Chapitre 20 : Le talisman et les sauveuses masquées
Deux jours plus tard, les parents de Yuma, portant le manteau habituel, étaient revenus dans mon bar. Mais je ne m’attendais pas à voir leur fille avec eux.
« Merci d’avoir répondu à notre demande, » déclara le père.
« Il n’y a pas de mots pour exprimer à quel point nous vous sommes reconnaissants…, » déclara sa mère.
« Notre Maître de guilde veut vous dire que nous pensons que cette récompense sera largement suffisante, » déclara Verlaine.
Au début, je ne voulais pas leur prendre de l’argent. Grenadine nous avait remis plus de cinq cents pièces d’or, mais j’avais dit à Verlaine de n’en prendre que deux cents. Obtenir ce manoir était plus que suffisant, et même après avoir couvert le coût de notre séjour, nous aurions eu un surplus de près de cent cinquante pièces d’or.
Yuma m’avait approché pendant que ses parents continuaient à parler à la barmaid. Sous son manteau, elle portait une blouse et une jupe, différente des vêtements ordinaires que j’avais vus sur elle il y a quelques jours.
« Ça fait un moment, Queue. Je peux m’asseoir ici ? » demanda Yuma.
« Bien sûr. Tu sembles aller bien mieux qu’avant, » avais-je dit.
« Oui, tout cela est grâce à toi…, » avait-elle déclaré en me fixant du regard.
« Je ne le pense pas... ? Je n’ai rien fait. Nous n’avons fait que nous parler, rien de plus…, » avais-je répondu.
Depuis qu’elle était ici, elle avait peut-être remarqué quelque chose... elle n’allait probablement pas accepter ainsi mon excuse.
« Oh, vraiment ? Alors... ne m’as-tu pas vue nue ? » demanda Yuma.
Ses paroles étaient comme des couteaux tranchants. Si j’avais dit que ce n’était pas moi, même une philanthrope comme Yuma aurait pensé que j’étais un menteur.
« Je suis désolé, tu as gagné. Mais je ne voulais pas que tu le découvres…, » déclarai-je.
« Je ne confondrais jamais ton âme avec celle de quelqu’un d’autre. Au cours de ces cinq années, j’ai pensé à la réconforter tous les jours…, » déclara Yuma.
Était-ce son salut habituel ? Je commençais à me poser des questions. Était-il possible que cette prêtresse psychopathe voulait la même chose que tout le monde ?
Dans tous les cas, mon âme semblait avoir une signification spéciale pour elle. Je pouvais le dire après l’avoir connue pendant si longtemps.
Même si elle ne buvait pas une goutte d’alcool, ses yeux comme enivrer me regardaient d’un air séduisant. Verlaine avait dit que mon pouvoir magique était relaxant... mais mon âme était-elle enivrante pour ceux qui pouvaient la voir ?
« Lady Yuphila est vraiment extraordinaire. Elle n’a pas utilisé son pouvoir pendant longtemps, alors elle a fini par purifier tout le capital en une seule fois…, » déclara Verlaine.
« En effet... pour devenir prêtre à part entière, il faut aussi se charger régulièrement des fantômes, mais c’est devenu impossible pour les autres. Néanmoins, de plus en plus de gens font des dons à l’église, » répondit Grenadine.
« Nous lui avons dit d’éviter d’utiliser ses pouvoirs exactement pour éviter cette situation... mais elle est devenue trop stressée, alors nous allons essayer de trouver une solution pour cela, » déclara sa mère.
C’était compréhensible. Elle était si forte que, si elle utilisait son pouvoir, tous les autres prêtres perdraient leur emploi pendant un certain temps... comme maintenant.
Mais les fantômes naissaient en fonction de la vie qu’ils avaient eue, donc ce n’était qu’une question de temps avant que certains n’apparaissent. Cependant, si Yuma utilisait à nouveau son pouvoir, toute la capitale aurait été à nouveau purifiée.
J’avais déjà pensé à une solution, mais elle aurait dû boire un cocktail spécial avant.
« Yuma, as-tu un plan pour ne pas finir comme ça à nouveau ? » demandai-je.
« Oui, j’y ai déjà pensé, » me répondit-elle.
Elle avait alors sorti un masque de son sac... Je ne l’avais jamais moi-même porté, mais je l’avais déjà vu.
Elle s’était approchée de moi et avait commencé à chuchoter d’une voix si douce qu’elle aurait pu m’endormir. C’était si doux et enivrant que cela m’avait donné envie de me consacrer entièrement à sa religion.
« Si les personnes savent que je suis une prêtresse d’Albein, ils me donneront une récompense pour les fantômes purifiés... mais si je porte ce masque et que je deviens une prêtresse errante, je peux éviter ça, » déclara Yuma.
« ... Es-tu sérieuse ? » demandai-je.
« Oui, je le suis. De cette façon, je peux voyager à l’extérieur de la capitale et aider périodiquement les villages, mais cela signifie aussi que je serai loin de l’orphelinat, donc je devrais me préparer pour ça, » déclara Yuma.
Elle ne voulait pas quitter la chapelle ou l’orphelinat, mais c’était le seul choix qu’elle avait pour évacuer son stress. Si elle était sérieuse, j’allais faire de mon mieux pour l’aider.
Verlaine avait immédiatement compris mes intentions.
« Il existe une solution pour empêcher Lady Yuphila de retomber malade. Qu’elle se déplace périodiquement en dehors de la capitale pour de courts voyages, afin qu’elle puisse utiliser son pouvoir librement, » déclara Verlaine afin que tout le monde soit au courant, alors qu’avant ça, Yuma ne l’avait dit qu’à moi.
« Je vois... mais est-ce que ce sera pour le mieux ? Elle se soucie beaucoup de l’orphelinat…, » déclara son père.
« Nous pouvons vous fournir des personnes compétentes pour s’assurer que les enfants seront en sécurité même en l’absence de Lady Yuphila, » déclara Verlaine.
« Voudriez-vous aller aussi loin pour nous... ? Merci beaucoup, oui, merci beaucoup, » déclara Grenadine.
Les parents de Yuma s’étaient inclinés devant Verlaine, puis Grenadine avait sorti quelque chose de sa poche de poitrine.
« Qu’est-ce... ? » demanda Verlaine.
« C’est le talisman remis aux organisations qui sont profondément liées à la Sainte Église d’Albein. Nous n’en avons jamais donné à une guilde, mais nous voulons que le Verseau d’Argent l’accepte, » déclara-t-il.
Le Talisman de la Sainte Église d’Albein !? Si j’avais ça, l’église aurait été en premier dans ma guilde pour faire leurs demandes !
Jusqu’à présent, le Bélier Blanc était la préférée en raison de sa réputation, mais maintenant nous aurions la priorité sur eux. Bien sûr, nous n’étions pas obligés d’accepter leurs demandes.
Nous ne pourrions accepter que les plus importants, pour ne pas être remarqués.
Il ne fallait pas faire plus que ça. Devais-je vraiment l’accepter ?
« Nous l’acceptons volontiers, » déclara Verlaine.
« Merci. Quoi qu’il en soit, Monsieur Queue d’Argent a vraiment fait du bon travail. Cette guilde ne peut être trouvée qu’en la cherchant précisément, mais elle est étonnante. Est-ce que c’est ce qu’un ancien héros peut faire ? » demanda Grenadine.
« S’il vous plaît, gardez ça secret. Notre succès est un fait acquis, mais ce n’est pas l’attention de tous que cherche notre maître de guilde, » déclara Verlaine.
Grenadine et Fenna ne savaient pas qui j’étais. En les regardant, Yuma avait laissé échapper un léger rire, puis avait affiché une légère expression pleine d’excuses tout en décidant de ne rien leur dire.
« L’humilité est la première vertu de la doctrine d’Albein. Ce serait délicieux si ma fille choisissait un homme comme lui pour partager son avenir, » déclara Grenadine.
« Ghh ! *Toux* ! *Toux* ! »
Alors que l’alcool m’avait malmené ma gorge, Yuma m’avait tapoté le dos, inquiète.
« Mon chéri, Yuphila a encore quatorze ans. C’est encore tôt pour son mariage, » déclara Fenna.
« Euh, c’est vrai. Mais ce ne sera parfait que dans deux ans. Nous nous sommes aussi unis à cet âge, n’est-ce pas ? » demanda Grenadine.
« Mon chéri, s’il te plaît... pas devant d’autres personnes... c’est embarrassant…, » déclara Fenna.
Yuma avait rougi lors de leur charmant échange.
« D-Désolée... mon père est très heureux de ma guérison... C’est peut-être la première fois que je le vois aussi joyeux…, » déclara Yuma.
« J-Je vois…, » répondis-je simplement.
Je voulais lui demander comment elle se serait sentie si elle m’avait épousé, mais elle n’aurait jamais répondu. Yuma avait replacé les cheveux qui étaient devant son visage et avait touché ses oreilles rougies.
Je pouvais dire qu’elle était vraiment troublée.
Puis, l’archevêque avait avalé son verre et s’était levé.
« On devrait maintenant partir. Remerciez Monsieur Queue pour nous, s’il vous plaît, » déclara-t-il.
« Je vais le faire. Soyez prudent sur le chemin du retour, » répondit Verlaine.
« Merci. Nous vous reparlerons si quelque chose se produit à l’avenir, » déclara Grenadine.
Yuma était retournée auprès d’eux, et avant de sortir du bar, elle s’était tournée vers moi et avait légèrement agité la main.
« Félicitations pour avoir obtenu l’autorisation d’épouser Yuma, Monsieur l’ivrogne ! Fêtons ça ! » déclara une voix féminine depuis derrière moi.
« Woah ! Oh... salut, Aileen, » déclarai-je en constatant qui c’était.
Elle m’avait serré les épaules avant de s’asseoir à côté de moi et de verser dans un verre l’alcool de la bouteille qu’elle tenait.
« C’est vrai. J’ai oublié de te demander un truc. Comment as-tu donné de l’énergie à Béatrice ? » demanda Aileen.
« Es-tu vraiment curieuse à propos de ça... ? Nous n’avons partagé que mon lit, et rien de plus, » répondis-je.
« Puisque cette méthode a une faible efficacité, une bonne partie de la surface de vos corps aurait dû se toucher, alors peux-tu donc entrer dans les détails, Monsieur ? Il me serait également utile pour certaines références futures, » déclara Verlaine en essuyant un verre.
À ce moment-là, j’étais devenu leur jouet contre ma volonté, mais si j’avais éludé la question, les choses auraient pu mal tourner.
Je m’étais déjà préparé à ça. Et de toute façon, ce n’était pas comme si j’étais coupable de quoi que ce soit, donc il n’aurait pas dû y avoir de problème.
« ... OK, Verlaine a raison. Nous devions avoir une grosse partie de nos peaux qui se touchaient, donc…, » commençai-je.
Elles avaient l’air vraiment très sérieuses pendant mon explication, même quand j’avais dit qu’on avait dormi ensemble en étant tous les deux nus.
Quand j’étais arrivé sur cette partie de l’histoire, le visage d’Aileen avait rougi, et les yeux de Verlaine avaient commencé à briller.
« ... Maître, vous ne pouvez pas imaginer à quel point je suis envieuse en ce moment, » déclara Verlaine.
« E-Et tu n’as pas eu envie de faire quelque chose d’amusant avec elle ? Et je me demande, n’es-tu pas intéressé par les filles ? » demanda Aileen.
« Je ne faisais que lui donner mon énergie, alors je n’y ai pas trop réfléchi. Si nous faisions la même chose, Aileen, ce ne serait pas plus audacieux que ça, » avais-je dit.
« ... Vraiment ? Je vois... Je suppose que dans ce cas, on va devoir essayer~♪ ! » déclara Aileen.
« Lady Aileen, vous semblez de bonne humeur. Voudriez-vous changer de rôle avec moi et devenir le barman pendant un certain temps ? » demanda Verlaine.
Étant donné le ton acerbe de Verlaine, j’avais compris qu’elle voulait me faire quelque chose après son quart de travail. J’aurais donc à négocier afin d’utiliser ses genoux comme oreiller, mais je devais aussi penser à une solution si les négociations échouaient.
☆☆☆
Deux semaines avaient passé.
Dans le sud-ouest d’Alvinas — la capitale —, une prêtresse, une mage et une artiste martiale avaient commencé à visiter les villages.
Ces trois filles masquées avaient sauvé les habitants face à des esprits et des monstres, et s’étaient élancées l’instant d’après avant de disparaître sans laisser de traces. Personne ne connaissait leur nom.
Environ un mois plus tard, elles avaient commencé à se manifester même dans les faubourgs de la capitale.
Un quatrième homme masqué, qui connaissait très bien les « sauveuses masquées », comme on les appelait désormais, veillait sur elles depuis l’ombre à chacune de leurs sorties.
Merci pour le chapitre.
Merci pour le chapitre
Merci pour le chapitre
Merci pour le chapitre 🙂