Chapitre 23 : L’académie de magie et la jeune enseignante
Je voulais que Kirsch reste en sécurité, alors j’avais dépêché des membres de ma guilde spécialisés dans ce type de travail. Le responsable de la collecte d’informations était Leeza.
Verlaine était entrée dans le bureau au deuxième étage et avait placé le contrat dans la trésorerie, puis elle avait commencé à enlever son tablier. C’était également sa chambre, donc ce n’était pas une action étrange ou audacieuse... si je n’avais pas été présent en ce moment.
« Quoi ? J’enlève seulement mon tablier. Ne me dis pas que tu vas m’ordonner de me déshabiller totalement. Mais c’est une bonne idée, » déclara Verlaine.
« Il y a beaucoup de choses que j’aimerais que tu fasses, mais pour l’instant, parlons du travail, » déclarai-je
« Tu es toujours si calme... C’est vrai que je suis une elfe noire, mais ne ressens-tu aucun intérêt pour moi en tant que femme ? » demanda Verlaine. « Les humains préfèrent les elfes normaux, mais nous descendons de la même race. Adorer le Dieu des ténèbres ou le Dieu de la lumière est ce qui a déterminé la couleur de notre peau, et rien de plus. »
« Je savais que c’était quelque chose comme ça, mais l’entendre d’une elfe noire est tout à fait incroyable, » déclarai-je.
« Hehehe... Eh bien, nous parlons de mythes, » répondit Verlaine. « Pour le dire franchement, la couleur de notre peau est la seule différence entre nous. »
Elle l’avait dit alors qu’elle plaçait le tablier plié sur le bureau. Puis, elle avait commencé à détacher sa coiffure.
« ... Dois-je considérer ton regard comme une démonstration d’amour ? Il semble que tu ne t’es pas encore guéri par toi-même, alors tu devrais être de bonne humeur, » demanda Verlaine.
« Ce n’est pas comme si je retirais chaque fois l’alcool présent dans mon corps, » répondis-je.
Sous son tablier blanc, elle ne portait qu’une robe noire qui était très plaisante sur elle. Cela lui allait très bien avec sa peau blanche, mais j’étais sûr qu’elle aurait été belle même avec la véritable couleur de sa peau.
« Quoi qu’il en soit, c’est quand même une demande absurde. Le destin de tout le pays est en jeu... mais c’est approprié pour quelqu’un comme toi, Maître, » déclara Verlaine.
« Beaucoup de gens sauront que nous ne sommes pas une guilde normale, donc nous attirerons beaucoup trop d’attention... après avoir fini ce travail, nous attendrons que les choses se tassent avant de faire la moindre chose, » déclarai-je.
« Je suppose que Velvechia est en train de mobiliser leurs soldats en ce moment même, » déclara Verlaine. « Que vas-tu faire pour y remédier ? S’ils déplacent toute leur armée, nous devrons peut-être prendre des mesures spectaculaires. Je suis d’accord pour moi-même y aller, mais tu as probablement une meilleure idée. »
« Ça fait longtemps que tu ne t’es pas battue, alors je ne peux pas te laisser agir, » répondis-je. « Eh bien, quelqu’un devra faire quelque chose de tape-à-l’œil, mais la demande est assez difficile en soi... »
Verlaine affichait en ce moment un sourire ironique alors qu’elle devinait à qui je faisais référence.
« Cette fille, hein... Elle a fait beaucoup de dégâts dans mon pays, » déclara Verlaine. « Nous avons un nouveau lac, et il est même devenu une attraction touristique célèbre. Il y a beaucoup de choses qu’elle a laissées derrière elle. Pourquoi ne pas changer son surnom en “Cataclysme Ambulant” ? »
« Elle ne sait pas comment s’y prendre en douceur... on peut dire la même chose pour son apparence, » répondis-je.
« Son apparence, hein... Je n’aime pas les gens qui prennent soin d’eux-mêmes. Je suivrais mon propre chemin. N’est-ce pas la meilleure façon de vivre ? » demanda Verlaine.
Un ancien esprit dirigeant comme toi ne devrait-il pas plutôt parler de retraite spirituelle ? J’avais gardé cette blague absurde pour moi, mais dans mon cœur, j’étais d’accord.
« Si tu veux lui demander quelque chose, attends qu’elle passe au bar. Je vais aussi t’aider, » déclara Verlaine.
« D’accord, merci. Mais nous devons commencer bientôt, alors il vaut mieux aller lui demander sincèrement, » répondis-je.
Alors que je me demandais si la Douce Catastrophe éternuait à ce moment-là, je m’étais déplacé à l’arrière du bureau.
« Maître, n’as-tu pas promis à Cody de ne pas te marier avant lui ? » demanda Verlaine.
« Je ne pense pas ? D’ailleurs, si on enlève le tablier d’une robe avec tablier, cela reste fascinant. Pourquoi est-ce que c’est ainsi ? » demandai-je.
« Kh... Si tu penses ça, alors pourquoi ne réagis-tu pas ? Les individus sont vraiment mauvais, mais toi, tu es un monstre, » répliqua Verlaine.
« Les individus sont tentés trop facilement. Si je devais me soûler, je ne sais pas ce que je pourrais te faire, » déclarai-je.
« Maître, tu es vraiment quelque chose. Ne devrais-tu pas te détendre un peu plus... ? Mais ce serait mieux si tu ne fais rien pour faire que je te méprise. Après tout, je suis toujours l’ancienne Seigneur-Démon, » déclara Verlaine.
Son ton suggérait tout sauf le mépris et la haine, mais je devais quand même penser à lui rendre un jour son talisman.
Pourtant, en m’habituant à avoir une barmaid compétente comme elle, j’avais pensé à quel point il aurait été triste qu’elle retourne dans son pays natal.
☆☆☆
Le lendemain matin, j’avais laissé Verlaine s’occuper du bar pendant que j’allais à l’académie de magie.
J’avais pris une diligence qui m’avait amené vers le nord-est et j’étais descendu exactement devant l’académie. Le site était assez énorme, et depuis le jardin, je n’avais dû marcher que cinq minutes pour atteindre le bâtiment affecté aux laboratoires.
Le campus était rempli de jeunes, dont certains mangeaient leur repas, tandis que d’autres pratiquaient la magie.
Un bureau d’accueil pour coordonner les réunions et pour obtenir des informations avait été placé à l’entrée du bâtiment des laboratoires. Je parie qu’ils ne me laisseraient pas entrer facilement si j’avais le visage couvert, alors je l’avais approché avec mon apparence réelle. Même si je m’étais présenté comme Queue d’Argent, personne ne se serait souvenu que j’avais été l’un des membres de l’expédition contre le Seigneur-Démon, puisque durant ces cinq années, j’avais gommé toute trace de moi-même. Mais étant donné ma nature, j’avais préféré utiliser un faux nom.
« Bonjour Monsieur. Avez-vous un rendez-vous ? » demanda la réceptionniste.
La réceptionniste portait un chapeau et son uniforme soulignait tellement la forme de sa poitrine que j’avais une lutte interne pour éviter de fixer cette énorme bénédiction divine.
Son apparence et son sourire éclatant donnaient vraiment un sentiment de jeunesse, mais si elle travaillait ici, elle aurait dû être plus âgée que moi.
Eh bien ! Franchement, est-ce que Mylarka et les gens liés à cet endroit ont agrandi leurs seins ou bien est-ce la zone qui cause ça ? pensai-je.
« Je m’appelle Queue Solver. Je cherche le laboratoire de Mylarka, qui enseigne la magie offensive à la première classe, » déclarai-je.
« La professeur Mylarka s’est dirigée vers la bibliothèque. Voulez-vous l’attendre ici, Monsieur Queue ? » demanda-t-elle.
« Non, je préfère y aller moi-même. Merci pour l’information, » déclarai-je.
« Beaucoup d’hommes veulent rencontrer Madame Mylarka, mais elle les rejette généralement avant même de connaître leur nom, » répondit-elle.
« Je vois... attendez ! Dans ce cas, pourquoi me l’avez-vous dit ? » demandai-je.
« Elle m’a dit que je pouvais faire savoir à un jeune homme aux cheveux noirs dont le nom commençait par “Q” où elle se trouve, » déclara la réceptionniste.
Bien sûr, « faites-lui savoir où je suis », pas « dites-lui où je suis ». Cela ressemblait exactement à quelque chose que Mylarka dirait... mais que se passerait-il si quelqu’un d’autre avec ces caractéristiques se montrait ?
« Elle a également dit que la voix de cet homme serait plus grave que prévu, alors je suppose qu’elle parlait de vous, n’est-ce pas ? » continua la femme.
« Eh bien, probablement oui. Pouvez-vous lui dire de ne pas divulguer des informations personnelles, s’il vous plaît ? Et cela même quand il s’agit de plaisanter, » demandai-je.
« Oui. Je garderai ça secret entre nous, » déclara-t-elle.
Elle hocha la tête avec un sourire joyeux, et mon regard était descendu sur ses gros seins, qui suivaient avec douceur ses mouvements. Sur son badge était inscrit son nom : « Pollon Marcot ».
« Désolé si ce n’est pas lié, mais parlez-vous avec des étudiants de sexe masculin sans raison réelle ? » demandai-je.
« Mon travail est de fournir des informations à ceux qui viennent ici, donc, sans raison réelle, j’évite de parler beaucoup avec eux, » répondit-elle.
Je vois. Donc, comme je ne suis pas un étudiant, elle m’aurait reparlé si je reviens... attends, il faut que je reste calme. Si Mylarka était au courant que je le faisais, elle voudrait certainement me tuer, alors il vaut mieux garder mes lèvres scellées.
☆☆☆
J’étais entré dans la bibliothèque et j’avais demandé au bibliothécaire où trouver Mylarka. Comme elle faisait des recherches sur la magie offensive, elle aurait dû être à l’est du deuxième étage.
Ce genre de magie pourrait fonctionner de plusieurs façons, y compris en empruntant du pouvoir aux esprits ou aux dieux, ou en utilisant son pouvoir magique pour se mêler des lois du monde. Dans mon cas, j’avais étudié et amélioré ce que j’avais appris d’autres personnes, mais je faisais partie de ce dernier groupe.
Une fois au deuxième étage, je l’avais parcouru en admirant le grand nombre de livres stockés sur les étagères, jusqu’à ce que je la voie enfin.
Elle essayait d’atteindre un livre. Elle avait tout son corps étiré, mais le bout de ses doigts ne pouvait que l’effleurer.
« Quel est l’intérêt de placer les livres à cette hauteur ? Ils devraient être à la portée de tous... ! » déclara-t-elle.
Elle se plaignait de frustrations en murmurant, et c’était quelque chose qu’elle n’aurait jamais laissé voir aux autres.
Je m’étais alors approché furtivement d’elle, j’avais pris le livre sur l’étagère et je le lui avais remis.
« En as-tu besoin ? » demandai-je.
« Kh... Depuis combien de temps es-tu ici, Queue ? » demanda-t-elle.
« Juste à temps pour prendre ça pour toi. Est-ce le bon ? » demandai-je.
« Je ne dirai pas que ce n’est pas le cas, » répondit-elle.
Elle l’avait pris et avait parcouru les pages en les feuilletant.
« Ne crois pas que mon opinion te concernant s’est améliorée seulement parce que tu es plus grand que moi et parce que tu as essayé d’agir d’une manière cool, » répliqua Mylarka.
« La prochaine fois que je passerai, je t’apporterai un tabouret. Ou bien préférais-tu que je te porte sur mes épaules ? » demandai-je.
« Ne sois pas arrogant ! Mets-toi à quatre pattes et sois plutôt mon tabouret ! Et comme je suis gentille, j’enlèverai même mes chaussures avant de te marcher dessus ! » Mylarka m’avait crié dessus, et même si j’étais habitué à ses abus verbaux, c’était un peu trop même pour moi.
Bien qu’elle était une jeune enseignante de l’académie de magie, elle avait tout juste seize ans et ne semblait pas différente d’une élève. C’était la même chose pour la réceptionniste à qui j’avais parlé tout à l’heure. Je pensais aussi que le chapeau lui allait très bien.
« J’avais l’impression que tu viendrais bientôt. Veux-tu quelque chose de ma part ? » demanda-t-elle.
« Oui. Je veux demander quelque chose à la sauveuse masquée…, » déclarai-je.
« Non, on oublie ça, » répliqua-t-elle directement.
« … Peux-tu au moins écouter avant de refuser, s’il te plaît ? » demandai-je.
Elle m’avait interrompu avant de plier les bras, le livre encore dans sa main, puis elle m’avait regardé en se brossant ses cheveux blonds.
« C’est quelque chose que je ne fais que pour Yuma. Peux-tu arrêter de penser que je porterais un masque de moi-même ? » demanda-t-elle.
« Je sais que tu tiens vraiment à tes amis, » répondis-je.
« Me flatter ne t’aidera pas. J’ai seulement pensé que ce serait dangereux pour Yuma si Aileen était sa seule aide et rien de plus, » répliqua-t-elle.
Tu es la plus dangereuse, mais j’avais décidé de garder le silence.
Si elle avait accepté de me prêter sa force, j’aurais résolu le premier problème... de manière épique.
« J’essaierai d’y réfléchir quand tu m’auras aidé. Tu devrais être capable de transporter cinquante livres si tu utilises ta Magie de Soutien, n’est-ce pas ? » demanda-t-elle.
« Les maintenir en équilibre semble impossible, mais il n’y a pas de problème. Alors, tu agis comme un professeur normal, hein ? » demandai-je.
« Je ne trouverai pas de références pour ma magie dans ces livres, mais si je n’enseigne pas la théorie à mes étudiants, ils n’apprendront pas du tout comment utiliser la magie... Ah, prends le livre bleu sur cette étagère. Maintenant, le deuxième à partir de sa gauche, » déclara-t-elle en me pointant du doigt les différents livres qu’elle voulait.
Elle n’arrêtait pas de me donner des ordres, et les livres s’empilaient dans mes bras, mais ce n’était pas une chose si absurde que je devais faire pour pouvoir lui faire écouter ma demande.
La montagne avait grandi presque jusqu’au vingtième livre quand elle se tut un instant.
Je l’avais regardée et elle avait fait un beau sourire.
« Je suis content que tu sois venu aujourd’hui. Il aurait été difficile de porter tout cela toute seule. Merci, Queue, » déclara-t-elle.
« Kh... C’est bon à entendre. Je suis content d’avoir pu t’aider, » répondis-je.
« ... Mh ? C’est quoi ce regard bizarre ? Il y a quelque chose de coincé sur mon visage ? » demanda-t-elle.
« Oui, les yeux, le nez et la bouche les plus typiques du monde, » répliquai-je.
« Oh, est-ce qu’on joue avec l’évidence ? Tu as également les yeux, le nez et la bouche les plus simples du monde, » répliqua-t-elle à son tour.
J’avais été surpris de recevoir un remerciement venant d’elle... Était-elle un peu heureuse en collectionnant les livres ou était-ce juste mon imagination ?
« Oh, au fait, Queue. Je parie que tu as regardé l’énorme poitrine de Pollon, la réceptionniste. C’est grossier et dégoûtant. Attention, la prochaine fois, j’appellerai les gardes, » annonça-t-elle.
Au moment où j’avais voulu me venger d’elle, j’avais pensé à ce qui aurait pu se passer dans ce scénario. Le nom de Queue Solver se répandrait dans tout le pays pour avoir été arrêté dans cette académie, et il n’y avait rien qu’il aurait pu faire pour échapper à son destin. Une fois que Timis en aurait entendu parler, elle aurait été très déçue...
Quand le tas de livres était devenu deux fois plus grand que moi, je l’avais apporté à la bibliothécaire, qui l’avait regardé d’un air choqué. Après avoir obtenu la permission de les prendre, j’avais marché vers le laboratoire de Mylarka. J’avais l’impression de me démarquer sans raison réelle, mais je m’étais convaincu que c’était pour le bien de tous.
Merci pour le chapitre.
Merci pour le chapitre.
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