Chapitre 5 : Subjugation du serpent de mer
Après avoir décidé de rejoindre l’équipe de subjugation, nous étions retournés à Schtraut pour rassembler les unités dont nous aurions besoin pour la bataille à venir.
« Prêts, tout le monde ? » avais-je demandé aux unités par le biais de la conscience collective.
« Oui, nous sommes tous réunis, Votre Majesté. »
« Bon travail. Montez à bord. »
J’avais chargé mes nouvelles unités sur le seul grand vaisseau que nous avions. Elles seraient notre clé pour tuer le serpent de mer.
« Très bien. Lysa et Sérignan, vous me rejoignez sur le navire de taille moyenne. Roland, tu prends le commandement du grand navire. »
« Compris, Votre Majesté. »
Cette fois-ci, nous étions à fond, et je faisais partie de la force de frappe. Je doutais sérieusement de mon utilité, mais je ne pouvais pas donner aux pirates l’impression que j’étais une lâche. Effrayée comme j’étais, j’avais pourtant déjà survécu à un sacré nombre de batailles (en me cachant derrière le dos de Sérignan).
« Très bien, une fois que nous aurons levé l’ancre, nous devrions naviguer ici et nous regrouper avec les forces d’Isabelle », avais-je déclaré, en pointant un point sur les cartes marines des pirates.
Notre point de rendez-vous était une zone le long de la côte de Doris où nous avions déjà rencontré le serpent de mer. Une fois que nous les aurions rencontrés, nous allions nous préparer pour attirer la bête. Les pirates avaient prévu de l’attirer en remorquant le bétail derrière un de leurs navires. C’était une solution simpliste, mais je ne pouvais qu’espérer qu’elle fonctionnerait.
« Allons-y. »
Très vite, nous avions laissé le duché derrière nous. Je m’inquiétais pour nos frontières, nous étions encore en train de construire des murs et des tours de guet, mais les forces ennemies pouvaient percer si elles le voulaient. En plus de cela, j’avais amené Sérignan et nos précieuses nouvelles unités avec moi pour tuer le serpent de mer, nos défenses étaient donc beaucoup plus faibles que je ne l’aurais souhaité.
Nous devons tuer cette chose, et vite.
« Je peux voir les bateaux pirates ! », dit Lysa.
En regardant devant moi avec des jumelles, j’avais aussi repéré le drapeau des pirates. Mais Lysa l’avait vu à l’œil nu, sa vision était vraiment impressionnante. Il y avait neuf navires pirates devant nous. L’Atlantica en avait plus, mais seulement neuf s’étaient présentés. Les autres capitaines avaient probablement trop peur du serpent de mer et avaient donc refusé de se joindre à nous.
Je ne peux pas vraiment les blâmer. Leur vie est en jeu.
Un navire rompit la formation et s’approcha de nous.
« Ohé, la reiiiiine ! Tu es prête ? »
C’était le bateau d’Isabelle, l’Albatros.
« Oui, on est prêts. Et toi ? »
« On est prêts à y aller à n’importe quel moment. Ne t’inquiète pas, on s’en occupe. »
« Très bien, allons pêcher ! Préparez-vous, d’accord ? », dit-elle en souriant
« Bien reçu. On assure vos arrières. »
J’avais fait un signe de tête.
Apparemment, l’Albatros lui-même remorquerait l’appât. Les pirates avaient jeté deux vaches mortes entières à l’eau.
Ce serpent de mer est un vrai glouton, hein ?
« Sérignan, Lysa, préparez-vous au cas où il arriverait quelque chose. Et Roland, assure-toi que ton bateau suit l’Albatros pour qu’ils soient prêts à se battre. »
« Selon vos désirs, Votre Majesté. »
Sérignan dégaina son épée et jeta un regard furieux vers l’eau. Lysa brandit son arc long et y plaça une flèche, qui était enduite d’un venin paralysant. Roland dirigea son navire, qui était chargé d’Essaims Éventreurs et de nos nouvelles unités, pour suivre l’Albatros.
Le bateau d’Isabelle navigua lentement, la viande dérivant derrière lui. La mer était restée calme, mais rien ne permettait de savoir quand le monstre pourrait soudainement sortir de l’eau. D’après ce que m’avait dit Sérignan, la chose faisait plus de 50 mètres de long.
« Votre Majesté, je peux sentir sa présence. Il arrive », dit Sérignan.
« Oui, je sais. Je ressens ce que tu ressens. »
Elle sentait quelque chose qui montait rapidement dans l’eau, et ce sentiment m’avait été transmis par la conscience collective.
« Il est là », lui avais-je chuchoté.
À ce moment précis, un long pilier d’eau s’était élevé à côté de l’Albatros. Un monstre massif ressemblant à un serpent de mer émergea de l’intérieur et, selon le rapport de Sérignan, la chose faisait facilement plus de 50 mètres de long. Il sauta au-dessus de la surface de l’eau et engloutit les deux bêtes.
C’était effectivement un joli monstre ! Le fait qu’une bête aussi massive se soit tapie dans ces eaux témoigne des terreurs que le bel océan pouvait cacher dans ses profondeurs. Un certain auteur d’épouvante qui avait écrit de nombreux ouvrages sur d’horribles monstres marins me vint à l’esprit.
Intimidée comme je l’étais, je pouvais sentir le courage de Sérignan à travers la conscience collective, et cela avait servi à apaiser ma peur.
« C’est bon ! Tirez les harpons ! »
« Lysa, attaque ! »
Isabelle et moi avions donné nos ordres en même temps. Les navires pirates tirèrent des harpons de chasse à la baleine, qui percèrent la chair du serpent de mer, et Lysa le frappa de sa flèche paralysante. Cette flèche avait été trempée dans le venin concentré d’Essaim Éventreur, être touché par elle équivalait à être piqué par dix Essaims Éventreurs.
« Skreeeeaaah ! »
Le serpent de mer hurla de douleur et chargea sur l’un des navires. Les pirates d’Isabelle n’allaient pas couler sans se battre, ils avaient essayé d’échapper à l’attaque du serpent de mer, mais n’avaient pas réussi à l’esquiver à temps.
Alors que la bête s’engouffrait dans le navire, celui-ci chavira, envoyant son équipage vers la mer. Le serpent avait alors enfoncé ses crocs dans la structure en bois, transformant le navire en débris alors que les pirates dérivaient vers une tombe aquatique. Naturellement, le carnage du serpent était loin d’être terminé.
Oh, merde.
Tout s’était passé en un clin d’œil. Pouvions-nous vraiment gérer cette chose ? Mais au moment où cette pensée me traversait l’esprit, le serpent de mer s’était élancé vers l’Albatros et mon navire de taille moyenne. Nous étions clairement les prochains sur sa liste.
Merde. Merde, merde, merde.
« Euh, Roland, tu es prêt ? ! », avais-je crié.
« Pas encore ! Ça va trop vite ! On ne peut pas le rattraper ! »
Oh, mon Dieu.
Notre seul espoir résidait dans les nouvelles unités montées à bord du navire de Roland.
« Lysa, Sérignan, préparez-vous. Nous devons intercepter cette chose. », avais-je dit en me calmant les nerfs.
« Selon vos désirs, Votre Majesté. »
Nous avions placé notre navire entre l’Albatros et le serpent de mer. Nous nous étions ensuite préparés à attaquer. Ce serait sans espoir si le serpent nous attaquait sous l’eau, mais s’il s’élevait au-dessus du niveau de la mer…
« Hé, ne faites rien d’imprudent ! Repliez-vous s’il le faut ! », nous cria Isabelle depuis le pont de l’Albatros.
« Mais vous ne pouvez pas vous échapper ! Je veux dire, vous l’avez attrapé avec votre appât ! »
Je lui avais crié de se replier.
« Oubliez-nous ! Préparez-vous à vous tirer d’ici s’il le faut ! », cria-t-elle en secouant violemment la tête.
Un pirate si courageux. Même la peur de la mort ne l’a pas effrayé.
« Regardez ! Il sort de l’eau ! »
Bingo.
Je savais que le monstre referait surface, mais ce n’était pas un hasard. D’après Isabelle, les serpents de mer avaient une excellente mémoire à long terme. Celui-ci se souvenait essentiellement de la façon dont Sérignan l’avait repoussé avec ce navire. Peut-être la voix de Sérignan avait-elle voyagé sous l’eau.
Allez, mon grand. C’est l’occasion de prendre ta revanche.
J’avais regardé le serpent de mer sortir de l’eau, révélant sa pleine forme. Il ressemblait certainement à un serpent, mais il avait quatre yeux au lieu de deux. Et ils étaient tous fixés sur notre bateau. Sérignan rencontra le puissant regard de la bête, l’incitant à hurler de colère. Son cri fit onduler l’eau, secoua le navire et fit peur à tous ceux qui l’entendirent. La voix assourdissante de la créature était une arme mortelle en soi.
« Sérignan ! Peux-tu le contrôler ? ! », avais-je crié, en espérant être entendu par-dessus le cri animalier.
« Ne vous inquiétez pas, Votre Majesté ! », répondit Sérignan en criant.
Le serpent de mer menaçant mit ses crocs à nu, Sérignan leva son épée comme pour relever le défi… Puis vint un terrible affrontement. Le serpent se déchaîna et tenta de la mordre. Elle repoussa un de ses crocs avec sa lame, essayant désespérément de dévier l’attaque. Elle semblait prête à avaler Sérignan en entier, mais elle avait à peine réussi à garder ses mâchoires ouvertes.
« Lysa, couvre-la ! »
« Compris ! »
Lysa lança trois flèches à venin et les tira toutes en même temps sur le serpent de mer. Ses talents de tireuse à l’arc étaient plus étonnants que jamais.
« Skreeeaaah ! »
Le serpent hurla de douleur alors que les flèches s’enfonçaient dans la chair.
Et alors que la créature devenait de plus en plus paresseuse à cause du venin, Sérignan fit son prochain mouvement.
« Haaaah ! »
Son épée lui transperça la mâchoire et sa tête heurta le pont du navire. C’était tout ce qu’elle pouvait faire, mais elle avait quand même infligé d’énormes dégâts à la créature. Grâce à leurs efforts conjugués, elle était tombée, mais elle n’était pas encore morte.
« Bon sang. Elle est toujours en vie après avoir reçu autant de coups. Quel monstre... », marmonna Isabelle.
« Ne t’inquiète pas, Isabelle. On va le faire tomber, c’est sûr. »
Elle fit un signe de tête sinistre.
« J’espère bien. Je crois que je commence à comprendre pourquoi mes garçons avaient si peur de cette chose. Il pourrait probablement nous tuer cinquante fois plus d’hommes. »
« Et vous continuez à le combattre ? », dis-je en fronçant un sourcil.
« C’est la façon de faire des pirates. », dit-elle en souriant.
Le serpent de mer s’était tortillé plusieurs fois alors qu’elle se préparait à lui tordre le cou une fois de plus.
Dépêche-toi, Roland…
« Votre Majesté ! Nous sommes prêts ! »
Ah, les voilà.
Nos nouvelles unités seraient précieuses pour vaincre les monstres marins. Le navire de Roland en était rempli à craquer. Bien qu’il leur manquait les faux de l’Éventreur, ils avaient plusieurs fois la taille de l’Éventreur et avaient une longue queue en forme de scorpion. Le bout de leur queue dégoulinait d’un liquide noir et visqueux.
Les Essaims Toxiques. Une des unités longue portée de l’Arachnée.
Une fois que nous avions rassemblé suffisamment d’âmes, j’avais enfin pu les débloquer. Les Essaims Toxiques étaient capables de faire des choses que les Essaims Éventreurs, Fouilleurs, Parasites et Mascarades ne pouvaient pas : attaquer à distance.
« Essaims Toxiques ! Feu ! », criai-je.
Les Essaims Toxiques balançaient docilement leurs grosses queues et tiraient ce qui ressemblait à des flèches depuis les pointes. Ces flèches transperçaient le serpent de mer abattu, qui hurlait de douleur et il tenta de s’enfuir sous l’eau.
« Mais qu’est-ce que c’est que ça ? », demanda Isabelle, bouche bée.
« Ce sont des Essaims Toxiques, les unités à longue portée de l’Arachnée. La légende dit que le poison dans leur queue est capable de terrasser un dragon. Je ne sais pas si c’est vrai, mais c’est quand même une toxine assez puissante. Je doute que tout ce qui se fait toucher par ça en sorte indemne. »
Les Essaims Toxiques étaient l’atout caché dans ma manche. Les serpents de mer vivaient dans l’océan, se rapprocher pour couper celui-ci n’était donc pas vraiment possible. Ne pouvant donc pas envoyer les Essaims Éventreurs à sa poursuite, j’avais décidé de l’écorcher avec des attaques à longue distance dès qu’il ferait surface. Maintenant, nous serions capables de tuer cette chose avant qu’elle ne se déchaîne à nouveau.
Soudainement, le serpent de mer refit surface, se tordant dans l’agonie.
« Quoi, tu veux donc en recevoir davantage ? Essaims Toxiques, tirez votre deuxième salve. »
« Selon vos désirs, Votre Majesté. »
À mon commandement, les Essaims Toxiques tirèrent d’autres projectiles sur la bête souffrante. Sans pitié, sans même un soupçon de pitié, ils tirèrent leurs pointes venimeuses sur le serpent de mer. Du sang commença à couler de sa bouche.
Ensuite, le serpent de mer commença à fondre. La chair et la peau de son abdomen furent les premières à fondre, exposant ses entrailles et ses os. Quelques instants plus tard, même ceux-ci disparurent, ne laissant rien derrière eux.
« Incroyable… », chuchota Isabelle en regardant le serpent de mer se désintégrer dans l’eau désormais immobile.
Je n’étais pas aussi choquée. Dans le jeu, les ennemis atteints de la toxine des Essaims Toxiques fondaient toujours. Les unités synthétiques ou hautement défensives pouvaient bloquer les projectiles, mais tout le reste devenait une soupe charnue en quelques secondes. Le serpent de mer avait en fait duré plus longtemps que la plupart des autres. En général, la désintégration était immédiate.
« On dirait que votre petit problème de serpent de mer est réglé, hein ? » avais-je dit en me tournant vers Isabelle.
« Ouais, maintenant on peut naviguer partout sans avoir à s’inquiéter de ce truc ! », dit-elle avec un sourire en coin.
Les pirates lancèrent des huées et des cris de joie.
Ouf… C’est un soulagement.
Il ne restait plus aux pirates qu’à provoquer le Royaume Papal de Frantz et à occuper sa marine… En supposant que tout se passe bien. Mais j’avais décidé de rester optimiste. S’inquiéter de ce genre de choses ne ferait que me fatiguer, et ce n’était pas le moment de faire des erreurs de jugement.
merci pour le chapitre
Merci pour le chapitre
Merci pour le travail.