Gakusen Toshi Asterisk – Tome 7 – Chapitre 6 – Partie 3

***

Chapitre 6 : Le Gran Colosseo

Partie 3

« Je n’ai pas l’habitude, mais je me débrouillerai. »

Elle maniait habituellement une dague Lux lors de ses combats. L’épée étant un peu plus grande, elle serait sans doute plus difficile à contrôler.

Néanmoins, elle s’engagea directement dans la trajectoire de la combinaison motorisée sans la moindre hésitation.

La première combinaison motorisée s’arrêta dans un moment de confusion. Il semblait que quelqu’un le contrôlait de l’intérieur.

Cependant, il adopta rapidement une position de combat, s’élançant avec sa lame dans une frappe tranchante horizontale.

Sylvia réussit à l’esquiver sans difficulté apparente et à diriger sa propre arme vers le corps de la combinaison. Cependant —

« Oh là là… C’est plus solide que je ne le pensais. »

Son attaque aurait dû la traverser de part en part, mais elle n’a fait qu’une légère entaille. Autant dire qu’elle n’a causé aucun dégât.

Si l’attaque avait échoué, leurs Luxs ne serviraient probablement à rien pour percer leur armure.

« … Je suppose que c’est ce qu’ils prévoyaient depuis le début, nous faire utiliser ces Luxs, » pensa Ayato à haute voix.

En ce qui concerne les Luxs, ils semblaient plus forts que la moyenne, mais si l’événement était conçu comme une démonstration, il était logique que les organisateurs essaient de rendre le concours aussi unilatéral que possible.

« C’est un sale coup. » Ernest, qui regardait son propre Lux avec dégoût, avait dû se rendre compte lui aussi de ce qui se passait.

« Si c’est comme ça, il va nous falloir de meilleures idées », dit Sylvia, sautant en arrière tandis que la combinaison motorisée tirait un barrage de balles incandescentes.

La combinaison tourna autour d’elle pour essayer de lui tirer dessus, quand —

« … On dirait que tu dois travailler ton rythme. »

L’épée de Sylvia brilla de mille feux, la combinaison motorisée devint molle avant de s’effondrer à genoux.

L’étonnement et la confusion en émanaient. La personne à l’intérieur n’avait probablement même pas réalisé ce qui s’était passé.

Sylvia avait frappé à ses articulations.

Alors que c’était l’approche habituelle pour faire face à une armure lourde, les combinaisons motorisées semblaient avoir été conçues pour résister à de telles attaques en ajustant constamment leur bouclier.

Sylvia, cependant, avait visé le moment précis où son bouclier s’ajustait avant de lancer son attaque.

« Je n’en attendais pas moins de Mlle Lyyneheym. Mais je vais perdre la face, si elle s’occupe d’eux tous sans même utiliser ses capacités. » Ernest, activant son propre Lux, jeta un coup d’œil vers Ayato. « Laissez-moi m’en occuper, par courtoisie pour votre aîné », dit-il en se tournant vers une paire de combinaisons motorisées qui arrivaient.

« Euh, je vais prendre l’autre…, » commença Ayato, quand Ernest lui adressa un sourire significatif. « D’accord, je vous laisse faire. Je suppose que… »

Ayant été devancé une fois de plus, il n’avait pu que rester en retrait et regarder.

Ernest s’avança, deux des combinaisons motorisées s’apprêtant à le prendre en tenaille — tactique standard pour un combat à deux contre un.

Ernest, lui, ne montrait aucun signe de préparation à l’attaque. Il n’avait même pas levé son épée pour se défendre. Pour un observateur occasionnel, il aurait semblé s’être complètement ouvert, mais il était clair pour Ayato que sa lame était en sommeil sous cette façade d’absence de défense.

Puis, au moment même où les deux combinaisons motorisées s’avancaient, leurs deux bras droits furent emportés par une terrible explosion.

« Qu’est-ce que c’était que ça ? Les combinaisons motorisées qui affrontent le concurrent Fairclough viennent de perdre leurs bras ! » s’écria Eishirou dans le haut-parleur.

Mais Ayato, qui avait vite compris ce qu’Ernest avait fait, était encore plus surpris. « Qu’est-ce que c’est que cette histoire de perdre la face ? » murmura-t-il.

Ernest avait attendu le moment où les deux combinaisons activaient leurs Luxs et avait attaqué avec sa propre lame au moment où elles commençaient à se matérialiser.

Et les deux en même temps.

Si son timing avait été décalé ne serait-ce que d’une fraction de seconde, il aurait été bloqué par leur bouclier, ou alors il se serait heurté lame contre lame. Ayato doutait que même Kirin puisse se déplacer aussi rapidement.

« On dirait qu’il n’est pas appelé pour rien le meilleur épéiste d’Asterisk… »

Mais le plus étonnant, c’est que ni Sylvia ni Ernest ne semblaient transpirer.

En les regardant se battre, Ayato sentit un frisson lui parcourir l’échine.

Il ne pouvait cependant pas se permettre de traîner, et il leva son épée pour se défendre contre une combinaison motorisée qui arrivait.

+++

« I-Impossible ! Il n’y a aucune chance… ! »

Narcisse Perroy, vice-président de la faction Ferrovius de l’Allekant Académie et responsable du comité d’organisation du Gran Colosseo, assistait stupéfait à la scène dans le salon spécial du Sirius Dome.

Sur la scène en dessous de lui, la deuxième phase de la compétition s’était déjà achevée, avec cinq concurrents restés debout.

Narcisse ne s’attendait pas à ce qu’un seul d’entre eux passe.

Il avait prévu le Gran Colosseo dès le départ pour renforcer son influence au sein de Ferrovius.

L’événement était censé être organisé en collaboration avec la Société d’étude du génie météorique de Seidoukan, qui aidait à développer les nouveaux Luxs, dans le but exprès de démontrer les capacités des Rect Luxs de Seidoukan et des combinaisons motorisées d’Allekant.

Dès le départ, il était prévu de l’organiser dans un lieu plus petit.

Mais alors —

La jeune fille — Xinglou — laissa échapper un éclat de rire innocent. « Quelle splendide mascarade ! Je suppose que ces jouets mal formés ne peuvent pas faire grand-chose. »

Narcisse lui lança un regard noir.

Tout est de sa faute ! Tout n’a commencé à s’écrouler qu’une fois que cette gamine a commencé à s’impliquer !

Xinglou l’avait contacté pour la première fois il y a environ six mois.

Il n’avait aucune idée de la manière dont elle avait entendu parler de l’événement, mais elle avait dit qu’elle voulait y contribuer.

Narcisse avait d’abord été peu intéressé par l’offre, mais lorsqu’il s’était rendu compte qu’elle pouvait s’occuper de l’aspect financier des choses, il avait décidé de l’écouter.

De plus, Jie Long possédait toutes sortes de technologies intéressantes sur lesquelles il voulait mettre la main. Même Tenorio n’avait pas réussi à reproduire leur précieux Seisenjutsu, malgré des années de recherche. Si les choses se passaient bien, pensait Narcisse, il serait peut-être en mesure de mettre la main sur au moins un aspect du Seisenjutsu.

Mais dès que Xinglou s’était jointe au comité d’organisation, les choses avaient commencé à déraper. Elle avait commencé à rassembler beaucoup plus de participants que prévu, avait réquisitionné le Sirius Dome pour le dernier jour de la fête de l’école et, sans que personne ne s’en rende compte, le montant total des prix avait été multiplié par plus de dix par rapport à ce qui était prévu. Et puis, sans même qu’on lui ait dit ce qu’elle comptait en faire, elle avait dupé Narcisse pour qu’il lui cède à contrecœur le contrôle de la troisième phase.

De plus, les organisations médiatiques d’Allekant étant moins développées que celles des autres écoles, elles avaient confié tous les aspects de la publicité à Seidoukan, qui était allée jusqu’à nommer le vainqueur du Phoenix en tant que participant.

Et puis, le jour même de l’événement, Ernest Fairclough et Sylvia Lyyneheym avaient été autorisés à y participer, prouvant une fois pour toutes que la situation avait totalement échappé à son contrôle.

Mais alors que tout s’était déroulé contrairement à ses attentes, Narcisse pensait encore avoir une chance de s’en sortir.

Même Ayato Amagiri et Ernest Fairclough ne pourraient rien faire si leurs armes ne fonctionnaient pas, s’était-il dit. C’est pourquoi il avait veillé à ce que la puissance de leurs Luxs soit réglée de telle sorte que, même s’ils utilisaient une Technique météorique, ils n’auraient aucun espoir de pénétrer le blindage qui protégeait ses combinaisons motorisées.

Étant donné que les Stregas et les Dantes étaient censés ne pas pouvoir participer, le fait que Sylvia ait été autorisée à entrer lui glaçait le sang — mais même cela n’aurait pas dû être un problème tant qu’elle n’était pas autorisée à utiliser ses capacités. Au contraire, si ses créations pouvaient tenir en échec un numéro un — même s’il se battait avec un handicap — cela constituerait la meilleure des démonstrations. C’était du moins ce qui était prévu.

Mais maintenant…

« Ce doit être une telle honte, Monsieur le Directeur, de voir vos jouets tant vantés se faire tabasser de la sorte. »

« Ce n’était… Ce n’était pas censé être comme ça ! Mes combinaisons motorisées sont bien supérieures aux marionnettes d’Ernesta… ! Bien supérieures… ! »

En effet, ses combinaisons motorisées, armées de toutes les ressources à sa disposition et pilotées par de vrais humains, auraient dû être bien supérieures à cette tentative absurde d’accorder la conscience de soi à des poupées sans vie.

Ferrovius — non, Camilla — avait eu tort de s’associer à Pygmalion. Il n’avait plus qu’à prouver qu’il était le meilleur chercheur, et il deviendrait le prochain président de la faction. Il en était sûr. C’est ainsi que les choses devaient se passer.

« Vous ne pensez qu’à des chiffres. Vous ne comprendrez jamais. Mais ce n’est pas mon problème. Ne me laissez pas vous tirer de votre tour d’ivoire. » Xinglou sauta de sa chaise et se dirigea vers la porte.

« Où allez-vous… ? »

« La troisième phase est la mienne. Je vais trouver un point d’observation plus proche. » Sa voix était remplie de l’excitation débridée d’un enfant.

« Attendez… ! Donnez-moi encore une chance ! Il nous reste encore des combinaisons. Si nous les utilisons dans la troisième phase…, » Narcisse n’était pas allé plus loin avant que sa bouche ne semble se figer sur place.

« … Réfléchissez avant d’ouvrir la bouche, imbécile. On vous donne une chance, vous dites ? »

« — ! »

L’aura écrasante qui se dégageait de Xinglou laissait Narcisse pétrifié, incapable de bouger ne serait-ce qu’un doigt. La peur, si forte qu’elle semblait serrer son cœur dans un poing, s’était emparée de lui. Il ne pouvait plus respirer, et encore moins trouver la force de répondre.

Mais alors — .

« D’où je me tiens, vous avez tous les deux l’air d’idiots. »

Une voix retentit soudain dans le couloir, et une femme que Narcisse n’avait jamais vue auparavant entra dans la pièce.

 

 

Sa robe à capuchon cachait tellement sa silhouette et ses yeux qu’il ne pouvait l’identifier comme une femme qu’à sa voix. La salle d’observation spéciale était censée être réservée aux VIP, elle n’aurait donc pas dû pouvoir entrer sans passer devant les gardes, qui n’auraient pas pu laisser passer un personnage aussi suspect sans l’avoir contacté au préalable. Réaliser ce que cela signifiait ne faisait qu’ajouter de l’eau au moulin de son état de panique.

« Hmm… Et vous êtes ? » Xinglou, jetant un coup d’œil vers leur intruse avec une expression perplexe, ne semblait pas non plus savoir qui elle était.

La femme laissa échapper un petit soupir avant de retirer sa robe.

Elle semblait avoir une vingtaine d’années. Elle était belle, avec des traits bien définis, ses vêtements simples s’enroulaient autour d’elle comme un simple drapé, soulignant les contours de son corps.

« Hm… Non, je ne crois pas que nous nous soyons déjà rencontrés. » Xinglou, la tête penchée sur le côté, regarda le visage de la femme — avant que son regard ne tombe sur la poitrine de la femme. « Oh, je vois. C’est un beau corps que vous avez pris pour vous. »

« C’est ce que je devrais dire. »

Narcisse n’avait aucune idée de ce dont elles parlaient toutes les deux. Suivant le regard de Xinglou, son attention fut attirée par un collier disproportionné autour du cou de la femme. Ce n’était pas un collier normal, il ressemblait plutôt à une sorte de machine, avec une énorme pierre précieuse sertie au centre comme l’œil d’un monstre.

« Alors, qu’est-ce qui vous amène jusqu’ici ? » demanda Xinglou, les bras croisés.

Au lieu de répondre, la femme se dirigea directement à l’autre bout de la pièce, jusqu’à l’immense fenêtre qui donnait sur la scène. « … Vous n’avez pas l’habitude de faire des apparitions publiques, alors j’ai pensé essayer de vous inviter à vous joindre à nous à nouveau. »

« Peu importe le nombre de fois que vous poserez la question, ma réponse sera la même. »

« Vous comprenez que travailler avec nous sera le moyen le plus rapide d’atteindre votre objectif, n’est-ce pas ? Au moins, ce sera beaucoup plus facile que ce que vous faites maintenant. » La femme avait presque craché les mots en regardant la scène.

La troisième phase serait sans doute en train de se mettre en place.

« Je comprends ce que vous dites, mais j’aime bien m’entraîner avec mon nouveau matériel. De plus, comme je l’ai déjà dit, j’aime me battre, mais j’en ai assez des conflits. »

« … Je vois. Il n’y a donc rien à faire. Mais n’oubliez pas ceci. Si vous devenez notre ennemi, nous n’aurons aucune pitié pour vous », dit la femme impassible.

À peine avait-elle fini de parler que la pierre précieuse sertie dans le collier se mit à briller d’une lumière noire.

Non, ce n’est pas une pierre précieuse… Ce n’est pas possible…

« Oh-ho. Est-ce une menace ? »

« C’est un avertissement. Moi, au moins, je suis prête à vous montrer un peu de respect. »

Xinglou gloussa doucement. « Heh-heh. J’en suis très reconnaissante. »

« … » La femme soupira une fois de plus.

Narcisse commit alors deux erreurs.

La première, c’est lorsque, incapable de contenir sa curiosité, il interpella la femme.

« Euh, attendez une minute… ! »

La seconde avait été de réaliser ce qu’était réellement le collier.

Ces deux tragédies étaient sans doute liées à son activité de chercheur.

« Cette… La pierre de votre collier, c’est de l’urm-manadite, n’est-ce pas ? Cela signifie qu’il s’agit d’un… Orga Lux… n’est-ce pas ? »

Les Orga Luxs, comme leur nom l’indique, étaient censés être des armes. Il n’avait jamais vu ni entendu parler d’un Orga Lux utilisé comme accessoire.

« Qu’est-ce que c’est… ? » murmura Narcisse.

La femme, sur le point de quitter la pièce, s’immobilisa. « Eh bien, maintenant… Si la curiosité n’a pas tué le chat… »

Les yeux de Xinglou, qui se tournèrent vers Narcisse, étaient remplis de pitié.

« … »

Alors que la femme se retournait, Narcisse crut un instant que l’urm-manadite du collier avait recommencé à briller de cette étrange lumière noire — quand il perdit soudain connaissance.

***

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

Laisser un commentaire