Il ne voulait pas être le Centre de l’Attention – Tome 2 – Chapitre 38

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Chapitre 38 : L’explorateur élégant et la vérité sur la compagnie

Sakuya entra dans la 10e rue, se dirigeant vers le quartier général de Garamdoor, comme l’avait demandé son maître de guilde.

Elle était une « exploratrice ». Son travail n’était pas axé sur les opérations secrètes et l’infiltration, mais il arrivait parfois que des informations top secrètes soient hors de portée, même pour ceux qui avaient de l’expérience dans le domaine du renseignement.

Le service de renseignements du Verseau d’Argent, par exemple, n’avait pas beaucoup de membres spécialisés, mais tous triaient et géraient les informations et menaient parfois des enquêtes sur le terrain.

Les Ravirims vivent plus longtemps que les humains, mais l’âge de Sakuya était assez loin de son apparence. C’était seulement parce qu’elle avait cessé de compter que personne ne savait quel âge elle avait.

Elle avait rencontré Queue par hasard quatre ans auparavant et pour une certaine raison, elle s’était jointe à sa guilde. Sakuya n’était pas intéressée par le rang, mais quand elle s’était inscrite, elle avait connu son score d’aventurière pour la première fois. Ses seules techniques d’autodéfense valaient dix mille points, et en les additionnant à ses capacités de ravirim et d’exploratrice, sa note totale était de 32 384, ce qui en faisait une aventurière de Rang S.

Dans toute la capitale, environ une personne sur dix mille personnes entrait dans cette catégorie, et il y en avait encore moins dans celle des SS, et seules les entités ressemblant à des divinités étaient classées dans la catégorie SSS. Sakuya savait que les membres de l’expédition et Verlaine faisaient partie de la dernière catégorie, bien qu’ils n’aimaient pas se mettre en avant.

Et pourtant, je ne peux pas toujours tout lui laisser..., pensa-t-elle.

Étouffant ses pas, effaçant sa présence et cachant sa grande et belle silhouette sous un manteau gris, Sakuya passait devant des bars bruyants et des lieux remplis de vie malgré l’heure tardive. Personne ne pouvait la remarquer, et aucun d’eux ne s’était jamais posé la moindre question.

Laissant le bruit loin d’elle, elle était entrée dans un pâté de maisons plein de magasins, Garamdoor en possédait presque un quart.

Elle s’était rendue à pied à sa destination et, après un certain temps, elle s’était finalement retrouvée devant le haut mur qui entourait la cour d’un luxueux manoir de deux étages. En parcourant le document fourni par son maître de guilde, le regard de Sakuya s’était concentré sur la phrase « Récemment, le commerce d’animaux rares a fait rapidement croître Garamdoor ».

Il a deviné correctement, comme toujours... Je le sens à peine, mais il y a une faible trace de semi-humains venant de cette demeure..., pensa-t-elle.

Après que la ravirim ait vérifié qu’il n’y avait personne, elle avait frappé le sol avec son pied et avait facilement sauté de l’autre côté du mur avec une culbute arrière.

Au moment où Sakuya avait atterri, elle avait remarqué que certains chiens avaient commencé à la charger à l’intérieur de la cour. Les chiens étaient parmi les ennemis naturels des lapins, mais les ravirims n’avaient pas si peur d’eux, alors Sakuya tendit la main aux bêtes qui arrivaient et murmura un simple mot. « Illusion. »

Bien qu’il s’agisse de la magie la plus élémentaire, son effet fut immédiat : les chiens, n’ayant aucune résistance magique, arrêtèrent leur charge féroce en quelques instants et se roulèrent sur le sol avec bonheur, montrant leur ventre vers le ciel.

En les regardant, elle ne pouvait s’empêcher de rire.

« Si vos propriétaires disparaissent, je vous emmènerai dans un endroit meilleur. Vous pouvez avoir une bonne vie si vous vivez ensemble dans un groupe, » déclara Sakuya.

Sakuya n’aimait pas l’odeur des autres bêtes, alors elle gardait ses distances quand elle le pouvait. Laissant derrière elle les chiens piégés dans leur illusion, elle s’était approchée de la bâtisse.

Une relation interraciale n’était acceptable que si elle était liée par un serment de sang. De cette façon, le demi-humain n’était plus dérangé par l’odeur de son partenaire.

Pourtant, les relations entre les demi-humains et les humains étaient taboues.

Les races qui partageaient la même origine étaient différentes grâce aux bénédictions divines qui leur avaient été données. Certains étaient opposés, comme les elfes et les elfes noirs ou le loup-garou et le dogrim. Pourtant, lorsqu’il s’agissait d’humains et de demi-humain, ils étaient l’objet d’une dérision mutuelle malgré leurs allures similaires.

Sakuya pensait que Queue avait sûrement remarqué ce qu’elle ressentait pour eux.

Elle détestait ces humains vils qui fermaient les yeux quand les demi-humains étaient utilisés pour faire du profit de façon unilatérale.

Mais elle s’était réjouie quand elle avait appris que des êtres vertueux existaient.

Malgré tout, je les classe comme ils le font avec nous. Si le monde était impartial, nous verrions tous tant de choses différentes..., pensa-t-elle.

Ses pensées affluaient dans son esprit alors qu’elle tournait au coin du chemin et se rendait derrière la maison, où elle avait vu un arbre. Elle s’était jetée sur son tronc et avait facilement sauté sur le toit sans faire de bruit.

Elle pouvait voir qu’il y avait un grenier d’après l’allure de l’immeuble, et il ne lui avait fallu que quelques instants pour trouver sa petite fenêtre et remarquer qu’il y avait quelque chose d’anormal.

Elle était scellée par des chaînes à l’extérieur, et elle pouvait voir des traces de personnes qui étaient entrées par là, ainsi que des rayures et des rainures évidentes à l’intérieur, des signes que des personnes avaient essayé de sortir de là, mais qu’ils n’y parvenaient pas.

Seuls les demi-humains auraient pu faire ça... Si les humains n’utilisaient pas la Magie de Soutien comme Queue, arracher ces chaînes à mains nues était impossible.

Peut-être que les intrus sont encore dans ce manoir... mais ils ne sont pas humains... pas s’ils ont fait ces rayures..., pensa Sakuya.

Sakuya savait que c’était risqué, mais elle était prête à se battre dans une certaine mesure. Elle avait lancé la Brume de Hazy — l’une de ses compétences de ravirim — pour annuler les attaques physiques, puis elle avait repoussé les chaînes et avait ouvert la fenêtre.

Une fois à l’intérieur de la pièce, elle scruta son environnement dans un noir absolu avec ses yeux rouges, qui étaient capables de voir clairement même quand il n’y avait presque pas de lumière, puis elle capta une réverbération étouffée, presque inexistante avec son sens aigu de l’audition.

Sa race avait été ridiculisée comme une race de voleurs, mais Queue lui avait dit que ses sens aiguisés pourraient lui être utiles lorsqu’ils s’aventuraient dans des ruines ou des donjons.

À ce moment précis, elle sentit dans le grenier un demi-humain qui effaçait presque complètement sa présence.

« ... Tu m’as remarquée ? Eh bien, c’est très bien. Si tu ne m’as pas attaqué tout de suite, on partage probablement le même but. »

Un loup-garou mâle se cachait dans l’ombre. Il n’était pas jeune, mais il n’avait pas non plus l’air vieux.

Ses vêtements lui rappelaient ceux d’un voleur, mais Sakuya savait que ce n’était pas son métier principal. Un voleur se battait avec une courte épée, mais la silhouette du loup-garou semblait modelée par les arts martiaux alors qu’il se tenait là avec une expression dérangée.

Puis, Sakuya avait parlé. « Je ne m’attendais pas à ce que quelqu’un me précède. Tu ne t’es pas faufilé ici pour voler quelque chose, n’est-ce pas ? »

« Non, j’ai déjà terminé mes recherches. Savoir qu’elle était ici est plus qu’assez... tu devrais rentrer chez toi maintenant. Je vais massacrer tout le monde dans cette maison, et j’espère vraiment que tu ne veux pas t’impliquer. »

Son regard avait fouillé la pièce et elle avait commencé à relier les points.

Dans ce grenier, il y avait des couvertures qui avaient probablement été utilisées et abandonnées par quelqu’un.

En reconstituant les sillons sauvages et les nouvelles informations qu’elle acquérait, elle pouvait facilement imaginer ce qui s’y passait : plusieurs demi-humains avaient été confinés dans cette pièce.

Elle avait ensuite retourné son regard à l’homme-loup.

« Ne peut-on pas en discuter ? J’ai des affaires à régler ici, donc je ne peux pas suivre ta suggestion, » déclara-t-elle.

« Tu as l’air intelligente, alors je parie que tu as deviné ce qui s’est passé ici. Les marchandises que cette société commercialise sont des demi-humains. Je les cherche... et je sais que ma fille est venue ici. Garamdoor a déjà dû la vendre ou la déplacer à un autre endroit pour éviter d’être traqué... mais quoi qu’il en soit, je dois leur faire payer pour cela, » déclara l’homme.

« Pour autant que je sache, Garamdoor vend des produits rares. Ils ne vendent pas d’esclaves... Ce n’est qu’une façade, » déclara-t-elle.

« Une façade ? Ils achètent des demi-humains attrapés pour les vendre à des aventuriers et à des criminels. C’est la vérité, » déclara-t-il.

Sakuya passa en revue les suppositions de Queue et en tira sa conclusion après avoir réfléchi à ce qu’elle avait vu. Mais pour le confirmer, elle avait absolument besoin de cette preuve.

« Si tu massacres tout le monde dans ce manoir, comment peux-tu être sûr que la personne que tu cherches est en sécurité ? » demanda-t-elle.

« ... Alors quoi ? Je devrais me calmer ? Choisis tes mots judicieusement. Il est déjà trop tard, et j’ai mes raisons pour me venger. Ces salauds ont piégé et enlevé ma fille, qui ne s’intéressait qu’à la ville des humains, » déclara l’homme.

« Personne ne te dirait le contraire. Je les ferais payer, mais les tuer ne te fera pas te sentir mieux. Je le pense vraiment. Il y a beaucoup d’enfer présent dans ce monde — même si tu décides de raser cet endroit, tu ne résoudras rien à long terme, » déclara-t-elle.

L’homme avait ouvert en grand les yeux. La jeune fille devant lui, qui parlait d’une manière recueillie et semblait être une partisane de la non-violence, cachait une hostilité et une haine vive pour les humains bien plus profondes que la sienne, qu’il percevait facilement dans ses paroles.

« ... Si je fais ce que tu dis, crois-tu que je puisse ramener ma fille à la maison ? » demanda-t-il.

« Ce sera plus probable, oui. Si tu tues quelqu’un ici, la vigilance de Garamdoor deviendra probablement plus stricte, mais nous avons besoin qu’elle se relâche. On peut montrer à tout le monde qu’ils ont péché, mais il nous faut des preuves pour ça, » déclara-t-elle.

« Des preuves... ? S’ils vendaient des demi-humains, ce manoir devrait avoir beaucoup de rayures, » déclara-t-il.

« Non, ils continuent à échanger des biens rares. Ta fille peut-elle changer de forme ? » demanda-t-elle.

Seule une petite partie des demi-humains le pouvaient, et ils le gardaient habituellement secret.

Le changement de forme pourrait les faire revenir à la forme de leurs ancêtres, leur apportant les qualités d’une créature de sang pur. Cela les avait amenés à gagner le respect de leur propre famille, mais aussi à faire envier leur sang à leurs compatriotes villageois, faisant en sorte que même leurs amis s’affrontaient pour l’obtenir.

« ... Es-tu en train de dire que les humains mettent un prix sur les demi-humains de sang pur ? » demanda l’homme.

« Je veux dire qu’ils voient les demi-humains aux formes changeantes comme des articles rares, alors ils vont leur mettre un prix élevé..., » répondit-elle.

« Après les changements de forme de ma fille, elle revient toujours à sa forme originale. Tu ne peux pas la confondre à un animal. Même si tu vends quelqu’un comme ça, tout le monde remarquerait que c’est juste une demi-hu..., » commença l’homme.

Sa voix s’était dissipée au fur et à mesure qu’il s’en était rendu compte.

« Les gens devraient pouvoir le remarquer tout de suite, mais ils ne le font pas. C’est comme ça que Garamdoor peut déguiser leur trafic d’êtres humains avec une entreprise de vente d’animaux. Peu importe ce qu’ils utilisent à cette fin, c’est sûrement caché dans ce manoir, » déclara Sakuya.

Après la déclaration de Sakuya, l’homme se tut, et après quelques instants il prit une des couvertures... probablement celle de sa fille.

Une fois qu’il l’avait fait tomber de nouveau, il avait tenu son poing contre son front comme s’il récitait une prière silencieuse.

« ... Quel est ton nom ? Je suis Gustav Wolfgang, un loup-garou, » demanda l’homme.

« Je suis... Sakuya, » répondit-elle.

« Bien. J’ai compris que nous partageons le même but... quelle coïncidence bizarre ! Laisse-moi venir avec toi, » déclara Gustave.

« D’accord. Nous allons enquêter sur cet endroit sans nous faire remarquer. Connais-tu des techniques de dissimulation ? » demanda Sakuya.

« Pas aussi bon que les tiennes, mais aucun humain ne peut me remarquer, bien que je ne ressemble qu’à un vieil homme peu fiable, » répondit Gustave.

Sakuya estimait que Gustav était un aventurier de haut rang, donc coopérer avec lui était une bonne chose. Alors qu’ils s’apprêtaient à commencer leur enquête, un doute s’était emparé de son esprit.

« Comment as-tu géré les chiens dans la cour ? » demanda Sakuya.

« Je les ai juste regardés fixement. Un chien domestique n’égalera jamais un loup, » répliqua Gustave.

Malgré la rage et l’intention meurtrière qui avaient jailli de lui jusqu’à quelques instants auparavant, il s’était mis à rire doucement pendant que son expression se détendait, et Sakuya avait compris sa nature aimable.

Que sa fille soit en sécurité...

Tenant sa main contre sa poitrine, elle passa le bout de ses doigts sur le collier qu’elle cachait sous son manteau.

Être libérée de la persécution et mener une vie paisible... c’était son rêve le plus cher.

Exprimant sa profonde gratitude à Queue, qui lui avait demandé de participer à cette mission, elle avait une fois de plus confirmé que les suppositions de son maître n’étaient jamais fausses.

L’instant d’après, Sakuya et Gustav quittèrent le grenier pour descendre au deuxième étage du manoir.

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Claramiel

Bonjour, Alors que dire sur moi, Je suis Clarisse.

2 commentaires :

  1. Merci pour le chapitre.

  2. Merci pour le chapitre!

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