Genjitsushugisha no Oukokukaizouki – Tome 17 – Chapitre 8

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Chapitre 8 : Bataille commune

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Chapitre 8 : Bataille commune

Partie 1

– 11e mois, 1553e année, calendrier continental — Nuit —

Les forces de l’Empire du Grand Tigre avaient enfin entamé leur marche vers le point le plus septentrional du continent de Landia. Ils n’avaient mobilisé que des soldats de l’Empire du Grand Tigre de Haan et de l’État pontifical orthodoxe lunaire, mais des volontaires hauts elfes les avaient rejoints depuis l’île Père du Royaume des Esprits de Garlan, ainsi que des réfugiés qui voulaient reprendre les terres du nord. Au total, leurs forces comptaient environ 800 000 hommes.

Fuuga divisa cette force en trois groupes qui pousseraient vers les profondeurs du domaine du Seigneur-Démon. L’un d’eux, dirigé par Shuukin et comprenant les hauts elfes, se dirigerait vers l’ouest. Un autre, dirigé par Lombard — l’ancien roi de Rémus, et comprenant des troupes de l’ancien empire du Gran Chaos, prendrait le centre. Et la dernière, dirigée par Fuuga lui-même, et comprenant ses guerriers d’élite et les réfugiés très motivés qui voulaient reprendre leur terre natale, entrerait par l’est.

Cependant, les forces de Shuukin et de Lombard étaient principalement destinées à distraire les démons et à défendre les territoires occupés, et elles avaient donc reçu l’ordre de ne pas prendre de l’avance sur celles de Fuuga. Au même moment, ils avaient reçu des informations selon lesquelles Souma, le chef de l’Alliance maritime, dirigeait une flotte de la Force de défense navale nationale de Friedonia vers l’extrémité nord du continent par la mer.

La force principale de Fuuga avançait, anéantissant les groupes épars de monstres qui leur tendaient des embuscades en chemin. Le stratège, Hashim, se précipita vers Fuuga et Mutsumi, qui étaient au centre de cette force.

« Votre Majesté impériale, d’après les rapports de nos éclaireurs, il y a un groupe de forts que les démons ont construit en utilisant des villes et des villages déjà présents avant ça. Les éclaireurs les ont arpentés à distance par prudence, nous ne connaissons donc pas la situation à l’intérieur, mais leur nombre est considérable. »

« Ce qui veut dire qu’on est maintenant en territoire démoniaque, hein ? » Fuuga, qui s’était allongé sur le dos de Durga, se redressa. « Il était temps. Alors la contre-attaque de l’humanité commence ici. »

Mutsumi, qui était à cheval à côté de lui, fronça les sourcils en voyant le sourire bestial sur le visage de Fuuga.

« Même au sommet de leur puissance, ayant rassemblé des forces de tout le continent, l’Empire du Gran Chaos n’a toujours pas réussi à les vaincre. Veille à ne pas baisser ta garde, mon cher. »

« C’est vrai », dit Hashim en accord avec Mutsumi. Mais Fuuga se contenta de sourire.

« Je le sais bien. Nous essayons de les sonder pour l’instant. Mais l’empire du Gran Chaos disposait d’un assortiment de forces disparates, et leurs commandants n’arrivaient pas à les rassembler. C’est pourquoi ils se sont effondrés après une seule défaite. Mais nous sommes différents. Tant que je ne me fais pas subitement éliminer, nous risquons de devoir faire une retraite, mais nous pourrons nous en remettre. »

« C’est ce qui m’inquiète. Vous voulez toujours vous diriger vers l’avant », dit Hashim avec des yeux froids, ce qui poussa Fuuga à se gratter la tête maladroitement.

« Écoute, j’ai compris… Juste pour cette fois, je vais jouer la carte de la sécurité. D’abord, nous enverrons les réfugiés en tirailleurs. La cavalerie wyverne surveillera depuis les airs. Divisez notre cavalerie d’élite et faites-la se tenir prête sur les deux flancs. »

Les tirailleurs étaient des soldats qui se battaient en formation irrégulière, utilisant des attaques à distance pour perturber la formation de l’ennemi avant la bataille, puis se retiraient à l’arrière lorsque l’ennemi avançait. Les ordres de Fuuga faisaient en sorte que si l’ennemi les attaquait de façon inattendue, ils ne perdraient que les personnes qu’ils pouvaient se permettre de perdre. S’il apparaissait qu’ils étaient désavantagés, il serait plus facile de retirer leurs forces principales. Au fond, les réfugiés n’avaient qu’une valeur minime, c’est pourquoi il les utilisait comme des leurres. Hashim, qui connaissait ses intentions, baissa la tête.

« J’ai compris. Je vais prévenir nos forces », déclara Hashim avant de partir.

Fuuga se tourna vers Mutsumi. « Envoie un messager aux forces de Shuukin et de Lombard pour leur dire que nous commencerons la bataille à l’aube. Si les choses s’enlisent, leur arrivée devrait changer le cours de la bataille. »

« Oui. Je vais le faire tout de suite. »

Le cheval de Mutsumi partit au galop. Fuuga la regarda partir, puis se retourna pour jeter un coup d’œil à ce qui se trouvait devant eux.

« Maintenant… voyons ce qui va sortir. S’agira-t-il de démons ou du dieu démon ? » murmura-t-il pour lui-même.

 

++

Juste après l’aube, alors qu’il ne faisait pas encore très clair, l’Empire du Grand Tigre décida de passer à l’attaque. S’ils avaient attaqué plus tard, à midi, la chaleur accablante aurait rapidement épuisé les troupes. Les soldats réfugiés, qui avaient reçu l’ordre d’attaquer les forts et de se retirer, s’approchaient en tirailleurs. On leur avait dit que leur mission était de découvrir s’il y avait des défenseurs dans les forts, et si oui, quelle était leur force relative. Cependant…

Boom, boom, boom !

« Qu-Quoi !? »

« Un tremblement de terre !? »

Au moment où ils avaient essayé de s’approcher de l’un des forts, le sol s’était mis à trembler. Le grondement s’intensifia et il devint évident que quelque chose s’approchait d’eux.

« Y a-t-il quelque chose qui se prépare ? »

« Qu’est-ce que c’est que ça !? »

Alors que la terreur commençait à s’installer, il est apparu devant les soldats réfugiés. Non pas depuis l’intérieur du fort, mais en glissant par-derrière. Si grand qu’il obligeait les assaillants à lever les yeux, il s’avançait vers eux dans un grand grondement, aplatissant le sol en dessous de lui à son approche.

« Qu’est-ce que c’est que ça !? »

« Un monstre en forme de champignon !? »

« Un monstre champignon à trois yeux ! »

L’entité massive ressemblait certainement à un champignon, ou peut-être à un bonhomme de neige à deux boules dont la boule inférieure était à moitié enfouie dans le sol. Et bien au-dessus de la tête des soldats réfugiés, dans les parties supérieures, se trouvaient trois lumières clignotantes de couleur pêche…

« ○△×□● !! »

Il prononça ce qui ressemblait à un mot, si fort qu’il pouvait être entendu par tous ceux qui se trouvaient à proximité. Mais ce n’était pas la langue commune du continent, donc personne ne comprenait. Cependant, ils avaient senti que, quelle que soit sa signification, il ne leur souhaitait pas la bienvenue.

« ○△×□● !!, » répéta-t-il.

Toujours incapables de comprendre, les soldats réfugiés fixent l’entité massive avec hébétude. Ce faisant, la partie centrale du champignon se mit à clignoter intensément, la lumière devenant de plus en plus grande.

« Oh, merde ! »

Les instincts sauvages de Fuuga sonnèrent l’alarme dans sa tête alors qu’il observait à distance, et il donna immédiatement l’ordre.

« Que toutes nos forces se dispersent ! Quoi qu’ils fassent, ils doivent s’écarter du chemin maintenant ! »

Fuuga envoya des coureurs et des messagers kuis. Il fit diviser le centre de l’armée, où il se trouvait, en deux, forçant délibérément les deux flancs à rompre la formation. La force principale de Fuuga était ainsi divisée en deux par l’arrière. Cependant, les tirailleurs étaient très dispersés et n’avaient pas remarqué ce mouvement, si bien qu’ils étaient restés là, à regarder avec stupéfaction.

Puis la silhouette massive en forme de champignon cessa de rassembler la lumière.

– !!

Soudain, la lumière se déchaîna directement vers la zone située devant lui.

La lumière déferlante engloutit un tiers des soldats réfugiés et engloutit une partie de la force principale de Fuuga qui était plus lente à fuir. Ceux qui étaient pris dans la lumière furent effacés en un instant, ne laissant pas plus qu’un grain de poussière derrière eux. Le vent chaud qui accompagnait la lumière brillante souffla les tirailleurs qui s’étaient échappés, et sa chaleur fut même ressentie par la force principale de Fuuga à l’arrière.

Bon sang ! Est-ce que c’est l’arme démoniaque dont parlait Souma ?

Fuuga fit claquer sa langue avec dégoût en jetant un coup d’œil à la lumière qui s’éteignait.

En prenant des précautions à l’avance et en réagissant rapidement, les meilleures forces de Fuuga avaient évité le pire. Les tirailleurs réfugiés semblaient presque anéantis si l’on tenait compte du nombre de blessés emportés par le vent, mais c’était encore une situation qui leur permettait de se regrouper et de se lancer directement dans la bataille.

« Seigneur Fuuga ! Donnez l’ordre d’une attaque générale tout de suite ! » suggéra Hashim depuis un endroit proche. « Je ne peux pas imaginer qu’ils puissent déclencher une telle attaque de façon répétée. C’est notre chance. Pendant que ce monstre est sans défense, nous devons attaquer avec toutes nos forces et le détruire ! »

« Si nous nous retirons ici, ce ne sera qu’une répétition de la dernière fois, hein ? Très bien alors, fais-le ! »

Fuuga accepta instantanément la suggestion de Hashim. Il sauta sur le dos de Durga et s’élança dans le ciel pour donner des ordres.

« Écoutez mes hommes ! J’ai entendu dire que le roi Souma de Friedonia avait mené sa propre flotte pour combattre un “kaiju” de la taille d’une montagne ! S’il peut le faire, alors pensez-vous que moi, votre empereur, je ne puisse pas aussi le faire ? Croyez-vous que ce pays timide et passif puisse faire quelque chose que vous, mes braves guerriers, ne puissiez pas aussi faire ? Non ! Absolument pas ! »

Après que le discours de Fuuga ramenait ses hommes paniqués à la raison, ils poussèrent un cri de guerre. Voyant qu’ils avaient retrouvé le moral, Fuuga pointa sa lame qui brise les rochers, Zanganto, en direction de l’énorme ennemi.

« C’est le moment ! Après toutes nos longues années de souffrance, la contre-attaque de l’humanité commence maintenant ! Suivez-moi ! »

Lorsque Fuuga et Durga chargèrent, ils inspirèrent un zèle fanatique à ceux qui les voyaient, et cette passion se répandit bientôt dans toute l’armée. C’est ainsi que les forces de Fuuga lancèrent une attaque générale contre leur énorme ennemi en forme de champignon.

 

◇ ◇ ◇

Pendant ce temps, au même moment…

« Aurore, hein… ? »

Je plissais les yeux face à la lumière du soleil alors que je me tenais sur le pont de l’Albert II. La flotte friedonienne était en mer, et nous avions donc été accueillis par le lever précoce du soleil.

Une flotte du royaume du dragon à neuf têtes dirigée par Kishun nous avait rejoints en tant qu’escorte, et nous avions trois porte-îles avec nous. Le total combiné de nos forces ici était plus important que le groupe qui avait tué Ooyamizuchi.

Les trois porte-îles étaient positionnés à l’avant, au milieu et à l’arrière, chacun avec un cercle de cuirassés autour d’eux en formation défensive. Le navire de tête était le Hiryuu de Castor, celui du milieu le Souryuu d’Excel et celui de l’arrière l’Unryuu, dont l’un des navires d’escorte était le cuirassé Albert II.

Plus loin à l’arrière de la flotte se trouvaient des navires de ravitaillement et le cuirassé transportant Tomoe, Ichiha et Yuriga, escortés par la flotte de l’Archipel du Dragon à Neuf Têtes. Ce groupe n’était pas destiné à voir la bataille, et devait se retirer immédiatement en cas d’événements imprévus.

« Un ciel clair et une mer calme… ? », marmonnai-je en regardant les vagues embrassées par l’aube.

« Oui, la mer est très calme. Pourquoi ce visage lugubre ? » demande Juna, qui se tenait à côté de moi dans son uniforme naval blanc. Elle était magnifique dans sa tenue habituelle de Lorelei, mais elle était tout aussi séduisante en uniforme.

J’avais forcé un sourire et j’avais hoché la tête. « J’ai l’impression avec cette expédition… d’avoir été entraînée là-dedans par la décision de quelqu’un d’autre, et ça ne me plaît pas du tout. »

« La décision de quelqu’un d’autre ? »

« Je ne fais pas tout cela de mon plein gré. »

C’est en raison des choix de Fuuga que j’envoyais des troupes dans le domaine du Seigneur-Démon. Dans toutes les batailles qui avaient précédé, j’avais pris la décision moi-même et j’avais pu me préparer. Mais pas cette fois…

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Partie 2

Machiavel disait que la virtù était nécessaire pour faire face à la fortuna.

Pour ce qui est de la virtù, en japonais, nous avions tendance à la décomposer en d’autres mots pour désigner le pouvoir, la volonté et la passion lorsque nous la traduisons, mais il s’agit essentiellement de « trouver sa résolution, prendre une décision et se préparer ». Si le pouvoir est nécessaire pour lutter contre le destin, cela signifie : « Trace-toi un chemin de tes propres mains. Ne compte pas sur les autres ou sur la fortune, bonne ou mauvaise. » Machiavel n’aurait pas approuvé que je confie mon destin à la décision de Fuuga comme je l’avais fait cette fois-ci.

Il y avait aussi eu la chose troublante que Cian avait dite à propos du fait que je ne reviendrais pas.

« Je n’ai peut-être jamais eu le cœur aussi lourd de tout mon temps en tant que roi. »

« Ne crains rien. Je te défendrai, Sire. »

« Oui. Nous te protégerons. »

Aisha et Naden m’avaient rassuré avec enthousiasme. Juna souriait aussi.

Mes femmes sont vraiment fiables. Je leur avais souri pour leur exprimer ma gratitude.

Soudain, Carla se précipita avec un message d’un messager kui.

« Sire ! C’est de la part de mon père… Non, du bateau du capitaine Castor ! Il est écrit : “Quelque chose dans le ciel devant nous. Restez en alerte.” »

« Hein !? »

Je m’étais empressé de plisser les yeux dans la direction où nous allions. Mais je ne voyais rien.

« Ah ! Je le vois ! » dit Aisha, qui avait la meilleure vue de nous tous. Je n’arrivais toujours pas à distinguer quoi que ce soit.

« Il est un peu au-dessus de l’horizon », poursuit-elle. « Est-ce qu’il… flotte dans les airs ? Et s’il a l’air aussi gros à cette distance… il doit être énorme ! »

« Sire ! » Juna fut la première à élever la voix. « Le Souryuu de grand-mère utilise des drapeaux de signalisation. “Tous les vaisseaux se préparent au combat. Tournez sur le côté tout en maintenant un anneau autour des transporteurs.” »

En gros, Excel voulait que nous nous dispersions latéralement pour pouvoir entrer immédiatement dans la bataille en fonction de ce que faisait l’autre camp.

« Aisha. Est-ce que la chose que tu peux voir fait quelque chose ? »

« Il est juste suspendu dans l’air. Il n’y a aucun mouvement. Attends… est-ce que c’est un géant en armure ? »

Le groupe de recherche de Sami avait signalé la présence d’un champignon et d’un géant en armure. Avions-nous rencontré le géant ? Étant donné qu’il ne nous avait pas tendu d’embuscade soudaine, cela signifie-t-il qu’il y a de la place pour le dialogue ? Il semblerait que nous devions nous rapprocher de l’ennemi tout en essayant de discerner s’il avait l’intention de nous attaquer ou non.

Dans ce cas… c’est une mauvaise idée qu’Excel et moi soyons si éloignés l’un de l’autre, hein ? J’étais notre décideur politique tandis qu’Excel et les autres commandants étaient nos décideurs militaires. Il était dangereux qu’il y ait un décalage entre les deux.

Après un moment de réflexion, je pris ma décision.

« Je me déplace vers le Souryuu. Naden, porte-moi jusqu’à l’endroit où se trouve Excel. »

« Hein !? Euh, bien sûr ! »

« Sire ! » Juna me jeta un regard inquiet, mais je secouai la tête.

« S’il y a un décalage entre mes décisions et celles d’Excel, cela risque de jeter toute la flotte dans le désarroi. Il sera plus fiable que nous nous rencontrions face à face afin de concilier nos décisions militaires et politiques. Laisse-moi partir. »

« Argh… D’accord. » Juna avait du mal à l’accepter, mais elle acquiesça.

« Désolé… J’ai besoin que tu prennes le commandement de l’Albert II, Juna. »

« Compris… S’il te plaît, fais attention à toi. »

« Toi aussi, Juna. Aisha, Carla, vous viendrez avec nous en tant que gardes du corps. »

« « Oui, Sire ! » »

J’avais sauté sur le dos de Naden après qu’elle se soit transformée en ryuuu noir, et Juna nous avait regardés nous envoler dans le ciel. Comme le temps était compté, Naden tenait Aisha et Carla dans ses mains. Alors que nous nous dirigions vers le Souryuu, j’avais pu voir qu’il y avait quelque chose au loin, mais ce n’était encore qu’une petite tache, et je ne pouvais donc pas la distinguer clairement.

Nous avions atterri sur le pont du Souryuu et j’avais sauté du dos de Naden. Excel s’était immédiatement précipité vers nous.

« Votre timing est impeccable, votre majesté. J’étais justement sur le point de vous appeler. »

« Excel, est-ce qu’il a bougé ? » avais-je demandé, mais elle secoua la tête.

« Pas encore. Nos vaisseaux ont l’ordre strict de se tenir prêts jusqu’à ce que ce soit le cas. »

« Bien. Aisha me dit que c’est un géant en armure. »

« Oui. Nous avons également un rapport de Castor… Il est difficile de croire que l’une des deux entités qui ont anéanti les forces combinées de l’humanité dirigées par l’Empire du Gran Chaos se trouve juste devant nous maintenant… »

L’expression habituellement détendue d’Excel s’assombrit. Cela signifiait que la situation était suffisamment grave pour qu’une femme aussi impressionnante qu’elle perde son sang-froid.

Soudain, un son puissant retentit sur la mer.

« ○△×□● !! »

« « « Quoi !? » » »

C’était probablement une sorte de voix. Une sorte de langage. Et à en juger par le ton, c’était un avertissement. Cependant, je n’arrive pas à comprendre ce qu’elle dit… Attends, quoi ?

Depuis que j’étais arrivé dans ce monde, je n’avais jamais eu de difficultés avec la langue.

D’après ce que m’avaient dit mes chercheurs Genia et Merula, les enchantements de la salle d’invocation utilisés pour appeler un héros étaient tous liés à la langue, et devaient probablement faire en sorte que le héros invoqué puisse parler la langue commune de ce continent. Et pourtant, j’entendais une langue que je ne comprenais pas ?

« Est-ce que quelqu’un sait ce qu’il dit ? »

Aisha, Naden, Carla et Excel avaient toutes secoué la tête. Personne ne pouvait comprendre ce qu’il disait. Pas même moi. Cela signifiait que ce n’était pas la langue commune du continent, ni aucune des langues que j’avais reconnues sur Terre. Bon, je ne pouvais vraiment distinguer les mots que si c’était du japonais ou de l’anglais, mais je m’étais dit que je reconnaîtrais au moins les autres langues principales. Et ce n’était pas le cas.

« ○△×□● !! »

C’était les mêmes mots, une fois de plus. Mais qu’est-ce qu’il essaie de nous dire ?

J’étais encore perplexe lorsqu’un messager kui vola au-dessus de moi et se posa sur le bras d’Aisha. Elle ouvrit immédiatement la lettre qu’il portait et en récita le contenu.

« Sire ! C’est de la part de Madame Juna à bord de l’Albert II ! Il y a un message urgent de madame Tomoe à l’arrière de la flotte ! »

« De Tomoe ? »

« Oui ! A propos de la voix que nous venons d’entendre ! »

Huh !? Oh, c’est vrai. Peut-être que les capacités de Tomoe lui ont permis de comprendre cette voix !

« Qu’est-ce que Tomoe a à dire !? » avais-je demandé, et Aisha prit un air étrange.

« Apparemment, la voix dit : “Au-delà d’ici, c’est le royaume des sujets d’expérimentation du nord. Si les sujets d’expérimentation du sud tentent de les influencer, des mesures défensives seront prises” ! »

Les sujets d’expérimentation… ? Les sujets d’expérimentation du Nord. Des sujets d’expérimentation du sud. Ces termes me paraissaient étranges, mais il était clair que le géant nous mettait en garde.

« Excel ! Ordonne à tous nos navires de s’arrêter ! »

« Compris », répondit Excel, signalant immédiatement à tous les vaisseaux de cesser tout mouvement.

Nos navires s’étaient tous arrêtés, mais ils étaient restés prêts à répondre à une attaque. L’air devint tendu par l’incertitude tandis que l’entité étrangère s’approchait progressivement de nous.

Lorsqu’il fut enfin assez proche pour qu’on puisse le voir de près… Whuh !? J’avais les yeux exorbités et je ne savais plus où donner de la tête.

D’abord, je m’étais frotté les yeux en signe d’incrédulité. Ensuite, j’avais touché mon front, pensant que je délirais de fièvre. Puis, j’avais pincé ma joue, car il s’agissait peut-être d’un rêve. J’avais alors demandé à Aisha, Naden et Excel ce qu’elles avaient vu — mais non, c’était la même chose pour elles aussi…

« C’est le géant en armure des histoires… »

« C’était donc pour de vrai. »

Aisha et Naden avaient toutes les deux dégluti.

Non, il ne s’agit pas d’un géant en armure ou de quelque chose d’aussi simple… D’accord, c’est vrai. Si tout ce que tu avais à faire était de te baser sur les connaissances communes de ce monde, cela ressemblait certainement à un géant en armure. J’avais entendu dire qu’ils se référaient souvent aux armures occidentales ou japonaises lorsqu’ils concevaient ce genre de choses.

Pourquoi... Pourquoi cette chose existe-t-elle vraiment ? avais-je pensé en levant les yeux vers la chose qui s’était arrêtée de façon à pouvoir nous regarder de haut.

Je… savais comment ça s’appelait.

S’il correspondait aux spécifications du catalogue, il mesurait environ vingt mètres de haut, pesait approximativement soixante tonnes et avait un moteur thermonucléaire pour source d’énergie. Il volait à l’aide d’un pack de jets sur son dos appelé Aranzal Zerde. Il était de type Jangar Sky, la version de combat aérien de la machine du protagoniste dans l’anime mecha Assault Suits Jangar. Le genre d’arme humanoïde gigantesque qui n’aurait dû exister que dans le monde fictif de l’anime était apparu devant nous.

Je savais que ce monde était lié à mon ancien monde d’une manière ou d’une autre, mais quand même ! J’étais déjà persuadé que ce monde et le mien étaient liés. Mais ce n’était qu’une réponse à ce stade.

Alors que je regardais fixement, accablé par la situation…

« ○△×□● !! »

Jangar prononça à nouveau ces mêmes mots, que je ne pouvais que supposer être un avertissement. Les négociations étaient impossibles si nous ne pouvions pas comprendre la langue de l’autre…

« Excel, envoie un cavalier-wyverne pour aller chercher Tomoe et l’amener ici. Ordonne à tous nos navires de ne pas bouger quoiqu’il arrive jusqu’à l’arrivée de Tomoe. »

« Compris. »

Excel s’était empressé de s’occuper de tous les arrangements.

Nous étions donc restés sur le pont, continuant à regarder fixement Jangar.

Si cette chose n’était pas un tigre de papier et qu’elle avait vraiment toutes les caractéristiques qu’elle avait dans l’anime… elle pourrait probablement couler un porte-île à elle seule. Cependant, si nous envoyons l’équipe de Chevaliers dragons de Hal et Ruby et que nous la submergeons avec toute la cavalerie wyverne, nous pourrons peut-être la vaincre par la force du nombre. C’est parce que s’il était fidèle aux spécifications du catalogue, il avait des limites quant à sa durée de fonctionnement et au nombre de cartouches que chacune de ses armes portait.

C’est comme dans les films de zombies, même si un véhicule blindé était capable de balancer du plomb sur la horde qui s’avance, leur assaut continu finirait par l’épuiser. Mais ce que nous dépenserions contre cette chose ne serait pas des zombies, mais des soldats. Des gens en chair et en os avec des familles qui les attendent à la maison. Je ne voulais pas les traiter comme des êtres jetables.

« Il ne bouge toujours pas… Qu’en penses-tu, Sire ? » demande Aisha, l’épée à la main.

J’avais secoué la tête. « Je ne sais pas. Mais comme il a émis un avertissement, j’aime à croire qu’il y a de la place pour le dialogue. »

« Nous ne pouvons qu’espérer… »

Maintenant, c’est un test de patience, m’étais-je dit. S’il reste en place jusqu’à l’arrivée de Tomoe…

« Ah ! Souma ! » Naden, qui avait regardé autour d’elle, éleva la voix. « C’est grave ! Un navire de la flotte du dragon à neuf têtes est en mouvement ! »

« Quoi !? »

L’un des navires du royaume du Dragon à neuf têtes que Shabon avait envoyé pour nous escorter avait cédé sous la pression de la situation et commencé à agir. Le commandant de la flotte du Dragon à neuf têtes, Kishun, avait proposé de protéger Tomoe et son groupe, et j’avais donc placé les navires déployés ici sous notre commandement. Mais les marins de l’Archipel du Dragon à Neuf Têtes, issus d’une nation de pirates, étaient assoiffés de sang et n’avaient pas pu supporter la pression.

L’instant d’après, la tête de Jangar pivota dans leur direction et…

« ×□●○△×□. »

Il déclara quelque chose de différent de tout à l’heure en sortant le fusil de son sac à dos et en pointant le canon vers ce vaisseau. Oh, non !

« Sto — » Mes paroles avaient été noyées par le son de la lumière qui hurlait du canon de son fusil.

En un instant, la lumière transperça le navire de la Flotte du Dragon à Neuf Têtes, enflammant probablement la poudre à canon à bord, tandis qu’il était réduit en pièces. L’explosion fut si forte que les flammes engloutirent plusieurs navires à proximité.

Les armes à rayons… Ce que je venais de voir n’était pas comme un rayon laser, qui transperce la cible au moment où il est lancé — c’était comme dans un dessin animé, où il se déplace juste assez vite pour que l’œil puisse encore suivre son mouvement. Cela ressemblait à une arme qui utilisait de vraies munitions, mais qui pouvait transpercer ou brûler n’importe quoi.

Il tira une deuxième fois pendant que je regardais, enflammant un vaisseau de la flotte du dragon à neuf têtes.

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Partie 3

« Sire ! Donnez vos ordres ! » Excel s’était précipité vers moi et elle cria, me faisant reprendre mes esprits.

Je n’avais aucune idée de l’ordre à donner dans cette situation, mais retarder ma décision ne ferait qu’augmenter le nombre de victimes. Je devais faire quelque chose.

« Argh… Envoyez toute la cavalerie-wyverne de l’Hiryuu, le Souryuu et l’Unryuu ! Mais donnez la priorité à la perturbation de l’ennemi plutôt qu’à son attaque ! En attendant, faites retirer la flotte ! Et dites ceci à la flotte de l’Archipel du Dragon à Neuf Têtes : si elle décide d’ignorer mes ordres et de continuer à se battre, elle se débrouillera toute seule ! »

« Alors nous battons en retraite ? »

« Si l’on en croit ses paroles, il s’agit d’une action défensive. Si nous ne nous approchons pas de leur territoire, il ne nous poursuivra pas… Faisons confiance à cela. »

« Compris… »

Excel leva son éventail en guise de signal, puis donna les ordres que je lui avais donnés.

Les cavaliers-wyvernes dirigés par Halbert et Ruby avaient tous décollé des trois portes-îles en groupes dispersés. Puis la cavalerie-wyverne était allée essaimer autour de Jangar comme des moustiques. Je pouvais aussi voir Hal sur son dragon rouge dans la mêlée.

— !!

Jangar tira avec son arme à rayons sur Ruby, qui avait dû le plus se démarquer. J’avais eu des sueurs froides en la regardant, mais Hal et Ruby avaient déjà vu l’attaque et l’avaient habilement esquivée en se plaçant devant le canon. Parce qu’ils étaient habitués à voir de la magie, peut-être que l’existence d’une arme à rayons en elle-même n’était pas si surprenante que ça pour eux.

Après avoir esquivé, Hal fit cracher à Ruby une boule de feu sur Jangar. Cependant, Jangar bloqua avec son bouclier de bras. Il s’en sortit indemne.

Voyant cela, la cavalerie-wyverne déclencha ses attaques de feu l’une après l’autre. Elles ne semblaient pas faire beaucoup de dégâts non plus, mais les flammes et la fumée qui s’élevaient obscurcissaient le champ de vision de l’ennemi.

« Excel ! Ordonnez la retraite maintenant ! »

 

Ra-tat-tat-tat-tat ! Les canons vulcains dans la poitrine de Jangar déchiraient les chevaliers --wyvernes.

Les carreaux qu’ils pouvaient fabriquer dans ce monde n’auraient pas pu percer la chair d’une wyverne, mais les Vulcains de Jangar l’avaient déchirée de part en part, mettant en pièces de nombreux chevaliers-wyvernes, les laissant tomber dans une tombe aquatique.

Puis, un instant plus tard, le sac à dos de Jangar cracha du feu, sortant instantanément de l’encerclement de la cavalerie wyverne et l’amenant sur le pont de notre transporteur — le Souryuu — en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.

Tout s’était passé si vite que personne ne pouvait bouger.

— !!

Jangar tira une fois sur le pont avec son arme à rayons. Le Souryuu trembla violemment et, bien qu’il n’ait pas explosé, il s’inclina fortement sur le côté. Il était clair qu’il avait mis le vaisseau hors d’état de nuire en un seul tir. Grr… D’abord, ça nous empêche de fuir, hein ?

Jangar pointa alors ses Vulcains de poitrine dans ma direction.

D’après la façon dont il avait arrêté notre mouvement et m’avait distingué parmi tous les gens sur le pont, il savait qui était le commandant en chef de cette flotte. Vise-t-il une résolution rapide avec une frappe décapitante ? Je m’étais dit cela alors que mon esprit s’emballait plus vite que d’habitude face à la menace qui pesait sur ma vie.

Les Vulcains de sa poitrine ouvrirent le feu. Les balles déchiraient le sol, laissant une traînée d’impacts de balles qui venaient dans ma direction.

Oh, merde —

Slam !

 

 

À ce moment précis, quelqu’un me poussa hors du chemin. Je regardais, effaré, la personne qui se tenait là où j’étais il y a un instant se faire transpercer par des balles.

Son armure, rouge comme ses cheveux, fut brisée, et du sang frais jaillissait de son corps.

« Carla !!! »

Elle s’effondra sur le pont alors que je criais son nom.

 

◇ ◇ ◇

Il y avait quelque chose d’un peu étrange chez le prince Cian.

« Carla. Pourrais-tu t’occuper des enfants pour moi un instant ? »

« Bien sûr. Laisse-moi faire, Liscia. »

Le prince Cian et la princesse Kazuha sont les enfants du maître que je sers. Ils sont les héritiers de la maison royale d’Elfrieden et, surtout, les enfants de ma chère amie Liscia. Ayant veillé sur eux en tant que servante depuis leur naissance, ils m’étaient incroyablement précieux.

Vers l’âge de deux ans, alors qu’ils ne parlaient pas encore, mais pouvaient se promener et jouer dans la cour, un incident s’était produit.

« Whah… Whaaaa ! »

Cian, qui jouait joyeusement avec la princesse Kazuha jusque-là, éclata soudainement en sanglots. Puis il serra fort la princesse Kazuha dans ses bras et essaya de l’empêcher d’aller où que ce soit.

C’était inhabituel pour Cian, habituellement introverti. Mais Kazuha, qui tenait de sa mère un peu garçon manqué, se dégagea, comme pour lui dire qu’il l’importunait, puis il se déplaça.

Le prince Cian tomba à la renverse, puis se roula en boule en pleurant.

« Allez-vous bien, Seigneur Cian ? » demandai-je en me précipitant vers lui.

Au même moment, la princesse Kazuha était montée sur le bord de la fontaine de la cour et commençait à marcher le long de celle-ci.

Soudain… Sploosh ! Elle perdit l’équilibre et plongea dans l’eau.

« Wahhhh !!! »

J’avais pris le prince Cian et je l’avais mis sous mon bras, puis je m’étais précipitée pour sortir la princesse Kazuha de l’eau.

La princesse Kazuha me regarda dans le vide pendant un moment, puis elle comprit ce qui s’était passé et se mit à brailler contre ma poitrine. Lorsqu’il l’entendit, le prince Cian se mit à pleurer lui aussi, et je ne savais pas quoi faire.

Des incidents similaires s’étaient produits à plusieurs reprises.

Chaque fois que la princesse Kazuha se mettait en danger et se blessait, le prince Cian se mettait à pleurer avant que cela n’arrive et essayait de l’arrêter. Il échouait la plupart du temps, mais après l’avoir vu si souvent, j’avais commencé à réfléchir : Le prince Cian sait-il quand la princesse Kazuha sera en danger ?

Forte de ce soupçon, j’avais commencé à les observer de plus près.

Lorsque la princesse Kazuha était blessée, le prince Cian pleurait juste avant que cela n’arrive. À l’inverse, il m’arriva plusieurs fois de protéger la princesse Kazuha en l’observant attentivement après que le prince ait pleuré.

Le prince Cian peut-il voir l’avenir ?

Il était inhabituel que quelqu’un manifeste de la magie à un si jeune âge, c’est pourquoi il était de tradition dans ce pays d’attendre qu’ils soient plus âgés avant d’enquêter sur le type de magie qu’ils possédaient. Cependant, si le prince Cian avait déjà manifesté de la magie et qu’il s’agissait d’une sorte de précognition ou de magie prophétique, cela expliquerait le comportement étrange que j’avais observé.

Puis, l’autre jour, le prince Cian essaya d’empêcher le roi Souma de se rendre au domaine du seigneur des démons.

« Tu ne reviendras pas. »

C’est ce qu’il avait dit. Si c’était une prédiction faite par sa magie, alors la vie de mon maître pourrait être en danger. C’est pourquoi je m’étais portée volontaire pour le rejoindre dans cette expédition, afin d’être à ses côtés et de le protéger.

Ra-tat-tat-tat-tat !

C’est pourquoi… J’avais pu le défendre contre l’attaque du géant.

J’avais senti ma conscience glisser avant de ressentir la douleur de l’impact qui me déchira la poitrine. Mais en voyant l’expression de choc sur le visage de mon maître, j’étais juste soulagée d’avoir pu le protéger.

Parce que… Je suis censée te tuer… quand tu deviendras un tyran… Je ne peux pas te laisser mourir ici.

Ces pensées résonnent dans mon esprit alors que ma conscience s’estompait.

 

◇ ◇ ◇

Mon esprit était devenu vide alors que je regardais Carla s’effondrer.

C’était comme si tous les sons s’étaient retirés de mes oreilles — tout le bruit qui remplissait le monde s’était évanoui d’un seul coup. Je ne savais pas ce que disaient Aisha ou Naden, qui étaient juste à côté de moi, alors que je me précipitais aux côtés de Carla et la berçais dans mes bras.

« Pourquoi toi ! »

« Grahhhh ! »

Hal et Ruby étaient tombés du ciel et fonçaient sur Jangar.

Le son revint peu à peu à mes oreilles. Une grande quantité de sang s’écoulait de la poitrine de Carla, et la vie se retirait de son visage. La mort se rapprochait d’elle. Je pouvais le sentir.

« Sire ! »

« Souma ! »

Mais les voix d’Aisha et de Naden ne me laissaient pas renoncer à réfléchir.

Si j’abandonnais la réflexion maintenant, la mort s’abattrait sur Aisha, Naden et tant d’autres aussi. Je me donnai un coup de poing sur le front, puis je déposais le corps de Carla sur le pont.

Puis je m’étais tourné vers Excel qui se tenait là, sans voix, et je lui avais ordonné : « Excel. Occupe-toi de Carla. Et fais en sorte que la flotte se retire. »

« Compris, mais que ferez-vous, sire ? » demanda-t-elle.

J’avais regardé vers le ciel où Ruby était en plein milieu d’une queue de poisson avec Jangar.

« Il me poursuit. Je vais l’éloigner », avais-je dit.

« Qu’est-ce que vous voulez dire… ? »

« Naden, aide-moi. »

Lorsque j’avais dit cela, Naden avait semblé reprendre ses esprits.

« Bien reçu ! »

« Sire ! Je viens avec toi ! » dit Aisha en tenant son épée grise prête.

Je ne serais pas capable de gérer les projectiles qui arrivent… Je suppose que je n’avais pas d’autre choix que de la faire venir.

« Je compte sur toi, Aisha. »

« Laisse-moi faire ! »

« Sire ! » Excel essaya de nous arrêter, mais j’avais levé une main pour l’arrêter à sa place.

« S’il nous arrive quelque chose, occupe-toi de Liscia et des autres. »

« Compris… » dit Excel en hochant la tête. Elle savait qu’il n’y avait pas le temps de discuter.

Si cette chose en avait après moi, elle ne poursuivrait probablement pas la flotte en retraite une fois que je serais mort. Ma disparition n’empêcherait pas Liscia, Roroa et les autres survivants de diriger un pays sain. Alors, pour cette raison… l’important était de s’assurer que personne d’autre que moi ne meure ici.

J’étais monté sur le dos de Naden avec Aisha, et nous avions dansé dans le ciel. Jangar nous suivit, comme je m’y attendais. Il ne faisait pas attention à la flotte. Il semblait que les canons vulcains situés sur sa poitrine ne pouvaient pas être utilisés en vol à cause de sa posture, alors il nous visait avec son arme à rayon à la place.

— !!

« À droite ! »

« Roger ! »

La lumière meurtrière vola vers nous, mais Aisha avait prédit la trajectoire à partir de la direction vers laquelle le canon était pointé et indiqua à Naden dans quel sens elle devait se tordre pour se mettre à l’abri.

Pendant que nous volions, Aisha lançait des lames d’air, Naden tirait des frappes électriques, et Hal, Ruby et la cavalerie-wyverne utilisaient des attaques de feu, mais Jangar ne montrait aucun signe d’arrêt.

J’avais regardé la flotte en contrebas. Ils semblaient progresser dans l’évacuation du Souryuu immobilisé et dans le sauvetage des équipages des navires coulés qui flottaient dans l’eau. Je devais continuer à leur faire gagner du temps…

« Sire ! » La voix d’Aisha me ramena à la situation actuelle.

Jangar s’était retourné et déchargea sur nous ses canons vulcains. Il ne visait pas bien, mais la grêle de balles toucha Ruby et les wyvernes, leur faisant perdre de l’altitude.

« Guh… ! »

« Naden !? »

L’un des tirs atteignit Naden au niveau du pied arrière.

« Je vais bien… Il m’a juste effleurée. »

C’est du moins ce qu’elle disait, mais la douleur semblait affecter son équilibre.

Jangar tourna le canon de son arme à rayons vers nous alors que nous luttions pour rester en altitude. Oh, merde, ai-je pensé en repensant à la guerre contre la principauté d’Amidonia, lorsque Gaius se rapprochait de moi. Ce moment où je m’étais préparé à la mort.

 

L’instant d’après, mes yeux avaient été remplis d’une vague de lumière…

 

Et pourtant, tout allait bien.

Une autre lumière, bien plus forte que celle de l’arme à rayons qui allait être tirée sur nous, s’était abattue sur le mécha, l’envoyant voler. Projeté dans les airs, Jangar brulait et étincelait d’une manière qui montrait clairement qu’il avait subi de lourds dommages.

Nous nous étions tournés dans la direction de la nouvelle lumière, et il y avait…

 

Un dragon blanc, massif comme une montagne, avec des cornes comme un mouton.

 

« Dame… Tiamat ? » murmura Naden dans nos têtes.

C’était la forme majestueuse de la mère dragon Tiamat, que j’avais déjà vue dans la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon.

La mère de tous les dragons qui résidaient dans la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon. Le dieu du culte de la mère dragon.

Cette Tiamat poussa un rugissement semblable au cri d’une baleine. Puis, elle parla en direction des nuages qui pendaient bas dans le ciel.

« Veux-tu tuer le familier que tu as attendu si longtemps ? »

Et c’est ce qu’elle demanda. L’énorme cube noir que j’avais vu auparavant descendit des nuages.

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