Chapitre 109 : L’histoire de Keltaru
Partie 1
[Point de vue de Keltaru]
Les bruits de bruissements de chaînes résonnaient autour de moi. Ils appartenaient aux esclaves qui allaient être vendus aux enchères. Beaucoup d’entre eux avaient étouffé leurs larmes et avaient essayé d'afficher un visage impassible, sans émotion, de prétendre qu’ils s’en moquaient ou qu’ils n’étaient pas du tout dérangés par cela. Pourtant, pour ceux qui les regardaient attentivement, ils pouvaient voir les cernes sous leurs yeux et les traces laissées par les larmes salées. Sur le mien, il n’y avait pas de telles choses. Je n’avais aucune raison de pleurer ou de crier.
J’étais assis à l’intérieur de la cage pour les mâles, tandis qu’en face de moi se trouvait celle des femelles. Soleya et Neya étaient là. Les deux draconiennes se serraient les genoux dans les bras et regardaient le sol sale devant elles. La peur, la tristesse et même l’espoir avaient disparu depuis longtemps. Aucun de nous ne s’attendait à voir un changement dans notre situation actuelle. Nous ne savions que trop bien que nous ne pouvions plus échapper aux chaînes de l’esclavage. Même si c’était le cas, nous n’avions nulle part où nous enfuir, pas d’endroit où nous pourrions nous sentir chez nous.
De serviteurs de la royauté, nous étions devenus de simples esclaves vendus par les humains.
C’est alors qu’on avait crié mon nom.
Je m’étais levé et j’avais marché jusqu’à la porte. De là, j’avais été conduit à une plate-forme sur laquelle je me tenais immobile pendant que les gens enchérissaient pour moi. Dans ces moments-là, d’autres esclaves regardaient autour d’eux et essayaient de faire appel aux maîtres qu’ils trouvaient plus à leur goût, mais je me contentais de regarder devant moi dans le vide.
Pour le dire simplement, je ne me souciais plus de ce qui m’arrivait…
« 125 pièces d’or ! » cria quelqu’un.
Cette voix… mais… ce n’est pas possible…, avais-je pensé, et pendant un moment, j’avais jeté un coup d’œil autour de moi.
Les humains me regardaient comme si j’étais un morceau de viande, jugeant mes utilisations et mes compétences possibles, ou peut-être comment ils pouvaient m’entraîner. Cette façon de penser dégoûtante était typique pour tous ceux qui allaient acheter un esclave.
À un moment donné, même moi, j’avais le même regard dans les yeux.
« 150 pièces d’or ! » s’exclama de nouveau la femme.
Ce n’était pas si dur de la repérer. L’espèce draconienne était plutôt grande par rapport à l’espèce humaine. Elle ressemblait à une adulte parmi les petits enfants, qui avaient l’air vieux et laids comme s’ils avaient été martelés plusieurs fois par une bûche solide.
J’avais dégluti.
Ces yeux rouges, ces écailles comme de belles paillettes d’or, ces cheveux roux qui coulaient comme une rivière pourpre, cette aura d’une élégance absolue, sans aucun doute, une seule personne au monde pouvait les posséder.
« 500 pièces d’or ! » avait-elle de nouveau crié, une somme qui dépassait de 150 % l’offre précédente.
Dans une vente aux enchères, c’était ridicule, mais en même temps, cela montrait la détermination et le sérieux du soumissionnaire.
Ce n’est pas possible… Elle est censée être morte…, j’avais nié de telles pensées.
Je ne pouvais pas croire qu’il était possible que cela soit elle, mais alors j’avais senti la traction des chaînes, et j’avais été renvoyé dans un endroit spécial où je devais attendre ma nouvelle maîtresse.
Pendant que j’attendais, je ne pouvais m’empêcher de douter de ce que je voyais et de me creuser la tête pour savoir comment l’expliquer. Était-ce juste mon imagination qui me jouait un mauvais tour ? Était-ce un fantôme ou peut-être un sosie ? Ça ne pouvait pas être elle, certainement pas la princesse Ayuseya Pleyades. La malédiction aurait dû la tuer il y a des années, non, en fait c’était ce Suprême Dankyun Alttoros qui avait mis fin à sa vie.
Ça doit être quelqu’un d’autre… mais juste au moment où je pensais à ça, j’avais vu Soleya être amené par l’un des hommes travaillant pour le marchand d’esclaves.
« Assieds-toi à côté de l’el’doraw, » ordonna l’homme à l’aspect bourru.
« Oui…, » répondit-elle d’un ton de voix calme et elle acquiesça une fois d’un signe de tête.
Avec ses yeux collés au sol, elle s’était assise à côté de moi et avait enroulé sa queue autour de ses jambes.
Une fois que l’homme s’était retourné et était parti, je l’avais regardée et je l’avais vue froncer les sourcils sur quelque chose.
« Tu l’as aussi vue ? » lui avais-je demandé.
Elle tourna la tête et me regarda avec les lèvres écartées et de grands yeux ouverts.
« Mais elle est censée être morte…, » dit Soleya.
J’avais hoché la tête.
La femme draconienne était l’une des anciennes servantes personnelles de la princesse, et pendant un certain temps elle l’avait été… non, c’était il y a très longtemps.
« Comment vas-tu ? » lui avais-je demandé en chuchotant.
Elle s’était rapprochée des jambes et avait secoué la tête. « Je ne veux pas en parler… »
Eh bien, ce n’est pas exactement l’endroit idéal pour avoir une conversation, et c’était certainement l’une des choses les plus stupides que j’aurais pu demander…, avais-je réfléchi.
Après quelques instants et voyant comment de plus en plus d’esclaves étaient amenés, j’avais poussé un soupir et posé ma main sur son épaule.
« Tout va bien se passer, » lui avais-je dit avec un doux sourire.
Soleya m’avait jeté un coup d’œil et m’avait hoché la tête une fois. C’était sa seule réponse.
Plus tard, Neya nous avait rejoints.
« Alors toi aussi, hein ? » dit-elle en s’asseyant à côté de Soleya.
« Oui, » j’avais hoché la tête.
C’était la fin de notre conversation. Compte tenu de la façon dont nous avions tous les trois passé notre temps depuis que le collier d’esclavage avait été mis autour de notre cou, un si petit échange de mots était le mieux que nous pouvions faire.
Ainsi, nous étions restés silencieux et avions attendu…
Une fois la vente aux enchères terminée, le contrat avec notre nouvel acheteur avait été rédigé et la magie de nos colliers était liée à elle. C’est alors que j’avais remarqué qu’elle avait une compagne, une grande femme à la longue queue écailleuse noire et fine, qui bougeait sans cesse. L’armure qu’elle portait dégageait un air d’intimidation, et c’était comme si elle regardait tout le monde autour de nous avec intensité.
Quant à notre nouvelle maîtresse, elle ressemblait exactement à la princesse Ayuseya Pleyades, mais peut-être que je me trompais, peut-être que je voyais des choses.
Ou peut-être que c’est juste un membre de sa famille…, avais-je pensé.
« Ayuseya Drekar Deus. Est-ce que c’est exact ? » le marchand d’esclaves avait demandé à vérifier son nom.
« Oui, » elle acquiesça d’un signe de tête.
Ayuseya ? Mais… attends, pas de Pleyades ? Ce n’est pas possible… Sauf si elle a changé de nom, mais c’est impossible. Le nom de famille d’un membre de la famille royale ne peut pas être écrasé aussi facilement à moins qu’il n’y ait renoncé de son propre gré… ou qu’il soit entré dans une famille plus puissante, mais c’est impossible, non ? En regardant ma nouvelle maîtresse.
À côté de moi, Neya et Soleya portaient toutes deux une expression de choc et de confusion. Heureusement, les formalités de transfert de la propriété de l’esclave avaient été accomplies rapidement et sans problème. La femme draconienne avait payé en totalité qu’avec des pièces d’or, après, elle avait saisie nos chaînes et nous avait traînés hors de là.
Peu de temps après que nous ayons quitté cet endroit, j’avais ressenti le besoin de lui demander si elle était la vraie Princesse, si elle était celle que j’avais servie pendant tant d’années. Pourtant, malgré mon désir de lui demander qui elle était, une autre question était sortie de ma bouche.
« Pourquoi ? Pourquoi êtes-vous encore en vie, Votre Altesse ? » demandai-je.
J’avais immédiatement regretté mon mauvais choix de mots et je m’étais figé sur place.
De toutes les choses stupides à demander ! Et si ce n’était pas Ayuseya Pleyades ? Quoi alors !? Elle pourrait me punir ou pire ! Ainsi, je craignais un avenir sombre.
« Parce que mon mari est un merveilleux donjon, » répondit-elle d’un ton calme tout en me montrant un petit sourire.
« Hein ? » J’avais cligné des yeux, surpris, et je l’avais regardée comme si j’étais le plus stupide el’doraw du monde.
« Nyahahaha ! Je suppose que le gamin est surpris ! » ria la femme qui portait l’armure intimidante, mais où avais-je déjà entendu cette voix ?
« C’est possible, en effet, » la princesse Ayuseya hocha la tête.
« Keltaru, c’est moi, Nanya ! » dit la femme avec un grand sourire carnassier en se montrant du doigt.
« Hein ? » avais-je dit et puis j’avais regardé sa poitrine. « Impossible, » j’avais secoué la tête.
SLAP!!
Je ne sais pas ce qui s’était passé ensuite, mais quand j’avais ouvert les yeux, je m’étais retrouvé avec un nez qui saignait et je regardais le ciel.
« Est-ce que ça va ? » me demanda Soleya en se penchant sur moi et en essuyant mon sang avec un mouchoir.
« Que s’est-il passé ? » avais-je demandé et j’avais essayé de me lever, mais j’avais mal à la tête.
« La maîtresse Nanya t’a giflé si fort que tu es tombée inconscient, » répondit-elle avec un sourire ironique.
« Professeur ? Vous voulez dire que c’est vraiment la femme de Fellyore ? » lui avais-je demandé en levant les yeux vers elle.
« Qui d’autre attendais-tu ? Tuberculus en robe ? » déclara celle en question en plissant les sourcils et en me regardant fixement.
[En même temps, dans une autre partie du monde]
« ACHOOOO !! » avais-je éternué. « Hm, je pense que quelqu’un parle de moi. » avais-je dit et je m’étais essuyé le nez avec ma manche.
« Oublie ça et CONTINUE TA COURSE ! » m’avait dit la belle elfe aux cheveux roses pendant que d’innombrables araignées géantes essayaient de nous attraper et de nous transformer en déjeuner.
« Oui, bon plan, mon amour ! » avais-je dit pendant que je courais en tenant mon chapeau.
« Geesh ! Tuby est un idiot ! Pourquoi tâtonner ma poitrine alors que j’essayais de me faufiler devant eux !? » se plaignait-elle.
« Parce que c’est la loi de l’univers, ma bien-aimée Yandrea ! » avais-je déclaré en lui montrant un pouce levé.
« Espèce d’humain pervers et stupide !! » s’exclama-t-elle.
Ah… elle est en colère contre moi… Mais elle a poussé un si beau couinement ! avais-je pensé.
Le retour de Tuberculus 😂