Chapitre 4 : Le limite entre le devoir et les sentiments
Partie 3
Il était à moitié endormi, à moitié éveillé.
Alors que la nuit s’éternisait...
Sa vision et ses pensées étaient confuses, et il avait l’impression d’être pris dans une illusion. Après être retournée à la base où la capitaine Mismis, Jhin et Néné l’attendaient, alors même qu’ils continuaient tranquillement à parcourir les documents dans la salle stratégique, pas une seule information contenue dans ces documents ne s’était gravée dans l’esprit d’Iska. Il ne se souvenait de rien depuis son retour à la caserne après être revenu de la base centrale. Au moment où il s’en était rendu compte, il était assis dans sa chambre avec les lumières éteintes, et Iska réfléchissait simplement à la nuit qui s’écoulait.
« Pourquoi, aimez-vous ce peintre ? »
Alice était une ennemie.
Elle était une descendante directe de la Grande Sorcière Nébulis qui s’était révoltée contre l’Empire, la fille de l’actuelle reine de Nébulis, et la Sorcière de la Glace de la Calamité qui constituait une menace majeure pour l’Empire. Il n’y avait probablement pas de meilleur exemple d’un ennemi parfaitement défini.
En outre, elle était probablement l’ennemie la plus redoutable qu’il avait jamais rencontrée. S’il devait la capturer, l’équilibre entre les nations s’effondrerait probablement en un instant. S’il utilisait Alice comme otage, la Théocratie de la Maison Impériale Nébulis n’aurait d’autre choix que de se conformer aux pourparlers de paix. En ce sens, le but des Huit Grands Apôtres était indubitablement approprié. Cependant...
« ... Cela peut également être faux, » tout en regardant la lumière des étoiles qui passait par sa fenêtre, Iska murmura ça pour lui-même. « Ne pouvons-nous pas nous passer de pourparlers de paix ou d’otages ? »
À moins que la sorcière ne soit capturée, les pourparlers de paix n’auraient jamais lieu. Iska lui-même pensait ça jusqu’à récemment. Parce qu’il croyait ça, il combattait l’Unité des Esprits des Étoiles de Nébulis et avait pris des mesures afin de combattre la sorcière du sang pur dans le but de la capturer.
Mais c’est faux.
Même sans pourparlers de paix, Alice m’a souri.
Iska et Alice. Même si l’on disait qu’ils n’étaient pas en bons termes, ils avaient pu passer le temps dans la Cité Neutre en douceur et tout à fait d’une manière agréable. De la même manière, l’Empire et la Théocratie de la Maison Impériale Nébulis n’auraient-ils pas pu faire pareil ? N’aurait-il pas été possible de trouver une voie qui n’impliquait pas de conflits sans exiger de négociations de paix ?
« ... »
Alors qu’Iska était assis, il étira l’une de ses jambes. Puis, alors qu’il avait posé une main sur son genou, Iska prit un appareil de communication avec son autre main. La lumière de la communication vacillait et Iska attendit silencieusement que l’autre réponde.
« F-fwaaaa... I-Iska-kun... Qu’est-ce qui... va... Hmm... Si tard dans la nuit ? » demanda Mismis.
« Capitaine, désolé de te contacter si tard dans la nuit, » répondit Iska.
Mismis avait parlé d’une voix endormie. Et après avoir attendu qu’elle se réveille complètement...
« D’accord, Iska-kun. Tout va bien maintenant, » déclara Mismis.
« Je suis désolé de te dire cela si soudainement, mais s’il te plaît, excuse-moi d’avance vis-à-vis de l’entraînement de demain, » déclara Iska.
« Hein !? Q-Qu’est-ce qui ne va pas !? » demanda Mismis.
De l’autre côté de l’appareil de communication, il pouvait entendre la voix enflammée de sa capitaine surprise.
« Est-ce parce que tu ne te sens pas bien que tu ne seras donc pas présent pour l’entraînement de demain ? Ou peut-être es-tu insatisfait de mon commandement... ? D-Désolée Iska-kun, je suis une capitaine si inutile... » déclara Mismis.
« Ce n’est pas ça, ce n’est pas du tout ça, » déclara Iska.
« Ha !? Ça ne peut quand même pas être parce que je me suis faufilée toute seule pour faire un barbecue ? » demanda Mismis. « Désolée Iska-kun, je ne savais pas que tu voulais toi aussi avoir de la viande. »
« Je te dis que ce n’est pas ça !? » s’exclama Iska.
Iska s’éclaircit la gorge en toussant. Et tout en se sentant comme la main qui tenait le récepteur se raidissait, Iska rassembla ses forces avant de parler. « J’ai quelque chose à faire, dans la Cité Neutre. »
« La Cité Neutre ? » demanda Mismis. « Eh. Mais ne viens-tu pas d’utiliser le billet de Lishia-chan pour l’exposition d’art ? Et avant ça, c’était le billet d’opéra que je t’avais donné. »
« Ce n’est pas comme si j’avais quelque chose à voir là-bas. C’est plutôt qu’il y a quelqu’un que je veux rencontrer et avec qui je dois absolument parler, » répondit Iska.
« Qui est-ce ? » demanda Mismis.
« C’est... Hmm. Cela va probablement finir par être une conversation très gênante et cela prendra un peu de temps... et cela peut même se transformer en une bataille, » tout en faisant un sourire amer, Iska parla d’un ton désapprobateur. « Je prévois de partir tôt le matin, mais à cause de la distance avec la Capitale Impériale, cela prendrait environ dix heures juste pour l’aller-retour. Je ne sais pas quand je serai en mesure de revenir. »
« Alors tu veux pouvoir faire une pause quant à ton entraînement, n’est-ce pas ? » demanda Mismis.
« Tout à fait, » répondit Iska.
Le lendemain, ils allaient tous les quatre s’entraîner. Si Iska était le seul à sauter l’entraînement, l’horaire de la journée devait être retravaillé. Sans parler de Mismis, cela causerait probablement également des problèmes à Jhin et Néné.
« Est-ce important ? » demanda Mismis.
« ... Oui. S’il te plaît, permets-moi d’y aller, » répondit Iska.
La capitaine de l’autre côté de la ligne était alors restée silencieuse. Et après avoir attendu près d’une minute, un grand soupir était venu à travers le communicateur.
« On ne peut pas y faire grand-chose. Après tout, Iska-kun, tu t’en vas si loin d’ici, » déclara Mismis.
« Merci beaucoup, » répondit Iska.
« Mais j’ai une condition. Je pars avec toi demain, » annonça Mismis.
« Hein !? » s’exclama Iska.
Pourquoi voulait-elle ça ? Avec un moment de silence entre eux alors qu’Iska hésitait à lui demander ses motifs, celle qui avait parlé le premier fut Mismis.
« Essaye de te regarder dans un miroir, » déclara Mismis.
« Un miroir ? » demanda Iska.
« Iska-kun, en ce moment tu fais un regard froid, non ? » demanda Mismis.
« ... »
En entendant cette seule phrase, les yeux mi-ouverts d’Iska s’ouvrirent de surprise.
« Tu vois ? C’était comme je le pensais. Cette information est passée par ta respiration, le savais-tu ? » demanda Mismis.
Le rire de Mismis était venu à travers la ligne de communication.
« Après toi, ta voix était raide dès le début, » continua Mismis. « D’ailleurs, tu me contactes si tard dans la nuit. Tu as beaucoup réfléchi à tout cela, n’est-ce pas ? »
« ... il n’y a rien que je puisse dire contre ça, » déclara Iska.
Puis, posant sa main sur son front, Iska prit une profonde inspiration. Normalement, Mismis ne pouvait pas être décrite comme ayant un esprit vif, et sa mémoire était vraiment mauvaise. Cependant, seule sa capacité à percevoir les changements dans les émotions de ses subordonnés était terriblement efficace.
« Tu m’as bien eue. Comme prévu de notre capitaine, » déclara Iska.
« Heheheeh. Ben ouais. Mais comme je l’ai dit, Iska-kun, je suis contre que tu te débrouilles seul, » répondit Mismis. « Je veux dire par là que la façon dont tu parles est différente de la normale. En tant que capitaine, je ne peux pas approuver de laisser un subordonné aller faire quelque chose par lui-même dans ce genre de situation, n’est-ce pas ? »
« ... Je comprends, » déclara Iska alors qu’il hochait la tête.
Peu importe comment les choses s’étaient passées, il y avait de toute façon un besoin de finalement le signaler. Comme il devait lui en parler de toute façon, même si elle ne connaissait pas ses intentions exactes, le fait que sa supérieure vienne avec lui serait probablement une bonne chose.
« Capitaine Mismis, veux-tu bien m’accompagner ? » demanda Iska.
« Bien reçu ! Au fait, que vas-tu porter ? Si nous y allons en tant que civils, je dois rapidement choisir des vêtements ! » s’exclama Mismis.
« Ça va aller si nous sommes dans nos vêtements de combat normaux, » annonça Iska.
Ils étaient des combattants de l’Empire. C’était un fait indispensable vis-à-vis de ce qu’il voulait accomplir le lendemain.
« Alors demain, nous nous retrouverons devant le garage à six heures du matin, » déclara Iska.
Après avoir coupé la connexion, sa conscience était beaucoup plus dégrisée qu’il ne le pensait possible. Iska avait continué à lever les yeux vers le ciel nocturne de la Capitale Impériale présente derrière sa fenêtre.
Merci pour le chapitre !