Infinite Stratos – Tome 6 – Chapitre 2 – Partie 4

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Chapitre 2 : Demoiselles, sonnez votre marche victorieuse

Partie 4

Au moment même où elle parlait, Ran réalisa les implications de lui donner de la nourriture qui avait touché ses lèvres. En imaginant ce baiser peut-être indirect, ses joues étaient redevenues rouges. Ichika a probablement déjà embrassé quelqu’un… Avec cette pensée qui lui traversait l’esprit, elle se sentait de plus en plus gênée par les parties de ses lèvres qu’il venait de toucher. Alors qu’elle levait négligemment sa propre main et passait doucement le bout de ses doigts sur elles, elles semblaient presque brûler. Je me demande à quoi ressemble un baiser… Ran s’était perdue dans ses pensées jusqu’à ce que le déjeuner soit terminé et qu’il soit temps de passer au dessert.

« Hein ? Chacun de nos parfums de crème glacée est différent. »

« On dirait bien. Je me demande pourquoi ? »

« Hmm, le mien est à la fraise, celui d’Ichika à la vanille et celui de Charl au chocolat. »

« Tu as raison. » Alors que Ran regardait Ichika hocher la tête, une idée folle lui traversa l’esprit. Est-ce que… sommes-nous censés partager les différentes saveurs entre nous ? Un sourire involontaire avait surgi sur son visage alors qu’elle s’imaginait demander à Ichika d’ouvrir en grand sa bouche. Secouant son esprit lunatique, elle avait regardé sa crème glacée.

« Hey, pourquoi ne se nourrit-on pas l’un et l’autre ? »

« Quoiiiiii ? »

« Hmm ? »

« Err, qu’est-ce que tu viens de… »

« Je ne sais pas, ça semble juste être ce que tu es censé faire. »

« … ! » Ran se demanda si c’était juste un rêve. Si c’était le cas, pincer sa cuisse devrait la réveiller. Pincement !

« Aïe ! »

« Qu’est-ce qui ne va pas ? »

« Oh, rien ! Rien du tout ! »

Ce n’était pas un rêve ! La douleur du pincement l’avait ramenée à la réalité, mais Ichika était toujours là et il venait vraiment de dire ça ! Ahh, je ne peux pas le croire ! C’est comme un rêve ! Ichika va me nourrir !

« Très bien, commençons par ma vanille. Charl, dis “ahh”. »

« Ahh. »

Charlotte avait avalé la cuillerée de glace à la vanille. Le rougissement de son visage était la preuve pour Ran qu’elle était une rivale romantique.

« C’est délicieux. »

« Oh ? C’est bien. Tu es la prochaine, Ran. »

« OK ! »

« Dites “ahh”. »

« Ahh… »

Chomp.

Ahhhh, qu’est-ce que je fais ? Qu’est-ce que je fais ? Je ne peux même pas dire quel goût ça a… Mais c’est si bon… Ran, hébétée, continuait à passer sa langue sur la cuillère même après que la glace ait disparu.

« Ran. »

« Hm ? »

« Est-ce fini ? »

« Hein !? Oh, bien sûr ! C’était délicieux ! » Troublée, elle avait retiré la cuillère de sa bouche. Je ne peux pas croire que je viens de faire ça… La présidente du conseil des élèves Gotanda Ran n’aurait pas été surprise à faire quelque chose d’aussi embarrassant. Mais ce n’était pas elle. C’était juste une autre fille amoureuse.

 

Hmm, on dirait qu’elle aime aussi Ichika. En regardant les deux interagir, Charlotte avait confirmé ses soupçons. Je suppose qu’il attire vraiment les femmes sans même y penser. Avec un soupir discret et intime, elle prit une autre bouchée de glace. Fais de ton mieux, Charl !

« I-Ichika, laisse-moi te donner un peu du mien. »

« Bien sûr. »

« Dit “ahh”. »

« Ahh. »

Chomp.

« Comment ça se passe ? Est-ce que c’est bon ? »

« Hmm ! Il y a aussi des traces de poudre de cacao dedans ! C’est incroyable ! »

« Ohh ! C’est intéressant. »

Au fond de son cœur, Charlotte était un peu déçue qu’Ichika le décortique avec autant d’attention. Allez, Ichika, je te nourris. Tu n’as pas besoin de te concentrer autant. Ne peux-tu pas juste te détendre et ignorer la nourriture elle-même pour un petit moment ? Une petite Charl courait dans sa tête, tapant des poings. Pourtant, Charlotte était suffisamment sincère et consciencieuse pour partager également avec Ran.

« À toi, Ran. Dit “ahh”. »

« Ahh. »

Chomp.

Attends, hein ?

« C’est vraiment bien. » Ran sourit. Pendant ce temps, Charlotte était tout sauf calme à l’intérieur.

Est-ce que… Est-ce qu’elle vient d’avoir un baiser indirect avec Ichika ? Elle a tellement de chance… La jalousie de Charlotte brillait dans ses yeux. Sans même y penser, elle avait envie de lécher la cuillère elle aussi. Non. Non, je ne peux pas. C’est aller trop loin.

Seule sa volonté de fer l’avait retenue jusqu’à ce qu’elle réalise quelque chose. Oh, c’est vrai ! C’est à mon tour de faire un… Pour un baiser… indirect… Son cœur battant la chamade, elle regarda à nouveau la cuillère dans la main de Ran. Ses yeux brûlaient, et ses joues brillaient d’un rose cerise.

« Peu importe, Ichika ! Dit “ahh” ! »

« Ahh. »

Chomp.

« Hmm ! Il y a des fruits dedans, aussi ! C’est super. »

Ba-dum, ba-dum, ba-dum… Le cœur de Charlotte battait comme un tambour.

« À toi, Charlotte. Dit “ahh”. »

« A-Ahh. »

Chomp.

Un baiser indirect avec Ichika ! Je l’embrasse indirectement ! Qu’est-ce que je fais ? Elle ne pouvait même pas goûter la crème glacée. Elle pouvait sentir la texture presque croustillante du sorbet, mais même ça, c’était faible et distant.

« C’est… C’est doux. »

« Oh ! C’est bien. »

Charlotte regarda tristement la cuillère s’éloigner tandis que Ran la retirait de sa bouche. En réalisant à quel point son propre comportement était honteux, elle avait rougi davantage. Ran… Ran est vraiment une bonne fille. Elle avait délibérément nourri Ichika en premier, sinon le baiser indirect n’aurait pas eu lieu. Ou peut-être avait-elle simplement voulu nourrir Ichika en premier, mais Charlotte était heureuse de voir cela comme de la considération.

Oh franchement. Que dois-je faire ? Mon cœur n’arrête pas de battre… Elle avait l’impression que sa poitrine allait exploser de joie. Alors qu’ils finissaient leurs desserts, elle ne pouvait plus du tout goûter sa glace au chocolat.

 

« Merci de m’avoir raccompagnée chez moi. »

« Hm. Dis bonjour à Dan pour moi. »

« Bien sûr. »

Il était un peu plus de quatre heures de l’après-midi. Ichika, Charlotte et Ran se tenaient devant le restaurant Gotanda dans le crépuscule automnal. Après le déjeuner, ils avaient chacun fait leurs propres courses, jusqu’à ce que finalement, Ichika propose à Ran de la raccompagner chez elle — ce qui les avait amenés ici. Ran était presque tentée de leur proposer de dîner, mais comme il n’était encore que 16 heures, elle avait abandonné l’idée. Il était encore bien trop tôt.

« Bref, euh, on se voit à la fête. »

« Ouais. N’oublie pas de m’encourager au Cannonball Fast ! »

« Bien sûr ! Fais de ton mieux ! » Alors qu’elle parlait, Ran ne pouvait pas se résoudre à regarder directement Ichika, et continuait à regarder autour d’elle. On aurait dit qu’elle avait peur d’être repérée par sa famille, ou de ce qu’ils diraient après. S’il vous plaît… S’il vous plaît, ne laissez pas mon idiot de frère passer la porte… Pas papa non plus… S’il vous plaît…

Alors qu’elle réfléchissait, elle regarda une dernière fois le visage d’Ichika. Il est vraiment trop cool… Ran repensa à la première fois qu’ils s’étaient rencontrés. Le jour où elle était tombée amoureuse en 0,1 seconde. Le coup de foudre n’existe pas. C’est juste idiot. Le jour où elle avait appris à quel point elle était idiote de le penser. Les gens tombent amoureux pour les plus petites choses. Une raison plus complexe peut être trouvée plus tard. Ce qui compte, c’est cette première impression qui ne s’efface jamais. Et une fois que ça commence, ça ne s’arrête jamais. L’amour ne peut être arrêté.

« I-Ichika. »

« Oui ? »

« Um… Uh, bien… »

En tenant ses mains derrière elle, Ran avait tordu ses index l’un autour de l’autre. Agiter, agiter. Cherchant les mots qu’elle voulait dire, mais échouant dans sa recherche, elle finit par se contenter d’un regrettable « Bonne nuit ! »

Argh, je suis une telle idiote ! Une grosse idiote ! Elle était entrée dans sa maison, montant rapidement les escaliers tout en se réprimandant.

« Es-tu de retour ? »

En arrivant sur le palier du deuxième étage, elle s’était retrouvée face à face avec Dan. Dans sa main se trouvait un pot de glace hors de prix qu’elle avait gardé.

« IMBÉCILE ! » Ran avait libéré toute sa frustration refoulée d’un coup de pied.

 

Je rentre à la maison toute seule avec Ichika… Seuls… Ensemble… Charlotte et Ichika rentraient à l’Académie IS, enveloppés d’un étrange silence. La plupart du temps, c’était dû à l’inquiétude de Charlotte, mais la considération d’Ichika pour elle le rendait silencieux lui aussi.

« Aujourd’hui, c’était amusant. »

« Ah ? Ouais ! Oui, c’est vrai ! » Charlotte trébuchait dans un brouillard de confusion sur la façon d’utiliser cette chance et de frustration de ne pas trouver de moyen depuis qu’ils étaient arrivés à leur arrêt de bus. Les petites Charlottes dans sa tête étaient engagées dans un débat animé. Ahh, nous sommes presque à la porte. Ce n’est pas bon, une fois à l’intérieur, on va sûrement tomber sur quelqu’un. Qu’est-ce que je dois dire... Qu’est-ce que je dois dire...

« Hé, Ichika. »

« Oui ? »

« Écoutes-tu beaucoup de musique ? »

« Un de mes amis me prêtait tout le temps des CD au collège, mais je n’ai pas vraiment acheté de disques ces derniers temps. J’ai été trop occupée avec mon IS. »

« Oui, tu as raison. Heeey, en parlant de ça. »

« Oui ? »

« Le nouveau matériel que j’ai fait expédier de France est vraiment bien ! Il a une cadence de tir très élevée et un grand chargeur ! »

« Vraiment ? Ça a l’air cool. Ça doit vouloir dire que tu seras encore meilleure au tir. »

« Y-Yeah ! Ahahahah… »

Argh, je suis tellement stupide ! Ce n’était pas du tout féminin ! Je dois trouver quelque chose de mieux à dire ! Si Ichika n’avait pas été là, elle se serait frappée la tête de frustration.

« Oh, c’est Houki. »

Trop tard. Le cœur de Charlotte s’enfonça.

« Hé ! Hé, Houki ! » Ichika avait appelé Houki, comme Charlotte savait qu’il le ferait. Et bien sûr, elle s’était retournée et s’était précipitée à leur rencontre.

« Ichika et Charlotte. Vous êtes sorties quelque part ? »

« Oui, du shopping. Pas vrai ? »

« O-Ouais. »

« Ensembles ? »

« Non. Ran était là aussi. Eh bien, nous sommes tombés sur elle. Pas vrai ? »

« O-Ouais. »

Houki avait froncé les sourcils devant Charlotte et sa culpabilité évidente.

« Eh bien, je suppose que c’est bon si ce n’était pas juste vous deux. » Elle s’était raclé la gorge en se tenant debout, les bras croisés. « Mais si vous allez faire du shopping, vous devriez m’inviter. Ce n’est pas comme si je n’avais pas besoin d’acheter des choses pour moi aussi. »

« C’est sûr. Je t’enverrai un texto la prochaine fois. »

« Oui. C’est bien. » Houki avait hoché la tête, les joues rouges pâles. « De toute façon. Puisque tu rentres juste avant le dîner, pourquoi ne pas manger ensemble ? »

« Bien sûr ! »

« Je crois que je vais me joindre à vous. »

« Très bien. Pourquoi ne retournerions-nous pas chacun dans notre chambre, et nous retrouverions ensuite à l’entrée du réfectoire ? Disons, dans une dizaine de minutes ? »

« Si Laura est là, dois-je aussi l’inviter ? »

« Bien sûr. C’est plus amusant de manger en groupe. Je vais essayer de joindre Rin aussi. »

« Pourquoi Ling doit-elle être impliquée ? »

« Elle devait venir aujourd’hui, mais elle a eu un empêchement. Elle devrait avoir fini maintenant. »

« … Elle s’immisce vraiment dans absolument tout… »

« Hein ? »

« Oh, rien ! » Troublée, Houki s’était raclé la gorge pour changer de sujet. « Quoi qu’il en soit, à tout à l’heure. »

« Compris ! »

« Ouais ! » Charlotte et Houki avaient répondu chacune avec énergie et en souriant.

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