Je suis un bâtard mais tu es pire – Tome 1 – Chapitre 3

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Chapitre 3 : Le fils prodigue se déplace dans l’ombre

Point de vue du Maréchal Maxwell

« … Dyn est toujours au lit ? »

« Oui… après tout, il a eu une nuit éprouvante. »

Ainsi répondit l’intendant de la maison Maxwell d’une voix troublée.

J’avais pressé mes doigts contre mes tempes, en essayant de maîtriser la migraine que je sentais venir.

Je m’appelle Dietrich Maxwell, maréchal responsable des provinces à la frontière orientale du royaume de Lamperouge.

Les nobles qui gouvernaient les territoires situés à la frontière avaient de quoi être inquiets. Nous devions être prêts à tout moment à faire face à des invasions ennemies, ainsi qu’à empêcher tout voyou étranger d’entrer dans le pays ou tout criminel national de franchir les frontières.

La maison des Maxwell était également le chef de l’alliance des nobles des provinces de l’Est. Nous avions le devoir d’agir en tant que médiateur en cas de conflits entre les familles nobles, ainsi que de négocier au nom des nobles locaux avec la maison royale ou les nobles du centre.

Ma plus grande inquiétude, ces derniers temps, était toutefois l’attitude de mon propre fils, Dyngir Maxwell.

« Il y est allé tous les soirs depuis son retour… les deux années passées à l’académie n’ont rien fait pour corriger ses habitudes de coureur de jupons, alors… »

Il y a un mois, les fiançailles de mon fils avec la jeune femme de la maison des Nommes avaient été rompues de force par le prince héritier, il était donc rentré dans sa province natale.

Je pensais qu’un tel événement l’aurait fait tomber, mais j’avais dû rapidement revoir ma position. Depuis ce jour, il avait commencé à emmener les servantes avec lesquelles il batifolait autrefois et s’était livré à une indescriptible débauche chaque nuit.

« Mon seigneur, je ne sais pas quoi dire… c’est la faute de ma fille. »

L’intendant de la maison s’inclina profondément.

« Non, ce n’est pas ta faute… je dois plutôt m’excuser. »

« Non, mon seigneur… »

L’intendant de la maison semblait en conflit.

Mon fils avait plusieurs maîtresses, mais la « première dame », faute d’un meilleur terme, était la fille de l’intendant, Eliza.

Comment un père se sentirait-il lorsque sa fille unique, élevée avec amour et attention, finit par coucher avec le fils de son maître ? Honnêtement, j’étais terrifié quant à le savoir. Je n’avais donc jamais demandé.

« Le jeune maître Dyngir est… comment dire, il a des traits héroïques. Je suppose qu’il ne peut pas se satisfaire d’une seule femme. »

« Les héros sont amoureux, comme le dit le proverbe… ça sonne bien si tu le dis comme ça, mais… »

« … En tant que père, c’est une source inépuisable de préoccupations… »

« En effet… s’il n’était pas qualifié, je l’aurais volontiers renié. »

J’avais froncé les sourcils et j’avais poussé un profond soupir.

Mon fils, Dyngir, était ce qu’on pourrait appeler un fils prodigue. Mais si vous me demandiez si c’était un idiot incompétent, je devrais secouer la tête fermement.

Dyngir avait montré des traits d’excellence dès son enfance. Il apprenait incroyablement vite en termes de politique, d’économie, de stratégie, de tout. Son instructeur d’arts martiaux avait même dit qu’il avait un talent incroyable pour le combat.

Il était très populaire auprès des vassaux : les enfants des autres nobles le considéraient avec respect et affection comme un grand frère.

Il y a cinq ans, il avait participé à sa première bataille, une petite escarmouche avec un de nos pays voisins — dans laquelle il avait réussi à mener un petit bataillon. Il avait alors tendu une embuscade à l’ennemi et avait même pris la tête du commandant ennemi.

Un génie, un prodige, un héros qui restera dans l’histoire — même sans mes préjugés parentaux, je croyais que de tels mots lui étaient destinés.

La seule chose à laquelle un fils aussi formidable ne pouvait pas résister était le sexe opposé.

Dyngir avait eu son réveil à l’âge de treize ans, en se liant d’amitié avec Eliza, la fille de l’intendant de la maison. Depuis lors, il était devenu obsédé par les femmes.

À partir d’Eliza, Dyngir avait mis la main sur la plupart, sinon la totalité, des servantes de la résidence. Je ne pouvais pas m’empêcher de me sentir mal à chaque fois que je les voyais.

Je voulais honnêtement le gronder, mais tout l’argent que Dyngir utilisait pour les femmes venait de sa propre poche.

Il avait utilisé l’argent que je lui avais donné comme allocation pour lancer une petite entreprise avec d’autres nobles : en cinq ans, les bénéfices du commerce diplomatique avaient doublé.

C’est son succès qui le rend si terrible… Je n’ai aucune raison de le gronder…

« Si seulement il pouvait se débarrasser de son appétit pour les femmes, je pourrais le laisser prendre la relève sans le moindre souci… »

« Les talents du Seigneur Dyngir sont après tout exceptionnels… d’ailleurs, il semblerait avoir établi de nouvelles transactions avec des amis qu’il a rencontrés à l’académie. »

« … Je vois, donc même s’il a l’air de toujours s’amuser, il a aussi établi de nouvelles relations… il comprend au moins ce que sont les devoirs d’un noble… »

« Oui, en effet, bien qu’il se rende également dans le quartier des plaisirs une fois par semaine, il est donc également vrai qu’il s’amusait. »

« … »

J’avais perdu le compte du nombre de fois où j’avais déjà soupiré. Découragé, je m’étais affalé sur la table.

Avoir un fils idiot était effectivement problématique, mais un fils trop compétent était également gênant. Surtout s’il était à la fois habile et fou…

« Eh bien, c’est quand même… avec un peu d’effort… avec beaucoup d’effort, on peut passer à côté de ça… à la place, sais-tu ce qui est arrivé à la fille du Baron Nommes après ça ? »

J’avais changé de sujet, comme pour échapper à la réalité pendant un moment.

Le baron Nommes était un vassal de la maison Maxwell : sa fille Selena avait été la fiancée de mon fils.

Lorsque j’avais appris que les fiançailles avaient été rompues par elle, j’avais commencé à avoir des sueurs froides, pensant que les habitudes de coureurs de jupons de mon fils avaient été découvertes… Je ne me serais jamais attendu à ce qu’elle soit l’infidèle, et avec le prince héritier en plus.

Malgré son air si timide et doux, elle avait réussi à séduire le prince héritier du royaume… J’avais dû changer mon opinion sur elle.

« Le baron Nommes semble incertain sur la façon de la punir lui aussi. Ses fiançailles avec… l’ancien prince héritier ont été après tout annoncées en public. »

« Hmm… Je ne connais pas l’étendue de leur relation, mais elle pourrait déjà être enceinte d’un enfant de sang royal… »

« Si cela se produit… cela risque d’engendrer un conflit politique. »

Après la rupture des fiançailles, le prince héritier Sullivan avait été déshérité.

Sullivan était le fils aîné, mais le statut de sa mère était relativement bas. Sans le soutien du duc Rosais, il était peu probable qu’il devienne roi. Ayant insulté la maison de Rosais, une telle punition était inévitable.

Le sort de Selena était également très probablement scellé. Elle finira par être utilisée par une faction en rébellion contre la famille royale ou éliminée avant cela. Je ne pouvais prévoir aucun espoir dans son avenir.

« Si seulement tout cela s’était passé en privé, cela aurait pu être réduit au silence d’une manière ou d’une autre. Mais pour exposer un problème délicat comme la rupture d’un engagement en public… je ne le considérais pas comme un idiot. »

« Bien qu’il était prince héritier, il n’en reste pas moins homme. Quand une femme est impliquée, les hommes deviennent fous… comme quelqu’un d’autre que je connais. »

« … Est-ce du sarcasme ? »

« Bien sûr que non, mon seigneur. »

J’avais regardé en silence les yeux de l’intendant, puis j’avais lentement secoué la tête.

« … Il semble que Sa Majesté le roi, le Baron et moi avons mal élevé nos enfants. Au moins, mon propre idiot a un bon jugement. Je dois être au moins reconnaissant pour cela. »

« En effet, monsieur. »

« Haah… »

J’avais soupiré en même temps que l’intendant de la maison, puis la porte de mon bureau s’était ouverte. Une seule personne dans cette résidence pouvait entrer dans le bureau du maréchal sans frapper.

« Bonjour, vieil homme. J’ai quelque chose à te dire, tu as le temps maintenant, non ? »

« … »

« … »

Mon idiot de fils coureurs de jupons, bien sûr.

L’intendant de la maison et moi nous étions regardés, nos expressions devenaient aigres.

« Quoi ? Vous vous plaigniez tous les deux de moi ou quoi ? »

« … Y a-t-il quelque chose dont on devrait se plaindre ? »

« Pas que je sache. Je suis aussi pure et honnête qu’elles le sont. »

« Pouvez-vous aussi dire cela de votre propre corps, jeune maître ? Bien que vous ayez passé une nuit agréable apparemment, c’est très bien. »

« Hé, pas de sarcasme. J’ai pris un bain, d’accord. »

Tu devrais maintenant te taire, idiot… ne vois-tu pas l’intention meurtrière dans les yeux de l’intendant de la maison ? Honnêtement, j’aimerais bien que les poignards qu’il jette le frappent vraiment…

De telles pensées m’étaient venues à l’esprit, mais j’avais décidé de l’écouter pour l’instant.

« Quelles sont tes affaires ? Tu n’es pas venu ici pour m’aider dans mon travail ? »

« Mon travail ? Si tu veux parler de l’irrigation de la région ouest, j’ai déjà envoyé les travailleurs. Pareil pour les bandits autour du village de Zess, le corps d’expédition est déjà en route. Les éclaireurs pour le fort de l’est partent demain matin, donc c’est aussi réglé. Pour ce qui est des bandits à cheval sur le territoire du vicomte Silfis, j’ai un plan donc tu peux me laisser gérer ça. Je vais m’occuper d’eux dans les prochains jours. »

« … Tu es vraiment un fils idiot… »

Cet excellent côté de sa personne le rend d’autant plus méprisable. Je parie que je suis le seul père à être gêné par les compétences de son fils…

« … De toute façon, pourquoi es-tu présent ici ? »

« J’ai une faveur à te demander, c’est tout. Tiens. »

« Hmm ? »

Mon fils m’avait remis une enveloppe. Comme elle n’était pas fermée, j’avais sorti le papier à l’intérieur et je l’avais lu, trouvant que son contenu était assez bizarre.

« C’est… »

« Je veux que tu envoies cela avec ton nom, adressé à Sa Majesté le roi. »

« À quoi penses-tu ? »

J’avais regardé le visage de mon fils et j’avais trouvé le sourire d’un farceur sur ses lèvres. C’était le même visage que celui montré lorsqu’il m’avait apporté la tête du commandant ennemi lors de sa première bataille.

Les dix-huit dernières années m’avaient appris, dans une certaine mesure, à quel point ce visage signifiait que quelque chose de méchant approchait.

« L’ancien prince héritier et mon ancienne fiancée vont passer un mauvais moment. Ce n’est qu’une farce, rien de plus. »

« Hmgh… »

« Quand je suis revenu, tu m’as dit de faire ce que je voulais, non ? Je m’en tiens à tes mots, mon vieux. »

J’avais scruté la lettre à nouveau et j’avais senti le mal de tête se renforcer.

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Quelques jours après que le prince héritier Sullivan avait été déshérité et que l’agitation se soit calmée…

Une lettre du maréchal Maxwell avait été remise à la maison royale de Lamperouge.

C’était une lettre très succincte :

« Je présente mes félicitations les plus sincères pour le mariage du prince Sullivan dans la famille du baron Nommes »

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Un commentaire :

  1. L'inconnu Nantais

    Serait-il par pur hasard un poil rancunier et vicieux…

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