Genjitsushugisha no Oukokukaizouki – Tome 17 – Chapitre 9

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Chapitre 9 : La véritable identité du seigneur démon

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Chapitre 9 : La véritable identité du seigneur démon

Partie 1

Pendant ce temps, dans le camp de Fuuga, une bataille intense se déroulait entre ses forces et le champignon massif. Il était énorme, solide, et possédait une puissance de feu écrasante. Face à cet adversaire sans précédent, qui faisait trembler le sol en avançant, les hommes de Fuuga l’encerclèrent à pied et s’empressèrent de l’attaquer.

« Il semblerait qu’il s’agisse moins d’une créature que de quelque chose qui s’apparente à un château en mouvement, » déclara Hashim après avoir observé attentivement leur adversaire. « Nous pouvons supposer, comme cela a été dit dans les rapports d’enquête que nous avons reçus du roi Souma, qu’il s’agit d’une arme utilisée par les démons. Par conséquent, nous devrions considérer cela non pas comme la mise à mort d’un monstre ou une escarmouche, mais comme une bataille de siège. »

« Ça me paraît logique. Dans ce cas, nous allons l’encercler et nous le frapperons avec notre puissance de feu. »

Fuuga était sur le dos de Durga, Zanganto se tenait prêt tandis qu’il donnait des ordres à ses troupes.

« Que la cavalerie et l’infanterie se déploient autour d’elle, et ne lui laissent pas le temps de se concentrer sur une cible ! Considérez-le comme une forteresse de montagne, et grimpez si vous voyez une ouverture ! Mages et unités à distance, restez à distance ! Concentrez vos attaques sur un seul point ! Les canons des unités de rhinosaurus sont puissants, alors vous devez continuer à le marteler ! »

Fuuga aboya des ordres l’un après l’autre, et ses commandants se mirent au travail.

Ayant absorbé dans leurs rangs des officiers de l’ancien empire du Gran Chaos et appris leurs techniques, les rhinosaurus équipés de canons s’étaient avancés et avaient commencé à bombarder l’arme massive en forme de champignon. Ils utilisaient des obus qui n’explosaient pas et s’appuyaient sur l’énergie cinétique, mais avec suffisamment de coups, ils parvinrent à faire des bosses dans l’arme en forme de champignon et à l’endommager.

Le Drapeau du Tigre, Gaten Bahr — le dandy des forces de Fuuga — déplaça son cheval à côté de celui de l’Arbalète du Tigre, Kasen Shuri, qui menait les archers.

« Kasen. Nos fouets et nos arcs ne peuvent pas porter de coups efficaces sur cette chose. Je pense que tout ce que nous pouvons faire, c’est attirer son attention. »

« Perturber l’ennemi ! J’ai compris ! Archers, suivez-moi ! »

Kasen et Gaten coururent avec les archers montés, décochant des flèches sur l’arme de type champignon même s’ils savaient que c’était inutile. Après avoir libéré cette lumière, l’arme de type champignon avait commencé à faire tourner les trois canons sur son corps, soufflant sur les soldats qui l’envahissaient. Ils devaient l’occuper pour que les explosions ne visent pas les rhinosaurus à canon.

Pendant ce temps, le maniaque de la bataille, Nata Chima — la hache de guerre du Tigre — commençait à être frustré.

« Bon sang ! Où dois-je grimper pour planter ma hache dans ce truc… ? Wôw ! »

Alors qu’il marmonnait cela, Nata se retrouva soudainement emporté loin du sol. En levant les yeux, il vit qu’il se trouvait dans la gueule d’un griffon appartenant à Krahe Laval, les Ailes du Tigre, qui commandait leur force aérienne.

« Va te faire voir, Krahe ! Qu’est-ce que tu fais !? »

« Tu semblais avoir envie de te déchaîner, alors j’ai pensé t’emmener dans un bon endroit pour cela, Sir Nata. »

Cela dit, Krahe faisait voler son griffon sur le côté du monstre en forme de champignon pour déposer Nata au sommet. C’était un espace vide à la forme profilée, comme le sommet d’une dune.

« Je suis sûr que tu pourras balancer ta hache à ta guise là-haut. »

« O-Oh, oui ? Eh bien, tu n’es pas prévenant. »

« Maintenant, je te souhaite bonne chance. »

Sur ce, Krahe partit. En regardant autour de lui, Nata pouvait voir d’autres membres robustes des forces de Fuuga être déposés là l’un après l’autre.

Nata sourit et s’ébroua pour balancer sa hache avec force.

« Ah, oui ! Faisons-le ! »

Il la fit tomber avec fougue. C’est ainsi que les membres des forces de Fuuga combattaient l’arme de type champignon à leur manière, mais les attaques des armes augmentaient rapidement le nombre de victimes.

« Hahhhh ! »

Craquement ! En volant sur Durga et en déchaînant des éclairs assez puissants pour frapper un rhinosaurus, Fuuga réussit à détruire l’un des gros canons, mais il commençait à s’épuiser et à s’impatienter.

Ses hommes se battaient bien, mais il ne pouvait pas ignorer les pertes qui s’accumulaient. Le seul ennemi qu’ils avaient rencontré jusqu’à présent était cette arme champignon, et ils n’avaient encore vu aucun démon. S’il épuisait trop ses effectifs, il deviendrait impossible de poursuivre la guerre. Il pouvait se rétablir en rejoignant les colonnes détachées dirigées par Shuukin et Lombard, mais il voulait garder l’avantage lorsqu’il rencontrerait les forces de Souma dans les profondeurs du domaine du Seigneur-Démon.

Il y a des limites au nombre de forces terrestres que Souma pouvait amener avec sa flotte, donc Fuuga s’attendait à avoir une supériorité numérique…

Espérons que Souma aura les mêmes problèmes… pensa Fuuga.

 

Boum ! Soudain, sortie de nulle part, une énorme boule de feu se dirigea vers l’arme de type champignon et éclata. Fuuga se retourna, essayant de comprendre ce qui s’était passé, et vit plus de dragons qu’il ne pouvait en compter flotter dans les airs. Des chevaliers les chevauchaient.

Fuuga fronça les sourcils. « Les chevaliers dragons… Les gars de Nothung, hein ? »

Le royaume des chevaliers dragons de Nothung était une nation exclusivement défensive, si bien qu’elle ne s’impliquait généralement pas dans les guerres des autres pays. Fuuga se demandait ce qu’ils faisaient ici lorsque la reine Sill Munto vola jusqu’à lui sur le dos de son partenaire, Pai le dragon blanc.

« Sir Fuuga. Nous sommes ici pour vous aider à neutraliser cette chose à la demande de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon », déclara Sill.

Fuuga lui lança un regard noir. « À quoi tu joues ? Tu ne t’es jamais préoccupée du domaine du seigneur-démon avant. »

« Est-ce que je ne viens pas de vous le dire ? Notre alliée, la mère dragon Tiamat, nous a demandé de faire cela. Mais nous ne vous aiderons que jusqu’à ce que cette chose s’effondre. Une fois qu’elle sera détruite, nous nous retirerons. »

D’après le ton de la voix de Sill, elle n’aurait jamais aidé Fuuga et ses hommes après qu’ils aient détruit le royaume de Lastania et tué certains de ses chevaliers dragons. Pourtant, il s’agissait d’une demande de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, alors elle n’avait pas eu d’autre choix que de se joindre à lui.

Eh bien, c’est parfait, pensa Fuuga. Si elle allait l’aider ici et ne pas s’impliquer profondément dans l’invasion du domaine du seigneur des démons lui-même, c’était incroyablement pratique pour lui.

« Ah, oui… ? Eh bien, fais ce que tu veux. »

« Oui. C’est exactement ce que nous allons faire. »

Sill retourna auprès de ses chevaliers et leva sa lance en l’air.

« Tout le monde, allez-y ! »

Avec ce court ordre, les chevaliers dragons commencèrent à attaquer l’arme de type champignon. Un souffle de dragon fit fondre la surface de l’arme de type champignon, la laissant carbonisée. Par la suite, chaque fois que l’armée de l’air lâchait des barils de poudre sur elle ou qu’elle était touchée par des tirs de canon de rhinosaurus, elle laissait des dégâts visibles. L’intérieur était exposé à certains endroits, tandis que des étincelles jaillissaient à d’autres.

En voyant le cours de la bataille s’inverser, Sill était vraiment soulagée. Oh, c’est bien… On dirait qu’on peut y arriver.

Elle avait été surprise lorsqu’on lui avait demandé de soutenir les forces de Fuuga et de combattre l’arme géante qu’ils s’attendaient à voir apparaître, mais les chevaliers dragons avaient conclu un pacte qui ne leur permettait pas de refuser. Malgré ses réticences, Sill avait amené ses troupes, et maintenant elle était soulagée de voir que les choses allaient s’arranger.

« C’était une anomalie, même dans l’histoire de notre pays. Madame Tiamat n’a jamais demandé que nous envoyions des chevaliers dragons à l’extérieur du pays avant aujourd’hui. »

« Oui. Elle devait être très pressée », répondit par télépathie Pai, le partenaire de Sill. « Son véritable objectif est probablement là où se trouvent Souma et Naden. Elle nous a envoyés ici pour pouvoir y aller elle-même. Comme ça, on n’aurait pas l’impression qu’elle favorise un camp. »

« Hmm… Quelle façon détournée de faire les choses. »

« Elle a beaucoup de restrictions sur elle, alors elle n’avait pas vraiment le choix. Si elle a dû aller aussi loin, cela signifie que… »

« Cette guerre est à ce point importante, n’est-ce pas ? » Sill serra la main avec laquelle elle tenait sa lance. « Alors, en tant que ses alliés, nous devons nous battre au maximum. En avant, Pai ! »

« D’accord ! »

Le chevalier dragon argenté chargea vers l’arme de type champignon et se joignit à la bataille.

Au bout d’un certain temps, les forces combinées de l’Empire du Grand Tigre et du Royaume des Chevaliers dragons réussirent à neutraliser l’arme massive de type champignon.

 

◇ ◇ ◇

Sur les mers…

Le cube noir émergea des nuages et descendit devant nous. Cependant, Jangar n’avait pas cessé de bouger et essayait toujours de tirer avec son arme à rayons. Le cube noir se téléporta et s’interposa entre Jangar et nous. Le cube trembla lorsqu’il fut touché de plein fouet par le rayon.

Huh !? Il nous a protégés !

Alors que j’étais encore surpris, j’entendis la même voix que celle que j’avais entendue dans la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon.

« Un individu familier… Souma Kazuya… Je vous attendais », dit la voix familière. C’était une voix forte et difficile à comprendre, mais je parvenais à mieux saisir les mots que la dernière fois.

Puis le cube noir invoqua des nuages, générant un tourbillon de pluie et d’éclairs, qui s’abattit sur Jangar. Le mécha fut envoyé en l’air, et ses mouvements devinrent saccadés, comme une marionnette dont on aurait coupé plusieurs fils.

« Arrête, Gardien 01. Il n’est pas un ennemi que tu dois repousser », déclara le cube d’une voix étrangement féminine. « Souma Kazuya. Je vais exécuter le protocole de contrôle du Gardien 01. »

« Hein ? »

« Veuillez me transférer les autorisations de contrôle », déclara le cube noir.

Protocole de contrôle ? Permissions de transfert ? Pouvez-vous répéter ? Alors que je regardais le cube avec confusion, il continua, son ton se faisant plus pressant.

« Votre voix est nécessaire. S’il vous plaît. »

Me demander gentiment n’explique rien… Je m’étais retourné pour regarder madame Tiamat, et elle hocha la tête.

« Je, euh, autorise le transfert de contrôle ! »

« Transfert confirmé. Exécution du protocole de contrôle pour le Gardien 01. »

Sur ce, Jangar cessa ses mouvements saccadés. Il tira sur les verniers dans son dos, planant sur place, mais ses bras pendaient mollement à ses côtés au lieu de pointer une arme vers nous.

« Le gardien 01 est désormais placé sous mon contrôle. » La voix du cube résonna dans le ciel soudain silencieux. « Désactivation des fonctions d’autodéfense. »

« Euh, quoi ? Qu’est-ce qui se passe ? »

« Rien de tout cela n’a de sens pour nous… »

Naden et Aisha étaient toutes deux confuses.

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Partie 2

J’avais levé les yeux vers le cube flottant, pas plus informé qu’eux.

« Qu’est-ce que tu es ? »

« J’ai attendu. Un individu familier — un ancien — Souma Kazuya. » Puis le cube s’approcha lentement de nous. « Je t’en conjure… Va voir Mao, pour le bien de mes enfants. Le destin non seulement de mes propres enfants, les sujets de test du nord — mais aussi des enfants de Tiamat, les sujets de test du sud — reposent entre tes mains. »

Ses enfants ? Des sujets de test ? Tout cela n’avait toujours pas de sens. Mais il y avait des choses plus importantes que d’obtenir une explication en ce moment.

« Madame Tiamat ! Jangar ne va pas continuer à bouger maintenant, n’est-ce pas !? » avais-je demandé.

« Oui. » Madame Tiamat acquiesça. « L’arme humanoïde est maintenant sous son contrôle. Elle n’attaquera plus sans ses ordres. »

« Bien. Nous devons nous dépêcher de sauver les gars qui sont tombés dans la mer. »

J’avais regardé l’océan. Le porte-îles Souryuu, qui avait été directement touché par l’arme à rayons, était incliné. De plus, bien que je ne puisse pas la voir d’ici, Carla était allongée sur le pont après avoir pris une balle pour moi. Vu la quantité de sang qu’elle avait perdue, ses organes internes avaient dû être déchiquetés. Si c’est le cas, la magie blanche ne peut pas…

« Bon sang ! »

Smack !

« Sire !? »

« Souma !? »

Aisha et Naden avaient toutes deux été surprises lorsque je m’étais donné un coup de poing dans la tête.

Cela ne m’avait pas empêché de recommencer. C’était ma faute. Nous nous étions retrouvés dans ce genre de rencontre avec l’ennemi parce que j’avais laissé quelqu’un d’autre décider à ma place. En conséquence, Carla et de nombreux soldats du royaume de Friedonia et du royaume du dragon à neuf têtes étaient morts ou blessés.

J’aurais dû m’en douter ! Ne laisse jamais personne prendre tes décisions à ta place. Combien de fois me suis-je dit que j’avais besoin de virtù pour dompter fortuna ? Pourtant, j’avais laissé Fuuga prendre mes décisions parce que j’avais peur de l’affronter ! Et voilà le résultat !

« S’il te plaît, arrête, Sire ! » me supplia Aisha en saisissant mon poing pour m’empêcher de me frapper. « Ça ne changera rien ! »

« Ouais ! » Naden était d’accord. « Il faut que tu arrêtes de t’en vouloir et que tu commences à maîtriser ce chaos. »

« Argh… »

Leurs paroles m’avaient permis de me calmer un peu. La flotte était encore en plein désarroi. Je n’avais pas le temps d’avoir des regrets.

Le cube se remit à parler. « Adaptation à la langue. Accorder. Test. Test. » Après une pause, il continua d’une voix beaucoup plus facile à entendre qu’auparavant. « Adaptation terminée. Peux-tu me comprendre ? »

« Je t’entends, mais est-ce que ça peut attendre ? » avais-je crié en réponse.

« J’ai détecté des victimes à la suite des combats. » La voix du cube était calme, contrairement à nos propres réactions précipitées. « Je ne peux pas ranimer ceux dont les corps ont été détruits entièrement, mais il sera possible de soigner ceux qui ont de lourdes blessures ou qui sont dans un état critique. Notre solution médicinale pourra peut-être réparer même ceux qui seraient au-delà des soins apportés par la magie de lumière. »

« Peux-tu répéter !? » m’étais-je exclamé. Réparer… Est-ce que ça veut dire guérir ? Est-ce que cela peut aider Carla et les autres ?

« Tiamat. Transfère-moi les personnes concernées », déclara le cube.

Madame Tiamat acquiesça avant que je n’aie eu le temps de réfléchir à la proposition du cube.

« D’accord. Je vais lui envoyer tous les blessés », dit Madame Tiamat en utilisant le langage de la pensée, n’attendant pas que nous répondions avant de rugir. La voix douce du dragon se répandit lentement dans le ciel.

Alors que nous la dévisagions, ne sachant pas trop quoi en penser, Madame Tiamat déclara d’une voix austère : « Je lui ai transféré les blessés d’ici et les blessés sur terre. »

Transféré… Ah oui, Madame Tiamat m’avait déjà téléporté instantanément dans la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon. Son existence était vraiment hors d’échelle par rapport à tout le reste de ce monde. Et les blessés sur la terre ferme ? S’agissait-il des gens de Fuuga ? Avaient-ils aussi été attaqués par une arme similaire ? Il n’y avait aucun moyen de le savoir d’ici, mais j’étais plus préoccupé par ce qui se passait en bas.

« Naden. Emmène-nous sur le pont du Souryuu. »

« Bien reçu ! »

J’étais monté sur Naden, et elle était descendue. Alors que nous approchions du Souryuu, Ruby soutenait le vaisseau qui basculait d’un côté tandis que de nombreux vaisseaux tiraient dessus avec des cordes depuis l’autre pour soutenir l’évacuation de l’équipage. Excel avait sans doute vu que Jangar avait cessé d’attaquer et était passé du combat aux opérations de sauvetage. Nous l’avions repérée sur le pont et avions atterri devant elle.

« Excel ! Où est Carla ? », avais-je crié à Excel, qui semblait un peu hébétée, en sautant du dos de Naden. Excel reprit rapidement ses esprits en me voyant et croisa les bras.

« Votre Majesté !? Carla, elle… son cœur s’était arrêté, et tout d’un coup elle s’est volatilisée… Nous recevons constamment des rapports sur d’autres soldats blessés qui ont également disparu », rapporta-t-elle, l’air ahuri.

C’est bien ce que je pensais… Carla était-elle encore au bord de la mort ? Je m’étais mordu la lèvre, mais j’avais ensuite secoué la tête pour tenter de changer de rythme. Ne venais-je pas de décider que les regrets devaient attendre ?

« Madame Tiamat a transporté les personnes qui ont disparu », avais-je dit à Excel, « Je crois qu’on les a envoyées quelque part où elles peuvent être soignées. »

« Traitée… !? Carla va-t-elle survivre !? » Les yeux d’Excel s’écarquillèrent.

Je secouai silencieusement la tête. « Je ne sais pas. Nous devons juste croire pour l’instant qu’elle le fera. »

« Oh, je vois… »

« Excel. Notre premier ordre du jour doit être de maîtriser ce chaos. Jangar ne va plus attaquer. Donne la priorité à l’évacuation du Souryuu et au sauvetage de ceux qui sont tombés à l’eau. »

« D’accord… J’ai compris. » Excel acquiesça, mais sembla ensuite hésiter. « Hum, que dois-je dire à Castor à propos de Carla ? »

« Désolé, mais… dis-lui simplement qu’elle est soignée. »

Si le pire arrivait à Carla, il pourrait m’en vouloir pour cela. Mais cela ne se limitait pas à Carla, vous pouviez dire la même chose de toutes les familles endeuillées de tous ceux qui sont morts à cause de ma décision. En tant que roi, je devais supporter le poids de leur ressentiment. Mais pour l’instant, alors qu’on ne savait pas si elle survivrait ou non, il serait cruel de faire subir à Castor les montagnes russes émotionnelles qu’impliquerait le fait de tout lui raconter exactement comme cela s’était passé.

Alors qu’Excel et moi échangions des mots, une autre voix se fit entendre derrière nous.

« Je suis désolé de vous interrompre. »

« Hein !? Qui est là !? »

Excel se retourna, un regard dur sur son visage. Derrière nous se trouvait une femme âgée enveloppée dans une robe blanche. La femme semblait ancienne, mais son dos était parfaitement droit, et il y avait quelque chose de solennel — et de reconnaissable — en elle.

Aisha se mit en position de combat avec son épée, et Excel leva son éventail comme elle le faisait avant de déchaîner sa magie. Pendant ce temps, Naden s’agenouilla devant la femme et baissa la tête.

En voyant la réaction de Naden, je finis par me souvenir.

« Aisha ! Excel ! Arrêtez-vous ! »

« Hein ? Sire ? »

« Voici Madame Tiamat ! »

À mes mots, Aïcha et Excel lâchèrent précipitamment leurs armes et se prosternèrent devant elle. La femme devant nous était la forme humaine de Madame Tiamat, que j’avais rencontrée dans la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon.

La Mère Dragon était un objet de culte, un dieu vivant, après tout. Pour les gens de ce monde, la rencontrer, c’était comme tomber nez à nez avec le Bouddha ou le Christ, il fallait donc s’attendre à leur réaction. Madame Tiamat m’avait appelé « un individu familier » et avait essayé de me placer au-dessus d’elle. Les ramifications de cette attitude étaient effrayantes à imaginer.

Madame Tiamat me tendit la main. « Je vais te conduire à elle maintenant. »

J’avais paniqué devant cette déclaration soudaine.

« Wôw, attendez une minute. Qui est “elle” ? Le cube ? Cette chose est une femme ? »

« Je réponds à ta deuxième question par l’affirmative. À ta troisième, par la négative. Cet objet n’a pas de sexe, mais par commodité, je m’adresse à lui en tant que femelle. »

Pas de sexe ? N’est-il ni mâle ni femelle ? Ou s’agit-il d’une machine, comme il semble l’être ? Ce n’est pas le moment de s’attarder sur cette question — il y a des choses plus importantes à faire maintenant.

« Je ne peux pas partir maintenant…, » ai-je dit. « Je dois évacuer mon peuple de ce navire en train de couler. »

« Dans ce cas, permets-moi de les transporter, ainsi que tout ce transporteur, jusqu’à la côte. Cela facilitera l’opération de sauvetage, j’en suis sûre. »

« Hein ? Pouvez-vous faire ça ? »

« Oui. Je peux envoyer plusieurs vaisseaux. J’aimerais que vous vous dépêchiez, pour son bien, après tout », dit Madame Tiamat en levant les yeux vers le cube qui était toujours suspendu dans le ciel.

Je pouvais sentir dans son ton un sentiment de pitié pour le cube. Les yeux de Madame Tiamat ressemblaient à ceux de Liscia lorsqu’elle nous avait vu partir en direction du domaine du Seigneur-Démon. On aurait dit qu’elle voulait vraiment que j’aille chez le Seigneur-Démon, ou là où elle avait prévu de m’envoyer.

Après avoir mis un peu d’ordre dans mes idées, j’avais dit : « Dans ce cas, pourriez-vous transporter ce transporteur, le Souryuu, l’Albert II, jusqu’à l’endroit où se trouve Juna ? Et transporter le cuirassé de la flotte à notre arrière, là où se trouvent Tomoe, Ichiha et Yuriga ? »

« C’est possible », avait répondu Tiamat en hochant la tête.

Je m’étais tourné vers Excel. « Fais en sorte que les gens arrêtent de descendre des vaisseaux pour l’instant. Va sur le Hiryuu, où se trouve Castor, et prends le commandement de toute la flotte à partir de là. Une fois que toutes les personnes jetées à la mer auront été sauvées, prenez la flotte et venez au point le plus au nord du domaine du seigneur-démon, en suivant la trajectoire que nous avions prévue. Ils ne seront pas interceptés par d’autres armes mécaniques comme Jangar, n’est-ce pas ? »

J’avais jeté un coup d’œil à Madame Tiamat pour m’en assurer, et elle hocha la tête. Excel hocha également la tête.

« Compris, sire. »

« Je compte sur toi. Maintenant, Naden. »

« Hein ? Moi ? »

« Va tout de suite appeler Hal et Ruby. Dis à Ruby qu’elle n’a plus besoin de soutenir le transporteur, alors ils doivent venir ici et nous servir de gardes du corps. Si expliquer demande trop d’efforts, dis-leur simplement de monter à l’intérieur du transporteur. »

« R-Roger ! »

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Partie 3

Excel et Naden étaient partis chacune de leur côté. Quelque temps plus tard, tous les vaisseaux avaient été contactés et, une fois nos préparatifs terminés, je m’étais tourné vers Madame Tiamat.

« Très bien, Madame Tiamat. Si vous voulez bien. »

« D’accord. »

Madame Tiamat se transforma instantanément de l’apparence d’une vieille femme en un dragon blanc montagneux, puis laissa résonner son cri de chant de baleine.

Ma vision vacilla et le monde devant moi changea immédiatement. Il y a encore un instant, c’était de l’eau jusqu’à l’horizon, mais maintenant, c’était une plage qui se prolongeait par un désert. Et au-delà des sables, on pouvait voir…

« « « Hein… ? » » »

Nous étions tous restés sans voix.

Il y avait une ville au bord du sable. Cette ville était-elle l’endroit où se trouvaient les démons ? Mais, non, ce n’était pas la partie surprenante. Grâce à la hauteur de notre transporteur désormais échoué, nous avions un bon point de vue pour regarder les murs de la ville devant nous. Nous avions pu nous rendre compte de quelque chose que nous n’aurions pas pu faire autrement.

C’est… la même chose que Parnam…

Les murs de cette ville avaient la même forme ronde que ceux de notre capitale royale.

« Parnam !? Non, c’est une autre ville ? » questionna Halbert.

« Mais elle ressemble à s’y méprendre à la capitale royale…, » déclara Ruby.

Ils venaient de nous rejoindre et observaient la même scène. Il n’y avait pas qu’eux ici — nous avions demandé à la cavalerie-wyverne restée sur le Souryuu d’aller chercher Juna, Tomoe, Ichiha et Yuriga sur les autres navires.

Les murs, qui rappelaient ceux de Parnam, m’avaient surpris, mais j’avais déjà une idée. Genia et les chercheurs m’avaient dit que la ville de Parnam elle-même était peut-être un produit de la surscience — un énorme dispositif de transport. S’il existait pour apporter des choses de mon ancien monde, il ne serait pas très pratique qu’il n’y en ait qu’un seul, n’est-ce pas ? Ce n’est pas si étrange qu’ils aient construit plusieurs villes comme celle-ci, ou que les démons utilisent l’une d’entre elles.

« Et ce sont… les forces des démons, Souma ? »

« On dirait que… »

En regardant vers le bas depuis le Souryuu, il y avait une force d’environ dix mille personnes, toutes bien armées. Comme ils utilisaient une arme comme le Jangar, je m’attendais à ce qu’ils aient des armes à feu lourdes ou des fusils laser, des épées à rayon et d’autres armes futuristes.

Au lieu de cela, ces troupes étaient armées d’épées, de lances et d’armures, et elles comptaient des archers et des mages assez semblables aux nôtres. En fait, comme je n’avais pas vu de canons, le niveau technologique des démons semblait encore plus bas que le nôtre. Ils avaient une arme comme Jangar, mais les soldats individuels étaient équipés de matériel médiéval. Cette différence avait attiré mon attention.

« Ils ont beaucoup d’équipements lourds. Leur magie d’enchantement n’est-elle pas très avancée ? » dit Juna en analysant les formations ennemies.

Les enchantements améliorent les qualités de base des armes et des armures, c’est pourquoi les gens en uniforme peuvent se battre contre ceux qui portent une armure complète dans ce monde. Nos propres forces étaient divisées entre les combattants de type Liscia, qui se concentraient sur la vitesse et portaient un uniforme d’officier (plus une armure supplémentaire dans certaines zones), et les combattants de type Carla, qui se concentraient sur la défense et la puissance et portaient des armures lourdes. Cependant, si les démons portaient tous des armures lourdes, ils ne pouvaient peut-être pas imprégner leurs vêtements d’enchantements défensifs. On dirait vraiment qu’ils avaient une technologie inférieure.

« Nous ne pouvons pas baisser la garde. Nous avons beaucoup moins de soldats qu’eux, après tout », avais-je dit pour éviter que quelqu’un ne se fasse des idées.

« Bien sûr, » dit Juna en hochant la tête.

Nous n’avions probablement que quelques milliers de personnes capables de se battre. Actuellement, nous étions déployés avec le Souryuu échoué comme fort, les deux cuirassés transportés comme batteries de canons, et les marines qui les défendaient. Avec notre nombre et la qualité de notre équipement, nous pourrions probablement repousser les démons. Mais pour cela, il fallait que l’arme mobile Jangar ne soit pas impliquée.

Jangar dominait actuellement les démons comme une statue massive.

« Aisha. Peux-tu dire quelles sont les races qui se trouvent du côté des démons ? »

« Je suppose que les cornus sont des ogres. Mais pas déformés, comme ceux que nous avons vus dans la République. Ils ressemblent plus à des humains avec une corne sur le front. Je vois aussi des hommes-lézards en armure, mais ils ressemblent à des humains avec une queue, et des écailles sur les membres », dit Aisha, une main cachant ses yeux tandis qu’elle les regarde. « Il reste ceux qui ont des ailes de chauve-souris… Ils ressemblent à des monstres appelés vampires. Ensuite, il y a les orcs et les kobolds. Ils ressemblent à ce à quoi tu t’attends, mais ils portent une armure. »

« Monsieur Kobold… » réagit Tomoe.

Ceux-ci appartiennent-ils au même groupe que le kobold qui a épargné Tomoe et les loups mystiques ? D’après ce que j’avais entendu, les démons n’avaient pas de formes déformées comme les monstres. C’était comme si quelqu’un avait pris les êtres que nous appelions des monstres et les avait rendus plus humains. J’avais l’impression que cela renforçait encore la théorie de Genia selon laquelle la vie avait pris naissance dans les donjons, théorie que nous avions élargie pour postuler que les monstres étaient des produits ratés créés par un bug dans le processus.

« Hmm… ? » Alors qu’Aisha examinait l’autre côté, elle fronça soudainement les sourcils.

« Qu’est-ce qu’il y a ? »

« Il y a ce qui semble être des humains parmi l’armée de démons. »

« Quoi !? »

J’avais aussi regardé les démons, mais ils n’étaient tous que des points à mes yeux. J’aurais vraiment dû prendre un télescope.

« Il y a donc aussi des humains parmi les races démoniaques ? »

« Non, leur nombre semble un peu faible pour conclure cela… Les humains et les hommes-bêtes ont tendance à être plus nombreux que les races à longue durée de vie, alors c’est étrange d’en voir si peu. » Aisha croisa les bras sous ses seins et gémit. « Et leurs expressions me préoccupent aussi. »

« Leurs expressions ? »

« Oui. Beaucoup d’entre eux semblent effrayés. Ils ressemblent presque aux défenseurs d’un petit château, à qui l’on dit qu’une grande armée va venir les attaquer. C’est comme s’ils avaient trouvé le courage de se battre s’il le fallait, même si c’était en vain. »

« Eh bien, pour ces démons, nous avons probablement l’air d’envahisseurs. »

Il semblerait que les démons soient très différents de la façon dont les rumeurs les avaient dépeints. Je les voyais comme des barbares avides de guerres, pillant les villes et les villages, puis brûlant ce qui restait. Mais peut-être n’étaient-ils pas si différents de l’humanité. La dernière guerre avait dû être un cas d’escalade de représailles qui avait échappé à tout contrôle. Si c’est le cas, je voulais faire quelque chose pour désamorcer cette situation explosive.

Je m’étais retourné pour regarder madame Tiamat, qui se tenait tout près sous forme humaine.

« Combien de temps devons-nous rester assis ici comme ça ? »

« Je suis sûre qu’elle te contactera sous peu… Tu vois ? »

Comme si ses paroles lui faisaient signe, le cube noir descendit lentement du ciel. Cela provoqua beaucoup de bavardages et d’excitation du côté des démons. Certains criaient, tandis que d’autres chantaient et dansaient. J’avais remarqué qu’ils utilisaient souvent le mot « maou », le Seigneur-Démon.

« Ils disent : “C’est Lady Maou”, “Lady Maou est ici” et “C’est notre di… quelque chose ou autre.”. »

« Tu comprends vraiment le langage des démons, hein ? »

Tomoe avait les oreilles dressées et interprétait ce qu’elle entendait, ce qui impressionnait Yuriga.

On dirait que la capacité de traduction de Tomoe fonctionne bien. Cependant, moi qui pouvais comprendre la langue commune de ce continent lorsque j’avais été convoqué, je n’avais rien compris. Je pouvais comprendre le cube, mais pas les démons. C’était un autre problème.

Puis un vacillement dans l’air, comme une brume de chaleur, s’éleva du haut du cube une fois qu’il eut atterri sur le sol.

« C’est similaire à l’émission des gemmes… » murmura Juna.

Elle avait raison — cela ressemblait à la fois aux récepteurs de la fontaine de la place et à la magie de l’eau d’Excel pour projeter une émission. Si c’est le cas… qu’est-ce qui va être projeté ? Alors que je regardais, une image finit par apparaître…

« Hein… ? » J’avais grogné sans le vouloir. Tout ce qu’on voyait, c’était une fille seule.

Mais… est-ce que je peux vraiment l’appeler une personne ?

Ici, dans cet endroit où se trouvent plus de dix mille soldats, nous y compris, elle était tellement déplacée que mon esprit était devenu vide. J’avais déjà pensé plusieurs fois que ce que je voyais ne pouvait pas être réel, mais là, c’était encore mieux. Les autres avaient eu une réaction différente.

« Une fille ? » dit Aisha d’un ton interrogateur.

« C’est mignon, mais ce n’est pas juste une marionnette ? » suggéra Juna.

« Non, pas une marionnette. Une image ? Bien que l’appeler une image semble bizarre aussi », ajouta Naden.

« Est-ce le seigneur des démons ? Elle n’est pas tout à fait celle à laquelle on s’attendait, hein ? » commenta Yuriga.

« Mais les démons continuent de l’appeler Lady Maou, non ? » répondit Tomoe.

« Ses traits sont ceux d’une jolie fille, mais elle n’est pas humaine… C’est peut-être un mannequin ? » se demanda Ichiha à voix haute.

Ah oui, c’est vrai ! Aucun d’entre eux n’avait reconnu ce que c’était, donc ils ne savaient pas si c’était vivant ou non. C’est normal. Sans connaissances préalables, cela ressemblerait à une image animée, à une poupée… ou peut-être même à une figurine ou à un mannequin.

C’est la vraie forme du Seigneur-Démon Divalroi ? Maou… Divalroi… Ah —

« Ahhhhh !!! »

« Wôw !? »

Mon exclamation soudaine avait fait sursauter Naden. Je n’avais pas laissé les regards douteux que tout le monde lançait dans ma direction me déranger et je m’étais penché pour voir de plus près.

Pas étonnant que cela te semble familier ! Il s’agissait simplement d’un programme qui lisait le texte que tu y avais tapé. Mais quand ils avaient mis une jolie fille sur le système et anthropomorphisé le logiciel, beaucoup de gens en étaient venus à l’aimer. C’était une habitante du monde numérique, mais on avait fini par l’appeler une idole numérique, capable d’organiser des concerts dans le monde réel.

C’était une DIVAloïde.

De nombreuses DIVAloïdes avaient été créées. L’une des plus populaires d’entre elles était une fille aux cheveux verts, aux oreilles de chat pointues, aux ailes de chauve-souris et à la queue en forme de flèche. Elle s’appelait…

« DIVAloid MAO… »

Attends. Le seigneur démon Divalroi est-il un logiciel de synthèse vocale de mon ancien monde ? J’étais encore en train de travailler sur ma confusion lorsque la projection 3D de Mao avait tendu la main vers moi.

« Je vous attendais, seigneur Souma Kazuya. »

Elle parlait dans une langue que je comprenais.

« J’ai attendu ce moment si longtemps. Cela fait des lustres que l’on m’a confiée les sujets d’expérimentation du Nord. Si longtemps que je ne suis plus en mesure d’exercer mes fonctions. Mais aujourd’hui, enfin, l’individu familier que j’attendais est arrivé. Je vous en prie, venez dans mon corps principal. Pour fermer la porte le plus rapidement possible. »

Avec l’apparition du Seigneur-Démon Divalroi, alias DIVAloid MAO (désormais "Mao"), la guerre avec les démons qui se trouvaient devant nous semblait avoir été évitée pour l’instant.

J’avais emmené Aisha, Juna, Naden, Hal, Ruby, Tomoe, Ichiha et Yuriga lorsque nous étions descendus du Souryuu.

 

 

Ensuite, une fois que nous avions avancé à mi-chemin du camp des démons, le cube noir — Mao — avait également envoyé un certain nombre de démons en avant. Ce grand homme au visage de chien est-il un kobold ? Il y avait une femme qui ressemblait à un vampire en armure, et aussi un homme-lézard lourdement armé.

Derrière eux se trouvait un humain à la peau sombre comme celle de Jirukoma ou de Komain.

« Ils sont plutôt diversifiés…, » m’étais-je dit.

« Notre camp ne l’est pas moins, » fit remarquer Juna, et je devais être d’accord, maintenant que j’y réfléchissais. Nous avions des humains, un homme bête, des dragons, une elfe noire et une Céleste.

☆☆☆

Partie 4

Nous nous étions retrouvés face à face, ressemblant à un melting-pot de races différentes. Et Mao, dont la projection était maintenant de taille humaine, inclina la tête devant moi.

« C’est une bonne chose que vous soyez venu, seigneur Souma Kazuya. J’ai attendu si longtemps que ce jour arrive. J’aimerais beaucoup vous serrer la main, mais… » Sur ce, Mao tendit la main vers moi. « Comme vous pouvez le voir, cette forme n’est qu’une projection. J’espère que cela ne vous dérange pas. »

« Oh, ce n’est pas un problème, mais… J’ai une montagne d’autres questions. »

« De quoi s’agit-il ? »

« Tout d’abord, cette forme est la DIVAloïde MAO, n’est-ce pas ? L’anthropomorphisation d’un logiciel de synthèse vocale ? »

Mao hocha la tête en guise de réponse.

« Oui. Ce formulaire provient de ce logiciel de synthèse vocale qui était populaire sur Terre au 21e siècle. Même selon les normes de la série DIVAloid, MAO, a connu un succès considérable. »

« D’accord… Le Seigneur-Démon étant MAO et aussi un être bidimensionnel… cela me met déjà la puce à l’oreille. Mais vous, celle qui nous parle à travers cette forme — vous êtes une entité distincte, vous trouvant dans un endroit différent ? Comme l’acteur derrière elle ? »

J’avais demandé cela, pensant que quelqu’un faisait peut-être dire toutes ces choses à Mao — comme une personne derrière un avatar en mouvement — mais Mao pencha juste la tête sur le côté.

« C’est un peu vrai, mais aussi faux. Je suis comme une IA qui gère les sujets de test nordiques, et je n’ai pas de corps. Mais quand je communique avec des formes de vie organiques, ça aide d’avoir des mains pour s’exprimer, non ? C’est pourquoi j’emprunte cette apparence. Cette forme est loin de la vallée de l’étrange et ne provoque pas de sentiment de malaise chez les humanoïdes qui s’ignorent. »

Euh… Mao est donc une IA sans corps physique, et elle a emprunté la forme de MAO pour entrer en contact avec des gens comme nous… Est-ce ça ? La vallée de l’étrange est un effet qui se produit lorsque quelque chose semble trop semblable à un humain et provoque des sentiments désagréables, n’est-ce pas ? C’est ce truc où les gens ont peur des poupées de cire ou des mannequins parce qu’ils ont l’air trop réalistes. Avait-elle donc délibérément utilisé un personnage en 3D pour éviter cela ?

« Hum… sire ? J’ai du mal à comprendre ce que cette personne est en train de dire. »

Aisha, qui n’était pas très portée sur la réflexion, me regarda avec des yeux comme si quelqu’un venait de poser un gros livre de problèmes devant elle. Ne t’inquiète pas, Aisha. Je ne comprends pas vraiment non plus. Attends… Alors, tout le monde peut comprendre Mao, hein ? Est-ce que c’est ma mystérieuse traduction de héros qui est à l’œuvre ?

« En y réfléchissant, vous m’avez appelé Souma Kazuya, n’est-ce pas ? » avais-je demandé.

« Oui. C’est bien votre nom, n’est-ce pas ? »

« Ahh. Ça a changé après mon mariage. Je me fais maintenant appeler Souma E. Friedonia. »

« Oh, je vois. Vous étiez enregistré chez moi sous votre nom au moment de la convocation. »

« Enregistré… ? »

Comme c’est une machine. Je comprends pourquoi elle s’est qualifiée d’IA.

À ce moment-là, le grand kobold qui attendait derrière Mao s’avança.

"○○○○, ○○○○."

Il disait quelque chose, mais je n’arrivais pas à comprendre.

J’avais regardé le reste de mes compagnons, mais les regards vides sur leurs visages me disaient qu’il devait en être de même pour eux. C’est alors que la femme à la peau sombre qui se trouvait derrière le kobold et qui semblait avoir une vingtaine d’années commença à parler.

« Garogaro dit : “Les gens du sud. Soyez les bienvenus. Je suis Garogaro. Représentant du peuple du nord.” »

Oh, elle va nous servir d’interprète ? À ce moment-là, Tomoe s’avança.

« Grand Frère. C’est vrai, ce kobold a dit : “Salutations, peuple du sud. Je suis Garogaro, le représentant du peuple du nord.”“

« Oh ! Vous pouvez comprendre M. Garogaro ? » demanda la femme en écarquillant les yeux.

Tomoe sourit. « Je peux comprendre grâce à ma magie de traduction. Vous avez l’air humaine, alors pourquoi êtes-vous avec les démons ? »

« Ah ! Hum… je m’appelle Poco. Après l’attaque des monstres par le nord, j’errais, perdue, quand ces démons m’ont recueillie et m’ont amenée dans leur ville. On m’a amenée ici parce qu’ils avaient besoin d’un interprète. »

Ohh… Il y a aussi des démons comme ça, hein ? Les démons étaient des êtres intelligents, tout comme l’humanité, alors bien sûr, il y avait des bons et des mauvais parmi eux. Certains étaient hostiles à l’humanité à cause de la guerre, mais d’autres étaient heureux d’aider une personne dans le besoin. C’était un comportement plutôt humain.

"△△△△, △△△△ !"

La femme vampire en armure déclara quelque chose à Poco avec une expression dure sur le visage.

« Oh, je suis désolée, madame Lavin », s’excusa Poco auprès du chevalier vampire.

Elle devait probablement lui reprocher de parler autant dans notre langue. Poco n’avait pas l’air d’avoir peur, alors elle n’avait pas dû être trop sévère.

Poco fit un geste vers le chevalier vampire et l’homme-lézard. « Euh… Voici Lavin Gore, la vampire, et Kukudora, l’homme-lézard. Ce sont tous les deux des membres importants de leurs races respectives, vous pouvez donc les considérer comme des sortes d’anciens de la tribu. »

L’homme-lézard tendit une main écailleuse.

"××××, ××××."

« Grand-frère, il a dit “Enchanté de vous rencontrer”, », raconta Tomoe.

« Oh, uhh. Enchanté de vous rencontrer aussi », avais-je répondu en serrant la main de Kukudora.

Elle ressemblait moins à la peau d’un lézard qu’à une poupée kaiju en vinyle dont le matériau se serait ramolli avec l’âge.

Le chevalier vampire, Lavin Gore, déclara quelque chose à Mao.

« Si c’est la personne dont nous avons entendu parler qui peut fermer la porte, je crois qu’il serait préférable qu’elle le fasse rapidement », c’est ce qu’elle dit à Mao, » m’avait dit Tomoe.

La porte… Oh, oui, elle avait bien dit quelque chose à ce sujet.

Mao regarda dans notre direction, tendant une main vers moi. « Seigneur Souma. Je vous en prie, venez tout de suite dans mon château. Pour fermer la porte. »

« C’est quoi cette porte dont vous parlez tout le temps ? »

« La porte que nous avons utilisée pour venir dans le monde du sud. Nous l’avons utilisé pour évacuer ici, mais nous n’avions aucun moyen de le fermer derrière nous. C’est pourquoi le portail est toujours grand ouvert, et il appelle les monstres du nord. »

« Les monstres du Nord… » murmura Ichiha en lui-même. « J’ai entendu dire que lorsque le Domaine du Seigneur-Démon est apparu, “la porte d’un autre monde s’est ouverte, libérant de vastes quantités de monstres qui attaquaient les villes et les villages.” Est-ce que c’est cette porte vers un autre monde ? »

« Ohh. Je crois que j’ai entendu parler de quelque chose comme ça aussi, maintenant que tu en parles », dis-je.

« Oui. Pour sauver mes enfants, qui étaient poussés à bout dans les terres du nord, j’ai dû les laisser s’échapper dans la juridiction de Tiamat, au sud. Cependant, si j’ai pu utiliser des méthodes peu orthodoxes pour connecter la porte, je n’ai pas eu l’autorisation de la fermer. C’est vous qui avez le droit de le faire, Sire Souma. Vous, un individu familier de la planète mère, et personne d’autre », dit Mao en inclinant profondément la tête.

En voyant cela, Garogaro, Kukudora, Lavin Gore et Poco avaient également baissé la tête.

Alors que je me sentais encore confus, une voix douce parla derrière moi.

« S’il vous plaît, allez-y », dit Madame Tiamat, qui était apparemment restée là pendant un certain temps sans que je m’en aperçoive.

« Madame Tiamat ? »

« Elle ne peut pas l’arrêter de sa propre volonté. Même si ses enfants souffrent, elle a aussi donné naissance à leurs bourreaux, elle ne peut donc pas s’impliquer elle-même. Si vous pouvez la libérer de ses limites, cela supprimera une source de souffrance pour les gens de ce continent. »

« Vous expliquez toujours les choses de façon aussi détournée…, » déclarai-je, ce qui me vaut un léger sourire de la part de Madame Tiamat.

« Il y a beaucoup de limites. Aussi bien pour moi que pour elle. »

Eh bien… rester assis ici n’allait pas m’aider. J’avais voulu entrer en contact avec les démons et communiquer avec eux le plus pacifiquement possible. S’ils m’invitaient à venir, j’obtenais exactement ce que je voulais.

Je regardai Halbert. « Hal… puis-je compter sur toi pour gérer les troupes ici pendant un certain temps ? »

« Ça ne me dérange pas, mais… as-tu prévu d’y aller ? »

« Oui. Tout d’abord, j’ai besoin d’apprendre. Rien ne peut commencer tant que je ne sais pas ce qui se passe. »

Hal renifla. « J’ai compris. Laisse cet endroit à Ruby et moi. »

« Tu nous sauves la vie… Mao… euh, Madame Mao ? Est-ce que je peux emmener tous ceux qui sont ici avec moi, à l’exception de Hal et Ruby ? »

Mao acquiesça. « Merci, Seigneur Souma… Maintenant, si je peux me permettre. »

L’instant d’après, le paysage autour de nous changea. Le désert brûlé par le soleil avait disparu, remplacé par une pièce sombre et métallique.

Cette pièce… Elle a la même ambiance que le laboratoire du donjon de Genia, hein ?

Puis Mao écarta les bras et commença à parler.

« Bienvenue, seigneur Souma, dans mon cœur. »

Alors qu’elle disait cela, une image massive apparut au-dessus de nos têtes. C’était une projection en plein ciel, comme celles utilisées lors de la diffusion des gemmes. Elle montrait une seule planète, flottant dans l’espace.

C’était une image trop familière de la Terre.

Alors que je regardais fixement, surpris et émerveillé, Mao parla tranquillement.

« Vous allez maintenant apprendre comment ce monde a vu le jour, seigneur Souma. »

Mao commença à raconter l’histoire de sa jolie voix de DIVAloid.

 

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