Jinrou e no Tensei – Tome 9 – Chapitre 9 – Partie 1

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Chapitre 9

Partie 1

– L’absence du roi loup-garou noir et la mélancolie de l’ambassadrice démoniaque —

« Dame Airia. Dame Airia ? »

« Oh, oui. J’écoute. » J’avais hâtivement levé les yeux vers Sire Kite et lui avais accordé toute mon attention. « Vous avez dit que la plupart des mineurs travaillant dans les mines de Boltz sont morts pendant la guerre dans le nord de Meraldia, et maintenant personne ne sait ce qu’il est advenu de ces mines, n’est-ce pas ? Veuillez continuer votre rapport. »

Il semblerait que j’avais été distraite à nouveau. Alors que Kite expliquait ce que son équipe d’enquête avait découvert, je retombais dans mes pensées. Notre conflit avec Rolmund au Nord était terminé, et nous avions une alliance avec Wa à l’Est. Meraldia était en paix. L’homme responsable de cette paix avait quitté Ryunheit au plus fort de l’été pour explorer la forêt à l’Ouest. Des mois s’étaient écoulés depuis et l’automne commençait à pointer le bout de son nez.

La capitale des démons était aussi animée et paisible que d’habitude aujourd’hui. Tous les problèmes nationaux et internationaux de Meraldia avaient été résolus, il n’y avait donc rien à craindre pour les citoyens. Les démons qui perturbaient le commerce de Ryunheit patrouillaient maintenant sur les routes pour assurer la sécurité de nos caravanes. Ni bêtes ni monstres ne menaçaient nos marchands. Bien sûr, il y avait encore des querelles mineures entre les races, mais les chefs de l’armée démoniaque faisaient du bon travail dans la médiation de tous les différends, et nous n’avions eu aucun incident majeur. Les démons, dans l’ensemble, avaient montré qu’ils étaient disposés à respecter les lois humaines. Tout cela aussi grâce aux efforts d’un seul homme.

Je coupai court à mes pensées et levai les yeux vers Kite une fois de plus. Il avait interrompu son rapport et me lançait un regard troublé.

« Quel est le problème ? » avais-je demandé.

« Hum, ne le prenez pas mal, Lady Airia. Mais depuis le départ de Veight, vous vous perdez souvent dans vos pensées. »

Je déglutis de surprise. Essayant de cacher à quel point j’étais troublée, j’avais rapidement écrit une missive et l’avais signée.

« Au cours de votre enquête préliminaire, vous avez trouvé un certain nombre d’outils étranges qui n’avaient aucun but minier, n’est-ce pas ? J’autorise une deuxième recherche plus approfondie. Voici l’ordre officiel; s’il vous plaît, préparez votre équipe. »

« D-D’accord. Alors vous m’écoutiez… Je suis terriblement désolé d’avoir laissé entendre que vous étiez distraite ! Veuillez accepter mes humbles excuses ! »

« Vous n’avez rien à vous reprocher. C’est exactement comme vous le dites. Je suis souvent perdue dans mes pensées. Je serai plus prudente à l’avenir. »

J’avais beaucoup de responsabilités. Je ne pouvais pas me laisser distraire. Cela étant dit, ce n’était pas comme si mon travail était très difficile en ce moment. Je m’étais surtout occupée de tous les documents qui me parvenaient. Il n’y avait pas de crises urgentes qui nécessitaient ma contribution ni de décisions difficiles auxquelles j’avais dû faire face pour m’assurer que le gouvernement de Ryunheit fonctionnait sans heurts. Les choses avançaient à un rythme idéal.

Après ma rencontre avec Kite, je m’étais occupée des documents restants pour me vider la tête. Une fois mon travail terminé, j’avais jeté un coup d’œil par la fenêtre. À en juger par la position du soleil, il n’était même pas encore midi. Comme je suis libre maintenant, je suppose que je pourrais me promener dans le nouveau quartier dans l’après-midi et voir comment la construction progresse.

« Mais il n’est pas là pour m’accompagner… » murmurai-je.

Les jours depuis le départ de Veight avaient été remplis d’ennui et de solitude. Si j’avais su que je me languirais autant de lui, je l’aurais supplié de rester à Ryunheit. Il y a quelque temps, il avait promis de réaliser l’un de mes souhaits. Vu sa droiture, si j’avais demandé à ce qu’il reste ici, il l’aurait fait, mais j’avais peur de l’empêcher de vivre. Sachant à quel point il est gentil, je savais qu’il accepterait toutes mes demandes, aussi égoïstes soient-elles. Faire cela signifierait cependant lui rendre la vie difficile. Je voulais le laisser vivre sa vie le plus librement possible.

Pourtant, je regrettais mon choix de le laisser partir. Si j’étais honnête avec moi-même, je voulais le garder proche de moi. Je voulais le garder pour moi toute seule. La raison pour laquelle je l’aimais était parce qu’il était gentil avec tout le monde, mais c’était également ce qui était insupportable à son propos. Je suis vraiment une femme superficielle et idiote.

C’est uniquement grâce à lui que nos relations avec Wa et Rolmund étaient si amicales. Récemment, j’avais même reçu une lettre d’Eleora, la nouvelle impératrice. Maintenant que la situation politique à Rolmund s’était stabilisée, elle prévoyait d’envoyer Ashley à Meraldia en tant qu’émissaire. Il semblerait qu’Ashley voulait aider Woroy avec sa nouvelle ville, car il prévoyait de devenir le conseiller agricole de Woroy. Il amènerait également des membres de son ancienne faction, ainsi que des membres de la faction Doneiks qui souhaitaient immigrer à Meraldia. Nous avions déjà donné notre permission de les laisser vivre ici.

Comme toujours, la Nation de Wa était étrangement déférente envers Veight. Leur respect n’était pas pour le Conseil de la République lui-même, mais plutôt pour Veight en tant que personne. Bien que je ne sache pas tout ce qui s’était passé à Wa, il semblerait que Veight ait rendu un grand service à la cour des chrysanthèmes. Quoi qu’il en soit, grâce à ses services, les négociations commerciales se déroulaient sans heurts. D’après ce que j’avais pu estimer, Wa semblait être dirigé par des gens sages et raisonnables.

Dernièrement, la situation intérieure était stable. En fait, les choses étaient si stables à Meraldia que je n’avais aucun doute que Veight s’ennuierait à rester ici. Il aimait la paix, mais il était le genre d’individu qui n’était jamais satisfait d’une vie paisible. C’était dans sa nature de chercher constamment quelque chose à faire. Honnêtement, j’étais la même, donc je pouvais faire preuve d’empathie. Mais ce serait bien si nous pouvions travailler côte à côte pour le reste de nos vies.

« Il s’est probablement embarqué dans un autre gros conflit maintenant… »

Je m’étais beaucoup parlé toute seule ces derniers temps. Même si je savais que ce serait mal si quelqu’un entendait par hasard, je ne pouvais pas m’empêcher de faire des commentaires comme ceux-ci de temps en temps. En soupirant, je me levai. Je dois faire mon travail correctement pour que Veight me félicite à son retour.

La première chose que j’avais vue après avoir quitté le manoir avait été le théâtre rénové et le nouveau panneau. Il indiquait « L’expédition dans l’Est du Roi Loup-Garou Noir » et en dessous se trouvait une photo du visage du Roi Loup-Garou Noir de profil alors qu’il regardait le soleil levant. Son visage sous sa forme de loup-garou était tiré derrière lui, dans l’obscurité de l’aube. Un groupe de jeunes femmes s’était arrêté devant le panneau et l’avait regardé.

« Lord Veight est si beau, n’est-ce pas !? »

« C’est à ça que ressemble vraiment Lord Veight, n’est-ce pas ? Il a l’air gentil… mais sévère. »

« J’ai entendu dire qu’il est terrifiant quand il se met en colère. J’ai un peu envie de le voir devenir furieux maintenant. »

« Je parie qu’il aurait l’air cool aussi en colère. »

Je n’étais pas très différente de ces filles il y a quelques années. Avant la mort de mon père, j’étais aussi éprise de pièces d’héroïsme et de romance. Je savais exactement comment ces filles se sentaient en ce moment. Cependant, si je pouvais apporter une correction, ni moi ni personne autour de moi n’avions jamais vu Veight se mettre en colère. Il semblait que les rumeurs circulant à son sujet contenaient de fausses informations. Les filles ne savaient pas que je les observais et elles avaient continué leur conversation avec enthousiasme.

« Les filles, allons voir la pièce le jour de paie ! »

« Cela semble être une bonne idée. Je ne sais pas pourquoi, mais toutes les pièces du Roi Loup-Garou Noir ont des billets bon marché… Eh bien, les bonnes places sont toujours chères. »

La raison pour laquelle les pièces étaient si bon marché était que Forne y avait investi une grande partie des fonds de Veira. Selon lui, il valait mieux donner envie aux gens de vous donner leur argent que de le demander d’avance.

« Je pense que je vais acheter la coupe du roi loup-garou noir ! Ils vendent une réplique de celui qu’ils utilisent pour les pièces ! »

« Vraiment !? Tu veux dire celui qu’il utilisait lorsqu’il échangeait des serments avec le Tigre Blanc ? »

« Ouais ! Ce n’est pas non plus si cher. Je peux faire semblant d’être celle qui échange des serments avec Lord Veight à la place… »

« Je-je vois, alors ils vendent des copies de cette pièce… Je pense que je vais aussi l’acheter. »

Les filles avaient toutes l’air de s’amuser. Je vois ce que Forne voulait dire par donner envie aux gens de lui donner leur argent. Au fur et à mesure que la conversation des filles progressait, il s’agissait davantage de dépenser de l’argent pour le plaisir de dépenser que de vouloir réellement l’une des choses qu’elles prévoyaient d’acheter. Forne était assez perspicace quand il s’agissait de choses comme ça. Tout était si paisible que je commençais à m’inquiéter que quelque chose de mauvais puisse arriver bientôt. Fahn, qui me servait de garde du corps chaque fois que je sortais, se tourna vers moi avec un sourire perplexe.

« Tous les humains aiment Veight. Quelle magie a-t-il utilisée sur eux ? »

Je lui avais souri et j’avais répondu : « Ce n’est pas de la magie qu’il a utilisée, Fahn. Il a juste traité tout le monde avec sincérité et respect. Sa popularité en est le résultat. »

« Je ne comprends pas vraiment. La façon dont les humains pensent est bien trop compliquée pour moi. Dans l’idée, cela a du sens, mais je ne peux toujours pas vous suivre parfois. »

Fahn avait souri maladroitement, mais son expression s’était éclaircie et elle s’était penchée plus près de moi.

« En parlant d’amour, qu’en est-il de Veight ? »

« Hein !? » J’avais hoqueté, surprise. A-t-elle compris ce que je ressentais ? « Veight est… un allié digne de confiance et un bon ami. Je le respecte du fond du cœur. »

J’étais surprise par la question, mais j’avais l’habitude de donner des réponses simples comme ça. Après avoir hérité de la position de vice-roi, j’avais été obligée d’apprendre des phrases comme ça après que l’armée démoniaque ait conquis Ryunheit. Cependant, Fahn avait agité la main avec dédain et avait répondu : « Désolée, j’aurais dû être plus claire. Ce que je voulais dire, c’est qu’il est amoureux de toi, n’est-ce pas ? »

Cela avait été une telle surprise que mon cœur avait raté un battement. Il est amoureux de moi !?

« Impossible…, » marmonnai-je d’une voix rauque.

Fahn avait souri et avait répondu : « Je veux dire, il a peur de te décevoir, tu sais ? Pendant tout le temps où nous étions à Rolmund, il disait des choses comme Je dois en finir rapidement, ou je vais énerver Airia et Je ne peux pas causer plus de problèmes à Airia que ça. »

« Vraiment ? »

« Ouais, vraiment. Je suis un peu jalouse, en fait. »

Fahn fit la moue et l’expression la fit ressembler à un petit enfant. Nous nous étions promenées dans les rues de la ville, discutant de Veight. Après quelques minutes, nous nous étions arrêtées toutes les deux et avions échangé un regard.

« Je me demande ce qu’il fait là maintenant… », songea Fahn.

« Qui sait… ? » répondis-je.

Contrairement à l’ambiance festive de la ville, nous avions soupiré toutes les deux.

« Fahn, que dirais-tu de manger quelque chose de sucré ? »

« Hein, es-tu sûre ? Je croyais que tu voulais inspecter le nouveau quartier ? »

« Je ne veux pas parler aux citoyens pendant que je suis dans cet état. Faisons d’abord quelque chose pour nous remonter le moral. »

« Dans ce cas, je connais un café très populaire auprès des autres filles de l’équipe de loups-garous ! C’est un endroit assez petit, donc je voulais garder le secret, mais je vais te le montrer. Allez, suis-moi ! »

« Tu n’as pas à courir, Fahn ! »

Alors que Fahn me prenait la main et me conduisait dans la rue, j’avais senti mon moral remonter un peu. S’il te plaît, reviens avant que je ne déprime à nouveau, Veight.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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