Je suis un bâtard mais tu es pire – Tome 2 – Chapitre 2

+++

Chapitre 2 : À chaque pays son bâtard

Point de vue de Grett Baal, second prince de l’empire Baal

« C’est incroyable. Je suis vraiment entouré d’imbéciles. »

Après la table ronde, je m’étais promené dans le couloir du tribunal, me remémorant les discussions et mes frères idiots.

Mon frère aîné, Lars Baal, était aimé et respecté par certains pour sa personnalité honnête, mais il ne pouvait jamais devenir impitoyable quand c’était vraiment nécessaire : en conséquence, il collectionnait échec sur échec.

Mon frère cadet, Cerros Baal, jouait les pacifistes, mais n’était rien d’autre qu’un lâche, fuyant toujours toute décision.

Aucun des deux n’était digne d’être le chef suprême de notre glorieux empire. Le seul qui puisse devenir le conquérant et l’unificateur de ce continent était naturellement moi.

« En effet, en effet, Prince Grett ! »

Saim Fulcas, l’un de mes serviteurs, acquiesça en caressant sa précieuse moustache blanche.

Il y a deux sortes de personnes dans ce monde : les idiots qui peuvent se révéler utiles et les idiots qui ne le peuvent pas. Ce vieil homme était l’un des rares idiots que je reconnaissais comme étant du premier type.

« Bien qu’il soit votre frère aîné, le fait de penser qu’un tel homme puisse se tenir au-dessus de vous est tout simplement consternant, Seigneur ! S’il vous plaît, accédez rapidement sur le trône, afin de construire et de faire de notre Empire un paradis sur terre ! »

« Naturellement… mais pour que cela puisse arriver, il faudrait s’occuper de Lars rapidement… »

Deux chemins s’ouvraient à moi pour monter sur le trône.

Le premier étant d’accomplir la volonté de mon père et de conquérir un pays ennemi. L’autre n’était que les autres successeurs possibles au trône, en particulier l’aîné Lars, meurent.

La première voie s’étant déjà avérée impossible, j’y avais donc renoncé.

+

Le pays ennemi que j’avais pour mission de détruire était le pays des tribus nomades du nord, les Samel.

Pourtant, ces nomades n’avaient pas de villes fixes, et leur « pays » n’avait pas de véritables frontières : les différentes tribus qui composaient les Samels vivaient en voyageant à travers les plaines du nord.

Et juste au moment où l’on pensait qu’une tribu fut vaincue, une autre venait nous envahir. Dès qu’une tribu était encerclée et poussée à l’anéantissement, une autre frappait par l’arrière.

Leurs compétences équestres leur conféraient également une très grande mobilité : mes troupes furent ainsi entraînées dans la guérilla des nomades et contraintes de goûter à la défaite une fois de trop.

Quels que soient mon talent et mon génie, vaincre complètement les nomades de Salem avec les seules troupes placées sous mon commandement, la deuxième armée impériale, était tout simplement irréalisable.

Ayant rapidement abouti à cette conclusion, j’avais placé mon domaine sous taxation spéciale et construit un mur de 1000 km de long le long des frontières nord de l’empire, afin de stopper les incursions des Samels.

Ce qui a conduit à des émeutes civiles… je n’arrive pas à comprendre comment les idiots pensent.

Grâce à ce mur, les habitants des régions du nord n’avaient plus à craindre les incursions des Samels. Pourtant, ils ne comprenaient pas un concept aussi simple et se mirent à faire des émeutes à la place, ce qui m’irritait au plus haut point.

« Grâce au mur, fruit de nos efforts et de notre labeur, nous n’avons besoin que d’un minimum de troupes pour défendre la frontière. Maintenant, nous aurions assez d’effectifs pour abattre Lars, mais… »

« Le problème restant est le Prince Cerros ? »

Les troupes de Lars, la Première armée impériale, avaient échoué dans leurs tentatives, s’affaiblissant à chaque fois. Ma seconde armée impériale pourrait les écraser facilement maintenant.

Mais cela signifierait transgresser la volonté de mon père et porter le nom d’un traître. Ce qui donnerait à Cerros une bonne raison de m’abattre.

Il est peut-être une mauviette sans envergure, mais la troisième armée impériale est presque indemne… je ne peux pas passer outre.

L’idéal serait que Lars m’attaque, j’aurais ainsi une bonne raison de tuer mon idiot de frère…

Et tandis que je marchais dans les couloirs en pensant à de telles choses, j’étais arrivé au champ de fleurs construit dans un coin de la cour. Et là, je vis…

« Ah ! Rossellia ! »

« … Seigneur Frère Grett. »

Là, je vis un ange. J’avais laissé Fulcas derrière moi et j’avais couru vers sa présence céleste.

Des boucles d’or qui descendaient jusqu’à la taille ornaient la silhouette de cette jeune fille céleste. Elle s’appelait Rossellia Baal, c’était la quatrième enfant et l’unique fille de l’empereur défunt. La princesse impériale Rossellia avait fêté ces 18 ans cette année.

Dans ce monde sans dieu, ravagé par les flammes de la guerre, la beauté de Rossellia témoignait à elle seule de l’existence de Dieu.

« Ooh, Rossellia, ma sœur bien-aimée ! Tu cueilles des fleurs ? Tu es aussi belle et éblouissante que jamais ! »

« … Merci, Seigneur Frère. La conférence est-elle déjà terminée ? »

Et malgré ma pluie d’éloges, Rossellia fronça les sourcils. Cependant, même si elle était assombrie, la beauté de son expression était sans faille : j’avais senti ma poitrine tonner d’excitation.

Aah, ma sœur adorée… ! Je serai celui qui fera disparaître toutes tes douleurs et tes angoisses ! Je vais conquérir tout ce continent et te le présenter.

Je considérais tous ceux qui m’entouraient comme idiots et inférieurs, mais Rossellia était une exception. Cette jeune fille, l’opus magnum de Dieu, était le trésor le plus précieux que ce monde ait jamais vu.

« Oui, oui, c’est fini… Et si tu veux mon avis, Lars et Cerros sont de tels imbéciles qu’il était même presque inutile de faire cette réunion ! Comme prévu, je n’ai pas d’autre choix que de devenir empereur ! Et quand je le serai… je prendrai la plus belle femme du monde comme impératrice ! »

« Vraiment ? Elle sera vraiment chanceuse. Je célébrerai aussi votre union. »

« En effet, en effet, elle le sera ! Je ferai d’elle la femme la plus chanceuse du monde entier ! »

Je voulais que mes mots soient une proposition indirecte, mais Rossellia n’avait pas semblé le remarquer. Son côté un peu obtus était aussi adorable !

« Rossellia, est-ce que tu as un peu de temps maintenant ? J’aimerais partager une tasse de thé et… »

« Mes plus profondes excuses, Seigneur Frère, mais je dois me rendre à mes leçons de danse. »

« Mais n’as-tu pas la possibilité de les reporter à une autre fois… ? »

J’avais fait preuve de tout mon courage dans cette invitation, mais elle fut rejetée. J’avais protesté, mais…

« Chaque leçon est nécessaire afin que je puisse devenir une bonne épouse pour l’homme merveilleux qui me recevra un jour. Veux-tu bien me pardonner. »

« Je vois ! Il serait grossier de ma part d’entraver ton entraînement nuptial ! Vas-y, fais de ton mieux ! »

« … Si tu veux bien m’excuser. »

Rossellia était partie, accompagnée de ses servantes.

Et alors qu’elle s’éloignait, j’observais religieusement son dos, sa taille enveloppée dans sa robe et ses cheveux dorés en cascade, les chevilles d’un blanc pur qui dépassaient de ses chaussures.

« Er, ehm… Prince Grett ? »

« Silence, s’il te plaît ! J’imprime l’image de Rossellia dans ma mémoire ! »

J’avais rejeté l’appel maladroit de Fulcas et m’étais plongé dans ce moment passé avec Rossellia.

De gracieux cheveux blonds, des yeux bleus, une peau d’un blanc nacré, une voix comme un gazouillis mélodieux, un parfum de fleurs. Je venais de tout graver dans mon esprit, dans mon coffre à trésors de souvenirs à ne jamais oublier.

Après avoir revécu ce moment de bonheur pendant dix bonnes minutes, j’avais enfin regardé le visage de Fulcas.

hideux.

Après avoir vu Rossellia, les traits du vieil homme étaient apparus encore plus répugnants. Je n’avais pas pu m’empêcher de laisser mon irritation transparaître dans le ton de ma voix.

« … Tu étais encore là ? Qu’est-ce que tu veux ? »

« Euh… mes plus humbles excuses. L’un des marchands au service de Votre Altesse a envoyé un cadeau, j’ai donc pensé que je devais vous informer… »

« Un cadeau ? »

« Oui, c’est apparemment une belle poupée. »

« Mon Dieu ! Fais-la envoyer dans mes appartements ! »

J’avais lancé cet ordre à Fulcas, puis je m’étais dirigé d’un pas vif vers ma chambre. Très vite, quelqu’un frappa : Fulcas avait apporté le « cadeau ».

« Amusez-vous bien, Monseigneur. »

« Oh mon dieu, oh mon dieu, quelles poupées merveilleusement faites ! »

« Ah… »

Le vieil homme moustachu avait amené trois jeunes filles dans la pièce. Elles avaient toutes environ 12 ans et avaient de longs cheveux blonds.

« Hmm, oui, les meilleures poupées sont après tout blondes… »

« Hk… !! »

J’avais rapproché les filles et pressé mes lèvres sur leurs mèches dorées. Elles avaient probablement appliqué du parfum, car une bouffée de fleurs chatouilla mes narines.

« Haha… Rossellia… ma Rossellia… regarde bien, ma chère, un jour tu seras mon impératrice… »

« Eep… »

« Non… »

J’avais retiré les vêtements des filles et j’avais passé mes mains sur tout leur corps, tandis que de petits gémissements s’échappaient de leurs lèvres. J’avais savouré leurs voix larmoyantes, mes pensées allant vers ma sœur bien-aimée.

Aah, Rossellia… Je me demande quelle voix tu as quand tu gémis

Le trône de l’empereur et ton corps étaient des trésors de grand prix.

Et je tuerai tous ceux qui oseront se mettre sur mon chemin…

+++

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

Laisser un commentaire