Chapitre 4 : Le limite entre le devoir et les sentiments
Partie 5
Un chemin couvert de brume de chaleur.
À un moment où le soleil à l’horizon s’élevait vers le ciel...
Il s’agissait d’une terre désolée où toute l’humidité s’était évaporée depuis longtemps, laissant derrière elle des fissures dans le sol, et on ne voyait que quelques herbes qui poussaient ici et là.
« La Cité Neutre d’Ayin, hein. Ça fait longtemps que je n’y suis pas allée en voiture, » déclara Mismis.
Un buggy faisait la course à travers les terres désolées. Mismis agrippait le volant en plissant les yeux face à la lumière éblouissante du soleil.
« J’ai informé Jhin-kun et Néné-chan que tous les deux peuvent faire une formation indépendante aujourd’hui, » continua Mismis.
« Merci beaucoup, » répondit Iska.
« À ce propos, la météo est vraiment super, hehe. Il s’agit là d’un ciel parfaitement clair sans le moindre nuage à l’horizon, » déclara Mismis.
Le vent soufflait sur la voiture sans toit. Laissant ses cheveux lâches dans le vent, la capitaine avait alors appuyé sur l’accélérateur.
« Et alors, Iska-kun, n’est-il pas temps de me dire qui tu prévois de rencontrer aujourd’hui ? » demanda Mismis.
« Qui penses-tu que cela peut être ? » demanda Iska.
« Un gros ponte de l’Empire ? » demanda en retour Mismis. « Peut-être que c’est un Saint Apôtre autre que Lishia-chan ? Iska-kun, tu viens d’être appelé par les huit Grands-Apôtres l’autre jour, n’est-ce pas ? Peut-être est-ce une conversation secrète en dehors de l’Empire ? »
« Je ne suis pas une personne si incroyable que ça, » répondit Iska.
L’ombre de la Cité Neutre d’Ayin pouvait être vue à l’horizon. Tout en se remémorant les rues de la célèbre capitale de l’opéra et des arts, Iska avait affiché face à sa capitaine un sourire amer.
« Je n’ai pas d’autres connaissances dans les Saints-Apôtres. Ce qui est normal vu qu’après tout, j’ai été rétrogradé tout de suite après ma promotion, » déclara Iska.
« Il y a des rumeurs selon lesquelles ces onze personnes sont super compétitives, n’est-ce pas... ? » demanda Mismis. « Hmmm ? Mais si c’est le cas, j’arrive encore moins à comprendre avec qui tu as pris rendez-vous aujourd’hui. »
« Je n’ai pas pris de rendez-vous, » répondit Iska.
« Que veux-tu dire par là ? » demanda Mismis.
« Je pensais juste “qu’elles viendraient”, d’une manière ou d’une autre..., » répondit Iska. « Je n’ai jamais cru en des choses comme le destin ou la destinée avant aujourd’hui, mais... mais... j’ai l’impression que je les rencontrerais à nouveau... »
« Qu’entends-tu par là ? » demanda Mismis.
« Je ne le saurai pas avant d’aller voir là-bas, » répondit Iska.
Alors que Mismis faisait toujours une expression extrêmement perplexe, Iska haussa les épaules. La Cité Neutre d’Ayin pouvait maintenant être clairement visible à travers le pare-brise de la voiture.
« À ce propos, capitaine, vois-tu quelque chose qui vole dans le ciel ? » demanda Iska.
Une ombre noire volait à travers le ciel bleu clair. De leur point de vue, il venait du nord-est — de la même direction que le soleil, approchant la Cité Neutre d’Ayin.
« ... C’est un oiseau. Capitaine, c’est un très gros oiseau, » continua Iska.
Il s’agissait d’un oiseau étrange qui avait l’air d’avoir volé hors du monde des légendes. La forme de son corps ressemblait à celui d’un aigle, mais sa longue queue ressemblant à un serpent flottait dans le vent. Ses plumes étaient un mélange de blanc et de bleu dans un motif de marbre. C’était comme un nuage suspendu dans le ciel bleu. C’était comme si le paysage était imprimé sur l’oiseau. Non seulement cela, mais la créature était grande. Ils étaient capables de le percevoir distinctement depuis le buggy présent sur le sol, donc si elle atterrissait à côté d’eux, elle aurait probablement une carrure assez grande pour éclipser un humain.
« Oooh, comme c’est inhabituel ! C’est un albatros ! Une sorte de fossile vivant, » Mismis laissa échapper un petit cri de joie depuis le siège du conducteur.
« Il s’agit là du grand ancêtre des oiseaux, » Mismis commença l’explication. « Ils ne vivent pratiquement pas en territoire impérial. Nous utilisons beaucoup d’armes dans les terrains d’entraînement, n’est-ce pas ? Ils détestent le bruit des coups de feu et donc ils sont tous partis hors de nos terres. »
« Loin de l’Empire ? » demanda Iska.
« Tout à fait, » répondit Mismis. « Mais les albatros sont intelligents, donc quand ils sont nourris, ils peuvent être transformés en chiens de garde, et avec un peu d’entraînement, il est possible que les humains montent sur leur dos pendant qu’ils volent. Voilà pourquoi il semble que dans les villages éloignés de l’Empire, ils les entraînent même encore maintenant. »
En suivant l’oiseau avec ses yeux, Mismis avait continué son explication. « Ils en gardent plusieurs même dans la Théocratie de la Maison Impériale Nébulis, j’ai vu un rapport qui disait cela. »
« ... Nébulis ? » demanda Iska.
Iska leva les yeux vers l’albatros tout en regardant à travers la lumière du soleil. Il venait du nord-est. C’était comme Mismis l’avait dit, il venait du territoire de la Théocratie de la Maison Impériale Nébulis. C’était peut-être juste une hallucination, mais Iska avait l’impression de voir quelque chose chevauchant le dos de l’oiseau alors qu’il battait des ailes.
« ... Est-ce que ça pourrait être ? » murmura Iska.
« Iska-kun ? » demanda Mismis.
« Capitaine, continuez comme ça jusqu’à l’entrée et arrêtez la voiture là-bas, » demanda Iska.
L’albatros avait passé les murs de la ville et avait commencé à descendre. Comme s’il le chassait, le buggy dans lequel ils étaient était également arrivé aux murs d’Ayin.
« Hé hé, Iska-kun, alors à propos de cette personne que tu voudrais rencontrer, que vas-tu faire à ce sujet ? » demanda Mismis.
« Elles sont probablement également arrivées, » répondit Iska.
Depuis le ciel... Comme s’il était aspiré par la lumière du soleil qui se déversait au-dessus, l’albatros remontait dans le ciel. Ayant terminé son rôle de livrer son maître dans la Cité Neutre, il était probable qu’il retournât jusqu’à son nid dans la Théocratie de la Maison Impériale Nébulis.
« Par là, » demanda Iska.
« O-Oui !? » s’exclama Mismis.
En échangeant des regards avec Mismis, Iska avait marché dans les rues de la Cité Neutre d’Ayin, la ville où les arts avaient fleuri. Tout comme lorsqu’il était venu voir l’opéra, malgré la canicule, les musiciens faisaient de la musique à l’extérieur, les peintres peignaient leurs toiles et les touristes les observaient avec joie. Ce fut un moment de paix qui faisait oublier l’époque sombre dans laquelle ils vivaient. Alors que l’Empire et la Théocratie de la Maison Impériale Nébulis avaient mené de violentes batailles tous les jours, en vérité, les personnes avaient pu vivre ici une vie sans rapport avec ces batailles. C’était un spectacle qui donnait cette impression.
« ... » Debout devant une place centrale, Iska s’était arrêté net.
« Nous avons vraiment eu les mêmes pensées au même moment, n’est-ce pas ? Je me demande sous quelles étoiles nous sommes tous deux nés, » fut déclarée par une voix féminine se trouvant devant eux.
Une belle jeune femme portant un parasol se trouvait devant eux. Elle ne portait pas de vêtements pour voyager incognito. Tout comme la première fois qu’il l’avait rencontrée, elle portait des vêtements royaux colorés.
« Et cet albatros qui était là juste avant ? » demanda Iska.
« Nous lui avons demandé de retourner à la maison. Quand il était un poussin, il était assez petit pour tenir dans ma main, mais après quatre ans, il est devenu si grand. Et après tout, il vole beaucoup plus vite qu’une voiture impériale, » déclara Alice.
« Mademoiselle Alice, même si vous dites ça ainsi, n’avez-vous pas dit sans arrêt au cours du trajet “Rin, plus vite. Encore plus vite. C’est une course ! Dépêche-toi pour que nous puissions y arriver avant cette voiture, peu importe ce que tu dois faire !” ? » demanda Rin.
« Rin, » dit Alice.
« ... Oups, ce n’était qu’un simple lapsus, » répliqua Rin.
Rin recula d’un pas. Tout en lui jetant un coup d’œil oblique, Alice ferma son parasol avec des mouvements gracieux.
« C’est vrai. À propos du taxi de dernière fois..., » commença Iska.
« De quoi parlez-vous, je me le demande ? » répliqua Alice.
La princesse de la Théocratie de la Maison Impériale Nébulis avait fait apparaître un sourire d’amusement pendant l’espace d’un instant. Mais immédiatement après ça, elle resserra sa bouche et plissa légèrement les yeux. Ce qu’elle regardait n’était pas Iska, mais la petite capitaine aux cheveux bleus à côté de lui.
« À ce propos, qui est cette fille à vos côtés ? » demanda Alice.
« Ma supérieure, la Capitaine Mismis, » répondit Iska.
« ... Je vois. Vous avez également eu de telles circonstances, » marmonna Alice tout en donnant son parasol à Rin.
« Hmm, Iska-kun ? Qui est cette jolie fille ? » demanda Mismis.
« Elle est..., » commença Iska.
« C’est bon ! Je vais moi-même me présenter, » interrompant Iska, Alice posa sa main sur sa poitrine.
Et d’une voix calme, mais faible pour que ceux qui se promenaient dans la zone ne puissent pas l’entendre... « C’est un plaisir de vous rencontrer, Capitaine de l’Empire. Je m’appelle Alice... Aliceliese Lou Nébulis IX. »
« Alice-san ? Eh, mais... N-Nébulis ? » s’exclama Mismis.
« Comprendriez-vous mieux si je me présentais à vous sous le surnom de la “Sorcière de la Glace de la Calamité” comme vous le dites dans l’Empire ? » demanda Alice.
« ~~~~ !? » Tout le corps de Mismis s’était contracté. « H-Hmmm ? Est-ce une blague... Iska-kun ? »
« C’est la vérité, » répondit Iska.
« Que-que-que-que-que se passe-t-il !!? » cria Mismis.
« J’ai quelque chose dont je dois discuter avec lui, » comme Alice l’avait dit, son regard était fixé seulement sur Iska. « Allons ailleurs. Suivez-moi. »
« D’accord ! Capitaine, allons-y, » déclara Iska.
« ... Que se passe-t-il... ? » demanda Mismis.
Prenant avec lui sa capitaine qui était quelque peu abasourdie, Iska suivit après les deux autres personnes qui avaient commencé à marcher. Alice regardait directement en face d’elle. Quant à Rin qui était positionnée derrière elle, elle se retournait fréquemment pour regarder Iska.
« Je ne vais pas fuir. Et il n’y a personne d’autre que nous deux, » déclara Iska.
« Ta-taisez-vous ! » répliqua Rin. « Je suis la préposée de Mademoiselle Alice. Quel est donc le problème si je vous regarde afin d’avoir un œil sur vous deux qui êtes ses ennemis ? Au contraire, ne me parlez pas si librement ! »
Rin se retourna rapidement. Voyant qu’elle rapprochait par réflexe sa main de sa jupe, il n’y avait aucun doute qu’il y avait un grand nombre d’outils sombres cachés dessous.
« Comme c’est mystérieux, » déclara Alice.
Ce qu’Alice avait souligné avec son regard se trouvait être sur le côté droit de la rue. Il y avait un peintre avec sa toile face à la rue, et un parent et un enfant ayant leur portrait dessiné par l’artiste.
« Même s’il existe une ville si heureuse, je me demande pourquoi nous devons nous détester, » déclara Alice.
Ces paroles n’étaient pas dirigées vers Iska ou Mismis. Le murmure d’Alice avait peut-être plutôt été pointé vers elle-même. Alors qu’ils faisaient un pas hors des murs de la ville, tout ce qu’ils pouvaient voir sous leurs yeux, c’était une colline brûlée par le soleil qui s’étendait dans toutes les directions.
« Il fait chaud, n’est-ce pas ? » demanda Alice.
« Mademoiselle Alice, votre parasol, » déclara Rin.
« ... Je vais bien ainsi, » La Sorcière de la Glace de la Calamité avait tendu son doigt. « J’ai juste besoin de congeler convenablement tout cela et tout ira bien. »
L’air froid avait jailli depuis le sol qui était touché par les pieds d’Alice. Le sable à leurs pieds qui était assez chaud pour brûler la peau nue avait été refroidi en un instant, et le sol avait commencé à geler sur plusieurs centaines de mètres dans la direction où ils marchaient. C’était comme si un tapis de glace s’était formé devant eux.
« Qu’est-ce qui se passe là... Même les armes les plus récentes de l’Empire ne peuvent pas faire ce genre de froid... » Mismis marchait timidement le long du chemin gelé. « E-Elle est vraiment la Sorcière de la Glace de la Calamité... »
« Je crois moi-même l’avoir dit, » répliqua Alice.
Le capitaine de l’Empire semblait enfin comprendre exactement qui elle était. Il n’y avait probablement pas de meilleure force de persuasion que ce genre de méthode.
« Cela devrait être bon après avoir marché sur cette distance. Ici, personne ne devrait pouvoir nous entendre. Et en plus, il semblerait qu’aucun de nous ne soit suivi, » la princesse de Nébulis s’était arrêtée.
Ils marchaient le long du tapis de glace depuis une dizaine de minutes. À une distance où la Cité Neutre ne pouvait être considérée que comme une lointaine brume, Alice se retourna.