Chapitre 4 : Salinger, le sorcier transcendantal
Partie 9
C’était aussi le cas maintenant. Il avait utilisé un vent fort comme barrière pour arrêter les lames.
Elle ne pouvait pas l’approcher sans précaution. Les techniques que cet homme allait employer étaient inconnues et devaient être traitées avec prudence.
« Vous pensiez que je serais prudente ? »
« Hmm ? »
« Vous pensez pouvoir m’arrêter en me faisant craindre vos pouvoirs astraux ? C’est ce que vous prévoyiez ? » Rin s’était élancée du sol.
Avec ses mouvements précis, presque félins, il ne lui fallut que trois pas pour réduire la distance. Sa main droite était enroulée en un poing, tandis que la gauche préparait une dague.
« Plus le pouvoir astral est fort, plus la zone d’effet est grande. Essayez d’utiliser votre pouvoir autant que vous le souhaitez, sorcier. Je prendrais plaisir à vous voir vous faire dévorer par vos propres attaques. »
« Quelle impudence ! »
Le sorcier avait ouvert en grand ses yeux.
Elle avait été incroyablement insolente, mais malgré cela, les yeux de Salinger semblaient courroucés. Sa bouche s’était retroussée en un rictus de surprise et d’admiration.
Ce type de combat rapproché était l’approche idéale pour le combattre.
Si Salinger essayait d’invoquer un vent puissant et déchaîné à une telle distance, il serait lui aussi happé par ce vent. Mais s’il se retenait pour ne pas se mettre en danger, il serait suffisamment faible pour que Rin puisse le neutraliser avec ses pouvoirs astraux de terre.
« Ha-ha. »
Elle avait cherché dans sa poche de poitrine. Bien qu’elle ait brandi sa dague dans sa main gauche, sa véritable attaque viendrait de son autre main. Avec ses doigts rigides, Rin visait le cou du sorcier.
Gshk. Elle avait entendu un son sourd. Les doigts de Rin s’enfoncèrent non pas dans son cou, mais dans le bras que Salinger avait soudainement levé. Il avait sorti la main gauche qu’il avait gardée dans son manteau comme un signe de son sang-froid.
« Donc tu peux viser les organes vitaux sans hésitation. J’appellerais ça un manque de respect… mais c’est en fait assez louable. » Le sorcier s’était éloigné d’un bond alors que son bras gauche dégoulinait de sang.
Ses jambes n’étaient pas seulement fortes. Quand Salinger reculait, le sol bougeait comme un tapis roulant et cela augmentait sa vitesse.
« Alors, jeune fille, comment as-tu appris à combattre les mages ? »
« … »
« L’Empire est le plus grand ennemi de la Souveraineté, donc je suis sûr que tu es familier avec les combats contre les soldats impériaux… Tu ne devrais pas avoir l’expérience d’affronter des compagnons mages ? »
Il n’y avait pratiquement aucune raison pour un mage de se battre contre un autre mage dans des circonstances normales.
À l’exception de Salinger, qui s’était opposé à la famille royale, la plupart des gens auraient trouvé incroyablement difficile de s’engager dans un combat extrêmement rapproché — même si c’était la façon la plus optimale de se battre.
« Soit tu possèdes un talent incroyable, soit tu as eu un professeur digne de ce nom. »
« Je n’ai aucune obligation de répondre. » Plutôt, elle ne voulait pas répondre.
Elle avança sur le mage une fois de plus avec la force d’un animal sauvage. Sa forme, dure, mais raffinée, s’écartait de toutes les autres techniques armées qu’elle avait précédemment acquises…
… parce que c’était les techniques de combat de l’épéiste impérial Iska.
C’était la façon dont Iska avait défié Alice. Mais Rin préférait s’étouffer plutôt que d’admettre qu’elle reproduisait ses mouvements, même si du fond de son cœur, elle respectait sa force.
« Terre, je t’en supplie. » Rin avait fait claquer ses doigts. « Écrase cet homme. Détruis son visage inconvenant. »
Le sol sous les pieds de Salinger commença à gonfler, se rassemblant et prenant une forme humanoïde. Elle surplombait le sorcier, l’empêchant d’entrer.
« Un golem ? Je vois, tu es donc un mage astral de la terre. »
« Écrase-le. »
« Dommage qu’il soit si fragile. »
Le golem abat son poing, mais Salinger intercepta l’attaque avec sa paume. Lorsqu’ils étaient entrés en contact, le bel homme avait laissé échapper un terrible éclair de lumière de sa main droite.
C’était le pouvoir astral de la foudre — la plus brutale des attaques qui pouvait exploser et disperser tout ce qu’elle touchait, pulsant avec plus qu’assez d’énergie pour oblitérer le golem. Et pourtant, celui qui s’était renfrogné était le sorcier.
« Tch. Ce n’est pas seulement fait de terre… Tu as utilisé de l’argile provenant des profondeurs du sous-sol ! »
Le golem avait explosé, projetant des débris qui s’étaient accrochés aux membres de Salinger, maculant son corps d’argile boueuse qui ne sera pas facile à enlever.
La terre avait sévèrement limité ses mouvements.
« Cette apparence convient à un voleur comme vous. »
« … Pensais-tu vraiment que tu avais réussi à m’avoir ? » Salinger se débarrassa des mottes de terre qui s’étaient attachées à son corps, les lançant dans les airs et les faisant tomber sur Rin. « Voilà à quoi ressemble un vrai mage de type terre. »
« Quoi !? » Elle avait perdu le contrôle de la terre. Non, c’était autre chose. Ses pouvoirs étaient-ils détournés ? Elle perdait le contact avec le sol. « Ça ne peut pas être… !? »
« On dirait que mon pouvoir est plus grand. C’est tout ce qu’il y a à dire. » La crête astrale du Miroir d’Eau brillait sur sa paume.
Pour voler le pouvoir astral, Salinger devait toucher leurs crêtes ensemble — plus longtemps ils étaient en contact, plus le pouvoir était transféré. Tout au plus, il pouvait en voler la moitié. Par conséquent, la puissance volée ne pouvait être que la moitié de celle de l’original.
Et pourtant, Rin avait été repoussée.
« Mon pouvoir astral de la terre vient d’un Sang Pur. Le tien ne peut même pas rêver quant à rivaliser avec lui. »
« … Vous voulez dire que vous l’avez volé à la famille royale !? »
La famille royale était les descendants de la première Nebulis qui avait établi le pays. Commettre un tel crime contre la lignée de la Fondatrice n’était rien de moins qu’un blasphème.
« SALINGEEEEEEEER ! Vous allez mourir un millier de fois et vous n’arriveriez pas à expier vos crimes ! »
« Ne lève pas la voix sur moi ! » Il s’était emporté. « Crois-tu que la famille royale a fait du bien ? Oui, c’est ça. Je peux admettre que la Fondatrice avait une liste considérable d’accomplissements, mais regarde la famille royale actuelle. Une bande de rustres qui se contentent de se reposer sur leurs lauriers sans même essayer d’élever leurs pouvoirs naturels. »
« … — Agh. »
« C’est pourquoi je dis que je vais surpasser la royauté. » Le beau sorcier avait levé les deux mains, comme s’il invitait le ciel à se rapprocher, et avait fixé les cieux. « J’ai encore une annonce à faire. »
Il y eut un impact — la force résultante lui fendit presque les tympans, déchira tout son corps comme si elle avait été fouettée, et lui fit perdre momentanément connaissance. Quand elle reprit ses esprits, Rin se retrouva face contre terre dans l’herbe. Ses vêtements étaient en lambeaux et tous les muscles de son corps étaient douloureux.
« … — Gh… hrgh… !? » Sa gorge était obstruée par des gouttes de salive qui se mélangeaient au goût métallique du sang.
Que s’est-il passé ? Qu’est-ce qui venait de la frapper ? Rin n’avait pas quitté Salinger des yeux ne serait-ce qu’un instant, se concentrant de toutes ses forces. Et pourtant, elle n’avait aucune idée de la façon dont il avait réussi à l’attaquer.
« — As-tu — femme de chambre — ? »
Avec ses oreilles qui sifflaient, elle ne pouvait même pas comprendre ce qu’il disait.
Attends. Mes oreilles bourdonnent ? Elle connaissait un pouvoir astral avec une compétence similaire.
« … C’était… un son… »
« C’est — ri —. » Le sorcier gloussa, enfonçant à nouveau ses mains dans son manteau. « Je viens de lancer la plus grande onde sonore possible. Même si tu te protèges avec un mur de terre, l’onde de choc l’aurait traversé de part en part — ce contre quoi les types de terre ne peuvent pas se défendre correctement. »
« … Argh… »
« Quoi ? C’est tout ? Sur une échelle de zéro à cent, je ne t’ai montré qu’un cinq ou un six. »
« — Nh !? » Alors qu’elle gisait sur le sol, Rin ne pouvait pas arrêter les tremblements de son corps.
Dire que leurs pouvoirs sont si différents… ! Elle n’avait pas l’intention de prendre les paroles de cet homme pour argent comptant, mais il était vrai qu’elle n’avait pas encore vu l’étendue de ses pouvoirs.
« … Sa… lin… »
« Ennuyeux. C’est comme faire du sport avec un chat ou un chien. » Il avait soupiré. C’était la manière franche qu’avait Salinger de montrer son mépris. « Mais il n’y a pas lieu de se décourager. N’importe qui connaîtrait le même sort après m’avoir affronté. Tu as choisi la mauvaise personne pour te battre. »
« … »
« Me regarder dans les yeux alors que tu es dans un tel état ? Disparais. »
C’était la Chanson du Rugissement — la technique astrale que Salinger avait autrefois volée à un Sang Pur — un tsunami auditif qui se rapprochait de la jeune fille effondrée sur le sol, sur le point de l’écraser…
« Pour cette fois… »
Les vagues rugissantes avaient été coupées en deux, juste avant qu’elles ne puissent l’atteindre.
« … Impossible. » Le sorcier transcendantal était sous le choc.
L’onde sonore était à la fois invisible à l’œil nu et incroyablement massive, ce qui rendait pratiquement impossible de l’esquiver et encore moins de détecter son approche.
Et pourtant, il avait été abattu d’un seul coup par un épéiste qui était apparu d’un coup.
« Allez-vous bien ? »
« … Épéiste impérial… vous êtes… !? » De derrière, Rin pouvait entendre une voix. En tendant le cou aussi loin que possible dans son état actuel, elle aperçut un garçon avec une paire d’épées astrales.
« Pour cette fois… »
Le Saint Disciple, l’épéiste, le captif — Iska se tenait juste là.
« … Je vais vous donner un coup de main. Ce type est l’ennemi d’Alice, non ? »
merci pour le chapitre