Jinrou e no Tensei – Tome 9 – Chapitre 9 – Partie 32

***

Chapitre 9

Partie 32

« Une lune de miel ? » Airia demanda d’un ton interrogateur en me tendant une liasse de documents. J’avais hoché la tête alors que je commençais à trier ceux qui avaient été signés et ceux qui ne l’étaient pas.

« Ouais. Dans mon ancien monde, les couples partaient souvent en voyage ensemble juste après leur mariage. »

« Je vois… »

Jusqu’à récemment, les routes de Meraldia n’étaient pas très sûres, donc peu de gens voyageaient pour leurs loisirs. En fait, la plupart des gens du peuple ne quittaient jamais la ville dans laquelle ils vivaient, sauf s’ils étaient marchands ou en pèlerinage. Les gens les plus riches partaient occasionnellement en voyage, mais ils veillaient à embaucher une escorte de gardes. Comme Airia était le Seigneur-Démon, nous ne serions probablement pas autorisés à voyager seuls, mais je voulais partir en lune de miel.

« Ce n’est pas une exigence ou quoi que ce soit, bien sûr. Mais tu as été très occupée ces dernières semaines, et à ce rythme-là, tu vas t’épuiser. » Elle avait perdu le contrôle de son corps puis était devenue la Seigneur-Démon en peu de temps. « Alors je pensais que de belles vacances pourraient t’aider à te détendre. Qu’en dis-tu ? »

Airia sourit gentiment et répondit : « Cela semble être une idée splendide. J’ai déjà visité toutes les villes de Meraldia une fois auparavant, mais uniquement pour des raisons officielles. Ce serait bien de passer du temps à visiter les sites touristiques. »

Exactement.

« De plus, inspecter les villes du territoire fait partie du devoir du Seigneur-Démon… »

J’avais posé un doigt sur les lèvres d’Airia pour la faire taire.

« Est-ce que je ne viens pas de te dire que tu vas t’épuiser si tu continues à travailler si dur ? En tant qu’humble vice-commandant, je suis contre tout voyage pour des raisons professionnelles. C’est censé être des vacances, tu te souviens ? »

Pendant un instant, Airia parut surprise, puis elle sourit à nouveau. « Eh bien, si tu insistes, je suppose que je peux faire une pause. Alors, où aimerais-tu aller ? »

« Je n’ai pas encore visité Veira, alors pourquoi n’y allons-nous pas ? C’est la ville qui compte le plus d’attractions touristiques, et Forne me harcèle pour que je lui rende visite. En plus, ce sera l’occasion d’inspecter l’une des villes que je… » Je m’interrompis, remarquant l’expression du visage d’Airia.

« Si je me souviens bien, tu viens de me dire que c’était mauvais de se surmener, mon cher vice-commandant. »

« Tu as raison. Je suis désolé. »

Airia me connaissait trop bien.

Il n’y avait pas de meilleur moment que le présent, nous avions donc immédiatement commencé à planifier notre voyage à Veira. Je m'étais assuré de supprimer tout le travail de notre emploi du temps pour m’assurer que cela reste des vacances. Airia souhaitait visiter les monuments historiques de la ville et leurs pièces de théâtre les plus célèbres, ainsi que découvrir les boutiques du quartier des artisans. J’espère avoir suffisamment d’économies pour payer tout ce qu’elle veut… Mon salaire personnel n’était pas si élevé et je n’étais pas payé pour mon travail au conseil.

Pour nos gardes, j’avais fini par choisir mes amis les plus proches parmi l’unité des loups-garous. Fahn, Monza et Jerrick, ainsi que leurs escouades. Il n’y avait que 12 personnes, mais de nombreux loups-garous vétérans pourraient facilement affronter une force de plusieurs centaines de personnes. Honnêtement, emmener autant de personnes était probablement exagéré, mais je voulais être absolument certain qu’Airia était en sécurité.

« C’est un peu bizarre d’être un garde, puisque le chef est le général le plus puissant de l’armée démoniaque. »

« Airia... Euh, je veux dire, Votre Majesté est aussi bien plus forte que nous maintenant. »

« La raison pour laquelle Veight nous a choisis est parce que nous ne nous plaignons pas de la façon dont il fait les choses. Notre travail n’est pas vraiment de les protéger tous les deux, il s’agit de ne pas les gêner. »

Merci, Fahn, je savais que je pouvais compter sur toi. Le but de ce voyage était d’oublier le travail et de laisser Airia s’amuser.

« Écoute, Veight. Ce verre à vin brille comme un arc-en-ciel lorsque tu le tiens devant la lumière ! »

« Ah, ce type de design s’appelle du verre à facettes. À Rolmund, seuls les nobles les plus riches et les membres de la famille impériale pouvaient se le permettre. Le seul endroit où vous le trouverez à Meraldia est ici. »

Le travail du verre était un art complexe et les pièces d’art en verre se vendaient très cher. Airia demanda le prix au commerçant, puis remit le verre sur son support avec une expression pensive.

« C’est moins cher que je ne le pensais. Un verre comme celui-ci se vendrait beaucoup plus cher à Ryunheit. Je devrais probablement faire savoir à la guilde des marchands de notre ville à quel point les prix sont bon marché ici. »

« Je pense qu’il rabaisse le prix simplement parce que personne ne veut arnaquer le Seigneur-Démon… »

Airia avait passé une grande partie de son enfance à étudier le commerce, alors elle faisait fréquemment des commentaires comme ceux-ci, même si nous n’étions pas censés penser au travail.

Pour tenter de la distraire de ses responsabilités, je l’avais ensuite emmenée voir une pièce de théâtre, mais cela s’était avéré être une erreur.

« Tu peux être vraiment distrait parfois, tu le sais ? » dit Forne avec un soupir. Nous regardions la pièce avec lui depuis sa cabine privée.

« As-tu oublié que Veira est le lieu de naissance de la série du Roi Loup-garou Noir ? »

Effectivement. La pièce d’aujourd’hui racontait mon voyage à Wa. Comme les autres, cela avait été dramatisé jusqu’à un passage en enfer et le retour. Un homme extrêmement beau qui jouait mon rôle avait brandi son épée et avait crié : « Maintenant, cessez cette destruction gratuite ! Nous, les démons, sommes différents des monstres comme vous qui tuent sans discernement ! »

L’orchestre jouait une mélodie étrange et grinçante qui était probablement destinée à imiter le rugissement de la Nue, le Roi Loup-Garou Noir esquivait avec légèreté sur le côté. Mais aucun acteur ne jouait le rôle de la Nue. Au lieu de cela, il y avait un groupe de danseurs drapés de tissu bleu pâle entourant le Roi Loup-Garou Noir. À première vue, ils étaient une représentation des attaques d'éclairs de la Nue.

« Je suppose que la raison pour laquelle personne ne joue la Nue est de stimuler l’imagination des spectateurs ? »

« Correct. Un costume n’aurait pas l’air assez intimidant. »

« Tu es vraiment un génie en matière de théâtre. En gardant sa forme cachée, les spectateurs imagineront la créature la plus effrayante possible. » J’avais hoché la tête en signe d’appréciation, mais pour une raison quelconque, Forne fronça les sourcils.

« Je pourrais te dire la même chose. Comment arrives-tu à déconstruire mes pièces à chaque fois ? Les magiciens n’aiment pas que les gens voient si facilement leurs tours. »

Je n’y peux rien, d’accord ? En bas, le Roi Loup-Garou Noir tomba à genoux et un nouvel acteur se précipita sur scène.

« Roi Loup-Garou Noir, sache que tu ne te bats pas seul ! Je jure sur mon sang royal que je serai à tes côtés partout où tu iras ! »

Il était beau et musclé et portait un arc dans ses mains. Ça doit être Woroy. Au moment où il avait lâché sa flèche, les danseurs s'étaient dispersés. Après leur départ, un jeune homme au visage maquillé de blanc était monté sur scène. Ce style de maquillage était utilisé dans les pièces de Wa — puisqu’elles s’inspiraient du théâtre kabuki — mais il semblait probablement nouveau aux Méraldiens. L’homme était vêtu d'habits royaux et une flèche dépassait de son épaule.

« Je suis l’incarnation de l’esprit de la Nue, le cauchemar qui tourmente Wa depuis des siècles. De simples humains comme vous ne peuvent espérer me vaincre ! »

À cela, le Roi Loup-Garou Noir sourit et répondit : « Malheureusement pour toi, je ne suis pas un humain ! »

Il mit un casque en forme de loup sur sa tête et s’enveloppa d’une cape de fourrure noire. Je suppose que c’est censé représenter ma transformation. Impressionnée, la Nue fit un pas en arrière en tremblant. Le Roi Loup-Garou Noir s’avança vers lui et il recula encore d’un pas. Woroy leva son arc massif et avança également. En criant, l’incarnation de la Nue quitta la scène.

« Je te maudis, loup-garou ! Si tu ne prêtes pas attention à mes paroles, alors affronte ma colère ! »

Les danseurs vêtus de bleu retournèrent sur scène, entourant le Roi Loup-Garou Noir et Woroy. Mais aucun d’eux n’avait l’air intimidé.

« Comparée à un héros, cette Nue n’est guère plus qu’un chaton. »

« En effet. Tant que les humains et les démons travaillent ensemble, il n’y a rien dans ce monde dont nous devons avoir peur ! »

Une belle femme vêtue d’une tenue de jeune fille du sanctuaire courut vers les deux acteurs. « Roi Loup-Garou Noir, Tigre Blanc, je suis venue pour vous aider. »

« Votre aide est très appréciée, Lady Fumino. »

Selon Forne, l’héroïne principale de chaque pièce du Roi Loup-garou Noir était différente, et il semblait que Fumino était la protagoniste de celle-ci. Attends, c’est juste moi, ou Airia est jalouse ? Elle fait clairement la moue. Qu’est-ce que, tu as cinq ans ?

« Je vois que ce théâtre a également réussi à trouver une belle actrice pour jouer Lady Fumino. N’es-tu pas d’accord, Veight ? »

« Euh, je suppose… »

Pourquoi est-ce que tu me demandes Ceci ? Je t’en veux si Airia se met en colère contre moi, Forne ! J'étais retourné à regarder la scène et j’avais réalisé que j’avais raté la partie où tout le monde avait éliminé la Nue. Je pensais que c’était la fin de la pièce, mais à ma grande surprise, les rideaux ne s'étaient fermés que brièvement pour changer de décor. Lorsqu’ils rouvrirent, le Roi Loup-Garou Noir et Airia étaient assis dans un restaurant.

« C’est grâce à tes efforts que nous avons pu forger une alliance avec Wa, Lord Veight. »

« Ce n’est pas ma force seule qui a permis d’y parvenir. Cette alliance n’a été possible que grâce à la coopération de tous. »

Airia lança un regard étrange au Roi Loup-Garou Noir et répondit : « Cependant, tu… Ah !? »

Elle laissa tomber les baguettes qu’elle tenait et le Roi Loup-Garou Noir lui prit doucement les mains dans les siennes.

« Tu les tiens comme ça, Lady Airia. »

« Seigneur Veight… »

Les deux se regardèrent intensément dans les yeux, et c’est sur cette scène que les rideaux tombèrent.

Je m'étais retourné pour voir Forne me sourire. Était-ce ton plan depuis le début !?

« Eh bien ? »

Eh bien, quoi ?

« J’ai préparé ce petit épilogue pour te remercier d’avoir choisi Veira comme destination de lune de miel. Qu’en as-tu pensé ? »

Alors c’est ton cadeau surprise ? Je ne m’attendais certainement pas à quelque chose comme ça.

Sans surprise, Airia était plutôt contente. « N’était-ce pas une pièce merveilleuse, Veight !? »

« O-Ouais… »

N’apprécies-tu pas un peu trop ces pièces, Airia ? Ce n’est que de la propagande, tu sais. Bien, peu importe. Tant que tu es heureuse, je suis heureux. J’avais souri et j’ai dit : « C’était une performance spectaculaire. Tu t’es surpassé, Forne. »

« Oh, je le sais. »

Arrête d’avoir l’air si suffisant.

+

Une chose que j’avais apprise après être devenu un membre de haut rang de l’armée démoniaque était que les nobles et les VIP n’avaient jamais droit à la moindre intimité. Cela étant dit, je ne voulais vraiment pas que la foule nous regarde pendant que nous marchions dans les rues. Juste au moment où je pensais à cela, Forne m’avait proposé une alternative plutôt séduisante.

« Au fait, notre salle de spectacle est dotée d’une source chaude que vous voudrez peut-être découvrir. »

« Par salle de spectacle, tu veux dire cette immense forteresse que tu as construite en dehors de la ville ? »

« C’est une salle de spectacle », avait souligné Forne, ponctuant chaque syllabe d’un coup de pied.

S’il te plaît, arrête, tu me fais peur. Bien que Veira soit la ville des artisans et considérée comme la capitale artistique de Meraldia, elle possédait également une puissante armée et de solides fortifications. Non seulement il y avait deux couches de murs, mais il y avait aussi une forteresse à l’extérieur des murs qui gardait les portes principales. Bien sûr, Veira s’en était tirée en disant au Sénat que le deuxième mur était une peinture murale et que la forteresse était une salle de spectacle en plein air. On peut tout faire à condition de l’expliquer correctement.

Cela mis à part, je ne savais pas que la salle de spectacle possédait également une source chaude. Cela semblait être une excellente façon de se détendre et nous pourrions également échapper aux yeux du public. J’avais donné congé à mes gardes loups-garous pour le reste de la journée et j’avais décidé de me prélasser dans la source chaude avec Airia. Mais comme prévu, Fahn, Monza et Jerrick avaient choisi d’utiliser leur temps libre pour passer du temps avec nous. Vous savez que vous pouvez faire ce que vous voulez, n’est-ce pas ? Vous n’êtes pas obligé de nous suivre…

***

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

Laisser un commentaire