Chapitre 3 : La dénonciation du traître
Table des matières
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Chapitre 3 : La dénonciation du traître
Partie 1
Le canyon de Mudor était une terre sans propriétaire et il se trouvait au milieu du continent sans être affilié aux domaines de souveraineté de Nebulis regroupés au nord ni aux territoires impériaux au sud. Cette vallée profonde s’était formée à partir d’un vaste plateau, érodé par une rivière.
C’était une région inexplorée, même à l’époque actuelle.
« Pas d’activité volcanique dans les montagnes environnantes. Si un fluide chaud a été détecté sous la surface de la vallée, ce doit être autre chose que du magma… Huh. » Iska avait lu le rapport à haute voix avant de se tourner pour regarder par la fenêtre de la voiture.
En montant à haute altitude, il commençait à sentir que l’air avait un peu moins de pression et d’oxygène. L’herbe et les arbres poussaient sporadiquement. Le sol était d’une couleur cramoisie, comme des briques rouges. Et avec Néné au volant, la voiture grimpait sur la route de montagne escarpée à une vitesse terrifiante.
« … Ce serait mieux si c’était du gaz souterrain ou une source chaude, » déclara Iska.
Le vortex. Une fontaine de puissance astrale.
C’était un torrent d’énergie né du noyau de la planète, se frayant un chemin à travers le manteau sous la croûte de la planète et faisant irruption à la surface. C’était un point de pouvoir mystique qu’Iska et les autres soldats protégeraient de leur vie.
« Capitaine Mismis, » s’adressa-t-il à l’avant de lui sur le siège passager. « À propos de l’enregistrement de Risya de tout à l’heure. Peux-tu le repasser ? Je veux l’écouter avant qu’on arrive au camp. »
« Bien sûr. Je voulais aussi l’écouter à nouveau, » la capitaine Mismis avait hoché la tête, en actionnant l’interrupteur de l’enregistreur qu’elle tenait dans ses deux mains.
Une voix familière avait commencé à jouer. « — pour faire court : je veux que vous le protégiez avec vos vies. »
C’était le message de la Sainte Disciple du cinquième siège — Risya.
L’enregistreur dans les mains de Mismis, ainsi que le rapport de renseignement entre les doigts d’Iska, avait été préparé et laissé sur les sièges du véhicule blindé.
« Je pense que la Souveraineté de Nebulis va s’imposer à plein régime. J’ai envoyé un Saint Disciple à la tête des troupes pour les contrebalancer. Mismis, tu travailleras sous ses ordres. Tu peux demander des informations détaillées aux autres capitaines qui sont déjà au camp. »
« Tout ce que je dis, c’est que, » — La Captaine Mismis avait puissamment gonflé ses joues en écoutant la voix — « si elle devait s’enregistrer, elle aurait pu m’appeler pendant que nous étions dans la voiture. »
« Mais Risya a dit qu’elle était occupée. Tu dois consacrer du temps si tu tentes de faire un appel. » Néné se tourna vers la capitaine Mismis depuis le siège du conducteur. « Et tu peux écouter un enregistrement autant de fois que tu en as besoin. Si elle avait appelé, tu ne te serais souvenue de rien, capitaine. »
« Hé ! Alors maintenant tu me fais aussi passer un sale quart d’heure, Néné !? Je crois que j’ai une bonne mémoire ! » déclara Mismis.
« Vraiment ? » demanda Néné,
« Je le jure… Mais assez parlé de moi — garde tes yeux sur la route ! » ordonna Mismis.
Un gigantesque rocher plus gros que la voiture était devant eux.
« C’est bonnnnn. Tu vois, si je tourne à droite du rocher — Oups, » déclara Néné.
« Par là, c’est une falaise ! » s’écria Mismis.
Tout en effectuant un virage serré avec le volant, Néné avait soudainement freiné.
C’était la falaise du canyon. S’ils avaient avancé d’un mètre de plus, ils auraient été sur le point de tomber en chute libre. Le véhicule soulevait un nuage de poussière alors qu’il s’immobilisait en hurlant.
« Wowza, Capitaine ! Regarde ! Il y a une rivière qui coule à toute vitesse en bas ! » déclara Néné.
« Ouais ! La rivière dans laquelle nous allions plonger ! » répliqua Mismis.
« On est bien. Nous avions une marge de deux pieds. Je me demande si j’aurais pu tenir un peu plus longtemps avant de freiner, » déclara Néné.
« Je t’en prie ! Conduis de manière sûre ! » ordonna Mismis.
« Au fait, capitaine… » Iska essaya d’apaiser la capitaine, qui semblait sur le point de pleurer, et pointa l’appareil dans ses mains. « L’enregistreur a cessé de fonctionner. »
« Hein ? C’est bizarre. J’ai dû l’éteindre à un moment donné, » déclara Mismis.
Jhin soupira depuis la banquette arrière, mais il semblait que la personne en question n’avait pas remarqué.
« Sécuriser ou détruire. » La voix de la Sainte Disciple avait été reproduite par l’enregistreur une fois de plus. « Comme vous le savez, l’énergie astrale du vortex est forte. Même les sorcières et les sorciers ordinaires pouvaient obtenir un pouvoir rivalisant avec celui d’un sang pur. Mais il y a une limite à l’énergie — ils ne peuvent l’utiliser comme ressource qu’à cet endroit. »
Le vortex était donc une ressource à « usage unique ».
Une fois volée, il n’y avait aucune possibilité de la reprendre — car même si c’était le cas, l’énergie aurait déjà été consommée et épuisée.
« Ce qui veut dire que cette bataille consiste à faire les mouvements en premier. Je pense que Mismis a appris ce truc à l’école des élèves officiers, mais je parie qu’elle a oublié. Jhin-Jhin, aide-la quand il s’agit de ça, s’il te plaît. »
« Ne doute jamais d’un Saint Disciple. Elle n’a pas manqué un seul détail, » déclara Jhin.
« Jhin ? Pourquoi l’admires-tu ? Je me suis souvenue de tout, aussi, tu sais. » L’officier avait regardé son subordonné du coin de l’œil. « Cette bataille est une question de qui arrive le premier ! Notre priorité est de la sécuriser avant la Souveraineté de Nebulis. Si ça ne marche pas, notre prochaine option est de détruire le vortex. Nous devrons libérer notre puissance de feu pour l’anéantir avant qu’ils n’aient une chance de devenir plus forts ! … Ai-je raison ? »
Sécuriser ou détruire : c’était les deux options. S’ils ne pouvaient pas protéger le vortex et qu’il tombait entre les mains de l’ennemi, ils devaient le réduire en miettes pour que l’ennemi ne puisse pas l’utiliser.
… Cette méthode est à la marque de fabrique de l’Empire… mais je dois admettre que nous n’avons pas d’autres options en ce qui concerne le vortex.
Pour cela, ils venaient sur place avec des fusées automotrices et prévoyaient de construire des missiles à courte distance. Et ils devaient se préparer au combat contre le corps astral, où la bande d’Iska se joindrait comme unité de soutien.
« — Oh oui. Aussi. Cela n’a pas été confirmé, mais… »
« Hein ? » Mismis avait bondi quand Risya avait continué à parler. « Il y a plus ? Est-ce que je l’ai arrêté à mi-chemin la première fois ? »
« … Je suppose qu’on a fait le bon choix en l’écoutant deux fois. » Le sniper ricana, jetant un coup d’œil à la machine qui présentait une lumière clignotante. « Je me demande comment ça se passe. »
« À propos du sang pur. Je vais vous dire ce que je sais. Une sorcière arrive. Et quant à la sorcière de la calamité des glaces que vous avez combattue dans le passé — . »
Alice !? Iska avait presque crié à haute voix, mais il s’était arrêté au son de la voix de Risya.
« — il est peu probable que ce soit notre visiteur. »
La capitaine Mismis s’était frotté la poitrine en guise de soulagement.
Après tout, Alice, la Sorcière de la Calamité Glaciale, était la classe de sorcières la plus forte de l’Empire. Mismis avait été libérée de la perspective de combattre cette sorcière au moins deux fois de suite.
D’autre part, Iska n’avait même pas réalisé qu’il avait retenu son souffle et bloqué sa langue.
… Pas Alice, hein… ? Et je ne l’ai pas rencontrée dans la ville du plaisir avant ça…
Ils s’étaient croisés à plusieurs reprises dans la ville neutre d’Ain depuis leur bataille dans la forêt de Nelka.
La série de coïncidences s’arrêtait ici.
C’était une ennemie. Il le savait.
Alors, pourquoi s’était-il senti triste en sachant qu’il n’y aurait plus de rencontres fortuites ?
« De plus, la sorcière n’est répertoriée dans aucun registre impérial. C’est une pure race inconnue. Tu es peut-être soulagé que ce ne soit pas la Sorcière de la Calamité Glaciale, mais elle est peut-être tout aussi forte. »
« Hé ! Risya ! » cria le capitaine Mismis, serrant l’enregistreur si fort qu’il commença à craquer sous la pression. « Tu ne nous as jamais dit ça. Une sorcière inconnue !? M-M-Mais la probabilité d’une plus forte que la Sorcière de la Calamité Glaciale — . »
« Je ne peux pas dire que c’est zéro. »
« Ce n’est pas juste ! Risya ! Tu aurais dû me le dire quand tu l’as découvert ! » déclara Mismis.
« Eh bien. Je pensais que tu aurais été pétrifiée. Je ne pouvais pas supporter de voir ma précieuse amie dans la peur… Oh, et rappelez-vous que cette conversation est un enregistrement. Je ne peux pas répondre aux questions ou aux plaintes. »
« Je te détesteeeeeeeeeeeeeeee ! » cria Mismis.
« Hé, Capitaine ? » Néné avait saisi une poignée de cheveux bleus sur sa capitaine délirante et tira fort, comme si elle tirait les rênes d’un cheval. Si quelqu’un devait deviner, elle essayait probablement de dire au capitaine de bien se tenir. « J’ai remarqué ça tout à l’heure. Mais cet enregistreur… »
« Ouais ? »
« Il n’est pas réglé sur Jouer mais sur Appeler. Tu vois ? La lumière n’est pas rouge, mais verte, » déclara Néné.
« … Oh. Donc ça veut dire…, » déclara Mismis.
À un moment donné, ils s’étaient connectés à une ligne.
Cela voulait-il dire qu’ils avaient parlé à Risya au lieu de son enregistrement ?
« Oh-ho. Je vois, Risya. C’est la raison pourquoi le timing de tes réponses était parfait, » déclara Mismis.
« Guh !? Mon Dieu ! Tu as compris ? »
« Riiiisya, j’ai quelque chose à te demander. As-tu le temps ? » La capitaine Mismis avait un sourire dangereux sur son visage charmant. « Tu peux être le commandant, mais ne pas informer tes subordonnés des informations nécessaires va à l’encontre du règlement. À propos de ça — . »
« … Clic. » La ligne avait été coupée.
« Elle nous a raccrochés au nez ! » s’écria Mismis.
Risya s’était probablement échappée rapidement lorsqu’elle avait senti un danger imminent — et ils ne devaient plus jamais la contacter pendant qu’ils travaillaient sur leur opération militaire.
« … Néné, as-tu entendu ça, non ? Conduis prudemment. Nous n’avons aucune idée du moment où le corps astral pourrait apparaître, et il pourrait y avoir un puissant sang pur qui rôde, » déclara Mismis.
« Très bien, » répondit Néné.
Le véhicule blindé avait accéléré. Iska regarda le versant de la montagne, qui devenait progressivement brumeux, et resserra sa main en un poing.
***
Partie 2
Au sud-ouest du canyon de Mudor. La première base temporaire.
Le groupe d’Iska était arrivé au camp, où plusieurs dizaines de tentes militaires étaient alignées en rangées. Ils avaient été mis en place par le premier groupe qui était arrivé plusieurs jours avant eux.
« Un escadron. Trente-deux unités. Cent soixante personnes, » rapporta Jhin au capitaine Mismis, après avoir fait le tour de la base. « La moitié est de la troisième division. Les autres sont de la quatrième. Il y a des unités d’infanterie, d’artillerie, médicales et de communication. Ils ont choisi des vétérans ayant suffisamment d’expérience pour s’adapter à cette situation. J’ai reconnu certains des capitaines là-bas. »
« Je fais un rapport ! Je suis allée aussi les saluer ! » Néné était venue vers eux de la direction opposée. « Je leur ai demandé de connecter un circuit de télécommunication avec le département des communications. Nous devrions aussi recevoir les informations de la base qui nous parviennent maintenant. Je vais garder l’appareil pour le circuit de l’unité, et pour celui de la capitaine, eh bien… »
« … Euh, écoute, je suis mauvaise avec la technologie, donc…, » déclara Mismis
« Veux-tu que je le garde ? » demanda Néné.
« Je t’aime, Néné ! » Elle serra sa subordonnée, mais Néné étant la plus grande des deux, il était difficile de dire qui était le vrai capitaine. « J’ai fait le tour de la base avec Iska. C’est un escadron complet. Ils ont dit que celui du deuxième campement temporaire est un camp de secours. Et aussi — . »
« Ils ont déjà prévu d’en envoyer un autre, » termina Iska, en informant Jhin et Néné.
Trois escadrons. C’était presque un bataillon entier. De plus, le Saint Disciple du huitième siège avait été envoyé.
« Je suis impressionné qu’ils se débrouillent dans ce canyon isolé. »
Jhin avait sorti son fusil de tireur d’élite de son étui en métal. « On peut pratiquement voir qu’ils prennent toutes les mesures pour mettre la main sur ce vortex. »
« C’est vrai. Il y a une tonne de gens de la troisième division ici. Je connais certains des capitaines. On vient de parler de se voir dans un moment. » La capitaine Mismis jeta un coup d’œil, agitant vigoureusement sa main d’avant en arrière en voyant une femme capitaine sortir d’une tente militaire.
« Noro ! Par ici ! Par ici ! » cria Mismis.
« Oh, Mismis. Alors c’est là que tu étais, » gazouilla l’autre capitaine avec une expression douce.
Elle avait des cheveux et des yeux dorés légèrement permanentés qui lui donnaient un aspect agréable. Elle ne semblait pas du tout avoir de rapport avec le conflit, manquant des qualités d’un capitaine impérial d’une manière différente de la figure enfantine de Mismis.
« Ça fait longtemps. Tu m’as surprise. Mismis, quand es-tu retournée à la troisième division ? Je croyais que tu étais avec la Seconde à la capitale impériale toute l’année dernière, » déclara Noro.
« Hee-hee, c’est arrivé récemment, » la capitaine Mismis avait répondit à Noro et l’avait prise dans ses bras.
Elles étaient toutes deux du même rang et dans la mi-vingtaine, mais en se basant uniquement sur la taille, elles ressemblaient à une paire de sœurs avec un grand écart d’âge.
« Oh, Noro. Laisse-moi te présenter. Ce sont mes charmants subordonnés. De la droite, c’est Néné et Iska. Ils sont tous les deux étonnants et si gentils. Celui-là, c’est Jhin. Il a l’air charmant et il est intelligent, mais il a la langue bien pendue. »
« … Hey, » s’écria Jhin.
« Oh mon Dieu. Je suis Shanorotte Gregory. Ravie de vous rencontrer, Néné et Iska. Et qui peut oublier le Jhin à la langue bien pendue ? » Elle riait en disant ça. « J’ai été diplômée avec Mismis de l’école des cadets. Et nous étions de jeunes soldats ensemble. Ça fait si longtemps. Lorsque nous recevions nos salaires, nous allions souvent au barbecue ensemble — bien qu’il ne semble pas que tu sois devenue plus grande, Mismis. »
« Je — j’ai grandi ! Environ 2,5 cm ! » répondit Mismis.
« Vraiment ? Je suis heureuse que nous soyons réunis, mais désolée pour les circonstances. Je viens de parler à un autre capitaine de la façon dont nous avons été jetés dans cette situation d’impuissance. » La capitaine blonde croisa les bras avec une expression troublée.
Mais elle s’était immédiatement débarrassée de cette attitude faible et elle avait adopté une meilleure posture avec une vitesse qui ne semblait pas à sa place avec son ton facile.
« Regards, Mismis, ils arrivent, » déclara-t-elle.
« Hein ? Quoi ? Qui vient… ? » demanda Mismis.
« Tout le monde ! Salut ! » fit entendre une voix, qui résonnait dans toute la base.
Les membres de l’unité qui travaillaient autour des tentes avaient immédiatement arrêté ce qu’ils faisaient et s’étaient mis au garde-à-vous.
« Euh… hein ? Ummm ? » s’exclama Mismis.
« Capitaine, tu dois saluer — saluer. Si tu ne le fais pas, tu auras des ennuis, » chuchota Iska à Mismis alors qu’il copiait les autres membres de l’unité, plaçant sa main droite levée parfaitement contre sa tête.
Ils avaient entendu le faible grondement des pas, et trois personnes décorées comme capitaines superviseurs étaient passées au quartier général — plus un autre homme qui avait suivi derrière le trio.
Le capitaine Shanorotte continua à tenir son salut en chuchotant à Mismis à côté d’elle. « Écoute, Mismis. Il arrive. C’est le Saint Disciple. »
« … Whoa. Il a l’air assez étrange. Mais honnêtement, je suis un peu pétrifiée, » répondit Mismis.
Parmi tous ceux qui portaient l’uniforme de combat impérial, il était dans une tenue étrange, enveloppé d’un long manteau gris foncé de la tête aux pieds. Il s’était approché du groupe d’Iska, imperturbable.
Il était le Saint Disciple du huitième siège — Sans Nom.
Le costume avait été fabriqué à partir d’un camouflage adaptatif, créé par le Département de développement des armes de répression de la capitale impériale.
… Je pense que je l’ai peut-être rencontré il y a un an quand j’étais aussi un Saint Disciple… Mais nous n’avons pas vraiment parlé ou quoi que ce soit.
Sans Nom faisait partie de la 6e division. Il avait été promu dans l’unité des assassins impériaux.
« Huit nouvelles unités ont été ajoutées à notre base aujourd’hui, » avait rapporté une voix, qui sonnait presque de manière robotique avec la statique électronique.
La rumeur disait que sous ce costume photochimique, il n’était pas vraiment humain, mais une machine-soldat autonome.
« Sans nom » était resté lui-même, même après avoir été promu à la garde du Seigneur. Cet assassin serait aux commandes de la base.
« Laissez-moi commencer par dire : je n’ai pas l’intention de donner à cette base un seul ordre concret. » La voix électronique se projetait à travers la base silencieuse. « Avec cela en tête, je vais vous dire les deux objectifs pour votre mission — . »
*
« Un. Sécurisez le vortex avant la Souveraineté. »
« Deux. Si cela échoue, détruisez le vortex avant de pouvoir l’utiliser. »
« Et le dernier — ne vous mettez pas en travers de mon objectif. »
« Avez-vous compris ? »
*
S’arrêtant comme pour leur demander cela, l’assassin qui était devenu un Saint Disciple continua. « Mon but est d’écraser le corps astral qui vient chercher le vortex. Ne vous mettez pas sur mon chemin. Gardez ça en mémoire. C’est tout. »
« — Rompez ! » cria le jeune capitaine accompagnant le Saint Disciple, qui avait tourné sur son talon. « Au travail. Chop-chop. Nous demandons que tous les capitaines dont les unités se sont jointes à nous aujourd’hui se présentent immédiatement à la tente du quartier général pour la stratégie. »
« … Hein ? Ça veut dire moi. Eh bien, à plus tard ! » Mismis s’était enfuie en courant.
La base s’était remise en mouvement, reprenant brusquement vie : Il y avait des gens qui entraient et sortaient des tentes pour livrer du matériel, des capitaines qui encourageaient rapidement leurs subordonnés, et des subordonnés qui se précipitaient vers les véhicules blindés.
… Ce n’est pas une vue rare dans une base temporaire… mais je ne sais pas pourquoi l’énergie nerveuse est… différente.
« L’une de mes amies de l’unité des communications m’a dit qu’elle se sentait étouffée ici. Je vois ce qu’elle voulait dire, » avait commenté Néné en accrochant la clé du véhicule militaire à son doigt. « Si Nebulis obtient le vortex, cela signifie que l’Empire sera en danger. Si les sorcières et les sorciers deviennent encore plus forts, ils disent que la guerre pourrait même faire rage dans toute la ville… »
« Une telle situation signifie que nous sommes dans une impasse, après tout. Mais celle-ci va être une lutte. C’est une tout autre histoire. Néné, fais chauffer le moteur. Dès que le capitaine revient, on part tout de suite. » Celui qui devait répondre d’un ton calme était le sniper aux cheveux d’argent.
Il regardait la tente de stratégie loin derrière eux, balayant son regard comme s’il fixait l’un des sommets rougeâtres.
« La frontière de Nebulis est par là. Le corps astral s’est probablement déjà réuni. » Il laissa échapper un soupir comme s’il les maudissait.
***
Partie 3
La zone sud-ouest du canyon de Mudor.
C’était l’une des régions inexplorées, longues de plus de cent quatre-vingts milles avec une falaise de plus d’un mille mètres de profond. Certains chercheurs avaient insisté sur le fait qu’il y aurait au moins plusieurs centaines de nouvelles espèces que l’humanité pourrait trouver au fond du canyon… c’est dire l’étendue de son immensité.
Il y avait de gros prédateurs qui vivaient tout au fond. De temps en temps, des gens avaient trouvé des traces de dragons terrestres rampant à la surface.
« — On va tomber ! On va tomber, Néné ! »
La décapotable militaire longeait le bord de cette falaise, soulevant des nuages de poussière alors qu’elle s’enfonçait vers l’avant.
« Éloigne-toi de la falaise ! C’est tellement dangereux ! » cria Mismis.
« C’est bon ! Ne t’inquiète pas. Écoute, je m’assure de surveiller le bas de la falaise. Vérifie tout le reste, capitaine. » Néné avait jeté tout son corps hors du siège du conducteur, se tenant dans une position qui pouvait instantanément faire basculer la voiture sur le bord si elle perdait l’équilibre.
« Néné ! Ack !? »
« … Attends, Capitaine !? Ne me tire pas dessus. C’est bien plus dangereux ! » s’écria Néné.
Les deux filles avaient commencé à faire du grabuge sur les sièges avant.
En revanche, les deux personnes assises à l’arrière continuaient silencieusement à observer l’horizon rougeâtre. Iska avait l’appareil de mesure. Jhin avait son fusil de tireur d’élite à la main.
« Jhin, comment ça se présente de ton côté ? » demanda Iska.
« Je n’ai rien. Je pense que le sol est fissuré partout parce que c’est tellement aride ici, mais je ne vois aucune trace de lumière qui pourrait provenir de l’énergie astrale. Et toi ? » demanda Jhin.
« Légère réaction, » répondit Iska.
L’appareil de mesure dans la main d’Iska ne détecterait que la lumière émise par l’énergie astrale. L’aiguille ne réagirait pas à la lumière du soleil. Il tremblait faiblement à droite et à gauche.
« Il est bien là, mais le signal est faible, » déclara Iska.
La seule façon de trouver le vortex était de rechercher chaque endroit suspect de manière exhaustive. Ils devaient soit mesurer l’énergie émise par la lumière, comme Iska, soit chercher des endroits où l’énergie jaillissait de fissures dans le sol, comme Jhin.
« Ça va être pénible, » marmonna Jhin, en tenant son fusil. « Si le vortex est proche, sa lumière devrait en déborder. Ce qui veut dire que ton appareil de mesure devrait se détraquer, mais comme il n’obtient qu’une légère lecture… »
« Je pense que sa lumière est faible, » déclara Iska.
Il y avait deux raisons pour lesquelles il pouvait deviner que c’était le cas.
Un : Le vortex ne s’était pas encore formé, ce qui signifie que l’énergie astrale était sous la surface.
Deux : Le vortex s’était déjà formé, mais ils en étaient loin avec leur équipement de mesure.
« Quoi qu’il en soit, je pense que nous devons utiliser une masse d’humains pour le chercher. Néné, et toi ? » demanda Jhin.
« Hmm. » La fille à la queue de cheval continuait à regarder le fond du canyon.
Néné ne se contentait pas de se promener en regardant dangereusement dans la vallée.
Le vortex pourrait s’être formé tout en bas — là où la lumière du soleil ne pouvait l’atteindre et où d’étranges prédateurs erraient en liberté. Mais il fallait quand même le fouiller.
« Rien, pour autant que je puisse le dire. Je vois des choses éparpillées. On dirait des os d’animaux. » Néné avait tordu son cou. « Hmm… Mais la lumière du soleil n’atteint pas vraiment cette vallée. Trop profond. Jhin, tu as un lance-grenades dans tes bagages, n’est-ce pas ? Et une fusée éclairante ? »
« Où veux-tu qu’elle aille ? » demanda Jhin.
« Là où je pointe. Yep, yep. Proche de cette ombre, » déclara Néné.
Il y avait eu un flash de lumière.
La fusée éclairante lancée par le lance-grenades de Jhin semblait être aspirée sous la falaise en direction de son doigt étendu. Elle avait fait un bruit sec en s’éparpillant comme un feu d’artifice. La vallée sombre scintilla et s’illumina comme un nouveau monde pendant quelques secondes.
« Comment était-ce ? » demanda Jhin.
« … OK, ensuite, cette falaise, où ce gros rocher projette une ombre, » déclara Néné.
Il en lança une autre, puis une troisième, éclairant ses points spécifiés les uns après les autres. À côté d’elle, la capitaine Mismis semblait l’admirer alors qu’elle veillait sur eux.
« Wow… C’est incroyable, Jhin, » déclara Mismis.
« Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Jhin.
« La trajectoire des fusées est différente de celle des balles d’un fusil de tireur d’élite, non ? Hum… à cause de leur résistance à l’air, et elles tombent plus vite que les balles normales, » déclara Mismis.
« On voulait juste éclairer les choses. Ce n’est pas comme si j’essayais d’être exact, » déclara Jhin, mais il avait fallu beaucoup d’habileté pour pointer la bouche du canon vers le bas, viser le fond d’un canyon venteux et atteindre sa cible.
Mismis savait ce qu’il fallait faire, c’est pourquoi elle avait fait sa remarque.
« Jhin, c’était fantastique. Je savais que tu étais un tireur d’élite compétent, mais je ne pensais pas que tu saurais utiliser un lance-grenades. L’as-tu étudié sous la direction de la personne que tu appelles ton maître ? » demanda Mismis.
« Oui, bien sûr. » Iska avait fait un léger signe de tête en réponse quand le regard de Mismis s’était posé sur lui.
Ils parlaient du soldat le plus fort de l’Empire, Crossweil Nes Lebeaxgate — aussi connu sous le nom de L’Épéiste de l’acier noir.
Lorsqu’il avait protégé la capitale impériale en tant que chef des saints disciples, il avait repéré des garçons et des filles de tout l’Empire pour former son successeur.
… Cela dit… Quand ils m’ont amené à mon maître, Jhin était le seul survivant.
C’était Jhin et Iska.
Seuls deux d’entre eux avaient passé le processus de sélection — ou, plus précisément, seuls deux d’entre eux avaient pu résister à l’épuisante procédure.
« Mais Maître Crossweil a dit qu’il n’était pas si bon avec les armes. Il pouvait les utiliser, mais il s’en remettait surtout à ses épées, » déclara Jhin.
Ce qui signifiait que le tireur d’élite Jhin n’avait compté que sur l’apprentissage de la théorie de Crossweil, développant ses compétences grâce à son propre travail.
Il va sans dire que si on demandait à Iska de nommer l’homme en qui il avait le plus confiance, il n’hésiterait pas à dire Jhin.
« Je n’ai plus de fusées éclairantes. » Jhin avait agi comme s’il n’avait pas entendu la conversation entre Mismis et Iska, abaissant le lance-grenades de son épaule. « Veux-tu que je recharge ? »
« Hmm… Je pense que ça pourrait être suffisant. Merci, Jhin ! » Néné secoua la tête, en jetant ses jumelles dans le porte-bagages à l’arrière.
« Il n’y avait rien à porter que je pourrais voir. Hé, Capitaine, et si on allait là-bas ensuite ? Je pense qu’on pourrait avoir une bonne vue depuis cette colline, » déclara Néné.
« Ouais, alors, faisons —, » déclara Mismis.
Juste au moment où le Capitaine Mismis avait hoché la tête… l’appareil de communication sur ses genoux avait commencé à clignoter. Il n’avait pas encore fait de bruit jusqu’à ce moment.
« Est-ce que ça vient du quartier général ? Néné, continue de conduire. Je vais répondre, » déclara Mismis.
La capitaine avait pris l’appareil de communication. « O-oui ! Ici l’unité 907, troisième division. Mm-hmm, uh-huh... oui. Nous sommes en mission pour chercher le vortex, mais nous n’avons trouvé aucune piste et aucune observation des unités de Nebulis non plus — attendez, quoi ? » avait crié la capitaine. « Néné. Arrête la voiture. »
Le véhicule blindé s’était arrêté. Alors que le bruit du moteur s’éteignait, seules les réponses de la capitaine Mismis résonnaient alors qu’elle tenait l’appareil de communication jusqu’à son oreille.
« … On dirait qu’il se passe quelque chose, » murmura Iska depuis le siège arrière, notant son visage.
Le sourire de la Capitaine Mismis avait disparu.
Il avait vu son sourire se figer sur place lorsqu’elle était nerveuse pendant une mission, mais il ne l’avait pas vu dans un tel état.
« Si c’est une mauvaise nouvelle, le corps astral pourrait avoir attaqué. Ou, dans le pire des cas, ils ont déjà saisi le vortex, » déclara Iska.
« Hmm… Mais… » Néné avait sorti un autre appareil, pas pour les capitaines, mais pour les soldats impériaux.
« Si c’est si important, ils ne prendraient pas leur temps pour le communiquer un par un aux capitaines. Je pense qu’ils nous contacteraient tous en même temps, » déclara Néné.
« Huh. Tu as raison, » déclara Iska.
Néné connaissait très bien le fonctionnement de l’unité de communication. Si elle disait ça, elle devait avoir raison.
Dans ce cas, sur quoi portait le rapport ?
« — O-oui. Compris. On rentre à la base tout de suite ! » La capitaine Mismis avait hoché la tête vigoureusement avant de raccrocher lentement à deux mains. « Uuugh. » Elle avait poussé un soupir de douleur en se rabattant sur son siège. « Il y a un problème. Une unité a cessé de répondre pendant qu’ils cherchaient le vortex. »
« … Mais, Capitaine, ce n’est pas si inhabituel, » commenta Iska en échangeant un regard avec Néné.
Les lignes de communication pourraient être encombrées. Ou bien l’unité pouvait être trop occupée, incapable de faire un compte-rendu temporaire. Ou autre chose. Ce n’était pas du tout la norme, mais les chances que ce soit une urgence étaient faibles.
« À propos de ça… » La capitaine Mismis tenait toujours fermement l’appareil. « Apparemment, deux unités envoyées pour leur recherche ont également cessé de répondre… »
« Le chasseur devient le chassé, hein ? Trois unités au total. » Jhin se pencha en avant depuis le siège arrière. « Si c’était juste une unité, il aurait été tout à fait possible qu’ils tombent dans le canyon, mais il est difficile de croire que cela serait arrivé à trois unités. Ils ont peut-être été attaqués par une bête errante géante dans le canyon ou… »
« Par le corps astral — ? » demanda Néné.
« … C’est ce que je pensais aussi. » La capitaine Mismis avait interrompu la conversation entre Jhin et Néné. « Mais alors, il devrait y avoir des traces d’une escarmouche. Ils ont dit n’avoir rien trouvé dans la zone où ils ont été vus pour la dernière fois. »
Il n’y avait aucune trace d’animal, aucun signe des mages les bombardant d’attaques astrales. Et pourtant, trois unités impériales entraînées avaient disparu sans laisser de traces.
… C’est étrange. Que pouvait-il arriver aux trois unités pour qu’elles soient coupées des canaux de communication ou pour qu’elles n’opposent aucune résistance ? Iska n’avait pas pu penser à quelque chose immédiatement.
« Ils sont en train de réunir des équipes de recherche au quartier général. C’est pourquoi ils veulent qu’on retourne aussi à la base, » déclara Mismis.
« Très bien. Je vais nous y emmener à toute vitesse ! » déclara Néné.
Le moteur de leur véhicule blindé avait gémi une fois de plus, tournant brusquement et se précipitant vers la base.
« Comme c’est effrayant — pour une unité de disparaître sans aucune résistance. » Jhin avait placé le fusil de sniper dans ses mains à côté d’Iska. « Il y a vraiment quelque chose de bizarre qui se passe. Que penses-tu que le QG fera, Iska ? »
« Rassemblez une équipe de recherche d’unités qui surveillent le vortex. Cessez toute action indépendante à partir de demain. Examinez la zone par groupes de deux ou trois unités. »
« Ça semble raisonnable. Ils doivent jouer la sécurité. Cette situation limite les stratégies disponibles. » Jhin avait éteint la sécurité de son fusil de sniper, se tenant à l’arrière de la voiture et fixant son regard quelque part au loin. « … Pour l’instant, voyons si le très important Saint Disciple fera un mouvement. »
***
Partie 4
« Ce n’est pas nécessaire. »
Au quartier général de l’unité qui surveillait le vortex.
Ils se trouvaient au centre de la base, où plusieurs dizaines de tentes militaires étaient disposées en rangées. Quelqu’un se tenait à l’entrée d’une grande tente bien visible.
« On n’a perdu que trois de nos trente-deux unités, non ? Trivial ! Ça ne justifie pas une fouille. Continuez la recherche du vortex. »
C’est tout ce que le Saint Disciple Sans Nom avait à dire.
Il tourna le dos à près de deux cents subordonnés au garde-à-vous, disparaissant tranquillement dans la tente et laissant dans son sillage un capitaine surveillant abasourdi.
« … Vous l’avez entendu ! » le capitaine aboya cela avec une expression stupéfaite qui indiquait qu’il était le plus incrédule. Il n’avait rien trouvé d’autre à dire. Il avait serré sa main, la tordant, avant de laisser sortir un « Rompez » de la voix la plus forte qu’il pouvait rassembler.
Le bruit des bottes de combat résonnait alors que les unités se précipitaient vers les véhicules blindés, avec l’intention d’exécuter les ordres de fouiller le canyon.
« … Cette explication est bien en dessous du strict minimum, » avait-il dit, le premier à être ouvertement dérisoire. « Trois unités impériales entraînées. Treize personnes au total sont portées disparues. On ne plaisante pas. Pour ne pas pouvoir contacter les unités ? C’est évidemment une situation extrême. Comment ce Saint Disciple peut-il penser que c’est “trivial” ? »
« Je suis d’accord. Il se passe quelque chose de bizarre. N’est-ce pas, capitaine ? »
« Ouais… ouais. Ça ne me convient pas vraiment. C’est presque comme s’ils laissaient mourir les trois unités manquantes, » avait affirmé la capitaine de l’unité 907, discrètement, mais clairement, même si elle savait que d’autres personnes de son rang la jugeaient. « Bien sûr, je ne dis pas qu’une mission de sauvetage ne comporte pas de risques. Mais nous n’avons rien non plus qui suggère que celle-ci ne soit pas dangereuse. Et si nous ne savons pas pourquoi ils ont disparu, nous pourrions finir avec plus de victimes. On a compris pourquoi ils ont disparu… Eh bien, c’est mon opinion… »
« Je suis tout à fait d’accord. » Iska avait fait un signe de tête, soutenant la capitaine qui semblait de plus en plus agitée. « Et il y a un plus gros problème à résoudre — au-delà de déterminer si cette série d’actions est la bonne décision à prendre. Il y a manifestement quelque chose qui cloche avec le commandement de Sans Nom. En tant que ses subordonnés, nous sommes censés obéir sans poser de questions, mais il devrait vraiment expliquer sa décision dans ce cas. »
« Mais… Sans Nom est déjà retourné dans la tente…, » déclara Mismis.
« Je vais y aller, » déclara Iska.
« Quoi ? » s’exclama Mismis.
« Ne t’inquiète pas. Je pense qu’il se souviendra au moins du visage de son ancien collègue. » Iska avait fait un trajet rapide en ligne droite vers le quartier général devant lui.
« Quoi !? Attends, Iska, tu ne peux pas…, » déclara Mismis.
Il avait repoussé les deux portes-rideaux fermées, marchant à l’intérieur de la tente et projetant sa voix.
« Sans nom ! » cria Iska.
À l’intérieur, le poste était parsemé de bureaux et de chaises pour les réunions. Il y avait des tableaux blancs installés tout au fond, où un homme était enchâssé sans paroles dans l’obscurité comme s’il essayait de ne faire qu’un avec elle.
« Qu’est-ce que vous croyez faire ? » demanda un officier.
« J’ai quelque chose à dire. À ce commandant à l’arrière, » déclara Iska.
Les officiers sous la tente s’étaient levés d’un seul coup — y compris les capitaines superviseurs qui dirigeaient le quartier général pour la stratégie, ceux qui conseillaient ces dirigeants et les unités de communication.
Iska avait continué à avancer, ignorant qu’ils s’étaient tous levés.
« Qui êtes-vous ? »
« Hé, si vous avez un message urgent, passez-le à votre capitaine — . »
« … Nous avons un étrange ici. »
Le quartier général était devenu silencieux. Les soldats qui étaient venus pour arrêter Iska s’étaient figés puis s’étaient retournés dans un mouvement presque chorégraphié.
« J’ai oublié votre nom, mais je me souviens de votre visage. »
Le Saint Disciple n’était pas assis sur une chaise, mais sur une caisse de munitions.
De la tête aux pieds, il était couvert d’un camouflage adapté, scrutant le visage d’Iska et parlant sur un ton incroyablement froid.
C’était incroyable.
Tout le monde au quartier général s’était arrêté de peur. Ces derniers jours, ils n’avaient pas entendu le Saint Disciple parler à qui que ce soit de son plein gré — jusqu’à présent.
« … Hey. »
« Il est difficile de comprendre les caprices des Huit Grands Apôtres, » murmura le Saint Disciple comme s’il les crachait. « Le traître de l’Empire ose-t-il se montrer après avoir aidé une sorcière à s’évader de prison ? »
« Il y a quelque chose que je veux demander — en tant que subordonné affecté à cette base. Je suis venu prêt à baisser la tête et même à supplier pour ça, » déclara Iska.
« Croyez-vous que je parlerais à des gens comme vous ? »
« Nous sommes venus à la demande de la Sainte Disciple Risya. Si vous ne me parlez pas, alors je passerai par elle, » annonça Iska.
« … » Le Saint Disciple du huitième siège s’était tu.
La remarque d’Iska était en grande partie du bluff.
Ils n’étaient pas venus à sa demande, mais sur son ordre. Et Iska n’avait pas le pouvoir de demander à Risya d’obtenir une explication de la part du Sans Nom.
… S’il le lui demande, il découvrira immédiatement que tout cela n’est qu’un mensonge… mais je sais qu’il ne le fera pas, car tous les saints disciples sont en mauvais termes les uns avec les autres.
Parce qu’ils luttaient tous les uns contre les autres, essayant de s’attirer les uns les autres pour monter en grade. Comme ils conspiraient pour se trancher la gorge dans leur sommeil, toute remarque désinvolte pourrait entraîner un accroc à leur rang. Il n’y avait pas moyen que cet homme ne le sache pas.
« Sale gosse. Vous pensez pouvoir négocier avec ça ? »
« Je ne vais pas vous demander l’impossible. Vous êtes un commandant, et je suis un subordonné. Je n’essaie pas de dépasser mes limites. »
« Vous dépassez les limites ? Alors, vous devriez vous taire, junior, » il avait craché froidement. « Cette tente est réservée aux officiers de haut rang. Ce qui veut dire que tout ce qui est partagé ici est seulement pour les oreilles de ces personnes. Ce n’est pas un endroit où un traître peut entrer à tout moment. »
« … »
« Ça ne sert à rien d’obtenir des conseils d’un soldat de moindre importance. Vous voulez que votre voix soit entendue ? Alors, montez en grade. Si ce n’est pas le cas, alors disparaissez. »
« Euh, euh… à propos de ça ! »
Les rideaux de la tente s’ouvrirent, révélant une capitaine qui semblait tendue, nerveuse et aussi jeune qu’une petite fille.
« Excusez-moi. Je parlerai à la place de mon subordonné en tant que son capitaine. Êtes-vous d’accord avec ça, n’est-ce pas… !? » La capitaine avait gonflé sa poitrine comme pour affirmer les décorations sur son uniforme de capitaine. Sa voix était tendue. « Mes excuses si mon subordonné a été grossier. Il y a quelque chose que j’aimerais vous dire. »
« … Capitaine Mismis !? »
« Désolé de t’avoir fait attendre, Iska. Je m’en occupe, » déclara Mismis.
« Tes jambes tremblent. »
« C’est… c’est de l’excitation ! » Son sourire s’était mis à grimacer alors que sa petite main était repliée en un poing serré, essayant de maîtriser ses nerfs.
Quand Iska, son subordonné, avait vu cela, elle semblait incroyablement délicate et vulnérable.
« C’est mon rôle. Laisse-moi m’exhiber un peu pour une fois, » déclara Mismis.
« … »
« Je ne suis pas bonne sur le champ de bataille, mais je peux me battre pour toi dans le cadre des règlements impériaux. » Avec ça, le capitaine s’était avancé.
« … Je suis la capitaine Mismis de l’unité 907 de la troisième division ! »
« Comme c’est décevant, » Sans Nom cracha ça. « D’abord, le traître. Et maintenant, deux enfants mignons. Depuis quand l’Empire est-il devenu un terrain de jeu ? »
« H-hey ! J’ai vingt-deux ans ! J’en ai peut-être l’air, mais j’étais dans la même classe que Risya ! J’ai à peu près le même âge qu’un Saint Disciple ! »
« Risya ? »
« Hmm… » Mismis s’était tue alors qu’elle avait réalisé qu’elle avait révélé ce nom par réflexe.
Mais cela avait semblé fonctionner comme un avantage en fin de compte.
« Risya ? Cette femme. Je ne peux pas croire qu’elle ait calculé les choses à ce point. » Le Saint Disciple du huitième siège avait gloussé. « … »
« Bien que ce soit une avance, je dois vous dire ceci ! » Avec l’officier silencieux devant elle, Mismis montra le tableau blanc où les noms des trois unités manquantes avaient été griffonnés.
« En tant que capitaine de cette mission, je dois vous demander pourquoi vous ne cherchez pas les unités compromises. P-Parce que si vous ne les trouvez pas et ne trouvez pas comment empêcher que cela se reproduise, qu’est-ce qui empêchera de cela se répète ? »
Déglutissons. Tout le monde dans la pièce avait dégluti.
Mismis avait posé la question que tous avaient pensée — et que tous n’avaient pas eu le courage de s’exprimer à voix haute.
« Il n’est pas nécessaire de les chercher. » Sans Nom avait lentement ouvert sa bouche. « J’ai une piste sur leur disparition depuis le début. Je sais pourquoi et j’en ai conclu qu’il était inutile de les chercher. »
« Hein ? »
« … Qu’est-ce que vous avez dit ? » Iska doutait de ses oreilles alors que Mismis avait les yeux exorbités à côté de lui. « Hum… suggérez-vous que vous ne cherchez pas les unités en détresse parce que vous pensez qu’elles sont mortes… !? »
« Qui sait ? Et si c’est là ma spéculation, c’est plus que suffisant, » avait-il affirmé, en pointant son sarcasme sur les soldats qui l’entouraient — et non sur Iska.
« En fait, c’est comique qu’aucun de vous ne l’ait réalisé. Si vous comprenez l’état des choses dans ce canyon, il est assez facile de déduire ce qui se passe. »
Pour en déduire. En d’autres termes, il n’avait pas de source d’information particulière, et pourtant, cet homme semblait avoir confiance en son intuition.
« Pourrait-il s’agir d’un sang pur de Nebulis ? » demanda Mismis.
Bingo. Iska pensait la même chose.
S’il y avait quelque chose qui pouvait vaincre trois unités impériales sans résistance et sans être un prédateur féroce, ce devait être un sang pur de la lignée des Nebulis.
… Nous savions qu’un inconnu allait venir au canyon… Il ne serait pas impossible qu’elle ait assez de puissance pour faire quelque chose aux unités sans laisser de preuves derrière elle.
De plus, à quoi d’autre Sans Nom ferait-il référence — si ce n’est à la race pure ? Le Saint Disciple avait affirmé qu’il avait deviné la raison. Qu’est-ce qui l’avait amené à résoudre le mystère qui s’était abattu sur les unités disparues ?
« Comme c’est décevant, » répondit-il avec un faible et long soupir, en les regardant avec mépris. Sans Nom avait secoué la tête. « Je comprends enfin pourquoi Risya vous a envoyé. Vous autres, vous avez tous l’esprit d’amateurs. Vous ne pouvez pas voir au-delà de leurs tours. »
« … Qu-Qu’est-ce que ça veut dire !? »
« Essayer de vous l’expliquer serait une perte de temps, » affirmait-il, ne laissant aucune place à l’argumentation.
Puis l’assassin devenu un Saint-Disciple s’était adressé à tous les participants. « Consacrez-vous au vortex. Ne vous embrouillez pas avec autre chose. »
***
Partie 5
Le canyon était recouvert d’une couleur cramoisie alors que les zones rocheuses étaient baignées dans l’obscurité libéré par le rideau de la nuit.
« Lumières ! » Le commandant de bord et superviseur avait rugi, et des veilleuses avaient été allumées dans toute la base.
Il était modeste en nombre pour éviter que le campement de Nebulis ne les aperçoive la nuit. Le groupe était à côté des tentes dans la base.
« Il a dit de se concentrer sur la recherche du vortex. Comme c’est méchant. Même après qu’Iska ait traversé tout ça. » La capitaine Mismis avait laissé ses épaules s’affaisser alors qu’elle était perchée sur une chaise. « Je suis désolée de ne pas avoir pu aider… J’ai essayé d’être courageuse… »
« Pas besoin de s’excuser. Tu as fait tout ce que tu pouvais, capitaine. » En ouvrant le sac de rations, Iska secoua la tête. « J’ai un nouveau respect pour toi. Tu es la seule à avoir dit ce que personne d’autre n’a pu dire. »
C’était très différent d’un capitaine faisant des remarques à un capitaine superviseur.
C’était un Saint Disciple entre tous. Ils étaient sous le commandement direct du Seigneur et c’était eux qui avaient le plus de droits dans l’Empire. Ils étaient autorisés à exécuter des gens à leur propre discrétion. C’est pourquoi les capitaines superviseurs du quartier général n’avaient pas dit un mot.
… C’est pour ça que j’ai essayé d’y aller seul.
Sans Nom venait de l’unité des assassins. Personne ne savait ce qui pouvait provoquer sa colère. Iska n’avait pas pensé que le Saint Disciple irait jusqu’à l’exécuter sommairement avec un pistolet, mais il s’était préparé à recevoir une raclée brutale.
« Néné et moi avons essayé de l’arrêter. Mais elle n’a pas écouté. » Jhin allumait le brûleur à gaz alors qu’il déclara ça. « Quel que soit le résultat final, tu as été courageuse. Bien que nous étions en attente, nous nous demandions quand tu serais transporté hors de la tente. »
« … Hee-hee-hee. Est-ce que j’ai vraiment bien fait ? » Elle s’était grattée la joue de honte.
« Ouais. Tu es d’habitude une jeune de 22 ans agitée sur le champ de bataille. Dans trois ans, tu seras une trentenaire qui ne fera pas son âge. Pour un capitaine approchant la trentaine, tu t’es bien débrouillée. »
« Tu ne me fais pas d’éloge là ! » s’exclama Mismis.
« Je le fais. Iska et moi sommes en train de dîner pour célébrer tes efforts, » déclara Jhin.
Chaque fois qu’ils étaient en mission, ils faisaient le dîner à tour de rôle. La capitaine Mismis était en service, mais comme Jhin l’avait dit, c’était un jour spécial. En plus de ça…
« Néné, comment est la température ? » demanda Jhin.
« Ouais. C’est parfait ! »
Ils pouvaient entendre les éclaboussures de l’eau de la douche. Néné avait installé une douche provisoire à côté de leurs tentes.
« Tu peux y aller la première parce que tu as travaillé si dur, capitaine. Vas-y ! »
« J’attendais ça ! » La petite capitaine s’était levée de sa chaise.
Le lavage était une partie nécessaire du maintien de la stabilité mentale et physique d’une personne.
En cas d’urgence, ils pourraient utiliser uniquement des lingettes à l’alcool pour se nettoyer. Mais chaque fois que cela était possible, les soldats prenaient une douche au moins une fois tous les deux jours.
« Une douche ! Une douche ! » Mismis avait sprinté vers la salle temporaire, qui avait été construite pour l’usage d’une personne à la fois. C’était une boîte faite de parois en plastique, et l’avant avait un rideau avec une fermeture éclair.
« … Les garçons, ne regardez pas, d’accord ? » déclara Mismis.
« Ouais, ouais. »
« Arrête de bavarder, et vas-y, » déclara Jhin.
La capitaine Mismis était entrée dans la salle de douche. Et bientôt, ils purent entendre le jet d’eau qui frappait le sol depuis le fin rideau.
« Ses douches sont longues. Commençons à manger. Hé, Néné, qu’est-ce que tu veux ? » demanda Jhin.
« Je vais prendre un risotto à la tomate ! Et toi, Iska ? » demanda Néné.
« Alors, je prendrai une soupe de champignons avec des pâtes, » déclara Iska.
Ils avaient choisi leurs préférés dans les rations du dîner.
Il fallait faire bouillir de l’eau avec le brûleur à gaz, puis il fallait verser les rations dans un sachet prêt à l’emploi avant de pouvoir le manger d’un bon appétit. Ils n’étaient pas aussi bons que ceux d’un restaurant, mais Iska pensait qu’ils étaient bien meilleurs que d’essayer de cuisiner à partir de rien — ce qu’il n’avait pas l’habitude de faire.
« Et toi, Jhin ? »
« Je vais prendre un ragoût de soja et de pommes de terre. C’est nouveau de la part du Département des Innovations… De toute façon, il fait nuit. » Jhin s’arrêta en tenant sa cuillère dans sa main.
Le ciel au-dessus de leurs têtes avait commencé à se couvrir d’un noir d’encre. Il y a un instant, il était cramoisi et brûlant, mais à présent, ils étaient sous les cieux noirs, éclairés par la lumière des étoiles. À cause des veilleuses, ils arrivaient à peine à distinguer les tentes. La périphérie de la base était pratiquement dans l’ombre noire.
« Hé, Iska ? On va chercher le vortex demain dans un autre endroit, non ? »
« Ouais, je pense que le quartier général de stratégie est en train de décider du prochain endroit en ce moment. Il y a une base ici et à un autre endroit, ce qui signifie que nous sommes probablement en train de nous coordonner avec eux. »
Les capitaines du quartier général allaient certainement passer une nuit blanche.
Ils rassemblaient tous les résultats des recherches et les transmettaient au quartier général de la ville pour choisir de nouvelles routes d’arpentage jusqu’au lever du soleil.
« Je me demande où nous allons faire l’arpentage. »
« C’est peut-être dans la cambrousse, » commenta Jhin en mangeant ses rations. « Parce que pour tout le monde, il semblerait que notre patron ait essayé de se battre avec le Saint Disciple. Je ne lui reprocherais pas de nous faire tourner en rond dans l’allée de derrière pour nous énerver. Eh bien, ça ne me dérangerait pas. »
« … Ouais. Après tout, on a pu voir la capitaine être super cool. » Même Iska n’aurait pas pensé que la capitaine aurait sauté la tête la première dans la situation, au lieu de le réprimander pour avoir agi de façon imprudente. Elle s’était tenue dans la ligne de mire pour lui. « Je savais qu’elle tenait à nous, mais ça me rendait vraiment heureux. »
« Ne lui dis pas. Si elle commence à faire des erreurs parce qu’elle est sur un nuage, on aura des problèmes, » déclara Jhin.
« Je suis sûr qu’elle ne ferait pas ça. » Il sourit ironiquement à Jhin.
Il était vrai qu’entendre de tels éloges l’aurait peut-être étourdie, mais elle ne se laissait pas aller à la folie ni à l’emportement. C’était après tout de la Capitaine Mismis dont ils parlaient.
« Son père n’a-t-il pas pris sa retraite en tant que soldat de bas rang ? » demanda Jhin.
« Il a été blessé lors d’une bataille contre le corps astral, ce qui l’a obligé à se retirer, » répondit Iska.
Son père avait regretté qu’il n’ait pas pu avancer au grade de capitaine. Et Mismis s’était enrôlée à la place de son père, en faisant le vœu de le devenir, après avoir passé toute son enfance à regarder son père se désespérer. Comparée à tous les hommes musclés, elle était une petite capitaine avec un handicap écrasant en ce qui concerne sa force physique. Mais elle avait réussi à supporter son complexe d’infériorité, même avec Risya à ses côtés, et avait réussi l’examen de capitaine.
« La capitaine a eu plus de mal que les autres, alors j’ai toujours pensé qu’on serait ceux qui la soutiendraient, mais…, » déclara Iska.
Il semblait qu’il n’y avait pas eu besoin de ça.
Elle avait protégé Iska contre un Saint Disciple et avait eu son mot à dire sur le devant de la scène. Leur capitaine avait fait quelque chose que tous les autres capitaines de cette base avaient craint.
« La capitaine est… petite et mignonne, et je finis par la traiter comme si nous avions le même âge, mais elle est vraiment mature. On peut compter sur elle, c’est une femme de confiance. »
« Hmph. »
« Hein ? »
« Iska… Je comprends maintenant. »
Ils s’étaient retournés. Néné tenait les rations dans sa main, le regardant avec des yeux retournés et une grosse moue.
« Qu’est-ce que tu as, Néné ? » demanda Iska.
« Bien. La capitaine Mismis est une adulte… Elle est plus petite que moi, mais elle s’est bien développée à tous les endroits. Elle a aussi une grosse poitrine… Iska, c’est de ça que tu parles, n’est-ce pas !? » demanda Néné.
« A-attends une seconde, Néné ! » s’écria Iska.
« Donc tu me dis que tu aimes les femmes mûres, Iska…, » déclara Néné.
« Je pense que tu as tout tordu ! » déclara Iska.
Il venait de parler de la maturité mentale de la Capitaine Mismis — pas de son développement physique. Juste au moment où il allait s’expliquer, le rideau de la douche temporaire s’était soudainement ouvert derrière lui.
« Ouf. Quelle belle douche ! » La peau de la Captaine Mismis était légèrement rouge, et elle semblait satisfaite. Elle venait d’enrouler une petite serviette autour de sa tête.
Avec rien d’autre que de la vapeur blanche enroulant son corps, la silhouette séduisante de la capitaine était à nu devant le monde entier.
… Euh… Euh, euh. Qu’est-ce qui se passe ?
Au-delà de la faible vapeur, ils pouvaient voir que sa poitrine était mûre comme un fruit, presque hors de propos sur sa silhouette enfantine. En contraste avec son abdomen tendu, la courbe complète de ses hanches leur montrait que Mismis n’était pas une fille, mais une femme.
« Bon, c’est l’heure de la télé ! … Et du jus froid… Oh. Hein ? » déclara Mismis.
Ses yeux s’étaient ouverts en grand. La femme adulte en question, qui ne portait même pas de sous-vêtements, battait des paupières en signe de surprise.
« … Hey. »
« … Hmm. »
« … Wôw, Capitaine, je savais que tes seins étaient gros, » déclara Néné.
Iska, Jhin, et Néné étaient juste devant ses yeux. Lorsque la capitaine avait vu ses trois subordonnés, chacun d’eux avec les yeux écarquillés, elle avait finalement réalisé que quelque chose n’allait pas.
Elle n’était pas dans sa propre chambre à la caserne, mais au front.
« A-a-aaaaaaaaaaaaaaaack !? » elle criait pitoyablement, son cri résonnant dans la base, la nuit. « Ah… ah, ahhhh… !? N-non… je… C’était si agréable d’être sous la douche que j’avais l’impression d’être chez moi… »
« Calme-toi ! S’il te plaît, calme-toi, capitaine ! »
« Vous êtes tous les deux des pervers, Jhin et Iska ! » Elle glapit, se servant de ses deux mains pour couvrir ses seins, qui ne pouvaient pas être cachés sous ses deux paumes. La capitaine à poil avait sauté dans la salle de douche.
Elle avait regardé son visage rouge vif depuis le trou dans le rideau.
« Argh… Maintenant, je ne pourrai jamais me marier. Je vous tiendrai responsable de m’avoir vue nue, Iska et Jhin ! Compensez pour le reste de votre vie ! » déclara Mismis.
« Comment est-on censé faire ça ? » demanda Iska.
« Ne t’inquiète pas. On ne pouvait presque rien distinguer, grâce à la vapeur. Tu as été sauvée par une marge super-petite, » déclara Jhin.
Heureusement, ses subordonnés étaient les seuls à avoir vu Mismis dans cet état. Les autres unités étaient encore en train de manger ou étaient retournées à leurs tentes pour la nuit. Comme l’avait dit Jhin, il y avait peu de chances que la nouvelle se répande dans l’armée impériale.
« … Ah. J’ai travaillé si dur aujourd’hui… Je suppose que j’avais la tête dans les nuages…, » déclara Mismis.
« Est-ce pourquoi tu t’es sentie si libérée ? » demanda Iska.
« … Ouais » au-delà du rideau, la capitaine avait soupiré. « Iska, prépare le repas en puisant dans nos rations, un barbecue pour moi — pour trois personnes, s’il te plaît. »
« Manges-tu sous l’effet du stress ? » demanda Iska.
« Je dois manger pour demain, » déclara Mismis.
« … J’ai compris. Capitaine, assure-toi de t’habiller avant de sortir cette fois-ci, » répondit-il vers la salle de douche.
Iska s’était mis à préparer le dîner de la capitaine.