Chapitre 3 : Haute société
Partie 3
Connaissant Sérignan, je devais admettre que le look était un peu trop osé. Pourtant, la manière dont elle la portait lui donnait un air raffiné plutôt que sordide, même si je n’étais pas certaine que cela soit dû aux efforts du designer qui avaient porté leurs fruits, ou bien l’allure naturellement brillante de Sérignan… J’espérais que cela soit la dernière solution. Une fois de plus, j’avais réalisé que Sérignan était vraiment magnifique.
« Ça te va bien, Sérignan. Et si tu l’acceptais ? »
« Ça ne me va pas bien ! J’ai besoin de quelque chose de plus approprié pour un guerrier ! », s’exclama-t-elle.
Mais ça lui allait vraiment bien. Elle dégageait une aura de maturité que je ne pouvais pas rêver de produire moi-même.
« Alors, demandes-en une qui montre moins de peau. Mais ce n’est pas une robe normale, nous essayons de tirer profit de tes talents de séductrice. »
« Argh… Compris… »
Il nous avait fallu environ une heure et demie pour choisir les bonnes robes.
« Alors tu aimes celle-là, Lysa ? »
« Oui ! Je me sens comme une princesse. »
Lysa portait une robe verte sobre. Elle n’exposait pas beaucoup de peau, mais elle était ornée de superbes froufrous, ce qui avait envoyé Lysa sur la lune. Elle aimait se déguiser, comme le faisaient souvent les filles. J’étais heureuse que Lysa puisse saisir l’occasion de s’amuser un peu.
« Et Sérignan, n’est-il pas temps que tu abandonnes ? »
« Je… ne me suis jamais sentie aussi humiliée de ma vie. »
Sérignan avait fini par s’habiller d’une robe rouge un peu moins voyante que celle qu’elle avait portée tout à l’heure. Malgré cela, elle avait encore un décolleté visible et mettait en valeur ses cuisses. Honnêtement, un homme qui ne serait pas tombé amoureux d’elle alors qu’elle portait cette robe n’avait probablement pas du tout le béguin pour les femmes.
« Ça te va bien. Tout le monde à la fête aura les yeux rivés sur toi. Je compterai sur toi pour faire perdre la tête à tous les hommes. »
« Mais une telle mission est… »
Incapable de se résoudre à finir, elle s’en était sortie misérablement.
On aurait pu croire que j’avais fait exprès d’intimider cette pauvre femme, mais la séduction serait vraiment une tâche importante pendant notre opération de renseignement.
« De toute façon, je pense que nous avons tous fini ici. Nous allons prendre congé, si cela ne vous dérange pas. Merci pour toute votre aide ! »
« N’en parlez pas. Je suis honoré d’avoir pu aider une amie du comte. »
Après avoir fait nos adieux, nous avions tous les quatre quitté le magasin. La fête était prévue demain soir, et nous étions prêts. Il ne nous restait plus qu’à espérer que nous trouverions des informations utiles.
☆☆☆**
Nous étions montés dans la voiture que le Seigneur Buffon avait envoyée pour nous prendre et avions fait place à la salle de réception. Il avait eu la gentillesse de venir nous chercher à l’auberge pour que nous ne nous perdions pas accidentellement dans Marine.
En fait, c’était si gentil de sa part que je m’étais demandé quelles étaient ses intentions. Sérignan et Lysa étaient après tout deux dames très charmantes. En tout cas, nous nous étions assis patiemment dans le carrosse qui se dirigeait vers la salle.
« Nous sommes arrivés. »
La salle de réception était une grande structure en pierre calcaire blanche entourée d’un vaste jardin. Elle était construite sur la partie la plus haute de Marine et offrait une vue à la fois sur la ville et sur les navires qui mouillaient dans le port. Un endroit effectivement parfait pour accueillir des invités. Nous étions sortis de la calèche et avions marché jusqu’à l’entrée, où nous avions été accueillis par un majordome.
« Puis-je vérifier vos invitations ? »
« Oui, nous sommes-là. Au fait, je m’appelle Grevillea », avais-je dit en remettant toutes nos invitations.
« Ah, le groupe de Mlle Grevillea. Oui, vos invitations sont en ordre. Entrez, je vous en prie. »
On nous avait fait entrer dans le hall. L’intérieur de la structure était aussi beau que son extérieur. Un grand lustre brillait au plafond, et un tapis rouge était étendu sur le sol. Tout autour de nous se trouvaient des murs et des sculptures en marbre blanc, propres.
« Cet endroit est magnifique. On dirait vraiment un palais pour l’élite. », murmurai-je.
« Je suis d’accord ! C’est la première fois que je vois quelque chose comme ça. J’ai presque cru que c’était un temple ou quelque chose comme ça », dit Lysa tout en hochant la tête.
« Si vous trouvez que notre base est imparfaite, nous pouvons rénover l’endroit en conséquence », suggéra Sérignan.
« Non, ça va. Un lit douillet avec des draps propres est tout ce dont j’ai besoin. »
J’aurais pu demander aux Essaims Travailleurs de rendre notre base beaucoup plus somptueuse, mais leur faire perdre leur temps au nom de ma satisfaction personnelle ne me semblait pas juste. Surtout en ce moment, où ils avaient la lourde tâche de remodeler tout le territoire de Maluk.
Il y avait des mines à forer, des fermes et du bétail à entretenir, et la défense de nos frontières à assurer. Faire sortir les Essaims Travailleurs de ces tâches importantes pour un remodelage esthétique de notre base serait une erreur. Contrairement à cette salle, aucun invité ne viendrait jamais visiter notre base, ce serait donc vraiment pour mon propre plaisir égoïste.
« Quoi qu’il en soit, avançons selon le plan. Lysa, inspecte les lieux. Essaim Masqué, sécurise-nous une sortie. Sérignan, viens avec moi. »
Avec ça, on se sépara. Lysa observa les gardes pendant que l’Essaim Masqué traînait autour de l’entrée arrière. D’autres Essaims Masqués étaient également installés autour du bâtiment. Si la situation s’aggravait, nous pourrions au moins nous échapper d’ici.
« Pardonnez-moi. »
Alors que Sérignan et moi nous préparions à demander des informations, quelqu’un nous avait appelés.
« Je ne vous ai jamais vu. De quelle maison pourriez-vous venir, mesdames ? »
Un bel homme s’était approché de moi. Son regard arrogant m’avait dit qu’il nous considérait comme un couple de petites filles idiotes.
« Mon nom est Grevillea. Je ne viens d’aucune famille en particulier, je suis juste une aventurière. », avais-je répondu.
« Oh, l’aventurière ? J’ai entendu tous les ragots — apparemment, votre groupe est très compétent. Mais je dois avouer que vous n’avez pas l’air d’être à la hauteur. »
Il fit un sourire fin et condescendant.
Sérignan le dévisageait si intensément que j’étais persuadée qu’elle lui couperait la tête si elle avait eu une épée dans les mains.
« Et qui êtes-vous ? », lui demandai-je avec un soupçon d’agacement.
« Ah, mes excuses. Je suis le marquis Léopold de Lorraine, douzième chef de la Maison Lorraine. C’est un plaisir de faire votre connaissance, Mlle Maître Aventurière peu fiable. »
Tout ce que je vois chez ce type m’énerve.
« Je suppose que j’ai l’air peu fiable, mais c’est parce que je suis une commandante, pas une combattante. Celle qui s’occupe de tout sale boulot, c’est cette dame juste là, Sérignan. »
« Ah, une femme qui utilise une épée ! Dans quel monde dans lequel nous vivons ! », s’exclamait Léopold de façon exagérée.
Très bien, tu n’es qu’un connard !
« De toute façon, j’aimerais bien entendre la véritable histoire. J’ai entendu dire que vous payez en fait d’autres aventuriers pour vous attribuer le mérite de leurs réalisations… Ils disent que vous n’êtes rien d’autre que de pitoyables réfugiés de Maluk qui ont acheté les réalisations des autres pour pouvoir participer à ce dîner. La guilde est après tout l’endroit parfait pour un roturier pour élever son statut. », poursuivit Léopold.
« Comment osez-vous ! »
Furieuse, Sérignan s’était mis en tête de faire un pas en avant.
« Sérignan, retiens-toi. Ne te laisse pas prendre par ses provocations. Ce n’est qu’un noble de troisième ordre qui débite des bêtises. », lui avais-je dit.
« Pardon ? ! Est-ce que vous venez de me traiter de noble de troisième ordre ? ! Je vous ferai savoir que j’étais sur le point d’être élu la saison dernière Duc de Schtraut ! »
Cette fois, ce fût Léopold s’était emporté contre moi.
Oups, on dirait que je lui ai un peu trop tapé sur les nerfs…
J’avais l’intention d’ignorer les paroles de cette personne et d’avancer, mais j’avais seulement fini par m’enfoncer plus profondément dans les ennuis.
« Oh, je vois. Donc vous êtes vraiment un gros bonnet, hein ? Mais pour être franche, Seigneur Lorraine, je ne pense pas que votre attitude et votre statut correspondent réellement. Savez-vous que vous avez vraiment besoin de peaufiner votre caractère ? Si vous continuez à agir comme ça, même les roturiers comme moi finiront par vous regarder de haut. », avais-je dit, tout en essayant d’arranger les choses.
Bien sûr, cela n’avait fait qu’ajouter de l’huile sur le feu.
« Je me souviendrai de cette indignité ! Une fois que nous aurons repris Maluk, je veillerai à ce que tous vos territoires soient confisqués ! Et je m’assurerai que tous les réfugiés Maluk comme vous soient rapatriés, même si votre pays est infesté de monstres ! »
« Oh, non. Qu’est-ce que je dois faire ? » répondis-je sèchement.
Naturellement, je ne pouvais pas me soucier de ces menaces.
« Et pour couronner le tout, je vais prendre votre chevalier et le vendre comme esclave ! Regardez ce corps, elle va gagner beaucoup d’argent au bordel. Je m’assurerai de lui rendre visite, vous feriez donc bien de me servir au mieux de vos capacités. »
« Quoi !? »
Maintenant, j’étais en ébullition.
« Si vous voulez insulter Sérignan, vous feriez mieux de croiser le fer avec elle d’abord. Non pas que j’attende beaucoup de vous. Vos bras maigres se casseront probablement comme des brindilles si vous essayez. »
« Vous osez m’insulter encore plus ? ! Elle peut essayer de brandir une épée si elle veut, mais je ne me laisserais jamais battre par une femme ! Je suis… »
« Assez. »
En un instant, le bras droit de Sérignan avait pris Léopold par le cou.
« Puis-je le casser, mademoiselle ? »
« Ne va pas si loin. Je crois qu’il a compris la leçon. »
Saisi par les organes vitaux avec une rapidité presque invisible à l’œil nu, Léopold s’accrocha en tremblant de terreur.
« Léopold ! Qu’est-ce que tu fais !? »
La voix et le son de pas rapide d’un jeune homme nous étaient parvenus à nos oreilles.
« Ces femmes grossières me narguent, essayant de se battre ! Que quelqu’un jette ces pauvres gens hors de la fête ! » se lamentait le noble à la tête saisi.
« Calme-toi, Léopold. C’est toi qui as commencé cette bagarre, non ? Je ne peux pas imaginer ces deux belles dames te contrarier sans raison. »
L’homme qui était venu pour calmer Léopold lui ressemblait beaucoup.
« Vous avez raison, c’est lui qui a commencé. Nous ne lui avons répondu qu’en réponse. », avais-je dit avec indignation.
« Je vois. »
L’homme baissa la tête.
merci pour le chapitre
Il était déjà bourré quand il a commencé à insulter des invités ?
merci
Merci pour le chapitre