Chapitre 138 : Les horreurs de Drakaros
Partie 1
[AVERTISSEMENT ! Ce chapitre n’est pas pour les faibles de cœur !]
[Lourd impact psychologique]
[Point de vue d’Ayuseya]
Dans toute monarchie qui se respecte, il y avait certaines procédures et certains rituels qui avaient lieu lorsqu’un membre de la famille royale partait ou revenait au Palais Royal. Dans le royaume de Teslov, cependant, elles étaient un peu vagues, même pour moi. La raison en est qu’il n’y avait pas beaucoup de situations dans le passé où les femmes de ma famille se séparaient de la sécurité de la capitale, alors que celles qui y étaient accueillies ne pouvaient pas partir pour diverses raisons.
Il n’y avait donc pas eu de grande réception pour me souhaiter la bienvenue, ni de ministres ou de nobles pour me saluer, ni de foule de roturiers pour déposer un tapis de pétales de fleurs devant moi. Dès que j’avais mis les pieds dans le palais des Pleyades, les gardes s’étaient dispersés, puis une jeune femme de chambre m’avait guidée vers l’une des chambres d’hôtes vides. Mon ancienne chambre avait apparemment été donnée à l’une des femmes de mon petit frère pendant mon absence.
Mes ordres, lorsque j’étais restée au Palais des Pleyades, étaient simples : Restez dans votre chambre jusqu’à ce que Sa Majesté vous appelle.
Ainsi, pendant trois jours depuis mon arrivée à Drakaros, la capitale du royaume de Teslov, je n’avais fait qu’attendre patiemment dans les limites de ma chambre l’occasion de parler avec Sa Majesté, le roi Braydan.
À part cette jeune fille, qui n’avait même pas esquissé une émotion ou osé me regarder dans les yeux, aucun noble ou roturier ne s’était approché de moi. La nourriture qu’on m’avait donnée semblait à première vue assez luxueuse, mais je n’en avais pas pris une seule bouchée. Ce que je préférais, c’était la cuisine de Tamara.
Le Conseil des Anciens et très probablement aussi Sa Majesté s’attendaient à ce que j’agisse comme une faible poupée politique qu’ils pourraient manipuler à leur guise. Une erreur de leur part dont j’entendais profiter pleinement au bon moment.
Ainsi, le quatrième jour, le matin, j’avais dit à la bonne que j’allais jeter un coup d’œil dans le palais.
« Je vous demande pardon, madame, mais l’ordre sont… »
Avant qu’elle n’ait pu finir ses mots, je lui avais coupé la parole en lui demandant. « Quel est votre rang, femme draconienne ? »
« Hein ? Euh…, » elle me regarda avec de grands yeux, surprise et confuse par la question soudaine.
« Répondez-moi ou bien êtes-vous sourde ? » J’avais mis un peu de pression dans le ton de ma voix.
« Euh… Je suis une… La fille d’un baron, » elle répondit avec hésitation.
Dans l’enceinte du palais, il n’y avait pas de roturiers. Même les soldats et les gardes qui se promenaient en portant l’emblème royal sur leur armure portaient le sang des nobles dans leurs veines.
« Et moi, alors ? Quel est mon rang, femme draconienne ? » avais-je alors demandé.
« P-Princesse… des… »
« Alors pourquoi vous, la fille d’un baron, me dites-vous que je ne peux pas me promener dans le château où je suis née ? De plus, n’oubliez pas que je suis aussi une figure politique étrangère de grande importance ! Un seul mot de ma part à l’empereur de Paramanium pourrait ruiner tout le royaume de Teslov ! Je vous le redemande donc, qui êtes-vous pour oser me dire quoi faire ? » J’avais haussé le ton de ma voix et mis un peu de pression.
La vague d’intimidation qui s’était abattue sur elle avait été assez puissante pour la faire trembler et réfléchir à deux fois avant qu’elle n’ouvre à nouveau la bouche.
La femme de chambre était restée silencieuse.
« C’est ce que je pensais, » et avec cela je l’avais laissée derrière moi.
En général, une princesse prisonnière de son propre château faisait tout son possible pour améliorer ses relations avec les serviteurs qui y vivent, dans l’espoir que l’un d’entre eux puisse l’aider en cas de besoin. La raison pour laquelle le serviteur tendrait une main secourable tout en sachant qu’il pourrait être accusé de trahison pour avoir agi ainsi était que sous la protection de la princesse, si elle gagnait, ils seraient épargnés et même grandement récompensés.
Par contre, si la princesse était piégée dans un autre château, on pourrait penser qu’elle est en danger. La vérité, cependant, est qu’un tel individu serait bien trop important pour être maltraité. Ainsi, la princesse qui était piégée dans un autre château pouvait utiliser sa propre fragilité et son importance présumées comme une arme contre les serviteurs qui y vivaient. Tenter de se lier d’amitié avec eux ne lui servirait à rien, car ils n’avaient aucune allégeance à sa lignée. S’ils l’aidaient, il n’y aurait que des dangers qui les attendaient. Quelqu’un qui enlèverait une princesse n’hésiterait pas à faire de la famille d’un traître un exemple de ce qui peut arriver à ceux qui avaient de telles pensées. La plupart du temps, cela signifiait une exécution publique sanglante, humiliante et très douloureuse pour tous.
Dans mon cas, j’étais une princesse piégée dans un autre château, mais il n’était pas nécessaire d’attendre que mon prince charmant me sauve. Il était en train de s’occuper des enfants à la maison.
J’étais donc sortie de la pièce et j’avais commencé à « explorer » mon ancien château. Sachant que si je devais rencontrer les gardes, ils essaieraient de me ramener dans ma chambre, je m’étais déplacée avec une discrétion absolue.
Le Palais des Pleyades était un bâtiment incroyablement grand qui pouvait englober environ cinq bâtiments principaux de l’Académie d’Illsyorea. Les jardins derrière le palais ainsi que les champs d’entraînement autour étaient suffisamment grands pour accueillir une armée entière.
Cette taille incroyable signifiait également qu’il y avait beaucoup d’espace inutilisé et de pièces vides. Pour faciliter les interactions avec les habitants, le palais en entier avait été séparé en sections plus densément peuplées et en sections n’abritant pas une seule âme.
J’utilisais actuellement l’un de ces espaces vides pour éviter de croiser les gardes et les nobles. Mon désir n’était pas d’aller explorer cet endroit, mais plutôt de sortir des murs et de visiter les différentes parties de Drakaros. J’étais curieuse de voir comment vivaient les roturiers et aussi quelle était la situation avec les nobles. Ma prochaine action dépendrait de ce que je viendrais voir et de ce qu’on me dirait lors de l’audience avec Sa Majesté.
La raison pour laquelle j’étais ici dans le Royaume de Teslov était de m’assurer que le Conseil des Anciens n’allait pas essayer de me menacer à nouveau ou d’envoyer des assassins après moi et ma famille. Pour nous cinq, ils n’étaient rien d’autre que des parasites, mais ni nos enfants ni nos étudiants ne pouvaient encore se défendre contre eux.
En marchant dans les couloirs vides, j’avais utilisé le [Sonar d’êtres vivants] pour voir s’il y avait des gardes ou des serviteurs autour de moi. C’était un peu plus difficile pour moi d’utiliser cette compétence que pour Shanteya, qui était devenue très compétente dans tous les sorts de furtivité qu’elle avait développés avec Illsy. La zone couverte était beaucoup plus petite, mais en ce qui concerne son utilisation au combat, on me disait souvent que j’étais l’« Artillerie » du groupe plutôt que le « DPS principal ». Quant à Nanya, elle était ce qu’il appelait le « tank berserker » qui avait toujours agacé les mobs dans le donjon et avait souvent fait tuer le groupe. Zoreya était le « Tank causant 0 dégât », Tamara était la « mascotte », et il était la « combo de DPS et de soigneur ».
Étonnamment, il n’était pas si difficile de comprendre la signification de tous ces mots bizarres une fois qu’il nous les avait expliqués.
D’après ce que j’avais pu détecter, les seuls êtres vivants dans cette zone, à l’exception de quelques oiseaux et d’un tas d’insectes creusant le sol, étaient quatre gardes draconiens qui patrouillaient en deux équipes distinctes. D’après la façon dont ils se déplaçaient, j’en avais déduit que j’allais rencontrer l’un d’entre eux dans une dizaine de minutes.
Il n’est pas nécessaire d’attendre qu’ils passent, je vais juste me cacher dans une pièce vide et m’y changer. J’avais pensé ça en ouvrant calmement la porte de la première pièce que j’avais rencontrée.
À l’intérieur, j’avais enlevé mon déguisement et j’avais mis une armure de cuir renforcée par des écailles de métal. Les enchantements étaient tous fabriqués par Illsyore et lui permettaient de résister à mes mouvements au combat. Il ne me restait plus qu’à mettre ma cape à capuche brun foncé, mais au moment où je l’avais sortie de mon cristal de stockage, j’avais entendu les gardes parler dehors.
« Je n’arrive pas à croire que la princesse Ayuseya soit de retour, » déclara l’un d’entre eux.
« Pesnses-tu qu’ils nous laisseront se la faire au Bal ? » demanda l’autre.
Un bal ? J’avais cligné des yeux surpris. Les membres de ce stupide Conseil des anciens ont-ils un désir de mort ? m’étais-je demandée.
« Qui sait ? Le truc, c’est que… et ne vas pas raconter ça à n’importe qui, mais j’ai entendu dire que Borgis s’était un peu amusé avec l’une de ses servantes quand elle a été capturée il y a quelques années. »
S’est-il amusé ? Est-ce qu’il parle de… mon esprit était allé à la pauvre Soleya.
« Borgis ? Ce type nous vole tout le plaisir ! Ses servantes étaient aussi mignonnes. Mais où est stationné Borgis maintenant ? » demanda-t-il avec curiosité.
« Il a été transféré comme capitaine des gardes sur le deuxième mur », avait-il répondu.
« Ce salaud ! Il ne nous a même pas offert un verre pour avoir obtenu une promotion aussi généreuse ! » L’autre avait râlé.
« Oh, en parlant de ça ! J’ai entendu dire que Runmall torturait à nouveau un roturier… »
Ils continuaient à parler de leurs collègues plus ou moins corrompus que Borgis, mais il était le seul qui m’intéressait. À la fin, le son de leurs voix devenait de plus en plus faible à mesure qu’ils s’éloignaient de moi.
Le deuxième mur, c’est celui qui sépare la zone noble de la zone commune. Je vais peut-être aller lui rendre visite ? pensais-je en me souvenant de ce que Soleya m’avait dit à l’époque, à la douleur et à la honte qu’elle ressentait en étant touchée par une racaille comme lui.
Au lieu de sortir de la pièce, je m’étais dirigée vers la fenêtre et j’avais sauté dehors. En m’approchant furtivement, je m’étais dirigée vers le mur du palais et j’avais sauté par-dessus, atterrissant dans la zone noble.
Voyons comment les nobles vivent leurs jours, pensais-je…
Les bâtiments de ce côté de la ville étaient suffisamment hauts pour qu’un draconien de taille moyenne se sente à l’aise et un humain comme s’il marchait au pays des géants. Des colonnes de marbre blanc décoraient les entrées de chaque bâtiment construit dans cette zone comme s’il s’agissait d’un témoignage de la pureté de leur noble lignée. L’air était pur et avait un parfum de fleurs, mais pour qu’il le reste, d’innombrables serviteurs étaient employés et obligés de nettoyer après les nobles cupides.
Pour mieux les écouter, j’avais voyagé sur les toits pointus de leurs prestigieux bâtiments et je les avais observés mener leur joyeuse vie. D’un point de vue extérieur, cela aurait pu ressembler au paradis, mais à mes yeux, c’était loin d’être le cas.
Le paradis se trouvait à Illsyorea, où chacun avait une chance de réaliser ses rêves. Le Paradis était dans un pays où chacun avait une chance de sourire et d’être heureux. Il n’y avait pas de paradis ici, où le rire joyeux des nobles se construisait sur l’agonie de leurs serviteurs.
Alors que je sautais de toit en toit, en écoutant leur conversation, j’avais entendu quelque chose qui m’avait intéressée au plus haut point.
« Vous savez ? J’ai entendu quelque chose d’intéressant l’autre jour, » déclara une vieille femme draconienne qui portait une robe de bal remplie de froufrous et de broderies dorées.
« Qu’avez-vous entendu ? » répondit une autre femme draconienne qui portait une tenue similaire.
« J’ai entendu dire que l’état de santé de la princesse Vellezya s’aggrave de jour en jour. »
« En effet. Vous savez, ma fille est l’une de ses domestiques personnelles. Et… » elle s’était arrêtée et avait regardé autour d’elle.
« Et ? » demanda l’autre femme, pleine de curiosité.
Une fois qu’elle avait été certaine que personne d’autre n’écoutait, elle avait continué. « Et elle l’a vu un jour vomir du sang. C’est terrible de penser que nous avons une princesse aussi faible. » Elle secoua la tête.
« La honte de notre Royaume. »
« Non, la honte de notre royaume, c’est la princesse Ayuseya Pleyades. Cette misérable femme a donné son corps à un fou étranger nommé Illsyore au lieu d’un draconien de sang pur ! » cracha-t-elle.
« Oh, à ce propos, j’ai entendu dire qu’elle était retournée au palais. Elle a une longue vie. » Elle avait fait un signe de tête.
« Pas d’inquiétude, elle sera envoyée au bal et elle vomira elle aussi du sang ! Ohohoho ! » Elle se mit à rire.
J’avais simplement poussé un soupir et j’avais secoué la tête.
merci pour le chapitre
sympa les nobles de ce pays….