Joou Heika no Isekai Senryaku – Tome 3 – Chapitre 10 – Partie 5

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Chapitre 10 : Attaque préventive

Partie 5

« De plus, Nyrnal a des forces aéroportées. Et c’est problématique pour nous. »

Ce qui distinguait Nyrnal des autres nations que nous avions combattues jusqu’alors était leur emploi de wyvernes. Nous savions qu’ils étaient capables de transporter jusqu’à trois personnes sur leur dos et de cracher du feu, ainsi que de plonger et de mordre leurs adversaires.

Jusqu’à présent, mes préparatifs n’avaient pas pris en compte les forces aéroportées. L’Arachnée avait des unités capables de les abattre, comme les Essaims Toxiques et les Essaims Incendiaires, mais aucune n’était stationnée dans le Royaume de Maluk.

Le seul point positif était que Baumfetter était caché et protégé par les arbres, ce qui signifiait que les wyvernes ne pouvaient pas le repérer du ciel. Notre base principale et les tunnels dans lesquels je m’étais réveillée à l’origine avaient évité d’être détectés pour la même raison.

Mais je suis sérieusement épuisée.

Du fait que j’accédais peut-être trop souvent à la conscience collective, mais ma perception de qui j’étais devenait de plus en plus vague. J’avais donc décidé d’essayer de me rappeler ma propre identité.

Je suis Grevillea. Mon objectif est de retourner au Japon à un moment donné. J’ai 18 ans et je suis en première année d’université. Je ne dois pas l’oublier. C’est ce que je suis. Je fais partie de l’Essaim, mais l’Essaim ne me définit pas.

« Votre Majesté, je suis désolée, mais vous devez vraiment vous reposer. Vous êtes terriblement pâle. Si vous vous effondriez d’épuisement, ce serait la plus grande perte imaginable pour l’essaim. », poursuivit Sérignan, en s’inquiétant.

Elle devait être terriblement inquiète, je voyais des larmes dans ses yeux. J’étais heureuse de voir à quel point elle se souciait de moi.

« Bien. Je vais me reposer un peu. Mais réveille-moi s’il arrive quelque chose. »

« Compris. »

Elle fit un signe de tête.

Cela dit, je m’étais dirigée vers le siège arrière de la calèche dans laquelle nous étions et je m’étais recroquevillée en boule.

Puis-je vraiment gagner cette guerre ? Est-ce que je peux vraiment tenir ma promesse aux elfes… et ma promesse à l’Essaim ?

Oh, et il y avait encore une promesse que j’avais faite, mais je ne me souvenais plus de quoi il s’agissait.

Je… ne pouvais pas me souvenir…

☆☆☆

Mes oreilles avaient été chatouillées par le son de quelqu’un qui jouait du piano. C’était un air joyeux et optimiste qui m’avait incitée à ouvrir les yeux. J’étais dans un théâtre inconnu, assis dans l’un des sièges. Sur la scène, une fille jouait du piano avec des mouvements adroits et délicats.

« Oh, vous êtes réveillée. »

Elle rétracta ses mains et se tourna vers moi, puis me fit signe de m’approcher. Sa tenue gothique à froufrous m’était très familière.

« Samael ? »

« Oui, c’est moi, Samael. Que pensez-vous de cet endroit ? Personnellement, j’en suis assez satisfaite. Impressionnant, non ? Je pense que le Teatro alla Scala en a pour son argent. Et si j’ose dire, je pense que mon petit récital était aussi exquis. »

C’était… bon, me suis-je dit dans ce qui pouvait probablement passer pour un défi. Je veux dire, ce n’était pas mal.

« Où est Sandalphon ? »

« Oh, elle ? Elle n’est pas là pour le moment. Et si vous essayez de gérer les choses par vous-même pour une fois ? Essayez de faire face et de me résister, à l’attrait de la malice et du plaisir, toute seule. »

Sandalphon, qui était toujours là dans ces moments-là, était introuvable.

« Vous êtes dans cet environnement depuis un certain temps maintenant, et pourtant vous n’êtes toujours pas devenue folle. C’est vraiment dommage. Vous devriez vous détendre et vous laisser aller à la folie. »

Samael baissa la voix jusqu’à un murmure.

« Abandonnez-vous à l’essaim, et souillez votre âme via un génocide insensé. C’est le chemin que vous devez prendre. »

Je secouais alors violemment la tête.

« Pourquoi ferais-je cela ? Je veux m’accrocher à ce que je suis. Je ne veux pas être consumée par la conscience collective de l’Essaim. »

« Eh bien, c’est dommage. Si vous vous étiez livrée au collectif, vous n’auriez pas eu à endurer autant de difficultés, hein ? »

Samael appuya sur une touche du clavier. Le son dur retentit dans ma tête.

« Abandonnez-vous à la conscience collective. Dévorez tout sur votre passage, et reproduisez-vous encore et encore et encore. Avec ces nombres supérieurs, écrasez tous ceux qui se trouvent sur votre chemin. Si vous faites cela, vous ne tomberez jamais devant l’Empire de Nyrnal », dit Samael, se tournant à nouveau vers le piano.

« Je suis sûre qu’une partie de l’Empire aurait pu être à vous maintenant. Pensez-vous toujours qu’il est inutile de faire un seul acte avec le collectif ? Si vous me demandez, s’accrocher à votre humanité dérisoire et résister à l’esprit de l’Arachnée est ce qui est vraiment inutile. »

Elle recommença à jouer du piano. Cette fois, il s’agissait de la Sonate au clair de lune de Beethoven.

Depuis combien de temps n’ai-je pas pu regarder la lune sans rien faire et apprécier sa beauté ? Ai-je même été dans l’état d’esprit d’apprécier une telle chose depuis que toutes ces horribles tueries ont commencé ?

« C’est juste un bain de sang inutile », avais-je dit amèrement.

« Quoi qu’il arrive, un massacre restera un massacre. Il ne peut être qualifié de “bon” ou de “mauvais”. »

Samael n’avait pas tort. J’inventais toujours des raisons pour justifier les meurtres que j’avais commis. Mais peu importe la façon dont j’essayais de le justifier, j’avais quand même tué des gens. Le fait que j’avais pris la vie de gens n’allait pas changer.

J’avais toujours cru que mes batailles étaient menées pour toutes sortes de bonnes raisons, mais cela aurait très bien pu être une erreur. Quelles que soient mes intentions, j’avais fini par agir comme la conscience collective me l’avait ordonné.

Un massacre ne peut pas être qualifié de « bon » ou de « mauvais », hein ? On pourrait dire la même chose de la guerre.

« Pourtant, je refuse de m’abandonner au collectif. Je vais rester humaine, telle que je suis maintenant. », avais-je déclaré.

« Quelle déception ! Continuez comme ça et vous allez rompre votre promesse. Oui, la victoire que vous avez promise à l’Essaim. Pourquoi faire un tel serment, alors ? Parce que vous aviez peur qu’ils vous dévorent tout cru, hein ? Alors vous pouvez abandonner maintenant. L’essaim vous est déjà fidèle, il ne s’opposera plus à vous. Mais vous le savez déjà, pas vrai ? », dit Samael, sa musique devenant de plus en plus audacieuse et dissonante.

« Je ne trahirai pas l’Essaim. Tout comme ils ne me trahiraient pas, je ne leur tournerai pas le dos. Je tiendrai ma promesse, mais à ma façon. »

Elle avait raison. J’avais bien compris à quel point ils étaient loyaux. Même si j’ignorais ma promesse et que je fermais les yeux sur la guerre, ou si je refusais de voir la mort d’innombrables Essaims, ils ne se vengeraient pas.

Quoi qu’il en soit, je resterais une femme de parole. J’avais pleinement prévu de leur accorder la victoire qu’ils recherchaient. Même s’il s’agissait de monstres grotesques et inhumains, je tiendrais la promesse que je leur avais faite.

« Oh, ce n’est pas grave. Je comprends pourquoi Sandalphon est si épris de vous. »

Samael appuya légèrement sur une seule touche en signe d’exaspération.

« Mais cela ne servira à rien. Ce monde entier est inutile. Ce n’est pas différent d’un rêve… Non, c’est peut-être aller trop loin. C’est un rêve, mais c’est aussi la réalité. »

Elle poussa un soupir et me fixa du regard.

« Je vais vous confier un petit secret. Dis-moi, vos parents sont-ils encore en vie ? »

« Bien sûr qu’ils le sont. »

En y repensant, quand ai-je parlé à maman et papa pour la dernière fois ?

« Oh, et c’est là que la tragédie commence. En vérité, ma chère, ils sont tous les deux morts. Et votre mère… »

Samael se leva de son siège et s’approcha de moi, me fixant de son regard perçant.

« Eh bien, elle est morte de vos mains. »

Dès que ces mots quittèrent ses lèvres, mon esprit s’était éteint.

« Excusez-moi… ? »

« Vous n’avez pas entendu. Vous l’avez tuée, espèce de monstre. »

Non… mais… Maman et papa devraient être encore en vie ! Je n’aurais pas pu les tuer !

« Vous mentez ! », criais-je.

« Non, je ne mens pas. Vos souvenirs ont juste été commodément altérés. Allez-y, regardez le public. »

Samael fit un geste vers les rangées de sièges.

Un médecin était assis, tenant des documents et un scanner biométrique. Il disait quelque chose que je n’étais pas prête à écouter. Au fond de moi, je savais que je ne pouvais absolument pas me permettre d’entendre un mot de ce qu’il disait.

Oui, je connaissais ce médecin. Je savais qui il était, même si je savais que je ne l’avais jamais vu auparavant.

Un étourdissement soudain me prit. Le monde tourbillonnait, comme si on m’avait soudain jetée dans une machine à laver.

« Ça y est, vous vous en souvenez maintenant. Vous avez tué votre propre mère. Vous vous en rendez compte maintenant, non ? Vous êtes un être humain horrible, la pire sorte de personne imaginable. Comprenez-vous comment vous avez pu recourir au meurtre aussi facilement que vous le faites ? C’est parce que vous êtes un être humain de la pire espèce, un déchet humain ambulant. Un tueur né. », me dit Samael en ricanant.

Je m’étais accroupie et je m’étais bouché les oreilles, en essayant de faire taire les moqueries de Samael.

Tu as tort. Faux, faux, faux ! Je ne l’ai pas tuée. Je ne l’ai pas tuée, je ne l’ai pas tuée !

« Tu es allé assez loin, Samael. »

Une voix digne résonna dans tout le théâtre.

« Oh, Sandalphon. Je suis surprise que tu aies trouvé cet endroit. »

« Les diables comme toi sont des créatures prévisibles. »

Elle fixa Samael du regard.

« Sandalphon, je… je… », bégayais-je.

« Écoutez-moi, _________. Vous n’avez pas tué votre mère. Vous ne devez pas prêter l’oreille à ce diable, elle ne cherche qu’à tromper les humains et à jouer avec leur âme. Ne faites pas confiance à un seul mot qui sort de sa langue fourchue. »

Sandalphon m’avait alors tirée dans une douce étreinte. Je ne savais pas vraiment qui elle était, mais sa présence était apaisante. Les paroles de Samaël avaient perturbé mon cœur, mais la gentillesse de Sandalphon l’avait apaisé.

« Excuse-moi, Sandalphon, mais je ne faisais qu’énoncer les faits. Elle a tué sa mère. », dit Samael.

« Non. Elle ne l’a pas fait. _________, Vous menez une vie respectable. Vous ne négligez jamais de tenir vos promesses, même lorsque l’autre partie se trouve être une légion de monstres grotesques. C’est quelque chose dont vous devriez être fière. Accrochez-vous à cette vertu, quelle que soit la malveillance dont vous faites preuve. », rétorqua Sandalphon avec force.

« Je le ferai. »

Je ne négligerais pas de mener l’Essaim à la victoire que je leur avais promise. J’avais fait ce vœu à d’innombrables Essaims, à Sérignan, à Lysa et Roland. Je devais l’accomplir, même s’ils n’étaient pas humains comme moi. Si je les abandonnais, j’avais le sentiment qu’Isabelle se retournerait dans sa tombe. Après tout, elle s’était accrochée à sa promesse avec nous, les monstres, jusqu’à la fin.

« Quelle que soit l’agonie qui vous arrive, n’oubliez jamais votre cœur humain. Vous ne devez pas devenir trop émotive. Restez toujours calme. »

« Oui, je comprends. »

J’avais perdu tant de personnes auxquelles je tenais, que j’étais peut-être devenue un peu instable ces derniers temps. Même si les émotions étaient valables, j’avais encore besoin de me contrôler.

« Retrouvons-nous bientôt, _________. Je vous promets de vous sauver de ce jeu malveillant du diable. Je le jure. »

Dès que Sandalphon finit sa phrase, je m’étais sentie sombrer dans les ténèbres.

« Mais Sandalphon, ai-je vraiment… »

N’avais-je vraiment pas tué ma mère ?

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3 commentaires :

  1. merci pour le chapitre

  2. Merci pour le chapitre.

  3. amateur_d_aeroplanes

    Jeu, rêve ou réalité ?

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