J’ai été réincarné en une Académie de Magie ! – Tome 6 – Chapitre 110

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Chapitre 110 : Menace imminente

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Chapitre 110 : Menace imminente

Partie 1

[Point de vue d’Illsyore]

La ville de Polis présentait beaucoup de marchandises que je n’avais pas vues à Port Rico. Il y avait même un magasin de musique qui vendait des violons et des guitares acoustiques. Puisqu’il y avait une chance que Lumia soit la professeure de danse et qu’Ayuseya allait probablement donner des leçons de violon, j’avais dû faire des provisions d’instruments de musique et finalement apprendre à les fabriquer. À ma grande surprise, Savannah était aussi très habile à la guitare, mais il n’y avait personne parmi nous qui connaissait le piano.

Au magasin de musique, j’avais acheté tous les instruments que j’avais pu trouver ainsi que tous les livres sur la musique exposés ici. La mâchoire du marchand avait simplement baissé quand il avait entendu ma commande, et son cerveau s’était mis en mode veille. Sa femme avait pris sa place et avait terminé la transaction, mais j’avais quand même dû lui expliquer que je ne voulais pas acheter la propriété, seulement les biens.

En me promenant dans la ville après avoir quitté le magasin de musique, j’avais visité une librairie et acheté presque la moitié des livres qu’ils avaient. L’autre partie était remplie de toutes sortes d’idées sur la suprématie humaine. J’avais poliment dit au propriétaire du magasin qu’il devrait éviter ce genre de livres, sinon les clients étrangers éviteraient très probablement sa place.

« Quoi !? Mais ce sont là de grands chefs-d’œuvre de l’idéologie de la supériorité humaine ! Ils expliquent clairement et à travers des exemples concrets comment NOUS sommes beaucoup plus avancés et meilleurs que les autres espèces ! » répondit-il dès que je lui proposai d’arrêter de les vendre.

« Euh… En quoi un être humain est-il plus supérieur qu’un elfe, un el’doraw ou un draconien quand il s’agit d’espérance de vie et de force brute ou de pouvoir magique sans entraînement ? » avais-je répondu d’une voix calme en plissant les sourcils.

« C’est-à-dire… Euh… Je crois que c’est écrit quelque part ! Il doit y avoir un exemple qui montre que les humains sont supérieurs à eux ! » avait-il déclaré.

« Oh, et comparez les rapports de populations en nombre égal, » avais-je ajouté en souriant.

« Qu’est-ce que vous voulez dire ? » demanda-t-il en sortant le nez d’un livre.

« Simple. Ne comparez pas deux elfes d’un groupe de cent avec cent humains d’un groupe de dix mille. Ces valeurs ne sont pas exactement les mêmes et les nombres ne peuvent fonctionner qu’en état de guerre et non en comparant les individus des deux côtés, » lui avais-je dit.

« Je… Je n’y avais jamais pensé, » il avait plissé son front en me regardant dans les yeux.

« Comme pour les livres, mon ami. C’est une question de qualité, pas de quantité. Je ne dis pas que les humains ne sont peut-être pas meilleurs que d’autres espèces pour certaines choses, mais je ne crois pas qu’il faille prendre des faits erronés ou mal compris pour des vérités simplement parce qu’ils mettent l’humanité sous un meilleur jour, » j’avais souri.

Avec ce dernier échange d’opinions, j’avais quitté la bibliothèque avant que la conversation ne se transforme en un débat sans fin. Je ne voulais pas non plus me lancer dans la politique, les idéologies morales et les aspects culturels de chaque civilisation et de chaque espèce.

J’avais aussi visité une boutique de tailleur et j’avais acheté tous les rouleaux de tissu qu’elle avait, tous les kits de couture qu’elle avait exposés, et plusieurs ensembles de vêtements destinés aux enfants et aux adultes. Pour une raison quelconque, elle était si reconnaissante que j’avais fait cet achat qu’elle s’était mise à pleurer.

« Pourquoi êtes-vous si heureuse ? » lui avais-je demandé par curiosité.

Bien que je savais qu’en tant que commerçante, elle serait heureuse d’avoir un client comme moi, mais je ne pensais pas que ce serait quelque chose qui la ferait pleurer de joie.

« Avec l’argent que ce gentil monsieur m’a donné, je peux enfin payer ma dette en entier et me concentrer sur la fabrication de meilleurs vêtements pour mes clients ! C’est un rêve devenu réalité ! Je suis sûre que la déesse de la justice Nazra vous a envoyé sur mon chemin ! » elle répondit avec un sens clair de bonheur et de joie dans son regard et dans le ton de sa voix.

Je ne pense pas qu’elle ait quelque chose à voir avec ça, très probablement…, avais-je pensé et je l’avais laissée croire ce qu’elle voulait.

Si cela lui faisait donner plus d’offrandes aux dieux, alors c’était une situation gagnant-gagnant.

J’avais donc quitté la boutique et poursuivi mon voyage à travers cette merveilleuse ville de Polis qui était en fait les vestiges remodelés d’un ancien royaume.

Quand on y pense, c’était un peu charmant. Le travail détaillé de l’architecture des elfes était encore visible ici et là, en particulier sur les constructions de nobles riches ou de roturiers bien établis. Mais c’est à peu près tout ce que je pouvais complimenter à propos de cet endroit, tout le reste était un grand NON pour moi.

Je n’étais pas très heureux de toute la discrimination et de la haine qui se produisaient dans tout l’empire. Sans parler de l’agaçante suprématie humaine qui n’arrêtait pas de germer tout autour de moi. Comme je l’avais dit à ce type à la bibliothèque, s’il voulait prétendre que l’espèce humaine était la plus grande et la meilleure de toutes, il fallait qu’elle soit numéro un en tout, qu’il s’agisse de littérature ou de guerre. On pourrait dire la même chose d’un royaume ou d’un empire. Vous ne pourriez pas déclarer que c’est le meilleur sans vraiment le prouver.

Le simple fait d’avoir la capacité d’intimider les autres ne faisait pas d’une espèce ou d’un pays « le plus grand », cela en faisait simplement un tyran…

À l’heure actuelle, si ces crétins humains ne comprenaient pas cela, ils finiraient certainement par mener une guerre qu’ils ne gagneraient jamais parce que même les dieux eux-mêmes étaient contre une façon de penser aussi égoïste et narcissique.

Eh bien, techniquement, c’était tout à fait correct de prétendre cela d’un point de vue factuel, mais il aurait fallu que vous en ayez la preuve. Actuellement, il n’y avait pas « le plus grand » seulement « le meilleur dans un certain domaine… pour l’instant ».

Regarder autour de moi tous ces humains coincés qui se promenaient avec leurs esclaves comme s’ils étaient une sorte de chien d’une race rare me rendait malade. Ce n’était pas quelque chose de moralement acceptable. Ce n’était pas juste, cependant, je pouvais clairement voir comment des nobles et de riches roturiers avec de telles croyances pouvaient poser un problème à mon académie.

Se promener dans cette ville et voyager à travers cet empire problématique m’avait servi à de multiples fins, plus que je ne l’avais prévu au départ. Bien sûr, je pourrais imposer mes croyances avec force. Qui allait m’arrêter si je leur déclarais ouvertement la guerre selon les lois de Melkuth ?

Personne…

Mais alors, qui me suivrait si je gagnais ?

Pas tant que ça…

Par conséquent, je devais faire s’effondrer de l’intérieur toutes les croyances de cet empire. En d’autres termes, je devais leur prouver et leur faire croire en quelque chose d’autre, quelque chose qui leur apporterait des avantages pour leur personne. Après tout, un humain était comme un Donjon. Il aurait d’abord besoin de satisfaire ses propres besoins et peut-être alors, s’il en avait le temps et la volonté, de se soucier des autres.

« Salutations, messieurs ! Bienvenue à la Maison des Esclaves de Mister Bullion ! » dit le portier à un endroit plutôt à la mode.

On aurait dit qu’une licorne avait vomi dessus…

« Ouais… Je n’ai jamais vu autant de couleurs mélangées depuis…, » j’avais fermé ma bouche et je m’étais simplement souvenu du « niveau qui n’existe pas » dans un certain jeu.

« N’est-ce pas merveilleux, monsieur ? Le maître a certainement l’un des plus beaux goûts à la mode de tout l’empire ! » dit-il en riant.

Puis nous étions entrés… et ça ressemblait à un troupeau de licornes gerbant partout, puis s’enivrant et se transformant en meubles bizarres.

J’étais certain à 100 % que je n’allais jamais trouver quelque chose comme ça ailleurs dans le monde. En fait, j’allais m’assurer de ne visiter aucun endroit comme celui-ci.

Et peu de temps après, j’avais rencontré le propriétaire de cet endroit, qui… avait l’air étonnamment normal et portait un costume blanc élégant plutôt cher. D’une manière ou d’une autre, les choses n’avaient pas été dans le bon sens, et je pensais que c’était juste un autre client, mais il s’était présenté comme le Mister Bullion à la mode.

Pour parler franchement, le gars avait un bon sens de la mode, mais d’une certaine façon, il considérait la « décoration intérieure » comme la « mode de la maison ». En gros, il prétendait « habiller » la maison avec de meilleurs « vêtements ». Donc oui, tant que quelqu’un éloignait cet homme de l’architecture, les choses avaient une chance de ne pas se transformer en une explosion de gerbe de licorne ou pire.

Ce n’était pas le seul marchand d’esclaves où j’étais passé. Il y en avait d’autres dans cette ville. Kantor était en effet la ville avec le plus grand nombre de marchands d’esclaves et d’esclaves, mais cela ne voulait pas dire que j’avais réussi à visiter tous les magasins de la ville. J’avais choisi la qualité plutôt que la quantité. Cette fois, j’avais opté pour une variable intermédiaire. Malheureusement, je n’avais pas pu trouver tous les esclaves que je voulais dans un seul magasin, et il y en avait un où je n’en ai même pas acheté un seul. En conséquence, j’avais fini par voyager un peu et j’avais accumulé un peu de monde derrière moi.

À la fin de la journée, je m’étais trouvé très satisfait de mes achats, et les quelques chanceux que j’avais réussi à sauver auront bientôt la chance d’avoir une nouvelle vie une fois que nous serons arrivés à Port Rico. Pendant ce temps, j’avais retrouvé mes femmes.

« Yo ! Je suis de retour ! » avais-je dit en levant la main.

Le MCV était stationné sur le côté de la route menant à la porte sud. Tamara était aussi revenue de sa virée shopping. J’avais été surpris que nous ne nous soyons pas croisés, mais si elle voulait me trouver, cette chatte avait bien plus moyens que je ne pouvais compter et ouvrir sans ménagement toutes les portes de cette ville en un court laps de temps en faisait partie.

« Bon retour parmi nous, Illsy, et au nom d’un Melkuth chauve, qu’est-ce que c’est CELA !? » demanda Nanya en montrant du doigt le petit groupe de personnes derrière moi.

« Oh, eux ? Ce sont les nouveaux esclaves que j’ai achetés ! » avais-je répondu avec un sourire.

« Hm ? Ils sont… 16 individus, c’est ça ? » Ayuseya avait demandé après qu’elle ait fait un compte rapide.

« Vous en avez acheté autant ? Êtes-vous peut-être riche ? » commenta Keltaru.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » avais-je demandé en penchant la tête et en regardant les esclaves qui portaient des haillons pour s’habiller et qui semblaient ne pas savoir quoi espérer pour le lendemain.

Certains d’entre eux portaient les malades et ceux qui ne pouvaient pas se tenir debout à cause de leur faim.

« Illsy, y a-t-il quelqu’un parmi eux qui a besoin de soins médicaux immédiats ? » demanda Zoreya en les regardant, inquiète.

« Immédiatement non, mais ils ont besoin de nourriture, » avais-je fait remarquer.

« Allons dehors, et je peux leur faire un bouquet de soupe qui est bon pour le corps, nya ~ ! En attendant ! » dit Tamara, puis sauta dans mes bras et m’embrassa.

« Mmph !? » J’avais été surpris et j’étais tombé sur le dos.

Qu’est-ce qui lui a pris ? m’étais-je dit, voyant que ce baiser était un peu plus rude et agressif que ses habituels baisers qui demandaient à être dorlotés et caressés.

« Puha ~ ! » elle s’était placée en aplatissant ses oreilles sur la tête et m’avait montré un regard fiévreux. « Et nyaow ça ! » dit-elle, puis elle avait mordit ma main droite.

« YOUCH ! » avais-je crié.

« Oh mon Dieu ! Elle le marque, non ? » Shanteya l’avait fait remarquer.

« Qu’est-ce que c’est que ça ? Marque ? Pour quoi faire ? » avais-je demandé en me frottant la main, mais juste au moment où je pensais utiliser ma régénération pour l’effacer, Tamara avait pris ma main dans la sienne et m’avait regardé fixement… ou plutôt derrière moi ?

En y repensant, j’avais remarqué que les trois esclaves nekatares, que j’avais TOTALEMENT achetées pour des raisons 100 % légitimes et sans intention de « mofu mofu », avaient les oreilles relevées et faisaient attention à nous deux.

« Celui-ci est à moi ! Vous l’entendez ? Mon pote ! Hiss ~ ! » déclare Tamara.

Les trois nekatares déglutirent et aplatirent leurs oreilles sur la tête. D’un signe de tête silencieux, elles s’étaient soumises à la déclaration de ma femme.

« Était-ce vraiment nécessaire ? Je suis déjà ton mari. On ne peut pas me prendre si facilement, » j’avais montré à ma femme Nekatare inquiète un doux sourire et je lui avais tapoté la tête.

« Oui, mais mon mari est Illsy… Les compagnons forts attirent plus de femelles, » elle m’avait regardé fixement.

« Hein ? Je pense que je peux me débrouiller avec cinq femmes maintenant ? » lui avais-je dit en plissant les sourcils.

Tamara cligna des yeux surpris puis gloussa de rire.

Elle m’avait tapoté la tête et m’avait montré un sourire doux.

« C’est un bon pote. C’est un bon pote, » elle avait dit cela et en regardant Shanteya et les autres, elle avait dit. « Vous avez entendu ça, mes sœurs épouses ? Notre mari pense qu’il peut se défendre contre les attaques de charme féminin. N’est-il pas mignon ? »

« Hein ? » J’avais cligné des yeux.

« En effet, le pervers qui vole les culottes est une cible facile pour les femmes, » Ayuseya hocha la tête.

« Je suis d’accord. Tout indique qu’il est un pervers. Mhm ! » Nanya acquiesça d’un signe de tête pendant qu’elle prenait une pose réfléchie.

« S’il ose, je l’utiliserai comme clou et mon bouclier comme marteau ! » déclara Zoreya.

« C’est effrayant ! » m’étais-je plaint.

« Bien que, est-ce qu’une femme au hasard oserait-elle vraiment essayer de draguer NOTRE mari ? » demanda Shanteya, puis une aura vraiment dangereuse et effrayante émana de toutes mes épouses qui se regardaient l’une et l’autre.

Pendant un moment, tout le monde autour d’eux avait pris du recul. Même ceux qui étaient à une certaine distance de nous regardaient autour d’eux comme s’ils étaient observés par les yeux affamés d’une bête inarrêtable.

« Euh…, » j’avais levé un doigt, mais Tamara avait baissé la main sans me regarder.

Effrayant…, avais-je pensé.

Un instant plus tard, elles hochèrent toutes la tête comme si la conversation ne concernait qu’elles.

« Illsy, nous nous excusons, c’était mal de t’accuser. Si une femme essaie de s’approcher trop près de toi avec des intérêts romantiques en tête, nous nous assurerons qu’elle changera d’avis… d’une façon ou d’une autre, » Shanteya avait dit cela avec un sourire doux, mais cette aura effrayante l’entourait encore.

« D’ACCORD ? » avais-je dit, bien que, j’étais presque certain de ne jamais les tromper ou d’amener une autre femme parce que je n’avais aucune raison de le faire.

« Calmez-vous, les filles, vous allez faire peur aux nouveaux esclaves ! » Ayuseya leur avait dit avec un sourire quand elle avait fait revenir son aura à la normale.

Les autres hochèrent la tête et firent la même chose.

J’avais des femmes plutôt surprotectrices… ou grincheuses à l’idée de me retrouver avec d’autres femmes. C’était une bonne chose à garder à l’esprit si je ne voulais pas finir par vivre ce que c’était que de se transformer en clou.

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Partie 2

[Point de vue d’Ayuseya]

Illsyore était si mignon quand il pensait qu’on le surprotégeait. Nous n’étions pas vraiment du genre à le tenir en laisse comme ça, mais nous aimions le taquiner. S’il nous avait dit qu’il voulait augmenter le nombre de ses épouses, nous ne serions pas vraiment dérangés parce que nous lui faisions confiance pour ne pas se faire piéger par une chercheuse de richesses ou quelqu’un de suspect. Mais la nouvelle épouse devra quand même être approuvée par nous, comme cela avait été le cas pour Zoreya et Tamara. Bien que nous croyions fermement qu’il y avait très peu de chances que cela se produise.

Ce que nous avions fait avec notre petite impasse, c’était simplement pour intimider quelques individus qui étaient passés inaperçus par notre stupide mari.

Les femmes, peu importe leur espèce, savaient que l’une de leurs meilleures chances de survivre en tant qu’esclaves et même d’espérer avoir les plus minces chances de regagner leur liberté était de devenir l’amante de leur maître. Il y en avait plusieurs parmi celles achetées par notre cher mari qui semblaient viser ce but.

Du côté de la chance, ils allaient se voir accorder leur liberté une fois à Port Rico, mais pas en devenant l’amante d’Illsy. En fait, cette possibilité était hors de question pour elles, nous tournoyant autour de lui, surtout Nanya qui s’était un peu trop fait taquiner par nous.

En parlant de ça, son aura était la plus menaçante de toutes. D’un seul coup d’œil et d’un seul coup de fouet de sa queue dans l’air, elle avait fait comprendre d’autant plus clairement qu’Illsy était hors limite pour elles.

Ce n’était pas une sorte de traitement spécial que nous n’accordions qu’aux nouveaux esclaves, tout le monde en était bien informé par nous. Nous ne voulions pas que des malentendus surgissent pendant notre voyage ensemble.

« Ayuseya a raison. Détendez-vous un peu. Bien sûr, il y en a quelques-unes ici qui viseraient le plus vieux tour du monde, mais mesdames, ce mâle ne va pas mordre à l’hameçon, » dit Nanya en souriant alors qu’elle s’approchait de l’Illsy et lui tirait les mains autour d’elle. « Il est déjà à nous…, » elle lui donna alors un long baiser.

Quand leurs lèvres se séparèrent, elle gloussa et sortit de son étreinte, tandis qu’Illsy poussa un soupir.

« Je n’ai aucune idée de ce qui vous arrive toutes, mais vous n’avez pas besoin de vous sentir si menacées. Je ne vais pas vous tromper, vous savez ? » il nous avait montré un doux sourire.

« Nya ~ nous ne sommes pas inquiètes pour toi, mon pote ! » dit Tamara en agitant la queue en l’air.

« AHEM ! » Quelqu’un avait toussé et avait attiré notre attention.

C’était le majordome d’avant, mais maintenant il était accompagné de plusieurs hommes qui ressemblaient à des gardes et de ce noble contre qui j’avais gagné aux enchères, le marquis Gaharian. En le regardant maintenant, il ressemblait au noble typique qui était assez gros pour être confondu avec une boule de lard géante. Il était bien entretenu et habillé avec élégance.

« Qu’est-ce que ça veut dire ? » demanda Illsy en faisant un signe pour que les esclaves se dirigent vers les voitures.

Nanya plissa les sourcils et fouetta la queue en l’air.

« Je t’avais dit que ça arriverait, paysan. Mon maître, le marquis Gaharian est venu réclamer ce qui lui revient de droit ! » déclara le majordome, qui s’appelait Tobias Reluar si je me souviens bien.

« En effet ! J’ai été trompé par cette femme là-bas ! Que… Cette non-humaine ! Elle a volé mes esclaves ! » déclara le marquis.

« Illsy, ne le tues pas, » lui avais-je dit en chuchotant parce que je sentais le mana se concentrer dans son bras droit.

« Hm ? Pourquoi ne le ferais-je pas ? » demanda-t-il.

« Je sais ce que tu ressens, mais tu ne dois pas prendre une position offensive pour le moment. Ce serait aussi mieux pour accueillir les nouveaux esclaves. D’ailleurs, je ne me sens pas du tout offenser par le choix des mots qu’il a choisis, mais cela prouve plutôt son manque d’intelligence, » lui avais-je dit et j’avais doucement posé ma main sur son épaule.

Lâchant un soupir, Illsy se gratta l’arrière de la tête et hocha la tête.

« Je te remercie, » dit-il.

« De rien, mon cher, » je lui avais montré un doux sourire et j’avais regardé le marquis « Et quelles preuves avez-vous pour étayer vos affirmations ? » lui avais-je demandé.

« Une preuve ? Les paroles de mon seigneur ne suffisent-elles pas ? » demanda le majordome.

« Non. Je veux aussi des preuves. Alors ? Montrez-nous les documents originaux qui indiquent les noms, la date et le prix d’achat des esclaves dits volés. Et je veux voir l’original, pas un faux, » déclara Illsyore d’une voix forte alors qu’il croisait les bras à la poitrine.

« OSEZ-VOUS !? » cria le majordome en le pointant du doigt.

Les gardes semblaient prêts à sortir leurs épées et à nous sauter dessus, mais Illsy se contenta de les regarder.

« Vous déclarez donc que ce marquis est au-dessus des lois édictées par l’Empereur ? » demanda-t-il calmement.

En entendant cela, les murmures dans la rue commencèrent à se répandre et les gardes eux-mêmes s’arrêtèrent sur leurs pas.

« De quel genre de bêtises m’accusez-vous !? » cria le marquis en représailles.

« Comme je l’ai dit, déclarez-vous que votre parole est au-dessus des lois décrétées par Sa Majesté Impériale ? Si c’est le cas, je suppose que les gardes et les autres nobles de cette ville doivent en être conscients. Non, Sa Majesté Impériale elle-même doit en être consciente. Après tout, les lois qui déclarent comment un esclave est identifié et acheté ont été écrites par la main impériale, non ? » demanda-t-il en souriant.

« Eh bien… Oui, c’est vrai… Mais je n’ai jamais dit que j’étais contre les lois de Sa Majesté Impériale ! En fait, je suis un fervent partisan de Sa Majesté Impériale ! » le marquis déclara cela et il se donna un coup de poing sur la poitrine.

Hm ? Il semble que mes leçons avec Illsy aient été du temps bien dépensé, avais-je pensé qu’en analysant cette conversation depuis la ligne de touche.

Il y a six ans, il se serait retrouvé coincé au milieu de sa déclaration à cause de son incertitude envers les lois. Même si l’Empereur n’écrivait pas directement les lois, elles devaient être prises comme si c’était réellement le cas, et ses citoyens devaient les suivre comme telles. C’était la bonne façon de voir les lois dans une monarchie, et Illsy avait bien fait de s’en souvenir.

Le fait qu’il l’ait piégé avec une possible accusation de Lese Majeste était quelque chose de bien plus terrible pour le marquis que la simple accusation de vol qu’il nous lançait. Logiquement, s’il ne voulait pas se retrouver avec la peine de mort, il n’avait qu’à accepter la proposition d’Illsy de montrer lesdits contrats. Mais il n’y avait aucun moyen pour lui de les avoir, ce qui l’avait conduit à une fausse accusation et parce qu’il avait fait cette déclaration en public, cela allait naturellement porter un coup dur à sa réputation et probablement plusieurs rumeurs désagréables l’entourant émergeront ici et là.

En gros, c’était soit une exécution pour Lese Majeste, soit une honte publique. Le marquis avait creusé sa propre tombe avec celui-ci.

« Euh… Les contrats originaux… sont… disparus… euh… partis…, » dit-il en sueur froide.

« Alors vous n’avez aucun moyen de prouver votre revendication sur mes esclaves, qui sont déjà liés à moi par magie, et j’ai aussi chacun de leurs contrats avec moi. Regardez, » dit Illsy en sortant les contrats de son esprit intérieur et en les lui montrant.

« C’est là ! C’est une illusion, non ? » le majordome déclara.

« Hein ? Quoi ? Ça ? Non, elles viennent de mon cristal de stockage. Pourquoi utiliserais-je une illusion ? » demanda-t-il en inclinant la tête vers la gauche.

« Je n’écoute pas, vous mentez ! » l’accusa le Marquis.

« Pourquoi un Suprême aurait-il besoin de mentir sur quelque chose d’aussi pathétique que ça ? » demanda Illsy en plissant ses sourcils.

En entendant ce mot magique « Suprême », les gardes et les nobles s’étaient figés à leur place.

« S-Suprême ? » le marquis le répéta.

« Oui. C’est pour ça que je n’ai pas besoin de mentir sur quelque chose d’aussi trivial que ces contrats, non ? » sourit-il.

Dans l’Empire de Paramanium comme partout ailleurs sur les trois continents Thorya, Allasn et Sorone, le Suprême était une entité spéciale dans le pays qui était plus ou moins au-dessus des lois. Leur potentiel de combat était incontesté et les gardes ici étaient tous au plus de rang Empereur. Même s’ils avaient un million de vies, ils ne pourraient toujours pas se battre contre un Suprême qui pourrait faire agenouiller toute une armée de rangs Empereurs.

Comme je l’avais appris, certaines de leurs histoires étaient un peu exagérées, et leur force dépendait beaucoup de leurs compétences, mais en fait se battre contre une armée de rangs Empereurs n’était pas si loin. Si c’était Dankyun et son stock apparemment inépuisable de cristaux, ce serait peut-être une victoire serrée. Cependant, si c’était moi ou Illsy, alors même une armée de Divin ne serait pas un problème pour nous. Je ne mettrais pas ma main dans le feu contre une armée de Suprêmes cependant, certains étaient en effet beaucoup plus puissants qu’ils n’y paraissaient, alors que les rangs précédents avaient des limites spécifiques.

« Je m’excuse d’être intervenu dans cette conversation, mais je ne pouvais pas rester les bras croisés plus longtemps, » déclara quelqu’un alors qu’il s’approchait de l’allée sur notre gauche.

L’homme portait un manteau qui couvrait sa tête, et il était accompagné de deux autres qui portaient un manteau semblable.

« Qui êtes-vous !? Et comment osez-vous… ? » demanda le marquis en colère, mais il s’arrêta au milieu de la phrase.

« Est-ce une façon de saluer ton frère et le chef de la famille Gaharian ? » demanda le mystérieux homme en retirant son manteau, révélant un bel homme, mais il ressemblait en effet au marquis.

« Frère Julius !? » demanda-t-il, surpris.

« Qui d’autre, mon cher frère Cornélius ? » demanda l’homme avec un sourire charmant.

Les deux autres avaient retiré leur capuchon, révélant une belle femme et un bel homme. C’était probablement ses gardes du corps.

« Qu’est-ce que tu fais là ? » demanda Cornélius.

« Je suis ici pour t’empêcher de te moquer de notre famille, mon frère. Alors, Monsieur Illsyore, c’est ça ? » demanda-t-il en se retournant pour nous regarder.

« Oui ? » répondit Illsy en plissant ses sourcils.

« Je m’excuse pour les accusations stupides de mon frère. Notre mère l’a laissé tomber sur la tête quand il était bébé, » dit-il d’une courte inclinaison de la tête et avec l’intention claire de se moquer de son frère.

« Frère ! Quoi qu’il arrive, comment peux-tu dire quelque chose d’aussi ridicule ? » cria Cornélius en colère.

« En effet. Maman l’a laissé tomber plusieurs fois… Il était trop gros et avait tendance à rebondir dans ses bras, » Julius était absolument sauvage avec lui.

« Kuh ! Je me souviendrai de ce frère ! Tobias ! On s’en va ! » d’un pas fâché, il se retourna et partit.

Les gardes se prosternèrent devant Julius et suivirent ensuite son frère.

« Monsieur Illsyore, vous êtes libre de quitter Polis. En compensation de l’inconfort que mon frère avait causé, je me suis assuré que les gardes aux portes ne percevront pas d’impôt pour vous, » dit-il, puis il sourit.

« C’est très gentil à vous, » Illsy hocha la tête.

« Oui. Maintenant, excusez-moi, j’ai un frère idiot dont je dois m’occuper, » dit-il et partit après Cornélius.

« Une bonne journée, » dit Illsy et en me regardant en réponse, il haussa les épaules.

Ainsi, l’incident concernant le Marquis était réglé, et pour la première fois, sans qu’une seule goutte de sang soit versée.

Julius Gaharian vient peut-être de sauver la vie de son frère avec cette interruption, pensais-je en regardant vers le noble qui s’éloignait de plus en plus.

***

Partie 3

[Point de vue de Julius Gaharian]

Plusieurs jours après que mon frère se soit moqué de lui en accusant à tort un voyageur d’avoir volé ses esclaves, j’avais reçu une lettre de la capitale. Il s’agissait d’une notification d’Appel aux armes, mais même si ce n’était pas en soi quelque chose dont il fallait s’inquiéter, les détails m’avaient donné des frissons dans le dos.

La lettre me fit savoir que l’Empereur rassemblait ses armées afin de soumettre un Seigneur du Donjon et son groupe de Suprêmes. Il s’agissait en soi d’une nouvelle qui pouvait effrayer n’importe qui, mais ils avaient aussi le nom de ces cibles potentielles.

« Illsyore Deus, Nanya Deus, Tamara Deus, Shanteya Deus, Ayuseya Deus, Zoreya Alttoros et Savannah Azura. Le premier est présumé être le nom du Seigneur du Donjon et les autres sont ses épouses… Différentes espèces… Zoreya Alttoros est un apôtre confirmé de Melkuth, et Savannah Azura est l’ancienne Suprême qui a travaillé pour l’Empereur et doit être considéré comme une cible Tuée à Vue, » avais-je marmonné en relisant la lettre.

Sentant une faiblesse dans mes genoux, je m’étais assis sur ma chaise et j’avais regardé par la fenêtre de mon bureau.

Frère pensait arnaquer ce groupe de gens ? Je suis content d’avoir décidé de l’arrêter moi-même. Si je ne le faisais pas… alors peut-être qu’il n’y aurait plus de Polis pour envoyer des troupes à cet Appel aux Armes. Malgré tout…, avais-je réfléchi puis j’avais regardé la lettre ouverte sur mon bureau. « La force combinée de Paramanium peut-elle les vaincre ? » avais-je dit.

***

 

[Point de vue du Premier Prince]

Cela s’était produit le jour même où mon père, l’Empereur de l’Empire de Paramanium, avait lancé un appel aux armes pour mobiliser notre armée et marcher pour intercepter Illsyore Deus.

Pendant que j’étais assis dans ma salle d’étude à lire plusieurs rapports, j’avais senti une présence près de moi et j’avais placé les papiers sur mon bureau.

« Rapport, » avais-je ordonné.

« Illsyore Deus est… dangereux, » dit l’un des hommes que j’avais envoyés comme éclaireurs.

Lui et ses amis ne faisaient pas partie de l’armée, ils étaient d’une profession différente, Assassins de la guilde de la Rage fantomatique pour être plus précis. Je les avais embauchés comme éclaireur parce que leurs compétences étaient inégalées et parce si un salaire approprié leur était donné, ils se moquaient du reste.

Qu’est-ce que je pouvais dire ? Ça ne me dérangeait pas d’utiliser de telles personnes pour faire mon sale boulot. En tant que Premier Prince et futur Empereur, il était de mon devoir et de mon droit d’utiliser toutes les ressources disponibles en ma possession pour atteindre mon but. C’était quelque chose que j’avais appris quand j’étais enfant avec Savannah Azura qui était devenue mon enseignante. À l’époque, je la voyais comme la plus belle femme du pays, et c’était peut-être pour cela que mon père avait décidé qu’elle était trop dangereuse pour moi.

Pour tout ce qu’elle avait fait pour cet Empire, il l’avait déshonorée et l’avait vendue en esclavage… Mais j’avais prévu de l’acheter avec l’aide d’un de mes bons amis : le Général Augustus Zeviore. Malheureusement, il m’avait dit qu’il n’avait pas réussi à l’acquérir, car le prix avait atteint des valeurs plutôt ridicules. C’était plus que ce que nous pouvions nous permettre, mais au moins le duc Harbrind Vanova n’avait pas mis la main sur elle. Cet homme n’avait pas les meilleures intentions pour elle, mais si je l’avais gagnée, j’aurais utilisé toutes mes ressources pour la guérir. Malgré tout, entre le fait d’envoyer le général Zeviore en secret à cette vente aux enchères privée et l’acquisition de l’argent nécessaire pour l’acheter, mes déplacements étaient plutôt limités. Si j’avais transféré trop de pièces, j’aurais pu me faire prendre. Si mon père avait su que j’avais acheté Savannah, il aurait ordonné sa mort. De cette façon, au moins, je savais qu’elle n’avait pas fini dans les mains de ce duc.

Pourtant, j’avais dû gronder le général Zeveiore pour avoir oublié d’écrire le nom de son acheteur. Quelle terrible gaffe il aurait pu faire, mais… l’âge n’avait épargné personne, et il devenait assez vieux.

« Dangereux à quel point ? » avais-je demandé à l’homme caché dans l’ombre de ma chambre.

« Jusqu’à présent, nous avons confirmé que son groupe est rempli d’individus qui ont atteint le statut de Suprême. Nous avons également réussi à utiliser une pierre de détection de donjon sur laquelle le numéro 3348 a été révélé. Nous supposons qu’il peut avoir une sorte de capacité à camoufler la vraie valeur de son niveau, » dit-il.

« Hm… Vous y croyez vraiment ? » lui avais-je demandé.

« Oui. Il est impossible pour un Donjon d’atteindre un tel niveau. En fait, je n’ai jamais entendu parler d’un donjon dépassant 1000, » avait-il déclaré.

« Hm. Je suppose que oui… Mais déjà seulement son groupe de Suprêmes peut faire de lui une véritable menace s’il se bat contre Paramanium, » avais-je dit et j’avais pensé que mon père et mes frères et sœurs en savent déjà beaucoup, et peut-être même qu’ils ont commencé à agir derrière mon dos. Dois-je considérer cette possibilité comme une chance de me rapprocher de la couronne ? S’ils attaquent, je les rejoins ? Non… Ce serait l’erreur de l’imbécile. Si Savannah était là, elle m’aurait dit d’attendre maintenant et de penser à une ouverture politique. Cet Illsyore pourrait devenir une menace pour Paramanium ou un allié. Je dois en faire un allié si mon père vise un ennemi.

« Autre chose d’autre ? » lui avais-je demandé.

« Oui. Illsyore Deus se déplaçait à travers l’Empire dans son étrange engin, mais nous avons déterminé leur destination. C’est Port Rico. Lui-même l’a mentionné aux habitants à de nombreuses reprises et ce n’était pas un mensonge. Pour lui, il s’agit plutôt d’une information insignifiante, » dit-il.

« Intéressant. Alors, il a prévu de se diriger vers Sorone ? » lui avais-je demandé.

« Oui, c’est ce que nous supposons aussi. Mais il a acheté une quantité ridicule d’esclaves sur son chemin, » avait-il souligné.

« Des esclaves ? Pour quoi faire ? » lui avais-je demandé.

« On ne sait pas, mais il ne les traite pas mal, et il en a même libéré une. Je crois qu’elle s’appelait Savannah Azura, la femme humaine qui a travaillé ici comme enseignante au Palais, » dit-il.

Quand il avait mentionné son nom, j’avais été gelé.

Savannah a été achetée par… lui ? avais-je pensé et serré mes mains dans les poings.

Ce… Je ne m’attendais pas à ça.

C’est vrai, j’espérais qu’elle serait en sécurité et que quelqu’un de bien l’achèterait, alors peut-être que je pourrais le lui acheter, mais… mais c’était au-delà de mes attentes.

« Cette femme, Savannah, est-elle toujours sous l’effet du tatouage maudit ? » lui avais-je demandé.

« Non. Quand nous l’avons vue, elle n’avait pas de tatouage qui était visible à l’extérieur de ses vêtements, et elle était heureuse d’enseigner aux enfants esclaves. En fait, cet Illsyore a une drôle de façon de traiter les esclaves, il ne les voit pas comme des outils, mais comme des hommes et des femmes avec les mêmes droits que lui. C’est un type bizarre, celui-là, » dit le scout.

« Je comprends… Alors… il a dû les enlever… Cela change les choses…, » avais-je dit.

« Que voulez-vous qu’on fasse maintenant, patron ? » demanda-t-il.

« Hm… Pour l’instant, il n’est pas nécessaire de poursuivre cette mission. C’est trop dangereux. Cependant, je veux que vous m’apportiez tous les dossiers compromettants du bureau du Duc Harbrind Vanova, » avais-je ordonné.

« Oui, mais incriminer pour quoi ? » demanda-t-il.

« N’importe quoi. Apportez-moi tout ce que vous trouverez, mais assurez-vous de le remplacer par des faux, » avais-je dit.

« Compris. Nous allons prendre congé, Votre Altesse, » dit-il, puis j’avais senti leur présence s’évanouir de ma chambre.

En soupirant, j’avais regardé la pile de documents sur ma table et j’avais commencé à penser à ce que tout cela pourrait impliquer pour l’avenir. En quoi exactement tout cela me serait-il bénéfique ou me dérangerait-il ?

Quelques heures plus tard, mon petit frère avait fait irruption dans ma chambre sans frapper, puis il avait déclaré avec un air suffisant. « Frère ! Père a ordonné un appel aux armes ! Tout le monde doit envoyer des troupes pour capturer le Seigneur du Donjon Illsyore et tuer Savannah Azura ! »

« Quoi ? » avais-je demandé comme si j’avais mal entendu.

Alors mon père a choisi ce chemin ? Comme c’est stupide, avais-je pensé.

« Tu sais, frère ? Si tu me supplies à genoux, je demanderai peut-être à papa d’épargner cette idiote pour qui tu avais le béguin ? » il m’avait montré un sourire moqueur.

Plissant les sourcils, je l’avais regardé un instant, puis j’avais fermé les yeux.

Il me prend pour un idiot, n’est-ce pas ? Eh bien, c’est bien… Avec un grand ego comme le sien, alors je sais comment le manipuler, avais-je pensé et puis j’avais poussé un soupir et je m’étais levé.

Ouvrant les yeux, je l’avais regardé et je lui avais dit. « Je n’ai aucun sentiment pour cette femme dont tu parles, mon frère. Cependant…, » j’avais détourné le regard et fait semblant de tousser. « Ma santé est un peu mal en point ces derniers temps. Je ne veux pas me joindre à cette bataille, mais quand tu reviendras, pourrais-tu m’offrir l’honneur d’écouter les récits de ta victoire ? » lui avais-je demandé et je l’avais regardé après ça.

Mon frère me fit un sourire si grand et si large que cela l’avait atteint jusqu’aux oreilles. C’était flippant, et sans doute, il pensait qu’il avait en quelque sorte « gagné » contre moi.

« Bien sûr, mon frère ! Je te raconterai mes histoires héroïques si tu me le demandes gentiment ! Hahahaha ! » dit-il en riant les mains sur les hanches.

« C’est gentil à toi, petit frère, » avais-je souri.

« Hmph ! Je suis de bonne humeur maintenant ! Je te verrai à mon retour de cette campagne ! Assure-toi de préparer quelque chose de bien pour mon retour victorieux ! » dit-il en riant en sortant de ma chambre.

« Bien sûr…, » avais-je dit et dès qu’il était parti, mon sourire s’était évanoui. « Comme c’est stupide, » avais-je dit et j’avais poussé un soupir.

Illsyore était entouré de Suprêmes, y compris mon professeur qui était un merveilleux stratège militaire, mais ce dernier détail était inconnu même de mon père. Il lui aurait fallu écouter ses leçons pour comprendre cela.

Avec mon père qui bougeait si vite, alors je devais agir aussi pendant qu’il était parti, mais pas contre le Seigneur du Donjon qui avait sauvé Savannah. Non, je devais gagner sa confiance, pas sa colère.

Nul doute que cette campagne s’avérera un échec majeur. Il est possible que plus de la moitié de nos troupes soient décimées par Illsyore. S’il s’agit d’un appel aux armes, il y aura aussi des Suprêmes qui participeront à cette mission. Vu leur nombre, je crois que papa en utilisera au moins la moitié. Les autres, il ne leur fait pas tellement confiance, mais peut-être que je peux faire quelque chose pour les gagner de mon côté ? Hm…, avais-je pensé et puis j’avais regardé à ma gauche les livres alignés sur ma bibliothèque. « Si j’utilise mes “scouts” correctement, je peux obtenir des informations que ces gars pourraient vouloir. »

La principale raison pour laquelle mon père ne leur faisait pas autant confiance était d’ordre politique. Ils n’étaient pas d’accord avec plusieurs de ses décrets et avaient fini par perdre quelque chose. En plus de celui-ci, le père avait choisi de protéger plusieurs nobles qui avaient mis en colère ces Suprêmes ou leur avaient fait du tort d’une manière ou d’une autre. Pour cette raison, cela ne les dérangeait pas d’agir comme gardes de l’Empire en cas d’invasion, mais ils ne voulaient pas participer directement à une bataille.

L’un d’eux, si je me souviens bien, s’est fait confisquer les terres de sa famille par un noble corrompu alors qu’il explorait un donjon. Parce que Père protégeait ce noble, il a dit clairement qu’il défendrait l’Empire, mais il n’accepterait aucune mission de l’Empereur avant d’avoir traité avec ce noble… Si je peux trouver assez de saleté sur ce type, ou le détruire, alors je peux gagner le Suprême de mon côté, avais-je pensé.

Prenant un bout de papier vide, j’avais commencé à écrire quelques lettres. J’avais besoin de savoir qui mettait en colère qui. Ensuite, je devais trouver un moyen de démolir les factions qui défendaient l’autorité de mon père au sein de l’empire ainsi que celles qui aidaient mes frères et sœurs dans l’ombre. Je voulais soit les mettre de mon côté, soit les mettre dans un état neutre. Il n’y avait toujours aucune certitude quant à savoir si le fait de faire tomber leurs maisons était une bonne chose pour moi ou non. Si j’irritais trop de ruches d’abeilles, j’allais me faire piquer à un moment donné.

Quant à Savannah… mon frère avait raison à son sujet, je l’aimais toujours. C’était peut-être l’amour d’un étudiant idiot envers son professeur, mais jusqu’à présent, c’était la seule femme qui m’avait fait bondir mon cœur. Au contraire, je voulais être du bon côté d’Illsyore et, ce faisant, je pourrais peut-être avoir une autre chance avec elle.

Non, avant d’essayer quelque chose comme ça, je devais m’assurer que ma propre faction soit plus puissante que celle de mon père ou de mon frère. S’ils avaient subi une terrible perte à la suite d’une confrontation avec le Seigneur du Donjon, c’était mieux ainsi. Alors tout ce que j’avais à faire était de l’apaiser d’une façon ou d’une autre. Si je pouvais l’avoir de mon côté, personne dans l’Empire de Paramanium ne pourrait s’opposer à moi, et épouser Savannah ne sera plus un rêve !

Je ferai en sorte que cela se produise même si je dois ordonner plusieurs assassinats à travers la Rage fantomatique…, avais-je pensé qu’en terminant d’écrire la première lettre.

Elle s’adressait à l’un des Suprêmes qui avait souffert de la main d’un noble corrompu.

 

***

[Le point de vue de l’assassin de Rage fantomatique]

« Hé, tu as envoyé un mot au patron à propos de cette El’Doraw ? » demandai-je en regardant par la fenêtre pour voir s’il y avait des adeptes.

Nous étions actuellement hébergés dans l’une des cachettes de la Rage fantomatique à Aura, la capitale de l’empire de Paramanium.

« Oui…, » acquiesça-t-il.

« Hmph. Je ne m’attendais pas à trouver la traîtresse ici. Je croyais qu’elle était morte il y a six ans ? » lui avais-je demandé en m’éloignant de la fenêtre et en m’asseyant sur la chaise.

Ce type était mon partenaire, et il jouait avec ses notes. Il s’occupait de tous les trucs intelligents. J’étais plus les muscles de notre équipe de deux hommes.

« Ouais, moi aussi, mais le patron a dit de ne pas présumer qu’elle était morte. Quelque chose à propos du fait qu’elle n’est plus un rang Empereur, » dit-il.

« Tu as raison, c’est une putain de Suprême maintenant ! Comment est-elle devenue comme ça ? Il y a un truc ? Peut-être qu’elle est devenue si forte parce qu’elle a couché avec le Donjon ? Hm ? Y a-t-il des donjons femelles ? » m’étais-je demandé en me grattant le menton.

C’était une question valable à mon avis.

« Tu n’as pas de chance avec les putes des bordels, encore moins avec les Donjons ! » se moqua-t-il.

« Ferme-la ! » Je l’avais regardé fixement et j’avais planté ma dague sur la table.

« Bref, j’ai envoyé le rapport au patron sur Shanteya Dowesyl. Il ne reste plus qu’à attendre qu’ils bougent. S’ils nous ordonnent quelque chose, d’ici là, cherchons des infos sur ce duc Harbrind Vanova, » dit-il en désignant le nom sur ses notes.

« Ça ne devrait pas être trop dur. Ce type est comme un sac poubelle qu’on a laissé pourrir pendant un an. Il sent tellement mauvais que même les Merions ne s’approcheront pas de lui ! » avais-je ri.

« Alors ça devrait être un travail facile, non ? » sourit-il.

« Oui, » j’avais hoché la tête.

***

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