Histoire secondaire 1 : Le Prince insensé
Partie 2
Les premières minutes, je frissonnais dans mes bottes avec mon épée dégainée. Même moi, j’avais pris quelques leçons de combat à l’épée, mais je n’étais pas au niveau de mes gardes du corps, même les plus faibles. Les troupes ennemies étaient entraînées contre des monstres et des donjons, ce qui leur donnait un avantage effrayant.
Ils étaient en surnombre, et sans les hommes de mon frère, je serais tombé dans les premières minutes.
Les épées s’entrechoquèrent, et des cris de douleur se firent entendre lorsque les lames coupèrent profondément dans leur chair. Le sang coulait à chaque coupure, rendant la pièce sombre et sinistre. L’odeur du fer me remplit le nez, et je me rappelai une fois de plus les paroles du Seigneur du Donjon.
Si je ne meurs que simplement contre ce groupe, alors comment ai-je pu survivre à une rencontre avec lui... Illsyore… Si je survis à ça, je me souviendrai de ce nom, avais-je pensé. Puis j’avais aussi rejoint la mêlée.
La première attaque que j’avais faite avait été de bloquer l’épée d’un ennemi qui avait attaqué l’un de mes gardes. Ma force était risible, mais elle était suffisante pour l’empêcher de le tuer. Malheureusement, la lame de mon ennemi avait repoussé mon épée jusqu’à l’enfoncé dans mon épaule gauche.
« Votre Altesse ! » hurlèrent les gardes du corps.
« Je ne peux pas tous vous laisser mourir ici…, » avais-je dit en tenant ma blessure et en regardant mon ennemi.
Qui suis-je en train de tromper avec ces mots ? J’ai bien peur… J’ai peur… Je ne peux pas me battre ! pensais-je. Mais malgré les tremblements de mon corps, j’osais encore regarder mon adversaire dans les yeux.
Il s’agissait d’une force que je ne savais pas que j’avais avant, mais comparée à quelqu’un comme Illsyore, ce groupe n’était rien. Je pouvais être fier du fait que j’avais un jour affronté un Seigneur du Donjon Divin et que j’avais survécu pour raconter l’histoire, même si j’étais maudit.
« Mettez-y plus de volonté, » cria l’un des gardes du corps de mon frère.
Nous nous étions battus et avions lutté pour les vaincre, mais ils étaient trop nombreux et trop forts, et donc, nous avions dû reculer.
Lorsque nous avions quitté le manoir et que nous nous étions retirés dans la rue, nous n’étions plus que cinq, moi y compris. Nous étions encerclés.
« Avant de vous tuer, je veux vous demander quelque chose, prince idiot. Il y a quelques mois, vous étiez comme moi et tout le monde, mais maintenant vous êtes un idiot. Pourquoi vous battez-vous ? Qu’espériez-vous gagner dans cette lutte sans valeur ? » demanda le marquis.
Pourquoi je me bats ? me demandais-je plusieurs fois.
Jusqu’à aujourd’hui, ma réponse était simple : Pour me débarrasser de la malédiction et me venger d’Illsyore. Mais maintenant, la réponse avait changé…
« Pour le peuple ! J’espère qu’un jour je les verrai sourire et se sentir fiers de faire partie du Royaume d’Aunnar ! » avais-je crié à pleins poumons.
Ce n’était pas exactement mes mots, mais ceux de mon frère. Je l’avais entendu souvent me le dire, mais ce n’était que maintenant, à ce moment crucial, que j’avais vraiment commencé aussi à croire en eux.
« Que des bêtises ! Vous oubliez, prince, que nous ne sommes pas comme ces insectes sans valeur qui ne vivent que pour nous servir. Nous sommes des individus dont le sang noble coule dans nos veines ! Nous avons été privilégiés de la naissance et bénis par les dieux pour régner ! C’est dommage que vous vous soyez égaré. Vous auriez été une super marionnette, vous savez ? Vivre une vie de débauche et de luxe comme vous le faisiez dès votre naissance, épouser la fille d’un noble, des choses comme ça. Vous n’auriez pas eu besoin de vous occuper des affaires du royaume, vous savez ? Mais un prince stupide sera toujours un prince stupide, » le marquis avait dit exactement les mêmes mots que j’aurais dit il y a quelques semaines si nos situations avaient été inversées.
Le fait de le savoir m’avait fait ressentir une douleur intense dans la poitrine. C’était comme si j’avais enfin réalisé quel genre d’homme horrible j’étais. Cela m’avait rendu malade…
« Tuez-les, » ordonna le Marquis.
Quand j’avais entendu l’ordre, j’avais dégluti. Je ne voulais pas mourir, mais si c’était le cas… au moins, j’aurais une sorte de paix du cœur. J’étais loin d’avoir expié mes propres erreurs et péchés, et d’une certaine manière, j’étais reconnaissant envers ce noble. Sans lui, je n’aurais pas vu le miroir de mon passé, et un jour, j’aurais peut-être repris mes anciennes habitudes.
« Protégez le Prince ! » le cri ne venait pas de mes gardes, mais de derrière les hommes du marquis.
Ceux qui avaient attaqué étaient les gardes de la ville, les gens qui travaillaient comme aventuriers, et même les anciens esclaves. En quelques secondes, la situation s’était inversée, deux armées se faisant face, l’une de mon côté et l’autre de celle du marquis.
Surpris de cela, j’avais alors demandé. « Pourquoi ? »
« Vous avez libéré beaucoup d’entre nous, Votre Altesse, alors ce serait une erreur de notre part de rester à l’écart et de laisser cette ordure vous tuer, » déclara un ancien esclave.
« Quoi ? » J’avais cligné des yeux, surpris.
Je n’aurais jamais cru, dans mes rêves les plus fous, que quelqu’un que j’aurais libéré de l’esclavage essaierait de me défendre. En vérité, il y avait tellement de personnes autour de moi maintenant, beaucoup ne portaient même pas d’armure ou ne portaient pas d’armes appropriées, justes des civils ordinaires. Je ne pouvais pas penser ou me souvenir de ce que j’avais fait pour aider tant de gens, pour gagner leur loyauté jusqu’à ce point.
« Quand vous avez aboli l’esclavage, j’ai pu revoir ma femme et mon enfant en tant qu’homme libre. J’en serais éternellement reconnaissant, » déclara un grand draconien musclé.
« Quand ma femme a été emmenée par des marchands d’esclaves sous prétexte d’une fausse dette, je n’ai pas pu lever le petit doigt sur eux, mais grâce à vous, elle a été libérée…, » cette fois, c’était un El’Doraw qui m’avait raconté son histoire.
« Mais quand… comment ? » lui avais-je demandé.
« Un petit enfant du nom de Tullos passa devant la clôture et il aperçut la bataille dans la cour. Il s’est immédiatement précipité à la Guilde des Aventuriers et nous l’a fait savoir. Il ne nous a fallu que quelques instants pour nous rassembler et venir ici, » expliqua le draconien en souriant tout en repoussant l’un des hommes du marquis.
« Tullos ? » avais-je demandé, surpris.
« Oui, je crois que c’est l’un des enfants de l’orphelinat créé par cet Illsyore, » déclara un garde.
Je m’étais retrouvé complètement perdu dans les mots. Celui qui m’avait maudit et qui avait changé ma vie m’avait indirectement sauvé aujourd’hui par la bonne action qu’il avait faite en libérant ces enfants. C’était le destin en route.
C’est étrange…, avais-je pensé, mais j’avais finalement commencé à réaliser la vérité derrière les mots d’Illsyore.
Une nation ayant un peuple libre sans esclavage était beaucoup plus forte que celle qui l’avait imposée. En même temps, un roi bon et généreux envers son peuple n’aura que des fidèles autour de lui plutôt que des individus comme le Marquis Dartolt, qui était prêt à me trahir s’il le jugeait bon.
De telles choses… J’ai du mal à les suivre… pensais-je, mais un sourire s’était formé sur mes lèvres et des larmes étaient apparues dans mes yeux. Pourquoi ? Pourquoi est-ce que ça me rend heureux ? Pourquoi !? En m’essuyant les yeux.
« Votre Altesse, vos ordres ? » demanda l’un des gardes du corps survivants.
« Oui… Pas des ordres, mais une demande. Aidez-moi à arrêter le Marquis Dartolt une fois pour toutes. Montrons aux autres nobles du même genre que nous ne voulons plus d’eux dans le royaume ! Pour Aunnar ! » avais-je crié à pleins poumons.
« POUR AUNNAR ! » les cris s’étaient levés vers le ciel quand la bataille avait repris.
Inutile de dire que beaucoup plus de personnes s’étaient jointes à nous pour repousser le Marquis.
À la fin de la journée, le noble avait été tué, et je pouvais fièrement déclarer que notre capitale, Elora, avait réussi à abolir tout esclavage dans ses murs. C’était un pas en avant, mais très important.
De retour au château, je m’étais présenté devant mon frère. Je n’avais même pas pris la peine d’aller voir le guérisseur en premier, et je sentais à peine ma main gauche.
« Je souhaite devenir plus fort, » avais-je déclaré.
« Es-tu sûr de toi ? » me demanda-t-il.
« Oui ! » répondis-je.
Il s’agissait d’une réponse remplie de détermination, de fierté et de raisons que j’avais acquise grâce à cette expérience précieuse et qui avait changé ma vie. Je n’étais plus un prince insensé ou un chef despotique. Je n’étais plus un homme qui considérait la vie des autres comme insignifiante en raison de leur naissance et de leur statut social. Je me voyais maintenant comme quelqu’un qui bougeait et agissait pour le bonheur et la liberté de son peuple.
Puis, à la fin de mes deux mois, nous avions tous les deux signé les documents officiels qui avaient permis l’abolition de l’esclavage dans tout le royaume. Parallèlement à ces lois, nous avions interdit toute forme de travail des enfants et créé plusieurs orphelinats avec l’aide des prêtres des Temples et de certains des nobles qui avaient pris notre parti.
La malédiction avait déverrouillé sa première étape… et j’avais été épargné. Illsyore, à travers cette malédiction, m’avait sauvé de plus d’une façon, mais maintenant… il y avait une dernière chose que je devais faire, qui pourrait être la plus difficile.
Merci pour le chapitre
Merci pour le chapitre.
Merci pour le chapitre!
Les gens peuvent ils réellement se repentir en quelques semaines ?
merci pour cette deuxième partie, hâte d’en connaitre la suite.