Il ne voulait pas être le Centre de l’Attention – Tome 1 – Chapitre 19

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Chapitre 19 : La visite du Seigneur-Démon et le nouveau contrat

Avant que je remarque ça, la lumière de l’aube avait franchi la fenêtre. Je m’étais retrouvé à me réveiller tôt.

J’avais posé mon regard sur Béatrice, qui dormait à côté de moi, et j’avais vu ses cils trembler. Elle m’avait probablement senti bouger.

« Mhhh…, » murmura-t-elle.

Elle avait légèrement bougé la tête. Son corps, qui avait suffisamment aspiré de mon énergie, n’était plus transparent, mais ressemblait exactement à celui d’un humain.

Je m’étais faufilé hors du lit et j’allais là laisser se reposer un peu plus longtemps.

Cela avait été assez difficile de s’endormir cette nuit-là, mais comme elle ne m’avait pas trop taquiné, il ne s’était rien passé de trop étrange.

Je me demandais ce que les autres auraient pensé s’ils nous voyaient maintenant. Le fait de voir l’état sans défense de Béatrice pourrait créer un gros malentendu. Peut-être que les reines des fantômes n’avaient pas besoin d’être vigilantes avec les hommes...

« Maître... y vas-tu déjà ? » demanda Béatrice.

« O-Oh, tu es réveillé ? Je vais amener le Seigneur-Démon ici, alors attends-moi, » répondis-je.

J’avais replacé la cravate sur ma chemise, puis j’avais mis ma veste. Je devais avoir l’air d’un noble, alors j’avais demandé à un célèbre couturier de me concevoir tout ça. Ils n’étaient pas seulement beaux, mais aussi confortables. Ils m’avaient coûté un total de quinze pièces d’or. C’était peut-être un peu trop, mais étant donné la personne qui les avait fabriqués et le tissu dont ils étaient faits, je dirais que c’était un prix convenable.

Béatrice avait tiré les draps pour couvrir la partie supérieure de son corps, et j’avais regardé ses cheveux ébouriffés... J’avais pu deviner qu’ils avaient aussi gagné en substance.

« Cela m’est presque sorti de l’esprit, mais combien de mois cela prendra-t-il ? » demanda Béatrice.

J’y ai réfléchi brièvement. Comme je ne savais pas si la famille Stollen pouvait obtenir des informations grâce au contrat de Béatrice, j’avais décidé de garder secret le fait que l’ancien Seigneur-Démon vivait en fait dans ma guilde et travaillait comme barman, du moins jusqu’à ce que Verlaine ait écrasé le contrat.

« Ne t’inquiète pas, ça ne prendra pas longtemps. Nous étions après tout membres de l’expédition qui l’a vaincu. Nous lui avons dit de ne jamais quitter son territoire, mais nous pouvons lui demander de venir ici une fois, » répondis-je.

« Est-ce vraiment possible... ? Était-ce spécifié dans un contrat ? » demanda Béatrice.

« Eh bien, ce n’était pas sur papier, mais Verlaine a tenu parole jusqu’à présent. Et aussi, si nous devions raser toute sa région jusqu’au sol, les seigneurs qui gouvernent les autres régions démoniaques ne l’ignoreraient pas. Nous voulions un armistice éternel, » répondis-je.

Nous étions tous d’accord sur ce point, et Cody avait décidé à l’avance de faire capituler l’elfe noir.

Avant que les monstres n’apprennent à ne pas agresser les humains, les incidents étaient fréquents. Les demi-humains faisaient des raids quotidiens dans les villes humaines, et même le village dans lequel j’avais grandi avait été victime de ces démons. À cause de ce qui s’était passé, j’avais commencé à étudier l’art de la guerre... mais c’était une autre histoire, alors ne faisons pas de digression.

Tout le monde comprenait combien il était inutile d’aller à l’encontre de ceux qui avaient vaincu Verlaine.

Après que chaque territoire d’Elsain, la région démoniaque, se soit rendu, les requêtes demandant de tuer des monstres avaient chuté brusquement et avaient été bientôt remplacées par des demandes de tuer des bêtes dangereuses. Pourtant, la possibilité que des monstres attaquent notre pays n’était pas nulle, alors les aventuriers avaient continué à chercher le pouvoir et étaient restés vigilants.

« Je suis heureuse que tu aies vaincu mon Seigneur. Si tu avais prévu d’exterminer chaque démon ou monstre, même moi, je n’aurais pas eu d’autre choix que de me battre. J’aurais essayé d’apaiser le chagrin de ma race, » répondit Béatrice.

« J’en suis certain. Une reine des fantômes ne se bat pas d’habitude, donc je pense que la tienne aurait été en sécurité, mais je ne parierai pas là-dessus, » répondis-je.

« Une fois mon contrat annulé, me permettant ainsi à nouveau de quitter ce manoir, j’irais rendre visite à mes proches. Ma famille est du Rokuma, donc quand je leur aurai dit que je suis reconnaissante au Maître, ils réfléchiront sûrement à une récompense appropriée…, » déclara Béatrice.

« Non, attends, je n’ai fait qu’aider. Si possible, j’aimerais que tu continues à travailler comme gérante de ce manoir, mais je ne peux pas t’y obliger. N’hésite pas à choisir ce qui est le mieux pour toi à partir de maintenant, » déclarai-je.

Je lui avais dit de penser à elle. Si elle était restée ici, grâce à ses pouvoirs, Yuma aurait pu évacuer de temps en temps son stress.

Cependant, cette jeune fille isolée avait encore une famille qui l’attendait.

« Je comprends. Je penserai à mon propre avenir, » répondit Béatrice.

« Super. Assure-toi de ne pas attraper un rhume... attends, les reines des spectres peuvent-elles tomber malades ? » demandai-je.

« Oui, les morts-vivants peuvent contracter des maladies, mais nous n’avons pas une telle maladie. Merci de t’inquiéter pour moi, » déclara Béatrice.

Son déshabillé, qui était maintenant plié sur la commode près du lit, était fait d’un tissu spécial appelé « tissu éthéré ».

C’était le seul matériau qui pouvait se dématérialiser avec son corps.

Si un mort-vivant se joignait à ma guilde, j’aurais pu accepter plus de demandes. Mais je ne le lui avais pas demandé. Je ne voulais pas limiter la liberté qu’elle allait enfin goûter à nouveau.

 

☆☆☆

 

Yuma avait érigé une barrière et les fantômes avaient cessé de se rassembler dans le manoir. Avant midi, les filles étaient retournées dans leurs maisons respectives, et après avoir vu Yuma au loin, j’étais retournée dans ma guilde.

Verlaine avait accepté de voir Béatrice.

Le soir suivant, alors que nous entrions dans le jardin du manoir, j’avais vu la reine des fantômes, qui se tenait derrière la fenêtre de la salle à manger, et qui s’inclinait énormément devant nous.

« Tu n’as pas à t’incliner, je ne suis plus le Seigneur-Démon. J’ai laissé le royaume entre les mains de mon frère cadet, » déclara Verlaine.

« Seigneur Verlaine, avez-vous abdiquée... ? » demanda Béatrice.

« Oui. Ta famille m’a beaucoup aidé pendant les trente ans où j’ai été reine. Ne t’inquiète pas, ils vont bien, je leur ai ordonné de protéger l’arrière-garde quand j’ai combattu l’expédition, » déclara Verlaine.

« Qu... !? Le Rokuma devrait servir de bouclier au Seigneur-Démon. Pourquoi avez-vous donné un tel ordre... ? » demanda Béatrice.

Verlaine avait annulé la Magie illusoire qui l’avait transformé en elfe à la peau claire. Sa peau sombre et ses cheveux violets lui donnaient l’air d’un succube... Normalement, elle ressemblait à une elfe gracieuse, mais maintenant elle ressemblait à l’incarnation même d’une servante diabolique.

« Parce que nos anciens ennemis ont essayé de ne pas attirer l’attention et se sont déplacés furtivement. Ils ont fait des escarmouches dans des endroits importants et ont disparu par la suite. Puis, quand tes parents étaient absents, ils sont entrés par effraction dans mon château et m’ont vaincue. Franchement, je n’arrivais pas à croire à quel point ils étaient forts, et j’ai trouvé absurde qu’ils ne soient que des enfants, » répondit Verlaine.

« Ce jour date d’il y a cinq ans... Les personnes qui ont acheté ce manoir à l’époque en parlaient, » déclara Béatrice.

« J’avais alors treize ans, et Yuma, la plus jeune d’entre nous, avait neuf ans, » dis-je.

Lorsque Béatrice avait appris que Cody et moi étions les membres les plus âgés, elle s’était tue et Verlaine avait eu l’air émotive.

« Queue... non, il n’y a aucune raison de le cacher maintenant, alors je t’appellerai Maître. Il a pris quelque chose de très important pour moi, alors je lui ai juré fidélité afin de le récupérer, » déclara Verlaine.

« Seigneur Verlaine, est-ce que cela signifie que vous avez promis d’être son serviteur ? » demanda Béatrice.

« ... Pas précisément, mais je ne vais pas être précise concernant ça, » répondit Verlaine.

« Non, attends, tu n’as rien promis, n’est-ce pas ? Ce que je pense, c’est qu’il ne devrait pas y avoir de contrat ou quoi que ce soit du genre, n’est-ce pas ? » demandai-je..

« N-Non, Maître Queue…, » commença Béatrice.

« En parlant de ça, Béatrice, annulons tout de suite ton contrat. Je te ferai revenir sous mon contrôle, mais cela signifie que tu serais aussi sous celui de cet humain. Ça ne te dérange pas ? » demanda Verlaine.

Je n’arrêtais pas de penser à ses paroles. Quand avait-elle fait une telle promesse... ? Avais-je mal interprété ses paroles et créé une chance d’être lié par un serment ?

Quand cela s’était-il produit ? Peut-être que la réponse était...

Son pendentif. C’était la seule chose qui aurait pu nous lier.

« ... Hm ? Non, je n’ai pas l’intention de la mettre sous mon contrôle... Si elle changeait son Maître, ne ressemblerait-elle pas à une servante ? » demandai-je.

« Ne penses-tu pas que ça pourrait lui plaire ? Pourquoi une reine des fantômes devrait-elle te quitter, maintenant qu’elle a goûté ton pouvoir magique ? C’est peut-être moi qui pense ça, mais je trouve que ton énergie est vraiment relaxante, » déclara Verlaine.

« Seigneur Verlaine, je sais que... très bien. Il y a beaucoup de son énergie en moi…, » déclara Béatrice.

On aurait dit qu’elle était d’accord.

Je pensais à inspecter ça une autre fois, mais ce n’est pas préjudiciable pour moi.

« Commençons, alors. Lorsque la réserve d’énergie magique du Maître sera épuisée, tu lui fourniras la tienne, et tu devras répondre à ses ordres quoiqu’il arrive. Est-ce que tu comprends ? » demanda Verlaine.

« S’il est d’accord... J’accepte volontiers ces conditions…, » Béatrice l’avait dit en rougissant.

Je ne pensais pas que Verlaine voulait me lier à d’autres monstres... était-ce parce qu’elle voulait qu’on coexiste ?

« Sur ces mots, moi, Verlaine Elsain, j’emprunte l’ancien pouvoir du Seigneur-Démon pour renouveler ton serment ! » déclara Verlaine.

« Kh... ! »

Verlaine avait touché la gorge de Béatrice, et un symbole blanc bleuté s’était mis à briller sur sa peau pâle. La même chose était apparue sur le dos de ma main, mais je n’avais pas l’impression d’avoir chaud ou froid. C’était le sentiment bizarre que seule la magie de contrat pouvait provoquer.

« Grave ton nouveau nom sur ton âme, Béatrice d’Argent — servante de Queue d’Argent — ainsi, ton ancien lien s’est défait définitivement ! » déclara Verlaine.

« ... J’accepte humblement Béatrice d’Argent comme nouveau nom, » déclara Béatrice.

Alors que le rite avait touché à sa fin, la reine des fantômes me regarda en étant emplie de joie tout en se caressant la nuque.

« Je suis maintenant à toi, Maître, » déclara Béatrice.

« En tant qu’invocateur et invocation, oui. Ce n’est rien qui puisse détruire ma paix de tous les jours, » déclarai-je.

« Qui sait ? Tu lui as épargné la vie, mais elle pourrait prendre la tienne à l’avenir, tout comme moi... En attendant, veillons l’une sur l’autre, car nous aimons notre Maître, » déclara Verlaine.

« Encore une fois, avec ces bêtises... Ne crois pas que je te laisserais si facilement ne pas m’aimer, » déclara Béatrice.

Elles avaient toutes les deux ri à leurs blagues. L’ancienne Seigneur-Démon et son serviteur avaient surmonté le mur social qui les divisait et avaient finalement pu devenir amies.

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4 commentaires :

  1. Merci pour la chapitre

  2. Merci pour le chapitre 🙂

  3. Merci pour le chapitre.

  4. Merci pour le chapitre

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