Infinite Stratos – Tome 2 – Chapitre 3 – Partie 3

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Chapitre 3 : Jours Bleus/Interrupteur Rouge

Partie 3

« Soupir… »

Fermant la porte, Charles, seul dans le dortoir, avait poussé un soupir. C’était peut-être en le gardant en lui si longtemps qu’il était devenu si étonnamment long et profond.

« De toute façon, pourquoi suis-je si en colère ? » murmura-t-il.

La gêne dans les vestiaires était encore présente. Réalisant qu’Ichika, aussi, était choqué par cela, les choses avaient encore plus empiré.

« Peut-être… Je vais prendre une douche et me calmer, » déclara Charles.

Charles avait sorti des vêtements de rechange du placard et était parti pour prendre sa douche.

♥♥♥

« Ouf, c’est enfin fait, » déclarai-je.

Il y avait certainement eu beaucoup de paperasse, mais la plupart n’avaient pas besoin de beaucoup plus qu’une signature, donc cela s’était passé plus vite que je l’avais prévu. J’avais l’impression d’être maintenant officiellement le pilote de Byakushiki, même si c’était une distinction administrative qui ne changerait probablement pas grand-chose.

« Je suis de retour. Hein… ? Charles, où es-tu ? » demandai-je.

Alors que je le demandais, le bruit de l’eau qui coulait résonna depuis la douche.

« Ah, il doit être sous la douche, » déclarai-je.

— Maintenant que j’y pense, n’a-t-il pas dit qu’on n’avait plus de gel douche hier ?

En me souvenant de ce que Charles avait dit, j’avais sorti une bouteille de rechange du placard. Je pensais prendre en premier la douche aujourd’hui, et ainsi pouvoir en apporter quand j’irai.

— Il aimerait probablement l’avoir maintenant. Je vais le lui apporter.

La salle d’eau était munie d’une porte entre la douche et le vestiaire.

— Je devrais l’apporter au vestiaire et crier pour le lui indiquer.

Je pensais qu’en entrant dans la salle de douche.

Clic.

Clic ? Hmm. J’avais déjà ouvert la porte pour entrer, alors pourquoi avais-je entendu ça ? Oh, c’est vrai, Charles avait dû ouvrir la porte de la douche. Il devait être à la recherche d’un gel douche.

« Oh, bon moment choisi. J’ai apporté une autre bouteille de —, » commençai-je.

« I-I-I-Ichika ? » demanda Charles.

« Hein ? » m’exclamai-je.

La personne qui était entrée dans la salle de douche était une fille que je n’avais jamais vue. Comment avais-je su que c’était une fille ? C’est simple. Elle avait des seins.

Ses cheveux humides étaient d’une blonde ondulée, douce et souple. Ses jambes étaient lisses et longues, sa taille élancée accentuait ses seins, les faisant paraître encore plus gros qu’ils ne l’étaient. Avec ses cheveux blonds et ses yeux d’améthyste, je savais qu’elle ne pouvait pas être japonaise. C’est peut-être pour cela qu’elle — autour du bonnet C ? — était encore exceptionnellement pétillante… Les gouttelettes d’eau perchées sur sa jeune peau étaient comme des pierres précieuses, presque comme si elle était sertie de pierres précieuses.

Et elle était nue. Complètement nue. Je savais dans ma tête que je devais détourner le regard, mais mes yeux étaient fixés comme s’ils étaient coincés là.

« Je… Euh, euh…, » balbutiai-je.

J’avais l’impression d’avoir déjà vu la fille nue devant moi quelque part auparavant, mais j’étais si confus que je n’arrivais plus à réfléchir.

— Hmm, blonde… Blonde ?

 

 

« Eek! »

Claquement !

La jeune fille avait surmonté son choc et s’était immédiatement couvert les seins en s’enfuyant sous la douche. Le grand claquement de la porte m’avait ramené à la raison, et j’avais écouté l’eau qui coulait.

« Euh…, » balbutiai-je.

« … »

Il n’y avait pas eu de réponse de l’autre côté de la porte. Elle était probablement aussi sans voix que moi.

« Je laisse le gel douche ici, » déclarai-je.

« D’accord…, » répondit-elle.

Avec un échange qui pouvait ou non avoir été une conversation, j’avais placé la bouteille près de la porte de la douche et j’étais sorti.

« … »

— Qu’est-ce qui se passe ici ? Je pensais que Charles était sous la douche… Attends, c’était lui !?

Maintenant que j’y pense, ça ne me semblait pas tiré par les cheveux. S’il laissait tomber ses cheveux, ce serait probablement comme ça. Mais ce n’était pas le plus gros problème.

— Il y a quelque chose qui cloche ici. Pourquoi Charles a-t-il des seins ? Hmmm, seins…

La vue était encore brûlée à l’intérieur de mes paupières.

— C’était… c’était de beaux seins.

Il n’y avait aucune chance. C’était impossible. Cependant, je ne pouvais pas l’exclure complètement…

— C’est mieux de ne pas y penser. Libérer votre esprit et laisser les problèmes s’estomper.

Clic.

« … !? »

Un clic silencieux, presque des condoléances, s’était fait entendre lorsque la porte du vestiaire s’était ouverte. Pourtant, pour moi, c’était le son le plus fort que j’avais entendu de toute ma vie, et je m’étais involontairement recroquevillé.

« Je vais sortir, » déclara Charles.

« D’accord, » répondis-je.

La voix que j’avais entendue derrière moi était bien celle de Charles. J’avais essayé d’ignorer les battements de mon cœur dans ma poitrine en me retournant.

Devant moi… C’était une fille.

♥♥♥

« … »

« … »

Nous avions passé une heure comme ça. Moi et la fille devant moi — la véritable identité de Charles — nous étions assis sur nos lits, nous nous tournions l’un vers l’autre, mais en évitant silencieusement les regards de l’autre.

« Eh bien, euh… »

J’avais décidé de briser la glace. Pendant que je parlais, elle — Charles, tremblait.

— Franchement, ça ne devrait pas être si choquant…

« Veux-tu du thé ? » demandai-je.

« B-Bien sûr. Si ça ne te dérange pas, » répondit Charles.

Il semblait que nous étions tous les deux d’accord sur le fait qu’un verre faciliterait la conversation. Au moins, on était enfin d’accord sur quelque chose. Bref, j’avais fait bouillir de l’eau dans la bouilloire électrique et je l’avais versée dans ma théière.

« … »

« … »

Alors que nous attendions que le thé soit infusé, le silence revint. Même si je le souhaitais, il ne fallait pas faire de précipitation avec les feuilles de thé.

« Ça devrait être bon maintenant. Tiens, » déclarai-je.

« Oh, c’est — Oek ! » déclara Charles.

Alors que je lui passais la tasse, le bout de nos doigts s’était rapproché et Charles, agitée, avait retiré sa main en réaction. Sans réfléchir, j’avais resserré la tasse pour ne pas la faire tomber et, en réponse, le thé s’était répandu sur ma main.

« Ow, c’est chaud ! De l’eau ! De l’eau ! » m’écriai-je.

J’avais couru vers l’évier, et j’avais ouvert le robinet le plus loin possible. Le flot de l’eau m’avait refroidi la main, et il me semblait que la crise était en grande partie évitée.

« D-Désolée ! Est-ce que ça va ? » demanda Charles.

« Oui, ça devrait aller. Tant que tu le refroidis vite, tu ne te brûles pas vraiment, » répondis-je.

« Laisse-moi-le voir… Tu es rouge vif. Je suis vraiment désolée, » déclara Charles.

Un peu paniquée, Charles s’était précipitée à mes côtés et avait tiré ma main vers elle, fixant la partie où le thé avait éclaboussé d’une expression peinée.

« Je vais chercher de la glace ! » s’écria Charles.

« Attends, attends un peu. Tu ne peux pas sortir comme ça. Je vais le chercher moi-même dans un instant, » déclarai-je.

Charles portait sa veste de survêtement comme d’habitude, mais c’est peut-être parce que je connaissais son secret qu’elle avait renoncé au corset spécial qu’elle portait pour maintenir ses seins. Avec sa veste bien ajustée, ses seins étaient évidents.

« Mais…, » balbutia Charles.

« En fait, Euhh. Tes seins… Ils se plaquent contre moi, » décalerai-je.

« … ! »

Comme si elle n’avait pris conscience de sa propre position qu’après qu’elle ait été mentionnée, Charles avait bondi en réponse, les bras croisés sur sa poitrine.

« … »

Même si ce n’était qu’un petit peu, ses yeux portaient ce regard accusateur dont seules les femmes étaient capables.

« Et moi qui m’inquiétais pour toi… Ichika, espèce de pervers…, » déclara Charles.

« Quoi !? »

Impossible ! J’étais traité comme un méchant. Quelle absurdité ! Quel mensonge ! J’imaginais peut-être des choses, mais pendant un moment j’espérais que ce n’était peut-être pas accusateur, mais un mélange d’embarras et de joie. Ouais… J’avais dû imaginer des choses. Quelle fille serait heureuse qu’un mec qu’elle n’aime pas la toucher ?

« Pff. C’est assez refroidi, ça devrait aller. Quoi qu’il en soit, essayons encore une fois, » déclarai-je.

« D’accord, » répondit Charles.

Cette fois, j’avais réussi à passer la tasse à Charles, et nous avions pris chacun une gorgée de notre thé. Après nous être humecté la gorge, j’en étais arrivé à la question que j’avais en tête.

« Alors pourquoi as-tu fait semblant d’être un homme ? » demandai-je.

« Ma… ma famille m’a forcée à le faire…, » répondit Charles.

« Hein ? Ta famille, est-ce bien les Dunois ? » demandai-je.

« C’est bien ça. Mon père est le président de la compagnie. C’était un ordre direct de sa part, » répondit Charles.

Quoi ? Quelque chose n’avait pas l’air d’aller ici. Quand la conversation s’était tournée vers sa famille, une tristesse était apparue sur le visage de Charles.

« Un ordre ? De ton père ? Comment cela se fait-il... » commençai-je.

« Je… Je suis la fille de l’une de ses maîtresses, » répondit Charles.

« … »

Silence, encore une fois. À 15 ans, j’étais assez vieux pour savoir comment le monde fonctionnait. Je n’étais pas assez innocent et protégé pour ne pas savoir ce que ça voulait dire.

« J’ai été adoptée par mon père il y a deux ans. Peu après la mort de ma mère, ses employés sont venus me chercher. Après des tests rigoureux, ils ont déterminé que j’étais tout à fait apte à piloter un IS, et j’ai été affectée comme pilote d’essai non officiel pour Dunois, » répondit Charles.

Charles se frayait un chemin courageux à travers une histoire dont elle ne voulait probablement pas se souvenir, alors je l’avais écoutée attentivement, la laissant finir.

« Je n’ai rencontré mon père que deux fois. Je n’ai prononcé que quelques phrases avec lui. On vivait dans des maisons séparées, et juste une fois, il m’a appelée chez lui. C’était terrible. Sa femme m’a même frappée, et elle m’a traitée de “sale briseuse de ménage”. Cela m’a vraiment peinée. Si maman m’en avait dit un peu plus, au moins je n’aurais pas été aussi déconcertée. »

Charles lâcha un rire forcé, trop sec pour avoir été un vrai rire. Je ne l’avais pas fait de mon côté et je suppose qu’elle ne voulait pas que je le fasse. Pour une raison quelconque, la colère s’était enflammée en moi, et j’avais serré les poings pour la retenir.

« Peu de temps après, Dunois est entré dans une crise financière, » déclara Charles.

« Attends, quoi ? N’ont-ils pas la troisième part la plus élevée de la production de masse des IS au monde ? » demandai-je.

« Oui, mais le Revive est toujours un IS de deuxième génération. Le développement des IS est incroyablement coûteux — la plupart des entreprises de l’industrie reçoivent une aide gouvernementale directe. Et la France s’est retirée du projet de défense commun de l’UE “Plan de mise à niveau”. Le besoin d’une troisième génération d’IS était urgent. Pourtant, même si c’était nécessaire pour notre défense, un pays qui ne disposait ni d’un budget important, ni de l’avantage du premier arrivé, en a inévitablement souffert. »

Maintenant que j’y pense, Cécilia avait parlé à plusieurs reprises du développement des IS de troisième génération.

« L’Union européenne procède actuellement à des essais pour déterminer le fournisseur principal de la mise à niveau de troisième génération. Les propositions en cours d’évaluation sont nos Tears, le Regen allemand et le Tempesta italien. La nôtre est actuellement la plus proche de l’état de préparation à la production, mais ce n’est pas encore décidé. J’ai donc été envoyé à l’Académie IS pour recueillir des données sur le terrain. »

C’est du moins ce que je m’étais souvenu. C’est probablement la raison pour laquelle Laura était aussi venue d’Allemagne.

« Revenons au sujet. Ainsi, si Dunois a commencé le développement d’un IS de troisième génération, il s’est en fait appuyé sur un projet de deuxième génération très tardif, très court en termes de temps et de données utiles, le projet n’a pas pu prendre forme. Par la suite, le gouvernement a fait savoir que le budget avait été considérablement réduit. Et que s’il n’était pas sélectionné lors du prochain essai, tout financement supplémentaire serait également complètement annulé, et la licence d’IS de Dunois serait retirée, » déclara Charles.

« Je crois que j’ai compris, mais pourquoi es-tu venue ici en te faisant passer pour un homme ? » demandai-je.

« C’est très simple. Comme vitrine pour notre produit. Et —, » Charles avait évité le contact visuel, sa voix trahissant un peu de frustration. « Il serait plus facile de me rapprocher d’un exemple similaire au Japon si je me faisais aussi passer pour un garçon. Si possible, je devais obtenir des données sur son IS et sur lui-même. »

« Ce qui signifie…, » déclarai-je.

« Oui. J’ai été envoyée pour voler des données sur Byakushiki. C’est ce qu’il m’a dit de faire, » déclara Charles.

D’après ce que j’avais entendu, le père de Charles profitait d’elle. Le genre de « Elle est douée avec un IS, alors utilisons ça ! » et rien d’autre. Elle l’avait sûrement ressenti beaucoup plus intensément que moi. C’est pour ça qu’elle parlait de son propre père comme s’il n’avait aucun lien de parenté avec elle. Dans son esprit, il n’était pas « papa », c’était juste un type.

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