Dossier 03 : Notre dernière croisade ou la vie dans un jardin fleuri de femmes
Table des matières
- Dossier 03 : Notre dernière croisade ou la vie dans un jardin fleuri de femmes – Partie 1
- Dossier 03 : Notre dernière croisade ou la vie dans un jardin fleuri de femmes – Partie 2
- Dossier 03 : Notre dernière croisade ou la vie dans un jardin fleuri de femmes – Partie 3
- Dossier 03 : Notre dernière croisade ou la vie dans un jardin fleuri de femmes – Partie 4
***
Dossier 03 : Notre dernière croisade ou la vie dans un jardin fleuri de femmes
Partie 1
« Iska, je pense que je vais rester dans ta chambre à partir d’aujourd’hui. »
« … Peux-tu répéter ? »
« Tout ira bien —, rassure-toi, j’apporterai mes vêtements de rechange, ma brosse à dents et mon gobelet. Youpi ! J’ai vraiment hâte d’y être ! »
« Que se passe-t-il ici ? »
Et c’est ainsi que les vacances d’Iska avaient commencé, dès le matin, lorsque Néné avait fait son annonce.
++
La guerre entre les deux superpuissances mondiales…
L’Empire dont Iska et ses compagnons faisaient partie était en conflit permanent, depuis un siècle, avec le Paradis des sorcières, la Souveraineté de Nebulis.
Et c’était un jour ordinaire dans la vie des forces impériales.
« Ah ! Hé, Iska, as-tu entendu parler de cette chose ? »
« Qu’est-ce que c’est ? »
Néné s’était précipitée sur Iska alors qu’il traversait la base militaire. C’était une charmante soldate à la silhouette élancée qui portait ses cheveux roux en queue de cheval.
« Tu sais ! Le plan d’agrandissement de la base. Ils sont en train de remodeler les baraquements dans lesquels nous vivons. »
« Bien sûr que j’en ai entendu parler. Qu’en est-il ? »
« C’est affreux ! Ils rénovent d’abord les baraquements des femmes, mais ils vont remplacer tous les murs et les sols par ce nouveau matériau ignifuge, alors on va toutes être jetées hors de nos chambres. » Elle soupira et ses épaules s’affaissèrent. « Ils ont dit à tous les soldats que nous devions emballer nos affaires et trouver un autre endroit où vivre pendant les travaux. Il y a donc eu un énorme remue-ménage à ce sujet. »
« Cela vient du siège, n’est-ce pas ? J’ai aussi reçu l’avis. »
Iska n’était pas tout à fait indifférent. Une fois que les baraquements des femmes seraient terminés, ils s’occuperaient de ceux des hommes, alors il était en train de nettoyer sa chambre.
« Mais j’ai entendu dire que la compensation n’était pas mauvaise. Tu peux séjourner dans un hôtel impérial pendant cette période. »
« Oui, c’est vrai, mais… », dit Néné en hésitant. Pour une raison inconnue, son visage était rouge alors qu’elle lui lançait un regard suppliant. « Iska, je crois que je vais rester dans ta chambre à partir d’aujourd’hui. »
« … Peux-tu répéter ? » Il doutait d’avoir bien entendu. La conversation avançait si vite qu’il ne savait même pas comment répondre.
« Tout ira bien —, rassure-toi, j’apporterai mes vêtements de rechange, ma brosse à dents et mon gobelet. Youpi ! J’ai vraiment hâte d’y être ! »
« Attends ! Qu’est-ce qui se passe ? Tout cela n’a aucun sens ! »
Le quartier général prenait en charge les frais de séjour dans les chambres d’hôtel pendant les travaux de rénovation des baraquements des femmes. Néné ne devrait pas avoir de problèmes.
« Pourquoi ma chambre ? Tu es une fille… Ça va être difficile de te faire entrer en douce dans la caserne des hommes. »
« Ça ne me dérange pas », déclara Néné.
« Mais cela peut déranger d’autres personnes ! Et pour commencer, ma chambre n’est pas si grande que ça, alors ce sera cent fois mieux pour toi à l’hôtel. »
« Alors, à ce propos… » Néné regarda autour d’elle. Apparemment, la suite était quelque chose qu’elle ne pouvait pas faire entendre aux autres. « Je viens de recevoir l’allocation de l’hôtel. De la part du quartier général. »
« C’est beaucoup, n’est-ce pas ? J’ai entendu dire qu’ils payaient une semaine de frais d’hôtel et de nourriture. »
Vivre dans un hôtel n’était pas donné. Ils ne pourraient pas utiliser le réfectoire de la caserne, alors ils devraient probablement manger au restaurant coûteux de l’hôtel, d’où la raison pour laquelle l’administration centrale leur donnait de l’argent pour ces dépenses. Ils ne devraient pas avoir de problèmes.
« C’est pourquoi je veux rester dans ta chambre. »
« Comme je te l’ai dit, je ne comprends pas ! »
Elle était dédommagée pour les frais d’hôtel. Alors pourquoi Néné le harcelait-elle pour qu’elle reste dans sa chambre ?
« Néné, explique. »
« En gros, pendant que nous sommes hors de la caserne, nous devons vivre de l’allocation, mais nous n’avons pas à rendre l’argent qui reste. Ce qui veut dire que… »
« Oui ? »
« Si je reste dans ta chambre, alors je pourrais économiser sur les frais d’hôtel. Ensuite, l’allocation me permettrait de la dépenser comme bon me semble ! »
« C’est sournois ! »
« Non, ce n’est pas le cas ! » Néné bomba fièrement le torse. « D’autres femmes sont aussi hébergées chez leurs amis ou chez des parents. Nous voulons toutes utiliser cet argent pour nous ou pour partir en voyage. »
« … Wôw, elles sont investies. »
Bien qu’elles aient reçu une allocation, on ne leur avait pas dit où loger.
C’est en gros ce que Néné était en train de dire. C’était juste assez astucieux pour que le quartier général le laisse passer. L’ingéniosité des femmes soldates n’était pas à dédaigner.
« Mais la caserne des hommes est… »
« Ils ne me trouveront pas dans ta chambre. Et nous avons séjourné dans la même tente pendant l’entraînement. Il ne devrait pas y avoir de problèmes. »
« C’est donc ton raisonnement… »
Iska et Néné faisaient partie de la même unité, ils avaient donc déjà séjourné dans la même tente.
« S’il te plaît ? », supplia Néné en le regardant avec ses adorables yeux de chien battu.
Ils s’étaient tous les deux regardés en silence.
Iska avait été le premier à abandonner.
« … D’accord, je cède. Juste pour cette fois. »
« Youpi ! Merci, Iska ! J’apporte mes affaires tout de suite ! »
Après avoir bondi de joie, Néné s’élança dans le couloir.
La capitaine Mismis, son supérieur, apparut par la suite.
« Ah ! te voilà, Iska. »
Bien qu’elle soit petite et qu’elle n’atteigne que la poitrine d’Iska, c’était en fait une adulte à part entière. C’était aussi une commandante impériale qui avait participé à de nombreuses batailles.
« Néné et moi ne pourrons pas vivre dans nos chambres à cause des travaux. Sais-tu que nous devrons vivre à l’hôtel pendant une semaine ? »
« C’est vrai… »
« Me laisses-tu rester dans ta chambre ? »
« Tu n’es pas sérieuse !? Qu’est-ce que tu racontes, commandante ? Tu pourrais profiter d’un séjour à l’hôtel ! »
Il l’avait immédiatement questionnée, mais elle ne reculait pas.
« Ceci est un ordre de ton officier supérieur. À partir d’aujourd’hui, ta chambre sera la base d’opérations de l’unité 907. »
« Quel genre d’ordre est-ce là !?... D’accord, mais je m’interroge. Pourquoi fais-tu cela ? »
« Eh bien, un hôtel ne se trouverait pas sur la base », répondit la capitaine Mismis avec désinvolture. « Même le plus proche nous obligerait à marcher depuis le quartier des affaires. Je ne pense pas que ce soit une bonne chose, n’est-ce pas ? »
Au-delà de la fenêtre, la capitaine Mismis pointa du doigt la direction du quartier des affaires.
« En tant que membres de la division spéciale III, nous sommes censés être du personnel d’urgence. Notre rôle est de nous rassembler plus vite que quiconque si la guerre contre la souveraineté de Nebulis prend de l’ampleur. Auquel cas, en tant que membres des forces impériales, nous devrions rester dans ta chambre plutôt que dans un hôtel lointain ! »
« Quoi !? »
Il n’y avait pas pensé. De toutes les choses ridicules qu’il aurait pu imaginer Mismis dire, Iska ne se serait jamais attendu à ce qu’elle adopte cet angle d’attaque.
« Je suis très impressionné, capitaine Mismis ! J’étais persuadé que tu dirais que tu voulais juste garder l’argent de l’hôtel comme Néné… »
« Eh bien, il y a ça aussi. »
« Quoi !? Alors tu n’es vraiment là que pour l’argent ! »
« Attends, Iska ! » La capitaine Mismis avait tendu la main pour le forcer à s’arrêter. « Pas si vite. Comme je te l’ai dit, mon objectif est respectable et stratégique. Obtenir l’argent de l’hôtel pour le dépenser pour moi n’est qu’un bonus. »
« Alors tu peux rester dans ma chambre, mais tu rendras l’argent de l’hôtel au siège ? »
« Pas question. »
« Alors tu en as vraiment après l’argent ! »
« Allez, Iska, qu’est-ce qu’il y a de mal à cela ? »
Puis la commandante lui prit la main et elle commença à marcher vers les baraquements des hommes.
« Néné reste déjà dans ta chambre de toute façon. »
« Comment l’as-tu découvert !? »
Maintenant, Iska était troublé. Bien que Néné et Mismis soient dans la même unité que lui, il aurait un énorme problème sur les bras si quelqu’un découvrait qu’il y avait des femmes dans sa chambre. Tout cela était censé se passer entre lui et Néné.
« Néné me l’a dit. »
« Néné ! »
« Dis-moi, Iska, tu inviteras Néné dans ta chambre, mais pas ta propre commandante, n’est-ce pas ? »
Mismis arborait un sourire confiant qui disait qu’elle n’accepterait aucun argument alors qu’elle se rapprochait lentement de lui.
« Ou bien tu veux dire que tu as ce genre de relation tous les deux ? »
« Nous ne le faisons pas ! »
« Alors très bien. C’est réglé ! »
« … Bien. »
Une heure plus tard…
La capitaine Mismis et Néné se présentèrent dans la chambre d’Iska, de gros sacs de voyage à la main.
« Youpi ! Cela fait un moment que je n’ai pas été dans ta chambre, Iska. »
« J’ai visité plusieurs fois, mais c’est la première fois que je passe la nuit sur place. »
Elles dormaient dans les baraquements des hommes. Cet état de fait inhabituel avait rendu les deux femmes excitées — elles considéraient presque cela comme un voyage scolaire.
« Voyons. En tant que commandante, je dois aussi vérifier la vie privée de mes subordonnés. Laisse-moi d’abord voir l’intérieur de ton frigo… Wôw, on dirait que tu cuisines même pour toi-même. »
« Commandante, vérifions aussi son lit. »
« Néné, nous gardons le meilleur pour la fin. Commençons par le bain. »
« Qu’est-ce que vous faites toutes les deux !? »
Elles avaient ouvert le réfrigérateur et le placard, puis avaient systématiquement inspecté les livres sur son étagère. Elles s’étaient même dirigées ensemble vers sa salle de bain, les yeux brillants en regardant autour d’elles.
« Hmm, ta réaction semble… », commença à dire Néné.
« Suspicieux », termina Mismis à sa place. « Il a l’air louche, Néné. Il doit cacher quelque chose. »
« C’est vous deux qui êtes louches ici ! Pourquoi passez-vous ma chambre au peigne fin comme si vous étiez des espionnes !? »
Iska ne s’inquiétait pas de ce qu’elles allaient trouver — ou du moins il voulait le croire. Mais il ne pouvait s’empêcher d’être nerveux lorsque deux femmes fouillaient son appartement avec autant de minutie.
« … Voulez-vous du thé ? Vous pouvez vous reposer dans le salon. »
« Okaaay ! »
« Ça a l’air super. Je vais faire comme chez moi. »
Elles s’écroulèrent toutes les deux sur le sol du salon.
« Hum… »
« Qu’y a-t-il, Iska ? »
« Oh, rien, commandante. Tu t’installes, puis… »
Il leur avait dit de se détendre, mais il ne leur avait pas dit de s’allonger. Il avait même failli commencer à faire un commentaire à ce sujet, mais il avait réussi à s’en empêcher. Il avait un mauvais pressentiment. Est-ce que c’était encore sa chambre ?
« Oh… c’est vrai, je voulais vous demander à toutes les deux — pourquoi ma chambre ? Vous auriez pu choisir celle de Jhin. Il habite aussi dans la caserne des hommes. »
L’unité 907 était composée de quatre membres. Il y avait la capitaine Mismis, Néné qui était chargée de leurs communications, et Iska. Le dernier membre était Jhin, leur tireur d’élite, mais les deux femmes ne semblaient pas avoir l’intention de s’imposer à lui.
« … Hm. Tu sais ce que c’est, n’est-ce pas, Néné ? »
« Oui, Jhin peut être un peu… », conclut-elle. Les deux partagèrent un regard.
« Eh bien, je veux dire que Jhin est très particulier. Tout était si propre quand je suis allée chez lui. J’ai été choquée. Il n’y avait pas un grain de poussière dans la pièce. »
***
Partie 2
« C’est vrai. Sa chambre est encore plus propre que celle de la plupart des filles. Ce serait un peu, eh bien, stressant, pour nous de vivre là-bas, non ? » Néné s’était allongée sur le sol en disant cela. « Nous préférons ta chambre. Vu l’état de la tienne, contrairement à Jhin, tu ne te mettrais sans doute pas en colère contre nous si on ne faisait pas le ménage pendant trois jours. N’est-ce pas, commandante ? »
« C’est vrai. Je pense que tu ne verras pas d’inconvénient à ce qu’on mette un peu de désordre dans ta chambre. » La capitaine Mismis était elle aussi allongée sur le sol à côté de Néné. « Je parie que tu serais d’accord si on renversait accidentellement des canettes de bière ou si on renversait des trucs par terre. On pourrait sans doute aussi laisser des miettes un peu partout. »
« Il est hors de question que je sois d’accord avec ça ! »
« Alors, pourquoi ne pas laisser notre pyjama par terre ? »
« Ce serait embarrassant pour toi, alors s’il te plaît, ne le fais pas ! »
Même si Mismis est sa supérieure hiérarchique, cette chambre restait celle d’Iska. C’était sa maison — ses invités devaient respecter ses règles.
« Écoutez, vous deux. Pendant que vous restez avec moi, vous devez avoir un peu de self-control — ! »
Ker-chak.
Juste à ce moment-là, la porte verrouillée fut forcée de l’extérieur.
« Heeey ! Mismis, Néné, Isk. Ça fait un moment que je ne vous ai pas vus tous les trois. »
« Mme Risya !? »
« Ne fais pas attention à moi. »
Une valise géante s’était écrasée à l’entrée lorsque Risya — une femme à lunettes et l’un des hauts responsables de l’armée — était entrée dans la pièce comme s’il s’agissait de la sienne.
Elle était l’officière d’état-major du seigneur. Bien qu’elle aurait dû être loin de leur portée puisqu’elle faisait partie des échelons supérieurs de l’armée, elle était amie avec Mismis depuis qu’elles avaient fréquenté l’école militaire ensemble.
« Oh, Isk. Je prendrai aussi du thé, s’il te plaît. Trois cuillères à café de lait avec trois grammes de sucre. Et quatre-vingt-dix degrés, ce serait bien, mais je ne vais pas chipoter. »
« Fais-le toi-même ! »
« Oh, dans quel pétrin je me trouve. N’es-tu pas curieux de savoir pourquoi j’ai fait tout ce chemin jusqu’ici ? »
« … » Iska jeta un coup d’œil vers la valise que Risya avait apportée. Il avait un mauvais pressentiment.
On aurait dit qu’elle était là pour la même raison que la capitaine Mismis et Néné.
« Je ne suis pas du tout curieux. Alors s’il te plaît, ne t’explique pas et rentre directement chez toi. »
« Savais-tu que les baraquements pour femmes sont en cours de construction ? »
« … Je préfère vraiment ne pas savoir. »
« Allons, allons, Isk. N’étais-tu pas autrefois un Saint Disciple ? Tu ne me laisseras pas divaguer à propos du travail ? »
Risya s’était mise à l’aise en s’asseyant les jambes croisées à même le sol. Après avoir vu cela, la capitaine Mismis s’était soudain levée.
« Hein ? Mais tu es l’une des personnes les plus haut placées, Risya. Tu ne vis pas dans les baraquements des femmes, n’est-ce pas ? Tu n’aurais pas dû être chassée. »
« Je n’aurais pas dû, mais le bruit de la construction est tellement fort. »
Risya sirota le thé qu’Iska lui avait servi. Il n’avait pas vraiment vérifié la température du thé ni ajouté de lait ou de sucre, mais elle ne semblait pas s’en préoccuper.
« Je suis en gestion, donc je ne vis pas dans la caserne, mais le bruit était si fort que je n’ai pas pu dormir hier. Ma peau est devenue terrible, et le stress est vraiment en train de m’atteindre. Dis, Isk, as-tu des choses à grignoter pour accompagner ce thé ? Peut-être des biscuits ? »
« Ce n’est pas un café, tu sais ! »
« De toute façon, je ne vis pas dans la caserne, ce qui veut dire qu’ils ne me donneront pas d’allocation pour l’hôtel. Il faudrait que je me débrouille toute seule… mais j’ai trouvé une solution ! » Risya montra la valise du doigt. « Je pouvais rester avec Mismis à l’hôtel où elle se trouvait ! Mais elle m’a dit qu’elle serait dans ta chambre, Isk. »
« Il n’y a aucune chance. »
« Je n’ai encore rien dit. »
« En principe, tu l’as pourtant fait ! »
Il savait que Risya avait dû mettre dans cette valise tout ce dont elle avait besoin pour une nuit.
« Ma chambre est déjà assez exiguë avec la capitaine Mismis et Néné ici. »
« Ça ne te dérange pas, n’est-ce pas, Mismis ? »
« Bien sûr. »
« Qu’en est-il de mon opinion ? Tu devrais aussi accorder de l’importance à l’opinion de tes subordonnés ! »
« Mes subordonnés, hein. Néné, qu’en penses-tu ? »
« C’est très bien. »
« Mais qu’en est-il de la mienne !? »
C’était un trois contre un.
Après que les trois femmes avaient envahi sa chambre comme une tempête, Iska trouvé son espace personnel sous occupation militaire.
+++
Ainsi, un rassemblement de filles commença pendant la soirée pyjama.
« Vivre dans la chambre d’Iska est un peu morne maintenant que je suis ici. » La capitaine Mismis regarda autour d’elle dans la pièce éclairée par le soleil.
C’était un studio. Le salon était un peu spacieux, mais comme il contenait aussi le lit d’Iska, l’étagère et d’autres meubles, on s’y sentait plus à l’étroit.
« Eh bien, c’est la caserne des hommes. »
« Ce n’est pas ce que je veux dire. Iska, cet endroit n’est pas assez décoratif ! » déclara la capitaine Mismis en se levant. Ou plutôt, elle commença à fouiller dans le sac qu’elle avait apporté.
« Il a désespérément besoin d’animaux en peluche. »
Toc, elle plaça un énorme chien en peluche au centre de la pièce.
« Tu vois, c’est adorable. »
« Qu’est-ce que tu fais ? Commandante, le salon va devenir encore plus petit — ! », mais pendant qu’Iska protestait, les deux autres femmes avaient commencé à refaire leur propre décoration.
« Personnellement, j’opterais pour des fleurs. Et cet endroit ne sera pas complet sans une télévision à grand écran », dit Néné tout en disposant des vases et des compositions florales sur les étagères. Elle plaça également sur le mur une télévision qui provenait manifestement de sa propre chambre.
« Alors je suppose que je vais installer un appareil de massage automatique et un tapis de course. » Risya avait sorti un tapis roulant complet, ainsi qu’un appareil de massage automatique.
« Mismis, que penses-tu de changer ce papier peint ? »
« Je pense que des fleurs seraient bien. »
« Dis-moi, commandante, est-ce que je pourrais mettre un humidificateur ici ? »
« Bien sûr. »
« Et ce que je veux ? Vous trois, écoutez-moi ! »
Bien qu’Iska ait crié, ce fut en vain, car sa chambre se transforma en une oasis de mignonnerie et de féminité, avec des animaux en peluche et l’odeur d’un parfum sucré. « Oh, ma chambre… »
Sans surprise, il était assez difficile de se déplacer dans le salon avec les affaires de trois femmes sur le chemin.
« Hein ? Je ne pense pas avoir d’endroit où m’asseoir. »
« Commandante, par ici, par ici. Le lit d’Iska est libre », déclara Néné.
« Isk, une autre tasse de thé, si tu veux bien. »
« … Je ne peux même pas aller à la cuisine d’ici. »
Iska était assis par terre et les trois autres — la capitaine Mismis, Néné et Risya — étaient toutes blotties l’une contre l’autre sur le dessus de son lit.
« Hm. Il est trois heures, n’est-ce pas ? Il est trop tôt pour préparer le dîner, alors si nous jouions tous les quatre à un jeu ? J’en ai apporté un. » Risya désigna sa valise de l’endroit où elle se trouvait sur le lit. « Isk, veux-tu bien ouvrir ma valise ? Il devrait y avoir un jeu de cartes tout en haut. »
« Es-tu sûre de toi ? Je ne me sens pas très bien à l’idée de fouiller dans les bagages d’une femme. »
« Si tu vois quelque chose, alors je suppose que tu devras prendre tes responsabilités. »
« Qu’est-ce que c’est, exactement… ? Oh, c’est ça ? Tu parles de ce jeu de cartes des moutons et du loup ? »
« C’est tout. »
Une fois que Risya lui prit le paquet de cartes, elle commença à distribuer des cartes aux quatre.
« Assurez-vous que personne d’autre ne voit vos cartes. C’est une sorte de jeu de déduction. Nous sommes tous d’adorables moutons, mais l’un d’entre nous a une carte de loup. »
Flinch ! Une fois qu’ils eurent tous leur carte, ils se regardèrent les uns les autres.
« Les moutons doivent travailler ensemble pour ne pas se faire manger par le loup. À chaque tour, vous pouvez utiliser des cartes comme “chasseur” ou “divination” pour découvrir qui est le loup. » Risya avait sorti un livret de règles et l’avait ouvert sur le lit. « Le loup utilise sa carte de villageois ou de parent mouton pour tromper les autres. Au bout de trois tours, on choisit la personne la plus suspecte et on tire sur le loup. »
« On leur tire dessus !? » La voix de la capitaine Mismis trembla. « Vraiment, Risya !? »
« Ce n’est qu’un jeu. Et, si tu attrapes le loup, alors les moutons gagnent. Si tu te trompes, c’est le loup qui gagne. C’est simple, non ? »
« Capitaine Mismis », murmura Néné. Néné, qui était restée silencieuse jusqu’à cet instant, eut une lueur dans les yeux. « Tu as l’air méfiante. »
« Quoi ? »
« Oui, c’était vraiment louche que tu aies crié tout à l’heure. Presque comme un vrai loup. »
« Qu’est-ce que tu dis, Néné ? » Alors que son visage de chérubin pâlit, la capitaine Mismis se leva d’un bond. « Je ne suis pas le loup ! Il est impossible que la gentille et mignonne commandante de tout le monde mange des moutons. N’est-ce pas ? »
« … »
« Néné ? »
« J’observais attentivement le visage de chacun lorsque nous avons reçu nos cartes. »
Tous les quatre avaient saisi leurs cartes. Néné avait observé leurs réactions dès qu’ils les avaient reçues.
« Je l’ai vu ! La capitaine Mismis a fait une grimace quand elle a reçu sa carte ! »
« Je — Je n’ai pas fait ça ! Néné, tu dois me croire, je suis — »
« D’accord, d’accord, vous vous calmez toutes les deux maintenant. » Les lèvres de Risya s’étaient retroussées en un rictus alors que les deux s’agitaient rapidement. « Néné n’a pas tort, et ce n’est pas comme si nous avions déterminé que Mismis était le loup pour l’instant. Nous le découvrirons en jouant le jeu. Ah oui, c’est vrai. J’ai pensé à une merveilleuse idée. »
« Madame Risya, ton visage affiche un regard mauvais. »
« Qu’est-ce que tu veux dire, Isk ? Mon cœur est aussi clair que du cristal », répondit Risya avec un clin d’œil en fixant Mismis.
« Celui qui perd doit être chargé de préparer le dîner. Si les trois moutons devinent bien l’identité du loup, ils gagnent. Sinon, c’est le loup qui gagne. Qu’en penses-tu, Mismis ? »
« Pourquoi souris-tu en me fixant, Risya… ? »
« Oh, sans raison. Nous n’avons aucune idée de l’identité du loup, après tout. C’est vrai, le loup… oups, je ne voulais pas dire ça — c’est vrai, Mismis ? »
« L’as-tu fait exprès ? Tu as certainement fait exprès de me dire ça ! » La capitaine Mismis était devenue pâle. Ses mains tremblaient alors qu’elle tenait les cartes, sa détresse étant aussi évidente que le jour.
« Maintenant, commençons ce jeu ! »
***
Partie 3
C’est ainsi que le jeu du mouton et du loup commença. La partie déduction du jeu, cependant, avait déjà commencé depuis longtemps. En effet, tout le monde avait déjà supposé que Mismis était le loup.
« C’est mon tour ! J’utilise mon chasseur sur la capitaine Mismis. En jouant cette carte, la personne que je désigne doit avouer si elle est le loup ! »
« Néné !? »
« Eh bien, tu dois être le loup. J’en suis certaine. Alors, tu l’es ? »
« … Argh. »
Lorsque Néné lui avait présenté la carte de chasseur, la capitaine Mismis vacilla. « Je — je ne suis pas le loup ! »
« … Quoi ? »
« Il n’y a aucune chance !? »
Néné était choquée. Mais cela ne pouvait que signifier…
« Je sais ! La commandante doit donc avoir la carte du villageois. Donc même si nous utilisons la carte de chasseur sur elle, elle peut toujours mentir. N’est-ce pas, madame Risya ? »
« Bon… Nous allons d’abord devoir voler la carte du villageois dans la main de Mismis. »
« C’est tellement méchant ! »
« C’est mon tour », dit Iska. « J’utilise ma carte “divination” sur la capitaine Mismis. »
« Même toi, Iska !? »
Néné, Risya et Iska avaient tous trois décidé de lancer une attaque coordonnée contre la commandante Mismis, mais l’interrogatoire persistant qu’ils lui avaient fait subir n’avait pas permis d’obtenir de résultats définitifs au cours des trois tours dont elles disposaient.
« Vous voyez maintenant… Je ne suis pas le grand méchant loup ! » La capitaine Mismis posa une main sur sa poitrine tandis qu’elle haletait, le souffle court. « Je ne suis pas le loup ! Je suis la gentille commandante de tout le monde. Je suis un mouton inoffensif. Vous devez me croire ! »
Puis vint l’heure du vote pour le loup. Les quatre votaient pour celui qu’ils pensaient être le loup et lui tiraient dessus.
C’était le moment de vérité.
« Capitaine Mismis. » (Iska.)
« Capitaine Mismis. » (Néné.)
« Mismis. » (Risya.)
« Pourquoi ? »
Malgré les supplications du capitaine Mismis, la majorité avait décidé de l’abattre (dans le jeu).
« Argh. Vous n’avez pas confiance en moi… »
« Allez, commandante, dépêche-toi de montrer tes cartes. Ta carte de loup — hein !? »
Au moment où elle retourna les cartes de Mismis, Néné poussa un cri de surprise. « Ce n’est pas possible ! La capitaine Mismis avait bien une carte de mouton ! Est-ce qu’on vient de tirer sur un camarade mouton ? »
« Ce n’est pas possible ! Alors le vrai loup… ce n’est pas possible !? »
« … En fait, c’était moi depuis le début. »
Iska, parmi toutes les personnes, révéla sa carte de loup.
« C’était toi, Iska !? »
« Isk !? Quoi ? Alors pourquoi Mismis était-elle si secouée tout à l’heure ? »
Néné et Risya étaient abasourdies. Le fait qu’Iska soit le loup les avait beaucoup plus choquées que Mismis.
« Capitaine Mismis, pourquoi as-tu été si secouée ? »
« C’est vrai. Tes mains tremblaient. »
« … Je suis nulle aux jeux, alors je suis tout de suite nerveuse. »
« C’est tellement trompeur ! »
« Je suis désolée ! » Lorsque Néné et Risya commencèrent à faire pression sur elle, Mismis laissa échapper un gémissement.
« On dirait que j’ai gagné. »
« Argh… oh bon. »
« Allons préparer le dîner. »
Les trois filles s’étaient dirigées vers la salle à manger. Bien qu’elles aient perdu la partie, elles avaient toutes les trois l’air gagnantes dans leurs tabliers. La capitaine Mismis portait un tablier d’enfant avec des images de chat. Néné en avait un à froufrous, très à la mode et très mignon. Risya portait un tablier de cuisinier noir et authentique qui semblait sortir tout droit d’un restaurant gastronomique de grande classe.
« Tu as beaucoup de chance, Isk. Je n’arrive pas à croire que quelqu’un de la direction des forces impériales comme moi cuisine pour toi. »
« Madame Risya, sais-tu cuisiner ? »
« Tu n’as qu’à regarder. Je vais te montrer les nouvelles tendances impériales en matière de gastronomie. »
Les trois femmes se dirigèrent vers la cuisine. Tandis qu’Iska les observait depuis le salon, les trois femmes poursuivirent une conversation animée.
« Alors, tu sais vraiment cuisiner, Risya ? Je me souviens que tu mangeais toujours une boîte à lunch du supermarché dans ma chambre. »
« Heh-heh. Quand on est un génie comme moi, on peut devenir un pro dans n’importe quel domaine avec un peu d’entraînement. Je suis particulièrement doué pour les tests de goût. »
« … Test de goût ? »
« Je suis aussi excellente pour dresser les assiettes et chercher des recettes. »
« Aucune de ces compétences n’est utile ! »
« Oh, ce n’est pas vrai. Je vais dresser les assiettes, tu feras la cuisine, Mismis. Ce serait un merveilleux travail d’équipe… Oh… »
Crash.
Le bruit d’une assiette qui se brise était parvenu aux oreilles d’Iska. Il attendait dans le salon.
« Attends, Risya !? »
« Oh non ! J’ai cassé la grande assiette d’Isk. Cela n’est arrivé que parce que tu m’as distrait avec ton bavardage, Mismis. »
« Tu me mets ça sur le dos !? »
« Je suppose que c’est très bien. Isk ne remarquera jamais qu’il manque une assiette. »
Mais je le ferai, pensa Iska. Comme il était célibataire et vivait seul, il n’avait que quelques grandes assiettes. Cela se remarquerait beaucoup s’il en perdait une.
« Oh… »
Crash, crash. La tragédie se répéta encore une fois. Il entendit une autre assiette se briser depuis la salle à manger.
« Oh, Mismis… »
« N-non, attends !? Normalement, je ne manipule pas d’assiettes aussi grandes… Crois-tu qu’Iska va remarquer que toutes les grandes assiettes de sa cuisine ont disparu ? »
Je le ferai.
Pourquoi étaient-elles si convaincues que leurs voix ne l’atteignaient pas dans le salon ? Alors même qu’Iska pensait cela, les trois continuaient à chuchoter.
« … Il ne le remarquera pas, n’est-ce pas ? »
« Tout ira bien. Iska est moins observateur qu’on ne le pense parfois. »
« Ça va aller, comme je l’ai dit. Je laisserai juste deux planches d’autographes à la place des deux assiettes cassées. Il va adorer. »
« Non, il n’appréciera pas ! »
Les choses prenaient une direction dangereuse, réalisa Iska, et il se leva rapidement de sa place sur le sol.
« Vous trois ! J’ai entendu les choses que vous disiez, ainsi que des bruits suspects. »
« I-Iska !? »
« Tu as remarqué !? Non, Iska, tu ne peux pas encore entrer ici ! »
« Isk, laisse-nous faire — ! »
Il se dirigea directement vers la salle à manger où elles se trouvaient.
C’est alors qu’Iska le vit. Inutile de dire qu’il y avait quelques assiettes brisées sur le sol, mais surtout, il vit ce qu’elles tenaient toutes.
« … C’est quoi ce truc ? »
Un sachet de soupe de consommé en poudre. (Risya.)
Un sachet de sauce au curry instantanée. (Néné)
Une boîte de pêches. (Capitaine Mismis.)
Les trois charmantes jeunes femmes tenaient des paquets de nourriture préparée.
« … Iska. »
Soudain, Néné se mit à pleurer.
« On dirait que tu as fait une terrible découverte à notre sujet, Iska… » déclara Néné.
« Néné ? »
« J’allais faire chauffer ce sachet de curry instantané dans de l’eau chaude, puis le mettre sur une assiette et te dire que je l’avais fait à la main… »
Néné avait l’air bouleversée. À côté d’elle, Risya et Mismis étaient tout aussi désemparées.
« J’avais l’intention de te dire que j’ai passé trois heures à préparer un consommé de luxe… »
« J’allais dire que ces pêches venaient fraîchement d’une ferme plutôt que d’une boîte de conserve… »
« Vous ne pouvez pas aller plus loin dans le mensonge ! » hurla Iska en désignant les mains des trois femmes. « Pourquoi faites-vous toutes cela ? Madame Risya mise à part, je sais que vous savez cuisiner toutes les deux ! »
Tous les membres des forces impériales pouvaient se préparer à manger. Même pendant les rudes exercices d’entraînement, ils avaient besoin de repas chauds et fortifiants.
« Vous ne pouvez pas toutes les trois… cuisiner… ? »
« Quoi ? Eh bien… »
Elles s’étaient toutes tortillées d’un air gêné. Néné prit la parole au nom des deux autres femmes. « Quand nous sommes venues pour rester ici, nous n’avons pas apporté de couteaux de cuisine ou d’autres choses du genre. J’ai apporté mes ustensiles pour le repas, mais… »
« Tu as donc supposé que tu ne cuisinerais pas !? »
D’ailleurs, Iska ne possédait qu’un seul couteau de cuisine. Même si elles étaient allées toutes les trois en même temps dans la cuisine, une seule aurait pu faire quelque chose.
« Nous nous disions donc qu’il valait mieux s’en tenir à des repas qui ne nécessiteraient pas l’utilisation d’un couteau. »
« … Vous savez… Je ne pense pas que toutes les femmes aient besoin de savoir cuisiner, mais ça me semble plutôt mauvais. »
À ce moment-là, ils eurent une réunion impromptue au sujet du dîner. Tous les quatre en conclurent que le barbecue serait leur meilleur pari, car ils n’auraient qu’à faire griller la viande.
Iska s’était alors mis au travail pour ramasser les tessons des assiettes cassées. Mismis transporta un réchaud à gaz d’usage militaire depuis la caserne des femmes. Néné et Risya allèrent acheter de la nourriture.
« L’attente est terminée ! » Néné portait un ensemble pour barbecue dans un sac en plastique provenant du supermarché.
Les yeux de la capitaine Mismis brillèrent dès qu’elle posa les yeux dessus.
« Qu’est-ce que c’est, Néné !? » demanda-t-elle.
Mismis, qui était généralement reconnue comme la connaisseuse des barbecues, regardait la viande avec des yeux écarquillés. Néné avait acheté des morceaux de qualité supérieure que l’on ne voit pas tous les jours.
« Elles brillent si joliment ! Il s’agit sans aucun doute de l’insaisissable viande de qualité supérieure A5. Les supermarchés de la capitale impériale ont du mal à s’en procurer, et quand ils en trouvent, c’est généralement trop cher pour être abordable… Néné, comment as-tu obtenu ça ? »
« Hm ? Oh, c’est moi qui régale », dit Risya avec nonchalance. Elle sortait des canettes d’alcool de son sac en plastique. « C’est une fête barbecue, alors je me suis dit qu’on pouvait aussi bien se lâcher. »
« Mais ça n’a pas coûté cher ? »
« Tout ira bien. Je n’aurai qu’à faire une demande de remboursement auprès du quartier général. » La haute responsable des forces impériales avait fait une déclaration à l’emporte-pièce. « Tu vois, Mismis, même la sauce est de qualité supérieure. Qu’en penses-tu ? »
« C’est merveilleux, Risya ! »
« Hee-hee. Je suppose que c’est le cas. Une fois que tu es à mon niveau, faire approuver les dépenses est facile. »
La capitaine Mismis serra Risya dans ses bras, et elle n’avait pas semblé trop mécontente de l’attention qu’on lui portait.
« … Mais je m’exposerai à des mesures disciplinaires si je me fais prendre. »
« Quoi ? Ce que tu as chuchoté tout à l’heure avait l’air super inquiétant, Mlle Risya ! »
« Ah-ha-ha ! Tu es tellement inquiet, Isk. Tout ira bien. Dans le pire des cas, je dirais simplement au quartier général que Son Excellence nous a ordonné de faire un barbecue, et ils se calmeraient immédiatement. »
« Je m’inquiète pour les personnes du siège qui doivent se taire pour toi ! »
« Très bien, tout le monde ! » Risya leva une canette de bière. « Puisque c’est le début de notre super luxueuse soirée barbecue, il faut porter un toast ! »
Mismis et Risya tenaient chacune une canette de bière. Iska et Néné étant mineurs, ils avaient des boissons sans alcool… mais cela n’avait duré qu’une minute avant que les trois femmes ne fixent intensément le gril.
« Tiens, Iska, j’ai fait griller ça pour toi », dit Mismis.
***
Partie 4
Elle utilisait des pinces à barbecue spécialisées pour préparer habilement la viande. Elle n’était manifestement pas une amatrice en la matière et aurait pu facilement faire honte à un professionnel.
« Commandante, est-ce que j’avais une pince comme celle-ci dans ma cuisine ? »
« Non, ce sont les miens. »
Elle en avait aligné plusieurs étincelants sur le plateau de la table.
« Tu dois vraiment apporter ton propre oreiller, ta brosse à dents et tes pinces partout où tu vas. »
« … Est-ce vraiment comparable à un oreiller et une brosse à dents ? »
« Pas du tout. Les pinces sont plus importantes. »
« Comment !? Et qui apporte des pinces, mais pas de couteau de cuisine !? »
Mismis n’avait jamais cessé de travailler pendant qu’ils conversaient. En fait, elle avait fait un excellent travail en tant que chef de gril, en gardant à l’esprit les préférences de chacun pour ce qui est de la façon dont ils aiment que leur viande soit cuite. Elle les observait même pendant qu’ils mangeaient. Elle s’était occupée de tout à la perfection et avec grâce.
« … Commandante, je pense que tu pourrais travailler dans un restaurant de barbecue. »
« Oh, en fait, je l’ai fait, à temps partiel. »
« Tu l’as fait pour de vrai !? »
« Une fois, j’ai attendu devant la boutique d’une boutique de barbecue qui était célèbre pour ne pas prendre d’apprentis trois jours et trois nuits dans la neige en le suppliant de me prendre. »
« On dirait que tu étais plus sérieuse à ce sujet qu’à celui de ta formation militaire… »
« La dernière nuit, je me suis effondrée de faim et d’hypothermie, alors il m’a finalement acceptée comme apprentie. Je me souviens encore de toutes les techniques secrètes qu’il m’a enseignées à cette époque. »
« Tu as vraiment été une apprentie !? Je veux vraiment connaître les techniques secrètes, mais j’ai l’impression que je ferais une concession ! »
Iska n’avait jamais entendu parler de tout cela auparavant. Tout cela s’était probablement passé dans les jours de son académie militaire, avant qu’elle ne s’engage officiellement en tant que commandante.
« Néné, étais-tu au courant ? »
« Bien sûr. » La rousse sirotait sa boisson. « La capitaine Mismis est allée au zoo et a frappé un éléphant avec un biscuit… et ensuite, l’éléphant est parti en guerre contre les chats. »
« Hein ? »
« Uhh ? Iska, pourquoi tournes-tu autant… ? »
Du point de vue d’Iska, c’était Néné qui chavirait. Son visage était rouge et elle gloussait, et elle n’était pas non plus très cohérente.
« Dis-moi, Iska, cette boisson a un drôle de goût… »
« Attends, ce n’est pas de la bière, n’est-ce pas !? »
À la place du jus, Néné tenait la canette de bière qui se trouvait à côté de Risya.
« Ha-ha… Je me sens un peu chaude. Est-ce que je vais me transformer en étoile ? »
« Je n’ai aucune idée de ce dont tu parles. Néné, garde la tête froide. »
« Bwop ! »
« Néné !? »
Elle était tombée à la renverse, les yeux écarquillés. Bien qu’elle ne soit pas comme d’habitude, elle arborait le plus beau des sourires en restant allongée.
« Madame Risya, as-tu ramassé par mégarde le verre de Néné ? »
« Hm ? Attends, Isk, je suis un peu occupée à servir une bière à Mismis. »
« Attends, ce n’est pas ce qui est important ici — Mme Risya !? »
Les yeux d’Iska s’étaient écarquillés lorsqu’il avait vu la scène qui se déroulait devant lui. Risya ne tenait pas une canette de bière, mais une sauce barbecue de qualité supérieure. Et elle la versait dans un verre vide.
« Attends, Mme Risya… »
« Ah-ha-ha-ha-ha ! »
« Tu es ivre toi aussi !? »
Elle avait continué à rire et à verser la sauce. C’est alors qu’Iska eut une révélation choquante. Risya, considérée comme la personne la plus intelligente des forces impériales, devenait un véritable désordre lorsqu’elle était ivre.
« Voilà, Mismis, voici ta bière. »
C’était clairement de la sauce barbecue. Le liquide brun foncé était bien loin de la couleur ambrée de la bière, mais hélas, Iska était la seule personne à l’avoir remarqué.
« Hm ? » La capitaine Mismis inspecta le verre. Elle avait l’air quelque peu somnolente.
« Attends, capitaine Mismis… »
« Gulp. »
« Tu l’as vraiment bu !? Depuis quand es-tu ivre, Capitaine Mismis ? Non, tu ne peux pas ! Tu vas tomber malade si tu bois ça ! »
« Cette bière a un drôle de goût, n’est-ce pas ? »
« Parce que ce n’est pas de la bière ! C’est de la sauce barbecue super concentrée ! »
Mais il était arrivé trop tard — quand à la situation actuelle. Il semblerait que Mismis et Risya aient toutes deux une faible tolérance à l’alcool.
« Oh, on dirait que ton verre est aussi vide, Risya. Je vais t’en verser d’autres. »
« Comme je l’ai dit, commandante, c’est la sauc — ! »
Flop. Au moment même où Iska disait cela, un objet en tissu lui était tombé sur la tête.
« Euh… une veste ? »
« Hmm… Le barbecue me donne un peu chaud. » Risya avait enlevé sa veste et ne portait plus que sa chemise. Et — sous les yeux d’Iska — elle commençait lentement à la déboutonner…
« Dépouillons-nous ! »
« Non ! Mme Risya, tu dois reprendre tes esprits ! Qu’est-il arrivé à ton intelligence habituelle ? »
« Ah-ha-ha-ha. Qu’est-ce que tu dis, gaufre au chocolat ? Je suis toujours très intelligente. »
« Est-ce que je m’appelle Gaufre au chocolat maintenant ? »
Risya avait déjà défait son quatrième bouton. Bien qu’elle soit mince, ses seins étaient exposés dans toute leur splendeur, si bien qu’Iska n’avait eu d’autre choix que de détourner le regard.
« Madame Risya, ta veste… ! »
« Oh, Iska, comment peux-tu lorgner sur Mme Risya comme ça ? »
Il entendit la voix de Néné derrière lui. Avant même qu’il ait pu se retourner, Néné s’était accrochée à son dos alors qu’il était encore au sol.
« Néné !? »
« Hee-hee. Tu es si mignon, Iska. »
Néné arborait un immense sourire tout en le serrant contre elle. Il semblerait qu’elle n’avait pas encore dessaoulé, car son visage était encore rouge.
« Je suppose que c’est mieux que Mme Risya qui essaie de se déshabiller… »
« Heeey, et si on faisait un concours de regards ? Si tu ris, tu perds ! Ah-ha-ha-ha-ha-hah ! »
« Nous n’avons même pas commencé et tu ris déjà ! »
Risya se déshabille lorsqu’elle est ivre. Néné était apparemment un joyeux drille. Et puis…
« Mon animal en peluche ! »
« Je ne suis pas ta peluche ! »
Cette fois, Mismis s’accrochait au bras d’Iska.
« Uh-quoiiiiiiiii ? Est-ce que mon oreiller a toujours été aussi dur ? »
« S’il te plaît, ne me confonds pas avec l’un d’entre eux. »
« Zzz… »
« Attends, es-tu vraiment en train de t’endormir !? N’utilise pas mon bras comme oreiller ! Agh ! Tout le monde, s’il vous plaît, reprenez vos esprits ! »
Mais les supplications d’Iska étaient restées vaines.
« Il est temps de commencer la bataille d’oreillers ! »
Risya, la chemise encore grande ouverte, avait attrapé la peluche de Mismis et s’était levée.
« Oh, Riiisya, c’est à moi — ! »
Dans un bruit sourd, Mismis fut frappée au visage. C’est Risya qui avait lancé la peluche, bien sûr.
« … »
« Commandante ? Est-ce que ça va ? »
« Maintenant, tu l’as fait ! »
La capitaine Mismis souriait en se levant. Elle lança l’animal en peluche à Risya.
« Prends ça ! »
Cependant, elle était si instable qu’elle n’avait pas pu bien viser. L’animal en peluche vola — dans une direction complètement différente de celle de Risya — et heurta le mur du salon.
Elle l’avait lancé en plein sur l’alarme d’urgence. Chaque chambre des forces impériales était équipée d’un interrupteur d’urgence, et c’est Mismis qui avait celui d’Iska.
« Oh… »
« J’ai gagné ! »
À l’instant où Mismis poussa un cri de joie, l’alarme se déclencha.
« Urgence ! Une urgence s’est produite ! »
La sirène retentit. La chambre d’Iska était baignée d’une lumière rouge, ce qui rendait aussi évident que possible que sa chambre était à l’origine du problème supposé.
« Oh noooonnnn ! »
« Quelle est l’urgence ? »
« Cela n’est arrivé qu’à cause de la peluche que tu as lancée, commandante ! »
« … Zzz. »
« Tu t’es rendormie !? Argh… nous — nous devons arrêter l’alarme ! »
Il s’agissait de la caserne des forces armées, donc des soldats armés allaient certainement arriver en courant dans quelques minutes.
« Arrête le système de notification — »
« Ah-ha-ha, c’est tellement amusant, Iska, » dit Néné.
« Néné !? A-attends ! S’il te plaît ! Nous devons d’abord régler cette situation ! »
Néné, en joyeuse drille qu’elle était, avait alors choisi de s’accrocher également au bras d’Iska, et elle ne le lâchait pas.
« Nuh-uh ! Tu es à moi ! »
« Oh là là ! Ça a l’air sympa, Isk. J’aimerais bien moi aussi me joindre à toi. »
Maintenant, même Risya s’accrochait à lui par-derrière. Il n’était plus qu’à quelques centimètres de l’interrupteur, s’il tendait les bras. Il n’était plus qu’à une longueur de doigt…
« Lâchez-moi, vous deux ! »
« Ah-ha-ha-ha-ha ! »
« Ton dos est si chaud, Isk ! »
Puis quelqu’un défonça sa porte. L’équipe d’intervention armée venait d’arriver.
« L’alarme vient-elle d’ici !? »
« Nous sommes ici maintenant, donc tu es en sécurité. Il n’y a rien à — ! »
Les soldats étaient également armés. Et ce qu’ils virent dans la chambre d’Iska, ce sont les trois joyeuses femmes qui s’étaient comportées de façon très indigne.
« … »
Il y avait Risya, qui avait enlevé sa veste et déboutonné une grande partie de sa chemise, puis Néné, qui riait et se roulait par terre. Même la capitaine Mismis avait enlevé sa veste à un moment ou à un autre.
« … »
C’était gênant.
Iska soupçonnait les soldats armés d’avoir fait une supposition malheureuse sur la scène qui se déroulait devant eux.
« Ce n’est pas ce que vous croyez. Nous avons juste… » Iska agita désespérément les mains, mais les soldats n’eurent aucune pitié.
« Informez le QG que nous avons sécurisé trois femmes et appréhendé un suspect. »
« Un suspect ? Vous voulez dire moi !? »
« Vous viendrez avec nous pour des accusations d’inconduite sexuelle. »
« Je n’ai rien fait ! »
++
Rapport d’incident.
Soldat impérial Iska
Enquête sur le quartier général impérial, car il est soupçonné d’inconduite sexuelle et d’avoir enlevé trois femmes dans sa chambre.
Note : Le suspect a nié toutes les accusations.
+++
Pendant ce temps, dans un autre pays… au Paradis des sorcières, le palais de la souveraineté de Nebulis…
« … »
« Euh, euh, Lady Alice… ? »
Rin sentait au plus profond de son être que sa dame bien-aimée, Alice, était d’une humeur exécrable. La préposée jeta un coup d’œil au visage d’Alice pour vérifier qu’elle allait bien.
« … Qu’est-ce que cela signifie ? »
Aliceliese Lou Nebulis était une belle fille aux cheveux d’or brillants… mais à cet instant, elle avait l’air sinistre.
« Rin, ce rapport d’incident date d’hier, n’est-ce pas ? »
« O-Oui. »
« Crois-tu que le soldat impérial Iska dont il est question dans ce rapport soit le même Iska ? »
« … C’est très probable. »
« Je vois. »
Alice était silencieusement furieuse.
Elle ne se défoulait pas sur Rin, bien sûr, mais son assistante pouvait sentir une certaine frustration se faufiler sur les bords de sa voix.
« Rin, qu’en penses-tu ? »
« Euh, euh… »
Elle ne savait pas comment répondre.
L’épéiste impérial Iska était leur ennemi — sans parler du plus grand ennemi d’Alice. En ce qui concerne Rin, elle espérait que l’enquête durerait toujours.
« Es-tu en train de me dire qu’Iska est un pervers ? C’est incroyable. Il ne le ferait jamais ! »
Alice, elle, voyait les choses différemment. Elle semblait outrée contre l’Empire pour ses accusations stupides contre son cher rival.
« Qu’en penses-tu, Rin ? »
« D’accord… hum… »
Elle espérait qu’il resterait en détention — mais si elle disait cela, elle savait qu’Alice se retournerait contre elle.
« J’aimerais affirmer que l’épéiste impérial est un ennemi de notre pays… mais je doute qu’il fasse quoi que ce soit qui aille à l’encontre de la morale humaine. »
« Oui, exactement ! » Alice se mit à serrer les poings. « Je sens un complot ! »
« Un complot ? »
« Iska ne ferait jamais quelque chose d’aussi pervers. Quelque chose a dû perturber l’état interne de l’Empire. Quelqu’un doit essayer de le piéger. C’est forcément ça ! »
« Uh-huh… »
« Rin, prépare l’argent de la caution pour libérer Iska au plus vite ! »
« Quoi !? Tu vas aider l’ennemi !? »
« Oui, et je fais cela parce que c’est l’ennemi. »
La résolution d’Alice était ferme.
« Je ne peux pas rester sans rien faire alors que la personne avec laquelle je dois régler les choses sur le champ de bataille est détenue pour inconduite sexuelle. Je veux dire — ! »
Elle se tourna vers la fenêtre, fixant le sud, droit vers l’endroit où se trouverait le territoire impérial.
« Iska ne m’éconduirait jamais et ne poserait pas la main sur une autre femme ! »
« Quelqu’un va se tromper de sujet si tu le dis comme ça ! »
« Mais c’est mon rival. »
Alice était l’image même du sérieux. Mais Rin avait raison en ce qui concerne le choix des mots d’Alice.
« Iska et moi sommes liés par le sort des étoiles (pour une revanche) ! »
« Et maintenant, tu donnes l’impression que vous êtes un vrai couple ! »
« Quoi qu’il en soit ! Mais qu’est-ce que tu fais quand tu m’as dans les pattes, Iska !? »
Plusieurs jours plus tard, Alice hocha la tête de satisfaction lorsqu’elle apprit qu’il avait été acquitté et libéré.