Chapitre 2 : Les Plans Secrets de la Chouette
Partie 3
« Eh bien. Vous êtes la dernière association de visiteurs à laquelle j’aurais pu m’attendre, » avait dit Julis aux deux étudiants qui venaient les voir, avec un regard un peu songeur.
L’un était un jeune homme de plus de six pieds de haut, en contraste flagrant avec l’autre, une fille si petite qu’elle pouvait être confondue avec un élève de cinquième année. Les deux visiteurs fixaient Julis avec des expressions grincheuses.
« Saya et Lester ? » s’était exclamé Ayato. « Qu’est-ce que vous faites ici ? »
Comme s’il s’agissait de la réponse, la fille — Saya Sasamiya — s’était avancée et avait pointé du doigt Julis avant de déclarer. « Ce n’est pas juste. »
« Quoi — ? » Prise au dépourvu par cette déclaration si soudaine, Julis avait cligné des yeux à plusieurs reprises alors que sa bouche était ouverte. « “Ce n’est pas juste”... ? Qu’est-ce qui n’est pas juste ? »
« Ces derniers temps, Riessfeld, tu monopolises Ayato. Il s’agit d’une violation manifeste de la loi antitrust et d’autres réglementations relatives aux pratiques commerciales déloyales. J’exige que cette situation soit rectifiée, » déclara Saya.
« Je n’avais aucune idée que l’association avec lui était soumise aux lois antitrust, » répliqua Julis, légèrement étonnée, mais Saya avait fait un autre pas vers elle sans manifester la moindre émotion.
« Ça ne sert à rien de faire l’idiote. Les preuves parlent d’elles-mêmes. J’ai déjà déterminé hors de tout doute raisonnable que toi et Ayato avez passé de longues après-midi dans une pièce fermée à double tour, engagés dans des activités dont vous n’osez même pas parler en public, » déclara Saya.
« Pourrais-tu rendre cette phrase un peu moins indécente ? On ne s’entraîne que pour le Phoenix ! Et d’ailleurs, où as-tu entendu ces bêtises ? » demanda Ayato.
« Je dois protéger mes sources... Disons simplement que je l’ai entendu de la part de l’ingénieux Monsieur E. Y., » répondit Saya.
« Maudit sois-tu, Yabuki ! » pesta Ayato. C’était trop évident.
« Riessfeld, tu te cramponnes trop à Ayato. L’autre jour, tu as agi comme si tu étais assise par hasard au déjeuner à côté de lui, alors qu’en vérité, rien ne pouvait être plus suspect, » déclara Saya.
« Quoi — ? Non, c’était une pure coïncidence... ! » s’écria Julis.
« Les coïncidences ne se produisent pas cinq jours de suite. Ton histoire comporte des trous comme une passoire, » répliqua Saya.
Julis avait fait un bruit étouffé et elle avait répliqué en colère. « Alors j’ai aussi quelque chose à te dire, Sasamiya ! Tu te sers de cette phrase “on a grandi ensemble” comme excuse... »
Saya et Julis avaient ainsi continué dans la discussion enflammée, assez près pour littéralement cogner leurs têtes.
« Ooo-kay... Je ferais mieux de rester en dehors de ça, » Ayato soupira. Puis, avec un sourire embarrassé, il avait fait face au visiteur masculin, Lester MacPhail. « Sortez-vous de l’hôpital, Lester ? C’est bon de vous voir en forme. »
« Eh... Ce n’était vraiment qu’une égratignure, » répondit sèchement Lester, semblant un peu mal à l’aise.
Ayato avait entendu dire que les événements de l’autre jour avaient fait atterrir Lester à l’hôpital, mais apparemment il n’avait pas été blessé trop sévèrement. C’était soit ça, ou bien il y avait un médecin remarquablement efficace là-bas.
« Alors, qu’est-ce qui vous amène ici ? » demanda Ayato. « Et avec Saya, rien que ça. »
« Je viens de croiser cette demi-portion en venant ici. Elle avait l’air perdue, et nous allions de toute façon au même endroit. J’ai pensé que je pourrais aussi bien la faire venir avec moi. »
Saya s’était arrêtée dans son altercation avec Julis. Elle s’était tournée vers Lester. « Qui appelles-tu “demi-portion” ? Mais de toute façon, merci de m’avoir conduit jusqu’ici, » elle avait hoché la tête en signe de gratitude, puis elle avait rapidement fait face à Julis pour reprendre leur querelle. Elle savait bien comment faire agir les autres selon son propre rythme.
Cette salle d’entraînement était située à l’intérieur d’une arène polyvalente où se déroulaient les matchs de classement officiel. Elle était reliée par un seul chemin depuis le bâtiment de l’école, rendant presque impossible pour quelqu’un de se perdre de l’un à l’autre. Personne d’autre que Saya ne pouvait le faire, pensa Ayato.
« Mais vous alliez dans la même direction ? » demanda Ayato. « Voulez-vous dire par là que vous vouliez aussi nous voir, Lester ? »
Lester fronça les sourcils encore plus profondément alors qu’il détournait le regard. « Oui, donc... ce truc avec Silas, j’ai pensé, eh bien, vous savez. Eh bien, ça s’est terminé avec vous, euh, m’aidant, à peu près ça... Alors, j’ai pensé que je devrais mettre les choses au clair, ou euh, au moins dire merci... Alors je, euh... » Lester s’arrêta là puis il fit incliner son corps face à Ayato en un petit salut, ne le regardant toujours pas dans les yeux. « Eh bien, merci ! C’est tout ce que je voulais dire. Je vais maintenant y aller ! »
Il se tournait déjà pour partir, mais Ayato l’arrêta. « Quoi — ! Hé, attendez un peu, Lester ! »
Il n’était apparemment venu que pour remercier Ayato, avec sa manière maladroite de faire. Sur ce point, Lester et Julis n’étaient pas si différents.
Ayato ne pouvait pas accepter de rater cette occasion de se réconcilier avec le garçon qui avait auparavant montré tant d’animosité envers lui. Et l’idée parfaite lui était venue. « Oh oui ! Nous étions justement à la recherche de partenaires de combat afin de pouvoir nous entraîner lors d’un match en duo. Lester, cela vous dérangerait-il de nous aider ? Vous et Saya. »
« Partenaires de pratique ? » demanda Lester
« Hein ? » s’interrogea Julis.
Lester, Saya et Julis s’étaient tous tournés vers Ayato.
« H-hey, Ayato, tu ne peux pas juste — ! » commença Julis.
« Mais, n’avons-nous pas besoin de partenaires d’entraînement ? De plus, nous pouvons leur confier mon secret, » déclara Ayato.
Lester avait déjà appris quelques détails sur l’état d’Ayato, tandis que Saya connaissait déjà très bien sa véritable puissance.
« Je suppose que oui, mais…, » répondit Julis, incertaine.
Ayato avait pris la réponse hésitante de Julis comme un acquiescement. « Qu’en dites-vous, les gars ? Vous nous rendriez un grand service. »
Saya avait rapidement accepté avec un signe de tête. « Ça ne me dérange pas. »
Puis, bien sûr, tous les yeux s’étaient tournés vers Lester. Il resta là, l’air confus pendant un instant, puis il se gratta maladroitement la joue et marmonna. « Eh bien, très bien... si vous en avez vraiment besoin, alors c’est d’accord. »
Merci pour le chap ^^
Merci pour le chapitre !