur Masqué ? Je crois me souvenir qu’il a dit ça. »

C’était la deuxième fois qu’ils combattaient l’ennemi de Jhin, après s’être affrontés pour le vortex.

 

« Nous n’avions pas l’intention d’envenimer les choses. Notre but était de ramener chez elle une de nos collègues mages. Pourquoi un soldat impérial la protégerait-il ? »

 

Le silence s’était installé entre eux pendant quelques secondes.

Jhin détourna le regard du plafond, se penchant en avant dans son siège sur le canapé.

« Je suppose que ça a bien marché pour nous. »

« Hé ! Jhin. Reste tranquille. Je ne serai pas capable de bien faire tes bandages. »

« Peu importe. » Il l’avait laissée faire son travail. « Pour faire court, les membres du corps astrals visaient la sorcière que tu as aidée il y a un an. Je ne sais pas si elle est une criminelle ou une traîtresse, mais il est sûr de supposer que le Seigneur Masqué et son équipage ne se cachent pas à Alsamira pour venir après nous… »

Sisbell avait dû quitter le pays pendant la nuit — pour fuir vers un autre état étranger ou pour retourner à Nebulis. Dans tous les cas, le Seigneur Masqué avait dû ordonner aux troupes de la poursuivre. Il n’y avait aucune raison pour qu’ils restent derrière et concentrent leur énergie sur l’unité 907.

« N’est-ce pas, Iska ? »

« Ouais. Vu que nous avons été impliqués dans cette escarmouche, je pense qu’il serait plus sûr pour nous de ne pas rester ici. »

« Alors, c’est la rentrée des vacances, hein ? Non pas que j’aie envie de me lâcher… D’ailleurs… »

Jhin avait fait le tour de la pièce. Ils n’étaient que trois à être présents — Iska, Jhin, et Néné. Il leur manquait une dernière personne.

« La patronne est encore dehors ? J’ai parié que ça prendrait 30 minutes maximum avant qu’elle ne se lasse de s’entraîner dans la salle de gym à l’étage. »

« Elle se sent inspirée. »

Mismis avait laissé son subordonné se blesser alors qu’il la protégeait. Pour canaliser ses sentiments de regret, elle avait commencé un régime d’entraînement rigoureux.

« Mais qu’est-ce qui lui prend tant de temps… ? J’espère qu’elle va bien. »

« Veux-tu que j’aille voir ? » proposa Néné.

Elle s’était levée et s’était dirigée vers le coin de la pièce, où elle avait transféré des vêtements de rechange et une serviette dans un sac à main plus petit.

« Une serviette ? C’est pour quoi faire ? »

« Pour quand j’aurais la capitaine. »

« … ? »

« Je sais ce que je fais. Fais-moi confiance. Je reviens tout de suite ! »

 

++++

À l’étage, la salle de fitness était équipée de tapis de course, de vélos d’appartement et d’autres appareils d’entraînement.

Il y avait un espace piscine et deux chemins pour les hommes et les femmes qui menaient à des saunas remplis de vapeur blanche.

« Aaah... C’est la vie… »

Les panneaux de bois de la pièce sentaient le bouleau blanc.

Au petit matin, la capitaine s’offrait un moment de luxe dans le sauna vide.

Mismis Klass.

Même si elle avait vingt-deux ans, son visage de bébé lui permettait de s’en tirer en payant le prix d’une entrée pour enfant au cinéma. Elle semblait encore plus jeune que Néné, qui avait dix-sept ans. En fait, elle répondait à peine aux critères de taille et de poids requis pour l’armée. Il y avait même des rumeurs selon lesquelles elle avait caché des semelles épaisses dans ses chaussettes pour augmenter sa taille suffisamment pour être enrôlée.

« J’ai pu transpirer à la salle de sport, brûler de l’énergie à la piscine et me détendre dans le sauna… C’est tellement bon de se faire plaisir… »

La sueur coulait sur son cou fin.

Elle s’était mise sur le côté, couvrant son corps nu d’une simple serviette. Mismis n’avait même pas semblé s’inquiéter quand elle avait glissé de sa place.

« Il est trop tôt pour que quelqu’un vienne ici. »

C’était comme si elle était dans son lit à la maison. C’était si bon de laisser la vapeur réchauffer son corps épuisé.

« Iska a dit que l’ennemi doit être hors du pays. Et ce n’est pas comme s’ils allaient attaquer à l’intérieur de la station. »

Ce serait un énorme scandale s’ils essayaient de les faire entrer dans un hôtel. Les états indépendants n’avaient pas déclaré leur neutralité, ce qui signifiait que la Souveraineté ferait d’Alsamira un adversaire immédiat si un mage astral devait attaquer ici. C’est probablement ce qui les avait dissuadés d’attaquer.

« C’est pourquoi nous pouvons nous mettre en attente… Aah. C’est génial. »

Elle s’était retournée et s’était couchée sur le dos. En regardant la vapeur qui tourbillonnait près du plafond, ses paupières s’étaient alourdies.

« Ouf… J’ai l’impression que je pourrais faire une sieste. »

« Tu serais déshydratée, capitaine. »

« Ça va aller. Ne sois pas si dure avec moi, Néné… Attends. » Mismis s’était frotté les yeux.

Du brouillard était apparue une fille avec une queue de cheval en peignoir.

« Je t’ai trouvée ! »

« Es-tu ici pour te défouler un peu ? »

« Non ! Je suis ici pour vérifier que tu allais bien. Regarde-toi ! Tout étalée… »

La subordonnée croisa les bras, regardant maladroitement l’allure négligée de sa capitaine. Les yeux de Néné descendirent jusqu’à la serviette ouverte et la fine ligne de son nombril, puis remontèrent jusqu’à ses deux pics jumeaux, qui avaient réussi à conserver leur forme même lorsqu’elle était allongée à plat. Une perle de sueur avait glissé entre ses seins, qui avaient rougi à cause de la vapeur. Il n’y avait pas d’autre façon de décrire la scène que sensuelle.

Cependant, pour Néné, c’était embarrassant de voir sa capitaine dans cet état.

« Je peux tout voir. »

« Qu-quoi ? »

« J’ai appris que les gens comme toi sont appelés des exhibitionnistes. »

« H-hey ! Tu viens de me prendre au dépourvu ! » Mismis s’était levée en s’enveloppant dans la serviette. « Néné. Viens me rejoindre. »

« Peut-être pour un petit moment. Je ne veux pas que tu t’évanouisses ici. » Néné s’était assise à côté d’elle.

La porte en bois s’était ouverte en grinçant. Une petite fille était entrée dans le sauna.

« Pardonnez-moi. »

Elle avait une fine serviette de bain enroulée autour de son corps.

Même à travers la brume, elles pouvaient voir que ses cheveux étaient blonds avec des reflets couleur fraise. Avec son visage jeune et sa stature, elle ressemblait à une poupée qui aurait pris vie.

Mismis pourrait jurer qu’elles s’étaient déjà rencontrées. Mais où ?

« Hé, elle ne te semble pas familière ? » Néné le demanda à Mismis tranquillement.

« Toi aussi, Néné ? Qui est-elle ? »

Elles auraient pu la reconnaître si elles l’avaient croisée dans la rue. Mais sans ses vêtements ou ses cheveux maquillés, elles n’avaient que son visage comme indice.

« … Hmm. » Mismis et Néné avaient incliné leurs têtes avec étonnement.

La jeune fille s’était approchée d’elles sans dire un mot et avait tourné sa tête vers Mismis. La capitaine se redressa aussitôt, droite comme un piquet.

La fille avait gloussé. « Hé, toi. »

« Quoi ? Moi ? »

« Oui, toi. Ceci… » Elle avait tendu la main.

Mismis n’avait pas eu le temps de réagir que le bout du doigt de la fille s’était étiré vers son épaule gauche.

« Qu’est-ce que c’est ? » La jeune fille avait retiré le bandage de couleur chair du bras de la capitaine.

La lumière astrale avait rempli la pièce — l’épaule de Mismis brillait en vert.

« Ah… H-hey ! »

« Cache-la, Capitaine ! Dépêche-toi ! »

Néné avait agi par instinct, retirant la serviette de son corps et la pressant contre le bras de la capitaine pour cacher la preuve que Mismis était une sorcière.

Il n’y avait qu’eux trois dans la salle de sauna. Il n’y avait pas d’autres témoins. Mais qui savait si quelqu’un d’autre allait entrer ?

En dehors du territoire impérial, dans un état indépendant comme Alsamira, il était peu probable que quelqu’un soit ouvertement hostile aux sorcières. Cependant, il y avait toujours des individus qui nourrissaient une animosité secrète à leur égard, et cela ne valait pas le risque d’être exposé.

« Qu’est-ce que tu crois faire ? » Néné s’était élancée sur la fille. Elle ne se souciait même pas du fait qu’elle n’était plus couverte par une serviette.

Bien qu’elles aient à peu près le même âge, Néné la dominait.

« Il s’agit d’un bandage médical pour couvrir les blessures. Comment as-tu pu l’enlever ? »

« Oh, désolée. » La fille avait feint l’ignorance. « Je ne voulais pas dire ça. Mais j’ai quelque chose sous la main. »

« … Quoi ? »

« On n’est jamais trop rassurée avec ceux de l’Empire. Même s’ils arrivent à cacher la lumière, l’énergie astrale s’échappera toujours, même si elle est indiscernable à l’œil nu. »

Elle tenait un adhésif blanc laiteux dans sa main. Elle l’avait appliqué sur la crête astrale de Mismis avec des mouvements savants. Et voilà que la lumière avait commencé à disparaître.

C’était presque trop rapide.

Cela n’était pas arrivé quand elle utilisait des bandages médicaux impériaux.

« Hein… !? » Les yeux de Néné étaient devenus grands.

N’ayant pas digéré les événements, Mismis ne pouvait que s’en prendre à sa propre peau.

« Il est résistant à l’eau, mais ne l’immerge pas. » La jeune fille leur avait tourné le dos, posant sa main sur la porte du sauna.

Mismis était désorientée. « Attendez ! Vous… »

« Je ne supporte pas le sauna. Et je n’ai pas l’habitude d’avoir des conversations nues. »

Elle s’était tournée vers le côté, leur adressant un sourire élégant, rougi par la vapeur.

« Je vous attendrai au café du dix-septième étage. »

***

Partie 2

Au même moment, dans la chambre de la reine du palais royal de Nebulis.

Le soleil ne s’était pas encore levé à son zénith. Alice se tenait à côté de la reine. Son assistante, Rin, était derrière elle. À ce moment-là, elles étaient les seules à occuper l’espace.

« Mère… Ma reine, êtes-vous sûre… ? »

« Si tu es inquiète pour Elletear, tu n’as aucune raison de t’inquiéter. »

La grande sœur d’Alice avait quitté la pièce.

Alice semblait aborder le sujet avec sensibilité, tandis que la reine était directe.

 

« Il serait difficile pour vous de discuter de Sisbell avec moi dans les parages, non ? »

« Je n’ai pas été lavée du soupçon d’avoir divulgué sa position aux Zoa. »

 

Si Elletear était une traîtresse… cela signifiait que la Maison de Zoa entendrait parler des informations divulguées dans le rapport d’Alice sur Sisbell.

C’est pourquoi elle était partie de son propre chef.

Sauf que… cette situation donne l’impression que j’ai chassé ma propre sœur…

Alice se sentait coupable de n’avoir parlé qu’à sa mère de l’endroit où se trouvait Sisbell.

Elle allait s’excuser auprès d’Elletear plus tard. Alice avait tourné son visage vers la reine.

« C’est… » Sa mère soupira. « C’est gênant qu’elle ait été soupçonnée d’avoir des liens avec l’Empire — pas moins que par le Seigneur Masqué. »

« … Oui. »

« Les Zoa verront cela comme une opportunité en or. Ils vont nous déstabiliser pour pouvoir tenter de prendre le trône. Que devons-nous faire ? »

La reine avait levé les yeux vers le vitrail. Alice échangea furtivement un regard avec Rin, hochant secrètement la tête.

— Tout va bien ?

Rin avait acquiescé.

« Mère, Sisbell a dit qu’elle allait se cacher pendant un certain temps. »

Alice avait cinq points à rapporter à la reine :

D’abord, Sisbell avait été sauvée il y a un an par un soldat impérial nommé Iska.

Deuxièmement, c’était une coïncidence qu’elle l’ait récemment rencontré dans l’état indépendant d’Alsamira.

Troisièmement, Sisbell l’avait contacté, voulant connaître ses motivations pour l’avoir sauvé.

Quatrièmement, le Seigneur Masqué avait été témoin de leur échange.

Et enfin, le Seigneur Masqué cherchait à exposer Sisbell comme une traîtresse.

C’est l’information qu’Alice avait réussi à obtenir de sa jeune sœur. Et quand elle avait entendu parler du lien entre sa sœur et Iska, elle n’en avait pas cru ses oreilles.

 

« C’est arrivé il y a un an… »

« Lorsque j’ai fait une erreur et que j’ai été attrapée par l’Empire, un soldat impérial m’a sauvée alors que j’étais emprisonnée. »

 

Le soldat en question était Iska… entre toutes les personnes possibles.

Déchu de son titre de Saint Disciple après avoir été accusé de ses crimes, Iska avait été envoyé sur le champ de bataille comme l’un des nombreux soldats. C’est là qu’il avait rencontré Alice.

Attends. Est-ce que ça veut dire que Sisbell a rencontré Iska avant moi ?

Peu importe ! Ce n’est pas comme si nous appelions des Prem’s ou quoi que ce soit !

Alice et Iska avaient appris à se connaître suffisamment pour se déclarer rivaux.

Leur relation n’avait rien à voir avec celle qui existait entre Sisbell et Iska. C’était quelque chose de plus complexe et de plus prédestiné. C’était comme si l’Empire et la Souveraineté étaient parvenus à un accord.

Il n’y avait pas de place pour quelqu’un d’autre. C’est vrai ?

« Ouais. Il n’y a aucune chance que Sisbell et Isk… »

« Lady Alice ? »

« Ah… ! Rien, maman… Ha-ha-ha. » Elle avait essayé d’en rire.

Rin s’était avancée pour répondre. « Votre Majesté, si vous le permettez, il y a quelque chose que j’aimerais dire. »

« Et qu’est-ce que ce serait, Rin ? »

« En ce qui concerne le quatrième point du rapport de Lady Alice. »

« … Vous voulez dire le Seigneur Masqué ? » La reine avait poussé un autre soupir.

« Lady Sisbell est allée à Alsamira pour respecter votre décret. C’est étrange que le Seigneur Masqué ait été là, prêt à lui tendre une embuscade. »

« … »

« Quelqu’un a dû divulguer sa destination aux Zoa. Il semble peu probable que le Seigneur Masqué soit celui qui ait été envoyé là-bas dans le cas contraire. »

Il était le plus proche de leur chef de famille.

S’il avait été celui qui avait fait un geste, il devait s’attendre à un incident susceptible de déstabiliser Sisbell de sa position. Sans preuve solide que quelque chose de débilitant se produirait, il était difficile d’imaginer qu’il ferait l’effort d’aller sur place.

En d’autres termes, le Seigneur Masqué s’attendait à ce que Sisbell rencontre un soldat impérial.

Mais quelque chose ne colle pas. Sisbell a dit que leur réunion était une coïncidence.

Ces deux points avaient donné lieu à des incohérences. Il n’y avait qu’une seule explication — .

« Votre Majesté. Si je peux me permettre, j’aimerais ajouter un commentaire supplémentaire, » dit Rin avec anxiété.

« Je pense que celui qui a divulgué la destination de Lady Sisbell est lié aux forces impériales. »

« Sur quelle base ? » »

« En raison de la situation rencontrée. » Rin semblait certaine.

Alice et Rin étaient arrivées à cette conclusion à leur retour à la Souveraineté.

« Le Seigneur Masqué a lui-même voyagé jusqu’à Alsamira. Cela signifie que les Zoa étaient sûrs que quelque chose allait se passer là-bas. Ils étaient sûrs que Lady Sisbell contacterait un soldat impérial. »

« … Et ? »

« Ils ne pouvaient pas savoir qu’une unité impériale se trouvait à Alsamira, à moins d’être au courant des mouvements de leurs militaires. Le traître a révélé la destination de Lady Sisbell aux Zoa au moment le plus opportun. »

Le traître en avait été certain.

Comme le feu se mélangeant à l’oxygène, une rencontre entre la plus jeune princesse et un épéiste impérial avait le potentiel d’être explosive. Ce n’était qu’une question de temps.

« Rin, » la reine l’avait appelée. « Sais-tu qui pourrait être le “traître” ? »

« … Par processus d’élimination. »

« Vas-y. Je te donne la permission. »

« La princesse la plus âgée. »

« Bien sûr. »

Alice s’était presque dégonflée quand la reine avait semblé l’accepter.

« C’était aussi ma conclusion. C’est pourquoi je l’ai appelée toute seule. »

Cependant, il n’y avait aucune preuve. Et personne ne voulait croire qu’il avait été trahi par un membre de sa famille.

« Alice, où est Sisbell maintenant ? »

« Elle a dit qu’elle resterait dans la clandestinité pendant un certain temps. Je pense qu’il serait dangereux pour elle de retourner à la souveraineté sans connaître l’identité du traître. »

« Donc elle reste à Alsamira ? »

« … Je crois que oui. Mais elle peut se déplacer. »

Il y avait une possibilité qu’elle se cache dans un des pays environnants à la place. C’était une évidence pour Sisbell de quitter Alsamira pour échapper aux yeux des Zoa.

« Ses pouvoirs astraux ne sont pas adaptés à l’autodéfense. Elle pourrait résister, mais nous devons expédier mes gardes… Venez, Kisasage, Warvick. »

La reine Mirabella avait claqué des doigts.

Le petit clic avait retenti sur les murs, résonnant pendant quelques secondes avant de s’estomper.

« Vous avez écouté, n’est-ce pas ? Vous allez protéger Sisbell. »

« — Oui. »

« Lady Sisbell est votre chère fille. Nous jurons de la ramener saine et sauve au palais. »

Les meilleurs gardes de ma mère, hein ?

Soudain, les mages au service de la reine étaient apparus de nulle part, comme surgissant d’un mirage. Cet homme et cette femme faisaient partie des Planétaires, les gardes de la famille royale.

Qu’est-ce que… ? C’était mauvais pour ma santé…

Les deux gardes étaient là depuis le début — silencieux et indiscernables à l’œil, toujours en attente.

On disait que leurs pouvoirs astraux de dissimulation dépassaient même le meilleur camouflage optique offert par l’Empire. Alice ne pouvait pas le confirmer, puisqu’elle ne les avait vus qu’une poignée de fois.

« Il serait plus facile de la protéger si elle restait à Alsamira. Je me demande si elle y est encore. J’espère que ça se passera bien. »

Les deux gardes disparurent sans un instant d’hésitation. La reine avait croisé ses bras.

« Alice, j’ai quelque chose à te demander. »

« Qu’est-ce que c’est ? »

« À propos du soldat impérial que tu as dit que Sisbell avait rencontré à Alsamira. As-tu vu son visage ? Qui était-il ? »

« Non. J’ai peur de ne pas savoir. »

Rin avait l’air de vouloir dire quelque chose. Alice l’avait ignorée.

« Je ne l’ai pas rencontré à Alsamira ou sur le champ de bataille de la ville neutre. Hum. Autre chose, Rin ? »

« Je pense qu’il serait sage de fermer ta bouche. »

« C’est vrai. Je ne sais rien de lui, maman — pas même le plus petit détail sur ce soldat impérial nommé Iska. »

« Tu rends la chose plus suspecte. »

« Chut, Rin… ! S’il te plaît… ! »

Alice avait évité le contact visuel.

 

+++

Dans l’État indépendant d’Alsamira. Dans le café du dix-septième étage de l’hôtel Garnet.

« Puis-je prendre votre commande ? »

La fille aux cheveux blonds-fraises avait donné sa commande au serveur souriant. « Un milk-shake à la fraise, s’il vous plaît. »

La jeune fille s’était adressée aux personnes assises à sa table. « Merci de vous joindre à moi, Capitaine Mismis, Iska, et Néné. Et aussi Jhin. Dites-moi si je me trompe dans vos noms. »

Sisbell Lou Nebulis IX. La fille de la reine actuelle. Issue de la lignée de la Fondatrice.

« Oh, juste pour clarifier les choses : j’ai cherché chacun de vos noms moi-même. Je ne les ai pas obtenus d’Iska. »

« Ce n’est pas la question. »

La table était dressée pour six personnes.

Iska, Néné et Mismis étaient assis d’un côté du stand, tandis que Sisbell était seule de l’autre côté. Jhin était celui qui avait fait le commentaire, et il avait renoncé à un siège, se tenant debout près de la table.

« Nous avons entendu parler de vous par Iska. Dites-nous ce que vous voulez. »

« Avant que je fasse ça, asseyez-vous. »

« Je ne vois pas de sièges libres. »

« Et ceux qui sont à côté de moi ? »

Le luxueux canapé en cuir véritable pouvait accueillir confortablement trois adultes — peut-être même quatre, s’il s’agissait de femmes de petite taille.

Sisbell avait tapoté les deux places à côté d’elle.

« Juste ici. Soit à ma gauche, soit à ma droite. Vous avez le choix. »

Jhin était resté silencieux.

La gentille fille avait rétréci ses yeux.

« Oh ? » Son regard semblait menaçant. « Vous détestez l’idée de partager un siège avec une sorcière ? »

« Voulez-vous juste faire la conversation ? Si oui, alors je m’en vais. »

« … »

« Si vous avez besoin de discuter de quelque chose, je m’assiérai. Peu importe. Dites-moi d’abord ce que vous voulez. »

Sisbell était restée silencieuse quelques instants avant de laisser échapper un petit rire noir.

« OK. Je m’excuse. Je ne connais rien de vos personnalités, à part celle d’Iska. Je voulais juste tâter le terrain et voir comment vous alliez réagir… Laissez-moi discuter de quelque chose avec vous. C’est d’accord, Capitaine Mismis ? »

« Ye-yu-huh !? » Elle avait pratiquement sauté de son siège.

Elle avait l’air d’avoir été convoquée par un supérieur.

Oh, c’est mauvais.

Elle est gelée par le tracs.

Iska ne pouvait pas vraiment lui en vouloir. Une sorcière aux motivations peu claires avait débarqué de nulle part et avait demandé à négocier avec eux. Pas étonnant que son esprit soit devenu vide.

« C’est mauvais. Assieds-toi, capitaine. Tu vas attirer l’attention sur nous. Hé, Iska. »

« … Roger. » Iska avait levé la main, faisant un signe de tête à Néné et Jhin. « Je vais vous écouter. Est-ce que ça marche ? » demande-t-il à Sisbell.

« Bien sûr ! »

« … Vous avez l’air heureuse. »

« N’y pense pas. Je préfère juste parler avec une connaissance… Ahem. Cela fait deux jours que je ne t’ai pas vu, Iska. »

Un autre commentaire qui avait éveillé les soupçons.

***

Partie 3

Iska avait résisté à l’envie de soupirer.

Sisbell possédait le pouvoir d’Illumination. Même parmi les pouvoirs astraux, il était rare d’être capable d’accéder au continuum espace-temps et de reproduire les événements du passé.

Même si nous ne nous sommes pas vus hier… Je parie qu’elle a utilisé ses pouvoirs pour épier nos activités.

Après tout, elle avait découvert l’hôtel où ils se trouvaient. On peut supposer qu’elle avait vu toutes leurs actions.

« Je pensais que tu avais déjà quitté le pays. Mais tu étais ici pendant tout ce temps. »

Sa situation était différente de la leur. Après tout, elle était une princesse de la souveraineté de Nebulis. Elle savait qu’elle était visée et que le Seigneur Masqué était là.

Il avait supposé qu’elle allait se cacher immédiatement.

« Je partirai le plus vite possible après ça. » La princesse sorcière lui avait souri. « Et je vous emmènerai tous. »

Le milk-shake à la fraise était arrivé.

Sisbell avait donné un pourboire au serveur. Jusqu’à ce que l’employé soit retourné en cuisine, pas un seul d’entre eux n’avait pu prononcer un mot.

Les emmener ? De quoi parlait-elle ?

« Que veux-tu dire ? Tu dois savoir que nous n’allons pas devenir tes prisonniers sans nous battre. »

« Je voudrais vous engager comme gardes. »

« … Quoi ? » Les sourcils de Jhin s’étaient froncés. Il se renfrogna d’irritation et de perplexité.

« Je ne comprends pas. Vous venez de dire que vous vouliez que nous quatre devenions vos gardes ? »

« Oui. » Sisbell acquiesça, souriant innocemment. « Je voudrais me rendre au palais de Nebulis. Et je veux que vous éliminiez les corps astraux qui m’attaquent pendant le voyage. »

« Non merci. Allons-y, patron, Iska, Néné. On va être dans la merde si le QG apprend qu’on discute avec l’ennemi. »

« Menteur. »

« … Pardon ? »

« Vous ne voulez pas que le quartier général sache que votre capitaine est une sorcière. »

La princesse regarda Mismis, une sorcière nouvellement diplômée, et ses yeux se posèrent sur la crête astrale cachée sur l’épaule de la capitaine.

« N’est-ce pas, Iska ? » demanda Sisbell.

« … Donc, tu savais. »

Ce n’était pas surprenant que Sisbell le découvre avec sa capacité.

Il pouvait même penser au cas probable où elle l’aurait découvert.

« Dis-moi. As-tu découvert cela lorsque l’Objet a attaqué il y a deux jours ? »

 

« Puissance astrale dans un, deux, trois, quatre, cinq… six. Décompte terminé. »

 

Avec le Seigneur Masqué et ses quatre sous-fifres, ça fait cinq.

Avec Mismis, cela fait six.

Le chasseur de sorcières — une machine impériale — l’avait enregistrée comme sorcière.

« Oui. C’est à ce moment-là que j’en ai eu la certitude. Capitaine Mismis, laissez-moi deviner : vous n’êtes pas née avec la crête astrale sur l’épaule, n’est-ce pas ? »

« Euh… » La petite capitaine avait frissonné.

« Il devrait être impossible pour les mages astraux de naître dans l’Empire de nos jours. Et il est inutile de cacher votre crête astrale avec des bandages médicaux impériaux — ils ne peuvent pas dissimuler l’énergie astrale. »

Sisbell avait palpé un adhésif. C’était le même que celui qu’elle avait placé sur l’épaule de Mismis plus tôt.

« C’est un matériau spécialisé appelé “Nebula”. Contrairement aux bandages impériaux, ce matériau empêche réellement l’énergie astrale de s’échapper. »

« … Oui, » avait convenu Iska d’une manière qui ferait comprendre à Mismis.

Il comprenait maintenant ce que la princesse sorcière offrait pour les dédommager de l’avoir protégée.

C’est son truc, hein.

On tuerait pour ça en ce moment. Nous ferions presque n’importe quoi.

Une méthode pour cacher sa sorcellerie n’existait pas dans l’Empire, mais elle existait dans la Souveraineté.

« Pour vous remercier d’être mes gardes, je vais vous donner des informations sur la façon de dissimuler correctement une crête astrale. Avec ça, vous n’aurez rien à craindre, même en territoire impérial. »

Ils étaient restés silencieux.

Iska et Néné s’étaient pincé les lèvres. Mismis tenait toujours son épaule gauche tandis que ses lèvres frémissaient.

« Je ne vous demande pas de trahir l’Empire. Ceux qui me poursuivent sont des mages astraux. N’est-il pas raisonnable que les forces impériales se battent contre eux, capitaine Mismis ? »

« … C’est, humm… »

« On pourrait appeler ça un armistice — une transaction correcte. C’est… »

« Arrête-toi là. »

« Ok, c’est ça. »

Iska et Néné avaient pris la parole en même temps.

Leur synchronisation n’était pas prévue, et ça avait pris Sisbell par surprise.

Ils pensaient tous la même chose.

« Ok, Sisbell. Pas besoin d’aller plus loin. L’affaire est conclue. »

« Hein !? A- Attends, Iska !? » avait protesté leur commandante.

« En tant que subordonnés, nous sommes d’accord. » Iska ne regarda pas la capitaine, qui essayait d’attirer son attention, mais se tourna vers l’endroit où Néné était assise. « D’accord ? »

« Uh-huh. Je sais que ta position te met dans une position difficile pour exprimer ton approbation, Capitaine. Tu ne peux pas accepter de protéger l’ennemi pour obtenir cet adhésif. » Néné acquiesça. « Alors nous nous porterons volontaires. Il n’y a aucun problème. »

« … M-Mais, Néné ! » protesta Mismis.

« Nous avons des conditions non négociables. Nous ne ferons rien qui puisse nuire à l’Empire. » Jhin avait l’air sombre en regardant la princesse siroter son milk-shake à la fraise. « Si nous nous retrouvons dans une situation où les forces impériales sont à votre recherche, nous vous laisserons mourir. »

« Ça me va. »

« Nous ferons deux choses. Nous voyagerons avec vous, et nous n’interviendrons que lorsque les membres du corps astral vous attaqueront. »

« Ça a l’air bien. »

« Une dernière chose : nous n’avons que cinquante jours de repos. C’est le temps que nous pouvons passer en dehors du territoire impérial. Nous avons donc trente jours — au maximum — pour vous accompagner. »

« Je comprends. »

« … Je ne me serais jamais attendu à ce que ces vacances se déroulent de cette façon. »

Avec une main sur son front, Jhin avait jeté un coup d’œil autour de lui.

Il était un peu tard pour le petit-déjeuner. Les touristes étaient rares dans le café, et le personnel n’avait pas l’air pressé en desservant les tables.

« Il s’agit d’une information sensible, donc je suggérerais normalement de garder cela jusqu’à ce que nous soyons de retour dans la chambre d’hôtel… mais je vais te le demander maintenant. Pourquoi es-tu visée ? »

« … »

« Comment veux-tu que nous te protégions correctement ? Ils vont baser leur stratégie sur cette raison. Et cela changera la façon dont nous concevons nos contre-attaques. »

La princesse sorcière était devenue silencieuse.

Iska l’avait surprise en train de le regarder pendant un bref instant. Il ne semblait pas que ses yeux lui jouaient des tours.

« … Notre nation n’est pas un monolithe. »

Elle était délibérée dans son phrasé, choisissant chacun de ses mots avec soin.

« Je suis un serviteur du palais, mais il y a des factions et des opinions divergentes en son sein. N’est-ce pas la même chose dans l’Empire ? Une personne est élevée, et l’autre est rabaissée. Il y a quelqu’un qui en profite pour se mettre en travers de mon chemin. »

« … Veux-tu dire le Seigneur Masqué ? »

« Oui. Et laissez-moi vous dire la dure et froide vérité sur l’avenir. » Sisbell avait regardé la capitaine tendue. « Si je ne retourne pas au palais, une guerre totale éclatera entre la Souveraineté et l’Empire au cours de l’année prochaine — et elle continuera jusqu’à ce que l’un des deux camps soit totalement écrasé. »

« — Gu — !? »

« Chut ! Capitaine ! » Néné avait serré sa main sur la bouche de Mismis, paniquée.

Mismis était à deux doigts de crier à la guerre totale dans le café.

« Cela se terminera certainement par l’anéantissement total de la planète, c’est pourquoi je veux retourner au palais dès que possible… Hm, je suppose que j’aurais dû vous le dire avant. Vous auriez peut-être eu besoin de vous préparer mentalement. »

« Qu’est-ce que vous racontez… ? » Les lèvres de Mismis tremblaient. « Je ne peux pas prétendre ne pas avoir entendu cela en tant que capitaine… »

« Nous pouvons continuer cette conversation dans un endroit plus privé. Ce serait mauvais si quelqu’un nous entendait. Allons dans votre chambre. » Sisbell s’était levée, avait pris l’addition et s’était dirigée vers la caisse enregistreuse. « Oh, je m’occupe de ça. Considérez-le comme un gage de notre amitié. »

« Nous n’avons rien commandé. La seule chose à payer est votre milk-shake à la fraise. »

« … Laissez-moi vous dire une chose. » Ses longs cheveux et sa robe avaient voltigé.

La plus jeune princesse de Nebulis avait fixé ses yeux sur Jhin.

« J’étais nerveuse de parler à une unité impériale. J’avais la gorge sèche. Cela n’a même pas fait l’affaire. »

« J’essayais juste de dire que l’addition est évidemment à vous pour… »

« Très bien. Continuons notre chemin. »

« Écoutez. »

Iska avait réalisé quelque chose.

Ils sont très mal assortis… Rien qu’à en juger par leurs personnalités, ils ne seront jamais sur la même longueur d’onde.

La princesse marchait au rythme de son propre tambour. Jhin était rationnel. Ils ne comprendront jamais pleinement.

« Jhin, vas-tu bien ? » demanda Iska.

« Je n’ai pas de scrupules. Mais je suis peut-être stressé. » Le sniper s’était avancé, fendant l’air avec ses épaules. « Nous avons toujours eu un enfant à problèmes — le patron. Maintenant, nous en avons une autre. Mais je peux gérer si c’est juste pour trente jours. »

 

+++

Le Paradis des Sorcières. La Souveraineté de Nebulis avait été fondée par Nebulis I, la jumelle cadette de la Fondatrice. La famille royale s’était divisée en trois lignées pour régner sur la nation.

La reine actuelle est issue de la Maison de Lou, qui avait continué à combattre l’Empire tout en limitant les pertes dans le corps astral.

La Maison de Zoa était extrémiste, prête à détruire l’Empire à n’importe quel prix.

La Maison d’Hydra était modérée, servant n’importe quelle reine comme conseillers.

Trois lignes royales.

Les trois familles résidaient chacune dans leur propre tour. Le point d’attache de Lou était la tour des étoiles.

Elle abritait la chambre de la reine et la propre chambre d’Alice, bien que la princesse soit dans une autre partie de la tour.

« Lady Alice, tu ne devrais pas être ici, non ? »

« Je suis sur un lit. C’est bien. »

« Désolée. Laisse-moi reformuler : tu es dans la chambre de quelqu’un d’autre. »

« C’est bon. Elle est dans un autre pays de toute façon. »

Dans la chambre de Sisbell, Alice était vautrée sur son lit sans permission, regardant le plafond.

Eh bien, elle le découvrira quand elle utilisera ses pouvoirs astraux… Mais nous avons pu nous parler à Alsamira.

Depuis combien de temps n’avait-elle pas parlé à sa sœur en face à face ? Sa sœur l’avait ignorée lorsqu’elles s’étaient croisées dans les couloirs ou s’était excusée à sa manière, sans émotion.

Je suis un peu soulagée… Je n’ai jamais pu deviner ce qu’elle pensait. J’avais peur d’elle jusqu’à maintenant.

Bien que Sisbell soit une autre adversaire dans le conclave, elle était aussi de la famille. Il n’y avait rien de bizarre à vouloir parler à sa petite sœur.

Qu’est-ce que sa jeune sœur en a pensé ?

 

« Sais-tu qui est ce soldat impérial ? »

 

C’était une erreur de calcul. Tout l’avait été.

Elle tenait absolument à ce que personne ne sache rien de sa relation avec Iska. Même s’il y avait eu un témoin oculaire de leur rencontre, elle pensait que personne ne reconnaîtrait son visage.

« … Gah. »

« Lady Alice, que se passe-t-il ? Je peux presque entendre la tristesse dans ton soupir. »

« Hé, Rin ? Où crois-tu que se trouve Sisbell ? Qu’est-ce que tu crois qu’elle prépare ? »

« Nous le saurons en temps voulu. Les gardes de la reine vont partir pour la protéger. »

La préposée avait été brusque — inoffensif et objectif.

Cependant, Alice avait un mauvais pressentiment dans ses tripes.

« … Tu ne crois pas qu’elle est avec Iska, n’est-ce pas ? »

 

« Je n’ai pas fait d’erreur de jugement. »

« Je n’abandonnerai pas avant d’avoir fait de toi mon subordonné. »

 

Elle avait pratiquement sauté du lit. « Vous vous moquez de moi ! »

« Lady Alice ! As-tu toute ta tête !? »

« Je suis l’image même du calme. Mais qu’est-ce que c’était que cette histoire de faire de lui son subordonné ? Iska est mon rival. Si elle essaie de se mettre sur notre chemin… ! »

Sisbell l’avait regardé avec des yeux brillants. Ce n’était certainement pas une expression qu’elle avait déjà montrée à Alice. Elle avait refusé de laisser passer ça ! Plus de danse à son rythme !

« Je n’arrive pas à croire qu’une princesse puisse essayer de faire d’un soldat ennemi un subordonné ! Qui peut penser à une chose aussi méprisante ? Nous sommes censés vaincre l’Empire ! »

« Lady Alice, je crois que tu as fait la même chose… »

« Rin. »

« Désolée. Continue, s’il te plaît. »

« De toute façon ! Iska ne se laissera jamais convaincre par la Souveraineté. Je le sais mieux que quiconque. Alors, c’est quoi cette histoire !? »

Il n’aurait jamais joint ses forces à celles d’un mage astral.

C’est pour cela qu’ils devaient régler les choses — Alice et Iska, un mage et un épéiste.

« Je le vois comme l’un de mes ennemis. Je ne ferai pas de concessions pour lui si je le rencontre sur le champ de bataille. Je lui ai dit qu’il était un rival, ce qui signifie qu’il doit être prêt à ce que j’attaque. »

« Parfaitement dit, Lady Alice. Nous ne pouvons pas nous identifier à lui. »

« … Oui. Tout ce qu’Iska et moi pouvons faire, c’est nous battre. »

Une rivalité signifiait que les deux ne pouvaient pas s’entendre.

L’étiquette impliquait également qu’ils s’affronteraient inévitablement en duel. Pas de temps pour aider et encourager l’autre partie. Leur seul avenir ensemble était que l’un d’entre eux tombe sur le champ de bataille.

« Je sais ça de mon côté… mais… ma sœur… » Elle avait grincé des dents.

Dans sa rage, Alice n’avait pas senti l’air glacé qui irradiait de son corps.

« Peut-être que j’ai vraiment besoin de lui donner une réprimande. »

« Lady Alice !? S’il te plaît, reprends-toi ! La pièce commence à geler ! »

« Ack ! »

La fenêtre était d’un blanc pur.

Les rideaux étaient solides, avec des glaçons qui pendaient.

« Je comprends, mais s’il te plaît, aborde cela avec grâce. Les gens pensent que les trois sœurs Lou sont proches. »

« … Tu as raison. »

Bien sûr, il y avait une raison politique à cela.

En public, Alice avait même tenu la main de Sisbell en arborant un grand sourire — non pas que sa jeune sœur échange un seul mot avec elle une fois qu’elles étaient rentrées au château.

« … Peu importe. »

Elle refoulerait ses émotions.

Elle avait laissé une lente inspiration avant de tout laisser sortir.

« Je ne crois pas qu’elle veuille sérieusement demander à Iska de travailler pour elle. Je l’espère. » Elle avait jeté un coup d’œil à la fenêtre de la chambre.

Regardant en direction d’un désert lointain, Alice soupira.

***

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