Je suis le Seigneur maléfique d’un empire intergalactique ! – Tome 2 – Prologue

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Prologue

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Prologue

Partie 1

Plus de dix mille énormes cuirassés traversaient l’espace, portant le blason de la Maison Banfield. Se déplaçant en formation, ils se dirigeaient droit vers l’ennemi. La flottille du comte Banfield — ma flottille — était redoutable par sa forme et son nombre, une force que n’importe quel garçon en quête de sensations fortes rêverait de commander.

C’est mon armée, avais-je pensé fièrement. J’ai atteint un tel pouvoir dans ce monde !

Sur le pont richement décoré de mon vaisseau de combat, je m’étais adossé à mon siège particulièrement riche et j’avais croisé mes jambes. Nos cibles, un groupe de lâches pirates de l’espace, avaient déjà tourné les talons et tentaient de nous fuir.

Mon nom est Liam Sera Banfield. J’avais peut-être l’apparence d’un enfant de treize ans à l’extérieur, mais j’avais déjà vécu une autre vie avant de me réincarner ici, et j’avais donc l’esprit d’un adulte. Les trente et quelques années de ma vie passée ne signifiaient pas grand-chose dans ce monde, où les gens vivent des centaines d’années.

Cette vie antérieure avait été… plutôt malheureuse. Cela me fait mal rien que d’y penser. Mes souvenirs étaient ceux d’un homme stupide qui s’était laissé prendre aux pièges d’une femme et avait tout perdu. Qu’avais-je fait de mal ? Est-ce que tout était de sa faute ? Non, c’était ma faute pour avoir été si ignorant. L’homme que j’étais à l’époque croyait naïvement que la bonté était une vertu et ne doutait jamais de ceux qui l’entouraient. Il était mort à cause de cela, et quelle mort humiliante ce fut.

Au moins, j’avais appris une chose importante de ma vie passée : Vivre une vie bonne et sérieuse ne vous apporte que de l’autosatisfaction. Dans n’importe quel monde, les forts dominent les faibles. Maintenant qu’on m’avait accordé une seconde vie, je deviendrais l’un des forts et prendrais plaisir à piétiner les faibles. Dans ma vie passée, j’avais enduré toutes sortes de misères et d’injustices, mais maintenant c’était à mon tour de faire souffrir les autres.

Enfin, mon souhait avait été exaucé. Ou était-ce encore un travail actif ? Je n’avais pas encore atteint le véritable pouvoir que je désirais, mais j’y arrivais lentement mais sûrement. La preuve en était la façon dont je poursuivais ces pirates en ce moment même.

J’étais actuellement comte dans l’Empire Intergalactique d’Algrand. Pour être honnête, je n’étais qu’un noble de bas rang qui régnait sur une planète isolée. Malgré tout, je pouvais considérer un monde entier comme le mien, et j’avais les yeux rivés sur d’autres planètes des environs que je pourrais utiliser pour étendre mon domaine.

C’était un monde bizarre, bien plus avancé scientifiquement que celui que j’avais connu, et la magie y existait aussi. Pour une raison inconnue, le système féodal était toujours intact, et les nobles de l’Empire pouvaient faire ce qu’ils voulaient de leurs domaines. C’était un vrai décalage. Je n’arrivais pas à me faire à l’idée qu’il existait encore un système de classes rigide dans un univers doté d’une science et d’une magie aussi avancées, mais j’avais l’intention d’exploiter cette situation au mieux de mes capacités.

J’utiliserais mon statut de noble pour devenir un méchant. Non, j’étais déjà un méchant, un seigneur du mal. J’avais déjà commis des méfaits qui n’auraient jamais été autorisés dans mon monde précédent.

Une fois que j’avais atteint l’âge de cinq ans ici, je m’étais rappelé les souvenirs de ma vie passée. Depuis lors, j’avais développé mon domaine comme bon me semble. « Développer » pouvait sembler positif, mais ce que j’avais fait était plutôt subversif. En fait, j’avais imposé une nouvelle vie à mon peuple pour atteindre mes propres objectifs.

Quant à mes objectifs… Eh bien, tout d’abord, un méchant se devait d’être fort. Seuls les forts peuvent persécuter les faibles, après tout. À cette fin, je devais faire de mon domaine le territoire parfait pour qu’un seigneur du mal puisse y régner.

La planète que j’avais héritée de mon père à l’âge de cinq ans avait déjà été exploitée par un méchant. En d’autres termes, mon souhait avait été exaucé avant même que je puisse agir. Mais je ne pouvais pas laisser passer ça ! Je pouvais reconnaître mes propres échecs, mais je ne me permettrais plus jamais de souffrir à cause des erreurs d’un autre. J’avais donc développé mon domaine pour le rendre plus riche.

À première vue, cela peut sembler étrange pour quelqu’un qui souhaite devenir un seigneur du mal, mais c’était nécessaire pour atteindre mes objectifs à long terme. Je ne me contentais pas de recevoir une population exploitée, il fallait que je l’exploite moi-même. Ainsi, je devais commencer par rendre mon peuple plus riche. Et comme je l’avais prévu, mon domaine était devenu riche. Mes sujets ignorants profitaient de leur vie abondante, ignorant parfaitement que je les plongerais un jour en enfer.

Actuellement, je m’en prenais à un groupe différent : les bandits connus sous le nom de pirates de l’espace. Dans le cadre de la revitalisation de mon territoire, j’avais réorganisé mon armée, et j’avais envoyé mon armée nouvellement renforcée à la chasse aux pirates.

Ces types étaient des ordures, et s’ils étaient laissés tranquilles, ils feraient de sérieux dégâts dans mon domaine. Ils me rappelaient les effrayants collecteurs de dettes qui m’avaient harcelé dans ma vie antérieure, alors je m’amusais beaucoup à les écraser. Appelez ça de la vengeance, ou de la colère refoulée, si vous voulez. Même si c’était agréable de les vaincre, je commençais à me lasser de ce petit jeu.

Alors que l’ennuyeux combat avec les pirates se poursuivait, j’avais levé la main pour étouffer un bâillement. J’observais les vaisseaux ennemis qui fuyaient le mien.

Comme leur nom l’indique, ces personnes pratiquaient la piraterie dans l’espace. N’appartenant à aucune nation, ces voyous parcouraient l’espace en attaquant et en pillant des planètes ou des vaisseaux qui voyageaient. Certains d’entre eux étaient particulièrement dangereux, et il existait même une poignée de hors-la-loi intrépides qui affrontaient les armées personnelles des nobles. De nombreux souverains et armées avaient sous-estimé les pirates de l’espace et avaient subi une défaite inattendue. Mais même les pirates les plus redoutables n’étaient pas de taille pour moi maintenant.

La puissante armée que j’avais assemblée, une arme affûtée par ma propre brutalité, égalait l’armée régulière de l’Empire en qualité, en compétence et en nombre. « J’abattrai tous les pirates que je rencontrerai ! » Je l’avais proclamé. Cependant, mon adversaire s’était avéré être un piètre défi. Ils s’étaient introduits dans mon domaine avec quelques milliers de navires, et quand j’étais allé à leur rencontre avec l’armée dont j’étais si fier, ils s’étaient avérés être des mauviettes. Ce n’était même pas la peine de traiter avec eux. La seule chose qu’ils pouvaient faire était de fuir.

« C’est ennuyeux. Je n’ai même pas besoin de déployer l’Avid. »

Dans ce monde, il existait des armes humanoïdes massives appelées chevaliers mobiles. Lancés depuis des vaisseaux de combat, ces géants de quinze mètres menaient des batailles dramatiques dans l’espace. Je possédais mon appareil personnel appelé Avid. J’avais investi beaucoup d’argent dans cet engin pour lui donner des caractéristiques monstrueuses. L’équipage pirate était si faible, cependant, que je n’avais pas envie de sortir avec l’Avid pour les combattre. Ils ne se battaient même pas, donc notre poursuite était purement professionnelle - pas amusante du tout.

« Je n’aurais même pas dû venir ici, » marmonnai-je en serrant le poing comme pour écraser le bateau pirate sur l’écran en face de moi. Inutile, c’est sûr, mais j’étais juste lassé. « Éliminez-les. »

Comme cela devait paraître étrange, avec cet enfant dans son siège fantaisie donnant des ordres et tous les adultes importants se dépêchant d’exécuter son ordre avec un salut respectueux. Les officiers de haut rang de mon armée, vêtus de leurs uniformes impeccables, avaient ordonné à leurs hommes de détruire complètement nos adversaires pirates.

« Anéantissez les pirates ennemis. »

« Veulent-ils se rendre ? Les pirates ne méritent pas de pitié. Le Seigneur Liam veut les anéantir. »

« Ne laissez pas un seul vaisseau s’échapper. Transformez-les tous en ferraille ! »

Les soldats avaient obéi à ma volonté et avaient impitoyablement anéanti les navires pirates. Ils n’avaient même pas fait preuve de clémence envers ceux qui s’étaient rendus. Je leur avais ordonné de ne pas le faire, après tout. Mes hommes étaient vraiment très compétents, et pourtant ils étaient là, à suivre les ordres de quelqu’un qui ressemblait à un enfant. Un groupe d’élite qui commandait une flotte de douze mille navires devait obéir à tous mes ordres parce que j’étais un noble. C’était le système de classe à l’œuvre. Quel que soit son talent, un roturier ne pouvait jamais défier un noble. La noblesse détenait le pouvoir absolu dans l’Empire.

Selon mes ordres, les soldats avaient combattu et les pirates de l’espace avaient été détruits sous mes yeux. Je souriais en regardant, malgré le fait que j’étais en guerre. J’étais pleinement conscient que j’étais vraiment devenu une ordure irrécupérable. J’étais là à me réjouir des actes les plus improductifs et les plus impardonnables du monde. Il n’y avait aucun doute là-dessus : J’étais un méchant.

« J’adore voir les pirates rencontrer leur destin. Ça fait un super spectacle. »

Un soldat se tenait à côté de moi. Ce n’était pas un de mes hommes, mais un soldat dépêché par l’armée impériale. Son uniforme militaire présentait une jupe serrée et il affichait l’insigne de lieutenant. Elle s’appelait Eulisia Morisille et appartenait à la troisième usine d’armement de l’Empire Algrand, mais elle n’était pas ingénieur, juste un simple soldat. Cependant, elle ressemblait plus à un mannequin ou à une actrice selon moi. Ses cheveux tombaient dans le dos et étaient un peu bouclés, mais ils semblaient brillants et bien entretenus. Son maquillage modeste accentuait parfaitement les traits de son visage. Elle devait également faire attention à sa silhouette, car son corps était mince, mais bien dessiné. Elle ressemblait plus à la belle secrétaire de quelqu’un qu’à un soldat.

Son travail consistait à vendre les produits de la troisième usine d’armement, elle était donc essentiellement une vendeuse. La troisième usine d’armement connaissait vraiment son affaire si elle envoyait une si jolie femme là-bas. J’avais apprécié le geste, c’est sûr. Ils étaient très différents de la septième fabrique d’armes…

« Eh bien, que pensez-vous du produit principal de la troisième usine d’armement ? »

« D’après ce que j’ai entendu, vous n’avez apporté que des améliorations mineures, mais il me semble que les spécifications soient beaucoup plus élevées. »

« Oui, nous nous sommes assurés de prendre en compte les commentaires précédents et avons amélioré autant d’aspects que possible. Nous accordons également beaucoup d’attention au design, donc je pense que nos vaisseaux s’intégreraient parfaitement à votre armée, monseigneur. »

J’avais une bonne idée des différences précises entre les spécifications grâce aux données, aux images et aux vidéos, et les vaisseaux étaient agréables à utiliser dans une bataille réelle, comme l’avait prouvé ce test. Plus que tout, les soldats qui pilotaient les vaisseaux avaient une bonne appréciation.

« Je les aime bien. Je vais les prendre. »

« Merci beaucoup. En tant que représentante de la troisième usine d’armement, je suis très heureuse d’entendre cela. »

Une partie de mon armée pour cette chasse aux pirates était prêtée par la troisième usine d’armement. Je testais certains de leurs vaisseaux, armes et chevaliers mobiles. Les vaisseaux avaient un aspect étonnant, mais leurs caractéristiques étaient un peu moins bonnes que celles des vaisseaux que j’achetais habituellement à la Septième usine d’armes. Malgré cela, j’avais pensé qu’ils valaient le prix. Pour le prix de deux vaisseaux de la Septième usine d’armement, je pouvais obtenir trois vaisseaux de la Troisième, avec des spécifications légèrement inférieures, mais un design beaucoup plus attrayant. Si vous ne considérez pas seulement leurs performances, ils valent vraiment la peine d’être achetés.

Eulisia avait incliné sa tête, un sourire gracieux sur son visage. Elle ne semblait pas particulièrement nerveuse d’interagir avec un noble. Elle était probablement habituée à ces conversations.

J’avais décidé de dire à Eulisia que j’envisageais d’acheter un superdreadnought de son usine.

« Je suis sûr que vous êtes au courant, mais l’Empire a autorisé la Maison Banfield à acheter un superdreadnought. Je n’étais pas sûr de savoir à qui je voulais l’acheter, mais je vais peut-être vous choisir. »

« Nous serions ravis que vous nous choisissiez. Avez-vous des demandes particulières ? »

 

 

« Bon, voyons voir… »

***

Partie 2

La Troisième Usine d’Armement était un peu en retard sur la Septième en ce qui concerne les prouesses technologiques, mais il était difficile de les écarter complètement pour autant. Ce serait le premier super cuirassé de la Maison Banfield, et je voulais que ce cuirassé vraiment énorme ait une belle apparence et des performances spectaculaires. J’étais prêt à accepter des spécifications légèrement inférieures si la conception était bien meilleure. L’ostentation était importante, après tout. Si je l’achetais à la Septième usine d’armement, j’étais sûr qu’elle me remettrait un vaisseau gigantesque avec de superbes spécifications, mais dont l’apparence serait tout simplement horrible.

Alors que je réfléchissais à mes plans d’avenir, la capitaine ingénieur Nias Carlin, vêtue d’une combinaison, s’était précipitée à mes côtés et avait élevé la voix en signe d’alarme.

« Que faites-vous, Lord Liam ? Vous m’avez dit que vous alliez acheter votre super cuirassé au Septième ! »

J’avais levé la tête et roulé les yeux, et Eulisia ne semblait pas savoir quoi dire. Je ne me rappelais pas avoir fait une telle promesse à Nias. En fait, je savais que je ne l’avais pas fait.

« Je n’ai rien dit de tel — n’inventez pas n’importe quoi. Si ce débordement venait de quelqu’un d’autre, je le ferais jeter en prison pour avoir répandu des faussetés. »

Le personnel militaire à proximité avait l’impression que j’aimais bien Nias, alors ils ne savaient pas trop quoi faire avec elle. Certains d’entre eux semblaient hésiter à la maîtriser.

Pendant ce temps, entouré de ces imposants soldats, Nias avait les larmes aux yeux. « Vous êtes terrible ! J’étais persuadé que vous alliez nous le commander ! »

Elle s’était effondrée sur le sol, et les hommes sur le pont lui avaient lancé toutes sortes de regards complexes.

Nias avait les cheveux noirs coupés et ne se souciait pas du tout de son maquillage. Pourtant, avec des lunettes, elle parvenait à se donner un air de « beauté intellectuelle », car ses traits naturels étaient tout aussi beaux.

Je devais admettre que j’étais plutôt attaché à Nias, qui était une scientifique et une ingénieure de la Septième Usine d’Armement. Elle était également chargée de la maintenance de l’Avid. Aussi compétente qu’elle soit dans son travail, Nias était malheureusement excentrique.

Eulisia avait laissé échapper un soupir silencieux. Elles devaient se connaître auparavant, car il n’y avait aucune formalité entre elles.

« Encore toi, lieutenant ingénieur Carlin ? »

« J’ai été promu capitaine ! ca-pi-taine in-gén-ieur ! Montre un peu de respect à un officier supérieur ! »

« À quoi pensait le Septième en t’envoyant au trou ? Je n’arrive pas à le comprendre. »

Nias étant ingénieur, j’avais toujours trouvé étrange qu’elle s’occupe des ventes pour la Septième. Il semble qu’Eulisia était d’accord. En fait, Nias était un assez mauvais exemple de vendeur. Quand il s’agissait d’expliquer le côté technique des choses, elle était excellente, mais elle n’était tout simplement pas douée pour la vente. C’était aussi une personne assez maladroite qui utilisait parfois son sex-appeal pour pousser ses produits (avec un effet très limité).

« Quoi, vous vous connaissez toutes les deux ? Vous semblez terriblement proches, » avais-je demandé à Eulisia, qui avait fait un signe de tête réticent.

« Nous nous connaissons, mais nous ne sommes pas proches. Nous nous sommes juste croisées quelques fois lors d’appels commerciaux. J’admets qu’elle est une brillante ingénieur, mais quant à ses capacités de vente, eh bien… »

Nias s’était courroucée en entendant cela. « Qu’est-ce que c’est censé vouloir dire ? Je vends beaucoup de produits de la Septième. En fait, j’ai été classé premier dans les ventes cette année ! »

« Vraiment ! Tu étais la première ? »

Cette dame a vraiment vendu autant de choses ? J’étais honnêtement surpris. Mais alors que je me demandais si elle n’avait pas plus de talent que ce que je lui prêtais, Eulisia m’avait révélé la vérité.

« C’est juste à cause de tes ventes à la Maison Banfield, n’est-ce pas ? Je sais que tu n’as rien vendu à d’autres nobles. »

J’avais lancé un regard à Nias, qui avait détourné les yeux. Elle n’était donc première que grâce aux armes que je lui avais achetées, elle n’aurait rien vendu sans moi. C’est vraiment dommage… Maintenant, je savais pourquoi elle était si désespérée de me faire plaisir. Quoi qu’il en soit, la Septième Fabrique d’armement avait dû tirer un grand profit de mon expansion militaire enthousiaste.

« Au fait, hum… » Nias avait repris la parole, ne pouvant peut-être plus supporter cet air inconfortable. « La maintenance de l’Avid est terminée. Voulez-vous faire un essai ? »

Pendant que Nias essayait de changer de sujet, je m’étais tourné vers la proue du vaisseau. Les moniteurs et les écrans holographiques montraient tous que les pirates étaient encerclés par ma flotte et complètement écrasés. La bataille était presque terminée.

« Je ne sors pas aujourd’hui, » avais-je dit. « Ces gars sont trop faibles. »

« O-oh. C’est dommage, c’est bien réglé. Eh bien, je suppose qu’ils ne feraient pas les meilleurs adversaires. »

Eulisia m’avait accompagné dans cette petite excursion pour me vendre les produits de la troisième usine d’armement, tandis que j’avais emmené Nias juste pour effectuer la maintenance de l’Avid.

« Votre flotte est vraiment quelque chose, mon seigneur, » dit Eulisia, visiblement impressionnée. « Vous n’avez pratiquement pas subi de dégâts contre une bande de pirates assez importante. Vos troupes pourraient passer pour l’armée régulière de l’Empire. »

« Je ne suis pas encore satisfait d’eux. »

Je ne me reposerais pas avant d’en avoir encore plus. De plus, il n’y avait pas que le nombre qui comptait : je devais m’assurer que mes troupes soient bien entraînées et bien équipées. Mes forces actuelles étaient loin d’être l’armée idéale.

« J’ai pensé que je devrais bientôt renforcer leurs effectifs, et je suis fatigué de recevoir des pièces détachées de l’armée impériale. Quoi qu’il en soit, Eulisia, voyons quelques-uns de vos nouveaux produits. »

Eulisia s’était réjouie de mon intérêt pour l’achat d’autres marchandises. « Je vous les envoie tout de suite. »

Nias, quant à elle, semblait perdre tout espoir en écoutant notre discussion. « Seigneur Liam ? En fait, je… euh… Mon patron voulait que je fasse signer un nouveau contrat, donc si possible, j’aimerais vraiment que vous puissiez nous acheter des choses aussi. Pas forcément un super cuirassé, mais si vous pouviez acheter quelques cuirassés… Ah, même juste quelques croiseurs, ce serait merveilleux… »

Alors qu’elle me suppliait, Nias avait l’air encore plus pitoyable que d’habitude aux côtés d’Eulisia. La lieutenante, pour sa part, se contentait de détourner le regard et de soupirer. C’était un spectacle désolant à voir de la part de sa collègue — ou plutôt, de sa rivale. Mais, c’était quelqu’un capable d’effectuer la maintenance de mon appareil personnel. Je ne voulais pas penser à ce qui pourrait arriver si j’étais trop cruel avec Nias, alors j’avais pensé qu’il valait mieux la traiter avec un certain degré de gentillesse. Et, honnêtement, je trouvais son côté pitoyable, presque attachant.

« Juste une centaine de vaisseaux. »

À mes mots, Nias avait relevé la tête et avait souri.

Eulisia, de son côté, s’était écriée : « Hein ? » Son visage indiquait clairement : « Tu achètes des navires pour lui faire plaisir ? »

« Vous êtes vraiment merveilleux, Seigneur Liam ! »

Je n’étais pas heureux des compliments effusifs de Nias. J’aimais les gens qui me flattaient, mais si quelqu’un en faisait trop, son éloge passait pour de la moquerie.

« C’est vraiment une honte pour toi, » lui avais-je dit.

« Juste parce que je vous ai complimenté ! ? »

Normalement, une telle plaidoirie n’aurait pas suffi à me convaincre, mais je ne considérais pas cela comme une dépense énorme. Après tout, j’avais un petit quelque chose qui faisait passer le coût d’une centaine de vaisseaux pour de la menue monnaie. Eh bien, peut-être que « de la menue monnaie » était une exagération.

Voyant que notre conversation avait atteint une conclusion appropriée, un commandant s’était avancé pour me faire son rapport. « Seigneur Liam, les pirates ennemis ont été anéantis. »

« Bien. Assurez-vous de ramasser tous les débris, je ne veux pas que les déchets de l’espace polluent la zone. »

« Oui, monsieur. »

La bataille gagnée, j’avais laissé le nettoyage à ma flotte et je m’étais préparé à changer le cap de mon vaisseau vers la maison.

 

☆☆☆

 

Notre flotte était revenue à une forteresse qui avait été installée dans l’espace. Elle avait été créée à partir d’un astéroïde qui avait déjà été exploité pour ses ressources. À première vue, elle ne ressemblait à rien de plus qu’un rocher, mais elle avait été creusée et équipée de toutes les installations nécessaires à une base permanente. En plus d’héberger des soldats, elle était également équipée pour le réapprovisionnement, la maintenance et même la production limitée d’armes. C’était une véritable forteresse spatiale.

La Maison Banfield avait gagné des forteresses comme celle-ci à chaque fois qu’elle avait développé son armée. Combien en avait-elle maintenant ?

Mon aide la plus fidèle, Amagi, m’attendait dans cette forteresse spatiale. Ses longs cheveux noirs brillants avaient gardé leur style même dans le spatioport en apesanteur. La coiffe en dentelle blanche et le ruban rouge qui attachait sa queue de cheval étaient parfaits. Amagi se tenait à la tête d’un groupe de servantes qui étaient venues m’accueillir. Elle était la femme idéale pour moi, ses yeux rouges brillaient magnifiquement.

J’avais quitté la rampe et j’avais glissé dans l’espace en apesanteur jusqu’à Amagi. Cette sensation étrange était quelque part entre le vol et la natation. J’avais bougé mon corps et j’avais pointé la plante de mes pieds vers le sol. Elles avaient été aspirées vers le sol, et j’avais atterri devant Amagi. Mes pieds étaient maintenant magnétiquement ancrés au sol.

« Bienvenue, Maître. » Amagi s’était inclinée, et toutes les servantes à l’allure identique derrière elle s’étaient également inclinées.

« Tu n’as pas besoin de sortir pour me saluer à chaque fois. Je peux venir à toi, » lui avais-je dit, mais Amagi n’était pas d’accord.

« Veuillez comprendre votre position, Maître. »

« Je l’ai fait. Tu n’as pas besoin de te mettre en colère. »

« Je ne suis pas en colère. »

Toutes les servantes, à l’exception d’Amagi, avaient le même visage, mais personne dans ce monde ne trouverait cela étrange. Les épaules de la tenue classique d’Amagi étaient dénudées pour afficher l’étiquette indiquant qu’elle n’était pas humaine. C’était un design un peu étrange, puisque l’uniforme traditionnel ne montrait pas beaucoup de peau, mais laissait volontairement les épaules nues. Les servantes derrière elle portaient toutes la même chose. Le groupe entier était composé de robots domestiques — en d’autres termes, des androïdes.

Amagi, le leader du groupe, était plus avancée. Les autres étaient des unités produites en série, et elles étaient toutes basées sur le même modèle, d’où leur apparence identique. La seule chose qui les distinguait était leur coiffure — sans doute un moyen pour moi de les distinguer. Quelques accessoires ornaient les servantes ici et là.

Apparemment, elles exprimaient un certain degré d’individualité, même si je ne leur avais pas ordonné de le faire. Je m’étais demandé si tous les androïdes faisaient cela. Parfois, elles changeaient même de coiffure et d’accessoires. Était-ce leur idée d’un jeu ? Si les robots domestiques aiment tant la mode, je devrais peut-être leur offrir d’autres accessoires à un moment donné. Je me demande ce qu’elles aimeraient.

J’étais passé devant Amagi, et les servantes m’avaient suivi. Alors qu’Amagi me suivait, je lui avais parlé de ma chasse aux pirates.

« Il n’y avait rien à faire pour moi non plus cette fois-ci. Je m’attendais à plus de ce groupe, puisque j’avais entendu dire qu’ils étaient nombreux, mais ce n’était que du menu fretin. »

***

Partie 3

Lorsque je m’étais plaint que les pirates que nous avions combattus aujourd’hui m’avaient ennuyé, Amagi avait manifesté un certain nombre de petits écrans dans l’air. C’était des moniteurs holographiques, affichant des données sur les pirates.

« Bien que vous les appeliez “menu fretin”, c’était un groupe dangereux avec des primes sur leurs têtes, » m’avait-elle informé.

« Ces mauviettes ? »

« Si vous rapportez leur défaite à l’Empire, vous devriez pouvoir obtenir une récompense et une autre médaille. »

L’Empire aimait quand on battait les pirates. Ils vous disaient « bon travail » et vous donnaient une maigre récompense et une médaille, mais je n’avais apprécié cela que les premières fois où c’était arrivé. Plus vous faites quelque chose, moins cela vous interpelle. Au début, j’étais fier de mes accomplissements, mais une fois que vous aviez toute une collection de médailles, elles ne semblaient plus si impressionnantes. De plus, je me contentais de me les faire envoyer par la poste, car aller jusqu’à la planète capitale pour les recevoir, c’était trop dur à supporter.

« Je ne suis pas fier d’écraser du menu fretin. J’espère que les prochains seront un peu plus difficiles. »

« Je crois que c’est peu probable. »

Je m’étais arrêté et j’avais étudié le visage d’Amagi. Il était sans expression, comme toujours, les robots domestiques ne montrant normalement pas d’émotion. Quelque chose en elle donnait cependant l’impression qu’elle était inquiète pour moi.

« Pourquoi ? Ce sont des pirates, donc ils vont se montrer et attaquer qu’on le veuille ou non ? »

« Vous avez vaincu de nombreux pirates, si bien que les gangs qui restent ont commencé à éviter le territoire de la Maison Banfield. »

J’avais été décontenancé par ces mots. « Ils vont arrêter de venir ? Pourquoi ? »

« Parce que vous êtes fort, et que vous ne montrez aucune pitié aux pirates. »

Les pirates étaient une source majeure de revenus. S’ils cessaient de venir, ce serait un vrai problème pour moi. J’étais un noble, j’étais donc le seigneur de mon domaine, mais je ne pouvais pas agir comme si j’étais le propriétaire des lieux sur les territoires des autres nobles. En d’autres termes, le seul endroit où je pouvais chasser les pirates à ma guise était mon propre domaine.

« Dans les environs du domaine de la Maison Banfield, vous êtes redouté comme “Liam le chasseur de pirates”, Maître. »

« C’est un problème. » Maintenant que j’en avais chassé un grand nombre, les pirates m’évitaient activement.

« Normalement, il faudrait s’en réjouir. »

« Les pirates sont mon porte-monnaie. Je suis dans le pétrin s’ils arrêtent de venir. »

« L’économie du domaine s’est grandement améliorée. La maison Banfield ne souffrira d’aucune difficulté financière, même si nous ne vainquons pas les pirates. »

Jusqu’à une date récente, les finances de la maison Banfield étaient en grande difficulté, car le précédent seigneur et celui qui l’avait précédé — ces bouffons absolument inutiles — avaient mené leur domaine à la ruine avec leurs politiques stupides. Il y avait déjà eu des seigneurs maléfiques ici avant même que je me réincarne dans le but de devenir moi-même un seigneur maléfique.

Je ne voulais pas être un seigneur maléfique régnant sur un territoire déjà ruiné, je voulais prendre plaisir à le ruiner moi-même. Ainsi, j’avais amené ma planète et mes sujets à la prospérité. C’était peut-être mettre la charrue avant les bœufs, mais ce que je voulais faire, c’était exploiter les gens, pas régner sur des gens qui avaient déjà été exploités. Il n’y avait rien d’amusant à recevoir un domaine qui avait déjà été vidé de toute sa vitalité.

J’étais arrivé dans une section spéciale de la forteresse spatiale avec Amagi et les autres servantes. Les seules personnes autorisées à entrer dans cette zone étaient moi et celles à qui j’avais personnellement accordé la permission. Nous avions passé plusieurs mesures de sécurité, puis nous étions arrivés à un endroit où les déchets spatiaux — les débris de nos batailles — étaient collectés et stockés. C’était une immense chambre qui avait été remplie d’ordures, en fait juste une montagne d’ordures, et pourtant je souriais devant ces débris.

« Encore une belle prise aujourd’hui. »

Dans une poche de mon costume, j’avais retiré un appareil appelé boîte d’alchimie, et je l’avais brandi. Lorsque j’avais ouvert son couvercle, plusieurs fenêtres holographiques étaient apparues autour de moi.

« Que dois-je faire de tout cela aujourd’hui ? »

« J’ai préparé une liste ici. »

Amagi avait affiché la liste pour moi, et je l’avais consultée tout en manipulant la boîte d’alchimie. Avec cet appareil, je transformais la matière en ressources dont mon domaine disposait actuellement en quantité limitée. Si nous avions besoin de plus de fer, je pourrais simplement utiliser la boîte d’alchimie pour convertir tous ces déchets en fer. Avec rien d’autre que cette petite boîte, je pouvais compenser tout ce qui manquait à mon domaine.

J’avais parcouru la liste des ressources dont nous avions besoin, et tous les déchets de la grande pièce avaient été réduits en particules sous mes yeux. Puis, elles s’étaient reformées, converties en une matière différente.

« Très bien, ça devrait suffire pour cette pièce. »

Après avoir confirmé que j’avais fini de tout convertir, je m’étais dirigé vers la pièce suivante. Après une bataille, il y avait tout simplement trop de déchets spatiaux. Quand on essayait de tout ramasser, on se retrouvait avec une quantité presque ingérable. Cependant, si j’en faisais un usage efficace, je pouvais obtenir toutes les ressources dont j’avais besoin. Si je me retrouvais avec un excédent de ressources, je pouvais les vendre. C’est ce que j’avais fait ces derniers temps et j’avais rapporté de gros bénéfices à la maison Banfield.

Alors que je marchais, Amagi m’avait mis en garde : « La prochaine pièce contient des matériaux dangereux, n’oubliez pas de porter des vêtements de protection. »

« Ahh, juste en rassemblant les ordures dont personne ne veut s’occuper, je fais un petit profit. Cette boîte d’alchimie est vraiment quelque chose. »

Nous percevions une taxe pour l’élimination des déchets dangereux. Nous gagnions de l’argent juste en nous occupant des déchets, et nous en gagnions encore plus en vendant ces déchets reconfigurés. Je ne pouvais pas m’empêcher de ricaner chaque fois que j’y pensais.

Bien sûr, je n’étais pas totalement sans inquiétude.

« Au fait, Amagi, j’ai une question. »

« Qu’est-ce que c’est ? »

« Je pourrais facilement rembourser les dettes de la Maison Banfield à ce stade, n’est-ce pas ? J’aimerais être libre de mes obligations à un moment donné. »

Depuis que j’avais obtenu la boîte d’alchimie, les profits de la Maison Banfield avaient été multipliés par trente. Je pouvais rembourser les dettes que mes parents et grands-parents — les anciens nobles de la maison Banfield — avaient accumulées quand je le voulais, mais Amagi ne m’avait jamais suggéré de le faire. En fait, elle m’avait déjà empêché de le faire.

« Si vous remboursez une telle dette en une seule fois, il sera évident que vous avez obtenu une grande fortune. Je crois qu’il ne serait pas bénéfique pour les gens d’apprendre l’existence de la boîte d’alchimie. »

« Alors je ne peux pas encore le faire, hein ? C’est plutôt désagréable d’être encore endetté… »

« S’il vous plaît, endurez. »

La boîte d’alchimie était un outil développé par une nation intergalactique qui avait existé il y a longtemps, avant la création de l’Empire. Depuis qu’une société ancienne l’avait créée, sa méthode de fabrication avait été perdue, et elle était donc très précieuse. En d’autres termes, si l’existence de cette boîte était connue de tous, les gens pourraient la convoiter au point d’essayer de me tuer pour elle.

J’étais plus fort maintenant que dans ma vie antérieure. J’avais appris un style d’épée étonnant appelé la Voie du Flash, et les pirates ne représentaient plus aucun danger pour moi, mais j’étais encore loin d’être invincible.

« Ouais, je suppose que je vais faire avec pour le moment. »

J’avais pris la peine de créer une société fictive pour dissimuler les profits que je faisais avec la boîte d’alchimie, et je faisais beaucoup d’exploitation minière, faisant passer les matériaux que je convertissais avec l’appareil pour des ressources obtenues dans les mines. Vraiment, je me donnais presque trop de mal pour masquer les choses.

« Il serait préférable que la boîte d’alchimie reste secrète. D’ailleurs, il y a autre chose que vous devriez prioriser, Maître, n’est-ce pas ? »

« Oh… ça. »

Pour l’instant, je devais donner la priorité à mon éducation. C’était un processus par lequel tous les enfants de la noblesse impériale devaient passer pour être reconnus comme adultes, ce qui impliquait une longue période de formation. Si je vivais aussi longtemps que dans ma vie précédente, j’aurais consacré la moitié de ma vie à cette quête.

« Quel ennui, » je m’étais emporté.

« C’est une étape inévitable de votre voyage si vous voulez être reconnu comme un véritable noble impérial. »

« Je comprends, mais pourquoi faut-il que ça commence sur le territoire d’un autre ? Je ne comprends pas la logique. »

La première étape de mon apprentissage de l’âge adulte consistait à séjourner dans une autre famille noble. Je ne savais pas ce que cela pouvait m’apporter, mais c’était comme ça que les choses se passaient ici, alors il n’y avait pas de raison d’en faire tout un plat. Je n’avais pas le statut qui me permettait de refuser, et je ne voulais pas des problèmes qu’un refus pourrait engendrer, de toute façon.

Mais il y avait un gros problème avec ça.

« Au fait, est-ce que la maison où je vais étudier a été choisie ? La dernière fois que j’ai demandé, tu as dit que tu n’avais pas encore trouvé. »

D’habitude, Amagi répondait à mes questions instantanément, mais cette fois, elle s’était arrêtée un moment avant de parler. Elle était probablement en train de faire un traitement sophistiqué avec son cerveau androïde.

« C’est en cours. »

Elle n’avait donc pas encore trouvé de maison qui m’accueillerait. Je suppose que c’était en raison de l’héritage peu reluisant de mes parents. À cause de leur mauvaise réputation, aucune maison ne voulait m’accueillir. Si je pouvais aller n’importe où, je serais déjà en route, mais le passé de la maison Banfield nous avait isolés de la société noble. En plus d’apprendre les tenants et les aboutissants de la vie de seigneur, je voudrais établir des relations avec d’autres maisons pendant que j’étais dans le domaine d’un autre noble.

Au moins, Amagi et mon majordome Brian semblaient encore passionnés par ce sujet.

« Trouve juste une maison au hasard. Ça ne sert à rien d’en faire tout un plat. »

« Brian s’occupe de ça en ce moment. Cela ne devrait pas prendre beaucoup plus de temps. »

Vais-je vraiment recevoir la formation dont j’ai besoin ? Eh bien, je me fiche de l’endroit où je vais, alors je suppose que je vais essayer d’être optimiste. Mais si j’avais le choix, j’aimerais apprendre des choses d’un seigneur du mal… Ce serait mieux pour moi, puisque j’ai l’intention d’en devenir un moi-même. Un bon seigneur ne serait pas un exemple valable pour moi.

« Je sais — je vais peut-être prier ce type. Ou je suppose, juste le lui demander, » avais-je marmonné.

Amagi avait penché la tête. « Quelque chose ne va pas, Maître ? »

« Ce n’est rien. »

« Je vois. D’ailleurs…, » Amagi avait changé de sujet, à mon grand désespoir. « Maître, avez-vous l’intention d’acheter d’autres armes ? J’ai reçu des avis des troisième et septième usines d’armement. »

Je m’étais empressé de détourner les yeux d’Amagi. « C’est bon, n’est-ce pas ? »

***

Partie 4

En vérité, j’avais commandé des cuirassés et des chevaliers mobiles sans le lui dire. Je me sentais comme un garçon qui se faisait gronder par sa mère pour avoir acheté des jouets sans permission.

« Je ne pourrais pas vous l’interdire, mais nous avons déjà un plan d’expansion militaire. Les achats non programmés d’armes de pointe perturbent ce plan. »

« Il suffit alors d’échanger les trucs neufs contre des trucs usagés. »

« Cela demandera aussi quelques efforts. Veuillez vous abstenir la prochaine fois. »

« J’ai compris. Je peux au moins acheter ce que j’ai dit que j’allais acheter, non ? Pas vrai ? Ce ne sera pas bon si je retourne leur dire que j’ai changé d’avis. »

Amagi ne portait toujours aucune expression sur son visage, mais il émanait d’elle une aura de « Que vais-je faire de toi ? »

« Oui, mais encore une fois, ne faites pas d’autres achats en dehors des limites de nos plans, Maître. » De toute évidence, je l’avais convaincue.

« Je ferai attention à partir de maintenant. »

Oui ! Maintenant, je n’ai pas à revenir sur ce que j’ai promis plus tôt. Ça aurait été vraiment pathétique. Je dois protéger ma dignité de seigneur du mal.

C’était peut-être en premier lieu un peu pathétique qu’Amagi gère mes achats d’armes.

 

☆☆☆

 

Sur la planète d’origine de la Maison Banfield, il y avait un manoir si grand qu’il aurait pu contenir une ville entière. Le manoir était pratiquement une ville en soi, en fait, et appartenait au comte — moi.

Après avoir écrasé ces pirates de l’espace, j’étais revenu dans ce manoir, où j’avais commencé à travailler dans mon bureau avec Amagi à mes côtés. Assis à mon bureau, j’examinais des documents électroniques. J’avais peut-être l’air d’un adolescent, mais en tant que seigneur régnant, j’avais toujours beaucoup de travail à faire.

Après avoir fini de m’occuper de mes affaires, et alors que je m’étirais, Amagi s’était adressée à moi.

« Bien joué, Maître. C’est tout votre travail pour ce matin. »

« J’ai terminé plus vite que prévu. »

« Vous avez terminé avec vingt-quatre minutes d’avance sur le programme. C’est une indication claire de l’amélioration de votre productivité. »

« Eh bien, je suis assurément de plus en plus doué pour ce genre de choses. »

Ce n’est pas ma vie antérieure de gratte-papier qui m’avait permis d’assumer ces responsabilités, en fait, mes connaissances de la vie antérieure étaient pratiquement inutiles ici. Non, c’était grâce à ce que j’avais appris dans ma capsule éducative.

Dans ce monde, ces appareils installeraient des connaissances directement dans votre cerveau, la quantité dépendant du fait que vous y passiez quelques mois ou quelques années. Les capsules éducatives renforçaient également votre corps.

Une fois sorti de la capsule, il fallait faire attention. Non seulement vous aviez besoin d’une rééducation physique, mais si vous n’utilisiez pas les connaissances que vous aviez acquises, vous les perdiez. Il était important de renforcer les connaissances en les utilisant. C’est comme si vous aviez un dictionnaire sur vous : si vous ne l’ouvrez pas, il est inutile.

Néanmoins, c’était beaucoup plus efficace que l’éducation dans ma vie antérieure, et cela prenait beaucoup moins de temps. Avec toutes les connaissances que j’avais « téléchargées », je pouvais faire mon travail de seigneur, ce n’était pas dû à un talent spécial ou autre.

« Votre amélioration est due à votre travail assidu chaque jour, » m’avait encouragé Amagi. Elle était peut-être inquiète parce que je me sentais un peu pathétique.

« Peu importe. N’importe qui pourrait en faire autant s’il utilisait une capsule éducative. »

« Selon les données disponibles, je pense que vos capacités actuelles sont bien supérieures à la moyenne. »

« Eh bien, si tes données le disent, je me sens un peu mieux. »

Après tous ces efforts, je ne pouvais prétendre qu’à un niveau « supérieur à la moyenne ». J’avais dépensé de l’argent et utilisé plusieurs fois une capsule éducative, et je travaillais tous les jours, mais je n’étais toujours pas meilleur que ça. Si j’étais un vrai génie, je réussirais sans doute mieux.

Au moment où j’allais prendre une pause, quelqu’un avait demandé à entrer dans mon bureau. J’avais donné ma permission et mon majordome, Brian Beaumont, était entré. Il était mince, vêtu d’une belle queue de pie, avec des cheveux gris en arrière. Il avait l’air d’approcher de l’âge d’or, mais avec la technologie anti-âge disponible dans ce monde, cela signifiait qu’il était en fait d’un âge plutôt incroyable. Brian travaillait pour la Maison Banfield depuis avant ma naissance. Il se tenait devant moi maintenant avec un sourire aimable sur le visage.

« Bonne nouvelle, Maître Liam ! Nous avons pris les dispositions nécessaires pour votre formation de noble ! »

Il semblerait que Brian ait enfin trouvé une maison qui m’accueillerait. Vu comme il avait l’air heureux, ça devait être une bonne maison.

« Je vois. Alors, où est-il ? » J’avais demandé en faisant tourner mon corps encore enfantin sur ma chaise.

Je pouvais voir les épaules de Brian s’affaisser de déception face à mon attitude. « Vous n’avez pas l’air très intéressé. »

Bien sûr, ça ne m’intéressera pas d’étudier dans la maison d’un autre noble. « Je dois dire que ça n’a pas l’air très attrayant. À quoi dois-je m’entraîner ? Je veux dire, c’est juste aller dans la maison de quelqu’un d’autre et y vivre dans le luxe, non ? En gros, c’est des vacances. »

Il suffisait de pouvoir dire que l’on s’était entraîné avec quelqu’un. Cela semblait juste être une coutume pour renforcer les liens entre les différentes maisons.

Brian avait essayé d’approfondir ma compréhension de la convention. « Ce n’est pas vrai. La maison dans laquelle vous allez séjourner pour votre formation est assez populaire, Maître Liam. D’après ce que j’ai entendu, vous pourrez y recevoir une instruction appropriée. »

« L’endroit où je vais n’a pas d’importance. Payez-leur suffisamment d’argent, et ils seront heureux de m’accueillir et de me divertir. Ce ne sera pas très confortable de vivre dans le domaine d’un autre, mais je le supporterai pendant trois ans. »

Cette formation de nom ne devait être endurée que pendant au moins trois ans, je serais donc à la merci d’une autre maison pendant cette période. La seule question était de savoir quel genre d’endroit serait cette autre planète.

« Alors ? Quel genre de maison vais-je habiter ? »

Brian m’avait présenté quelques dossiers. « Vous allez séjourner dans le domaine de la maison Razel. C’est un endroit très populaire pour les jeunes nobles pour étudier, et ils acceptent des dizaines d’étudiants chaque année. Le vicomte possède un certain nombre de planètes et d’astéroïdes aux ressources abondantes, et son domaine produit une grande quantité de métaux transformés pour l’exportation. »

Selon l’explication de Brian, les Razel étaient riches, mais le territoire de la maison était entouré des domaines d’autres familles, et n’avait donc aucun potentiel d’expansion. L’expansion étant difficile, le seigneur avait du mal à dépasser le statut de vicomte.

« Une maison qui ne peut plus s’agrandir, hein ? En attendant, nous venons de commencer à étendre notre propre territoire. » J’avais lancé un regard à Amagi, qui avait hoché la tête. Elle semblait avoir compris ce que je voulais dire.

« Oui. Le territoire de la Maison Banfield est vaste, avec un grand potentiel d’expansion. Nous possédons plusieurs planètes habitables, mais comme elles n’ont pas été touchées jusqu’à présent, il faut les développer. »

Jusqu’à récemment, je ne m’étais concentré que sur le développement de ma planète d’origine, mais maintenant que j’avais plus de fonds, je commençais à m’intéresser aussi aux autres planètes. J’avais déjà déplacé quelques colons sur l’une d’entre elles, qui avaient commencé à en faire une colonie habitable. J’étais reconnaissant quant à cet argent supplémentaire.

« Nous allons continuer à travailler au développement de mon domaine. Quant au Vicomte Razel… Je suis impatient de voir quel accueil il me réservera. »

« Vous devriez utiliser la capsule éducative une fois de plus avant cela, » avait suggéré Amagi.

« Dois-je encore dormir pendant un certain temps ? »

« Seulement une courte période cette fois. Vous pouvez tout me confier pendant votre sommeil, Maître. »

Eh bien, je ne voulais pas apporter plus de honte sur ma maison pendant mon entraînement, alors j’avais décidé de suivre sa suggestion. « Très bien, je te confie les opérations, Amagi. »

J’étais sûr que les opérations se dérouleraient bien si Amagi s’en occupait, mais Brian avait l’air un peu désespéré.

« As-tu quelque chose à dire, Brian ? »

« Maître Liam, vous pourriez aussi compter sur moi un peu, n’est-ce pas ? »

Pourquoi ce type est-il si émotif ?

« Tu peux juste être tranquille et faire ton travail. »

Brian avait boudé. « Si froid, Maître Liam… »

 

☆☆☆

 

Dans la pièce voisine, un homme avait écouté la conversation de Liam avec ses assistants personnels. Il portait une queue de pie rayée et un chapeau haut de forme qui cachait ses yeux, et il portait un sac de voyage dans une main. Cet homme à l’allure suspecte se faisait appeler « le Guide ».

Ce Guide était l’entité surnaturelle qui avait réincarné Liam dans ce monde. Ce n’était cependant pas une créature bien intentionnée, malgré la façon dont il s’était présenté. En fait, il était plutôt l’incarnation du mal. Il se nourrissait d’émotions négatives, et à cette fin, il envoyait la vie des gens dans une spirale de ténèbres avec un sourire sur son visage.

Les souffrances de Liam dans sa vie passée étaient toutes le fait du Guide. Le Guide avait tiré les ficelles jusqu’à la trahison de Liam et sa mort solitaire et misérable. Cependant, Liam ne savait rien de tout cela et se sentait en fait reconnaissant envers le Guide, le considérant comme un sauveur qui avait rendu sa seconde vie possible.

Quant au Guide, il était tourmenté par les sentiments de gratitude de Liam. Il avait été si affaibli par eux qu’il ne pouvait plus invoquer l’étendue de ses pouvoirs. De plus, il était devenu si effrayé par le garçon qu’il était obligé de se cacher dans la pièce voisine lorsqu’il écoutait aux portes, dans l’espoir de ne pas être repéré.

Cependant, en apprenant que Liam était sur le point d’aller étudier dans une autre famille noble, le Guide avait imaginé un tout nouveau plan, et les coins de ses lèvres s’étaient relevés en un sourire en forme de croissant de lune.

« C’est ma chance. »

Bien qu’il souriait, il se serrait la poitrine en pleine agonie. La gratitude de Liam l’avait envahi, le rendant physiquement malade. Maux de tête, nausées, vertiges, palpitations, essoufflement… Si les émotions négatives étaient un festin somptueux pour le Guide, les sentiments positifs, comme la gratitude, étaient un poison pour lui.

Auparavant, il traversait les mondes et faisait ce qu’il voulait. Il prenait son pied en rendant de nombreuses personnes malheureuses. Mais à présent, il avait perdu la plupart de ses pouvoirs et ne pouvait plus se déplacer entre les mondes. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était d’attendre sa chance de retrouver son pouvoir — pour se venger de Liam. Cette vengeance ne serait pas accomplie tant qu’il n’aurait pas plongé Liam dans le désespoir et consumé ses émotions négatives. Pourtant, le Guide avait un sérieux obstacle à franchir.

« J’ai cette chance, mais je ne peux toujours pas me pousser en ce moment. Merde, Liam, pourquoi dois-je me sentir si misérable, tout ça à cause de toi ? »

Avec sa force si compromise, le Guide ne pouvait pas dépenser beaucoup d’énergie pour faire souffrir Liam. Il ne pouvait guère faire plus que des farces maintenant. Pourtant, le Guide ne voulait pas abandonner.

« Il doit y avoir un moyen. J’aurai ma vengeance, Liam ! »

Le Guide colla son oreille au mur, écoutant à nouveau la conversation de Liam, sa soif de vengeance brûlant en lui. Ils discutaient de la maison Razel, où Liam irait pour sa formation de noble.

« Hmm, donc Liam va quitter son domaine. Si je dois intervenir, je devrais peut-être le faire là-bas plutôt que sur son terrain. » Le Guide considéra ses options, marmonnant pour lui-même. « Oui ! Je vais me rendre chez le vicomte Razel avant même qu’il n’arrive. J’espère que tu es prêt, Liam, je vais te rendre malheureux cette fois, c’est sûr ! »

Et j’espère t’achever là, pensa le Guide en s’élevant et en traversant le plafond.

Dans l’ombre, une petite lumière blanche observait le Guide qui s’en allait. Cette lumière planait dans l’air, fixant le plafond où le Guide était passé.

Quant à sa forme, ça ressemblait à un chien.

***

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