Chapitre final : Dans la neige
Partie 2
« Tenez, » dit Elisha.
« Merci beaucoup, » dis-je.
Quand j’avais pris la tasse de thé offerte, l’ancienne reine Elisha m’avait fait un large sourire. Madame Elisha était comme Liscia, mais était également plus calme, et elle avait un sex-appeal plus féminin. Liscia finirait-elle par devenir comme elle ? Si oui, j’avais beaucoup de choses à espérer en vieillissant.
J’étais assis à la table de verre, avec Sire Albert en face de moi.
Ayant fini de nous préparer du thé, Madame Elisha attendait derrière Sire Albert. Il semblait qu’elle avait l’intention de s’en tenir au rôle de serveur.
... Quand j’y pensais, je n’avais pas beaucoup parlé avec Madame Elisha. Elle était ma belle-mère, mais elle était une femme qui ne parlait jamais beaucoup et qui se tenait toujours debout aux côtés de Sire Albert avec un sourire chaleureux présent sur son beau visage. D’après ce que Liscia m’avait dit, elle avait toujours été une personne calme qui ne disait jamais grand-chose.
Pendant que je pensais à cela, Sire Albert avait ouvert la bouche afin de parler.
« Je suis content que vous soyez venu ici aujourd’hui, » Sire Albert me salua et sourit avec douceur. « Je voudrais également vous féliciter pour votre victoire dans la guerre avec la Principauté d’Amidonia et l’annexion ultérieure de la principauté. Cela fait seulement six mois que je vous ai passé la couronne, et pourtant vos actes sont formidables. Je crois qu’avec vos réalisations, vous ne devez pas être gêné si les gens vous appellent “Souma le Grand”. »
« Ce n’est nullement vrai... Tout cela a été seulement possible grâce à l’aide de Liscia et de toutes les autres personnes à mes côtés, » j’avais pris ensuite une gorgée de thé avant de regarder Sire Albert droit dans les yeux. « Finalement, nous sommes en mesure de nous rencontrer. »
« Je suis désolé de vous avoir fait attendre si longtemps, » répondit l’ancien roi en baissant la tête.
J’avais cherché à rencontrer Sire Albert à plusieurs reprises avant aujourd’hui, mais sans succès. Au tout début, quand je ne savais rien de ce monde. Ensuite, quand je le voulais à mes côtés pour convaincre les trois ducs à coopérer avec moi. Et la dernière fois que j'avais demandé son aide, c'était pour convaincre Castor de ne pas se rebeller contre le changement soudain de pouvoir. Après ça, une fois que j’avais tout compris de la situation, j’avais demandé à pouvoir le rencontrer à plusieurs reprises afin d’obtenir une explication.
Cependant, chaque fois que je le lui avais demandé, il avait dit.
Dans les premiers cas, « Ce pays est désormais à vous. Ce n’est pas à moi de faire quoi que ce soit ».
Dans les cas ultérieurs, « Je vais tout vous révéler bientôt. S’il vous plaît, attendez jusque-là ».
Et c’était tout ce que j’avais pu obtenir de sa part.
Une fois qu’il avait commencé à déclarer « je vous le dirai bientôt », tout ce que je pouvais faire était d’attendre qu’il le fasse. Parce que, si je le forçais, il n’y aurait aucune chance d’être sûr qu’il me disait la vérité.
Enfin, aujourd’hui, j’étais ici parce qu’il avait dit qu’il me dirait tout.
« Allez-vous vraiment tout me dire ? » demandai-je.
« Si c’est ce que vous souhaitez, » répondit Albert.
« Je pense qu’il est temps que vous finissiez par me révéler certaines choses me concernant, » déclarai-je. « Comme ce que vous pensiez faire en agissant ainsi. »
Il avait dit qu’il me dirait tout. Je m’étais dit que je pourrais commencer par ce qui était en bas de sa liste.
« J’ai trois choses que je veux vous demander, » commençai-je. « La première est quand vous m’avez cédé le trône. À ce moment-là, quand je venais d’être appelé dans ce monde, nous nous étions rencontrés pour la première fois. Pourtant, juste après avoir entendu mon plan pour enrichir le pays et renforcer l’armée, vous m’avez remis le trône. Avec des fiançailles avec Liscia comme un joli bonus. Cela m’a donné la liberté de bouger, mais... c’était aussi totalement contre le bon sens. Comment avez-vous pu donner si facilement votre couronne à un gamin d’un autre monde que vous veniez de rencontrer ? »
Sire Albert m’avait écouté tout en restant silencieux. Il semblait qu’il voulait répondre seulement une fois qu’il avait entendu tout ce que j’avais à dire. Dans ce cas, je pourrais aussi bien lui demander tout ce que je devais demander à la fois.
« La seconde concerne la dévotion de Georg, » continuai-je. « Notre ancien général de l’Armée de Terre, Georg Carmine, a pris tout le blâme sur lui-même en se suicidant et en prenant tous ceux qui pourraient devenir mes ennemis avec lui. En regardant le résultat, et même en considérant les lettres envoyées par Liscia pour essayer de le convaincre, j’ai toujours pensé que Georg avait préparé ce plan bien à l’avance. Mais c’est également bizarre. Je n’ai rencontré Georg qu’une seule fois à la toute fin. Il a mis sa vie en jeu pour ce plan, alors qu’il n’aurait pas dû pouvoir le faire sans confiance et loyauté envers moi. »
Albert était resté silencieux.
« Georg et moi, nous ne nous connaissions même pas indirectement, » continuai-je. « Il ne pouvait donc pas se sentir loyal envers quelqu’un qu’il n’avait même jamais rencontré. Eh bien ! Dans ce cas, pour qui était sa loyauté dans ce cas ? Et la seule personne pour qui cela pourrait être... est pour l’ancien roi. »
J’avais essayé de vérifier cela quand j’avais rencontré Georg.
Mais : « Quand le bon moment viendra, je suis sûr que cette personne vous le dira, » était tout ce que l’homme m’avait dit. Aujourd’hui devait être le bon moment dont il parlait.
« Enfin, pourquoi avez-vous refusé de me rencontrer jusqu’à aujourd’hui ? » demandai-je. « Si vous attendiez que tout soit réglé, vous auriez pu le faire après la victoire d’Amidonia ou son annexion. Pourquoi ai-je dû attendre jusqu’à aujourd’hui pour avoir l’occasion de vous rencontrer ? Je veux aussi entendre ça. »
« ... Est-ce tout ? » demanda Albert.
« Plus ou moins, » dis-je. « Laissez-moi vous poser des questions sur les détails une fois que j’aurais pu écouter votre explication. »
« Je comprends, » Sire Albert hocha la tête puis il commença à parler à un rythme détendu. « D’abord, je peux vous dire qu’il y a une chose qui relie les trois points que vous soulevez. »
« Une chose ? » demandai-je.
« Avant de vous expliquer cela, je veux répondre à vos trois questions, » dit-il. « C’était parce que nous sommes arrivés à une décision. Et sur si nous devrions ou non vous répondre. Nous avons pensé qu’il serait peut-être préférable de continuer à ne rien vous dire... »
Je restais silencieux.
« Cependant, mon cœur n’est pas si fort que je puisse garder les péchés que j’ai commis enfermés à l’intérieur, » ajouta-t-il.
Les péchés qu’il avait commis ? De quoi parlait-il ?
« Sire Souma... Avez-vous déjà souhaité que vous puissiez revivre votre vie une fois de plus ? » Albert m’avait soudainement demandé cela.
Je lui avais répondu même si je trouvais la question un peu suspecte. « ... Tout le temps. »
Il s’était passé beaucoup de choses depuis que j’avais reçu le trône. J’avais participé à des secours lors d’un cas de catastrophe et j’avais également connu la guerre. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser... n’y avait-il pas eu un autre moyen de résoudre ça ? Une meilleure façon ? N’aurais-je pas pu sauver plus de vies ? Même quand il s’agissait de ceux que je combattais comme ennemis et que je devais faire tuer, je pensais parfois que, peut-être, nous aurions pu nous entendre et éviter tout ça. Et cela, même si je savais que ce n’était pas raisonnable de penser ça.
« Mais pourquoi me demandez-vous cela ? » avais-je demandé.
« Ce que je vais vous raconter, c’est l’histoire d’un certain monde, d’un certain pays et d’un certain idiot de roi, » déclara Albert.
Après avoir fait cette introduction, Sire Albert avait commencé à raconter doucement ce conte.
Merci pour le chapitre.
Merci pour la partie.
Enfin, le pourquoi de ces événements.