Genjitsushugisha no Oukokukaizouki – Tome 17 – Chapitre 6 – Partie 2

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Chapitre 6 : Enquête

Partie 2

Jeanne déclara : « Avec le général Gunther à vos côtés, ces anciens soldats rustres n’oseront pas vous regarder de haut. Général Gunther, je compte sur toi pour veiller sur madame Sami. »

« Je vous le demande aussi, général, » ajouta Hakuya.

« Ce sera fait, votre majesté, Votre Altesse royale. »

Gunther salua en réponse à la demande de Jeanne et Hakuya. Pour Sami, il ressemblait à un gros chien ou à un cheval sympathique.

C’est ainsi que commença la recherche d’informations sur le domaine du Seigneur-Démon par ce couple bizarre.

 

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« Wow… »

Sami poussa un soupir d’admiration en voyant pour la première fois la grande bibliothèque du château de Valois.

La bibliothèque du château de Parnam ressemblait à une forêt de livres, les innombrables volumes qu’elle abritait en faisaient l’étoffe des rêves des bibliophiles, mais la grande bibliothèque du château de Valois était encore mieux. Cet endroit était une véritable forêt de livres — une jungle sauvage, si fantastique qu’elle n’aurait pas été surprise d’y trouver des licornes. La taille de la collection était impressionnante, et le design et les décorations de la pièce étaient si élégants. Les tapis étaient épais et moelleux, il y avait des escaliers en colimaçon pour accéder aux niveaux supérieurs et des peintures sur les murs.

Peut-être parce que Souma et Hakuya étaient si utilitaires, la bibliothèque du château de Parnam avait travaillé à l’accroissement de son catalogue et à son organisation systématique. Elle était fonctionnelle, mais pas élégante. En revanche, la grande bibliothèque du château de Valois respirait l’élégance, comme pour dire que la seule action méritante dans la vie d’une personne était de lire des livres.

On pouvait deviner qu’il s’agissait de la bibliothèque de l’ancienne plus grande nation du continent.

Sami fut bouleversée pendant un moment, mais…

« Ahem ! »

« Ah ! »

Sami sursauta un peu lorsque Gunther se racla la gorge, la ramenant à la réalité.

Oh, c’est vrai. J’ai une mission à accomplir. Sami se tourna vers le groupe de bureaucrates derrière Gunther et déclara : « Tout d’abord, j’aimerais que vous rassembliez les documents officiels datant d’à peu près l’époque de votre invasion du domaine du Seigneur-Démon. »

« Ils ont déjà été préparés pour vous. Par ici, s’il vous plaît », répondit un fonctionnaire avant d’ouvrir la voie.

Hakuya leur a-t-il déjà donné des instructions ? Il est toujours si bien préparé… pensa Sami en suivant le bureaucrate jusqu’à une seule table.

« Hein ? » Sami regarda la table avec un étonnement vide. Il n’y avait qu’un seul livre, et peut-être vingt à trente pages de rapports dessus. Hésitante, elle demanda : « Est-ce vraiment tout ce que nous avons ? »

En s’excusant, le bureaucrate répondit : « Oui… Nous avons cherché dans toute la grande bibliothèque, mais ce sont les seuls documents officiels que nous avons pu trouver. »

« Il n’y a pas d’autres archives ? Mais la destruction des forces combinées de l’humanité à l’intérieur du domaine du Seigneur-Démon a été une débâcle majeure, n’est-ce pas ? »

« Oui. Nous pensons que c’est peut-être la raison pour laquelle il n’y a pas beaucoup de rapports… »

Il semblerait que les hauts responsables du gouvernement impérial de l’époque aient eu peur d’être tenus pour responsables après avoir encouragé une campagne qui avait conduit à une défaite aussi massive, et ils n’avaient donc pas tenu à en conserver la trace. De plus, le père de Maria, qui était empereur à l’époque, avait été cloué au lit par le désespoir des nombreuses vies perdues et était décédé peu de temps après. Maria monta alors sur le trône et utilisa son charisme naturel pour faire avancer la Déclaration de l’humanité. Le chaos à l’intérieur du pays s’était alors apaisé, mais il n’y avait probablement pas les ressources nécessaires pour tenir des registres détaillés.

Sami regarda le plafond.

« Les gouvernants sont toujours comme ça… »

 

 

+++

L’histoire est écrite par les vainqueurs de l’ère suivante.

Si on regarde l’histoire du monde de Souma, les Chinois Han — comme les Romains — avaient laissé derrière eux de nombreux documents. Cependant, Chen Shou avait écrit le Roman des trois royaumes sous la dynastie Jin à l’époque suivante. C’est au gouvernement vaincu qu’incombe la tâche de rédiger les archives d’un gouvernement vaincu. Naturellement, cela signifie que les événements sont souvent déformés de façon à être politiquement avantageux pour le nouveau gouvernement.

Afin de garantir la légitimité du gouvernement actuel, les dirigeants des gouvernements précédents étaient souvent dépeints comme des tyrans à un degré tel qu’il est normal qu’ils aient été détruits. Ils le faisaient sans tenir compte de la situation du pays à cette époque antérieure. Il s’agit là d’un obstacle qu’on rencontre très souvent dans les études historiques.

C’était la même chose dans ce monde.

 

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« Y a-t-il un problème ? » demanda Gunther d’un ton hésitant.

Sami se gifla les joues pour tenter de changer de vitesse. Puis elle se tourna à nouveau vers les bureaucrates.

« Si nous ne pouvons pas nous appuyer sur les documents officiels, qu’il en soit ainsi. Rassemblons les documents privés », dit-elle. « Il y a peut-être des mentions dans les journaux intimes et les lettres de l’époque. Avec un peu de chance, nous trouverons des lettres conférant des honneurs pour des actions menées dans le domaine du Seigneur-Démon, ou peut-être signalant des dommages et demandant de l’aide… »

« Mais cela n’aura-t-il pas tendance à exagérer les faits ? » demanda l’un des bureaucrates. « Comme dire qu’ils ont tué beaucoup plus de monstres qu’ils ne l’ont fait en réalité, ou gonfler les dégâts infligés par une attaque de démon pour demander une compensation. »

« C’est vrai. » Sami acquiesça. « Nous devrons compenser cela par des chiffres. S’il y a beaucoup de rapports similaires sur des monstres ou des démons, il y a plus de chances qu’ils reflètent la réalité de la situation. »

« Je vois. Je comprends. »

Rassembler et trier les informations pour avoir une vue d’ensemble — c’est exactement ce à quoi Hakuya avait espéré que Sami excellerait.

« Allez-vous aussi participer à la collecte de dossiers privés, madame Sami ? » demanda Gunther.

Sami secoua la tête. « Laissons cela aux bureaucrates. Nous allons aller rencontrer les personnes qui ont réellement participé à la force combinée et écouter leurs histoires. »

« Compris. Alors s’il vous plaît, suivez-moi. » Gunther acquiesça et commença à marcher.

Sami le suit en titubant. Bien qu’elle ait commencé un peu plus lentement, elle le rattrapa vite. Il semblait s’adapter à sa foulée et marcher à un rythme détendu. S’il avait marché à la vitesse normale d’un homme de sa taille, Sami aurait dû trottiner pour le suivre.

Sa gentillesse maladroite lui rappelait en quelque sorte son père adoptif, Heinrant. Heinrant était toujours souriant, alors que Gunther avait un visage effrayant et était difficile à lire.

Peut-être qu’au fond, ils sont tous les deux gentils de la même façon ? pensa Sami en suivant Gunther.

Ils montèrent tous les deux dans une calèche. Apparemment, l’ancien soldat qu’ils interrogeaient vivait dans la ville du château.

« Je m’attendais à ce que ce soit quelqu’un de l’armée », dit Sami, mais Gunther secoua la tête en silence.

« J’ai entendu dire que ceux qui étaient en première ligne ont été presque anéantis. Ça a dû être l’enfer. Tous ceux qui ont réussi à revenir ont des cicatrices émotionnelles. Celles-ci perdurent, même après la guérison des blessures physiques… »

« Et ces cicatrices émotionnelles étaient suffisamment graves pour qu’ils ne puissent pas continuer à servir dans l’armée… C’est ça ? »

Lorsque Sami vivait dans le duché de Chima, elle avait vu des gens tellement marqués par la vague démoniaque qu’ils craignaient toujours que des monstres ne les attaquent à tout moment. Les cicatrices émotionnelles sont difficiles à guérir. Sami ne le savait que trop bien, car elle ne s’était pas complètement remise de la perte de son père adoptif.

« Parler de cela, c’est déterrer des souvenirs douloureux… C’est une chose incroyablement cruelle à faire à une personne », dit Sami, un soupçon d’autodérision dans son ton alors qu’elle réfléchissait à sa position.

« Et pourtant, il faut le faire… »

« Sire Gunther ? »

« Pour éviter de répéter les erreurs du passé, nous devons tirer les leçons de nos prédécesseurs et les mettre à profit. C’est là notre devoir. Je suis ici, servant de bouclier, parce que je crois que ce sera vital pour l’avenir de ce pays. »

C’était beaucoup de mots venant de Gunther, habituellement taciturne. Il avait dû essayer de réconforter Sami.

Il est maladroit, mais vraiment gentil, pensa Sami.

« Merci, Sire Gunther. »

 

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« Un champignon ? »

La calèche s’était arrêtée devant une auberge et une taverne, dont le propriétaire était apparemment l’ancien soldat qu’ils recherchaient.

L’autre se tenait au bar. Il s’était renfrogné lorsqu’on l’avait interrogé sur ses souvenirs de la campagne. Mais lorsqu’il apprit qu’il s’agissait d’une demande importante de la nouvelle reine, Jeanne, il commença à parler à contrecœur.

« Oui… un de la taille d’une montagne. Nous étions en train de progresser dans le domaine du Seigneur-Démon, en éliminant les monstres au fur et à mesure, lorsque c’est apparu. Mais je ne sais pas si c’était vraiment un champignon. Il avait juste la forme d’un champignon. »

« Je… Je vois… »

Sami et Gunther le fixèrent avec des yeux écarquillés, ne sachant pas quelle expression ils devaient adopter en réponse. Le propriétaire s’était un peu moqué de lui-même en voyant leur réaction.

« Et pourtant, personne ne m’a jamais cru. On m’a même dit que je devais être tellement désorienté que j’ai commencé à voir des choses. Mais je sais que je l’ai vu. Ce champignon massif s’est dirigé vers nous, faisant trembler le sol sous lui, et a écrasé hommes et chevaux. Et après ça… »

« Après ça ? »

« Après ça… l’intérieur a brillé, puis un instant plus tard, il y a eu un flash de lumière aveuglant… Mes camarades, tout, tout en un instant… Ngh ! »

Le propriétaire se serra la tête et gémit. Cela avait dû être douloureux de se souvenir.

« Tout s’est évanoui. Mais je n’oublierai jamais cette odeur. L’odeur de la viande brûlée… suspendue dans l’air chaud… Argh… ghh… »

« Hum, je pense que cela suffit. Je vous remercie pour vos précieuses informations. »

« Argh… »

En voyant la façon dont le propriétaire s’agrippait à sa tête, Sami et Gunther avaient renoncé à obtenir quoi que ce soit de plus de lui.

Y avait-il quelque chose dans le domaine du Seigneur-Démon qui a tellement tourmenté les gens que cela reste encore dans leur mémoire ? Sami se demanda ce que pouvait être le champignon massif dont il avait parlé.

 

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Recueillir et trier les informations — ce sont les tâches fondamentales de toute recherche.

Si suffisamment de faits « flous » ou « sans valeur » peuvent être rassemblés en un seul groupe, cela peut conduire à la découverte d’un principe ou d’une vérité. En ce sens, on pourrait dire qu’un chercheur est quelqu’un qui trie les données qu’il recueille, qui peuvent ne pas sembler très précieuses, afin de trouver un trésor caché.

Considérons le boom des romans « renaître dans un autre monde » dans l’ancien monde de Souma. Imaginez que vous en rassembliez le plus possible et que vous les classiez minutieusement par catégories.

Le protagoniste est-il envoyé dans l’autre monde par réincarnation ou par transport ? Seul ou en groupe ? Acquiert-il des capacités, et ces capacités sont-elles puissantes ou faibles ? Y a-t-il des différences entre les sexes ? Se transforme-t-il en une autre race ? À quoi ressemble le monde dans lequel il est envoyé ? Et ainsi de suite. En les classant minutieusement, en triant les informations dans des tableaux et des graphiques et en comparant les résultats avec les tendances de la société de l’époque, on pourrait peut-être mieux comprendre les auteurs ou les lecteurs de ces œuvres et la façon dont tout cela a changé au fil du temps.

On peut trouver de la valeur dans n’importe quoi. On pourrait même dire que la collecte et le tri sont les clés qui permettent à tout phénomène existant d’être un sujet de recherche.

Et Sami Chima était une spécialiste des deux domaines.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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